Et si... ?
Base : FMA (manga)
Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas. Ils sont à celle qui se cache derrière le pseudonyme de Hiromu ~ Par contre, l'histoire dans laquelle ils évoluent est de mon cru è.é
Résumé : Et si vous aviez le pouvoir de voyager entre les cases et que vous vous rendiez compte que tout ce que vous pensiez avéré était faux ? S'il vous était donné l'occasion de poser un autre regard sur les entrevues d'Edward et d'Envy, que découvririez-vous ? Envie de savoir ? À vos rires et périls ~
Genre : Humor – Romance – Shônen Ai / Yaoi – OS – Edvy
Musiques : « What does the fox say » et « Trucker's Hitch » (Ylvis), « Elle me dit » (Mika), « Dark Lord Funk » (Harry Potter Parody of Uptown funk), « Applause » (Lady Gaga).
Note : Hey ! Ça fait un petit moment que je n'ai rien posté, mais me revoilà ! :D Je m'interromps momentanément dans mon projet de fic sur BBI pour vous présenter un petit (Envy : C'est un euphémisme ?) OS sympathique spécial Saint Valentin qui vient s'inscrire dans une série intitulée « Et si... ? ». Le principe ? Simple comme bonjour ! Je vous offre un nouvel angle d'approche des scènes les plus cultes entre Envy et Edward ~ Vous y retrouverez normalement tout ce que vous avez déjà lu / vu... Mais un peu différemment ;p Rating M pour les multiples allusions et (peut-être ~) scènes que vous trouverez au fil des OS ! Il n'y aura, par contre, pas de publication régulière. J'alimenterai cette série au fil de mes inspirations :3
Une dernière chose... Je dédie la fic à tous les tristounets qui passent la Saint Valentin tous seuls T.T Je sais que c'est pas bien marrant, mais ne vous en faîtes pas ! J'ai prévu du lourd pour animer votre soirée ! Alors armez-vous d'une boîte de chocolats achetée par et pour vous-mêmes car vous le valez bien, mettez une musique d'ambiance, une lumière tamisée, et c'est parti !
Bonne lecture ! ~
Chapitre 1 : Première impression
Partie 1
« Lust.
- Hm ?
- Je peux te poser une question ?
- Si c'est pour savoir combien de temps il nous reste encore à déambuler dans ces couloirs, non. J'ai déjà répondu à celle-là au moins quatre fois, Envy », répondit sa sœur d'une voix rendue traînante par la profonde lassitude qui s'emparait d'elle à mesure qu'ils progressaient dans l'immense bâtiment obscur.
Évidemment. Il n'avait pas tenu cinq minutes sans faire entendre son mécontentement. Car Envy, parfois, était pire qu'un gosse. Et, pour ne rien arranger, son péché le rendait prédisposé à l'ennui, qu'il ne se gênait pas pour manifester de façon bien audible dès qu'il en avait l'occasion (Lust : Comme maintenant. Tu as soupiré. J'ai entendu. Envy : Même pas vrai. Ed : Il fait ça aussi quand je dis « non ». Envy : Ouais, mais toi, t'abuses vraiment ! Tu veux jamais plus d'une fois !). Le brun se lassait en effet très vite. Des choses, des gens... Et, plus que tout, de leurs missions, s'il n'y trouvait pas son compte en divertissements (plutôt macabres, soit dit en passant). Et autant dire que d'apprendre en plein milieu de la nuit qu'il allait devoir se taper trente minutes à pied – dont dix bonnes minutes dans un laboratoire désaffecté en ruines qui empestait la moisissure et le désinfectant –, ça n'avait pas aidé à le rendre plus aimable.
C'est ce qui fit que l'androgyne adressa un regard blasé et bien appuyé à sa sœur – qu'il accompagna d'un petit soupir court d'agacement (Lust : Tu vois ? Tu recommences.) –, avant de lui répondre :
« Je me demandais plutôt à quoi ça servait d'avoir posté des gardiens dans ce trou à rats si, au final... » Il s'arrêta et, paumes tendues vers le ciel – ou plutôt vers le plafond constellé de stalactites de calcaire et de crasse – avec un air désespéré, continua : « … On est obligés de faire leur taf à leur place car ils sont pas foutus de faire ce qu'on leur demande ! Tu m'expliques l'intérêt ?! Sérieux ! Ce dont cet endroit à besoin, c'est d'un coup de karsher – regarde comme c'est crade – ! Pas de deux glandus qu'on a recrutés en CDD à l'arrache parce que Père est plus flemmard que Sloth et que l'idée de faire passer des entretiens à des professionnels le gavait ! » s'époumona Envy en se tortillant pour retirer la toile d'araignée qui s'était accrochée à ses cheveux lors de ses dramatiques gesticulations.
« En même temps... » objecta Lust d'une voix excessivement calme face à la colère naissante de son cadet, « … Nous n'allions pas placer une pancarte à chaque entrée de notre repère avec comme intitulé : « Pour le recrutement pour les vigiles, c'est par ici. Pensez à amener votre CV. ». Je pense que tu peux comprendre ça, non ?
- NON ! Et puis... PUTAIN ! » Il se secoua. Pas moyen de se défaire de cette foutue toile ! « J'en ai marre de ces araignées à la con, là ! Non. Non... En fait... En fait... J'en ai marre de TOUT ! DE TOUT !
- …
- VOILÀ ! »
Lust, qui s'était arrêtée elle aussi, croisa les bras à la manière d'une mère qui regarderait son enfant se tordre au sol pour exiger une sucette et jeta un coup d'œil inquiet à Envy. Eh bien... L'adolescence, c'était... Oui. Difficile était le mot. Et pour elle, qui devait effectivement jouer le rôle de mère en plus de celui de sœur aînée, ça demandait une patience infinie. Heureusement, sur ce coup-là, la nature (Lust : Ou Père, plutôt.) avait été aussi généreuse avec elle qu'elle l'avait été pour sa poitrine. Une bonne chose.
La belle brune laissa donc son petit frère rouspéter et batailler férocement encore un peu avec sa toile, se rendre compte du fait que sa lutte était vaine, accepter son sort... Puis, une fois qu'il se fut tu, demanda d'une voix douce, mais ferme :
« … Tu t'es calmé ? » Elle lui jeta un regard circonspect en le voyant haleter comme un chien enragé – il était capable de la mordre, elle le savait. Il avait déjà essayé une fois, petit, lorsqu'elle avait accordé plus d'attention à Gluttony qu'à lui (Envy : HEY ! T'avais juré de pas parler de ça !) – et demanda : « Tu es infernal, aujourd'hui... Je peux savoir ce qu'il t'arrive ?
- Y'a qu'on m'a dérangé alors que j'étais occupé ! » grogna sourdement Envy en détournant la tête, l'air ronchon. « C'était mon jour de repos, aujourd'hui ! Père me l'avait dit ! Ça sert à quoi d'en avoir si on peut même pas en profiter ?! C'est de l'abus, là ! J'ai pas signé pour ça, moi ! Si ça continue, je... OUAIS ! Je vais me casser ! » s'écria-t-il soudainement avant de préciser avec plus de véhémence encore : « Comme Greed ! (Greed : Eh, oh. Me mêlez pas à vos histoires, hein. 'pis 'chuis majeur et vacciné, j'fais c'que j'veux.)
- ... »
Lust ne répondit pas à cette longue tirade. Non. Elle attrapa simplement son menton de la main droite et détailla soigneusement Envy, de haut en bas.
Tortillements...
Moue de frustration...
Rouge aux joues...
Regard fuyant...
« … ! »
Elle claqua des doigts.
Mais bien sûr !
Son cadet n'aurait su tromper son regard.
Ses pupilles se rétractèrent. Un sourire coquin se dessina sur ses lèvres pulpeuses. Elle se les mordit légèrement.
« Oh... » souffla sensuellement la Luxure. « Je vois.
- Tu « vois » quoi ?! » s'emporta Envy, agacé par les insinuations de sa sœur et par ce fichu sourire libidineux qu'elle dégainait vraiment n'importe quand.
« Ne t'inquiète pas, on n'en a pas pour long ! » assura-t-elle d'une voix flûtée en reprenant sa marche d'un pas guilleret. Envy bugua un instant puis la suivit, un peu incompréhensif. Lust, pourtant, ne se formalisa pas du regard torve qu'il lui lançait et poursuivit : « Tu pourras finir ce que tu as commencé dès qu'on aura réglé ce petit contretemps ! ~
- Ça m'étonnerait ! C'est foutu, maintenant !
- Mais non ~... » assura la brune d'un ton taquin, comme une mère qui rassurerait son enfant sur la gravité d'un bobo. Elle se rapprocha de son petit frère et expliqua : « Je suis bien placée pour savoir que c'est pas en une heure que le plaisir retombe !
- Tu paries ? » rétorqua Envy sur ce ton désagréable qu'il ne quittait plus. Il ajouta en grimaçant : « Ça va être tout mou, maintenant. Et c'est parfaitement dégueulasse quand c'est comme ça. »
Lust cligna des yeux un instant. Fallait-il vraiment... Vraiment... Lui expliquer comment ça fonctionnait ?
Elle s'arrêta un instant, se massa longuement les paupières, soupira, puis répondit :
« Mais personne ne te demande de le reprendre en bouche d'emblée : tu as une main, sers-t'en, le temps que ça se remette en état », lui conseilla-t-elle avec un regard blasé.
Envy la dévisagea. Quoi ?
« Attends. Je comprends pas le concept, là. Comment tu veux que...- ? »
Lust s'envoya une facepalm puis, les yeux rivés dans ceux de son petit frère, mima avec le plus grand sérieux – et le plus grand désespoir – un geste pour le moins suggestif avec sa main.
« À ton avis ? » lança-t-elle avec la même intonation que si elle envoyait, du même coup, une prière au ciel pour faire ouvrir les yeux à son petit frère. Tout une éducation à refaire... (Ed : « éducation » ? W.A. : Laisse, laisse.)
Envy ouvrit des yeux ronds comme des oranges.
« M... Mais... Mais... !... Mais n'importe quoi, toi ! Tu... Ah ! » Il prit une grand inspiration. « Tu crois que j'ai quoi ? Dix ans ? Je sais comment ça marche, bon sang ! » clama-t-il en contournant sa sœur dans un mouvement d'humeur ostensible (Envy : Et de gêne, aussi, probablement. Ed : Peuh. Arrête de faire ta vierge effarouchée. Envy : *regarde de haut en bas* … Et c'est toi qui dis ça ?). « Et puis... Et puis... Pourquoi on parle de ça, déjà ?! Ou plutôt, pourquoi je parle de ça avec TOI ? » Il leva la main lorsque Lust ouvrit la bouche. « NON ! Ne réponds pas ! Je ne veux PAS savoir ce qui t'a traversé l'esprit ! Ni maintenant, ni plus tard.
- Tu manques d'ouverture d'esprit.
- C'est toi qui en a trop. Et pas qu'à l'esprit, si tu veux mon avis.
- Continue et je m'arrange pour te faire des « ouvertures » là où tu n'en as pas. »
Envy, qui était parti d'un pas résolu en sens inverse, s'arrêta net. Oooook. Bon. Il avait froissé Lust. Et s'il continuait, elle n'allait pas tarder à lui « froisser » son joli minois, doooooonc... Faire amende honorable était préférable.
« Ok, ok. Désolé », reconnut-il, bien qu'avec un poil de mauvaise grâce. « Mais... Lust, franchement... Tu t'imagines trop de trucs. Et puis tu as bien vu quand tu es venue me chercher que j'étais tout seul, non ?
- Oui, eh bien... Il serait peut-être justement temps que tu te trouves quelqu'un, Envy », rajouta-t-elle plus doucement. Elle s'approcha de lui et posa sa main sur son épaule. « Parce que de là à le faire tout seul... C'est un peu triste, quand même. » Elle sourit et hocha la tête. « Par contre, chapeau pour la souplesse.
- C'est dans ce genre de moments que je regrette de ne pas pouvoir en appeler à Dieu, tu vois.
- Essaie plutôt l'étage d'en-dessous. Je suis sûre qu'il pourrait trouver chauss-... ette à ton pied. »
Envy déjeta sa tête sur le côté et adressa à sa sœur un regard blasé.
« Arrête de vouloir me caser avec tout ce qui bouge. Ça devient soûlant : je suis très bien comme ça.
- Tu préfères ce qui ne bouge pas ? Ca peut s'arr-...
- NON ! » Envy lui plaqua sa main sur la bouche. « Sérieux, Lust ! Ça suffit ! » Bon sang ! « infernal » ? Lui ? C'était plutôt elle qui l'était depuis le départ de Greed ! Enfin bon... Ça, il n'irait pas le lui dire, tout simplement car il n'était pas sensé savoir que les deux s'étaient revus récemment. Tout comme il n'était pas sensé écouter sa sœur au téléphone. Alors bon. Il allait garder ça pour lui, comme l'homonculus doté d'un minimum d'instinct de survie qu'il était.
Il respira un grand coup et essaya de mettre les choses au clair comme il put :
« Écoute. Je parlais vraiment pas de ça. Ni d'un truc à deux, ni d'un truc tout seul...
- C'est bien dommage. À mon avis, si tu le faisais un peu plus souvent, tu serais moins tendu.
- J'aimerais te retourner le conseil... », grinça son petit frère aux yeux duquel sa sœur n'était rien d'autre qu'une psychorigide question travail, « … Mais si tu l'appliquais, tu ne ferais plus rien d'autre de tes journées.
- C'est parce que tu y vois du mal que tu es encore un enfant, Envy », souffla son aînée en lui tapotant le haut du crâne. L'androgyne se tassa au fur et à mesure des tapes comme s'il souhaitait que sa tête soit happée par son buste pour s'y soustraire et, un sourire nerveux scotché au visage, railla :
« L'enfant te dit merde, ma vieille. Allez ! » Il écarta brusquement sa main de sa tête, voulut enfoncer résolument ses mains dans les poches qu'il n'avait pas, se rendit compte du souci et, imperturbable, cracha tout en faisant demi-tour : « Moi, j'me rentre. J'ai un parfait au chocolat à ter-... »
Il se mordit la lèvre.
Le con.
Lust battit des paupières, incrédule... Puis retint un petit rire.
« Oh. C'était donc de ça dont il était question ! ~ C'est vrai que c'est ton péché mignon ~ » le taquina gentiment sa sœur en plaçant sa main devant ses lèvres pour cacher son délicieux sourire. « Je comprends mieux pourquoi tu m'avais demandé de confier Gluttony à Père. Il ne t'en aurait pas laissé une miette. Mais quand même... Tant de cachotteries pour une petite « gâterie ».
- Mais achevez-la... » se lamenta Envy en faisant lentement glisser ses mains sur son visage.
« Je ne suis pas si sûre que tu souhaites réellement que je sois foudroyée sur place simplement car je suis un peu moins coincée que toi, Envy », souligna sa sœur en recueillant au creux de sa paume son menton finement ciselé. « Ce serait embêtant que tu te retrouves tout seul, tu ne crois pas ? On a encore une mission à mener, et crois-moi que tu auras bien du mal à la mener à bien si je ne suis plus là pour réparer les bêtises que tu finis toujours par faire ~
- Ça dépend. Si tu comptes servir ce genre de réflexions salaces à notre sacrifice aussi, c'est toi qui vas te retrouver toute seule, « sœurette ». Parce que je compte bien faire demi-tour avant de passer moi aussi pour un détraqué sexuel, tu vois. »
Lust le jaugea du regard un instant, entrouvrit les lèvres comme si elle voulait dire quelque chose... Se retint de faire part à Envy de sa réflexion intérieure, puis répliqua en lui emboîtant le pas avec majesté, comme si elle s'attendait à ce que simple geste incite l'androgyne à renoncer à sa menace et à la suivre :
« Ça m'étonnerait que tu prennes ce risque, Envy. Tu sais très bien que Père n'apprécierait pas que je lui dise que tu es encore allé t'empiffrer de desserts comme tu en as pris la mauvaise habitude », menaça-t-elle en levant son index avec un air plein de malice. Bien sûr, elle n'aurait jamais fait ça : elle passait tout à Gluttony, mais à Envy aussi. Ou presque tout. Tout simplement car c'était son petit frère et que, quoiqu'ils pussent en dire chacun, ils étaient comme les doigts de la main et que, jamais, ils ne se seraient fait de coup si bas sans bonne raison.
En fait, elle n'avait juste pas envie de se taper tout le boulot toute seule. Surtout que l'un de leurs « employés » avait la fâcheuse habitude de lui faire la cour de manière plutôt embarrassante. Si Envy restait avec elle, au moins, elle serait débarrassée de ce lourdingue. « On est censés limiter au maximum nos contacts avec les humains, tu le sais bien. Or, les restaurants dans lesquels tu vas chaparder tes friandises sont justement tenus par ces derniers.
- Dixit celle qui se tape trois humains par nuit ? » grommela l'androgyne d'un ton plein de reproche. Bien sûr, il n'était pas sûr que sa sœur serait prête à le dénoncer auprès de leur père – qui n'aurait effectivement pas approuvé son petit penchant pour la cuisine humaine... Mais juste au cas où, il dégaina son arme secrète. Pas le choix : « ...'pis si on parle de choses que Père n'apprécierait pas... Évite, c'est un terrain miné, pour toi.
- Plaît-il ? »
Envy la toisa.
« Tu crois que je t'ai pas entendue, avec Greed, l'autre jour ? »
SCHLINK !
Ça, c'était le bruit des ongles de Lust qui s'allongeaient. Et qui, accessoirement, transperçaient le mur juste à côté de la tête d'Envy... Qui ne bougea plus, livide. Il ne savait pas trop quoi souhaiter : que Lust ramène à elle ses jolies griffes ou qu'elle évite de les retirer pour ne pas que le mur contre lequel il s'était plaqué, friable à souhait comme du charbon de bois, ne s'effondre sur lui ? Parce qu'il avait l'impression que c'était ce qui risquait de se passer...
« Tu m'as espionnée ?! » s'exclama sa sœur d'une voix si grave que, l'espace d'un instant, Envy crut entendre leur Père.
« Et après ?! C'est ça, mon vrai boulot ! Je suis espion, effectivement ! Pas agent de surface ou baby-sitter ! Supprimer des fouineurs ou m'occuper d'un môme trop curieux, c'est pas à moi de faire ça !
- Pourquoi t'énerves-tu ? » s'étonna tout à coup Lust en ramenant ses ongles à elle. Envy retint sa respiration, s'assura de la bonne tenue du mur et se rapprocha de sa sœur, un peu méfiant.
Euh... Il y avait un truc qu'il n'avait pas saisi ?
« Je n'ai pas dit que ça me dérangeait », susurra-t-elle, les yeux brillants. « Après tout, tu fais ce que tu veux ! » Elle lui adressa un clin d'œil coquin et repartit, l'air de rien. « Ce que tes yeux veulent voir ou tes oreilles entendre ne regarde que toi ~ »
Oh. C'est vrai.
Impossible de coincer Lust sur un terrain qu'elle maîtrisait si bien. D'ailleurs, la brune précisa d'une voix flûtée : « Ah ! Et à propos : tu peux aller le dire à Père, si tu veux. Moi, je m'en fiche. On sera juste deux à se faire gronder ~ Enfin... « deux ». C'est un bien grand mot. »
Elle papillonna des cils. Lentement. Savamment.
Leur courbe souligna le parme de ses iris.
« Tu sais bien que Père ne peut rien contre ça.
- Ouais », cracha Envy, qui devait bien reconnaître à sa sœur ce fichu tour. Avec ses yeux de biche, là ! On lui aurait donné le bon dieu sans confession. Et Père ne faisait pas exception.
Hm.
Il exagérait peut-être un chouille. Avec confessions. Fallait pas déconner non plus : sa sœur aurait même été capable de dépraver les anges. Alors la laisser pénétrer (Lust : ...) dans un endroit rempli de puceaux comme le Paradis – qu'elle devait visiter assez souvent au demeurant : elle devait avoir un abonnement annuel au Septième Ciel –, c'était faire entrer le loup dans la bergerie.
« D'ailleurs... Aucun homme ne le peut », renchérit Lust en envoyant une pichenette à son petit frère.
« Hey ! » s'indigna ce dernier. « N'importe quoi, en plus ! Moi, je peux !
- Oui, mais toi...
- Quoi, « moi » ?
- Rien !
- Mais quoi ?! »
Lust rit d'un rire franc et, sans tenir compte de son petit frère grognon qui insistait pour sa réponse, lança :
« Allez ! Il ne faudrait pas trop s'éterniser ! Notre petit sacrifice nous attend ~
- Ouais, ben il pourrait bien attendre encore un peu, ça lui ferait pas de mal et ça lui apprendrait la vie ! » pesta Envy en reprenant la marche aux côtés de sa sœur (Ed : En vrai, Lust claque des doigts et tu es à ses pieds. Envy : Fais gaffe que j'aille pas te faire te mettre à genoux, toi.). Tout en descendant un escalier aux marches usées par le passage de nombreux scientifiques avant eux, il maugréa : « J'ai franchement pas envie de le voir, cet empêcheur de tourner en rond. Je vois franchement pas pourquoi Père s'embarrasse de lui. En plus, depuis qu'il est devenu « le plus jeeeeuuuune alchimiste d'État de tous les temps » ou une connerie du genre, tout le monde ne parle plus que de lui. Même Père. Ça me gave », grinça l'androgyne en allumant rageusement un interrupteur. Le couloir dans lequel ils venaient de s'engouffrer avec sa sœur s'éclaira faiblement sous l'action de néons verdâtres accrochés aux murs, qui crépitèrent faiblement. Certains étaient brisés. D'autres, recouverts de poussière, ne laissaient filtrer qu'un mince filet de lumière qui accompagna les deux homonculi au fil de leurs déambulations.
« Serais-tu jaloux ? » le taquina Lust une fois de plus en ouvrant, là encore, la marche.
« N'importe quoi. C'est juste que ce nabot ne fait que nous apporter des ennuis.
- C'est normal, c'est un enfant.
- Je vois pas ce que ça a de « normal ». Si je faisais aussi chier que lui, Père me reprendrait direct.
- Je n'en suis pas si sûre... » chuchota Lust pour elle-même avant de répondre plus haut : « Lui et son frère ont perdu leurs parents, tu sais. Peut-être que s'il en avait été autrement, ils seraient plus au fait du danger dans lequel ils se mettent en permanence, et des tracas qu'ils apportent aux autres » expliqua doucement sa sœur en bifurquant à l'angle d'un couloir sans trop y réfléchir. À force d'être venue là si souvent pour superviser les transmutations humaines, elle avait fini par connaître le chemin par cœur.
« Peuh. Tu veux dire qu'ils les ont abandonnés quand ils se sont rendus compte des plaies que c'étaient. Déjà qu'ils nous ont cassé les couilles à Lior, maintenant, ils reviennent nous emmerder à Central. J'te jure.
- Envy. Toi aussi, tu en es passé par là », rappela Lust en passant sous une arcade de pierre. Hm. Ils se rapprochaient. « Tu te rappelles de l'époque où tu n'étais qu'un petit lézard et que tu étais sorti à l'air libre sans la permission de Père pour explorer le monde extérieur ? Tu avais manqué de finir écrasé sous la semelle d'un passant.
- Je t'interdis de parler de ça ! » s'offusqua l'androgyne en changeant son doigt en clef pour ouvrir une porte de métal devant laquelle ils étaient arrivés et qui grinça légèrement lorsqu'il l'ouvrit. Ils la franchirent. « C'est pas juste ! J'ai pas de dossier sur toi, moi !
- C'est pour ça que c'est moi qui commande ~ Et j'ai dit qu'on allait chercher et recadrer ce jeune alchimiste. Donc, c'est ce que nous allons faire. Même si tu rechignes grandement à la tâche.
- Ok. Mais j'ai une question, alors : je peux le tuer ? Comme ça, on serait définitivement débarrassés de-...
- Non.
- Ok, ok. » Un coup d'œil en biais. « Lui poutrer la gueule ?
- Non.
- Lui poutrer gentiment la gueule ?
- Définitivement non.
- Le taper, au moins ?
- Pour te défendre, et uniquement pour ça, oui.
- Génial ! J'ai justement besoin d'un puching ball et-...
- Chut. J'entends des voix », avertit Lust en plaçant son index contre ses lèvres pourpres pour intimer le silence à la pie bavarde qui lui servait de frère. Ce dernier leva les yeux au ciel mais obéit docilement et, imitant sa sœur dont il s'était rapproché et par-dessus l'épaule de laquelle il avait placé sa tête, tendit l'oreille. Il s'exclama tout bas :
« Mais... Mais c'est la voix de 48 ! Et l'autre...
- Probablement l'enfant.
- Ah le con ! » s'amusa Envy en ricanant spasmodiquement comme une hyène. « Cet abruti de morveux est tombé sur le pire des deux ! » Finalement, il n'aurait même pas le temps de le tuer par « accident » ~ Ce fichu « Fullmetal Alchemist » siiiii acclamé par tous finirait en fait comme l'andouille qu'il était : en tranches. « Non seulement il est teigneux, mais en plus, stupide ? Pourquoi il a pas déguerpi en le voyant ? Franchement, vu la tête que Slicer se paie, perso, si j'en faisais quatre de moins, j'aurais mis mon instinct de survie en mode [ON] pour foutre le camp dès que possible !
- Effectivement. J'ignore pourquoi cet enfant est si... si... têtu », s'interrogea Lust en fronçant les sourcils, fatiguée par avance. Pourquoi ce petit blond leur posait-il tant de soucis ?
Elle écouta encore un peu les voix qui leur parvenaient un peu étouffées depuis la pièce adjacente. « Il est probablement très motivé à l'idée de nous dérober de précieuses informations. En tout cas, ça ne nous arrange pas. D'autant plus que nous ne pouvons pas laisser Slicer l'abîmer. Surtout pas mortellement.
- Je suis pas de cet avis.
- Je sais. Mais c'est moi qui décide. Donc nous allons aider ce jeune inconscient.
- Sainte Lust a parlé. »
Lust lui envoya une petite tape à l'arrière de la tête avec une moue de désapprobation, puis ordonna :
« Ssh. Approchons-nous discrètement. »
Envy poussa un sifflement de frustration mais obéit, suivant son aînée à pas de velours.
S'il avait su.
Les deux homonculi s'approchèrent des propriétaires des voix, retenant leur respiration. Ils ne devaient pas intervenir sans plan préalable – tout du moins, c'était l'avis de Lust – et, surtout : n'intervenir que si et seulement si c'était indispensable. Ils risquaient gros à s'exposer au regard d'Edward : moins l'enfant en saurait sur eux, mieux cela vaudrait. Pour l'instant, il ignorait tout de leur existence, et ce n'était pas plus mal ainsi.
« J'espère que tu ne le prendras pas mal de t'être fait éclater par un gamin ! » cracha la voix juvénile et sèche de leur petit alchimiste téméraire.
S'ensuivit le claquement caractéristique de deux mains violemment jointes qui fit remonter dans le dos d'Envy, légèrement allergique à cette foutue science appelée « alchimie », un frisson. Brr. Puis, le son de la transmutation qui allait avec résonna.
« Un alchimiste, hein ? Voyons voir si tu es doué », enjoignit la voix rauque de 48.
Et, brusquement, le tintement métallique des armes qui claquaient l'une contre l'autre éclata.
Si seulement il avait su.
Les halètements caractéristiques de la lutte. Le martèlement des pas pressés contre la pierre. La course effrénée pour la vie. Les cris de rage ou d'énergie jetés à la figure de l'assaillant lorsqu'une attaque était portée.
Si seulement.
Et, soudain... Dans la lumière jaunâtre du laboratoire vieilli, au milieu de cette vaste salle d'expérimentation encore souillée du sang des rats de laboratoire qui avaient été sacrifiés sur l'autel de leur volonté...
Il vit.
Il le vit.
… Une crinière de lion qui n'avait rien à envier au Soleil, difficilement disciplinée par un élastique.
… Des iris poudrés d'or et de feu.
… Des yeux brûlants d'une détermination farouche.
… Des lèvres fines et tentatrices.
… Un visage divinement bien sculpté.
… Un corps d'athlète aux muscles saillants sous l'effort.
… Un automail qui témoignait d'un passé mystérieux.
… Une combativité acharnée qui émanait de chacun des pores de sa peau halée et gorgée de lumière.
… (Une petite taille trop chouw).
… Et, surtout...
« … Tu vois ce que je vois ?
- Si tu parles de ses jolies petites fesses moulées dans son pantalon en cuir un peu trop serré, oui ~ » murmura Lust, non sans excitation.
« HEY ! PAS TOUCHE ! » rugit soudainement Envy, hérissé comme un matou sur le repas duquel on aurait lorgné. « Je l'ai vu AVANT ! » gronda-t-il en plaquant violemment sa sœur contre un pilier. Leurs iris fendus de pupilles rétractées s'affrontèrent silencieusement un instant. « C'est mon mien ! », déclara l'Envieux en enfonçant de véritables griffes dans l'épaule de sa sœur. « Il est à moi, t'as pigé ? À moi ! »
Lust toisa son petit frère dont la force, décidément, pouvait être impressionnante lorsqu'il décidait de la faire prévaloir sur son aspect. Pourtant, loin de se laisser impressionner, la jeune femme décrocha lentement les mains crispées de son frère de ses épaules avec un petit sifflement de douleur, puis lui lança d'un ton moqueur :
« Je croyais que tu voulais... Qu'était-ce, déjà ? Lui « poutrer la gueule » ? Ce n'est plus d'actualité ?
- Je peux tout aussi bien lui « poutrer » autre chose. L'un n'empêche pas l'autre. » Envy lui lança un regard noir. « T'as pas intérêt à lui faire du charme ou à essayer de te le mettre dans la poche, je te préviens ! » avertit le brun tandis qu'en arrière plan, le combat entre l'objet de leur dispute et leur tueur à gages faisait rage.
« Eh bien, quelle fièvre ~ Sais-tu comment on appelle cela, Envy ?
- La libido ?
- Un coup de foudre ~ » susurra Lust en se décollant du mur et en lui adressant un regard en biais plein de sous-entendus, accompagné d'un sourire en coin.
« N'importe quoi ! C'est juste que... Que...
- … Qu'il te plaît ~ » compléta la brune, la bouche en cœur.
C'était trop mignon ~ C'était rare qu'un être humain déclenche chez son frère une passion quelconque – ou en tout cas, une qui dépassât le simple coup d'un soir. Jamais il n'avait auparavant manifesté de façon si claire son désir de s'approprier l'une de ses proies potentielles. Parce que bon... elle n'allait pas mentir : quand on lui avait décrit un adolescent d'une quinzaine d'années... Elle ne s'était pas attendue, elle non plus, à se retrouver nez à nez avec un futur tombeur. Enfin ! il était un peu trop jeune pour elle. Elle préférait les hommes, les vrais : ceux qui avaient de l'expérience et le faisaient savoir à grand renfort d'une démonstration éloquente. Par contre...
« … Tu es au courant, Envy ? » demanda sa sœur à tout hasard d'un ton trop innocent pour être honnête.
« De quoi ? » demanda-t-il à son tour d'une fesse distraite, préférant observer le combat à la dérobée de leur petit protégé : c'était nettement plus intéressant que d'écouter sa sœur déblatérer des choses et d'autres : ce nabot se battait divinement bien malgré ce qu'aurait pu laisser présager son petit gabarit ! Comment un être humain pouvait-il resplendir autant ? Avoir autant de qualités visibles à l'œil nu ?! Ça l'énervait ! Et... et... Bon, ok. Ça ne lui déplaisait pas.
« Qu'il est un peu trop jeune pour toi ? » répondit finalement Lust en jetant un regard scrutateur à son cadet. Comment allait-il réagir ?
« T'essaies de me décourager, là ? » demanda-t-il tout de go en reportant son attention sur cette sœur décidément enquiquinante.
« Un peu. Je l'avoue ~
- Ben peine perdue, ma vieille. La majorité sexuelle, c'est à quinze ans et demi. Tu crois que je suis pas au courant de ces choses-là ?
- Hm... Probablement, mais lui, il ne les a pas encore, ces quinze ans et demi. Il n'en a que quinze ~
- QUOI ?! » s'écria Envy, choqué. Il fronça les sourcils. WTF ?! Mais ce gamin était malade ?! Comment pouvait-on être aussi suicidaire à cet âge-là ?! Bon, remarque : il s'était engagé dans l'armée à douze ans. Ça n'aidait pas. Mais bon... Il ne savait pas pourquoi, il l'avait pensé un peu plus âgé : peut-être car rares étaient les gamins à chercher à flirter avec la mort si assidûment ?
« Alors ?
- Alors quoi ? » Envy, malgré son étonnement, reprit rapidement contenance et rétorqua avec un grand sourire : « Biologiquement parlant, j'ai que deux ans de plus ~ Ça reste légal.
- Comme si tu te préoccupais de la légalité pour quoi que ce soit », s'amusa Lust. Elle croisa les bras et, la tête légèrement penchée sur le côté, clarifia : « Si je te disais ça, c'était surtout d'un point de vue... Comment dire... ? Sexuel ? Je pensais que tu les préférais plus... mûrs ?
- Mais qu'est-ce qu'on s'en fout ! » lâcha Envy avec une pointe d'agacement. Lust ne comprenait rien à rien !
Il désigna Edward. « Tu as vu comment il est gaulé ? Sérieux ! Le reste, c'est carrément facultatif ! Et qu'à cela ne tienne, s'il n'y connaît rien ! Moi, je me ferai une joie de lui apprendre tout ce qu'il ignore ~
- Ce que je vais surtout finir par voir, c'est comment toi, tu l'es, "gaulé" », assura la brune en ne pouvant retenir un rire lascif qu'elle masqua avec élégance derrière le dos de sa main. Elle conseilla en lorgnant sur l'entrejambe de son petit frère : « Tu ferais mieux de calmer ça avant qu'on ne fasse notre entrée en scène. Conseil d'amie – et de sœur, surtout.
- … ! »
Envy baissa les yeux.
Oh.
Effectivement.
« ... »
Embarrassé, il se détourna de sa sœur un instant. Juste le temps d'opérer une légère transmutation plus bas.
Voooiiiilà ! Plus de chose, plus de souci. Surtout que, bon... Il aurait été dommage d'abattre toutes ses cartes d'un coup : celle là, en particulier. Il était évident qu'il était parfait – et il ne manquait pas de le faire savoir dès qu'il le pouvait, d'ailleurs –... Mais ce genre de « détail », il préférait le dévoiler dans l'intimité de la chambre, en tête à tête (Envy : Moui. En « tête à queue », plutôt. W.A. : Je refuse d'écrire ça.) plutôt que sur un champ de bataille, à l'arrache, entre deux présentations. Histoire de ne pas gâcher la surprise. C'était toujours plus sympa de découvrir ce qu'un cadeau recelait au moment propice plutôt que de tout se spoiler ~ Par égard pour celui dont il s'imaginait déjà faire son amant, il lui garderait la surprise (Ed : « Par égard » ?).
« Bon ! Maintenant que ton léger problème est réglé... » intervint Lust, le ramenant brutalement sur Terre alors que l'esprit pervers de son petit frère était déjà parti explorer les contrées lointaines du Fantasme. « … Il faudrait peut-être que nous intervenions. Sinon, nous allons vraiment récupérer notre protégé en petits dés », souligna la brune après avoir repris son sérieux. Elle se dirigea d'un bon pas vers Edward.
Envy la retint aussi sec.
« Attends !
- Attendre quoi ?
- Je... Je... Je peux pas y aller comme ça !
- Comme ça ?
- Mes cheveux, ça va ?
- Tes... cheveux ?
- Ouais ! Ils sont bien ?
- ... » Lust dévisagea son frère. « Je ne sais pas trop... Ils sont en « tube », comme d'habitude. C'est « bien », selon toi ?
- Pff ! T'y connais rien ! C'est une science ! » s'énerva Envy en lâchant sa sœur et en remettant de l'ordre dans ses magnifiques cheveux aux airs de salsifis. Quelle ignare ! Elle ne comprenait rien au méticuleux travail qui se trouvait derrière sa chevelure savamment domptée. En même temps... Quand on avait tous les amant(e)s qu'on voulait rien qu'en secouant un peu son décolleté avec un air entendu, c'était sûr, pas besoin de se prendre la tête avec ses cheveux ou avec les autres artifices que l'on pouvait déployer pour séduire.
« Oh, ça, je veux bien le croire », acquiesça Lust. « Bien que de mon point de vue, ça confinerait plus à la sorcellerie qu'à quelque chose de scientifiquement explicable. Je ne vois même pas comment ils arrivent à défier ainsi la gravité.
- C'est l'expérience », informa Envy avec un grand sourire emprunt d'une certaine fierté et un air de vieux sage. « Y'a pas que mes cheveux, qui défient la gravité, si tu vois ce que je veux dire. C'est un combat de chaque instant : à côté de mes attributs, des cheveux, c'est rien ~. Mais bon. Toi, tu peux pas comprendre.
- Tu es mignon ~
- … ?
- Tu crois que j'ai quoi, sous ma robe, exactement, Envy ?
- … Pardon ?
- Je ne suis pas la Luxure pour rien ~ Je suis doublement équipée.
- WHAT ?!
- Je plaisante. »
Envy, pâle comme un linge, se tut un instant et répondit d'une petite voix étranglée – et qui n'était pas due qu'à la suppression de deux petites choses :
« J'espère bien... ? »
Il n'était pas sûr. Pas sûr DU TOUT qu'elle plaisantait. Parce que Lust avait ce petit air plein de malice qu'elle prenait quand elle mentait.
Hm. Il faudrait tirer ça au clair.
Mais pas tout de suite. Là, il y avait plus urgent. Comme, par exemple :
« En... Enfin bref. E... Et mes vêtements ? Ça fait classe, tu crois ?
- Honnêtement ?
- Non.
- C'est parfait. »
Envy hocha la tête, comme pour s'approuver lui-même et, surtout, chasser de son esprit ce que ses yeux cherchaient pourtant à discerner dans les plis de la robe de Lust qui venaient épouser ses courbes. Il épousseta un peu sa jupe-short pleine de poussière agrippée sur le chemin qu'ils avaient emprunté pour venir jusqu'ici, puis demanda à brûle-pourpoint :
« Est-ce que j'ai l'air suffisamment viril ?
- ... »
Les lèvres de Lust se tordirent en une grimace qui n'abîma pourtant en rien sa beauté. En fait, elle ne savait pas si elle devait répondre en essayant d'y mettre les formes, ou simplement éclater de rire franchement. Elle choisit, toutefois, en grande sœur attentionnée, le tact :
« Eh bien... Plus viril que lui, oui. On peut dire ça. (Ed : Non.)
- Yes ! » s'exclama l'androgyne, poing droit serré en signe de victoire. L'idée de modifier son corps d'albâtre simplement pour faire bonne impression ne l'avait de toute façon pas vraiment emballé. Et puis... Bah ! Il lui suffisait justement d'être juste un poil plus viril que sa cible. Ça ferait toujours son petit effet ~ Enfin... « un poil ». Il espérait être quand même plus masculin que cette petite boule de nerfs blonde au visage efféminé.
« Mais, Envy... » se risqua Lust. « … Tu... Tu sais que nous ne sommes pas là pour faire un speed dating, n'est-ce pas ? On y va pour le travail.
- Bah. J'applique juste ta philosophie de vie : joindre l'utile à l'agréable. Ça ne m'est pas interdit, à ce que je sache ? Et puis, fais pas genre : tu sais très bien toi aussi que la première impression, c'est super important. » Il serra à nouveau résolument le poing à hauteur de son visage. « Et justement, je compte bien l'impressionner, ce nabot.
- Quelle détermination remarquable.
- En même temps, je serais con de laisser passer cette chance. » Il admira Edward de loin. Oh. Il était encore plus désirable couvert de sang, avec son petit air revêche et guerrier... ridicule, comparé à sa taille. « Regarde ! Yeux et cheveux dorés... À tous les coups, il vient de la même ethnie que Père. C'est un peu comme une carte collector ~ » Ses yeux brillèrent de mille étoiles. Il passa sa langue sur ses lèvres. « Il ne doit pas en rester des masses, des rescapés de Xerxès. Et celui-ci sera à moi, et à personne d'autre ! ~
- Justement », émit Lust, l'index levé. « Ça ne t'interpelle... pas ?
- Ça devrait ?
- Eh bien... » Elle présenta sa paume droite d'un geste gracieux. « Père, yeux et cheveux dorés, dernier représentant de cette ethnie... » Elle fit de même avec la gauche. « … Et cet enfant, aux traits semblables ? » Ses mains s'épousèrent l'une et l'autre. « Coïncidence ? Je ne crois pas.
- Nan... Alors tu crois que... ?! » fit Envy, sidéré.
Lust acquiesça. Assurément.
« Haha ! » Envy s'esclaffa. « Jalouse, va ! C'est bien essayé, mais j'y crois pas une seconde ! Et de toute façon... » Il lui tira la langue. « C'est pas comme si t'avais quelque chose à me redire là-dessus, hein ? » Parce que bon... Question dérives, Lust avait déjà fort à faire avec elle-même et ses rendez-vous secrets avec Greed.
Les lèvres d'Envy découvrirent un large sourire tandis qu'il concluait : « Au pire, ce sera qu'un demi-frère ! Et puis, comme ça, au moins, pas besoin de faire les présentations avec Père ! D'une pierre deux coups !
- C'est une façon originale de voir les choses.
- Pragmatique, pragmatique », corrigea l'androgyne avec l'air le plus sérieux du monde.
CLING !
Un vacarme assourdissant retentit. Les deux comparses se turent et, surpris, regardèrent discrètement l'endroit d'où il provenait. Ils découvrirent alors Slicer, coupé en deux... Non, trois ! Et leur précieux sacrifice, haletant et ensanglanté, avachi contre une colonne de pierre qui le soutenait avec peine. Tombé sur son séant lors de cette ultime attaque, Edward semblait à bout de forces mais avait, vraisemblablement, vaincu son adversaire malgré l'écart de force et d'expérience. Envy reconnut avec une pointe d'admiration qu'il eut du mal à cacher :
« Pas mal, pas mal... Il a réussi à en venir à bout. Tu vois, Lust ? Pas besoin de s'inquiéter pour lui ! Il est tellement teigneux qu'il se sort de la mouise tout seul ! Comme un « grand » !
- Mais dans quel état... » soupira sa sœur en secouant lentement la tête. « Si tu ne parlais pas autant, on aurait pu aller l'aider. À présent, je suis certaine qu'il ne pourra pas passer outre la case « hôpital ». Comment allons-nous expliquer ça à Père ? Nous allons nous faire taper sur les doigts. Et tu le sais.
- Bah ! On se débrouillera ! Et puis tant mieux, qu'il soit un peu amoché. Au moins, il sera plus disposé à nous écouter et ça lui évitera de sautiller partout comme une puce.
- Allez. Ne traînons plus.
- Attends !
- Qu'y a-t-il encore ?
- Qu'est-ce que je lui dis ?! Qu'est-ce que je fais ?! » s'inquiéta brusquement Envy en agrippant sa sœur comme une bouée de sauvetage. Il la fixa avec des yeux ronds comme des billes. C'était elle qui avait la science infuse, de ce côté là ! Elle devait l'en faire bénéficier ! Il lui fallait une phrase d'accroche ! Une attitude à adopter ! Détachée ? Hautaine ? Chevaleresque ? Que devait-il faire, enfin ?!
« Ce que je te dis ! » gronda sa sœur en montrant les crocs tandis que, simultanément, la phrase fatale était prononcée par Slicer :
« Le créateur de la pierre philosophale et celui qui nous a ordonné de garder cet endroit est... »
Lust tourna vivement la tête.
« Qu'est-ce que... ?!
- Mais à quoi il joue, ce couillon de samouraï ?! Il se croît dans un film ou quoi ?! » s'énerva Envy à son tour en entendant, lui aussi, 48 prononcer la phrase. Il en lâcha sa sœur. Allô ? C'était pourtant connu que lorsqu'on souhaitait vivre, ce genre de déclarations grandiloquentes était à bannir absolument ! Il était quand même pas né de la dernière pluie, ce grand benêt de condamné ! « Le sale traît-... Hey ! » s'exclama-t-il soudain en voyant sa sœur se précipiter en avant comme une furie. « HEY ! Lust ! Tu reviens ici ! On n'a pas décidé de-... !
- NON ! Ça suffit, maintenant ! » tonna sa sœur aînée avec cette autorité qui aurait fait trembler le plus téméraire de ses frères. « On n'a plus le temps pour tes bêtises !
- Mais attends ! » se plaignit malgré tout Envy d'un ton geignard en lui courant après.
Mais il était trop tard : déjà, Lust faisait une fracassante entrée en scène. Ses ongles, véritables serpents tranchants, s'allongèrent en un temps record et filèrent comme des fouets jusqu'à Slicer. Ils le saisirent en pleine inspiration, au moment opportun, le traversèrent puis, une fois l'accroche éprouvée par un doux mouvement de poignet, ramenèrent le casque à leur propriétaire sous les yeux incrédules d'Edward.
« … ! »
L'alchimiste suivi donc, halluciné, le vol de son interlocuteur jusqu'à la nouvelle arrivante : d'un seul coup, son adversaire et, bientôt, informateur, venait de lui être ravi sans préavis de la plus bizarre des façons qu'il fût.
« Tss tss tss... Attention, 48. Tu sais que tu n'as pas le droit de parler de ça ~ » prévint tardivement Lust en jetant un coup d'œil corrosif au casque qu'elle tenait à présent au creux de sa main. Bien entendu, Slicer ne lui répondit pas : le coup avait été porté directement dans son sceau. Il souffrait trop pour prononcer autre chose que des gargouillements incompréhensibles. La mort lui tendait les bras. Lust allait se faire un plaisir de le propulser dedans.
Edward, estomaqué, ne disait mot non plus.
Envy profita de ce moment de répit pour apparaître à son tour.
Une grande inspiration.
.
.
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C'est parti !
À suivre (immédiatement !)...
Une petite pause chocolat, et on reprend ! Filez lire la partie 2 ;D
White Assassin
