Pairing: HPXDM

Rating: M (NC-17)

Disclaimer: Est-il nécessaire de préciser que je ne suis pas JKR?

Note: 1ère fic que je publie sur ce site. Je suis ouverte à toutes les critiques, même les négatives du moment qu'elles me permettent de faire des progrès par la suite...Ne vous gênez pas!

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Cleveland, Nord Est des Etats Unis.

Si j'étais né ailleurs qu'ici, par exemple au Texas avec les pétroliers, ou à New York avec les fourmis de Wall Street, ou encore dans les étendues glacées de l'Alaska, je ne serais pas devenu celui que je suis aujourd'hui.

On ne mesure généralement pas à quel point le lieu de naissance conditionne toute la suite. Cleveland, berceau de l'entreprise Ford, est aujourd'hui au bord du gouffre. Pas besoin de chercher bien loin pour s'en rendre compte, juste mettre un peu le nez hors de chez soi, et écouter les vieux radoter sur l'époque où il y avait des emplois et de l'avenir pour la jeunesse. Epoque désormais révolue, comme vous le devinez.

Je n'attends plus qu'une seule chose: être enfin diplômé et foutre le camp. Ma mère aimerait bien que je reste, je crois qu'elle espère secrètement que je finirai par m'enraciner pour toujours, mais après tout aucune loi n'interdit encore de rêver...

Draco Malefoy. On m'a souvent dit que c'était un nom étrange. D'ailleurs, à chaque rentrée les profs l'écorchent. Certains, comme Mr Wallace, mon prof de sciences sociales, m'appellent Mr Male, ce qui a le don d'en faire ricaner plus d'un. J'ai depuis longtemps renoncé à expliquer que Malefoy était issu du vieux français mauvaise foi. De toute manière, les autres élèves sont plutôt anti européens...

Et il y a cette mauvaise foi, cette mauvaise foi qui me colle à la peau. Mauvaise foi quand je jure mes grands dieux que je ne touche pas à la drogue, mauvaise foi quand je raconte à ma mère que tout se passe comme sur des roulettes au lycée. Mauvaise foi encore lorsque j'invente des noms d'amis chez qui je vais sois-disant passer la nuit.

Je n'ai pas d'amis, je n'en ai plus depuis le collège. Depuis que l'ange blond rieur s'est métamorphosé en boule de haine, depuis que ce putain de taxi gris a disparu à l'angle de la rue en emportant mon père et ses valises.

Je passe le plus clair de mon temps libre à arpenter les quartiers désaffectés, à me faufiler dans ces carcasses d'usines qui faisaient autrefois la gloire de la région, le principal avantage étant que je n'y croise personne. Sauf bien sûr quelques junkies ou autres oiseaux qui sont la plupart du temps trop défoncés pour me prêter attention.

Il m'arrive aussi de m'asseoir à leurs côtés, de quémander une dose les jours de déprime. Le reste du temps je me contente d'écouter leurs délires psychédéliques, de les regarder tourner comme des derviches en riant hystériquement, ou se replier sur eux-mêmes en gémissant. Tout dépend du produit et de la quantité.

Les nuits où ma mère est de garde (elle travaille comme aide-soignante à l'hôpital St Paul) je m'arrange pour trouver de la compagnie. Sexe, rang social, peu m'importe, l'essentiel est de ne pas rester seul. La dernière fois, ça s'est terminé dans la baignoire cette affaire. J'ai juré au psy que ce n'était qu'une erreur de parcours, comme tous les ados peuvent en faire. Ma mère m'a ramené à la maison dés que les infirmiers m'ont autorisé à sortir et n'a plus jamais abordé le sujet en ma présence.

Elle croit que tout ira mieux si elle parvient à gagner un peu plus de sous, alors elle enchaîne les heures supplémentaires. Dans un sens ça m'arrange, mes allées et venues ne sont pas surveillées. Quand je pense à tous ces jeunes que leurs parents fliquent en permanence...

Au lycée, j'assure le minimum syndical. Mrs DeVito, ma prof principale, me répète tout le temps que je pourrais être un élève brillant si je m'investissais un peu plus. Peu m'importe, ce que je fais est suffisant pour décrocher l'indispensable sésame et enfin sortir de ce trou. Je n'ai pas l'intention d'aller m'user les fesses sur les bancs de Sarah Lawrence, Yale, ou autres repaires pour fils de bourges. Certains de mes camarades de classe n'attendent que ça, grand bien leur fasse.

Bref, ma vie est tout ce qu'il y a de plus rôdée.

Excepté ce projet de sciences sociales à la noix, bien sûr.

Quand j'ai vu Mr Wallace débarquer avec un sourire jusqu'aux yeux et son pull préféré, j'ai senti que la suite n'allait pas me plaire.

Il a dit qu'il avait une bonne nouvelle à nous annoncer. Malgré les exigences budgétaires, le conseil d'administration avait consenti à débloquer des fonds pour que nous puissions entamer ce que notre prof a baptisé « échange culturel ».

Je vous le donne en mille, je vais me coltiner un correspondant anglais. Il paraît même que j'irai passer un mois chez lui en juillet, alors que lui-même viendrait pour deux semaines dans le courant du mois d'avril.

J'ai décroché de la suite des explications. Merde, comment je vais faire pour recevoir ce gars chez moi? Déjà que l'appartement est petit pour deux, à trois ce sera la galère. Et puis je ne veux pas qu'un étranger pénètre dans mon intimité et découvre ce que la plupart des gens ignorent, à savoir que nous avons un mal de chien à joindre les deux bouts depuis que mon cher père a fichu le camp avec sa poule.

Ça fera cinq ans cette année, ma mère n'avait rien vu venir. D'un seul coup, paf, il nous a annoncé qu'il avait rencontré une femme et qu'il partait s'installer avec elle en Californie. Maman était effondrée, elle pleurait, le suppliait de ne pas l'abandonner, de ne pas la laisser, de penser à moi aussi. Mon père a répliqué qu'il ne supportait plus cette vie, les anti-dépresseurs et les sautes d'humeur, les scènes de ménage...

Puis il a assuré qu'il ne voulait pas couper les ponts, qu'il payerait l'avion pour que je puisse venir le voir, qu'il verserait une pension alimentaire. Tout ça devant moi, comme si je n'étais pas là. J'avais enroulé mes bras autour de mon corps, m'enserrant jusqu'à me faire mal. Un foutu cauchemar, ce ne pouvait être que ça, il m'avait emmené la veille voir un match de hockey sur glace. On avait eu droit aux meilleurs places dans les tribunes.

Avec le recul, je me dis que c'était sans doute sa manière à lui de me faire ses adieux...

Au moment de partir, il s'est tourné vers moi avec des larmes dans les yeux. Il a amorcé un mouvement pour me serrer contre lui, mais je l'ai violemment repoussé. Il m'a fixé comme si je venais de lui annoncer que Kennedy avait ressuscité:

-Draco, qu'est-ce qui te prend?!

Ce qui me prenait? Ce qui me prenait?! Je me suis mis à hurler comme jamais je n'avais hurlé. Je l'ai traité de tous les noms, j'ai même tenté de le frapper. Il m'a bien évidemment maîtrisé en deux temps trois mouvements, en me serinant avec un calme exaspérant que je devais essayer de le comprendre et de pardonner. J'ai crié que je ne voulais plus jamais le voir, ni même entendre parler de lui.

Il n'était plus mon père. Pour moi, il était mort.

Je suppose qu'il est toujours en Californie, à moins que sa pute ne se soit barrée. Ce qui est sûr, c'est qu'il est à tout jamais sorti de ma vie. Il m'a envoyé une carte pour Noël, il y a deux ans, mais depuis quedalle. J'ai balancé sa saloperie à la poubelle dans un accès de rage.

Et il va de soi qu'il n'a jamais payé à ma mère le moindre centime de pension alimentaire...

Bref, tout ça pour dire que je n'ai pas l'intention de laisser un abruti venir squatter chez moi.