Erratum :
Le séjour d'Ichigo est une fiction dérivée de la série Amours Imparfaits, dont le titre comporte une horrible faute. Le genre du nom commun "amour" est masculin, au singulier, mais il est féminin, au pluriel. Ce titre aurait dû donc être : Amours imparfaites.
La correction dans Le séjour d'Ichigo est en cours.
Cette histoire est un hors-série qui se déroule dans l'univers de Amours Imparfaites.
Le voici en quelques mots : Byakuya et Shûhei sont un couple légitime, célèbre dans tous le Seireitei. Tout n'est pas rose entre eux, mais tendre est leur amour et bien enraciné (1).
Byakuya reste égal à lui même, maîtrisant ses émotions. Il ne les laisse entrevoir qu'à trois personnes de son entourage : sa sœur Rukia, son lieutenant Renji, et son amant Shûhei.
Shûhei vit ses propres contradictions, à la fois sensible et timide, sauvage et impulsif. Sa gentillesse cache un tempérament violent et belliqueux.
Tous les deux vivent ensemble dans le pavillon privé de Byakuya, au sein du manoir de la Famille Kuchiki.
Venez partager un court instant le quotidien de la vie amoureuse et tumultueuse de nos concubins, loin des hollows et de leur devoir de Shinigamis. Byakuya devra faire montre d'ingéniosité pour calmer les esprits et prendre sur lui pour garder la tête froide.
Chapitre 1
Une journée de repos
Le premier signe de son éveil fut le son qu'il entendit. Un son au rythme lent, assourdi par la distance qui séparait sa chambre des jardins : « toc... … toc... …. toc... … ». Dans le jardinet de pierres, la petite cascade se déversait à l'intérieur du bambou relevé. Empli jusqu'à la rupture de son équilibre, le cylindre végétal basculait dans un choc sonore sur la pierre lisse, laissant fuir l'eau qu'il contenait.
Il n'ouvrit pas les yeux tout de suite. Il voyageait encore dans les limbes du sommeil. Il était très tôt. Il avait chaud, et cette chaleur n'émanait pas seulement de lui. Il avait une conscience aiguë d'une autre présence à ses côtés. Mais elle ne le troublait pas, elle était familière, et son contentement s'accentua.
Il ouvrit les yeux sur un plafond aux solives apparentes. La couleur miel du bois se joignait à la douceur de l'instant. La pièce restait sombre cependant, hésitante à laisser entrer le jour naissant.
Il se tourna vers la silhouette allongée et l'enlaça. Il en émergea un grognement bourru qui le fit sourire mais il maintint son emprise. Progressivement, l'agitation cessa et il put sentir sous ses doigts les pulsations régulières d'un cœur qui battait paisiblement. Il était très tôt encore et la journée s'ouvrait devant lui, libre d'obligation ou de contrainte. Il referma les yeux, alangui, et se laissa envahir par la torpeur d'une demi-somnolence.
Il n'était plus libre de ses mouvements. C'est ce dont il eut conscience en premier lorsqu'il se réveilla. Il soupira et chercha à s'extraire délicatement de l'étreinte dont il était prisonnier. Il n'y pouvait rien, il ne pouvait rester immobile longtemps. Il posa le bras sur celui qui étreignait sa taille et dont l'avant-bras remontait jusqu'à son aisselle. Quelques secondes il resta ainsi, hésitant finalement. Le poids sur son torse, le contact qui se précisait à chaque inspiration, l'effleurant comme une caresse, parvenaient à son cœur en vagues d'amour dans lesquelles il baignait. Ce qui le décida fut l'appel au dehors d'un merle solitaire. Quelques notes uniques, mélodieuses et flûtées, espacées de silences. Il voulait partir avant que lui ne se réveille. Ses doigts enserrèrent un poignet fin et délicat. Ils en firent le tour et cela le fit sourire. Il souleva doucement le membre et s'extirpa, centimètre par centimètre, des rets de son amant.
La pluie ne cessait de tomber, noyant le jardinet de pierres sous un torrent d'eau qui transforma la petite cascade en une cataracte qui se jetait du haut d'un précipice vertigineux, emportant sur son passage bambou, sable et pierres si bien disposés. Aussi soudainement qu'elle avait commencé, l'averse cessa après avoir tout dévasté sous son passage. Byakuya se réveilla. Les yeux grands ouverts, il se souvenait de ce rêve absurde et ne pouvait se défaire du sentiment qu'une catastrophe imminente allait lui tomber dessus.
À peine étonné, il nota l'absence de Shûhei à ses côtés. Puis un bruit sourd provenant de la salle de bain l'informa qu'il n'était pas encore trop tard.
Il se leva, enfila son yukata, puis voulut rejoindre Shûhei. Une porte claqua, puis une autre et des pas pressés martelèrent le plancher de bois du grand corridor. Byakuya grimaça, songea un instant qu'il ne siérait pas au chef de clan qu'il était de le poursuivre, puis s'en ficha royalement et s'en alla par les jardins, d'où il pourrait, grâce à un shunpo rapide, devancer son chemin non loin du grand étang.
Il n'eut pas longtemps à attendre. Muni d'un paquet sous le bras, Shûhei sortit de l'ombre du pavillon et stoppa net, à la vue de celui qui l'attendait.
« Byakuya ! M-mais... tu dormais ! fit-il, du ton d'un enfant prit en faute.
— Bonjour, Shûhei...
— B-bonjour, balbutia celui-ci.
— Je pensais que nous avions convenu que nous déjeunerions ensemble. »
Shûhei désigna son ballot, en haussant les épaules :
« Tsujirô m'a fait prendre ce panier repas.
— Là n'est pas la question, tu sais qu'aujourd'hui je suis libre. J'espérais que toi aussi tu voudrais partager un peu de ton temps avec moi. Le petit-déjeuner, est-ce trop demander ?
Shûhei leva un bras derrière sa tête, y attrapa quelques mèches de ses cheveux, se gratta la nuque, se dandina d'un pied sur l'autre, visiblement embêté, et chercha à échapper au regard interrogateur et sérieux de son amant. C'était vrai qu'il lui avait promis la veille, dans un moment de faiblesse, de rester un peu avec lui ce matin.
— J'ai tout un tas d'entretiens ce matin, sans compter les comités pour l'édition du journal. Je ne vais pas y arriver si je commence la journée ainsi. Tu arrives peut-être à te tempérer, toi, mais pas moi. Si je reste avec toi et si toi tu n'es pas pressé... Enfin bref, je pars maintenant. À ce soir. Je tâcherai de rentrer tôt pour me faire pardonner. » dit-il, avec un brin d'excuse dans la voix.
Il dépassa Byakuya qui le laissa passer.
L'aristocrate savait d'expérience que forcer Shûhei ne menait jamais à rien de bon. Il tourna la tête vers la silhouette qui s'éloignait. Le soleil n'était pas encore assez haut pour que sa lumière transperce les feuillages des arbres qui avoisinaient le chemin. Noir sur noir, le Shinigami disparaissait dans l'ombre. Noir sur or, il réapparaissait dans un chatoiement de son kimono. Shûhei, présence étincelante dans sa vie et indispensable à son bonheur, savait se faire désirer sans que ce soit volontaire. Un éclat d'acier s'alluma dans ses prunelles grises alors qu'il anticipait déjà son retour et la manière dont le jeune capricieux obtiendrait son pardon.
Fin chapitre 1
Prochain chapitre : Un invité indésirable
(1) pour plus de détails, lire Amours Imparfaites I et II (attention, le rating est différent)
