Siblings

« Père ! Indra vient encore de me frapper ! »

« Menteur ! »

Indra et Asura avaient eu une enfance comme celle des autres enfants de leur époque. Certes, ils étaient les fils du Sage des Six Chemins. Mais ils n'en restaient pas moins des enfants.

Deux garçons qui se battaient, se disputaient et se rendaient mutuellement la vie impossible.

« Asura ! C'est mon bâton d'entraînement que tu tiens ! »

« Ben vu que j'en ai plus, c'est le mien, maintenant ! »

Ceci ne voulait pas dire qu'ils se haïssaient. Pas au tout commencement.

Entre frères, c'est normal d'avoir des conflits – mineurs comme majeurs.

« T'es qu'un imbécile ! »

« T'as pas le droit de dire ça ! »

« Imbécile ! Imbécile ! »

« Je te déteste ! Père ! »

Entre frères, c'est normal de passer quelques bons moments ensemble.

Comme grimper dans un arbre pour se construire une cabane, aller patauger dans une rivière ou encore voler des mûres dans le jardin d'à côté.

« Indra ! C'est trop haut, je peux pas monter ! »

« Poule mouillée ! Tu fais dans ta couche ? »

« Jamais ! »

« Alors pourquoi tu viens pas me rejoindre ? »

Indra bousculait volontiers son frère cadet. Pourquoi donc ne l'aurait-il pas fait ? Il avait deux ans de plus, il était plus fort et quand il s'y mettait, Asura était un pur poison.

Pour sa part, le deuxième-né se défendait de son mieux, et réussissait même à prendre l'avantage de temps en temps. Pas question de laisser Indra faire tout ce qu'il voulait quand lui ne l'entendait pas de cette oreille !

« T'es qu'un gros nul ! »

« D'abord, Père t'aime moins que moi ! »

Quand Asura se faisait bousculer par les autres garçons, Indra accourait aussitôt. Son cadet, c'était chasse gardée ! Personne d'autre que lui n'était autorisé à faire de sa vie un enfer !

Intérieurement, le cadet rageait d'être aussi lopette. Comment pouvait-il paniquer rien qu'à l'idée de grimper dans un arbre alors qu'Indra ne cillait même pas ?

« Asura ! Tu t'es cassé quelque chose ? »

« Non… »

« Pleure pas ! Je suis là ! »

Mais les deux frères ne reconnaîtraient jamais ouvertement qu'ils tenaient ne serait-ce qu'un tout petit peu l'un à l'autre.

Ils étaient frères, après tout.