Ce fut comme un chuchotement sourd. Un appel de détresse. Un battement affolé. Il se sentit soudainement faiblir et ses jambes le soutinrent avec difficultés. Sa main prenant appuie contre le mur à sa droite. Il étouffait. Cette voix, il la connaissait, c'était la sienne. Ce chuchotement sournois, cette peur grandissante... Son cœur se serrait et une légère grimace vint barrer son visage. Pourquoi maintenant ? Pourquoi ? Alors qu'il venait de gagner... Il était censé être libre, il pouvait enfin avancer, passer à autre chose. Alors pourquoi ?
"Je vais tout perdre."
Il se laissa lourdement tomber sur un banc, ses forces le quittant peu à peu. Ça n'avait aucun sens, il en était persuadé. Que pouvait-il bien perdre alors qu'il avait gagné contre lui ? Où étaient parties toute cette satisfaction et toute cette fierté qui l'avait bousculé à la fin de cette course ? Sa main écrasa violemment la canette vide qu'il fixait depuis de longues minutes. Il étouffait et il savait que même en sortant cette sensation ne s'atténuerait pas.
Le lendemain, ce fut dans le même état qu'il attendit le départ du relais. Il ne participait pas, il n'avait pas à se préparer. Il n'avait pas non plus la tête à aller encourager ses coéquipiers, le tumulte intérieur qui le secouait depuis la veille l'avait empêché de dormir et il était passablement de mauvaise humeur. Il voulait rester au calme et tenter d'oublier cette petite voix. Il voulait effacer ce murmure qui le consumait petit à petit.
"Le club de Nanase-san fait le relais !"
Une décharge se répandit dans son corps. Il fit volte-face, surprenant légèrement Nitori au passage, et se leva. Pas un mot ne franchit ses lèvres lorsqu'il se précipita vers le bassin. Ses lèvres se pincèrent, retenant un grognement, alors qu'il les apercevait. Il resta là le temps du relais, ses yeux ne quittant pas l'équipe, passant de l'un à l'autre, de la satisfaction de reconnaître le style de chacun à l'agacement de voir ce... Ce simili-papillon se pavaner.
"Tu as tout perdu."
Le murmure qui s'insinuait jusqu'à présent fut comme une claque sèche sur son visage. Le pincement au cœur qu'il avait ressentit était encore plus douloureux. Il avait perdu cette force qu'il avait en nageant à leurs côtés. Il ne nagerait plus avec eux. Une grimace de rage et de dégoût prit place sur son visage. Il avait perdu.