Famille Assassine

Chapitre 1

Masyaf, Syrie – 1176.

A onze ans, Altaïr suivait les traces de son père, Assassin.

Encore simple novice, il impressionnait cependant de par son agilité, sa ténacité et son courage à toute épreuve.

Toutefois, tout homme a ses peurs et la plus importante pour Altaïr était, tout simplement, sa mère.

Clea Ibn-La'Ahad, européenne venue aider son père médecin, était tombée sous le charme du ténébreux Umar.

Il n'avait pas mis longtemps à convaincre le père de la jeune fille du bien fondé de ses intentions.

Il était certes un tout jeune Assassin mais ça ne l'empêchait pas de vouloir fonder une famille.

Ainsi, âgée de 15 ans, Clea s'était définitivement installée en Terre Sainte.

Et aujourd'hui, elle seule était capable de faire trembler Altaïr.

De quoi attirer les moqueries ?

Certes pas, Clea y veillait...

Oo*oO

Action devenue courante avec le temps, Altaïr s'était battu contre Abbas.

Ce dernier lui vouait une haine farouche et Altaïr ne pouvait que répliquer face aux piques incessantes de son « frère ».

Et comme chaque jour, il se retrouvait puni, à attendre son père.

« Altaïr ? »

Le jeune garçon tourna la tête, ses yeux tombant sur une silhouette habillée de blanc, le capuchon rabattu.

Mais Altaïr reconnaîtrait entre mille cette voix grave au ton rocailleux.

Umar, Maître Assassin, modèle secret pour son fils.

Il se releva et lentement, rejoignit son père.

Celui-ci pencha la tête vers lui, le vrillant de son regard doré, identique au sien.

Comme chaque jour, il lui posa la question : « Pourquoi ? ».

Et comme chaque jour, son fils se mit en devoir de lui expliquer, avec force de détails, ce qu'il s'était passé.

Oo*oO

Ils cheminaient désormais en silence vers la modeste maison de la famille.

Mais Altaïr ne tarda pas à s'enquérir :

« Mama est au courant ? »

« Elle l'est. »

Là, malgré ses onze ans et son statut de novice, le fils se mit à geindre.

Nul doute qu'en rentrant, il se ferait enguirlander par sa mère.

Chaque jour, il était puni, chaque jour elle le grondait mais le lendemain, ça recommençait.

Certaines habitudes ont la vie dure...

Clea les attendait sur le pas de la porte, les bras croisés et les sourcils froncés.

Altaïr n'essaya même pas de faire oublier ses méfaits, il alla directement face à sa mère, la tête basse.

Avec un claquement désapprobateur de la langue, elle passa deux doigts sous son menton, l'obligeant à relever la tête et à la regarder droit dans les yeux.

Des yeux de la couleur de la mer en colère...

« Altaïr, quand donc tout ceci s'arrêtera-t-il ? »

« Mais ce n'est pas de ma faute, mama ! Je te le jure ! C'est lui qui commence toujours. »

« Et tu réagis, toujours. »

Il fit la moue, marmonnant :

« Je sais, je suis trop impulsif. »

« Et l'impulsivité n'est pas une qualité pour un Assassin. »

« Je sais. »

Avec un soupir, elle se pencha vers lui, l'embrassant sur le front.

Il ferma les yeux, sentant la douce fragrance qui s'échappait de ses frisettes cannelles.

Sa mère n'était pas comme les autres mais qu'importe, il ne l'échangerait pour rien au monde.

C'était sa maman.

Oo*oO

Tous rentrèrent à l'intérieur.

Là, père et fils se lavèrent les mains avant de passer à table.

Clea apporta les plats et après l'avoir remerciée pour la confection de ce repas, ils commencèrent à manger.

Bien évidemment, Altaïr fut le premier à avoir fini et sans un mot, son père lui tendit un seau.

Il implora sa mère du regard mais elle secoua la tête en souriant.

C'était sa punition pour s'être battu avec Abbas et il le savait.

Pourtant, à chaque fois, il se mettait à espérer qu'ils changent de châtiment.

Ils savaient pourtant bien qu'il détestait les chèvres, non ?

La porte se referma et ils attendirent quelques secondes avant d'entendre Altaïr pester contre ces animaux bêtes et vicieux.

Sous son capuchon, Umar esquissa un petit sourire.

Clea le questionna alors :

« Tu crois qu'un jour, il apprendra à rester maître de ses émotions ? »

« Un jour, oui. »

« Mais pas aujourd'hui. »

« Non, pas aujourd'hui. »

À son tour, elle esquissa un petit sourire.

Mais alors qu'elle se levait pour débarrasser la table, il l'en empêcha en la retenant par le poignet.

Elle se tourna vers lui, étonnée, il se contenta de la fixer dans les yeux, silencieux.

Mais elle connaissait ce regard et à nouveau, elle sourit.

Alors d'elle-même, elle vint s'asseoir sur ses genoux, repoussant le capuchon blanc pour révéler un visage brun aux courts cheveux noirs.

Elle y passa les doigts et il ferma les yeux, savourant la caresse.

Elle rit :

« Tu ressembles à un chat. »

« Un chat, vraiment ? »

« Hhh. »

« Ce n'est pas ce qu'on dit sur le terrain. »

« Ah bon ? Et que dit-on sur le terrain ? »

« Que je ressemble à un félin. »

« Ma foi, un félin... est un gros chat, non ? »

Là, il rouvrit les yeux mais elle se contenta de sourire, mutine.

Il plissa alors les yeux.

« Ma femme mérite aussi une punition. »

« Voyez-vous ça. »

Un lent sourire étira les lèvres d'Umar qui, d'un coup, l'attira vers lui pour l'embrasser.

Un gros chat, hein ?

Oo*oO

Après un moment, Umar interrompit le baiser, tournant la tête.

Clea fit de même et elle vit Altaïr, sur le pas de la porte, tout crotté.

Et le seau à côté de lui ne devait contenir que quelques gouttes de lait, assurément.

Umar arqua un sourcil, s'étonnant :

« Et bien fils, que fais-tu là ? »

« J'ai fini. »

« En es-tu certain ? »

« Absolument. »

« Et qu'est-ce qui te fait l'affirmer ? »

« Parce que si je reste une seconde de plus avec ces... choses, je les tue. »

Son père sourit.

« C'est un bon argument. »

« Je peux aller dormir, alors ? »

« Pas avant d'avoir pris un bain. »

« Mais je ne suis pas sale ! »

Face au sourcil arqué de son père, il grommela :

« Bon, d'accord, j'y vais. »

Oo*oO

L'eau fut chauffée et Altaïr, il devait bien l'avouer, s'y plongea avec délice.

Car lors de ses entraînements, il n'avait droit qu'à l'eau froide de la rivière toute proche.

Alors quand il pouvait en profiter, il ne se le refusait pas.

Sa mère était assise au coin du feu, en train de repriser une de ses chemises, et il la questionna :

« Mama ? »

« Oui, Altaïr ? »

« C'était comment, avant ? »

« Avant ? »

« Oui, avant que je ne vienne au monde. »

« Et bien, ton père partait en mission et moi, je m'occupais de la maison. »

« Et encore avant ? »

Elle pencha la tête sur le côté, un sourcil arqué, et il sourit.

« Avec ton baba. »

« Oh, avec mon père. Et bien, je l'aidais dans ses tournées. »

« Tu l'aidais à soigner des Assassins !? »

Elle eut un petit rire :

« Non, je ne soignais pas les Assassins. Mais j'ai déjà aidé à soigner un chameau. »

Les yeux d'Altaïr semblèrent s'illuminer.

« C'est vrai ? »

Oo*oO

Après un moment, Umar fit son apparition.

Il déclara :

« Altaïr, il est temps d'aller au lit. »

« Mais... »

« Tu te lèves tôt, demain, rappelle-toi. »

Le petit garçon fit la grise mine pendant quelques instants puis il finit par sortir de l'eau, accueillant avec joie la serviette que sa mère lui tendait.

Il s'y enveloppa et passa dans la pièce à côté.

Clea tourna la tête vers Umar et réalisa :

« Tu es blessé. »

« Ce n'est rien. »

« Et tu devras être prêt à partir en mission demain, toi aussi. »

Face à l'air plus que sérieux de sa femme, il finit par capituler en soupirant :

« Très bien, je vais me laver. »


Bonus chapitre 2

# « Altaïr ! Mais il n'a que onze ans ! »

« Il sera l'homme de la famille, si quelque chose m'arrivait. »

« Et il a peur des chèvres. »

# Lentement, Umar s'était déshabillé, révélant un corps musclé, recouvert de cicatrices en tout genre.