Aujourd'hui, je poste dans le cadre du Secret Santa organisé par le Collectif NoName et ce recueil de dix drabbles, qui en comportera dix et dont je vous livre le premier aujourd'hui est un noble présent pour Carbo Queen. J'espère que ça te plaira tout autant que certaines de tes fics m'ont enchantée.
Ici, nous allons parler de la neige, grande absente de cet hiver 2015/2016. Chaque drabble parlera d'un personnage. Chaque drabble sera situé après le précédent. Je posterai les autres à un rythme d'un toutes les deux semaines.
L'image de couverture provient de Pixabay et a été prise par Cocoparisienne.
Écrits dans la neige – 1 : Blaise Zabini
Le mot en lui-même semblait avoir perdu de sa saveur pour Blaise Zabini, alors qu'il y pensait encore une fois, cherchant un synonyme, un dérivé, quelque chose d'autre que ce « blanc » qui devenait bizarre tant il y pensait. Partout, autour de lui, s'étendait de vastes étendues de sable fin, de cocotiers et même de crabes qui marchaient doucement. Il n'en pouvait plus de toute cette chaleur.
Il caressa les fesses de sa compagne – dont le bikini tendu était un appel à la débauche qui ne parvenait pas à s'imprégner sur lui.
Il n'arrivait plus à savourer la fuite dans laquelle il s'entêtait depuis des années, fuyant la grisaille de Londres. Ils avaient trouvé refuge de pays chaud en pays chaud et même sa peau brune s'était lassée de tant de rayons lumineux.
La neige.
Il rêvait de pouvoir sentir sur sa peau le frisson glacé d'une tempête de poudreuse, les oreilles glissées dans un bonnet en laine, des moufles sur les mains et une tout autre palette de nuances blanches sous les rétines. Des conifères aux branches lourdes, un chalet à la cheminée fumant doucement. Mordant sa lèvre, les yeux clos, il frissonna en imaginant la morsure délirante du froid sur son visage.
La neige.
Elle volerait partout en bourrasques folles, s'engouffrant sans honte sous les toits, glissant ses flocons dans chaque creux, blanchissant le paysage mais épargnant son passé et sa peau qui resteraient noirs.
Sauf que le froid, l'hiver, ne faisaient pas dévaler sur son échine des lignes de sueurs, cristallisées en gouttes trop semblables à celles que la peur imbibait sur sa peau. La neige était blanche comme la terreur, mais elle le laissait sec et ses tremblements pouvaient se tarir avec un pull supplémentaire.
Dans la chaleur de ces étés sans fin qu'il vivait depuis cinq ans, pourchassant ses angoisses comme il suivait sa compagne sur le chemin de la clandestinité, il ne parvenait pas à oublier. Sa peau était trop chaude pour ça, la mémoire ne s'apaisait que sous le froid. Dans un soupir, il se tourna encore, cherchant vainement du frais sur son transat. Sa main molle refusait même d'atteindre sa baguette magique afin de lui procurer une vague sensation apaisante.
« Et si on allait au Canada ? » soupira-t-il d'une voix lasse, le regard perdu sur ce sable honni, aussi blanc que sa neige précieuse mais bien moins froid.
Elle esquissa un sourire, aspirant un peu de cocktail des îles et rehaussant ses lunettes sur son nez.
« Je n'osais pas demander. »
