One-Shot : TOTGELIEBT
Lorsqu'il le prend dans ses bras, il ne ressent plus ce sentiment de plénitude qui s'emparait de lui autrefois. Il a disparu. Ils se savent unis mais menacés.
Ils ont vécu leur amour interdit cachés aux yeux des autres durant de longs mois et continuent à vivre comme des voleurs, consommant leur passion dans le mystère le plus total.
Parfois, le poids du regard, de la confidentialité, du secret impénétrable et impénétré devient trop lourd. Tom sait : il pourrait oublier.
En le voulant, il pourrait. Une séparation tranquille ? Jamais. Une plus violente, qui les briserait à jamais, oui. Il suffirait d'enfouir en eux leur passion, leur amour et leur passé. Prendre du recul, agir comme avant, comme des frères. Il en rêve.
Pourtant il sait que l'empreinte de l'histoire ne s'effacerait jamais : il n'en aurait seulement plus conscience mais elle sera là, tapie.
Et un jour, un jour maudit, les souvenirs ressurgiraient et, les cicatrices à vif, ils se perdraient inévitablement.
Pourtant Tom y pense. De plus en plus souvent et de plus en plus sérieusement. Il y pense, il réfléchit et Bill le sait. Bill le sent car ils ne se cachent rien, ne peuvent rien se cacher. Il sait que Tom, son frère, son jumeau, son amour, son amant, hésite.
« Tom. Ne me hais pas. Je t'en prie, ne me hais pas. Parce que je mourrai si tu le fais. Je mourrai si tu me hais. »
« Je te promets, tu ne seras jamais seul. Jamais. »
Le baiser se veut réconfortant : il fait du creux un abîme.
Le regard se veut consolant : il fait de l'appréhension une angoisse.
L'étreinte se veut passionnée : elle n'est que maladroite.
Chaque caresse rallume le feu de la blessure, chaque contact rappelle des souvenirs heureux. La douleur se fait plus vive, on la masque mais personne n'est naïf à ce point.
Pas de colère, pas de reproches. Il tombe juste, abattu. Abattu par ce bonheur qui s'effrite devant ses yeux sans qu'il ne puisse le retenir. Abattu parce qu'il voit son amour s'évanouir et la passion s'effondrer.
Et pourtant il plonge son regard humide dans celui identique de son frère et amant et ne souhaite qu'une chose au monde : rallumer cette flamme, ce goût d'interdit qui avait su le séduire autrefois.
Le destin s'est joué d'eux.
« On nous a donné un avant-goût du bonheur pour le retirer dans la souffrance. »
« Souffrance ? Je meurs de te perdre mais je ne peux rien faire. »
« Je t'aime toujours. »
« Je t'aime encore. »
Le cœur se brise. Les paroles sont sincères mais même leur amour n'est pas assez fort : tout s'écroule. Ils se croyaient libres mais ce n'était qu'une illusion : le monde entier se dresse contre eux, contre leur histoire.
« Je mourrai pour toi. »
« Je mourrai avec toi. »
« Alors mourrons. »
L'évidence qui apparaît comme unique solution. Pour freiner une décadence, stoppez-là, et stoppez-vous avec.
Ils se prêtent à rêver de deux âmes désœuvrées unies à jamais : si la vie n'est pas pour eux, la mort les accueillera.
Et soudain, tout devient limpide.
Un dernier baiser avant de s'élancer, et ils s'écrasent dans le néant.
Un cri comme une ultime déclaration, un renouveau de passion, une étreinte furtive et ils scellent leur destinée dans l'amour et le sang.
Ensemble … à jamais.
Wir ham uns totgeliebt.
Unser Traum in Trümmern liegt.
Die Welt soll schweigen
Und für immer einsam sein.
Wir sind verloren
Auch wenn die Mächte
Sich vereinen,
Es ist vorbei.
Und es bringt mich um.
Nous nous sommes aimés à mort.
Notre rêve est en ruines.
Le monde doit se taire
Et rester seul pour toujours.
Nous sommes perdus
Même si toutes les forces se réunissent,
C'est fini.
Et ça me tue.
Et ça me tue.
