La sainte et le condamné

Missing Scene 4x09

Bêtas : Malice et Meloe

« Elle ne pouvait pas trouver pire que lui, mais d'un autre côté, il ne pouvait pas trouver mieux qu'elle. » Terry Pratchett

« Vous voulez me faire revenir sur ma décision ?

—Oui mon colonel. »

Bien sûr qu'elle le voulait. Pour autant, aussi sincère soit-elle, sa réponse était trop banale. Dans ces circonstances en tous les cas. Trop insipide. Ca ne l'avancerait à rien de savoir qu'elle le désapprouvait. D'ailleurs, elle sentait qu'il se désapprouvait lui-même.

Mais avait-il le choix ?

Probablement.

Cependant, Jack était un soldat, un bon soldat.

Il était modelé pour penser au bien-être du plus grand nombre. Et ici, il ne faisait qu'appliquer ce mode de pensée.

Elle, n'était pas qu'un soldat. Elle était aussi une scientifique. Bien souvent, ces parts d'elle entraient en confrontation.

Certains jours comme aujourd'hui, l'une des parts l'emportait sur l'autre. Certains jours comme aujourd'hui, c'est la part scientifique qui gagnait.

La scientifique qui s'intriguait, voulait comprendre, s'émerveillait des nouveautés, des différences qui s'exposaient à son regard. La scientifique qui respectait et chérissait la beauté de la création. Qu'elle soit celle de la vie ou celle d'une machine.

La scientifique qui à cette minute, méprisait l'essence militaire de son supérieur. Même si elle le comprenait.

Jack dû sentir cette tension chez sa subordonnée car à peine avait-il fait deux pas pour s'éloigner d'elle qu'il s'arrêtait net, les épaules affaissées et tendues, le dispositif d'enclenchement de la bombe toujours dans la main.

Maintenant qu'il se retournait vers elle, l'air sombre, et pourtant tristement résolu, elle s'en voulu immédiatement d'avoir, ne serait-ce qu'un instant, ressenti quelque chose de négatif à son égard.

« Le pauvre n'y est pour rien » pensa-t-elle.

Il se planta devant elle alors qu'elle croisait son regard.

Une balle lui aurait déchiré le cœur qu'elle n'aurait pas eu plus mal.

« Mon colonel … »

Elle n'eût pas le temps de finir sa phrase. Son corps, celui de la femme, pas celui de la scientifique et encore moins celui du soldat, avait devancé ses paroles et déjà, l'une de ses mains rejoignait la nuque fraîche de son supérieur, l'incitant à s'approcher encore.

Comme un automate, ou comme un homme libre, il ne savait pas trop, il se laissa faire, posant sa tête sur l'épaule de la jeune femme dont la deuxième main avait rejoint sa taille, tandis que la première caressait ses cheveux.

Il referma lui aussi ses bras sur elle, la serrant contre lui chaque seconde un peu plus fort.

Cette femme était une sainte.

Elle ne pouvait pas trouver pire que lui. Il lui semblait qu'il passait son temps à la faire souffrir, à la mener d'horreur en horreur et de catastrophe en catastrophe.

Mais d'un autre côté, il ne pouvait pas trouver mieux qu'elle. Elle ne lui en voulait jamais. Ou jamais très longtemps. Elle réussissait toujours à lui faire relever la tête, à lui redonner de la confiance et de l'espoir. N'était-ce pas là le travail d'une sainte ?

Le réconforter, lui, le condamné. Ou lui, qui se pensait condamné.