Bonjour bonjour !

Voici un OS (qui restera à l'état d'OS cette fois-ci) qui m'a été demandé par Lealyn ! Les conditions étaient que ce soit un George / Hermione qui se déroule é Poudlard. Pour le reste, j'avais carte blanche et j'ai fait de mon mieux. Le titre n'a rien à voir, c'est une amie qui me l'a donné quand je lui ai dit que je n'avait pas d'idée. Au départ, cette histoire s'intitule "You", ce qui est plus clair que "Geranium" mais ne convient pas non plus...

Comme toujours, rien ne m'appartient en dehors du texte, ni les personnages, ni les lieux, etc.

Bonne lecture :)


12 décembre 1994

Hermione arpentait la salle commune de Gryffondor en agitant furieusement la boîte en fer qui contenait les badges de la S.A.L.E. En dehors de Ron et Harry qui n'avaient pas eu le choix, seuls Neville et quelques autres avaient apporté leur contribution -plus pour avoir la paix que par réelle adhésion. Les jumeaux Weasley avaient catégoriquement refusé et Hermione, vexée, leur jetait des regards incendiaires toutes les deux minutes.

George poussa un profond soupir lorsque la jeune fille passa près d'eux pour la cinquième fois et lui fit signe de s'asseoir à leur table.

« Hermione. Tu ne peux pas obliger les gens à adhérer à tes idées.

Fred semblait décidé à ignorer leur présence et la sorcière fit donc de même en s'adressant uniquement à celui qui daignait lui adresser la parole.

« Je n'oblige personne à adhérer, dit-elle avec une moue agacée devant l'air sceptique de son vis-à-vis. Mais vous ne vous y intéressez même pas. Vous ne m'écoutez même pas !

George fixa ses yeux bleus sur la sorcière qui lui faisait face. Il choisit ses mots avec soin pour la faire réfléchir sans la blesser, parce que c'était une amie de son frère mais aussi parce qu'il savait que son intelligence lui permettait de se remettre en question.

« Voilà ce que je te propose. J'achèterai un badge et je le porterai quand tu te mettras vraiment à la place des elfes.

« Mais c'est ce que je fais ! S'exclama la Gryffondor, outrée.

Le jeune homme eut un petit sourire.

« Non. Ce que tu fais, c'est t'imaginer toi, Hermione Granger, à la place des elfes, avec ton histoire et ton éducation. Tu ne peux pas accepter cette situation parce qu'en tant qu'humaine, fille de moldu, tu n'as pas été élevée comme ça. Je veux que tu te mettes à la place des elfes de maison, réellement, en tenant compte de leur statut, de leur histoire et de leur éducation et sans te baser sur des exceptions. Renseigne-toi sur les conditions de vie dans d'autres pays. Construit quelque chose de vraiment solide et si tu le veux, reviens me voir.

Hermione le fixa un moment sans rien dire.

« Tu porteras le badge ? Demanda-t-elle, sceptique.

« Oui.

« D'accord, fit-elle avant de se lever brusquement et de partir voir Harry.

Un moment plus tard, elle passait le trou du portrait sous la cape d'invisibilité pour se diriger vers la bibliothèque.

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25 février 1995

Un avion en papier vola à travers la salle commune de Gryffondor pour atterrir sur les genoux de la seule personne essayant de travailler. Hermione haussa un sourcil et déplia le projectile afin de lire le message.

Alors comme ça, tu es ce qu'il y a de plus cher aux yeux de Krum ?

Agacée, elle en fit une boule qui fit une jolie flamme en brûlant dans la cheminée et reprit son travail, de nouveau interrompue quelques minutes plus tard.

Ron est terriblement jaloux.

Le deuxième avion rejoignit le premier.

Et franchement, moi aussi.

La sorcière releva brusquement la tête pour parcourir la salle des yeux, mais l'expéditeur des missives volantes avait disparu. Le troisième avion fut plié et rangé entre deux pages d'un épais grimoire.

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27 juin 1995

George Weasley était connu, d'une part pour être toujours avec son jumeau et, d'autre part, pour être quelqu'un de drôle qui ne se prend pas au sérieux. Mais ne pas se prendre au sérieux ne signifiait pas qu'il était incapable de l'être quand la situation l'exigeait, ce qui était le cas -et la raison pour laquelle il entrait dans la bibliothèque à dix-huit heures alors que les examens de fin d'année étaient terminés. Il trouva ce qu'il cherchait sur une table au fond de la grande pièce, caché par quelques rayonnages encombrés.

Hermione ne releva pas la tête, soit qu'elle ne l'ait pas entendu, soit qu'elle l'ignore volontairement, le jeune homme n'en savait rien, mais il s'installa tout de même en face d'elle.

« Qu'est-ce que tu fais là, Hermione ?

La sorcière sursauta légèrement.

« Je travaille. J'étudie la position des elfes de maison en Allemagne et …

« Non, ce n'est pas ce que je veux dire. Tu ne devrais pas être avec Harry ?

« Je ne peux pas, George, souffla la Gryffondor en se prenant la tête dans les mains. Je n'y arrive pas.

Le silence régna quelques minutes, apaisant, laissant les morts, la douleur et les mages noirs loin de la pénombre tranquille abritée par les livres.

« Allez, viens. Tu ne vas pas rester cachée ici pour toujours !

Hermione suivit le sorcier jusqu'à leur salle commune et alla s'asseoir près de ses amis. Elle savait que sa place était à cet endroit, auprès du Survivant. Mais elle ne trouvait pas que c'était facile pour autant et personne ne semblait comprendre ça. Personne, sauf le Weasley inattendu venu la débusquer dans sa cachette.

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13 novembre 1995

Un sort particulièrement puissant et bien exécuté passa en sifflant à moins d'un millimètre de l'oreille gauche de George Weasley qui eu le réflexe salvateur de se jeter au sol tandis que Ron et Hermione se précipitaient vers lui en s'excusant. Fred l'aida à se relever en affichant un petit sourire goguenard et attrapa son petit frère par l'épaule pour reprendre l'entraînement. Harry leur avait demandé de changer de partenaire toutes les dix minutes pour ne pas s'habituer à une manière de combattre et Hermione, tout en approuvant l'idée, aurait donné n'importe quoi pour se retrouver ailleurs.

L'été passé entre sa banlieue moldue et le Square avec l'Ordre avait été assez éprouvant. Ses parents avaient demandé des explications qu'elle avait refusé de leur donner dans l'espoir de les protéger, ce qu'ils n'avaient pas bien vécut. Ils étaient encore fâchés lorsqu'elle était partie rejoindre les Weasley au Square et son humeur ne s'était pas améliorée en entendant les jumeaux se battre avec leur mère à propos de leur avenir, de leurs études, de l'Ordre… pour ne rien arranger, Ron lui en voulait toujours de son amitié avec Krum, même s'il avait finalement demandé -et obtenu- son autographe. Elle avait passé des journées entières réfugiée dans ses pensées jusqu'à ce que George, encore lui, ne la secoue. Et elle avait passé finalement bien plus de temps avec les jumeaux qu'avec ses deux meilleurs amis, parce que Ron était étouffant et Harry imbuvable à crier sur tout le monde.

Les vacances et Poudlard étant cependant deux choses très compartimentées dans l'esprit de la préfète, passer du temps avec ce Weasley-là à l'école lui paraissait étrange et la mettait légèrement mal à l'aise. Déconcentrée, elle ne vit le maléfice d'entrave lui arriver dessus qu'au dernier moment et tomba douloureusement sur le dos, la cheville droite inutilisable.

« Je t'ai connue plus attentive, Granger.

« Désolée de ne pas être parfaite, Weasley.

Le jeune homme rit légèrement et s'assit sur le sol, chevilles croisées et coudes sur les genoux.

« Comment vas-tu ? Souffla-t-il doucement.

« Ma cheville va se remettre.

« Hermione, coupa le sorcier en plantant ses yeux dans les siens. Tu sais très bien ce que je veux dire.

La jeune femme déglutit difficilement. Avait-elle envie d'aborder ce sujet au milieu d'une bande d'élèves hors-la-loi ? Pas vraiment. Pas du tout. Et si elle voulait vraiment être honnête avec elle-même, ce qu'elle était la plupart du temps, elle ne voulait pas en parler, dans cette salle ou ailleurs. Le monde autour n'était qu'un prétexte.

« Pas ici, chuchota-t-elle en jetant un coup d'œil affolé en direction de leur professeur.

Harry, cependant, était occupé avec Cho et ne leur prêtait pas la moindre attention, contrairement à Ron qui finit par être entravé à force de déconcentration. George sourit et se pencha vers la meilleure amie de son petit frère.

« D'accord, dit-il, on se retrouve dans la salle commune.

Ce qui signifiait, et Hermione le savait pertinemment, quand tous les autres seraient couchés.

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18 décembre 1995

Ombrage était prodigieusement détestée par à peu près tous les élèves de l'école et en avait autant pour eux. Le corps enseignant ne débordait pas vraiment d'affection non plus mais elle ne semblait pas s'en émouvoir et, à vrai dire, rien ne semblait la rendre plus heureuse que de punir ses élèves. Tous ceux qui prétendaient défier son autorité y avaient droit, c'était donc extrêmement logique que Fred et George rentrent un soir, la main droite en sang, les dents serrées à la fois de colère et de douleur.

Hermione leur amena un bol contenant de l'essence de dictame sans un mot, comme elle l'avait déjà fait pour Harry de trop nombreuses fois -Noël n'était même pas encore passé ! Elle s'assit sur un fauteuil en face des jumeaux avec un livre, retrouvant d'une certaine manière la trêve implicite de l'été passé au Square. Fred donna un léger coup de coude à son frère mais ce dernier se contenta de secouer la tête en signe de dénégation, une légère grimace sur les lèvres.

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14 janvier 1996

Les cours de Défense contre les Forces du Mal, ou plus récemment nommés par les jeunes sorciers les Vastes Blagues du Ministère, étaient devenus les moins aimés, ex aequo avec ceux d'Histoire de la Magie. Même Hermione trainait des pieds pour y aller, sa seule motivation résidant dans le fait de rester discrète pour ne pas alerter Ombrage de leurs activités illicites. Cela restait tout de même un calvaire et la goutte qui fit déborder le vase s'annonça sous la forme d'un nouveau chapitre à lire : Le Ministère protège la population sorcière.

« C'est de la propagande, marmonna la préfète.

Malheureusement pour elle, Ombrage passa dans l'allée à ce moment et l'entendit.

« Je vous demande pardon, mademoiselle Granger ?

Hermione voulait se taire et faire le dos rond. Vraiment. C'était ce qu'elle conseillait à tout le monde et ce qu'elle appliquait elle-même depuis la rentrée, mais elle se rendit soudain compte qu'elle n'en pouvait plus.

« Je dis que c'est de la propagande, répéta-t-elle plus fort, le dos droit et le regard déterminé.

Ombrage esquissa un sourire mielleux.

« Vous ne pensez pas que le ministère vous protège, mademoiselle Granger ?

« Pas vraiment. En fait, je me demande comment vous pouvez prétendre protéger qui que ce soit avec des livres et des tracts.

Le silence régna un instant dans la classe. Les Gryffondors étaient estomaqués par la réponse de leur amie, parce qu'elle avait dit qu'un livre n'était pas suffisant, parce qu'elle tenait tête à leur professeur, parce qu'elle était impressionnante.

« Vingt points en moins pour Gryffondor, mademoiselle Granger. Quelqu'un comme vous ne peut pas comprendre le fonctionnement de notre monde, ce n'est pas étonnant, ajouta-t-elle avec un air de dégout si prononcé que toute la classe grimaça.

Heureusement pour Harry et Ron, la cloche sonna au moment exact où ils bondirent de leur chaise.

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15 janvier 1996

George avait parcouru la totalité du château sans s'arrêter, maudissant Fred d'avoir pris la Carte du Maraudeur pour la journée, mais son jumeau était parti avec Lee pour monter une blague et lui avait assené que lui avait des choses plus importantes à faire. George avait bien essayé de protester, mais son frère lui avait désigné un coin de la salle commune où l'un des trois fauteuils habituellement occupés était vide et il avait dû en convenir. Il regrettait tout de même de n'avoir pas jeté un œil à la carte avant de partir, parce que Poudlard était vraiment grand et ça lui aurait fait gagner du temps de savoir où chercher.

« George ?

« Bon sang, Hermione ! ça fait trois heures que je te cherche !

« Pourquoi ? il s'est passé quelque chose ? Harry va bien ?

George se passa une main fatiguée sur le visage. Sur toutes les sorcières de sa connaissance, pourquoi avait-il fallut qu'il tombe sur la seule qui fasse toujours passer les autres avant elle ?

« Harry va bien. Toi, en revanche, je n'en suis pas persuadé.

« Je ne vois pas…

« Ombrage, l'interrompit le jeune homme.

Cela eut le mérite de faire taire la préfète. Elle détourna le regard en serrant les poings, luttant contre le mélange de colère et de tristesse qui l'habitait depuis la veille. Ce n'était pas juste que cette vieille harpie ait le pouvoir de lui faire mal, plus encore que Malfoy. Ce n'était pas juste qu'elle ait le pouvoir de torturer des adolescents, des enfants. Ce n'était pas juste de ne plus se sentir en sécurité dans une école qui avait jusqu'ici représenté tant de choses. Ce n'était pas juste, non plus, que les deux personnes dont elle attendait du soutien en premier lieu soient tranquillement assis alors qu'un autre la cherchait pour lui demandait si elle allait bien. Non, ce n'était pas juste, et ce n'était pas juste non plus de sentir une larme rouler sur sa joue alors qu'elle avait tenu le coup jusque-là.

George la serra dans ses bras sans un mot, debout au milieu du couloir.

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1 avril 1996

Les hiboux déferlèrent dans la Grande Salle avec le courrier du matin, déterminés à faire leur travail jusqu'au bout même si cela impliquait de s'évanouir dans un pichet de jus de citrouille, ce que fit Errol. Fred récupéra le hibou et détacha les deux petits paquets d'anniversaire avant d'étaler l'animal au milieu de la table. D'autres cadeaux leur parvinrent de la part de différentes personnes mais un hibou de l'école se posa devant George, un seul paquet dans les pattes. Un cadeau pour lui seul, sans rien pour son jumeau. Un cadeau sans signature ni expéditeur.

Le Gryffondor chercha Hermione du regard sans la trouver. Il esquissa un sourire doux et glissa le paquet dans une de ses poches, à l'abris des regards et des questions.

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15 mai 1996

Hermione faisait sa ronde dans les couloirs, l'esprit un peu ailleurs. Les cachots n'étaient pas son endroit préféré mais il fallait en passer par là pour ensuite remonter et se pelotonner dans un fauteuil de la salle commune, vide ou presque, devant la cheminée. La préfète pensait à l'année qui touchait à sa fin et à tout ce qui c'était passé : la création de l'AD, les gallions qui chauffaient dans leurs poches, les décrets d'éducation qu'ils bravaient allègrement au nez et à la barbe de tout le personnel. Il y avait eu aussi l'interdiction de quidditch de Harry et des jumeaux, les retenues et les expulsions, mais la sorcière voulait se souvenir des bonnes choses. Il y avait eu des moments, cette année, qui l'avaient fait grandir à la dure tandis que d'autres l'enveloppaient dans un voile de coton chaleureux et c'étaient ceux- là dont elle voulait se souvenir.

Des pas dans le couloir derrière elle la firent revenir à la réalité. Elle était devant le bureau du professeur Rogue et elle avait beau avoir tous les droits d'y être, les Serpentards, Rusard ou Ombrage n'en tiendraient pas compte et se feraient une joie de la punir. Une main surgit soudain derrière la porte du bureau et la tira brusquement à l'intérieur avant de fermer le battant et de le verrouiller d'un sort. Elle se retrouva contre un mur, une silhouette masculine la maintenant immobile alors qu'ils écoutaient les pas décroitre dans le couloir. Lorsqu'ils furent certains de ne plus rien risquer, le jeune homme s'éloigna quelque peu et la préfète haussa un sourcil, hésitant entre la surprise et l'amusement.

« George ? Que fais-tu là ?

« Je te cherchais, répondit le sorcier en chuchotant, un large sourire aux lèvres à peine perceptible dans l'obscurité de la pièce et une impression de déjà-vu tenace.

« Il suffisait de m'attendre en haut, répondit la Gryffondor sur le même ton.

Quelle que soit la raison de son ami pour lui courir après dans tout le château, elle n'avait aucune intention de lui faciliter la tâche et le jeune homme le savait parfaitement.

« Dans la salle commune ? avec tous les autres autour ? tu n'as peur de rien !

« Pourquoi devrais-je avoir peur ? demanda Hermione d'un air innocent qui ne trompait personne.

George fit semblant de réfléchir, un doigt sur le menton.

« Hmmm… Peut-être parce que Ron est ton meilleur ami, même si lui ne voit pas les choses comme ça, et qu'il vivra mal le fait que tu sortes avec son frère ?

La préfète ouvrit la bouche pour protester à propos de Ron mais fut incapable de produire le moindre son en entendant la fin de la phrase. Il n'y avait jamais rien eu d'établi ni de clair, juste une série de moments et de gestes mais elle devait bien avouer, en y réfléchissant, que cela faisait bien longtemps qu'il n'y avait plus rien d'innocent là-dedans. Ce n'était pas pour autant qu'elle allait rendre les choses faciles.

« Son frère ? lequel ? Bill, Charlie, Percy, Fred ? Ou… toi ?

« Percy ? vraiment ?

« Ok, non, pas Percy, déclara Hermione en retenant un rire.

« Espèce de sorcière, murmura le jeune homme en lui saisissant le menton délicatement.

« Et plutôt talentueuse, sans me vanter, souffla Hermione avant que son esprit décide de s'en aller loin, très loin du château.

Le retour jusqu'à la salle commune resta très flou dans sa mémoire.