Disclaimer : le monde de Harry Potter est à J.K.R. ; celui du Dix-Neuvième Parallèle est à moi.
Rating : T
Personnages : OC, Severus Snape, J. Dawlish, Xénophilius Lovegood.
Correctrice : Fantomette34.
Une nouvelle histoire sur une idée de Karozthor the Necromagus.
Notez bien : '' paroles en anglais ''
Bonne lecture !
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Nd'A : pour cette fic, il y aura un nouveau chapitre toutes les deux semaines.
Les dossiers du Dix-Neuvième Parallèle - La jeunesse de Nemo
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Le Bar des Louchébems, à Paris, était plutôt calme en cette matinée qui voyait éclore le printemps dans la capitale : on était dans cet entre-deux où les feuilles commençaient à teinter de vert les branches nues, où les chants des oiseaux étaient plus joyeux, où l'air lui-même semblait tout faire pour que les gens émergent de chez eux, pareils aux fleurs sortant de terre.
Oui, c'était une journée en or qui s'annonçait. Dans la Salle du Bar, le Patron, Nemo, préparait des cafés pour son équipe, équipe qui se résumait pour l'instant à un gros bébé de deux mètres trente, Alistair, Minotaure de son état et son compagnon d'âme, Severus Snape, Sorcier, Maître des Potions et Professeur à la prestigieuse École de Poudlard, en Ecosse. Les deux sortaient tout juste d'un voyage dans le temps qui les avait bien fatigués, et Nemo les chouchoutait. Ce qui impliquait un petit-déjeuner copieux chaque matin.
"Bon sang ! râlait Alistair devant les gâteaux posés sur la table, t'as pas plus léger ? C'est le genre de truc qui te fait grossir de trois kilos rien qu'en les regardant. Et mes poignées d'amour, t'y penses ?
- Tes poignées d'amour, elles se sont transformées en bouée depuis longtemps.
- Même pas vrai !
- Ah oui ?! Et que tu aies dû prendre une taille supplémentaire pour tes pantalons, c'est pas vrai non plus ?
- Je... je voulais être à l'aise.
- Va faire croire ça à d'autres !"
Severus ferma son esprit aux éclats de voix de ses amis. Il ne se formalisait pas de cette discussion-dispute, elle avait lieu tous les matins mais aujourd'hui, il avait envie de boire son café sans devoir y faire face. Nemo dut le comprendre, il arrêta de parler et retourna derrière son comptoir.
Juste à temps pour voir s'allumer un clignotant dissimulé dans l'ombre du téléphone.
"Eh ! fit-il aux deux compagnons, il y a quelqu'un qui vient de Transplaner dans l'arrière-cour."
Ayant eux-mêmes senti la distorsion familière, le duo se leva.
La porte donnant sur l'arrière-cour s'ouvrit.
Mais l'identité de l'homme qui entra dans le Bar surprit tout le monde.
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"Dawlish ?!"
C'était bien l'Auror qui se tenait devant eux, amaigri, un peu pâle, mais sur ses deux pieds.
Quand il avait été blessé, au Palais de Buckingham, Severus lui avait donné les premiers soins et avait organisé son évacuation à Sainte Mangouste, l'Hôpital Sorcier. Depuis, il avait peu de nouvelles : coma, réveil, convalescence... l'attaque de Voldemort sur Poudlard avait chassé toute autre préoccupation et le Potionniste l'avait oublié.
De toute évidence, la réciproque n'était pas vraie.
"Bonjour, puis-je...", fit l'homme en désignant une chaise face à eux.
Alistair sauva la situation. Lui n'avait pas de contentieux avec l'Auror, et il s'en voulait un peu d'avoir monopolisé l'attention de Sev à Buckingham, conduisant de ce fait Dawlish à prendre des risques ayant mené à son agression.
"Bien sûr, asseyez-vous avec nous !" dit-il franchement.
Une théière fumante et une tasse devinrent les voisines des cafés du duo et la conversation reprit, ou plutôt Dawlish embraya aussitôt :
"Je voulais vous remercier, fit-il en regardant Severus dans les yeux, les Médicomages ont dit que mon cas aurait pu être beaucoup plus grave si vous n'aviez agi avec célérité.
- Remerciez plutôt le fait que j'ai fait plusieurs stages en Médicomagie pour être reconnu apte à élaborer des potions de soins.
- Quoi qu'il en soit, votre action a réduit de moitié ma convalescence. Rien que pour cela..."
Le Potionniste balaya les mots d'un revers de main. Il n'avait vraiment pas l'habitude des remerciements, surtout venant de quelqu'un qui, hier encore, lui aurait mis la main au collet avec plaisir.
"Alors, vous avez repris du service ? demanda Alistair qui sentait son compagnon mal à l'aise.
- Je retourne sur le terrain lundi.
- Ce qui veut dire que Sainte Mangouste vous a gardé quatre mois.
- Oh non ! J'en suis sorti début février, mais mon chef n'a pas voulu que je reprenne les enquêtes extérieures. Il m'a envoyé aux Archives. J'étais chargé de trier des vieux dossiers datant des années cinquante et soixante.
- Beurk, y'a plus fun comme occupation !
-Sans doute mais dans ces parchemins, on voit parfois des noms qui vous sont familiers. Savez-vous lequel j'ai vu dans un dossier vieux de quarante ans ?"
Le duo secoua la tête.
"Antoine Morin.
- Nemo ?!"
Le Minotaure et le Potionniste pivotèrent vers le comptoir, où l'objet de leur discussion ne bougeait plus.
"Une minute ! fit Alistair au vieil homme, y'a quarante ans, t'étais même pas majeur. Comment ton nom s'est-il retrouvé dans les archives des Aurors ?"
Nemo sourit, perdu dans ses pensées, revint à lui et dit :
"C'était ma toute première enquête criminelle.
C'était aussi la première fois que je rencontrais un Sorcier,
et que j'en arrêtais un autre."
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"Allez quoi, raconte ! Steupléééé !"
Alistair avait écarquillé les yeux façon Chat Potté pour faire fléchir son Chef, sachant que le vieil homme ne résisterait pas longtemps.
Il avait raison.
Nemo céda,
et commença un récit qui les tint occupés pendant longtemps.
"C'était en 1957, j'avais vingt ans..."
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Début décembre, à la limite entre la Lozère et la Haute-Loire.
"Antoine !
- Encore cinq minutes, tante Othilie, gémit une voix sous les couvertures.
- Nemo, sors de ton lit !"
Ouille ! Quand sa tante utilisait le surnom qu'il s'était lui-même donné, Antoine Morin savait qu'il avait intérêt à obéir. La grippe qu'il avait attrapée pendant ses patrouilles de police étant - presque - guérie, il n'avait plus de raison de rester. Etait-ce pour cela qu'elle l'appelait ? Pour le renvoyer dans son deux-pièces ?
Le jeune homme délaissa à regret le journal de bandes dessinées qu'il lisait en cachette. Sa tante affirmait que ce n'était que des gamineries, que ces B.D, comme il disait, n'avaient aucun avenir. Elle se trompait, il en était certain. Tiens, rien que le nouveau personnage qui débutait là ses aventures, ce "Gaston Lagaffe", il était sûr qu'il connaîtrait le succès et que dans plusieurs dizaines d'années, il serait au moins aussi célèbre que ce Camus qui avait, peu de temps auparavant, obtenu le Prix Nobel de Littérature.
S'habillant à la hâte, Antoine se précipita vers le lavabo que ses parents avaient fait installer à côté de sa chambre. Le Chauffe-eau lui donna de quoi faire une toilette sommaire et il descendit à la cuisine. Sa tante s'affairait devant son poêle à charbon, déjà chaud, et le café de la veille chauffait dans sa petite casserole attitrée. Une scène familière, si familière que Nemo ne remarqua pas tout de suite que quelqu'un d'autre était là.
Un gendarme.
"Il s'est passé quelque chose ?
- Pas ici ! répondit sa tante, du côté du Lac du Bouchet.
- Mais c'est loin ! Pourquoi est-il venu ? demanda-t-il en désignant l'homme en uniforme.
Ce fut ce dernier qui répondit :
"On nous a signalé une mort violente dans ce secteur.
- Votre Secteur. En quoi suis-je concerné ? Je suis policier au Puy en Velay, je vous signale.
- Je sais, mais je n'avais pas le choix. Toutes les routes sont bloquées : par la neige pour celle de Mende, et celle du Puy par un grave accident. D'ailleurs, tous mes collègues y sont, c'est pour cela que j'étais tout seul à la brigade, quand j'ai reçu le coup de téléphone.
- Mais cela n'explique toujours pas pourquoi vous êtes chez nous?!
- Ben, vous avez une solide réputation d'enquêteur dans le coin, même votre chef le reconnaît, et je savais par des bavardages que vous étiez chez votre tante. Et surtout..."
Le gendarme jeta un œil inquiet à cette dernière qui comprit et s'éloigna.
"... je n'ai pas voulu le dire devant elle, mais cette affaire sent le souffre. Le paysan qui a donné l'alerte bégayait sans cesse au téléphone, il avait peur.
S'il vous plaît, Monsieur Morin, venez avec moi. Je n'arriverai à rien tout seul."
Antoine n'était pas du genre à se dégonfler et ne croyait pas au surnaturel. Il savait depuis longtemps ce dont étaient capables les êtres humains en ce qui concernait le mal. Cette enquête allait le démontrer encore une fois.
Sans doute.
"Bon, autant partir maintenant, fit-il au gendarme soulagé, quelle voiture avez-vous ?
- Ma Deux Chevaux personnelle. Mais ça ira ! la route est dégagé sur le tronçon qui nous intéresse. Un sacré coup de chance."
Tu parles d'une chance ! pensa Nemo en pénétrant dans l'habitacle glacé du véhicule, si ça se trouve, on va nous découvrir au dégel dans un bas-côté, conservés comme dans ces frigos nouveau modèle.
Heureusement, sa tante l'avait obligé à mettre deux paires de chaussettes de laine, une paire de bottes en caoutchouc et deux vestes épaisses l'une sur l'autre. De quoi tenir pendant le trajet.
La deux Chevaux démarra, hoqueta et finit par prendre le chemin menant vers le Lac du Bouchet.
Conducteur et passager n'auraient jamais imaginé ce qu'ils allaient découvrir sur place.
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Ils durent marcher dans la neige un kilomètre avant d'arriver sur les lieux du crime. Les indications du paysan étaient vagues, sauf sur un point : il fallait faire trois-cents pas vers le Nord, à partir du panneau du village, puis franchir un pont romain et redescendre de l'autre côté de la vallée. Pour le reste... ils pouvaient pas manquer le corps.
Et quand Nemo le vit, il faillit réviser ses certitudes concernant la présence ou non du Malin dans cette histoire. Bon sang, quelle horreur !
"Savez-vous qui il est ? se força-t-il à demander au gendarme verdissant.
- Je ne connais pas son nom, mais les gens d'ici le surnommait 'le fou'.
- Je vois. Un solitaire.
- Oh non ! Il avait un gamin.
- Quoi ?! Où est-il ?
- J'en sais rien, moi ! Sans doute chez lui."
Nemo dut se retenir d'étrangler le gendarme quand celui-ci lui précisa qu'ils avaient encore deux kilomètres à faire avant d'arriver au logis de la victime.
"Bon, allons-y ! fit-il.
- Eh, et le...
- Il ne partira pas."
Et ils s'éloignèrent, avec un lot très important d'énigmes à résoudre :
Qui était la victime ?
Comment était-elle morte ? Le sang avait coulé, mais il n'avait pas vu de blessures.
Et surtout, comment le meurtrier avait-il fait pour tuer ? La neige était intacte dix mètres tout autour du corps.
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"Voilà, c'est là !" précisa l'homme en uniforme.
La maison était toute en longueur, adossée à la roche et sans doute aussi reliée à un passage qui permettait jadis aux éleveurs de garder dans les grottes voisines les vaches et les moutons. Maintenant, elle ne servait - elle n'avait servi - que de refuge pour un étranger et son fils.
La porte était fermée à clé. Ne voyant pas d'autre moyen d'entrer Nemo frappa très fort, espérant que l'enfant, s'il était là, les entendrait et viendrait ouvrir.
Un son lugubre, la porte s'entrouvrit.
Mais c'est un tout jeune garçon ! s'exclama-t-il in petto.
C'était un gamin de cinq... six ans, grand maximum. Mince. Blond.
Dès qu'il les avait vu, il avait laissé l'huis ouvert et s'était éloigné dans les profondeurs du logis. Les deux adultes l'avaient suivi.
Ils l'avaient retrouvé dans la cuisine, seule pièce chauffée, assis devant l'âtre il tournait et retournait une baguette de bois ouvragée dans ses mains.
"Qu'est-ce que c'est que ça ?
- Je ne sais pas, murmura le gendarme, peut-être une baguette de chef d'orchestre ?"
Ne sachant comment interroger l'enfant, Nemo choisit de feindre l'ignorance :
"Nous... euh... nous voulons rencontrer ton père.
- Vous l'avez vu", fit le garçon, les yeux toujours baissés sur la baguette.
L'adulte blêmit. Comment cet enfant pouvait-il savoir ?
Les réponses ne viendraient pas de sitôt. Visiblement, le petit se renfermait dans un monde dont ils n'avaient pas la clé.
Sauf si...
Dans les quelques mots prononcés, il avait décelé un accent britannique. Il connaissait, sa famille avait des voisins originaires de Londres, en Indochine.
"Tu es Anglais ? Je peux te parler dans ta langue, si tu veux."
L'enfant releva la tête. La hocha.
'' Bien, fit Nemo, nous avons beaucoup de questions à te poser, mais avant tout, nous aimerions savoir quel est ton nom. Veux-tu bien nous le dire ? ''
Le garçon se troubla, fixa intensément la baguette entre ses doigts, puis haussa les épaules.
'' Je m'appelle Lovegood... Xénophilius Lovegood, '' finit-il par dire aux deux représentants des forces de l'ordre.
...
