Note de l'auteur : ça y est ! Je me lance ! Voici mon deuxième bébé ! Avec la gentille lecture de siobanparker.
Je sais, vous allez me dire : encore Draco et encore une OC ! Pour la première objection, ce n'est pas de la fascination pour les vilains méchants (quoique... ce sont souvent des personnages assez intéressants !) mais parce que j'aime à imaginer ce qu'il y a derrière... Quant à l'OC... et bien, comme beaucoup d'entre vous, les personnages féminins de JKR ne me convainquent pas !
Ceci dit : les personnages et l'univers de Harry Potter ne m'appartiennent évidemment pas et je n'en tire aucun profit que la pure satisfaction intellectuelle !
Et maintenant... Bonne lecture à vous !
Prologue
Draco n'avait pas quatre ans quand il se rendit compte d'un étrange phénomène : parfois, il avait comme un creux dans la poitrine, un peu comme lorsque l'on a faim, sauf qu'aucune nourriture ne parvenait jamais à le combler. Ça n'avait rien à voir non plus avec ce drôle de noeud dans son ventre quand il avait fait quelque chose qui déplaisait à son père et qu'il attendait les coups de canne qui ne manqueraient pas de tomber.
Cet étrange creux avait tendance à se dilater quand il se trouvait en présence de sa mère, mais il n'était jamais aussi profond que lorsqu'il était avec son père.
Certaines fois, pourtant, il refluait un peu, surtout quand son père était fier de lui. Oh, il ne le lui disait pas bien sûr. Il ne faut pas gâter les petits garçons bien élevés, Draco l'avait bien compris, et il voulait de toutes ses forces être un gentil petit garçon. Alors il avait appris à déchiffrer les infimes indices révélateurs de l'humeur de l'impénétrable Lucius Malfoy.
Quand le grand homme caressait la tête de serpent du pommeau de sa canne, Draco savait que ce qu'il avait fait plaisait à son père. Dans ces moments-là, le creux disparaissait presque, mais, curieusement, il revenait bien vite et se faisait encore plus douloureux. Non pas vraiment douloureux. C'était plutôt comme s'il manquait d'air...
D'autres fois, le simple fait de survoler les jardins du manoir sur son petit balai, ou un livre particulièrement captivant, lui faisaient oublier un temps ce malaise. Son copain Blaise avait aussi ce pouvoir sur lui. Mais ce fut l'arrivée de sa petite chouette Stella qui lui procura un grand soulagement.
Draco l'avait reçue en cadeau de sa grand-mère, une vieille sorcière aux cheveux très blancs et aux yeux très bleus et très doux. C'était sûrement une très grande sorcière car elle seule réussissait à faire complètement disparaître le « creux ». Draco ne comprenait pas très bien pourquoi son père la traitait de « vieille folle qui s'acharnait à ne pas mourir assez vite ! » et regrettait de ne pas la voir souvent, car elle logeait dans un petit cottage au fond des Highlands.
Cette fois-là, avant de repartir chez elle, elle l'avait invité dans sa chambre et lui avait offert la petite créature aux plumes soyeuses :
- Prends bien soin d'elle, Draco ! Alors elle deviendra ton amie et prendra soin de toi à son tour. Il faudra être patient... Tu me le promets ?
Draco avait promis. Et il avait doucement apprivoisé Stella, qui n'était à l'époque qu'une toute petite boule de plumes, guère plus grande qu'un vif d'or. C'était le plus merveilleux cadeau qu'il ait jamais eu ! Parfois, quand il avait un peu mal au coeur, la petite chouette se posait sur son épaule et frottait sa petite tête duveteuse contre les joues du petit garçon. Alors Draco avait presque l'impression que sa grand-mère était à ses côtés et le vilain creux s'effaçait pour un instant.
Il était en train de jouer avec elle un soir, quand un elfe tout tremblant et pleurnichant vint le prévenir que son père l'attendait. Il déposa Stella sur son perchoir et descendit promptement pour ne pas faire attendre son père. L'agitation de l'elfe n'était pas très bon signe. Pourtant, quand il entra dans le bureau, Lucius arborait un air étonnamment satisfait. Il adressa à son fils un discours solennel dont l'enfant ne retint qu'une chose : sa grand-mère était morte !
Draco eut l'impression que quelque chose s'effondrait en lui, tandis qu'il se tenait debout devant son père. Et cette fois-ci, même la perspective de recevoir un châtiment paternel ne parvint pas à empêcher ses lèvres de trembler et ses yeux de s'embuer. Une première larme s'échappa de ses paupières crispées. La colère de Lucius Malfoy enfla avant que la deuxième ne termine sa course sur la petite joue pâle. Le petit Draco sentait sa poitrine sur le point d'exploser et il prit peur. Il préféra s'enfuir de toute la force de ses petites jambes, poussant la lourde porte du bureau et s'engouffra dans les escaliers.
- Draco ! Tonna la voix de Lucius. Reviens ici tout de suite ! Un Malfoy ne pleure pas ! Jamais ! Tu entends ?
Mais Draco avait trouvé refuge dans sa chambre et s'était jeté sur son lit. Son petit corps tremblait au milieu de la literie immense, tandis qu'il pressait fort son visage sur son oreiller pour étouffer ses sanglots maintenant si violents. La petite chouette voletait au-dessus de son maître en poussant des pépiements plaintifs. La porte s'ouvrit avec fracas et alla rebondir sur le mur. La haute silhouette de Lucius Malfoy se dressa dans l'encadrement.
- Draco ! Je t'interdis de pleurer et encore plus de t'enfuir ! Tu ne seras donc jamais un Malfoy ? Et fais donc taire ce maudit volatile !
L'homme fit un geste brusque. Un éclair illumina la pièce puis il y eut un cri...
Une pluie de plumes immaculées retomba sur le visage de Draco.
Ce jour-là, Draco comprit que rien ni personne ne viendrait plus jamais remplir ce creux au fond de son coeur. Il le scella soigneusement comme on roule une pierre sur un tombeau.
Ce jour-là aussi, il prit cette décision : jamais il ne serait père !
