Déclaration : Lab Rat est la propriété de AnneriaWings, (je suis une grande fan, ta fanfic est incroyable Anneria !). Je revendique par contre les quelques lignes poétiques avant le commencement ainsi que l'excellente qualité de cette traduction qui m'a demandé beaucoup de temps et d'efforts. ;)
Avertissement : Cette fanfiction contient des scènes de forte détresse émotionnelle, de violence et de torture. Elle s'adresse à un lecteur averti.
zzzz-
zzz- Statique distante
ooo- Rêve ou vision indistincte
Échos de pensées et paroles lointaines
zzzz-
.
Je me suis cru invincible, intouchable
Capable de remporter chaque combat, chaque bataille,
M'élevant si haut dans le vaste infini du ciel étoilé,
Baissant les yeux sur ceux ne sachant pas voler,
Croyant que rien ne pourrait jamais m'atteindre.
.
Nous nous croyons tous invincibles...
.
... jusqu'au jour où la chance nous abandonne.
Rat de Laboratoire
Première Partie : Capture
Une divine chaleur fit instantanément fondre la tension de mon visage sitôt que je flottai au travers du grand toit métallique du centre d'opération de la famille. Je m'assis contre la dure surface avec un profond soupir et glissa le regard sur les banlieues accolées aux grands, distants immeubles du centre-ville d'Amity Park. Les cieux étaient enflammés, éclaboussés de différentes teintes d'orange et d'or, l'éclatant soleil de fin d'après-midi projetait de longues ombres un peu partout, donnant au centre-ville une vaporeuse brillance. C'était une vue magnifique.
J'adorais passer mes soirées là-haut, regardant silencieusement le jour décliner dans la promesse d'un nouveau à venir. Kétaine, je sais - mais au moins ça me donnait un peu de temps pour réellement me relaxer d'une longue journée à tenter de jongler avec l'école, ma vie sociale et mon obligation de protéger la cité. Si ce n'était pas du fait que je prenais un sérieux risque en m'assoyant là-haut - en tant que fantôme - au sommet des quartiers généraux de mes obsédés de parents chasseurs de fantômes qui préfèrent tirer d'abord et poser les questions ensuite, je passerais probablement beaucoup plus de temps ici.
L'agréable température offrait une légère brise qui glissait contre mon visage et ébouriffait quelques mèches de mes cheveux d'un blanc pur. Je laissai un petit sourire flotter sur mes lèvres en répartie. Ici, c'était silencieux, paisible. La chaude lumière de l'astre solaire contrant le froid naturel de mon corps spectral faisait fondre chacune de mes préalables agitations, telle la neige un chaud jour de printemps.
Mon admiration de la vue - juste assis là, seul, avec le monde entier devant moi - fût abruptement interrompue par une soudaine sensation glacée - plus froide que ce à quoi j'étais déjà habitué sous forme fantôme - qui plongea au creux de mon essence, envoyant des frissons faisant tressaillir mon corps. Mon grognement d'ennui se condensa dans l'air devant moi. La fatalité avait juste choisi le parfait moment pour exhiber son affreux visage.
- On n'peut même pas demander une heure de paix de nos jours, pas vrai ? me grommelai-je à moi-même en me relevant d'un bond.
Affichant une expression brave sans donner à ma réticence une seconde pensée, je bondis dans l'air et pris mon essor au-dessus des toits du voisinage de FentonWork, fouillant précautionneusement les rues et les alentours des immeubles à la recherche du spectre ayant titillé mon sens intérieur du surnaturel.
Temps du héros.
Ils étaient trois. Les fantômes, il s'avéra, n'étaient rien de plus que d'à peine corporels blobs verts - de dérisoires masses d'ectoplasmes qui semblaient ne pouvoir faire pratiquement aucun dommage même s'ils essayaient. Tous trois s'étaient réunis dans une petite ruelle à quelques blocs de la maison. Dérivant dans l'air avec mauvaise humeur, je les observai quelques secondes avant de me précipiter dans l'action. Ils ne tentèrent même pas quoi que ce soit, mais je n'allais courir aucun risque.
- Hey, les affreux ! raillai-je en plongeant dans l'allée, les yeux étincelant de puissance, laissant l'énergie froide, surnaturelle de mon aura se matérialiser dans mes mains. Désolé de gâcher votre party, mais vous devez ficher le camp !
D'émeraudes étincelles de pouvoir crépitèrent et s'arquèrent autour de mes poignets, l'énergie pétillant légèrement contre mes nerfs, glissant un inconscient sourire sur mon visage. Je ne perdis pas un instant d'hésitation et projetai un assaut d'énergie de mes paumes qui les dispersa en un chœur d'effarouchés cris aigus. L'un d'eux se sépara de ses camarades pour se précipiter vers moi en représailles avec un petit grognement, ses deux petits yeux rouges brillants d'un éclat féroce. Ça aurait pu intimider un enfant de deux ans, mais c'était assez pathétique.
- Franchement ; c'est trop facile, souris-je arrogamment.
Je bougeai sur le côté avec facilité, regardant le fantôme basculer maladroitement sur le mur de briques derrière moi.
- C'est tout c'que t'as ?
J'envoyai un autre éclair d'un vert éclatant sur mes adversaires, qui se précipitèrent d'un côté et de l'autre en un accès d'agitation confuse et de fureur. Ça aurait été un gaspillage d'énergie de les affaiblir davantage étant donné qu'ils n'étaient pas vraiment une menace à l'origine, alors ma main glissa vers l'arrière de ma ceinture, où le thermos était habituellement clipsé à ma taille.
Il n'y était pas.
- Eh merde, murmurai-je, soupirant d'exaspération.
Le thermos, outil primordial permettant de capturer et contenir les fantômes, était resté à la maison. Je pourrais juste les laisser là et essayer d'aller le récupérer avant qu'ils ne puissent s'enfuir trop loin - ce n'était pas comme s'ils pouvaient causer quelque réel chaos. Mais cela signifiait que je devrais passer encore plus de temps à les traquer s'ils s'échappaient tandis que j'étais parti... ce qui était une chose que je n'avais vraiment pas envie de faire.
Fronçant les sourcils, j'étudiai les fantômes. Ils se rassemblèrent, sifflant et grondant, leurs yeux rouges flamboyant de colère en une vaine tentative d'intimidation, le troisième membre du groupe ayant rejoint ses compagnons.
Peut-être que je pourrais juste... les congeler ici ou quelque chose du genre jusqu'à ce que j'aie le thermos, songeais-je, puis mes lèvres s'étirèrent en un sourire ; cette solution semblait raisonnable.
- J'espère que vous aimez le froid.
Je me concentrai un moment alors que des vrilles d'énergie bleue, froides telle la glace, se formèrent dans mes paumes -
- Fige, Phantom !
Je n'eus pas le temps de me retourner qu'une brûlante explosion d'énergie me percuta soudainement le dos, me projetant contre le mur de l'allée sur lequel je me fracturai le crâne avec un bruit sourd. Hébété, je m'affaissai sur l'asphalte plus bas, clignant des yeux afin d'en chasser quelques éclats obscurcissant ma vision. Je repérai finalement l'origine de la voix m'ayant surpris.
- Ce n'est pas vrai... murmurai-je en voyant mes parents vêtus de leurs combinaisons HAZMAT, orange pastel dans le cas de mon père et bleu sarcelle dans celui de ma mère, s'avançant arrogamment, leurs armes pointées sur moi.
- Euhh... Ça fait un bout de temps depuis qu'on s'est vu ?
- Reste là, fantôme, me conseilla mon père.
Son ton était tellement plus sérieux que l'habituel air enjoué que je lui connaissais bien, subjacent quelque chose de vraiment dangereux me faisant frissonner d'appréhension. Il s'approcha, son anti-ecto bazooka d'une envergure ridicule me visant promptement, et je reculai instinctivement contre le mur, l'esprit en ébullition. Deux options s'offraient à moi : rester immobile ou essayer de foutre le camp en risquant de me faire tirer dessus. À cette distance même mon père avec sa légendaire mauvaise habileté à effectuer un tir précis n'aurait aucun mal à me réduire en morceaux avant que je n'aie même le temps de bouger. Quel lugubre choix d'option.
Tentant de gagner du temps dans l'espoir d'obtenir une meilleure chance de fuite, mes yeux sillonnèrent le fond de la ruelle où j'avais vu les trois blob-fantômes pour la dernière fois. Ils étaient partis depuis longtemps. Me tournant vers mes parents, je me tendis, les yeux fixés sur leur arsenal.
- Qu-qu'est-ce que vous voulez ? glapis-je.
- Mads, le sédatif, murmura Papa, ignorant ma question.
Mes yeux s'écarquillèrent.
Sédatif ? Oh, shit.
M'humectant les lèvres, je jetai un regard alentour, mes yeux parcourant l'allée dans l'espoir de quelque échappatoire. Une douleur aigüe me transperça lorsque je me relevai. Mon père chargea son bazooka en guise d'avertissement, l'arme anti-fantôme émettant cette familière et menaçante stridulation haute-perchée en condensant son énergie de tir.
- J'ai dit bouge pas !
- Vous savez, j'aimerais bien rester pour bavarder, mais...
Je me relevai subitement dans le désordre, les yeux de mon père et son bazooka toujours fixés sur moi. Je bondis dans l'air, me débrouillant pour éviter un tir, dans ma vision périphérique je pus voir Maman s'avancer de derrière lui et ajuster son tir de ce qui me sembla un petit pistolet. Je me jetai sur le côté avec un glapissement de surprise, sentant plus qu'entendant un petit objet siffler près de mon oreille droite. L'instinct me submergea alors que je m'élançais dans la seule direction semblant raisonnable : le haut.
Mais, avant que je ne puisse quitter la ruelle pour parvenir à la sécurité promise du ciel, le pistolet tira une seconde fois. Je sentis l'aiguille me transpercer la peau juste sous la cage thoracique. Je me tordis ensuite avec surprise pour voir ce qui me sembla un petit dard jaillissant de ma combinaison noire.
- Oui, je l'ai eu, entendis-je Maman dire.
- Shit, murmurai-je en arrachant le dard, une froide panique commençant à m'envahir.
Mais déjà le contenu du tranquillisant commençait son assaut sur mon système avec une impitoyable vitesse, vainquant aisément les quelques potentielles tentatives d'évasion que j'avais en tête. Une soudaine faiblesse se répandit en moi.
- Quoi... ?
Mon corps me fit instantanément l'effet d'être chargé de plomb et mes membres amorphes me donnèrent l'impression de nouilles trop cuites. Avant que je ne puisse m'en remettre pour saisir une dernière chance de fuite, je m'écrasai involontairement au sol, incapable de rester en l'air, mon pied droit accrochant une poubelle et déversant son contenu avec un assourdissant fracas. Tombant à la renverse, mes genoux cédèrent sous mon poids aussitôt que je heurtai l'asphalte pour la seconde fois en moins d'une minute.
- Jack, ça marche ! s'exclama avidement Maman.
- Je sais, Mads, c'est génial !
Qu'est-ce... qui marchait ? Je sais que j'aurais dû être en train de sérieusement paniquer, mais mon esprit échoua à traiter quoi que ce soit d'utile. Je devais me concentrer uniquement pour aspirer quelques goulées d'air alors que je gisais seulement là sur le sol, sentant la faiblesse grandir en un fort désir de perdre connaissance.
Vaguement, j'entendis mes parents s'avancer.
- Non... restez... 'oin de moi, articulai-je difficilement, m'accrochant aux derniers lambeaux de conscience encore présents dans mon esprit brumeux et essayant faiblement de m'éloigner en rampant.
Le monde devint distant et confus alors que ma vision s'embrouilla, mes paupières se firent lourdes.
La dernière chose que je me rappelai fut une sorte de brume bleu et orange s'approchant de moi avec confiance, une main s'abaissant pour me saisir lentement, ensuite tout s'enfonça dans la silencieuse vacuité des ténèbres.
-zzz-
Le retour à la conscience fut une lente et nébuleuse affaire. Se faire assommer n'a rien de plaisant ; j'en sais quelque chose suite à de multiples expériences personnelles. Être forcé dans l'inconscience suite à l'injection de drogue par mes propres parents, d'un autre côté, est exponentiellement pire. Bien sûr, je n'étais pas en état de me demander pour quelle raison ils avaient décidé de me droguer à la place de juste me tirer dessus à vue comme ils en avaient l'habitude - la première chose que je réalisai en retrouvant mes esprits fut un terrible mal de tête et une étrange sensation de faiblesse dans l'estomac.
- Qu... ?
Après quelques léthargiques secondes, je perçus le bip intermittent et le vrombissement ténus de ce qui semblait des machines à mes oreilles. S'ajoutant à l'incessant martèlement présent dans mon cerveau, cela me donna l'impression qu'on m'enfonçait des ongles acérés dans le crâne. Avec un léger gémissement, je serrai fortement les paupières et tentai de lever une main pour la porter à ma tête dans l'espoir d'atténuer la douleur. Quelques secondes me furent nécessaires pour réaliser que ma main ne bougerait pas, même si je pouvais sentir les muscles se contracter et essayer de lever mon bras.
Ce fut à ce moment-là que je réalisai vaguement au fin fond de mon esprit que quelque chose n'allait pas. Mes yeux embrouillés papillotèrent puis s'ouvrirent. Mon regard rencontra un plafond de solide métal gris. Cela n'offrit pas grand-chose aidant ma faible tentative de comprendre et de découvrir où j'étais, mais alors je remarquai l'odeur acide familière de l'ectoplasme qui me titilla la narine et assaillie mes sens. Il y avait aussi une autre nuance à l'odeur.
Du fudge.
J'étais dans le laboratoire.
Grimaçant au moindre mouvement, je tournai la tête d'une fraction de degré pour regarder sur le côté.
J'étais, apparemment, sanglé à une table d'examen.
Oh... génial, parvint à penser mon cerveau endolori alors que je clignai des yeux quelques fois essayant d'éclaircir ma vision pour me faire une idée de la situation. J'étais encore sous forme fantôme - je pouvais en être sûr juste avec l'absence de battement dans ma poitrine et de la familière sensation frigide incrusté dans mon essence, ce tout petit point froid près de mon cœur. Malgré cette charmante mésaventure dans laquelle je m'étais empêtré, au moins je n'étais pas humain en ce moment. Ce qui voulait dire que mes parents n'avaient pas encore découvert ce que j'étais vraiment. C'était une bonne chose.
Mais cela laissait irrésolue l'inquiétante question de pourquoi j'étais même ici en premier lieu. Quelque part sous toute cette temporaire confusion, un petit suintement d'effroi s'insinua dans un coin de mon esprit alors que je commençais à m'imaginer plusieurs possibles raisons expliquant pourquoi j'étais là. J'eus une accablante impression que ça n'allait pas bien finir.
Dans une faible tentative de bouger de l'inconfortable position dans laquelle j'étais - sans grand résultat - je levai la tête à quelques centimètres de la dure surface métallique sur laquelle j'étais étendu pour voir mon environnement immédiat. Mes yeux se précipitèrent frénétiquement d'un côté et de l'autre, remarquant quantité de machines familières étalées sur les comptoirs. L'affolement me saisit. Une grande variété d'immaculés objets coupants, de couteaux et d'autres instruments chirurgicaux étaient soigneusement disposés sur l'une des tables à ma droite. Je ne pus retenir l'automatique tremblement qui me parcourut. Ces instruments avaient un douloureux potentiel et leur but n'était pas très difficile à deviner.
Grognant sous l'effort, je tentai automatiquement de tirer sur les entraves fixant mes poignets et mes chevilles à la table. Je lutai, me tortillai et tirai brusquement aussi fort que je le pus, serrant les dents alors qu'une sauvage panique menaça de me submerger l'esprit.
- Merde, merde, aller !
Comme je l'avais inconsciemment prédit, mes entraves ne cédèrent pas. Le fait qu'elles émettaient une faible luminescence impliquait que d'essayer de devenir intangible pour traverser les menottes et me sortir de ce pétrin serait tout aussi futile.
En bien, songeais-je sombrement, au moins ça aura été une intéressante soirée... ou est-ce déjà la nuit ? J'ai été inconscient combien de temps ?
Je laissai ma tête retomber sur la table de métal avec un petit bang et fermai mes yeux verts derechef, luttant pour respirer normalement malgré la harassante peur qui commençait à lentement se répandre dans mon corps.
D'accord, Fenton, il faut juste... juste que tu te calmes. Pense, me dis-je. J'étais dans le laboratoire. J'étais attaché à une table. Mes parents allaient probablement me faire Dieu sait quoi et je n'avais aucun moyen de trouver une quelconque échappatoire. Vraiment génial.
Mes pensées furent interrompues par une familière paire de voix et je me figeai. Ils parlaient à voix basse, calmes, comme si leur conversation n'était pas destinée à être entendue, mais c'était sans compter mon ouïe surnaturelle.
- ...peut juste le garder constamment drogué. On a fait une assez grande réserve de sédatif spectral pour le garder inconscient au moins quelques jours - ça me laissera parfaitement le temps de donner la touche finale au bouclier de la cellule de détention fantôme du laboratoire... et de trouver ce qui ne va pas avec les résultats des tests qu'on vient d'obtenir.
- Je ne sais pas, ajouta une voix de femme que je reconnus instantanément comme celle de ma mère. Et si le générateur court-circuite encore comme la dernière fois ?
- Ahh, allez, Mads ! Tu sais que je pourrai faire fonctionner ce bébé avant demain matin, au moins.
Il y eut un petit gloussement.
- D'accord. La drogue et les entraves anti-fantômes suffiront à le détenir, pour l'instant. Au moins nous n'aurons pas à nous inquiéter qu'il aille où que ce soit. - Parlant de Phantom, je me demande s'il est encore inconscient.
- Probablement, mais je vais aller vérifier. Ça fait déjà quelques heures maintenant.
Je pus entendre quelques pas rapides - ils s'arrêtèrent une seconde, puis devinrent plus forts et distincts.
- Jack, il est réveillé !
Mon esprit encore confus fut instantanément ramené à la réalité alors que je relevai la tête d'un mouvement brusque. Ce qui me donna vraiment un abominable sentiment d'effroi me crispant jusqu'aux tripes fut la vue de ma mère marchant vers moi, son expression contrastant vivement du ton apparemment assez joyeux qu'elle avait quelques secondes plus tôt en discutant avec Papa. Elle avait l'air... furieuse ?
Je clignai des yeux quelques fois dans l'espoir de chasser le persistant étourdissement avant de retrouver la voix.
- L-laissez-moi partir ! sautai-je droit au but, tirant brusquement et machinalement contre les sangles luminescentes me retenant.
Elle m'ignora.
- Toi, dit-elle aigrement en me menaçant du doigt alors qu'elle arriva à mon côté. Explique.
Je ne pus retenir le petit tressaillement me traversant à l'accusation tranchant dans sa voix telle une lame d'acier, le même genre de voix qu'elle utilisait normalement quand j'avais de sérieux ennuis en tant que son fils, Danny Fenton. Mes yeux s'écarquillèrent un instant - avaient-ils découvert la vérité alors que j'étais inconscient ? Mais qu'est-ce qui était en train de se passer, bon sang ?
- Explique quoi ? De qu-quoi tu parles ? répondis-je d'une voix rauque, un peu tremblante malgré l'effort que je faisais pour l'en empêcher.
Ignorant ma demande pour l'instant, Maman croisa les bras alors que Papa la rejoint près de la table d'examen, son front se froissant légèrement sous le capuchon de sa combinaison tandis qu'elle réfléchissait. Durand les quelques secondes qui suivirent je n'osai même pas respirer, la tension dans l'air si intense qu'elle en était quasi tangible au point de pouvoir être tranchée d'un coup de scalpel. Elle était soit en train d'intérieurement débattre de la meilleure façon de me réduire en morceaux ou de fomenter quelques sérieuses questions personnelles. Nulle possibilité ne semblait bien invitante.
Finalement, elle me tourna le dos, fouillant l'une des tables apparaissant dans le coin de mon champ de vision.
- Rien en ce qui te concerne n'a de sens, murmura-t-elle, mais était-ce pour moi ou pour elle je ne pouvais le dire.
- Je me fou de ce que je suis pour vous ; je ne vous laisserai pas mettre les mains sur moi, sifflai-je avec colère en tirant brusquement contre les sangles à nouveau, sentant un éclat de défiance remplacer, pour l'instant, la panique brute qui avait jusqu'à présent écarté la plupart de mes pensées. Pourquoi suis-je ici ? Qu'est-ce que vous m'avez fait ? criai-je de plus belle.
En rétrospective, perdre mon sang froid et la provoquer ainsi n'était probablement pas la plus judicieuse idée.
Le poing fermé de Maman s'abattit soudainement sur une sorte de bouton situé sur le côté de la table d'examen et, une fraction de seconde plus tard, mon dos s'arqua violemment au-dessus de la dure surface alors qu'une terrible déflagration de douleur me tordit les nerfs. Je ne pus retenir le surpris et lancinant cri qui quitta ma bouche sèche ; mes paupières se serrèrent si fermement que ça m'en fit mal, mais ce petit inconfort n'était rien comparé aux vagues de brûlante électricité qui assaillirent chaque atome de mon corps depuis les entraves de métal me sanglant à la table.
La douleur me sembla durer des heures. Puis, quelques secondes plus tard, la décharge se réduisit à un froid élancement qui pulsa sur chaque centimètre de peau tandis que je m'effondrai mollement sur la table, bafouillant et toussotant en cherchant mon air. Quelques secondes supplémentaires s'écoulèrent avant que je ne parvienne à entrouvrir mes yeux d'un vert surnaturel pour foudroyer mes parents du regard, respirant difficilement.
- C'est nous qui posons les questions, Phantom, me sermonna mon père d'un ton étonnamment doux.
Il y eut un faible, caoutchouteux claquement quand ma mère joignit les mains avant de se pencher sur moi. Je tentai faiblement de m'éloigner d'elle, sans succès.
- Explique, fantôme, pourquoi et comment les plus simples tests que nous avons performés il y a une heure alors que tu étais inconscient sont parvenus à réfuter plus de vingt ans de recherche, de données, de théories et de solides conclusions... Qu'es-tu ? Comment... fonctionnes-tu ?
À travers l'austère lumière fluorescente se réfléchissant sur le verre rouge de ses lunettes de protection, je pus voir les yeux de Maman s'endurcir sous davantage d'informulées questions.
- Tu ressembles à un fantôme. Tu agis comme un fantôme. Tu as les mêmes pouvoirs qu'un fantôme, et pourtant... soupira-t-elle avec frustration. Tu devrais, en tout sens, être un fantôme. Mais si nos résultats sont corrects... tu ne devrais pas l'être.
Frissonnant de la persistante douleur de ma précédente électrification et de ses accusations, je parvins à ravaler cette boule dure comme la pierre s'étant formée dans ma gorge. Une partie de moi voulait vraiment savoir de quels « résultats » elle parlait alors que tout le reste n'avait pas même le désir d'essayer de deviner. Je n'avais pas même dit quoi que ce soit durant cette dernière heure et ils en savaient déjà beaucoup trop.
- Je vous en pris... murmurai-je en détournant le regard, mes bras commencèrent à trembler. Laissez-moi partir. S'il vous plait.
Aucun de mes parents ne reconnurent ma supplique, mais le confus, curieux-tourné-avide regard sur leurs visages laissait facilement transparaitre leurs intentions. Je sus ce qu'ils allaient faire avant même que les minces gants de latex couvrant leurs mains ne parviennent à ma vue. Cette idée m'envoya une nauséeuse pointe de peur au creux du ventre qui parvint à se trancher un chemin à travers le brumeux supplice m'enrobant l'esprit, chaque petite parcelle de mon être se concentra sur la chose que j'avais la plus crainte durant la dernière année et demie.
Moi, l'énigmatique garçon fantôme, étais là pour jouer le « rat de laboratoire ».
