Il court, il court le furet
Le furet du bois mesdames
Il court, il court le furet
Le furet du bois joli
Il est passé par ici
Il repassera par làCOUREZ, MC KAY
COUREZ, MC KAY ! Le major Sheppard agrippa le bras du docteur McKay, le forçant à accélérer. Les ors et rouges de la foret défilaient à toute allure. Les deux hommes couraient comme s'ils avaient le diable à leurs trousses. Le diable, en l'occurrence avait présentement l'apparence d'un wraith.
Et pas d'un wraith commode, des fois qu'il en existerait de cette engeance. Non, plutôt un wraith en colère.
La faute à Rodney.
Mais ce n'était pas le moment pour régler des comptes.
Le major se saisit brusquement du scientifique et obliqua brutalement vers la gauche. Ils plongèrent dans les buissons et John plaqua Rodney au sol. Ce dernier ouvrit la bouche pour protester quand le major lui fit signe de se taire. Le wraith s'était arrêté à quelques mètres d'eux. McKay râlait intérieurement : Ah, il aurait été mieux dans son laboratoire que dans cette foret touffue à piquer un sprint avec le major Sheppard. En plus, il y avait des arbres partout, des plantes, des fleurs, du pollen. Du pollen !
- Aaaaatchoum !
Le wraith fit aussitôt demi-tour et fonça dans les fourrés. John se saisit d'une bûche, lui lança à travers le visage tout en dégainant et en profita pour lui vider une partie de son chargeur dans le corps.
Pas assez pour tuer un wraith mais quand même suffisamment pour le ralentir un moment.
John attrapa McKay par son pull, le força à se redresser tout en lui envoyant un regard furibond.
- Je l'ai pas fait exprès , se justifia le scientifique penaud, je suis allergique..
- Gardez votre souffle, nom de dieu et courez !
Les branches leur griffaient le visage et les bras. Ils couraient, se frayant un chemin parmi les taillis et les fourrés. Rodney commença à ralentir. Manifestement, il avait de la peine à garder le rythme. Le major décida de faire une pause de quelques minutes. Rodney s'assit, Haletant.
- Ahhhhhhh ! J'en peux plus !
-Ben McKay, la faute à qui ?
-Ca va, ça va major . Puis cherchant à détourner la conversation :
- Dites, major, on l'appelle comment celui-là ?
- Hein ?
- Ben oui, après Steeve et Bob, on pourrait bien lui donner un nom à lui aussi .
- Bon, McKay, celui-ci, c'est le votre. Après ce que vous avez fait, je vous laisse le choix du nom .
Une branche craqua loin derrière eux.
- On repart ! cria John. Il se saisit de la main de McKay et le tira, l'obligeant à adopter son allure.
- Han ! han ! et pourquoi pas Ovide ?
- Quoi ! cria Sheppard sans s'arrêter. Ovide, c'est n'importe quoi. Et d'ailleurs, ça n'existe pas .
- Si, au Canada ça existe. C'est un nom français, je l'ai entendu au Québec !rétorqua le scientifique en soufflant.
- Ha ! Ha ! On a qu'à l'appeler Dick .
- Peter !proposa Rodney en manquant de se prendre le pied dans une racine.
- Luke !
- Ca risque de lui porter chance ! répondit Rodney en se prenant cette fois-ci le pied dans une racine et en s'étalant de tout son long.
- McKayyy ! John le prit sous les bras et l'aida à se relever. Ca va ? Pas de gros bobo ?
- Major, vous me prenez pour un gamin ou quoi ? Je vous rappelle que je suis un adulte responsable tout à fait capable de se prendre en charge !
- Ah oui, c'est vrai. C'était vraiment très adulte ce que vous avez fait tout à l'heure. D'ailleurs il faut voir où ça nous mène !
-Oh ça va ! vous allez rabacher ça longtemps ?
Le major Sheppard ne put s'empêcher de sourire. Il adorait taquiner le scientifique et puis ce dernier était si craquant quand il était vexé.
- Allez, Rodney, il faut repartir .
- Il a peut être abandonné ?
- Ca m'étonnerait, il avait l'air vraiment remonté, Luke.
- C'est Luke alors ? Et pourquoi pas « John » ?Demanda perfidement le scientifique.
Le major leva les yeux au ciel et remarqua qu'ils se trouvaient juste au dessous de ce qui ressemblait à un énorme châtaigner.
John eut une vision du châtaigner du jardin de son enfance. Son père y avait cloué quelques planches et il y avait fait sa cabane. Il y passait des heures à rêver, en sécurité…
- Rodney, on va grimper à l'arbre !
- Quoi ? Mais je sais pas…
- Alors on court !
- On grimpe !
John prit appui sur la première branche puis il se hissa et s'assit à califourchon. Il tendit la main à Rodney et l'aida à grimper. Puis ils s'élevèrent jusqu'à devenir invisibles du sol, entourés par le feuillage touffu.
Rodney regarda en bas, imagina à quelle hauteur ils devaient être et devint pale.
- Qu'est-ce qu'il y a encore, McKay ?
- Beurk, je crois que j'ai le vertige se plaignit se dernier.
John, exaspéré leva les yeux au ciel.
- Bon, j'arrive, surtout ne regardez plus en bas .
John s'approcha et prit Rodney dans ses bras. Il cala le visage de ce dernier contre son épaule. «Comme c'est doux, un Rodney, c'est tout chaud » Le major se dit qu'il avait de drôles de pensées tout à coup.
- Ca va mieux là ?
- Mmoui…
- Chut !
Ils entendirent un bruit de galopade. Luke venait de passer à toute vitesse sous l'arbre et fonçait droit devant lui. Il avait manifestement récupéré.
- Bon, on va pas passer la journée là , dit le major, profitons-en pour descendre et filer d'ici .
Il se laissa glisser prestement en bas de l'arbre. McKay descendit prudemment, passant précautionneusement d'une branche à l'autre. Il finit par déraper sur la dernière et atterrit dans les bras du major qui le rattrapa au vol.
- Ils sont bizarres, les fruits qui tombent de cet arbre. Vous croyez qu'on peut y goûter ? Demanda ce dernier avec un petit sourire.
- Major, reposez moi au sol tout de suite ! s'écria le scientifique en virant au rouge.
John allait répondre quand un bruit de pas précipités se fit entendre et ça venait dans leur direction.
- C'est encore lui , cria John en reposant le scientifique « McKay, courez ! »
Ils se remirent en route au pas de course ; La foret devenait de plus en plus clairsemée. Ils débouchèrent brusquement sur un cul- de- sac. Devant eux se dressait une falaise. Elle n'était pas abrupte et marquait une inclinaison moyenne. Ce ne serait pas non plus une partie de plaisir.
Mais il ne pouvaient plus faire demi-tour. Ils entendaient nettement Luke foncer comme un bulldozer dans leur direction.
