Ça n'était pas sérieux de faire ça –mais de toute façon, est-ce-qu'il y avait quoi que ce soit de sérieux dans leur relation ? Et est-ce-qu'on pouvait vraiment appeler ça une relation, coucher avec son frère jumeau –et aimer ça.

N'empêche que ça n'était pas son idée. Mais ce n'était pas l'idée de Tom non plus. Ce n'était pas quelque chose de réfléchi. Les lèvres de son frère étaient pressantes, et ses mains encore davantage. Ça n'était pas quelque chose de planifié (et puis d'abord, est-ce-qu'on peut planifier de baiser sur le rebord d'une fenêtre –sur le rebord de la fenêtre d'un hotel, qui plus est)

Les doigts de Tom se débattaient avec sa ceinture, tirant désespérément, et ses mains appuyaient et frottaient son bas-ventre. C'était de la torture. Purement et simplement. Il inspira profondément l'air froid du dehors et écarta de ses mains tremblantes celles de son frère, avant de se débarasser prestement de sa ceinture, de son jean et de son boxer.

Il regarda Tom déjà nu, en face de lui, le souffle court, les yeux brillants, et l'attira à lui, l'embrassant, fouillant sa bouche de sa langue, embrassant son cou et son torse, embrassant le creux de ses mains puis ses lèvres à nouveau, appuyé contre la rembarde gelée de la fenêtre.

Derrière lui, Bill entendait les voitures, la rumeur douce de la ville, et bientôt il n'entendit plus rien, lorsque Tom prit son sexe dans sa main, caressant, appliqué, impatient.

Il vit son frère porter ses doigts à sa bouche et il réprima un frisson –à moitié de froid et à moitié d'appréhension. Lorsque Tom le pénétra, il retrouva le sentiment de plénitude qu'il n'avait plus connu depuis longtemps –plusieurs semaines, plus d'un mois peut-être.

Alors qu'il enroulait ses jambes autour de lui, avide de toucher et de sensations, et qu'ils commencèrent à bouger l'un contre l'autre, s'embrassant parfois, mains agrippées dans les cheveux, ongles plantés dans la peau, il sentit quelque chose de froid contre ses joues. Un instant, il pensa à une sueur froide, mais il se rendit compte après qu'il pleurait.

C'était trop. Trop bon.

Leurs souffles rauques et hachés devinrent peu à peu plus saccadés, plus espacés, puis Bill se sentit partir, les ongles de Tom enfoncés dans ses hanches, et il jouit dans la main de son frère, pressé contre lui, le dos glacé, les oreilles bourdonnantes, et alors que Tom se libérait en lui, il s'accrocha désespérément à son jumeau, brûlant et pourtant si vide, comme perdu. Les voitures en bas n'avaient jamais semblé si bruyantes, si proches.

Il s'aperçut que tous les muscles de son corps étaient crispés, tendus, et qu'il tremblait. Il décroisa patiemment ses jambes raidies, et Tom s'extirpa de lui.

Il n'avait jamais aussi froid qu'à ce moment.

Il entendit, du moins semble t-il, des coups à la porte, et Tom, prestement rhabillé, quitta la chambre pour se glisser dans l'antichambre et aller ouvrir.

Bill s'appuya à la rambarde froide et ne perçut pas la différence avec ses propres doigts.

Quand Tom revint, lui annonçant qu'ils devaient aller dîner, il fit la moue, et se laissa porter jusqu'à la salle de bain, nettoyer et habiller comme un enfant. Puis il enfouit ses doigts dans les cheveux de Tom, caressant sa nuque, ses dreadlocks, et il embrassa sa bouche si chaude, si douce, si famillière. Les bras de son jumeau se nouèrent autour de sa taille, et le baiser dura longtemps, longtemps, jusqu'à ce que Georg et Gustav frappent à la porte pour le repas.

Tom pressa vite sa main, et ils sortirent de la pièce.

La fenêtre derrière eux était refermée, et la chambre était plongée dans le noir.