Shizuna était la femme la plus heureuse du monde. Elle était née tout près de Tokyo et n'avait jamais quittée son village mais peu importe, elle s'y plaisait plus que nul part ailleurs. Elle avait connue son compagnon au lycée, le coup de foudre comme on dit. Pendant longtemps elle n'y avait pas cru mais lorsque ses yeux s'étaient posés sur Taisuke elle avait bien dut admettre que parfois l'amour né en une fraction de seconde. Même si les mois et les annèes qui suivent participent à son évolution. Aujourd'hui, à bientôt 25 ans, Shizuna était une femme comblée. Son boulot dans une petite entreprise suffisait largement à ses dépenses, toutes ses amies avaient une bonne situation. Pour couronner le tout...elle allait se marier. Elle-même n'arrivait pas à y croire. La jeune femme éclata de rire en repensant à la tête qu'avait fait sa mère avant de fondre en larmes. La petite Shizuna devenait une adulte pour de bon cette fois. Mais une perspective l'a rendait presque encore plus heureuse que celle de devenir Mme. Sarutobi...quoi qu'elle ne devait pas trop espérer ! Après tout les jeux comme ça ne débouchaient presque jamais sur rien. "Combien de personnes jouent toute leur vie sans jamais gagner une seule fois ?" C'était ce que lui répètait Taisuke à longueur de journée depuis qu'il lui en avait parlé la première fois. Mais c'était déjà trop tard. Comment ne pas espérer lorsque la chance de rencontrer de près votre idole était à votre portée ? Le problème était qu'elle ne devait sûremment pas être la seule dans la course. Pourtant elle espérait...et en parlait tout le temps ! D'ailleurs, Taisuke commençait presque à regrétter d'avoir souscrit son inscription pour faire une surprise à sa futur femme. Il aurait mieux fait d'attendre de savoir la réponse avant de lui en parler ! Maintenant Shizuna était devenue une vraie boule de nerf qui répètait à chaque seconde ce qu'elle dirait à Yuya Tegoshi si elle le rencontrait. Car le jeu était simple : il suffisait de s'inscrire et celui ou celle qui avait été tiré(e) au sort receverait un appel de l'idole de son choix pour un rendez-vous...Taisuke savait parfaitement que sa futur femme était complètement raide dingue de Tegoshi et avait donc eut l'idée de l'inscrire comme cadeau de mariage. S'il gagnait, Shizuna serait au courant, s'il perdait elle n'en serait rien et il achèterait un vrai cadeau. Sauf que la méche avait été vendue. La jeune femme l'avait apprit et était devenue complètement surexcitée. Taisuke n'y avait jamais vraiment cru, s'étant déjà préparé à recevoir une réponse négative mais maintenant que Shizuna était dans la partie ce n'était plus pareil. Il avait beau dire ce qu'il voulait, elle finissait toujours par retrouver son optimiste légendaire. Heureusement pour lui, aujourd'hui c'était le résultat du tirage au sort. Tout allait enfin finir et il ne se faisait pas vraiment d'illusions. Ce qui n'était vraiment pas le cas de Shizuna. Cette dernière passa devant lui pour attraper une tasse de café. Tout dans son comportement laissait présager qu'elle était comme une pile surevoltée : son sourire béat à chaque seconde, son regard qui pétillait, ses mouvements saccadés. Jamais elle n'avait été aussi belle...mais jamais elle n'avait été aussi épuisante. Souriant devant celle qu'il aimait, il se contenta d'ouvrir le journal avant que sa futur femme ne dépose un baiser sur sa joue.
- A ce soir. Si je suis prise je t'appels, ne ?
- Shizuna !
- Oui oui je sais, je ne dois pas trop espérer. Mais on n'a toujours eut de la chance jusqu'à prèsent, ne ? Pourquoi le ciel nous lâcherait-il maintenant ?
Taisuke sembla prendre une minute pour réflèchir avant d'hausser les épaules.
- Pourquoi ne le ferait-il pas ?
Shizuna éclata de rire en fronçant les sourcils avant de déposer un deuxième baiser, cette fois sur ses lèvres.
- A ce soir.
- Ouai ouai. Fais attention à toi !
- Comme toujours ! Souhaites-moi bonne chance...
- Si ça continue je vais croire que tu aurai préfèrée l'épouser lui plutôt que moi !
- Qui sait ?
Taisuke fit semblant de vouloir l'arroser avec son café avant que sa futur femme ne s'échappe en riant aux éclats. Une fois qu'elle eut frenchit la porte d'entrée, un silence presque iréel naquit dans la maison. Le jeune homme esquissa un sourire, reprenant sa lecture. Shizuna, de son côté, entra en trombe dans sa petite twingo noir. Mettant rapidement le chauffage, elle sortit du garage toute guillerette. Il n'y avait qu'une veingtaine de minutes de route entre chez elle et là où elle travaillait pourtant Shizuna adorait ce moment. Bien sûr elle préfèrait plus que tout être avec son futur époux mais quelques minutes de solitude par jour ne faisaient pas de mal. Au contraire, la jeune femme pouvait alors réflèchir sur sa vie au calme, sans personne pour la sortir de sa rêverie. Car il fallait l'avouer, elle était très rêveuse...ce qu'on lui repprochait d'ailleurs souvent. Alors elle profitait de tout son être de ces veingtaine de minutes où il n'y avait qu'elle...et elle. C'était largement suffisant. Prenant la petite nationale de campagne qu'elle connaissait si bien et qui était si peu fréquentée à une heure aussi matinale, Shizuna s'accorda alors une petite pause musique. Au programme : Yuya Tegoshi et Tegoshi Yuya du début à la fin ! Favoritisme ? Non...ou alors juste un peu. Montant le volume à fond pour "Ai Nante", la jeune femme commença alors à fredonner les notes de sa chanson préfèrèe. Le refrain allait arriver quand son portable se mit à vibrer, donnant des bruits lourds sur le tableau de bord. Sursautant en sentant son coeur se mettre à battre à cent à l'heure, Shizuna paniqua complètement. N'arrivant pas à lâcher son volant elle se mit à gémir comme une hystérique avant de saisir son télèphone avec brutalité. On n'aurait presque dit une groupie de quinze ans ! La jeune femme ferma les yeux à peine quelques secondes le temps de respirer profondèment avant de regarder l'écran de son portable. Le nom de la personne en train de l'appeler s'afficha et elle écarquilla les yeux, tétanisée. Soudain, des phares l'aveuglèrent. Poussant un cri, elle releva la tête, ne sachant plus sur quelle côté de la route elle était. Son télèphone lui échappa des mains et atterit sous sa pédale de frein, l'empêchant d'appuyer dessus. Donnant un violent coup de volant, elle essaya d'échapper au camion qui lui faisait à prèsent face mais ne réussit qu'à perdre totalement le contrôle de son véhicule. Subitement un coup de klaxon la fit sursauter, lui faisant tout lâcher. Elle cria une dernière fois en fermant les yeux...puis ce fut le néant.
Taisuke était assit sur une chaise très peu confortable. Ses vêtements étaient trempés car le temps semblait s'acharner à vouloir noyer le monde entier dehors. Son regard était vide, son corps était figé comme une statue. Aucune vie n'émanait de lui car aucune vie n'existait encore dans son coeur. Comment peut-on survivre à la personne qu'on n'aime plus que tout ? Comment peut-on espérer de nouveau sourire ou rire ? Comment peut-on imaginer aimer quelqu'un d'autre aussi fort ? Taisuke fut sortit de ses pensèes par un medeçin passant les portes battantes au-dessus desquelles était écrit "Morgue". Pourtant ses yeux ne se levèrent même pas vers celui qui s'approcha de lui. Sa seule réaction fut lorsque ce dernier lui donna un petit sac en lui disant que c'était les affaires personnelles de Shizuna. Taisuke ne répondit pas, ne sourcilla pas. Seules quelques larmes coulèrent sur ses joues. Plusieurs heures plus tard il était toujours là, toujours incapable de bouger et seul...si seul. Son regard hagard se posa soudain sur la petite pochette qu'il avait dans ses mains. Fonctionnant comme un robot, il l'ouvrit pour la vider sur la chaise d'à côté. Alors voilà tout ce qui restait de la vie de celle qu'il avait aimé de tout son coeur. Un collier en forme de coeur brisé dont Taisuke avait l'autre moitié autour du cou, la bague de fiancaille que le jeune homme lui avait offert il y avait quelques semaines et son portable...allumé. Se saisissant lentement de l'appareil, il l'ouvrit d'un air absent avant que ses yeux ne se fixent sur l'écran lumineux. Quelque chose de noir sembla naitre dans son regard et dans son coeur alors que ce nom qu'il avait si souvent entendu apparaissait devant lui. Le portable n'avait qu'un seul message : "4 appels manqués, Yuya Tegoshi".
Deux mois plus tard :
- Oui oui j'arrives c'est bon !
Très stressé et au bord de l'énervement, Yuya laissa tombé ce qu'il essayait de terminer pour enfin aller ouvrir. S'adossant contre le battant de la porte, il fronça les sourcils lorsque ses yeux se posèrent sur son meilleur ami.
- Massu !
Ce dernier lui envoya son plus beau sourire avant de rire nerveusement.
- Et oui, c'est moi...
- Encore !
- Eh oui...
- Qu'est-ce tu veux ? Encore !
- Les autres ne sont pas encore arrivés ?
- Hé ?
Profitant de la confusion de Tegoshi, Takahisa entra en trombe dans l'appartement de son ami. Le cadet y avait emmènagé il y a trois mois et malgré ce qui s'était passé, il y était resté contre l'avis de tout le monde. Ecarquillant les yeux en ne voyant plus Masuda, Yuya s'exclama, exaspérè.
- MASSU !
- Tu avais bien dis que ce soir on se réunissait tous chez toi, ne ?
Masuda semblait si passionné dans ce qu'il disait, si sûr de lui que Tegoshi ne put que sourire de lassitude.
- C'est surtout dans ta tête que ça se passe !
- Il y a pas de dinner ?
- Non...
- Pas de rendez-vous ?
- Non...
- Ah...
- Ah ?
Yuya ouvrit la bouche en grand, les yeux fronçés. Takahisa lui envoya son regard le plus innocent.
- Quoi ? Tu ne vas pas me mettre à la porte tout de même ?
- Massu...On sait très bien tous les deux que tu as inventé cette excuse de toute pièce !
- Héééé ?
- Arrêtes de faire l'innocent ! Hier c'était soi-disant pour réparer ma télè qui allait très bien...
- Mais je croyais avoir entendu que t'avais des problèmes...
- Avant-hier c'était pour réparer l'évier...et ainsi de suite !
Masuda fit une moue, regardant ailleurs le regard triste.
- Si t'aimes pas me voir dis-le tout de suite et je m'en vais !
Se relevant d'un coup il fit de la peine à Yuya qui capitula, inquiét de l'avoir vexé.
- D'accord...tu peux resté ! Mais tu pars avant que la nuit ne tombe, ne ?
- Comme toujours !
- T'es resté dormir la semaine dernière !
- J'avais mal au ventre, c'est dangereux pour conduire tu voudrais pas que j'attrape un accident à cause de toi ?
Le sourire chaleureux de Massu se figea alors qu'il prenait conscience de ce qu'il disait. Tegoshi, lui, le fixa un moment avant de lui envoyer son plus beau sourire, un voile pourtant devant les yeux.
- Oui ça serait un peu du déjà vu, ne ?
Yuya se dirigea alors vers la cuisine tandis que Takahisa se relevait, paniqué et gêné.
- Je...je suis désolé !
- C'est rien...
- Je suis vraiment qu'un imbécile !
- Massu !
- Un idiot et un imbécile !
- MASSU !
Takahisa sursauta. Tegoshi éclata d'un rire léger, le regard tendre.
- Tu parles trop !
Ils se regardèrent un moment avant que Masuda ne sourit de nouveau. Il s'approcha alors de la cuisine américaine de son ami tandis que ce dernier préparait le repas sur le plan de travail.
- Il y a quoi au menu ce soir ?
- Ramens !
- Hé ? Mais c'était déjà ça hier soir !
- Si t'es pas content la porte est grande ouverte !
Le regard de chien battu de Takahisa plongea dans celui de Yuya qui se figea avant de tapper du pied sur le sol, les lèvres pinçées.
- Ah arrêtes de me regarder comme ça !
- Personne ne me résistes quand je fais ce regard là !
Tegoshi fronça les sourcils, peu convaincu. Aussitôt, Masuda refit le même mannège avant que son ami ne s'avoue désarmé.
- D'accord ! Tu es irrésistible ! Ca te vas ? Monsieur est content ?
- Hum t'as pas d'autres compliments en réserve ?
Yuya éclata de rire en prenant un regard taquin.
- Tu es beau, musclé, les épaules assez larges, de beaux cheveux, un regard à faire chavirer les coeurs, un sourire irrésistible, de grosses joues...
- DE GROSSES JOUES ?
S'exclama soudain Takahisa, outré. Le visage de Tegoshi devînt écarlate alors qu'il sursautait.
- Heu...de très belles joues ?
- Ah laisses tomber tu m'as blessé !
Sous le regard térrorisé de Yuya, Massu alla s'assoir comme un pantin sur son canapé. Tout gêné, le plus jeune s'approcha lentement. Une fois arrivé à ses côtés, il commença à tirer sur les vêtements de Takahisa pour que ce dernier le regarde enfin. Mais son ami ne répondait toujours pas. Tegoshi commença à gémir, la voix toute penaude.
- Massu...
Masuda fit exprès de tourner sa tête de l'autre côté. Yuya rouvrit alors la bouche, réflèchissant.
- T'as dis une boulette, moi aussi...on n'est quittes, ne ?
Takahisa sembla peser le pour et le contre avant de regarder de nouveau Tegoshi, un grand sourire chaleureux sur les lèvres.
- D'accord !
- J'y crois pas ! Tu me harcèles chaque jour et c'est moi qui dois faire en sorte que tu ne m'en veuilles pas !
Levant les yeux au ciel Yuya allait repartir vers la cuisine quand les bras de Masuda le saisirent à la taille. Le prenant au dépourvu, l'ainé le fit basculer sur le canapé avant de se mettre à le chatouiller. Aussitôt, Tegoshi se mit à hurler, gigotant dans tous les sens. La seule réponse à son malheur fut le fou rire de Takahisa. Très vite, l'amusement tourna à l'acharnement puisque Yuya commença à ébouriffer les cheveux de Masuda. Ce dernier répondit en le griffant inconsciement à la taille. S'exclamant soudain, Tegoshi se releva en quatrième vitesse, surprit. Son ami ne l'en empêcha pas, trop inquiét de lui avoir fait mal. C'était typique...dès que Yuya faisait semblant d'être blessé son ainé arrêtait tout ce qu'il faisait pour se rassurer sur l'état de santé du plus jeune. Et ca durait depuis deux mois...Relevant son t-shirt pour dénuder son ventre, Tegoshi se mit à crier d'une voix suraigüe, cherchant une quelconque marque rougâtre sur sa peau.
- TU M'AS GRIFFE ! GRIFFE ! TU T'ES PRIS POUR UN CHAT OU QUOI ? J'ALLAIS PAS T'ARRACHER LES CHEVEUX !
Yuya hurla pendant plusieurs minutes avant que l'absence de réponse de son ami ne l'intrigue. Relevant la tête, il remarqua alors que Masuda semblait fixer quelque chose sur son ventre. Son regard était tétanisé alors que ses lèvres étaient entrouvertes. Suivant ses yeux, Yuya tomba alors sur la fine marque qu'il avait sur le côté droit. Comprenant aussitôt pourquoi son ainé semblait si choqué, Tegoshi voulut rabaisser son t-shirt mais la voix de Masuda l'en empêcha.
- Attends !
Ce n'était qu'un murmure pourtant Yuya l'entendit. Quelque peu surprit, il garda son t-shirt relevé avant de pencher légèrement la tête sur le côté, observant Massu.
- Est-ce que ça va aller ?
Takahisa éclata de rire. Un rire faible alors que ses yeux étaient toujours bloqués sur la marque de Yuya.
- Ce n'est pas moi qui est faillit mourir ce soir là...
- Massu...
Commença Tegoshi mais il ne trouva rien à dire. Soudain, Masuda leva sa main, semblant vouloir faire quelque chose mais finalement il abandonna très vite. Yuya fronça les sourcils avant de lui faire son plus beau sourire. Se baissant légèrement, il attrapa les doigts de son ami avec les siens avant de les faire doucement entrer en contact avec sa peau, là où était sa marque. Takahisa se laissa faire, le corps soudain tremblant. Lorsque le bout de ses doigts éffleura la peau de Tegoshi, il se sentit sursauter. Il dut attendre plusieurs minutes avant que sa respiration ne redevienne stable au lieu de celle sifflante et saccadée qu'il avait. Mais son cadet avait fait ses gestes d'une façon rassurante et lente, le méttant en confiance. Lorsque Yuya fut sûr que son ami s'était remit du choc, il entrouvrit les lèvres, ne lâchant pas l'étreinte chaleureuse qu'il avait sur la main de Masuda. Un sourire complice flottait sur ses lèvres.
- Tu vois tu n'as rien à craindre...Je ne vais pas m'écrouler juste parce que tu m'as touché...
- J'ai faillis perdre mon meilleur ami ce soir là...
Le sourire de Tegoshi se dissipa lentement alors que Masuda commençait à carrésser avec une lenteur infinie la marque sur la peau de Yuya. Ce dernier écarta légèrement ses doigts, remarquant que la main de Takahisa tenait toute seule à prèsent. Masuda semblait enfin avoir accepté l'idée de toucher Tegoshi. Ce dernier rouvrit la bouche, observant attentivement les gestes de Takahisa.
- Mais je vais bien, grâce à toi. Tu m'as sauvé la vie !
- Il y avait tellement de sang...
- Massu...
- Et j'ai appuyé sur ta peau...comme ça...
Joignant les gestes à la parole, Masuda appuya légèrement sur la peau de Yuya. Ses lèvres restèrent entrouvertes alors que ses paupières papillonnaient lentement. Tegoshi eu un léger rire, essayant de faire revenir son ami dans le prèsent.
- Tu as appuyé beaucoup plus que ça !
- Mais le sang coulait toujours...
- Massu tu as diminué l'hémoragie. C'est le médeçin qui nous l'a dit et c'est ce qui m'a sauvé...avec...
- Le bouche à bouche...
Yuya ne dit plus un mot, un sourire quelque peu gêné sur le visage. Takahisa choisit ce moment pour lever enfin les yeux vers son ami, observant plusieurs secondes ses lèvres avant de remonter. Leurs regards se croisèrent, chacun semblant se remémorer ce qui s'était passé ce soir là...même si pour Tegoshi c'était très flou. Soudain, Masuda éclata de rire.
- Tu sais que je reçois encore chaque jour des lettres de groupies qui me disent qu'elles sont heureuses qu'on se soit enfin embrassés !
- Héééééé ?
- Elles croivent qu'il y a quelque chose entre nous...
- C'est pas nouveau ça !
- Le fait de t'avoir "embrassé" devant tout un public a dut donner un nouveau coup de pousse aux rumeurs.
Yuya éclata à son tour de rire avant de froncer les sourcils.
- Sauf que ce n'était pas un baiser...elles sont quand même du genre à exagérer un petit peu !
- Beaucoup tu veux dire...
- Beaucoup...
- On n'est meilleurs amis c'est déjà pas mal !
- Meilleurs amis...
Répèta Tegoshi, un sourire chaleureux sur les lèvres et la tête toujours penchée sur le côté. Ses yeux n'avaient pas quittés ceux de Takahisa qui parut perdre son sourire une fraction de seconde avant de le retrouver. Soudain l'ainé se mit à rougir brutalement, revenant à la réalité. Yuya éclata de rire alors que Masuda dégageait lentement sa main après avoir une dernière fois vérifié que la peau de son ami cicatrisait bien. Ce dernier décida d'embêter un peu plus Takahisa.
- Alors docteur ? Est-ce que je vais bien ?
Masuda fronça les sourcils en grognant légèrement.
- D'accord ça va ! Je m'inquiétes un peu trop...
- UN PEU ? S'exclama Yuya, scandalisé. TU PASSES TOUTES TES JOURNEES CHEZ MOI !
- D'accord ! Je m'inquiétes beaucoup !
- Sans aucune raison !
- ...
- Massu !
- Si j'ai mes raisons !
Le ton soudain ferme et dur de Takahisa surprit Tegoshi qui fit de grands yeux. Masuda se releva alors lentement, plongeant un regard brûlant et brillant dans celui de son ami.
- Alors que ma vie était parfaite j'ai faillis perdre mon meilleur ami en quelques secondes ! J'ai dut boucher sa plaie avec mes doigts pour que le sang s'arrête de couler ou tout du moins diminue ! J'ai dut lui faire un massage cardiaque pour que son coeur recommence à battre ! Je sais que j'en fais un peu trop...mais tu ne peux pas m'en vouloir d'avoir peur à chaque seconde de la journée qu'il revienne et recommence...
Yuya baissa la tête, coupant leur échange. Takahisa savait qu'il détestait en parler mais lui en avait besoin. Lui n'avait pas été forçé d'aller voir un psy pendant plusieurs heures.
- Il est là...quelque part et tant que la police ne l'aura pas retrouvé je continuerais à venir t'harceler tous les jours ! Tu sais le pire ? C'est qu'à chaque fois que je frappe à ta porte j'ai peur de te retrouver te vidant de ton sang comme cette fois-là et...
Mais Masuda ne put continuer, soudain enlaçé à la taille par les bras de Tegoshi qui le sérra de toutes ses forces. Takahisa resta les lèvres entrouvertes alors que Yuya rafermissait sa prise, le visage niché dans le cou de son ami.
- Je suis désolé...
- Hé ?
- Je te causes beaucoup de soucis...je t'inquiétes tout le temps...même si c'est aussi de ta faute t'es trop sensible !
- Tego !
- Il va falloir qu'on trouve quelque chose pour remédier à ça ! Je ne veux plus que tu passes ton temps à avoir peur pour moi !
- A ce propos...
Fronçant les sourcils, Tegoshi recula légèrement sa tête de sorte de regarder Massu dans les yeux. Yuya n'était pas idiot, il savait que si son ami prenait des gants pour dire ce qu'il avait à dire c'est que ça ne lui plairait sans doute pas. Takahisa regarda en l'air avant d'ouvrir de nouveau la bouche.
- Voilà ma plomberie a quelques problèmes chez moi alors...je me suis dis que je pourrais venir ici pendant quelques jours ?
- Héééééééééé ?
Sous le choc, Yuya s'écarta complètement de Masuda, le fixant avec des yeux écarquillés. Takahisa reposa son regard sur lui, déterminé comme jamais.
- Hier j'ai emmené un pyjama que j'ai caché dans la chambre d'ami...je passerais chez moi prendre le reste de mes affaires demain...
- Je rêve où t'as déjà tout prévu ?
- Tu rêves...
- Je n'ai pas mon mot à dire ?
- Si, bien sûr que si ! Je ne vais pas m'incruster chez toi comme ça sans te prévenir, ne ?
Tegoshi le fixa un long moment, la bouche ouverte avant de gémir en se cachant le visage dans les mains. Savourant sa victoire, Masuda fit son plus beau sourire avant de sautiller d'un pas guilleret jusqu'à ce qui était à prèsent sa chambre. Soudain son portable se mit à sonner, le faisant sursauter. Se trémoussant dans tous les sens, il finit par le sortir de sa poche et l'ouvrit.
- Moshi moshi ?
- T'es où ?
- Ryo !
- T'es où ?
- Heu...
- ENCORE CHEZ MOI !
Cria Yuya en passant derrière son ami. Takahisa lui lança un regard noir avant de se préparer mentalement à l'attaque qu'il allait subir.
- ENCORE !
- Ryo, arrêtes d'hurler !
- Oh Yamapi t'avais raison, il est encore fourré chez Tego !
- Ah tu vois ! Je te l'avais dis ! Shige t'as perdu, passes l'argent !
- Ouai Shige vides ton porte-feuille !
Masuda leva les yeux au ciel alors que Ryo enfonçait un peu plus Shige suivit de près par Koyama.
- Yattah j'ai gagné aussi !
- On n'a tous gagnés ! Le seul qui a perdu c'est Shige comme d'habitude !
- Ryo je crois qu'on n'a compris !
- Ah mince je t'avais oublié la boulette de pâtte cuite à la vapeur !(Massu)
- ...
- Bon qu'est-ce que tu fou encore chez Tego ? Je croyais qu'on n'avait décidé d'arrêter de l'étouffer !
- ALORS QU'EST-CE QUE TU FAISAIS CHEZ MOI CE MATIN ?
Takahisa éclata de rire alors que Yuya hurlait de nouveau. Nishikido se mit à grogner à l'autre bout du fil.
- Arrêtes de rire ma voiture est tombée en panne devant chez lui, baka !
- Ben voyons !
- Au moins mon excuse était mieux que celle de Yamashita !
- Et c'était quoi ?
- BESOIN DE PARLER DE SES PROBLEMES EN MATIERE DE FILLES !
Cria Tegoshi de la cuisine à prèsent.
- Ah ouai c'était pas très recherché !
- BEN YAMAPI PARS-PAS COMME CA ! Enfin bref tu sors de chez Tego tout de suite ou sinon on lui dit de porter plainte pour harcèlement !
- Je ne peux pas...
- Pourquoi ?
- Ma plomberie ne marche plus et Tego m'a gentiement proposé de venir passer quelques jours chez lui le temps que les techniciens me la répare.
- Oh le con ! YAMASHITA T'AS ENTENDU CA ? POURQUOI ON N'Y A PAS PENSE NOUS AUSSI ?
- Peut-être parce qu'à cinq chez lui, il aurait sentit l'arnaque !
- Ah ouai pas mal la boulette de pâtte !
- Arrêtes de m'appeler comme ça !
- T'avais qu'à dire quelque chose de plus intélligent lors des concerts à Taiwan !
- Tss !
- N'essayes pas de changer de sujet de toute façon ! Tu as peut-être eu le petit morveux avec ton excuse débile mais ça ne prend pas avec tes ainés !
- Ah ouai ?
- Ouai tout à fait ! On sait très bien que t'as tout inventé !
- Tego aussi le sait !
- Héééééééééééé passes le moi !
Poussant un long soupir, Masuda se dirigea vers Yuya qui l'acceuillit avec son sourire le plus moqueur.
- Ryo ?
- Ouai il veut s'assurer que je ne te harcèles pas !
Tegoshi prit le télèphone en riant.
- Moshi moshi ?
- Tego ? Comment ça va ? Tu dors bien la nuit ? T'as reçu aucun truc bizarre ? Rien d'inabituel ?
- Ryo...
- Si je te demandes ça ce n'est pas pour moi, ne ? C'est pour Yamapi qui se morfond dans son coin depuis tout à l'heure !
- Ben voyons...
- Enfin bref ! Si la boulette de pâtte t'éfouffes trop tu nous appels, ne ? T'hésites pas !
- Pour que vous trouviez le moyen de venir vous aussi dormir ici ? Non merci !
Takahisa lui fit le signe de la victoire plusieurs fois, sautillant comme un bien heureux. La voix de Ryo s'éleva de nouveau, mennaçante.
- Dis à la boulette de pâtte que si elle se fou de moi je la tuerai !
- Trop tard...
Nishikido se mit à grogner comme un animal sauvage tandis que Yuya fronçait les sourcils.
- Bon ben à plus alors...
- ATTENS !
- Quoi ?
- Ton télèphone est coupé, on n'a essayés plusieurs fois de t'appeler mais il y a même pas de tonalité.
Les paupières de Tegoshi papillonnèrent nerveusement alors qu'il béguèyait sans émettre un mot. Masuda plissa les yeux, semblant chercher de quoi il parlait. Yuya rouvrit la bouche.
- J'ai mal raccroché la dernière fois que tu m'as appelé !
- Tss sale mioche irrespectueux !
- Bonne nuit Ryo-chan ! Passes le bonjour aux autres aussi !
Sans laisser le temps à son interlocuteur de répondre, Tegoshi referma le portable, coupant la conversation. Aussitôt, Takahisa lui sauta dessus, lui criant dans les oreilles en riant.
- Ah comment tu t'es bien défendu ! C'est bien je suis fière de toi !
- Tu me prends pour un gosse là ?
Comprenant que Yuya lui en voulait encore pour s'incruster sans lui laisser le choix, Masuda fit de grands yeux en levant les mains pour bien lui montrer qu'il ne le touchait plus. Tegoshi retourna à la cuisine avant de tapper dans ses mains, un léger sourire espiègle sur le visage.
- Allez à table !
- YOSHHHHH !
Se retournant pour la énième fois dans son lit, Masuda bailla une fois de plus, se frottant les yeux. Décidèment il n'arrivait vraiment pas à dormir, quoi qu'il essaye de faire. Un coup d'oeil au réveil lui fit savoir qu'il était un peu plus de deux heures du matin. Il se mit à gémir en pensant à la mine qu'il aurait le lendemain...ou plutôt dans quelques heures. Et dire que c'était pourtant le jour où ils retravaillaient enfin...après deux mois de congés. Baillant encore une fois, il gigota dans tous les sens, à bout de nerf. Soudain un bruit le fit se figer. Fronçant les sourcils, il préta une oreille attentive à ce qui se passait autour de lui. Apparemment, Yuya semblait s'être levé pour aller dans la salle de bain, sûremment au toilette. Ca aurait été anodin s'il n'y avait pas été en courant, arrachant un sourire affectueux à Masuda. Sourire qui s'effaça aussitôt que Takahisa commença à attendre des bruits étranges. Si au début la situation paraissait tout à fait normal, elle devînt tout à coup inquiétante lorsque l'ainé crut entendre son cadet se mettre à renvoyer ce qu'il avait dans le ventre. Plusieurs fois, Yuya sembla être sur le point de recracher ses poumons, agonisant presque. Plusieurs fois, Masuda sursauta avant de se tétaniser aux sons de son ami. Puis vînt les sanglots...horribles, déchirants et sans fin. Le coeur de Takahisa sembla se briser plusieurs fois en mil morceaux alors que des larmes venaient couler sur ses propres joues. Ca dura pendant plusieurs longues et abominables minutes qui parurent être des heures pour l'ainé. Lorsque Tegoshi sembla avoir vidé toutes les larmes de son corps, ce ne fut plus que des plaintes. Des plaintes saccadées, destructrices. Rien qu'à l'entendre, Masuda pouvait être capable de le voir se balancer d'avant en arrière accroupit par terre, gémissant de désespoir. Plusieurs fois, son cerveau lui hurla de se lever et d'aller réconforter Yuya mais à chaque fois il n'arrivait pas à bouger. Tous ses muscles étaient raidit, son coeur battait la chamade. Son souffle était rauque alors que ses mains étaient moites. Il aurait tant voulu aller le retrouver mais restait tétanisé. Soudain, les bruits semblèrent se rapprocher avant que la porte de sa chambre ne s'ouvre. Le corps entier de Takahisa arrêta de vivre, en suspend. Gardant les yeux fermement fermés, Masuda fit semblant de continuer à dormir alors qu'il sentait Yuya se rapprocher de son lit. Il sentit alors ses couvertures êtres tirées plusieurs fois par des mains glaçées.
- Massu...
N'ouvrant pas les yeux il fit semblant de rester endormit tout en parlant d'une voix lointaine et faible alors que celle de Tegoshi était larmoyante, éffrayante.
- Hm ?
- Massu...
- Hmmmm ?
- Je...je peux venir dans ton lit ? Juste pour cette nuit...
- ...
- Pitié...
- Hm !
Le prenant pour une affirmation Yuya monta sur le lit pour rester sur le bord, à l'air libre. Le coeur de Takahisa semblait exploser dans sa poitrine alors qu'il sentait que son ami était térrorisé par quelque chose qu'il ne voulait pas lui dire. Voulant à tout prix le rassurer sans lui donner la peur d'avoir à s'expliquer, il rabattit soudain les couvertures vers lui pour que Tegoshi se glisse dessous avant de les rabattre sur eux. Comme Yuya restait toujours au bord, Masuda se rapprocha de lui, l'enlaçant contre son torse. Il fit bien attention à ne pas ouvrir les yeux. Tegoshi crut donc ainsi que son ami somnolait à moitié. Sinon il se serait enfuit en prétendant que tout allait bien. Takahisa ne fit plus aucun geste, attendant une quelconque aide de Yuya. Ce dernier resta un long moment sans bouger avant de s'accrocher lentement au pyjama de Masuda, pensant qu'il s'était complètement rendormit. Quelques secondes plus tard, ses doigts sérraient de toutes ses forces la texture, au point de s'en faire pâlir les phalanges alors qu'il se blotissait presque timidement contre le torse de Masuda. Son corps entier était crispé de la même manière alors que ses yeux étaient fermés à l'extrême comme s'il essayait d'échapper à quelque chose. Ceux de Takahisa se rouvrirent doucement, faisant attention à ce que son ami ne voit pas qu'il ne dormait pas. Ce qu'il vu le térrifia alors plus que tout. La peau du visage de Yuya était pâle, beaucoup trop pâle ! Sa mâchoire était sérrée presque autant que ses paupières, son corps étant parsemé de petites convulsions. Il semblait mettre toutes ses forces dans la crispation de son corps mais petit à petit il sembla se détendre alors que le sommeil reprenait posséssion de lui. Masuda ne le quitta pas des yeux, terriblement inquiét pour son meilleur ami. Une fois que Tegoshi parut être complètement endormit, Takahisa attendit encore un long moment avant de ressérrer son étreinte sur le corps si tremblant et frêle de son voisin. Yuya avait la tête contre son épaule et Masuda n'eut qu'à se baisser légèrement pour que leurs visages soient face à face, sèparés par quelques centimètres. Levant une de ses mains, il essuya délicatement les traces de larmes qui perlaient encore sur les joues de Tegoshi avant de lui dégager quelques mèches sur le front. S'avançant légèrement il y posa ses lèvres avant de de nouveau fixer son visage tandis que son cadet avait les lèvres entrouvertes. Son souffle chaud brûlait sur la peau du menton de Masuda. C'est alors que ses propres joues furent mouillées par ses sanglots tandis qu'une lueur de détermination pur et dur naissait dans ses yeux. Yuya avait beau faire semblant d'aller bien depuis deux mois, Takahisa venait d'avoir la preuve que ce n'était qu'une facade. Deux choses étaient sûr : Tegoshi n'allait pas bien du tout et il ne l'abandonnerait pas.
A suivre...
