Bonjour !

Pour ceux qui ont lu Echec et Maths, ce sera dans un tout autre style que j'avais envie d'expérimenter. Je sais que j'avais prévu de me lancer sur Elizabeth de black butler mais j'ai eu cette idée entre temps et elle ne veut pas me lacher (pour mon plus grand malheur). Tout ça à cause de Lou. Moi j'étais tranquille en train de faire une petite pause, je finis je ne sais plus comment sur son profil, et là, vois que Beyond est un de ses personnages préférés. Sauf que moi, Beyond, je savais pas qui c'était, alors tout aussi innocente je me suis renseignée. Et voilà où j'en suis (Lou, si tu passes par là, mon poly d'anatomie te maudit sur sept générations).

Bref.

Disclaimer : Bien évidemment les génies Ohba et Obata.

AVERTISSEMENT : Déjà, les chapitres auront des tailles très différentes, du long au très très court. C'est voulu, car je souhaite essayer de retranscrire le désordre, le pandémonium psychique que cause une incarcération (avec un fou en plus dans ce cas) jusque dans la présentation.

Ensuite, réelle motivation de cet avertissement,, si vous venez en recherchant une histoire d'amour à la vie à la mort, avec des mots doux poèmes compris, ce n'est vraiment pas ici. Vraiment pas. Beyond est fou, et il le restera. Toute cette histoire portera sur la mise en place d'un lien tout ce qu'il y a de plus malsain qui peut se mettre en place entre deux personnes qui sont isolées, qui n'ont plus rien, qui se torturent mentalement l'un l'autre parce qu'ils ont touché le fond. Je n'irais pas jusqu'à dire « âmes sensibles s'abstenir », mais vous êtes prévenus.

Sur ce, bonne lecture !


Pandémonium (n.m.) :

Désordre infernal

Capitale imaginaire de l'enfer


Le roux la pousse en avant dans l'ascenseur. Il l'y rejoint sans lui accorder un regard et enclenche la fermeture des portes. Ils commencent à descendre. Elle se terre dans le coin opposé de la cabine.

« En cas d'enlèvement, ne fait pas la forte tête. Fais-toi au contraire la plus accommodante, la plus terrorisée et la plus invisible possible. Endors la vigilance de ceux qui t'entourent sous un masque de soumission ou, mieux, de stupidité. Ouvres les oreilles et tu verras que, devenue meuble du décor, les informations tomberont du ciel à tes pieds. Observes, analyses et les possibilités d'échappatoire te seront livrées de la bouche de tes ravisseurs même»

Ainsi avait parlé son policier de père qui, habitué aux histoires sordides, avait voulu préparer sa fille à toutes les éventualités avec un zèle paranoïaque. Elle avait hoché la tête et écouté, elle l'écoutait toujours à l'époque, mais jamais Sayu n'aurait pensé que cela lui servirait un jour.

Ils ne lui ont pas dit un seul mot depuis qu'elle les a rencontrés et elle n'a aucune, vraiment aucune idée de ce qu'ils peuvent bien lui vouloir. La tuer ? Elle se tasse un peu plus. La prostituer ? Calme. Du calme. Au moins le blond est parti lorsqu'ils sont arrivés. Elle ne pouvait plus supporter sa présence. Il a cette façon de la regarder en retroussant haineusement les lèvres. Elle a su du premier coup d'œil qu'il était capable d'être violent. Des deux, c'est sans aucun doute lui le plus dangereux, elle en est certaine. Son vis-à-vis, à défaut d'être causant et de lui signaler qu'il est conscient de sa présence, est d'une neutralité presque apaisante.

Le voilà qui farfouille dans une des poches de son blouson. Il en sort un paquet de gâteaux qu'il ouvre d'un coup sec. L'odeur du sucre s'échappe du papier plastique alors qu'il en engouffre un dans sa bouche. Toujours sans la regarder, il tend à bout de bras le paquet vers elle pour toute question. Sayu étudie quelques instants les biscuits, hésitante.

« Si tu n'as aucun doute quant à la comestibilité de la nourriture, mange. J'ai trop souvent entendu des histoires de captifs qui arrêtent de se nourrir dans l'espoir de faire plier leurs kidnappeurs ou que sais-je. Stupidité. Tu as besoin de ton cerveau Sayu, si tu veux avoir toutes les occasions de t'échapper. Dans ces cas là, il est la seule arme qui te reste. Et pas des moindres pourvu que tu manges. »

Sa main vole et chaparde vivement les gâteaux, qu'elle commence à engloutir. Elle n'a rien mangé depuis que le blond et lui l'ont contrainte à les suivre, et sa faim envahissante lui semble un bon indicateur du temps écoulé depuis. Aux vues du gargouillement de contentement qu'émet son estomac, ses parents doivent êtres morts d'inquiétude et elle très loin d'eux. L'autre continue de mâchonner depuis plus d'une minute le même morceau de gâteau, qui doit à présent être transformé en pâte baveuse peu ragoûtante. Au moins a-t-il arrêté de fumer. En la jetant à l'arrière de sa voiture comme un vieux sac de sport, il avait une cigarette tremblotante glissée entre les lèvres, et il les a enchaînées les unes après les autres par la suite. L'odeur du tabac a accompagné sa panique, ses cris et sa lutte désespérée première. Elle l'a suivie alors qu'elle prenait pleinement conscience de sa situation et Sayu l'a respiré dans les sièges en cuir quand elle s'est résolue à prendre son mal en patience.

Elle a lu que, fréquemment, en cas de traumatisme post-enlèvement, les patients sont hantés par un élément précis qui leur rappelle leur détention, un bruit, une allure, une couleur, une odeur, dont la simple perception les fait sombrer dans la panique. Cela l'a grandement intéressée, sur le moment, ce petit élément banal qui déclenche chez le sujet une cascade de réactions de plus en plus violentes, comme on pousse le premier domino d'une file. Maintenant elle se demande si en sortant d'ici, si tant est qu'elle sort d'ici un jo…. En sortant d'ici elle pourra un jour supporter de sentir à nouveau l'odeur sèche et âcre d'une cigarette.

Elle pousse le vice à aller chercher les miettes dans les coins du papier plastique. Au moins, apparemment, ils n'ont pas l'intention de la tuer. Ils n'ont pas pris de bateau ou l'avion, ils n'ont donc pas quitté territoire et des trafiquants de femmes feraient sortir leurs victimes le plus rapidement possible du pays, elle écarte donc également la théorie de la prostitution avec un immense soulagement. Pourtant, de ce qu'elle a vu des locaux en passant et des gens qu'elle a croisés, elle est presque sure qu'elle se trouve au sein d'une organisation de grande envergure. Cela ne laisse qu'une solution.

Papa, Light, je ne sais pas ce que l'enquête vous a exactement poussé à faire pour avoir des griefs avec cette bande de criminels, mais quelque chose me dit que vous allez entendre parler d'eux.

L'ascenseur s'arrête et ils sortent. Il l'emmène dans une suite de couloirs vides et sans fenêtre, à l'état déplorable. Il y a de la poussière partout, en quantité tellement importante qu'elle s'est incrustée dans les murs recouverts de papier peint troué et décollé, leur donnant une couleur grise. La voix de son geôlier, qu'elle entend pour la première fois, l'interrompt dans ses pensées. Il parle vite et distinctement tout en avançant, d'une voix de maître d'école qui ne tient pas à se répéter.

« Comme tu l'as peut-être compris, ce n'est pas après toi qu'on en a, mais après ton frère », il a une voix encore assez haute, il doit être beaucoup plus jeune que ce qu'elle pensait de prime abord, « Lorsque lui et ton père nous auront apporté ce que nous voulons, nous te libèrerons sans faire d'histoire. En attendant, tu vas rester enfermée. Il n'y a donc aucune raison que les choses se passent mal. »

Il a insisté sur le mot. Le message est clair. Pas de rébellion, pas de violence. Il s'arrête devant une porte et sort un trousseau de clés.

« Bien. Règle numéro une. Tu n'obéis qu'à moi, Mello, Rob, un type avec une cicatrice en V sur le front, ou Alexander, un petit jeune avec les cheveux teints en bleu. S'ils l'un d'eux n'est pas là, tu n'obéis pas. Tu cries, tu hurles, tout ce que tu veux, mais tu n'obéis pas. Si je peux me porter garant des personnes que je viens de citer, la souveraineté de Mello s'arrête là. »

Il poursuit sans attendre son assentiment et brandit son index.

« Règle deux. Tu as un voisin dans la cellule d'à-côté. S'il te parle, tu l'ignores. Tu n'écoutes pas ce qu'il te dit. »

Sayu laisse un froncement de sourcil indélicat lui froisser le visage. Cette dernière affirmation tire une sonnette d'alarme dans son esprit. Pourquoi ne devrait-elle pas parler au second prisonnier ? Est-ce parce qu'il y a moyen de trouver secours de ce côté-là ? En veillant à masquer l'intérêt que ces paroles ont éveillé sous un visage des plus neutres, Sayu note soigneusement l'information dans un coin de sa tête.

« Enfin, règle numéro trois », son doigt s'appuie avec insistance sur son majeur, « surtout tu ne l'approches pas.»

Il se retourne pour ouvrir la cellule et s'efface le temps de la laisser entrer.

« A vingt-deux heures les lumières s'éteignent et ne se rallument que vers huit heures. La douche est à dix-neuf heures. Les repas trois fois par jour. Si tu as besoin de quelque chose, tu appelles.

- Ce sera vous ? »

C'est la première fois qu'elle ouvre la bouche. Pour la peine, le roux daigne poser sur elle un regard lisse.

« Non. C'est Rob. Et si tu veux un conseil, ne l'appelles pas pour rien. »

Il referme la porte sur elle.

« A dans quelques jours. »

Et s'ils ne viennent pas ?

Les murs de la pièce sont en pierre épaisse, grossièrement taillée. Elle est séparée de la cellule voisine par une rangée de barreaux de fer assez espacés. Ils n'ont pas pris la peine de fermer complètement : les lieux sont probablement anciens et ont été aménagés à la va-vite.

Ils sont toujours au travail. Jamais là. Jamais.

Elle ne parvient pas à voir son voisin. Il doit être dans le coin opposé de sa cellule.

Et si cette chose qu'ils veulent a plus d'importance qu'elle ? Et s'ils ne viennent pas ? Que ce passera-t-il s'ils ne viennent pas ?

Il faut qu'elle trouve le moyen de sortir d'ici.

Elle se racle la gorge.

« Bonjour ? »tente-t-elle.

Elle n'obtient aucune réponse. Ne préférant pas insister pour le moment, elle s'assoit sur sa couchette. Au moins les draps sont propres.

Et s'ils ne viennent pas ?


Merci d'avoir lu !

Le chapitre deux est immédiatement posté, je ne pouvais pas concevoir de laisser celui-ci seul.