Hello tout le monde !

Un peu nouvelle sur le fandom, je me permets de vous présenter ma première fiction longue en rapport avec les vengeurs. J'espère que cela vous plaira et que vous voudrez bien continuer l'aventure avec moi :)

Rating T pour un langage pas si irréprochable que ça...

Disclamer : Aucun Avengers ne m'appartient, à mon grand regret... Heureusement qu'il me reste Sander pour me consoler.

Aller, bonne lecture !


Des gémissements de douleur partout, tout autour. Toux. Suffocations. Et de la fièvre. Jusque dans mes propres os. De la sueur coule de mon front, ma main tremble légèrement. Stabilité. La seule chose qu'il me manque pour injecter l'antidouleur à l'enfant devant moi, agonisant, ses grands yeux noirs luisant d'inquiétude. Il me parle, me murmure, des mots que je suis incapable de comprendre. Sauf un. Darda. Littéralement douleur, pour nous. Mais je sais qu'il hurle. J'ai mal. Ma gorge se serre un peu plus, je fais le vide dans mon esprit et pique, sans même faire attention au petit couinement qui sort de ses lèvres, bien vite remplacé par le souffle calme du sommeil. Je déteste ce job. Je déteste voir tous ces gens mourir les uns après les autres sans que je puisse rien faire.

-Sander!

On m'appelle. Je relève la tête. Je n'ai pas le temps de réfléchir à ça. Il y a encore des gens que je peux aider. Ne serait-ce que pour effacer leurs peines. C'est ce que je fais avec lui. Cet homme, si fort en apparence, qui se démène avec un patient particulièrement féroce. J'accoure sur un hindi sans âge qui se débat avec la ténacité de Hulk, hurlant de rage ou de douleur, je ne sais pas. Et je le regarde, lui. Il paraît serein. Pour la première fois depuis des mois. Il avait besoin d'aider d'autres personnes, je le vois dans ses yeux. Une flamme s'est rallumée. Si je suis en mesure de l'aider, je me dois de rester dans cet enfer de souffrance. Je me dois d'être là. Comme il l'a été pour moi auparavant. Comme il l'est toujours. Sous moi, le vieil homme se calme, par l'administration de morphine. Je peux revenir au petit dont je me suis donnée pour mission de m'occuper. Il est minuscule, si chétif, si fragile, que l'effleurer me fait peur. Alors je passe délicatement un linge humide sur son front pâle. Naya, une femme qui s'est portée volontaire pour nous assister, butine tout autour, passant de patient en patient pour leur parler. Pour les réconforter. Je me sens à l'étroit. Confinée dans une boucle sans fin de maladie et de pauvreté.

-J'ai besoin de prendre l'air.

Il hoche la tête, croyant savoir pourquoi. Il ne sait pas. Il ne sait pas que je ne vais pas bien, à l'intérieur, et que l'étroitesse de la pièce ne me fait rien, puisqu'elle est ouverte sur l'extérieur. Mais je ne lui dirais jamais. Il ne doit pas savoir que je suis une éponge. Une simple éponge à sentiments, à émotions. Il ne sait pas que ma colère permanente émane de lui. Que mon désespoir vient de ses patients. Tch. Je porte à ma bouche une fine cigarette. Il ne sait pas non plus que je fume. Pas beaucoup. Mais quand même. Alors je me cache un peu, perdue dans les ombres des rues de Calcutta. En espérant que personne ne trouble son travail. La fumée forme un halo blanchâtre autour de moi, se perdant dans le ciel rose du soir. Je soupire, alors que mes sens s'éveillent, de peur de croiser une arme dans mon dos. J'aimerai ne plus ressentir ce besoin constant de stabilité et de sécurité. Comme si on allait un jour protéger le monstre que je suis. La cendre se dépose lentement sur le sol, consume le tabac doucement, en prenant tout son temps. Mais trop vite à mon goût, elle se finit, laissant un mégot froid sur son passage, que je lâche sur le sol de terre. Mon regard se perd dans la ruelle. Comment font ces enfants riant à tout rompre, à courir, insouciants, sans jamais se surprendre à regarder par dessus leurs épaules? Leur ballon atterrit à mes pieds. Je leur lance, ils pensent que je veux faire partie de leurs jeux. Après tout, pourquoi pas? Alors je me mets à jouer. Un peu. Pas longtemps. Ils rient, enveloppant mon coeur d'une fine couche de tranquillité. Et puis ils partent. Ils finissent toujours par partir, emmenant avec eux un bout de mon enfance.

-Bye.

Ils répondent dans leur langue. La nuit est tombée. La parenthèse est fermée. Je rerentre. L'air saturé d'infection agresse mes narines, les gémissements d'agonie emplissent mes tympans. Je rejoins le petit alité. Je touche son front. Il est glacé. Je touche sa carotide. Elle est inerte.

-Bruce.

Il lève la tête de sa tâche. Me regarde. Il se lave aussitôt les mains, soulève délicatement le petit bras. Et le repose, tout aussi minutieusement.

-Naya. Nous avons un décès à annoncer.

Merde. Merde. Merde! Je recouvre son visage perdu dans les méandres de la mort. J'ai échoué. Une nouvelle fois. Il était sous ma responsabilité. Quelque part, dans les entrailles de l'immeuble, les cris déchirant de parents en deuil rugissent, surpassent la douleur physique et tous semblent pleurer la fin d'un monde. Et je me dois d'être droite, moi, glaciale, comme un roc, pour éviter que notre monde à nous s'écroule. Bruce est déjà redescendu, je sonde son visage. Sombre. Epuisé.

-Viens. On va se prendre à manger. Naya peut bien s'occuper un peu d'eux.

Il semble sur le point de refuser. Sauf qu'il a besoin de s'échapper.

-Ce sera pas long.

Il soupire et s'évade sous les tentures multicolores de notre quartier. Je prends sa main. Au moins, ici, les gens ne trouvent pas ça bizarre. Là-bas, là d'où nous venons, tout le monde le prend pour un pervers qui sort avec une gamine qui a 20 ans de moins que lui. C'est faux. C'est juste que je ne sais pas réconforter avec des mots. Alors je le montre autrement. En prenant sa main. En lui faisant des câlins. En étant là. Tout simplement. En étant là physiquement. Mais personne ne semble comprendre ce système. Alors, même ici, on nous prend pour un couple. Mais au moins, nous n'avons pas le droit aux regards accusateurs de personnes qui ne comprennent rien. On se prend un peu à manger, lui, suffisamment, moi, pas assez. Je sais que ce n'est pas assez. C'est pour ça qu'il me regarde de travers. Mais ça contente mon estomac. Je n'aime pas manger, en règle générale. C'est pas de ma faute. Face à ses yeux chocolat accusateurs, je baisse la tête et marche lentement, tout en shootant dans un caillou.

-Est-ce que ça va?

Je sais qu'il ne va pas bien. Mais je me dois de lui demander oralement. Juste pour confirmer. Pour en être certaine.

-Je pense qu'on va bientôt changer de ville.

Je hoche la tête, il me prend par l'épaule. Ça me va. J'espère que la prochaine fois, on se retrouvera dans un petit coin perdu du monde, sans personne à protéger. Je n'aime pas les protéger. Je suis un peu trop nulle à ça. Il n'y a qu'à voir ce gosse. Je soupire encore. Je ne sais faire que ça. Et me plonger dans des livres. Alors c'est ce que je fais, une fois que nous sommes rentrés. On mange dans les escaliers. Il mange lentement, mâche doucement, pour se nourrir correctement. Je grignote quelques frites, un livre sur la mythologie indienne dans les mains. Il repart à l'intérieur. Je le suis et me cale dans un petit coin sur le sol. Naya n'ose plus rien dire, habituée. À cette heure, j'ai besoin de repos, un peu, et de lire. Sinon j'oublierai. Je ne veux pas. C'est trop important, surtout que moi aussi, j'ai le droit d'avoir mon domaine de prédilection. Les religions. C'est mon truc, je les connais toutes par coeur, je sais tout. Il est incollable sur les rayons gamma. Je suis incollable là-dessus. Chacun son truc. J'entends en écho de l'eau, Bruce se lave les mains. Et puis les cris désespérés d'une enfant. Je lève la tête de mon livre. Elle a besoin de lui. Elle a besoin de nous. Puisque nous sommes presque un.

-Sander!

-J'ai entendu!

Je me relève d'un bond, engouffre mon bouquin avec les autres dans mon immense sac à dos. Je me déplace toujours avec ma maison sur le dos. Je suis un escargot. Je les suis tous les deux de loin, sur la défensive. C'est que cette gamine s'éloigne bien loin de la ville. Je n'aime pas ça. Ça sent le coup foireux. Mais je me tais. Peut-être est-elle vraiment en détresse? Un camion de la milice traverse. Je fais semblant de regarder une montre imaginaire. Heureusement que j'ai mis ma capuche, à peine sortie de notre hôpital de fortune. On s'est trop éloigné.

-C'est là.

Un peu plus et j'allais l'interdire de nous faire avancer plus dans la campagne. Elle a eut de la chance. Alors on la suit encore un peu, juste de quoi nous emmener dans une petite maison en terre. Et elle disparaît. Merde.

-Je savais qu'on aurait pas dû la suivre, que je sors, déposant mon énorme sac sur le sol poussiéreux.

-T'aurai pu me le dire plus tôt dans ce cas.

-Nan, ça aurait gâché une occasion de sortir de notre trou à…

Un frôlement de tissu dans mon dos me stoppe net dans mon élan. Il y a quelqu'un d'autre. Putain, pourquoi je suis pas plus sur mes gardes?

-Pour quelqu'un qui doit éviter le stress, vous faites des choix étranges docteur Banner.

Une femme rousse sort de dessous des tentures. Je sais déjà que je ne l'aime pas et qu'elle n'est pas là pour enfiler des perles.

-Et pour quelqu'un qui doit se faire discrète, vous avez une couleur plutôt voyante.

Elle me sourit, comme on sourirait à une abrutie. Ok, le secret c'est d'être attirante et pas invisible. Enfin, selon elle. Chez moi, la dissimulation marche pas mal. Je m'en contente et ça ne m'a jamais fait défaut.

-Vous nous avez amenés aux portes de la ville. C'est malin. Je suppose que nous sommes encerclés.

Il a raison. Il a putain de raison et je déteste ça. Je me dépêche de jeter un coup d'oeil par la fenêtre. Pas de cliquetis d'arme. C'est déjà ça. Mais je le laisse tout de même guider la conversation alors que je batifole tout autour du bâtiment pour tenter de percevoir les menaces, pour lui comme pour moi.

-Quel est votre nom? - j'entends cette question en écho mais elle est importante alors je m'arrête.

-Natasha Romanoff.

Russe. Russe et rousse. C'est drôle. Un sourire sarcastique éclaire quelques instants mon visage et puis je me remets à inspecter l'extérieur grâce à une fenêtre donnant sur la cour. Je n'écoute pas trop jusqu'à ce qu'un mot m'intrigue assez pour que je décroche de mon inspection et me poste près de Bruce. Je crois avoir entendu bouclier. C'est quoi le Bouclier? Et surtout, pourquoi ça l'inquiète tant que ça?

-On ne vous a jamais vraiment perdu de vue. On gardait nos distances. Et on a même parfois mit vos ennemis en déroute.

Je repense à Harlem. Un frisson coule le long de ma colonne. Cette fois-ci, ce bouclier n'était pas là. Ils n'ont pas été là non plus quand on s'est rencontré. Quand il a dû fuir sa vie à cause d'un salaud de général. Quand Betty a disparue, emportée par son père loin de nous. Ils n'ont jamais été là quand on en avait besoin. Une rage sourde monte jusque dans ma poitrine, consume tout sur son passage.

-Fury semble vous faire confiance.

Je fronce un peu plus les sourcils, gonflant le torse pour me donner un air menaçant. Je ne connais pas ce bouclier mais je connais Fury. Un homme si froid, si manipulateur, qui a tenté de m'engager dans sa vendetta, il y a si longtemps, alors que je n'avais pas même l'âge de la petite espionne qui nous a conduit ici. J'étais trop jeune encore, sous le choc aussi, à me battre en permanence pour ma survie mais aussi pour ma santée mentale. J'étais perdue et sans repère. Il a tenté de prendre avantage de cette faiblesse sans savoir que c'est ma force.

-Mais il faut nous aider à présent.

Un rire éclos dans mon ventre, se propage dans la pièce. Une main se pose sur mon épaule.

-Sander.

Regard désapprobateur. Ne comprend-t-il pas l'ironie de la situation? Ils n'ont jamais été là quand on en avait le plus besoin et maintenant, ils ont besoin de notre aide?

-Même pas en rêve.

Les yeux de la vipère se figent sur moi, ses lèvres se pincent légèrement.

-Ce n'est pas votre aide que je viens chercher.

Je m'apprête à ouvrir la bouche pour répliquer que déjà Bruce me poste derrière lui d'un revers de main. Je croise les bras en faisant la moue. J'ai pas besoin qu'on me surprotège ainsi.

-Et si je refuse?

Elle plisse encore un peu les yeux, de quoi faire apparaître de petites ridules sur ses tempes. Pas si parfaite.

-Je peux être persuasive.

-Et si l'Autre gars ne veut pas vous suivre?

Je serre la mâchoire, sans pour autant l'ouvrir. Je déteste qu'il l'appelle l'Autre gars. C'est une partie de lui. Ou un autre lui, comme un jumeau pourrait l'être. Quelqu'un qui est différent de lui tout en empruntant ses traits. Pourquoi ne peut-il pas l'appeler Hulk, tout simplement? Personne ne le fait à part moi. La preuve.

-Après un an sans avoir d'incident, je doute que vous vouliez faire une rechute.

Il est un incident maintenant. Après tout le monde se demande pourquoi il massacre tout le monde. Il est simplement ce qu'on dit de lui. Après tout, on s'étonne que beaucoup de jeunes de cité n'y arrive pas mais c'est peut-être parce qu'on leur rabâche qu'ils ne feront jamais rien de leur vie qu'ils sont comme ça. Bah pour Hulk, c'est pareil. On dit de lui que c'est un monstre incontrôlable alors il est devenu un monstre incontrôlable. Et je déteste ça.

-... Nous sommes sous la menace d'une catastrophe globale.

Merde. J'ai loupé un passage, à m'énerver toute seule contre celui que je ne veux pas énerver maintenant. Pas si près de la ville.

-C'est ce qu'on s'évertu à éviter.

Bruce enroule son bras autour de mes épaules.

-Calme-toi, souffle-t-il dans mon oreille.

-Je sais, je siffle entre mes dents, pas vraiment convaincante. Il renforce sa poigne sur mon épaule.

-Tu es en sécurité.

-Je sais.

Je sais que je suis en sécurité, puisque Hulk est de mon côté.

Pendant notre très, trop, brève conversation, l'espionne a eu le temps de chercher son portable et de trouver une photo de l'objet qui devrait nous intéresser.

-Ceci est le tesseract. Il a l'énergie potentielle d'anéantir la planète.

Brucie récupère le téléphone, je me hausse sur la pointe des pieds pour apercevoir l'image d'un cube bleuté, passablement envoûtant d'aspect. Je fronce les sourcils. Qu'est ce qu'ils veulent qu'il en fasse?

-Vous voulez que je fasse quoi, que je l'avale?

-Abruti, pourquoi ils voudraient que tu l'avale? C'est stupide. Ca leur servirai à quoi?

-Hum hum.

Je tourne la tête, daigne l'écouter d'une oreille distraite. À quoi peut bien servir ce truc, pour que NIck Fury s'y intéresse?

-Il faut que vous le retrouviez. Il vient d'être volé.

-Et en quoi on serait…

-Il émet un rayonnement gamma trop faible pour que nous le détections.

C'est pour ça qu'ils ont besoin de lui et pas de moi. Alors elle le flatte. Je grince des dents, sans pour autant l'ouvrir. Je sens qu'il va nous faire le coup de je suis en colère et je vais devenir tout vilain pas beau. Je me demande comme elle va réagir. Je plisse les yeux, garde les bras croisés contre mon corps, retranchée dans un coin. Et il fait semblant d'éclater de rage.

-Bruce!

Sans même réfléchir, je place mon maigre corps entre lui et un trou noir, béant, synonyme de mort. Rien que pour cela, je pourrais la haïr. Rien que pour cela, je pourrais la tuer. Lui ouvrir les entrailles, la charcuter. Ici, trop d'innocents pourraient mourir. Il ne peut pas exploser. Il ne le doit pas. Pas maintenant. Plus tard, loin, si loin d'ici, il pourra. Mais pas maintenant.

-Baissez votre arme. Tout de suite.

Mes yeux semblent lancer des éclairs, mon corps entier est tendu à l'extrême, près à en découdre. Pas de bol, j'ai tellement les sens en éveille que j'entends les cliquetis des armes à l'extérieur. Sans même réfléchir, je plonge sur l'espionne, les mains en avant, enserrant le canon glacé.

-Sander!

Je ne l'entends qu'en écho, loin dans ma conscience alors que mes réflexes ont pris le contrôle de mes gestes. Un coup de feu part dans les airs, brise un morceau de plafond qui coule lentement sur mes épaules en mouvement. Je plante mon coude dans le visage de la rousse, qui lâche son arme sous l'impacte. Je récupère le flingue et le démonte, le plus vite possible.

-Je vous avais dit de baisser votre arme.

Le métal du pistolet éclate sur le sol en un bruissement étouffé.

-IL ne va pas se pointer alors ramenez vos hommes.

Les yeux verts de l'espionne passent sur moi, sur Bruce, sur les morceaux de son flingue au sol et puis son index se dirige vers son oreille.

-Fausse alerte.

-Et après on m'engueule parce que je réagis toujours au quart de tour!