Un pitit drabble pondu selon le principe de l'écriture automatique. Si vous y trouvez un sens, faites-le moi savoir, je me pencherai un peu plus sur la question. Sinon, attention.
Son nom est Berwald, et ça sonne bizarrement. Ou pas, tout dépend de ce qu'en pensent les gens.
Berwald, ça peut être le point final d'une phrase tortueuse, le genre de phrase dont on ne peut pas être sûr qu'elle ait du sens même en la lisant à l'envers, à l'endroit, dans un miroir, en prenant toutes les références possibles et imaginables pour tenter d'y en trouver un.
Lui est beau et grand, un mètre quatre-vingt huit une belle taille pour ses seize ans. Avec cette taille, il n'a pas cru pouvoir rentrer dans la petite cage aux barreaux si épais qui a été ouverte au fond du couloir. Mais de toute façon, il devait y rentrer, c'était la seule issue possible lorsqu'on était comme lui enfoncé si loin dans le noir. Trop loin de la seule fenêtre à l'autre bout du corridor, qui dépose un petit carré de lumière sur le sol métallique de la cage. On ne peut regarder en arrière, c'est interdit, la fenêtre est trop proche.
Berwald, cela peut être le nom donné à un arbre mort au milieu d'un trou de cendres capables de vous avaler comme des sables mouvants. Tout le monde sait qu'il est là mais personne ne s'en approche.
Avant de s'en rendre compte, il s'y trouve dans la cage, debout et enfermé. Nu, le carré de soleil gris éclaire les poils blonds de son intimité. Belle taille pour ses vingt ans. Le couloir a-il des portes ? Si oui, une âme sensible passant par là - il y en a partout, risque de se voir fermer en un seul coup d'œil bien placé la porte de l'innocence éternelle, celle que tout le monde aurait voulu garder, un délire fou confiné derrière des portes luisantes répondant au nom d'Entrée au Paradis. Berwald n'est pas chrétien. Les seules portes qui existent sont celles de sa cage et il se moque de savoir de combien d'âmes innocentes il va crever les yeux.
Il ne dort jamais pourtant. Ni ne bouge. C'est comme s'il tombe. L'énergie cinétique empêchant de faire un geste, et le vent, lames de rasoir cinglant ses paupières empêchant de les fermer.
Parfois le papier peint laisse entrevoir l'ombre de ses désirs. Une éclipse. Un chuchotement furtif qui prend l'ampleur d'un cri, et le seul automatisme qui puisse le faire réagir. Alors il se lève, et hurle à son tour, sans entendre sa propre voix. Mais crier est trop fatigant pour pouvoir s'en tirer sans s'endormir. Alors il se remet à sombrer en attendant la prochaine éclipse. La dernière s'est produite il y a assez longtemps, trop à son goût.
Berwald, c'est une corde rugueuse abîmée par le temps qui n'attend plus que quelqu'un la décroche du gibet.
Les gens disent qu'il a trop attendu, et demande ce qu'il attend encore. Comme le surnom de ce vieil homme aux cheveux délavés, dans une légende venant d'un pays lointain, qui respirait au rythme de la fumée de son pétard et se nourrissait l'œil des couleurs de la mer.
Berwald, c'est le nom de cet homme enfermé dans sa cage, depuis l'accident qui a coûté la vie à son meilleur ami. Les gens qui le connaissent répètent qu'il s'appelait Tino, et qu'ils étaient bien plus que des amis. Mais ils doivent éviter d'en parler devant lui, il se met presque debout dans son lit lorsqu'il entend ce nom, et cela devient trop difficile de le calmer après. Encore, sa folie n'est pas devenue meurtrière, des cas comme ça sont déjà arrivés. Bien entendu, c'est douloureux, surtout pour les proches, les familles, les amis, tous ceux qui regardent la cage ; mais c'est presque imperceptible pour celui qui y est.
Car qui aurait peur d'un oiseau en cage ?
Merci d'avoir lu, si vous avez lu ! Captain Obvious !
