Neige en Wallachie


Traduction de The Snow in Wallachia par YamatosSenpai

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Bleach est une œuvre de Monsieur Tite Kubo. Ni moi ni YamatosSenpai ne possédons aucun droits sur ses personnages. Nous ne faisons que les emprunter pour notre bon plaisir, et le vôtre, j'espère !


Petit mot de la traductrice, Soul004 :

Hé oui, je me lance dans la traduction !
C'est cette histoire qui m'en a donné envie. Je cherchais à lire une histoire avec Byakuya et Renji. Ayant épuisé le fandom français, je me suis tournée vers le fandom anglais. Je ne voulais pas juste une romance où il ne serait question que d'amour et de sentiments, je voulais qu'il y ait de l'aventure, je voulais être surprise, frissonner, quitter les sentiers battus. J'ai été transportée dans l'univers créé par YamatosSenpai et j'ai eu envie de partager mon plaisir avec vous, qui avez peut-être du mal avec la langue anglaise…

Je lis peu d'histoires qui n'intègrent pas le canon de Bleach, et en général, je ne trouve pas l'univers « vampires » très attractif dans la fanfiction. Mais cette fiction est une exception ! C'est abordé de façon très peu classique et ne se limite pas à cela. De plus, l'auteur a un style envoûtant et respecte énormément les personnages de Bleach.


PRÉSENTATION :

L'auteur tient à ce que je vous explique deux choses :

La première, c'est de mentionner qu'elle en est l'auteur. YamatoSenpai est celle qui a imaginé cette histoire. Moi, je ne fais que la traduire. Je la remercie de m'en avoir donné l'autorisation.

La deuxième, c'est de vous expliquer que Neige en Wallachie fait partie de la série : The woods of Arcadia (Les bois d'Arcadie), et prend place dans l'arc de A woman's touch (Une présence féminine), dans lequel les héros (Jûshirô, Shunsui et Coyote) ont vécu avec Orihime tout en cherchant à contrecarrer Aizen.

The woods of Arcadia a été écrite en premier. On y découvre l'univers imaginé par YamatosSenpai à propos des changeants (shifters). Elle met en garde les lecteurs que peut-être il sera difficile de bien comprendre ce dont il s'agit en commençant par Neige en Wallachie.
Moi, cela ne m'a pas du tout gênée de ne pas tout comprendre. J'ai trouvé que cela ajoutait du mystère à l'intrigue. Cela m'a permis de me mettre à la place de Byakuya. Vous verrez de quoi je parle en lisant.
En tout cas, une fois lu Neige en Wallachie, j'ai eu envie de lire The Woods of Arcadia ! Peut-être que je traduirai aussi cette histoire, elle le mérite !


À propos de la traduction :

Je respecte strictement l'œuvre originale quant à la mise en forme des paragraphes, des dialogues, des alinéas… Et je m'applique autant que possible à conserver le style de l'auteur et sa manière d'écrire. Vous retrouverez son phrasé, son rythme, ses descriptions toutes en nuances, sa manière d'introduire l'atmosphère, de mettre en scène les personnages et de les faire vivre devant vos yeux… Cependant, passer d'une langue à une autre implique de prendre en considération les usages de cette autre langue.

Voici quelques modifications que j'apporterai au texte original :

Dans un souci de familiarité, je me sers des guillemets français « … » au lieu des guillemets anglais "…" dans les dialogues.

Il n'est pas rare que les objets inanimés soient personnifiés dans le texte original : ils sont le sujet de l'action qui les concernent. Lorsque j'ai lu l'histoire en anglais, cela ne m'a pas du tout gênée. Au contraire, cela donne à l'histoire une ambiance particulière que j'essaie de maintenir. Pourtant, il y a des moments où le rendu en français fait vraiment bizarre. Ayant pris l'avis de l'auteur, j'ai décidé de prendre un peu de liberté par rapport au texte dans ces cas-là. J'effectue les changements indispensables (ajout de prépositions, de pronoms, d'adjectifs, de verbes... renversement du sujet et du complément d'objet dans la phrase) pour que le résultat sonne correctement en français (sans changer le sens final du texte original, bien sûr).

L'anglais est une langue très imagée qui permet une grande liberté dans la construction des adjectifs, des verbes… En français, il n'y a pas forcément d'équivalent à certaines expressions. J'interprète donc parfois l'image qui m'est renvoyée par le texte anglais. Il ne peut pas s'agir d'une traduction littérale. Comme plus haut, il faut dans certains cas que je bouscule la phrase anglaise pour que le texte français ait un sens et soit correct, grammaticalement parlant.

Lorsque je choisis une traduction non littérale, je me sers de la ponctuation pour conserver le rythme et l'atmosphère de la phrase originale. D'autres différences de ponctuation sont inévitables. Les règles d'usage dans les dialogues, ou tout simplement l'ordre des mots dans une phrase, pouvant différer entre l'anglais et le français.

Bien sûr, je suis en relation avec l'auteur et discute avec elle des passages qui pourraient s'interpréter de plusieurs façons, afin de faire une traduction la plus conforme à son histoire.

Malgré le soin que j'ai apporté à cette traduction, je ne suis pas à l'abri d'une erreur ; car je ne suis qu'une traductrice amateur, et ceci est d'ailleurs ma première traduction !
Tout conseil sera le bienvenu !


Partie I : Où il est question de Mircea l'Ancien

Il y avait un rythme à son agonie, un battement à son cœur brisé. Un fois encore après un million de fois, il aspira un souffle profane dans ses poumons gelés et revint à la vie en un sursaut haletant. Il n'y avait pas de soulagement, pas de mort, pas d'oubli dans lequel s'ensevelir. Il vivait comme s'il était goudronné de ténèbres infinies et que le destin le gardait en vie, conscient, et tournoyant sur son axe cruel.

Il y eut un coup hésitant à la porte de sa chambre. Ses yeux s'ouvrirent instantanément, ses cils noirs, épais, battant de façon assourdissante dans la pièce vide. Mais il avait été réveillé bien avant ; il avait été réveillé au moment même où sa garde avait posé le pied sur la toute première marche, une centaine de marches plus bas. Il y eut une autre inspiration, un autre moment de vie sans elle. Il s'assit machinalement, oublieux des couvertures qui s'amoncelèrent autour de sa taille.

Pendant un moment, il y eut une juvénile innocence dans son apparence, alors qu'il se frottait les yeux de ses poings fermés. Il se racla la gorge, rejetant de sa voix profonde, calme, l'épuisement d'un repos sans sommeil. « Oui ? »

« Mille pardons, M'sire... », commença l'homme de l'autre côté de la porte. « Des intrus dans la forêt... »

« J'ai donné mes ordres », répondit Byakuya d'un ton glacial, ses yeux ardoise étincelant dangereusement. Il sentit l'homme s'agiter à l'extérieur de la pièce, et savoura la peur.

« Oui, Messire... », protesta un deuxième homme à travers le battant. « Mais, Monsieur, les intrus, ce ne sont pas des Humains... »

Le visage de Byakuya se crispa, ses yeux jetant des éclairs en direction de la porte. Il se leva promptement et traversa la pièce en un instant. Il retira ses vêtements de nuit et ouvrit sa garde-robe pour sélectionner un costume noir d'excellente coupe. Il s'habilla silencieusement, sa langue passait le long de ses dents d'un geste absent.

Byakuya poussa le lourd battant en chêne de la porte, franchissant le seuil dans la foulée, et fit face aux deux hommes. Le premier était de petite taille avec une crinière rousse mal peignée. Il s'inclina poliment, reculant d'un pas à l'approche de Byakuya. Le second avait un air plutôt benêt, accentué par une peau huileuse et des cheveux gras.

« Messire, trois éclaireurs sont revenus cet après-midi. On en a trouvé qui sont morts. Pas de réanimation. Il semblerait qu'il y ait une créature inconnue… dans les bois… elle se repaît… eh bien… de chair... », murmura le plus petit des deux. Byakuya restait silencieux, et après quelques moments d'étrangeté, l'homme releva la tête, le regardant curieusement.

Byakuya soupira, un son court et impoli. Il s'échappa de ses lèvres et tourbillonna dans l'air comme un juron. Cet homme, ce paysan, était jeune et, à en croire son allure, stupide. Byakuya plissa les yeux, se concentrant intensément sur le personnage, tandis que sa voix profonde grondait deux simples mots : « Des loups ? »

« Mouais, Monsieur... », convint le manant, en hochant la tête avec emphase. « C'est possible. »

« Je vous ai dit », répliqua Byakuya avec impatience, « je souhaite qu'on me laisse seul... » Il haleta de douleur, en proie à une atroce souffrance qui lui déchirait la poitrine, jusque dans son estomac et ses bras. Une odeur étrange emplit ses narines, le fumet se répandant dans sa bouche comme le goût du sang.

« Il fait presque nuit, Maître… », siffla le second homme, aux cheveux noirs luisants et aux yeux sombres brillants. « Peut-être que nous devrions préparer votre repas... »

« Je n'ai pas faim », dit Byakuya simplement, repoussant l'odeur inconnue de son esprit.

« Et pour les éclaireurs, M'sire ? », demanda le jeune paysan d'un ton inquiet. « Je pourrais sans doute recruter quelques hommes robustes de Muntenie... »

« Si tu désires partir, pars », énonça Byakuya avec mépris, en se tournant pour faire face à la pauvre âme. « Personne d'autre ne viendra en cet endroit. »

« Mais, sire Byakuya... », commença l'autre homme lentement, « nous ne pensons qu'à votre sécurité... » Il plaça ostensiblement une main crochue sur le bras de Byakuya. « Il reste encore beaucoup d'entre nous qui donneraient leur vie pour le sang de Mircea l'Ancien. »

« Alors vous êtes stupides », dit Byakuya en tournant les talons, « et vous mourrez pour rien. »

« Où allez-vous, M'sire ? », appela le jeune paysan dans son dos.

« La forêt », répondit Byakuya.

« Je vais chercher votre cape de voyage »

« Je ne suis point une jeune fille fragile », rétorqua Byakuya d'une voix coupante, « et je ne sens pas même le froid. »

Les deux hommes sellèrent le cheval de Byakuya rapidement, la créature s'ébrouant, son souffle sourdant de ses naseaux comme de la fumée. La queue et la crinière noires et lustrées, les marques blanches et lisses sur sa tête, son épais pelage noir, tout était d'un magnifique, saisissant contraste avec la neige pure et blanche, tout autour.

Les hommes comparaient secrètement leur maître au cheval qu'il montait. Il était également sombre et beau, avec une peau pâle et une aura ténébreuse. Mais à la différence du cheval, ce n'était que lorsqu'il se rappelait consciemment de le faire, que de la fumée s'échappait de ses lèvres.

« Votre arbalète, M'sire ? »

« Non », répondit Byakuya, en ajustant ses gants d'équitation, plus par habitude que par nécessité. « Je préférerais, mon épée. »

« Messire... », commença l'autre anxieusement, « peut-être que nous devrions vous accompagner ? »

« À quelle fin ? », demanda Byakuya. « Pensez-vous que votre seigneur soit si inapte qu'il ne puisse point prendre la vie d'un misérable loup ? »

« Bien sûr que non », expliqua l'homme vivement. « Je vous confie ma vie, Messire... »

« Rentrez », ordonna Byakuya, « le temps se dégrade ».

Les deux hommes regardèrent vers le ciel qui s'assombrissait. Le soleil se couchait à l'extrême ouest, et à l'est des étoiles scintillaient brillamment, sans un seul nuage en vue. « Oui, Monsieur », dirent-ils docilement, plutôt curieux de ce que leur seigneur voulait dire.

Une légère brise voltigea à travers les arbres, faisant grincer sous la pression les branches gelées, couvertes de givre. Byakuya se redressa sur son cheval, inhalant profondément, les yeux étrécis, sa prise se resserrant sur les rênes. « Il y a un enfant dans la forêt. »

« Un enfant, Monsieur ? »

« Tout le monde le sait, cette forêt n'est pas sûre, spécialement à la nuit tombée », murmura Byakuya, faisant claquer sa langue en manière d'instruction à son cheval. L'animal se mit à galoper à travers les arbres, la poitrine de Byakuya étroitement plaquée contre son encolure à l'abri des branches basses.

Il était déjà trop tard quand Byakuya réalisa qu'ils étaient suffisamment près pour le toucher. Avec une force considérable, ils percutèrent son cheval par le côté, choquant la pauvre bête contre un arbre. Le cheval fit entendre un horrible son d'agonie et Byakuya fronça les sourcils de fureur. Il put se rattraper avant que sa monture ne roulât sur le flanc, et il atterrit sur le sol glacé avec un grognement.

« Ne touchez point à mon cheval, immonde vermine », dit Byakuya calmement, son cœur battant lentement dans sa poitrine. Bum-Bum-pause. Bum-Bum-stop. Il tira son épée de son fourreau et secoua la tête. « Je vais vous couper les mains pour avoir souillé mon bien »

Le cheval paniqua, glissant sur la glace en essayant de s'échapper. Byakuya ressentit un bref élan de peur et le ravala rapidement. « Je tuerai mon propre cheval avant de consentir à ce qu'il périsse de vos mains ».

Byakuya les inspecta. Ils formaient un groupe varié, à peu près une vingtaine en tout, tout âges et genres confondus, mais chacun d'entre eux était un monstre. Ils étaient humains, ou l'avaient été, mais à présent leur peau était translucide, des stries d'un bleu maladif leur donnant l'aspect d'une monstrueuse créature des mers. Leurs mains était devenues tordues et noueuses, leurs ongles épais, longs et pointus pour la chasse. Mais le trait le plus terrifiant qu'ils possédaient, plus encore que leurs yeux noirs et vacants, était leur bouche.

Leurs bouches étaient horriblement étirées, plusieurs rangées de dents tranchantes comme un rasoir dépassant de leurs lèvres. Dans sa jeunesse, Byakuya avait lu un texte au sujet d'un poisson à l'autre bout du monde, qui avait une bouche à l'aspect bizarre similaire. Et pendant un instant, il put prétendre que le problème était quelque chose qui n'avait rien à voir avec lui. Mais en fin de compte, ici, c'était les montagnes de l'Europe et pas un quelconque terrain de chasse équatorial. Les Humains étaient supposés être au sommet de la chaîne alimentaire.

« Sire Byakuya... », siffla l'une des créatures, « vous avez quitté votre forteresse... »

« … Pas une sage décision... »

« Tout seul la nuit dans les bois... »

« … Tout seul, en dehors de nous... »

« … Nous allons vous dépecer... »

« Je veux manger ! »

« Je veux ses mains ! Je veux ses mains ! »

« … Alors… Alors je veux ses tripes... »

« Il est mille ans trop tôt pour que vous me défiez ». Byakuya sembla crier, bien qu'il n'ait même pas eu besoin d'élever la voix. « Peu m'importe combien vous êtes… il n'y en aura jamais assez pour me vaincre. »

Byakuya se déplaça avec l'habileté d'un guerrier, son épée tranchant à travers les ventres de trois des créatures en un seul coup. Des intestins pourrissants, à l'odeur putride, se déversèrent de leurs estomacs dans la neige. De la vapeur jaillit quand les organes chauds et le sang fétide firent fondre la couche supérieure de neige.

Les créatures se mirent en action, un groupe de cinq bondissant sur le cheval de Byakuya. Il se tourna vivement, son cœur battant une fois, puis deux, dans sa poitrine. Le tranchant de son épée contre le cou de son destrier, il s'apprêta, puis, avec un cri étranglé, il plongea sa lame dans une des créatures. « Je vous ai dit de ne point toucher à mon cheval. »

Une douleur cuisante, fulgurante, explosa à travers son dos lorsque l'une des créatures s'y agrippa. Il ignora la souffrance aiguë, tranchant et coupant absolument tout ce qui osait mutiler son cheval. Libéré, l'animal se débattit une fois de plus pour se mettre debout. Byakuya abaissa son arme, plaçant sa main doucement contre son museau. « Rentre à la maison, Huzulei. »

Le cheval se releva enfin, sa lourde tête se heurtant affectueusement contre la joue de Byakuya. Ensuite le cheval partit, ruant et renâclant au hasard à travers la forêt. Byakuya rejeta ses épaules vers l'arrière, les mains tendues derrière lui, et arracha de sa chair déchirée et ensanglantée la créature au loin.

Byakuya se tourna et fit face aux douze créatures, son sang ruisselant dans la neige à ses pieds. « Vous ne comprenez point », murmura-t-il, en faisant tournoyer son épée entre ses mains, « je ne crains point la mort, non parce que je suis brave, mais parce que je ne puis mourir... »

« Je vous ai tué une fois déjà et je vous tuerai une fois encore… et encore… et encore… » dit Byakuya fermement, « telle est ma croix ».

« Manger... »

« Nous devons manger... »

« De la chair... »

« Du sang... »

« Juste une bouchée, Messire »

« Juste un petit goût... »

« … Nous sommes devenus comme cela… à cause de vous… »

Un grondement singulier échappa des lèvres de Byakuya et dans le moment qui suivit les créatures tombèrent au sol, leur sang se répandant sur la terre gelée. Il essuya son épée sur sa chemise en lambeaux et la rangea dans son fourreau. « Dégoûtante, immonde vermine. »

Byakuya soupira impatiemment avant de scruter la forêt aux alentours. D'autres créatures se cachaient dans l'obscurité. Il pouvait les entendre traîner tout autour dans le noir. Il pouvait sentir le sang dans leurs haleines. Il pouvait presque goûter la peur et la confusion qui émanaient d'eux comme un parfum. Aucun n'avait le courage, ou peut-être le désir, de lui faire face.

C'est alors que la senteur le frappa de nouveau, plus forte cette fois. C'était un enfant, certainement une fille. Le vent portait son parfum sur des kilomètres, et si Byakuya pouvait la sentir, alors sans aucun doute les créatures le pouvaient également. Un rire sinistre retentit dans la forêt, eux, ils riaient de lui, se moquaient de lui et de son incapacité à agir.

« Vous avez tort », cria Byakuya sans s'adresser à quelqu'un en particulier. Il voulait juste que l'horrible cacophonie de rires cessât. « Peu m'importe. Je protège mon château. Quiconque est suffisamment idiot pour entrer dans cette forêt mérite la mort. »

D'un pas tranquille, Byakuya se mit à marcher, rajustant sa chemise déchirée, sous le regard de dizaines d'yeux. Ses bottes faisaient bruyamment crisser la neige sous ses pieds alors qu'il avançait sans but le long d'un sentier abandonné. Puis il disparut, réapparaissant soudain à plusieurs mètres de l'endroit où il venait de se tenir. Il progressa ainsi, traversant la forêt à toute allure.

Byakuya s'arrêta net, se mettant à genoux à côté d'une carcasse, surpris. C'était l'un d'entre eux, et il avait été complètement massacré. Byakuya exhala, confus, fixant le corps mutilé avec intérêt. Jamais, pas une seule fois, il n'avait pu réussir à en tuer un. Il réalisa que les éclaireurs avaient eu raison, il avait besoin de voir cela.

Il examina le cadavre, réalisant avec une fascination morbide qu'il avait été mangé, par un quelconque animal, grand et vicieux. Byakuya laissa échapper un souffle, l'air chaud s'élevant de ses lèvres en volutes, son cœur palpitant doucement l'espace de quelques battements. « Qu'est-ce que cela ? » se demanda Byakuya à voix haute, tout en effleurant de sa main gantée la chair maintenant gelée de la créature.

Une brindille craqua à une centaine de mètres, et la tête de Byakuya se dressa, aux aguets. Il inspecta la forêt, cette curieuse odeur venant le frapper de nouveau. Sa poitrine se serra, et il prit une inspiration involontaire, la surprise lui écarquillant les yeux. Il se mit debout vivement, ravalant l'amère sensation de malaise.

Il courut vers l'un des plus grands arbres, se hissa rapidement le long du tronc et tournoya autour d'une grosse branche. Il atterrit sans bruit, une main agrippant une branche et l'autre repoussant une mèche de ses cheveux noirs derrière son oreille. Il surveilla les environs, sa vue perçante découvrant plusieurs d'entre eux non loin. Il les ignora, ils n'avaient pas d'importance pour lui, son intérêt, au contraire, était piqué par l'odeur inconnue qui imprégnait cette partie des bois.

Il y avait une Humaine. Mais elle n'était pas seule. L'odeur, l'odeur du sang et de la mort, la suivait, qui qu'elle fût. Byakuya inhala profondément, sa bouche s'inondant de salive. Il secoua la tête pour chasser son trouble et se pressa étroitement contre le bois sec de l'arbre.

Quelques temps plus tard, trois personnes, deux hommes et un enfant de sexe féminin, apparurent. Ils masquaient leurs odeurs, mais rien ne pouvait couvrir l'extase absolue du sang humain. Byakuya déglutit silencieusement, couvrant sa bouche de sa main gantée.

« Eh, attendez... » L'homme le plus grand fit une pause, sa main effleurant le bras de l'autre homme. Byakuya fronça les sourcils de perplexité ; il ne pouvait pas comprendre ni reconnaître la langue qu'il parlait.

« Qu'est-ce que c'est ? », demanda l'homme aux cheveux blancs, en saisissant fermement la fillette par l'épaule. « Attends, Orihime. »

« Il y a quelque chose ici », murmura l'homme le plus grand, en regardant autour de la vaste forêt blanche avec intérêt.

« Il fait froid », se plaignit Orihime, fixant de deux grands yeux bruns l'homme aux cheveux blancs.

« Je sais », convint-il, tout en resserrant le manteau de la fillette plus étroitement sur elle.

« Arrêtez de parler... », râla l'homme le plus grand, secouant la tête. « J'essaie d'écouter. » Il soupira. « À quoi vous pensez tous les deux ? »

« Vous seriez morts sans nous », déclara une voix venue du haut des arbres. « C'est pathétique, vraiment. »

Tout le corps de Byakuya se raidit. Il leva les yeux à sa droite, cherchant parmi les arbres la source de la voix. Cela lui prit plusieurs secondes avant de réaliser que ce n'était pas à lui que l'homme s'adressait. Il ressentit un bref instant d'anxiété, ne pas comprendre les étrangers le mettait mal à l'aise.

« Que sont-il ? », interrogea le plus grand des hommes au sol, ignorant le camouflet. « Est-ce qu'ils sont comme nous ? »

« L'odeur est bizarre. L'odeur est pervertie… en quelque sorte... », chuchota une voix désincarnée. Les yeux de Byakuya se concentrèrent sur l'endroit où il assuma qu'une personne devait se tenir.

« Est-ce que vous pensez ce que je pense ? », demanda l'homme à l'allure sauvage, à la peau foncée et aux cheveux rouges, qui se laissa glisser de la branche gelée. Les mèches de sa magnifique et longue chevelure rouge cascadèrent sans ordre sur son visage alors qu'il s'avançait.

« Ils sont dangereux », souffla l'homme de grande taille, tapotant de la main les poignées de ses deux épées.

« C'est bien ce que je pensais », acquiesça le roux.

« Nous ne sommes pas en danger », dit la voix mystérieuse, dont les contours fluctuants du corps apparurent à la vue au fur et à mesure qu'une silhouette émergeait. « Ils n'ont pas encore réalisé que nous sommes là. » Ayant pris forme, l'homme à la chevelure orange s'accroupit, entourant de son bras Orihime. Le rouge monta aux joues de la fillette mais il sembla ne pas le remarquer. « C'est elle qu'ils suivent... »

« Eh, qu'est-ce que c'est ? », demanda l'homme aux cheveux blancs, avant de s'avancer sur quelques pas pour examiner l'une des créatures mortes.

« Il est venu ici », conclut doucement l'homme de grande taille, en bousculant du pied le monstre mort. Il ne paraissait pas alarmé par la présence de la créature et Byakuya trouva cela assez curieux. Elles étaient d'une laideur terrifiante, et viles, après tout.

Byakuya considéra le fait de se montrer ou non. En soi, il ne détectait pas de mauvaises intentions de la part des hommes, mais il sentait avec certitude la persistance de la mort flottant autour d'eux. Et que faire à propos de l'évidente barrière du langage ? Il délibéra encore quelques secondes avant que la décision ne fût prise pour lui.

« Il y a quelque chose... » La fille, appelée Orihime, leva les yeux vers le ciel, son doigt pointant directement sur lui. « On nous regarde ».

L'homme de haute taille amena son regard dans le direction indiquée, un sourire s'élargissant sur son visage, un sourire qui racontait à Byakuya qu'il avait su durant tout ce temps qu'il était là. Byakuya ne retourna pas le sourire. Au lieu de cela, il se laissa tomber sur le sol juste devant les hommes. La neige crissa violemment sous ses pieds lorsqu'il se redressa.

« Bonjour », dit l'homme de haute taille dans un slave presque parfait. « Nous sommes des voyageurs... », commença-t-il à expliquer comme si cette rencontre était la chose la plus naturelle du monde. « Où est l'auberge la plus proche ? »

« Il n'y a point d'auberge ici », répondit Byakuya en roumain, tout en regardant les quatre hommes avec intérêt.

« Ah, eh bien, il fait très froid », continua l'homme en roumain, en désignant ostensiblement la fillette. « Y a-t-il une place où nous pourrions rester ? Nous avons de l'argent. »

« N'avez-vous point entendu parler de cette région ? », demanda Byakuya. « Ce n'est point un endroit pour ceux de son espèce. »

L'homme ouvrit son porte-monnaie, pour en retirer plusieurs ficelles et les maintenir à la vue. Byakuya secoua la tête de déplaisir. Il avait déjà vu ce tour, il y avait une vie de cela semblait-il, lorsqu'un sorcier de la cour avait réussi à créer de la monnaie à partir d'une simple ficelle. Ce tour lui avait gagné une certaine réputation auprès de l'assemblée mais tout ce que Byakuya avait jamais vu n'était qu'une ficelle sans valeur. « La sorcellerie est punissable de mort. »

« Je doute que vous soyez en position de nous dénoncer », repartit l'homme sèchement, échangeant un regard avec son compagnon aux cheveux blancs. Ce dernier paraissait anxieux, sa main agrippait fermement la fillette. Byakuya décida qu'il ne comprenait pas sa langue et, après sa récente expérience, il éprouva silencieusement de la pitié pour lui.

« Je n'ai aucune obligation d'ouvrir mon foyer à des étrangers, spécialement des étrangers qui font intrusion sur mes terres », statua Byakuya. « Cependant, ces bois sont très dangereux. » Une meute de loups se mit à hurler dans le lointain comme sur un signal. « Vous pouvez prendre refuge en mon domaine. J'attends de vous et de votre groupe que vous partiez au matin. »

« Merci », dit l'homme avec un charmant sourire. « C'est très généreux. »

Byakuya claqua de la langue, quelque peu irrité, et l'autre sourit encore plus largement. Byakuya se racla la gorge et plissa les yeux. « Ma demeure est par ici. Nous prendrons ce chemin ; il est moins dangereux que celui où nous sommes maintenant. »

La fillette chuchota dans la langue étrangère, l'homme aux cheveux blancs murmura en réponse. Le dos tourné, Byakuya écouta avec curiosité. L'homme de grande taille fit quelques pas en avant, faisant signe à son groupe, et leur parla dans le même langage. Ils se mirent à marcher, suivant Byakuya à travers les bois.

Leurs respirations s'échappaient de leurs nez et de leurs bouches et, avant qu'ils atteignissent le portail en fer forgé, l'homme aux cheveux blancs et l'enfant eurent l'air gelés. Byakuya regarda les trois autres ; ils prenaient de profondes et fortes inspirations, et le grésil qui tombait fondait contre leur épiderme instantanément. Leur peau était foncée, tannée, et ils paraissaient presque fiévreux. Et leurs odeurs, ils n'étaient pas entièrement humains.

« M'sire ! »

« Maître, vous êtes de retour... »

« Veuillez préparer un feu », ordonna Byakuya. « Nous avons des invités. »

Les deux servants regardèrent le groupe suspicieusement. « D'où diable venez-vous ? »

« Où est mon cheval ? », demanda Byakuya, ignorant leurs regards irrités. « Huzulei est-il rentré ?

« Oui, M'sire », répondit le paysan aux cheveux roux. « Nous soignons ses blessures, Monsieur. »

« Démarre le feu », commanda Byakuya, regardant directement l'homme aux cheveux gras.

« Bien, Messire. »

« Entrez », invita Byakuya, tout en montant les marches de pierre qui menaient à sa demeure. « Je n'attendais pas de visite, aussi vous allez devoir excuser mon- »

La voix de Byakuya s'interrompit à l'instant où la lame de l'homme de haute taille s'appuya entre ses omoplates. « Je suis désolé pour cela », dit l'homme, « mais je dois détruire toutes les parties d'entre eux. »

« Eux ? », interrogea Byakuya avec curiosité, sans faire aucune tentative pour s'échapper. Il leva les yeux, surpris lorsque l'homme aux cheveux rouges atterrit en face de lui. Lequel saisit Byakuya par les épaules avec des mains brûlantes, le clouant sur place. « Vous voulez dire ceux de la forêt ? »

La fillette parla très vite, cette fois en italien, qu'il parlait presque couramment. « Le cœur ! C'est son cœur ! Poignardez-le à travers le cœur ! »

Les yeux de Byakuya s'écarquillèrent d'horreur, comment pouvait-elle savoir une telle chose ? Et alors, avec une mélange insensé de peur et de soulagement : « Vous êtes des Chasseurs... »

L'épée de l'homme perça son dos et transperça sa poitrine. Il laissa échapper un suffoquement misérable et son corps s'avachit pesamment sur la lame. Les yeux de l'homme aux cheveux rouges se bridèrent diaboliquement, de curieuses écailles comme celles d'un serpent se propageaient sur son visage. « Non… Qu'êtes-vous ? »

« Nous sommes des Chasseurs », expliqua l'homme derrière lui en pivotant la dague. Du sang s'écoula de sa blessure et souilla la glace à ses pieds. « J'enverrai à Aizen vos salutations en Enfer. »

L'homme retira l'épée et, aussitôt que le roux le relâcha, Byakuya s'effondra au sol. Il toussa faiblement, du sang giclant de sa bouche et éclaboussant son visage aux traits d'une pâleur mortelle. Byakuya souleva la tête, ses yeux fixés sur le ciel pensivement, « Qui est Aizen ? »

« Aizen... », dit l'homme calmement, échangeant des regards perplexes avec les autres. « Il est l'homme qui détient votre contrat. La source de votre pouvoir... »

Byakuya se mit à rire, un rire vicieux, maladif, qui répandit le parfum lourd du sang dans l'air. « Je suis un ancêtre de Mircea le Grand, père de Vlad Dracul, grand-père de Vlad l'Empaleur... » Un concert de rires résonna à travers la forêt et les deux hommes s'écartèrent rapidement de Byakuya. Du sang ruissela le long de sa poitrine, formant une flaque à ses pieds alors qu'il se relevait. Les quatre hommes surveillaient les arbres anxieusement, chacun d'eux empoignant avec nervosité leurs épées. Byakuya secoua la tête, pressant de son doigt ganté sa blessure béante. « Et j'ai reçu mon pouvoir du Diable lui-même. »

Partie I : fin


Alors, qu'en dites-vous ? Vous accrochez ?
L'histoire est complète en anglais. Vous êtes assuré d'en voir la fin !