Titre : Strass
Auteur : Luo
Base : D'espairsRay, MUCC, Plastic Tree
Disclamer : Pwet pwet pwet. J'ai bien un Zero à la maison, mais pas le bon. Le titre et le sous-titre appartiennent à Ryutarou mais la trad' (enfin le peu que j'ai traduis en l'occurence) m'appartient.
Genre : UA, dark, général
Pairing : Vous verrez bien ça vous va comme réponse ? De toute façon vous n'avez pas le choix XD
Warnings : Cela vaut uniquement pour ce prologue, mais il y a des violences et un viol. Un conseil, ne mangez pas en lisant.
Mot de l'auteur : Eh eh. Voilà — encore — une nouvelle fic. Totalement différente de ce à quoi j'ai l'habitude. Ne serait-ce que part l'absence totale d'Alice Nine mais aussi pour le style même. Violence, viol et tout ça, c'est pas vraiment ma tasse de thé à la base mais peu importe, j'espère que ça vous plaira.
『Prologue』Chantant sous la pluie
「Les filets de pluie. Couleur des larmes.」
Depuis le sol, le ciel éclairé par les lumières polychromes et mouvantes des buildings était d'un grisâtre étrange, aux multicolores reflets instables et chaotiques qui dansaient allègrement sous des yeux dont la vue vacillait légèrement, comme éblouis par tant de mouvements. Le monde bascula et l'horizon comme renversé prit une teinte monochrome tandis que le son de rires francs perçaient le relatif silence. Là-haut, les nuages cotonneux versèrent une larme. En regardant à travers avant qu'elle ne s'écrase, on aurait eu une impression de zoom. Un gros plan sur ce ciel que des spots de lumières harcelaient sans cesse. Les gouttes de pluie refroidirent l'air avant de s'écraser avec fracas sur la ville figée, comme suspendue entre deux temps.
Une gouttelette tomba sur ses cils, coula le long de sa joue avant de s'infiltrer doucement entre ses lèvres pour finir sur sa langue. Un goût un peu salé, âcre et trop métallique emplit sa bouche. Il déglutit difficilement sans pouvoir le chasser. Son corps eut un soubresaut, s'emplissant de dégoût, rejeta le liquide. Les restes de son déjeuner dévalèrent le long de sa gorge pour venir éclabousser le sol. Et bientôt, il se retrouvait là, nez à nez avec son vomis, crachant tant bien que mal les derniers morceaux auxquels était mêlé le sang coulant des éraflures et de ses lèvres abîmées semblant s'être donné rendez-vous dans sa bouche que l'eau tombée du ciel ne pouvait effacer.
Des fleurs de douleur s'épanouirent dans ses membres inférieurs — feux d'artifice explosant violemment — qu'il sentit lâcher, qu'il ne percevait plus en fait. Et autour, parmi tous les bruits quotidiens, ces voix criardes, toujours. Son visage se tordit, transfiguré, arborant un rictus sordide. Ce soir-là non plus, il ne pourrait pas rentrer tôt. Il voulut rire. Son estomac se révulsa, renvoyant une bile âpre, brûlante et acide le long de son oesophage avec autant de violence que le coup. Parce qu'il avait perdu le contrôle un instant seulement, un gargouillis effroyable en profita pour s'échapper en même temps, résonnant atrocement à ses oreilles.
Il ferma les yeux pour oublier qui il était, ce qu'il était, ce qui se passait. Il tentait de repousser le monde dans un endroit où il ne l'atteindrait pas. Cependant, la réalité s'accrochait à la moindre parcelle de sa peau dans un maelström de frappes, de cris et de piques. Qu'elle était cruelle cette symphonie de rires cinglants et de clameurs amusées face à la déferlante valse régulière de battements saccadés. Il cligna pour chasser la pluie s'infiltrant sous ses paupières et rencontra un sourire satisfait de voir qu'il avait tant de pouvoir sur un autre être vivant.
Son dos se courba lorsqu'un talon s'y écrasa brutalement avant d'appuyer ardemment comme pour y imprimer sa trace à travers le tissu. N'avait-il pas déjà été au sol qu'il l'aurait rejoins dans l'instant. Là, l'impact lui arracha des gerbes de sang. Ses dents claquèrent, blessant sa langue lorsque sa mâchoire se referma brusquement. Sa chemise alourdie par la pluie battante et sous la pression du pied vint se coller à sa peau sur laquelle des plaies à peine cicatrisées se rouvraient.
Des étoiles dansèrent devant ses yeux lorsqu'on l'attrapa durement par les cheveux pour orienter sa tête vers le haut, là où les lèvres d'un visage que l'eau n'avait pu atteindre — un parapluie le protégeait — remuaient sans qu'il n'entende un seul son, à cause du vacarme que produisait son propre corps meurtri. Une claque lui brouilla la vue. La bouche s'arrêta, s'étira en un sourire sadique. Enfin après un dernier coup, on le lâcha et il observa des paires de jambes s'éloigner puis disparaître de son champ de vision.
Le soulagement que ce soit fini s'estompa rapidement ; la douleur commençait à affluer, s'emparant à grand fracas de son corps. Il n'essaya pas de faire le moindre mouvement. L'expérience lui avait durement appris que cela ne ferait que provoquer des problèmes inutiles, comme une aggravation de ses blessures et bien évidemment de sa douleur, ce dont il pouvait se passer. De toute manière, il était pour le moment incapable de mouvoir quelque parcelle que ce fut de la masse qui lui servait de était ce qu'il y avait de mieux à faire. Attendre était la seule chose en son pouvoir.
Il ferma les yeux et inspira difficilement. Il ne devait rien avoir de cassé : ils faisaient toujours en sorte de ne rien casser. De même, ils ne visaient jamais l'entrejambe. L'adolescent supposait que l'autre s'en servait comme d'une humiliation pour lui rappeler qu'il était en son pouvoir et qu'être un homme ne changeait rien. Son visage lui aussi avait été relativement épargné si on enlevait les quelques éraflures dues au soufflet et les doigts bagués du chef — le seul à être autorisé à toucher à sa tête, ses lèvres gonflées et l'écoeurant mélange de larmes, vomis et sang qui le parsemait. En tout cas, c'étaient des choses dont les traces disparaissaient vite. Le lendemain, il n'y aurait plus rien d'assez remarquable pour deviner ce qu'il s'était passé. Ils y mettaient toujours un soin particulier. On ne devait pas comprendre. Quant au reste, il ne voulait pas savoir à quoi cela pouvait bien ressembler. Pas encore. Ce n'était d'habitude pas beau à voir, mais ils n'y avaient pas été de main morte ce jour-là. Il n'était pas sûr d'être prêt à affronter l'ignoble vision qui l'attendait.
C'était cependant un autre problème qu'il relégua au fond de son esprit. Son plus grand souci était à présent de savoir comment rentrer chez lui, comment revenir et surtout, avant que le soleil ne se lève. Son soupir devint un gémissement rauque et un sursaut de douleur. Il grimaça, cracha le sang accumulé dans sa bouche. Ses muscles étaient raides. Il était trop crispé, avait trop été frappé. Les crampes viendraient bientôt. La pluie martelante s'intensifia, semblable à une avalanche de coups. Cependant, l'idée des vêtements collés à sa peau lui était beaucoup plus douloureuse. Il songea à l'enfer qu'il vivrait pour les retirer.
Des bruits de talons claquant sur le sol de manière irrégulière et des raclements de gorge accompagnés d'une forte odeur d'alcool, de tabac rance et de cannabis se frayèrent un chemin entre sa propre fragrance d'âcre vomissure et de sang, assaillant ses sens exacerbés par la douleur. L'odeur d'un parfum décrépi attaqua son nez, lui donnant envie de vomir. Une prostitué sûrement. Il pria pour que la personne l'ignore, passa son chemin et le laisse là, gisant au milieu de sa gerbe et des ordures encombrant la petite ruelle. Il ne voulait pas d'autres problèmes. Pas alors qu'il en avait déjà tant.
Des talons aiguilles trop haut pour qu'on puisse s'y sentir à l'aise s'arrêtèrent près de son nez. On souleva sa tête sans douceur, provoquant une fulgurante douleur au niveau de son cou. Une femme. Ses yeux affaissés étaient rougis et voilés par l'alcool et la drogue, ne faisant que renforcer l'impression sinistre qui se dégageait de son visage outrageusement maquillé, aux lèvres trop rouges chimiquement gonflées, prématurément ridé par une vie de débauches et de dévergondages.
Elle était juste grotesque et il se demanda pourquoi il se retrouvait toujours entre les mains de personnes louches ou peu fréquentables, souvent les deux. Un mouchoir sale et rugueux vint frotter son visage, irritant sa peau. Le sourire aux dents jaunâtres qui éclaira le visage vieilli de la junky ne lui dit rien qui vaille.
« En fait, t'es un p'tit mignon toi. Tu feras bien l'affaire. »
Son haleine pestilentielle faillit lui faire tourner de l'oeil et il ne put empêcher son visage d'être déformé par une affreuse grimace. Elle rit. Un rire rauque, gras, caverneux assorti à sa voix grave et éraillée de fumeuse régulière. Elle le souleva avec une facilité déconcertante en le prenant par les aisselles et le traîna vers un tas de sac non loin de là où elle le retourna indélicatement pour le mettre sur le dos. Des vagues de douleur déferlèrent en lui, menaçant d'emporter au loin sa raison et ses questions. Qu'allait-elle lui faire ? Sûrement pas l'aider n'est-ce pas ? Non. Ce n'était pas ce genre de personne. Alors, que pourrait-elle bien faire de plus ? Le frapper ? Elle l'aurait déjà fais. Dans sa poitrine, son coeur s'affola.
« Tu vas être un bon garçon hein ? »
La main qui encadra son visage, sèche, aux ongles longs dont la négligence et la manucure décadente laissait voir la crasse qui s'accumulait en dessous, caressa rudement ses lèvres. Zero sentit son sang se glacer et sa gorge tant se serrer que l'air avait encore plus de mal y engouffrer. Ses poils se dressèrent sur son échine. Une main se posa sur son pantalon et il écarquilla les yeux, incrédule de surprise. Rapidement elle l'abaissa, oublieuse du cri de douleur du garçon lorsque de la peau de ses cuisses partie avec.
Il voulut fermer les yeux, fuir loin tandis qu'une boule obstruait peu à peu sa gorge. Parce que la compréhension de ce qui était en train de se passer et le choc qui l'accompagnait annihilait toute réaction en lui, il ne put pas réagir. Pas même fermer les yeux. La douleur physique se métamorphosa en douleur psychique. Plus intense, plus profonde, plus douloureuse. Pire. En tout point. Il voulut s'enterrer, disparaître de la surface de la terre et effacer sa propre existence mais ne put empêcher son regard de fixer le petit sourire satisfait de la femme alors qu'elle ouvrait son épais manteau de fourrure, son seul vêtement.
La voir s'étendre sur lui l'horrifia, mais constater que son corps réagissait à la moindre sollicitation contre son gré le déchira. Il se dégoûta profondément. Il n'était donc qu'un vulgaire animal sans aucun contrôle sur lui-même. C'était à pleurer et à vomir. C'était haïssable. Il était haïssable. Il n'était qu'une bête. Le frottement de l'autre corps contre le sien transperça son coeur comme son esprit avec des lames érodées, s'enfonçant un peu plus à chaque fois et y laissant des traces sanguinolentes.
Le contact de la fourrure était une brûlure acide qui râpait allègrement sa peau. L'haleine putride griffa son visage autant que les ongles enfoncés dans son dos de la femme qui ondulait au dessus de lui, autant que les siens mordant la chair de sa paume jusqu'au sang.
La pluie dégoulinant des cheveux sales de la catin éclaboussa ses joues en un flot qui lui remplaçait les larmes restées tapies au coin de ses yeux. Il voulait partir loin, loin de cette ruelle, loin de cette femme, loin de son corps, loin de la vie et de ses ennuis. Tout cela le dégoûtait : elle, ses actions, ce qui lui arrivait. Tout cela le répugnait : ce corps flatté des pernicieuses attentions, et surtout, lui. Plus que tout, lui. Traître.
Une goutte teintée d'un mascara de basse qualité s'écrasa sur sa joue et il souhaita que la pluie le lave, l'efface, le délite. Sa jouissance fut sa damnation et elle mit trop de temps à s'en remettre puis se redresser, s'écartant tant bien que mal, en titubant toujours au haut plus de son orgasme, laissant Zero tremblant. Elle l'observa avec une expression presque maternelle qui lui donna envie d'arracher son visage, lambeau par lambeau avant de les donner en pâture aux rats. Elle n'avait pas le droit de le regarder comme ça. Pas après ça.
« Tu as été un bon garçon. Laisse-moi t'aider comme ça tu pourras rentrer tranquillement à la maison, comme un bon garçon. Tes parents doivent s'inquiéter pour toi. »
Il ne comprit pas. Pas avant que des lèvres rêches, superficielles ne se posent sur sa peau. Chaque succion, chaque lèchement furent un supplice qui pelèrent le peu de dignité, de respect et d'estime de soi qui lui restait. Lorsqu'elle partit une éternité plus tard, après lui avoir remit ses vêtements comme si de rien n'était, Zero reprit le contrôle de son corps. Il ferma les yeux pour oublier mais tout s'était imprimé trop clairement dans son esprit et les images défilèrent.
C'est alors qu'il perçut dans sa poitrine le son de propre coeur qui se brisait. Et ça faisait mal, si mal qu'il griffa sa poitrine, comme pour arracher ce qu'il en restait.
Alors seulement, à ce moment là, sous la pluie diluvienne, au milieu des ordures dans une petite ruelle, les larmes âpres dévalèrent sur ses joues, se mêlant aux gouttes qui ruisselaient sur son visage. Le cri qui explosait à l'intérieur de sa gorge ne franchit pas la barrière de ses lèvres : il déglutit pour l'avaler et le forcer à rester terrer au fond de lui lorsqu'il aperçut une silhouette du coin de l'oeil. Sa respiration se bloqua et il se ratatina, priant pour qu'on ne le repère pas. Il resta ainsi en apnée jusqu'à ce que les pas s'éloigne. Un soubresaut secoua son corps, le cri retenu avait implosé. Un borborygme étranglé s'échappa de sa bouche en même que du vomis qui éclaboussa son visage.
Il hurla lorsque la douleur physique, tenue à distance jusque là revint se superposer au reste. La pluie, comme une myriade d'épine se déposait avec heurt sur lui, réveillant ses blessures, lui rappelant aussi quelque chose d'important. Rentrer. Il fallait qu'il rentre. Il inspira profondément et se força à se relever en s'aidant de ses mains. L'effort lui arracha un gémissement de douleur et une quinte de toux. Il cracha du sang. Ne tenant guère sur ses pieds, il s'étala le nez dans les sacs noirs. Son corps endolori lui tira une grimace. Rentrer. Douche. Il fallait qu'il se lave, se frotte jusqu'à ce que la souillure parte. Il pourrait ensuite se reposer. Il tenta encore une fois de se lever. Sans succès. Ses genoux s'écorchèrent sur le goudron dur. Un mélange de sang, de morceaux de peau et de tissu se déposèrent dessus. Il n'allait cependant pas abandonner pour si peu. S'il ne pouvait marcher, il ferait autrement. Ce ne serait pas la première fois qu'il ramperait jusque chez lui après tout. Ce ne serait sûrement pas la dernière non plus.
