UA Daemoniaque écrit pour le Collectif NoName (défi de Février Sanashiya).
Bêta-lecteur : Maeglin Surion
Connexion : Partie I
« Vous n'êtes pas sérieux, Jack ? »
« Vous voyez une autre solution, Jimmy ? Ça ne me plaît pas non plus. » assura le chef du département des sciences du comportement.
« Comment savoir s'il tiendra parole ? » demanda Brian Zeller, son daemon suricate se redressant pour faire un petit signe à celui, parfaitement identique de son collègue Jimmy Price.
« C'est d'Hannibal Lecter dont nous parlons, c'est peut-être le serial killer le plus dangereux du pays, mais il tient toujours ses promesses. Nous en avons déjà fait les frais... »
Le daemon gorille femelle de l'homme à la tête du FBI émit un soupir à la fois las et triste, sa grosse patte se posant sur la main de son propriétaire pour lui apporter du réconfort. Alana Bloom, la psychologue de l'équipe, avait été l'amante du célèbre cannibale et elle avait également été sa victime. Son corps avait été disposé de manière artistique à la façon habituelle de l'Éventreur de Chesapeake, et à l'époque, personne n'avait soupçonné Hannibal. Le psychiatre avait fort bien joué les amants éplorés, et il n'avait dit la vérité à propos de la mort de sa collègue et compagne qu'une fois sous les verrous. Il avait expliqué à l'agent Starling que Alana avait eu de sérieux soupçons, et qu'après une vive discussion, elle avait braqué son arme sur lui. Il lui avait alors fait la promesse de la tuer si elle faisait feu. Elle avait essayé, mais le meurtrier avait enlevé les balles que contenait le chargeur de l'arme par précaution, quelques heures avant leur altercation.
« Alana a laissé un sacré vide. Même si ça fait longtemps, il y a des jours où j'ai l'impression que Compote va passer la porte du labo... » dit Brian, son daemon prénommé Obrien s'agitant sur son épaule.
La plupart des daemons portaient des prénoms proches du prénom de leur humain, ainsi le daemon de Jack se prénommait Jackie, celui de Brian, Obrien et celui de Jimmy, Jim. Celui d'Alana s'appelait officiellement Lana, mais son goût pour la compote de pommes avait amusé pas mal de monde et le daemon chienne avait fini par ne plus être désignée que par son surnom. Jimmy Price pensa brièvement à l'état dans lequel elles avaient été retrouvées ; la fourrure épaisse de Compote était tâchée de sang et de la chair manquait sur les deux corps. Il leva la main au niveau de sa bouche, frissonnant. Dans leur univers, les animaux n'existaient pas (les daemons, matérialisation de l'âme, n'étaient pas considérés comme tels) et tout le monde était végétarien. Ce qu'avait fait Lecter était tabou, impensable, même si la consommation d'animaux était courante dans d'autres mondes.
Il était de notoriété publique que d'autres univers existaient, accessibles par ce qu'on appelait communément des Ovales à cause de leur forme. Il s'agissait de passages vers d'autres mondes qui pouvaient s'ouvrir et se refermer à n'importe quel moment, piégeant parfois les téméraires qui s'aventuraient de l'autre côté. Le phénomène était extrêmement rare, et son fonctionnement demeurait inconnu. L'exploration des autres univers était interdite depuis au moins deux siècles, mais les quelques récits provenant d'explorateurs anciens avaient montré que les autres mondes ressemblaient fortement au leur avec quelques variations, comme l'invisibilité des daemons, et la présence d'animaux.
« Au moins, Alana est morte avant Compote. » répondit Jimmy Price, caressant le pelage brun de Jim avec douceur.
Un daemon ne pouvait survivre à la mort de son humain, mais un humain pouvait survivre plusieurs heures, voire survivre tout court à la perte de son daemon. L'humain en question était alors souvent dans un état lamentable auquel la mort était nettement préférable. Les deux scientifiques avaient eu l'occasion de voir un vieil homme dont le daemon abeille avait été écrasé par accident, et ils avaient été marqués par son total manque d'expression et son incapacité à ressentir quoi que ce soit.
« Et Hannibal Lecter ne tuera plus jamais personne. Enfin, sauf peut-être Will Graham si sa requête aboutit. Qu'en pense l'agent Starling, Jack ? » demanda Brian.
« Que Lecter obtient toujours ce qu'il veut, et que nous n'avons pas le choix. C'est la fille de la sénatrice Martin qui a disparu, et vu l'état dans lequel on a retrouvé les dernières victimes de Buffalo Bill, Martin est prête à tout, même à faire extrader un criminel comme Graham. »
« Alors, c'est déjà décidé. On attend l'accord de la France et on emmène Graham chez Lecter. J'imagine qu'il ne fera pas de difficultés ? »
« Non, comme vous le savez, l'Étrangleur est un fervent fan de l'Éventreur. Et il a les mêmes... penchants. Il torture rarement ses victimes avant de les tuer mais il les expose et il mange aussi bien de la chair humaine que de la chair de daemon. Son propre daemon, comme celui du docteur Lecter, en consomme également. » rappela Crawford.
« J'ai entendu dire que sa dernière victime, celle qui a survécu, vient de sortir un bouquin sur ce qui lui est arrivé. » interrompit Jim, en parlant à son humain.
Les daemons intervenaient rarement dans une conversation, et ils ne s'adressaient généralement qu'à leur humain. Il arrivait que certains parlent à d'autres humains et daemons, mais c'était vu comme une étrangeté.
« Bedelia DuMaurier, mmh ? Elle et son cygne noir ont eu chaud aux plumes. » confirma Zeller.
« DuMaurier... ça, ça sonne français, pas comme Graham. » pensa Jimmy, tout haut.
« Il me semble qu'il a des origines anglaises. » répondit Brian, puis il ajouta, pensif : « Dire que ce type avait seulement vingt-trois ans et déjà treize victimes à son actif quand on l'a arrêté... »
« Quinze. » corrigea Jack. « Il a descendu les deux policiers qui ont fouillé son coffre de voiture et trouvé DuMaurier. Il a failli s'en tirer, mais une seconde voiture de police suivait la première, et les deux autres agents ont su le maîtriser. Il s'est pris deux balles, mais c'est un coriace... »
« Vous croyez qu'il avait choisi DuMaurier pour son daemon ? »
« Sans aucun doute. Graham a tout lu à propos de Lecter, il savait que le daemon de la sœur de ce dernier était un cygne blanc. » répondit Clarice, en entrant dans le bureau dont la porte était restée entrouverte.
« Il a dû y voir un signe. » plaisanta Price. « Bonjour Clarice, heureux de vous revoir. »
Brian se leva pour trouver un siège à la profileuse et lui sourit largement, ayant un petit faible pour elle. Elle ne faisait pas vraiment ses quarante-cinq ans et son charme magnétique faisait se retourner beaucoup d'hommes sur son passage. Clara, son daemon lionne ailée se coucha à ses pieds dès qu'elle fut assise, observant tranquillement les personnes présentes dans la pièce. Elle était si imposante que souvent, elle devait rapetisser pour passer les portes, ce que tous les daemons étaient capables de faire par contre ils ne pouvaient pas accroître leur taille de base. Certains, plus rares, possédaient les caractéristiques de deux animaux et étaient désignés sous le terme de daemon hybride, même si ledit terme restait peu employé. Après les salutations entre humains et daemons, Clarice demanda :
« Des nouvelles, Jack ? »
« Pas encore, mais ça ne devrait pas tarder. Et je tenais à vous remercier d'avoir accepté de reprendre du service pour cette affaire. Nous n'avions pas eu autant de difficultés avec un tueur depuis longtemps. »
« Je ferai mon possible, mais je ne me mettrai pas en danger. Et il est hors de question que je participe de près ou de loin au transfert de Graham. »
« Non, bien sûr. Je me charge de tout. » promis Jack, appréciant le contact avec son daemon tout proche.
Le chef du FBI se sentait coupable pour ce qui était arrivé à Clarice. C'était une excellente profileuse dotée d'une empathie et d'un sens de la déduction hors du commun, mais elle restait un être humain avec des limites, et il n'en avait pas tenu compte. Alors qu'il était évident qu'elle avait besoin d'une pause après l'affaire Hobbs (la jeune Abigail Hobbs et son daemon hermine étaient morts dans ses bras), il l'avait poussée à continuer. Il y avait eu du positif bien sûr : ils avaient arrêté de nombreux tueurs ensemble et elle était devenue célèbre après l'affaire très médiatisée du Dragon Rouge. Mais elle n'était pas sortie indemne de sa confrontation avec le tueur. Ce dernier lui avait laissé une longue balafre qui s'étendait de sa tempe au bas de sa joue, quant à son daemon lionne, il avait le flanc strié de trois grosses marques de griffes, souvenir du daemon dragon de Komodo de Dolarhyde.
Et puis il y avait eu Hannibal Lecter. Le criminel avait longuement joué avec la profileuse : il lui avait apporté son aide sur plusieurs affaires et avait même été brièvement son amant. Les preuves contre lui avaient été très minces, et la rumeur disait qu'en réalité, il s'était rendu à la justice plus qu'il n'avait été arrêté. Jack ne pensait pas que ce soit vrai car Lecter n'avait que trente ans au moment de son arrestation, ce qui restait fort jeune même si sa « carrière » de serial killer avait commencé tôt, vers treize ans, et qu'il avait avoué une bonne vingtaine de meurtres. Cependant, sa collaboration avec les services de police et ses nombreuses confessions tendaient à faire penser qu'il s'était en effet rendu de lui-même. Même si le célèbre psychiatre et Clarice n'étaient plus en couple au moment de son arrestation, la rumeur qu'il s'était laissé appréhender par amour avait couru, rapidement amplifiée par la presse à scandales.
« Vous accepteriez de parler au docteur Lecter ? »
« Si toutes les conditions de sécurité sont réunies, oui. » affirma Clarice tandis que Clara enfonçait doucement ses griffes dans le tapis.
« Elles le seront. » affirma Jack. « Les sceaux ont été vérifié une nouvelle fois ce matin, et ils le seront encore juste avant le transfert de l'Étrangleur. »
Hannibal Lecter avait été emprisonné contre son gré dans la prison pour criminels hautement dangereux du docteur Chilton. Il y avait fait cinq victimes en moins d'un an, deux prisonniers, une infirmière et deux gardiens, et ce, malgré les mesures de sécurité drastiques mises en place. Le cannibale avait ensuite marchandé son transfert dans sa propre demeure de Baltimore, acceptant que des sceaux réagissant à son code génétique y soient posés, ce qui l'empêchait de sortir du périmètre. Il pouvait circuler dans l'ensemble de sa maison, cave et grenier compris, mais il était incapable de franchir la porte de sa demeure. Dans le hall d'entrée modifié en parloir, une paroi vitrée incassable séparait le logis du médecin des éventuels visiteurs. Il avait l'autorisation de recevoir du courrier et des colis, et autant de visites que ça lui chantait.
Tout ça avait eu un prix bien sûr. Il avait fait sa demande au bon moment et apporté son aide sur une enquête difficile. Ça et le fait qu'il ait accepté de régler lui-même tous les frais liés à son emprisonnement à domicile, en particulier la mise en place des sceaux car le nombre réduit de sorciers rendait son prix exorbitant . La magie en question était extrêmement complexe à mettre en place, c'était pourquoi elle n'était pas utilisée pour les prisons classiques, mais elle était efficace. Personne n'avait trouvé quoi que ce soit à redire au fait d'accorder des conditions de détention confortables au meurtrier à partir du moment où cela assurait qu'il n'aurait aucune chance de s'évader. Et pour sauver la fille du sénateur Martin, ils consentiraient également à lui amener Will Graham.
Will joua avec ses menottes, songeant que s'il l'avait voulu, il aurait pu s'en défaire en se brisant les pouces. Mais il ne voulait pas s'enfuir, ni être ailleurs qu'à l'arrière de la camionnette sécurisée dans laquelle il se trouvait actuellement, en route pour la résidence de l'Éventreur. Même si son cœur battait à une vitesse excessive.
« Tu es nerveux ? » demanda doucement Willie, son daemon louve géante blottit contre lui pour le réchauffer de son épaisse fourrure noire.
« Je suis mort de trouille. » avoua le jeune homme, ses iris bleu-gris fixés aux yeux de la louve qui avaient exactement la même teinte .
« Tout va bien se passer. Après tout, c'est lui qui a demandé à te rencontrer. »
« Me rencontrer... Ce n'est pas comme si j'allais juste avoir un entretien avec lui. Les sorciers ont déjà introduit mes données génétiques dans les sceaux de protection. Nous allons partager la même prison de laquelle je ne sortirai plus jamais, et cette prison est sa maison. Si je le déçois... »
« Il n'y a aucune raison que ça arrive, tu le comprends mieux que quiconque. Mieux que Starling. Mieux que Crawford. Will, tu sais tout de lui, de la pointure de ses chaussures à sa marque de gel douche favorite. Et tu as un QI exceptionnel. »
« Bien en-dessous du sien. Il n'a jamais réagi à mon travail... »
« Il a tué tous ses autres imitateurs. Toi, tu es toujours en vie. »
« Les autres vivaient dans sa région, moi non. »
« Tu as peur de mourir de sa main ? »
« Non. J'ai peur qu'il me considère indigne de lui. Si je finissais comme le docteur Gideon, je m'estimerais plutôt chanceux. On sait qu'il ne l'a pas torturé et qu'il l'anesthésiait avant de l'amputer. Même si l'idée de me manger moi-même, ou que toi et moi ayons à manger la chair de l'autre ne m'enchante vraiment pas. Mais dans ce cas de figure, j'aurais l'occasion de côtoyer la perfection un moment, avant de quitter ce monde. C'est infiniment mieux que de vieillir seuls dans une cellule en France... »
« Donc tu as plutôt peur d'un possible rejet. Et de me voir souffrir. »
« Oui. Il torture aussi les daemons. Je t'entraîne là-dedans, alors que les risques sont énormes. »
« Oh de toute façon, je ne pense pas qu'on nous aurait laissé le choix. La vie d'un prisonnier ne vaut pas grand-chose comparée à celle de la fille d'une sénatrice... Et puis je veux le rencontrer autant que toi, tu le sais. Je veux le voir, lui et Archibald. »
« On ne devrait plus être loin. »
Will soupira, enfonçant ses mains dans la fourrure de Willie qui se laissa faire complaisamment. Il aurait voulu lui grattouiller le museau mais, comme lui, elle portait un dispositif l'empêchant de mordre. Ça le gênait, de même que sa position plutôt inconfortable et sa vessie pleine. Il n'avait plus été aux toilettes depuis son arrivée à l'aéroport, et plus il tentait de penser à autre chose, plus l'envie devenait pressante. Il poussa un soupir quand le véhicule s'arrêta enfin et suivit ses gardiens sans faire d'histoire jusqu'à l'intérieur de la maison. Les deux sceaux magiques irradiaient à l'entrée et les traverser lui fit un drôle d'effet, comme si quelque chose se refermait sur lui et lui collait soudainement à la peau. La sensation était désagréable mais de courte durée, et Willie sembla s'en débarrasser en s'ébrouant.
« Docteur Lecter, veuillez nous indiquer votre position. » demandèrent les gardiens de prison en tenant toujours Will fermement.
« Je suis au salon, comme convenu. » répondit le psychiatre, sa voix semblant en effet parvenir d'une pièce éloignée.
Will frissonna en l'entendant. Même s'il l'avait déjà entendu des centaines de fois sur vidéo, cette fois c'était totalement différent. Cette fois, c'était bien réel. Une partie des gardiens actionna le mécanisme d'ouverture de la paroi vitrée qui se trouvait à l'extérieur de la maison et les autres le poussèrent sans ménagement à l'intérieur de la demeure du cannibale, ainsi que son daemon et ses deux valises. La paroi redescendit aussitôt, Willie ramenant sa queue contre elle juste à temps pour éviter que quelques poils ne restent coincés dessous.
« Tout est en ordre docteur, nous partons. » annonça le gardien, puis il ajouta un ton plus bas, rien que pour Will : « J'espère qu'il te bouffera la gueule comme à Verger, c'est tout ce que tu mérites. »
L'empathe lui aurait bien répondu d'aller se faire foutre, mais il risquait d'être entendu et ce n'était pas le moment de déplaire au psychiatre. Il prit une profonde inspiration quand la porte d'entrée claqua et qu'un long sifflement se fit entendre. Le serpent-corbeau d'Hannibal précéda son maître et Will qui ne l'avait jamais vu en-dehors d'images vidéo et de photos se figea, son niveau de stress augmentant considérablement, et son envie d'aller aux toilettes aussi par la même occasion. Il était à la fois effrayé et fasciné par le daemon qui se déplaçait d'une façon étonnamment gracieuse pour un reptile de cette taille. Archibald mesurait au moins cinq mètres, était entièrement noir et couvert de plumes noires aux reflets rougeâtres sur l'ensemble du dos. Ses yeux avaient une couleur singulière, entre le marron et l'or, plus clairs que ceux du psychiatre.
« Bonjour, docteur Lecter. » souffla Will, supposant que ce dernier devait être en connexion mentale avec son serpent et l'observait par ses yeux. Il fit de son mieux pour conserver le contact visuel avec celui-ci même si ça lui était difficile, pensant brièvement qu'une morsure lui serait fatale.
Le serpent baissa légèrement la tête comme pour répondre à sa salutation et observa un moment Willie qui luttait pour ne pas rabattre sa queue entre ses pattes et pour n'émettre aucun son. L'inspection ne dura pas longtemps et Hannibal se leva, ses pas résonnants alors qu'il se rapprochait d'eux. Will frissonna violemment lorsqu'il se rendit compte de la distance qu'il y avait entre le salon et le hall, bien plus importante qu'il ne l'avait estimée au départ. Une distance qu'il aurait parcourue en courant si lui et Willie s'étaient trouvés aussi loin l'un de l'autre, car s'éloigner autant de son daemon était physiquement et psychiquement douloureux. Le psychiatre, lui, ne semblait pas éprouvé le moins du monde.
« Bonjour monsieur Graham. Bienvenue dans votre nouvelle demeure. » l'accueillit-il, dans un français impeccable.
« Merci docteur. Vous pouvez m'appeler Will. » réussit à prononcer distinctement le jeune tueur, se retenant de frémir quand les longs doigts du médecin caressèrent ses boucles brunes avant de lui ôter son masque. Pour les menottes, les gardiens avaient glissé la clé dans le tiroir qui permettait à Hannibal de recevoir des objets. Ce dernier la récupéra et le libéra immédiatement, répondant à propos du fait de l'appeler par son prénom :
« Comme il vous plaira. »
Will soupira d'aise en se frottant les poignets, soulagé de ne plus sentir le métal contre sa peau mais soulagé également de voir le daemon d'Hannibal rapetisser et s'enrouler autour des épaules de ce dernier.
« Votre daemon est magnifique, docteur. »
« Merci. » répondit l'intéressé dont l'élocution était parfaite, sans le moindre sifflement.
Will sourit, surpris de l'intervention directe du serpent à plumes.
« Je vous remercie pour Archibald. Votre daemon à vous est... surprenant. Je ne pense pas en avoir jamais vu d'aussi grand pour cette espèce. Puis-je ? » demanda-t-il en approchant légèrement de Willie.
Toucher le daemon de quelqu'un sans sa permission était vu comme extrêmement impoli, mais même lorsque les gens étaient très proches, amis, amants ou membres d'une même famille, il était rare de toucher un autre daemon que le sien. La demande mit Will mal à l'aise mais, concluant qu'il s'agissait d'un test, il accepta. Il ne parvint pas à émettre un « oui » clair mais hocha la tête en se mordillant la lèvre inférieure tandis que Willie se tassait et émettait un léger son inquiet. A cet instant, il avait juste envie de poser la main contre elle en un geste protecteur, mais il s'abstint, observant plutôt chaque geste de l'homme qu'il idolâtrait.
Hannibal se montra très doux en enlevant la muselière du daemon louve, mais là où il aurait pu se contenter de juste défaire les sangles, il plongea la main dans sa fourrure douce et la caressa au niveau des oreilles et des joues. Il n'hésita pas non plus à approcher sa main de sa gueule énorme comme si elle n'était qu'un chiot inoffensif. Ses caresses produisirent le même effet sur elle que sur Will, et comme ils étaient les deux parties d'un même individu, ils frissonnèrent à l'unisson. Au départ, l'empathe se crispa de tout son être, ayant juste envie de repousser l'homme loin de son daemon, le contact lui paraissant presque insupportable, mais après quelques longues minutes, il éprouva une sorte de plaisir étrange difficile à définir. Un plaisir coupable, parce qu'il n'aurait pas dû aimer ça, en aucune façon. Ils n'auraient pas dû aimer ça. La louve poussa néanmoins sa tête dans la main d'Hannibal et Will poussa un petit son bas et plaintif, se sentant extrêmement vulnérable. Lorsque le psychiatre recula enfin, le jeune homme tremblait de tous ses membres.
« Je vous remercie, Will. Oh, et les commodités se trouvent par ici. »
Will ne se le fit pas dire deux fois et essaya de ne pas courir jusqu'aux toilettes : son besoin de se soulager était urgent (il l'avait totalement oublié, le temps du contact entre Hannibal et Willie) mais il avait aussi besoin de s'isoler quelques minutes pour se calmer. Il aurait dû être furieux contre le médecin, mais il ne l'était pas. Hannibal n'avait pas poussé les choses trop loin, il lui avait demandé son accord et l'avait regardé fréquemment, comme pour s'assurer qu'il supportait bien la chose. Néanmoins, ça avait tout de même été une épreuve, et dès qu'il eut vidé sa vessie et qu'il se fut lavé les mains, le jeune homme entoura son daemon de ses bras, la louve géante se frottant affectueusement contre lui et lui mordillant les mains.
« Tout va bien ma belle... tout va bien. »
« C'était... déstabilisant. Mais pas vraiment déplaisant. »
« Non, pas vraiment. Si ça avait été quelqu'un d'autre... je n'aurais jamais accepté ça. C'était étrange qu'il le demande, ce n'est pas... »
« Poli ? » proposa la louve, retroussant ses babines en une sorte de sourire alors que son humain la gardait possessivement contre lui.
« Ce n'est pas non plus impoli, c'est juste... trop intime. C'est comme s'il avait plongé sa main à travers moi... Comme s'il creusait à l'intérieur. Et j'avais envie qu'il aille plus profond. »
« Il doit avoir ses raisons pour avoir fait ça. Ne le faisons pas attendre. Et, Will... ça va bien se passer. »
« Oui, ça va bien se passer. » répéta le tueur français comme pour s'en convaincre, puis il relâcha son étreinte et s'écarta de son daemon. Il sortit des toilettes et resta contre la porte le temps qu'elle aussi se soulage, une partie des toilettes étant réservée et conçue pour les daemons de tous types.
Ils retournèrent ensuite dans le salon de Lecter où ce dernier les attendait, Archibald enroulé sur ses genoux. Il avait préparé du thé et une série de pâtisseries qui avaient toutes l'air délicieuses, en quantité suffisante pour que leurs daemons puissent manger eux aussi, même s'ils n'en éprouvaient pas le besoin. Willie rapetissa pour monter sur le canapé et s'allongea contre son humain, la tête sur ses genoux.
« Je suis honoré par votre invitation, docteur Lecter. J'ai été... agréablement surpris. Et je vous remercie d'avoir insisté pour que je puisse emporter les objets de mon choix. »
« Vous avez obtenu l'autorisation d'emporter tout ce que vous désiriez ? »
« Étonnamment, oui. Mmh, j'avoue que je me demande ce que vous leur avez proposé en échange pour qu'ils se montrent aussi peu regardant sur les règlements. »
« Des renseignements sur Buffalo Bill. »
« Vous le connaissez ? »
« Via l'un de mes anciens patients, oui. Un cas relativement peu intéressant, en vérité. Parlons plutôt de vous. Pourquoi pensez-vous que je vous ai fait venir, William ? »
« Je ne vois que deux possibilités. Soit je vous intéresse et vous souhaitez ma compagnie, soit je vous ai déplu, et vous comptez me tuer. »
« Et selon vous, laquelle de ces possibilités est la plus vraisemblable ? »
« J'espère qu'il s'agit de la première, mais je n'ai pas la prétention d'affirmer vous intéresser. Le thé est parfait. Thé noir, fleurs d'hibiscus, orange sanguine et... caramel ? » demanda l'Étrangleur, avalant une petite gorgée chaude et agréablement sucré.
« C'est exact. Dites-moi Will, pourquoi avoir accepté mon invitation, alors que vous doutez de mes intentions ? »
« Je ne pouvais pas laisser passer cette opportunité de vous rencontrer. J'admire votre œuvre. Je suis très loin de... votre niveau, mais vous avez été une source d'inspiration inépuisable pour moi. Et vous m'avez fait me sentir un peu moins seul. » osa répondre l'empathe, baissant les yeux vers le tapis oriental aux motifs complexes.
« Je me suis intéressé à vous dès vos premiers pas connus et relayés par la presse. Vous êtes extrêmement différent de moi, mais intéressant. J'aurais aimé voir vos tableaux plus en détails... Si je ne me trompe pas, vous preniez des photographies et il vous arrivait de vous filmer lors de vos meurtres ? »
« C'est juste. J'ai ces photos et ces vidéos avec moi. Ce sont les premières choses que j'ai demandées, mais comme il s'agissait de pièces à conviction, ils ne m'ont fourni que des copies. Voulez-vous les voir ? »
« Avec plaisir, oui. »
Le jeune homme déglutit et se leva pour récupérer photos et disques gravés, à la fois excité et terrifié par l'idée que son modèle examine son travail. A cet instant, rien ne lui semblait bon et il déposa la boîte contenant toute la documentation sur la table, les mains légèrement tremblantes. Hannibal les lui frôla puis il souleva le couvercle métallique et s'empara des photographies. Son daemon se redressa pour les regarder mais bien vite, son attention se focalisa sur Will. Hannibal regardait l'œuvre et l'artiste à la fois grâce à Archibald, un exercice mental qui était extrêmement difficile. La plupart des gens fermaient les yeux pour voir à travers les yeux de leur daemon et n'étaient pas capables de gérer deux visions à la fois.
Les clichés étaient nombreux et classés par ordre chronologique, et le psychiatre vit donc les premiers meurtres de Will, plus brouillons et moins maîtrisés en premier lieu. Il ne faisait aucun commentaire, et passait d'une série de photos à une autre à son aise, l'expression indéchiffrable. De temps à autre, un léger sourire ornait ses lèvres, mais l'empathe ne pouvait dire s'il s'agissait d'un rictus moqueur ou d'un sourire approbateur tant il était discret. Il aurait même pu penser que le psychiatre l'avait totalement oublié si Archibald n'avait pas continué à le fixer intensément, et il sentit une goutte de sueur couler le long de son dos quand Hannibal reposa le dernier paquet de photos et releva la tête vers lui. Ses yeux havane se fixèrent aux siens, et Will soutint son regard autant que possible.
« Savez-vous pourquoi j'ai tué tous mes imitateurs jusqu'à présent, Will ? »
« Parce que leurs travaux n'étaient pas dignes de vous ? » tenta le tueur âgé de vingt-cinq ans, frottant ses mains moites de sueur l'une contre l'autre.
« Parce qu'ils étaient de simples copistes, sans le moindre intérêt. Vous n'êtes pas un imitateur. Vous êtes unique. »
Le ton caressant de la voix du médecin arracha un nouveau frémissement au serial killer français, et ce dernier bredouilla faiblement :
« Merci. »
« J'ai de nombreuses questions à vous poser, mais vous devez être épuisé par le voyage. Si vous voulez, je peux vous montrer la maison et vos quartiers, et nous discuterons de votre travail ce soir. De cette façon, j'aurais le temps de visionner les films. A moins que vous préféreriez que nous les regardions ensemble ? »
« Ça me fait un peu étrange de me voir sur un écran, c'est bien si... vous les regardez avant. Et merci infiniment pour votre hospitalité. »
« Je vous en prie. »
Le Lituanien lui frôla le bras, sans doute pour voir sa réaction, et Will lui offrit un sourire timide, ne parvenant pas encore à croire que ses travaux et sa personne de façon générale, intéressaient un homme tel que lui. Le contact tout simple le ravissait, et pour la première fois depuis qu'il avait mis les pieds dans la demeure de l'Éventreur, il se détendit. Ce dernier le laissa manger (car jusqu'ici, il n'avait rien touché d'autre que sa tasse de thé) puis lui fit faire le tour du propriétaire. La maison de maître était vaste, plus que suffisante pour deux personnes, et Hannibal lui avait aménagé un espace de vie privé composé d'une chambre, d'une salle de bain avec toilette, et d'une grande pièce faisant office de salon, de bureau et de bibliothèque. Tout était superbe, et le tueur de condition modeste se retrouva à bredouiller de nouveaux remerciements tout en pensant à son appartement vétuste en France, puis à la cellule minuscule qu'il avait occupée pendant deux longues années.
Hannibal lui fit également visiter le reste de la maison et ses propres quartiers privés, attirant son attention sur une porte située à côté de son bureau.
« Connaissez-vous l'histoire de Barbe Bleue, Will ? »
« Je la connais, oui. Est-ce que ça veut dire que cette pièce m'est interdite ? »
« Oui. Et ce n'est pas là une façon de tromper l'ennui parce que je suis emprisonné entre ces murs depuis trop longtemps. Je ne vous dis pas ça dans le but de vous inciter à y entrer dès que j'aurais le dos tourné. Si je vous y trouve, Will... si vous touchez à quoi que ce soit à l'intérieur, je vous tuerais. A regret, mais sans hésitations. Est-ce bien clair ? »
« Parfaitement clair. Vous pouvez avoir confiance en moi. »
« Bien. »
Will sourit, pas du tout inquiété par la mise en garde, car il avait dit la vérité : il ne désobéirait pas. Il était curieux bien sûr, comme tout un chacun, mais il essaierait de deviner le contenu de la pièce par des discussions avec son hôte plutôt que de risquer de s'opposer à lui. Et surtout, malgré le discours de nature plutôt inquiétante que venait de lui tenir Hannibal, son cerveau n'avait retenu que les mots « si j'avais à vous tuer, ce serait à regret ».
L'Éventreur termina la visite en revenant au rez-de-chaussée pour récupérer les valises de Willet l'aider à les porter jusqu'à l'étage, Willie trottinant derrière eux et ne cessant de jeter de petits coups d'œil curieux à Archibald qui se tenait, comme souvent, enroulé autour des épaules de son maître.
« A ce soir, William. Le dîner se tiendra à dix-neuf heures.»
« Si vous voulez de l'aide... »
« Non, reposez-vous. Vous en avez besoin. »
Et de fait, Will bâilla dès que Hannibal fut parti. Son premier geste fut d'enlever ses chaussures puis de se dénuder, déposant ses vêtements dans une corbeille à linge prévue à cet effet. Il n'aurait pas osé les laisser traîner sur le sol comme il le faisait parfois chez lui, lorsqu'il était encore libre. Willie le suivit dans la salle de bain en rapetissant pour pouvoir passer la porte et s'installa sur la carpette pendant qu'il faisait couler l'eau chaude. A la prison, le savon comme le shampoing étaient basiques, presque sans odeur, et le jeune homme prit plaisir à utiliser les produits clairement haut de gamme que son hôte avait disposés à son intention sur le rebord carrelé à côté de la baignoire.
« Il me trouve intéressant. Il a dit qu'il ne me tuerait qu'à regret. » s'enthousiasma l'empathe en se savonnant vigoureusement.
« J'étais là, tu sais. Et une promesse de meurtre, ce n'est pas vraiment ce que j'appelle un compliment. » le taquina la louve avant de venir renifler l'eau du bain.
« Je te remercie de ton soutien. Vilaine. » dit Will, puis il passa ses mains humides dans sa fourrure.
« Tu ne veux pas jouer à ça. Imagine que je sente le chien mouillé pour le repas de ce soir... »
« Mmh mmh, tu marques un point. » dit Will, faisant mousser un shampoing à l'odeur de citron dans ses cheveux bouclés.
« Que crois-tu qu'il y ait dans la pièce interdite ? »
« Je n'en ai pas la moindre idée. J'essaie de ne pas y penser. La dernière chose que je veux, c'est gâcher cette chance extraordinaire que j'ai d'apprendre à le connaître, à cause d'un peu de curiosité déplacée... »
« Donc, on ne tente rien de ce côté. »
« Évidemment que non. »
« Tu as assez frotté je crois... Tu sens parfaitement bon. Mais tu pourrais peut-être raccourcir un peu ta barbe. Qu'est-ce que tu vas porter ? »
« J'imagine qu'un costume serait bienvenu, non ? Même si tout vaudra mieux que cette tenue de prisonnier. »
« Tu n'es pas à l'aise en costume. Je sais que tu cherches à lui plaire, mais reste... comme tu es. »
« Tout nu, c'est ça ? » plaisanta Will, puis il ajouta : « Je ne sais même pas s'il aime les hommes. Probablement pas, en fait, on ne lui connaît que des relations féminines. Mais ça n'a pas d'importance, c'est... secondaire. »
« Tu n'as jamais été très porté sur le sexe, c'est vrai. »
« Trop d'interactions sociales autour. » grommela Will.
Il avait eu quelques rapports, aussi bien avec des femmes qu'avec des hommes, sans avoir de réelle préférence et sans en tirer beaucoup de satisfaction. Il était mal à l'aise avec les inconnus, et il avait du mal à savoir comment se comporter avec eux avant et après l'acte. Souvent, lorsqu'il ne désirait plus de contact et souhaitait s'en aller, son partenaire se montrait tactile et inversement, quand il avait envie d'un câlin, l'autre se montrait distant. Son empathie lui permettait parfois de ressentir les intentions d'autrui, mais il ne savait pas toujours comme réagir. Et parfois, la façon de se comporter de ses partenaires s'opposait à ce qu'ils dégageaient émotionnellement, ce qui le rendait encore plus confus.
Les relations sexuelles en elles-mêmes, étaient parfois plaisantes, parfois moins. Dans l'ensemble, il considérait que se trouver un partenaire présentait trop de contraintes, et il avait rapidement laissé tomber. Cela faisait quelques années qu'il n'avait plus eu d'amant ou d'amante, et il ne s'en portait pas plus mal. La surveillance constante en prison avait bien été la source de quelques frustrations, mais il avait plutôt bien supporté les choses, et à présent qu'il était seul, détendu et à l'abri, il n'avait même pas envie de se soulager. Il était fatigué, et son esprit était trop focalisé sur Hannibal Lecter pour lui permettre de penser à ça.
« Sors de là, tu vas être tout fripé. »
« Et je vais m'endormir d'un instant à l'autre, si je ne bouge pas. Cet endroit, c'est le paradis mmh... »
« J'espère que tu penseras toujours ça d'ici quelques années. »
« Oh bien sûr, il y aura des moments où j'aurais envie de sortir mais... je peux voir la rue et le ciel de ma fenêtre, j'aurais de quoi m'occuper, tout le confort et je ne serai pas seul. Je ne suis pas à plaindre, pour quelqu'un censé moisir en cellule. » rappela Will en sortant de son bain après s'être abondamment rincé.
Il se sécha rapidement puis choisit sa tenue, pas un costume complet, mais un pantalon habillé et une chemise bleu clair. Classique, net et élégant. Il essaya de discipliner un peu ses boucles et tailla sa barbe comme conseillé par Willie, puis regarda cette dernière dans l'attente du verdict.
« Tu es très beau. Et prêt pour ton rencard. »
« Ce n'est pas un rencard. »
« Will, tu as même ciré tes chaussures. A la maison, c'était vieilles baskets et chemises à carreaux... »
« Le contexte est différent. Viens là que je te brosse un peu... »
Willie lui adressa un nouveau sourire pointu mais se laissa faire, puis elle se coucha à ses pieds quand il eut terminé et qu'il s'affala dans un fauteuil. Le voyage et le stress combinés lui donnèrent envie de dormir, mais il avait terriblement peur de ne pas se réveiller à temps pour le dîner.
« Dors Will, je te réveillerai. »
« Et toi ? »
« J'apprécie dormir mais tu sais que je n'en ai pas vraiment besoin. Je te réveillerai un quart d'heure avant l'heure, mmh ? »
Le criminel hocha la tête puis ferma les yeux, ne tardant pas à s'assoupir. Finalement, ce ne fut pas Willie qui le réveilla mais l'odeur délicieuse et reconnaissable entre mille qui montait du rez-de-chaussée. Le jeune tueur et son daemon se regardèrent avec la même expression surprise.
« Ça sent la viande... »
« Mais ce n'est pas possible. Mmh... il est bientôt dix-neuf heures, je pense qu'on peut descendre. » proposa Will, ne pouvant réprimer sa curiosité.
Il passa par la salle de bain pour se recoiffer un peu et mettre une petite touche de parfum sous le regard amusé de la louve puis descendit les escaliers aussi rapidement que possible, mais sans courir, il ne voulait pas avoir l'air d'un gosse devant Hannibal. Ce dernier était en train de dresser l'entrée et même si Will savait de quoi il était capable en cuisine, il ouvrit un moment la bouche, impressionné par la présentation. L'entrée était composée de différents fruits frais (et le jeune homme se demandait comment le psychiatre leur avait donné cette forme de sphère parfaite) sur lesquels étaient piquées des roses faites de fines tranches de viande. L'empathe rosit lorsque son estomac se manifesta bruyamment mais son hôte accueillit la chose avec un sourire et l'invita à s'asseoir d'un geste de la main. Il ne leur avait pas servi de vin mais un excellent whisky, l'alcool favori de Will qui nota l'attention et se demanda où Hannibal avait trouvé l'information, avant de se rappeler qu'il avait vu une bonne partie des vidéos qu'il lui avait confiée. Il lui arrivait souvent de boire un petit verre après la touche finale à une œuvre, alors que la caméra tournait encore.
« Merci docteur Lecter. Comment avez-vous obtenu... c'est bien de la viande, n'est-ce pas ? »
« Du jambon de parme, en effet. Vous m'excuserez pour cette indélicatesse, mais je ne pourrai répondre à aucune question concernant la provenance de la nourriture. »
« Vous êtes tout excusé. »
Le médecin avait préparé de petites assiettes pour leurs daemons également et Archibald releva gracieusement la tête de son plat quand, alors qu'ils avaient presque fini les entrées, le psychiatre aborda le sujet des meurtres de Will.
« Je n'ai pas eu le temps de regarder la totalité des vidéos mais ce que j'ai vu était fascinant, William. Un peu brouillon dans vos débuts, mais vous avez progressé de façon impressionnante. J'ai tant de questions à vous poser... »
« Je vous écoute. » souffla l'Étrangleur en essayant de ne pas quitter son interlocuteur des yeux.
« Je sais que vous n'êtes pas à l'aise avec les contacts visuels prolongés, ne vous forcez pas. En aucun cas je ne considérerai ça comme un signe de faiblesse. »
Will hocha la tête et baissa aussitôt les yeux, soupirant de soulagement alors qu'Hannibal reprenait la parole :
« Votre tout premier meurtre, vous ne l'avez pas filmé n'est-ce pas ? C'était un accident ? C'est l'un de vos rares meurtres où les mutilations étaient ante-mortem. »
« On ne peut pas vraiment appeler ça un accident. Mais ce n'était pas prévu, c'est vrai. »
« Vous aviez seize ans, je crois ? C'est jeune. Que s'est-il passé ? »
« Pas aussi jeune que vous lorsque vous avez tué le boucher. Je vivais seul avec mon père lorsque j'étais encoreétudiant, mais il était souvent absent. Il passait des semaines chez ses amis, et moi, je me débrouillais comme je pouvais avec le peu d'argent qu'il me laissait. Un jour, Steve m'a suivi... C'était un type très populaire, sportif, beau garçon, il était sorti avec la moitié de l'école. »
« Il vous plaisait. »
« Oui. Et il le savait... Pourtant, j'étais plutôt du genre discret. Il m'a rejoint sur la route, et il m'a demandé s'il pouvait venir chez moi. J'ai tout de suite accepté, même si je trouvais ça étrange. Lui et moi, nous n'avions rien en commun. Une fois seuls, il s'est montré étonnamment charmant, et il m'a embrassé. Puis... »
L'empathe se mordilla la lèvre inférieure, hésitant à poursuivre parce que le souvenir était embarrassant. Hannibal posa alors sa main sur la sienne et la caressa de son pouce, le contact merveilleusement apaisant.
« Puis quand j'ai voulu aller un peu plus loin, il… peu importe. Ça n'avait été qu'un jeu pour lui. Quelque chose qu'il raconterait à ses amis qui le raconteraient aux leurs, et ainsi de suite. Et je savais que je ne pourrai rien faire pour arrêter ça. Le sentiment d'impuissance, je crois que c'était encore pire que le rejet. »
« Qu'est-il arrivé ensuite ? »
« Willie a attrapé le daemon de Steve dans sa gueule. C'était un écureuil, une petite chose si fragile... Je lui ai dit de mordre. Pas au point de le tuer, mais suffisamment pour le blesser. Le hurlement que Steve a poussé, je peux encore l'entendre... Vous savez, j'ai toujours eu une forte empathie. Je ressens facilement ce que les autres ressentent, et là, je ressentais tout. Sa panique et sa douleur... mais aussi cette sensation grisante de puissance et de contrôle. Mais pas la moindre compassion. »
« Continuez. » l'encouragea Hannibal qui semblait captivé par le récit.
« J'avais déjà cette curiosité morbide pour vos travaux, à l'époque. Je conservais tous les articles, des plus sérieux jusqu'à ceux de la presse à scandale. Pas de photos, mais des descriptions parfois étonnamment précises. Chez toutes vos victimes, les joues manquaient... C'était comme une signature. »
« Alors vous les lui avez prises. »
« C'était plus facile que ce à quoi je m'attendais. Il ne pouvait pas bouger avec son daemon dans la gueule de Willie. J'ai pu prendre mon temps, installer une bâche en plastique sous lui pour éviter de mettre du sang sur le plancher, et il s'est à peine débattu. »
« Vous n'avez pas fait souffrir la plupart de vos autres victimes. Les mutilations que vous leur infligiez étaient toutes post-mortem. En quoi était-ce différent, cette fois ? Quels sont vos critères de... sélection ?»
« Mes critères sont semblables aux vôtres. Je choisis des nuisibles. Je ne les fais souffrir que lorsque l'offense est personnelle, sinon, ça ne m'intéresse pas vraiment. L'esthétique m'importe plus que la douleur. »
Le jeune homme se sentait bien, moins stressé à présent que son modèle le regardait avec un air approbateur. Lorsqu'il lui proposa de discuter un peu au salon avant de passer au plat principal, il accepta aussitôt et suivit le cannibale dans ladite pièce. Il observa l'homme changer deux fauteuils de place et nota avec plaisir qu'il les positionnait l'un en face de l'autre, extrêmement proches. Will attendit qu'il lui fasse signe de s'y asseoir pour s'y installer, Willie se couchant non pas à ses pieds mais sur le côté car l'espace entre les fauteuils était trop restreint pour elle.
L'Étrangleur s'attendait à voir Archibald rester enroulé autour des épaules du médecin mais le serpent imita Willie en se positionnant à côté du siège de son maître, puis il se rapprocha légèrement d'elle. La louve noire se redressa en position assise et avança le museau pour sentir le serpent à plumes, puis elle leva légèrement la patte avant, comme si elle avait envie de le toucher... ou de jouer avec lui. Un comportement pas très digne qui fit rosir Will, et il la rappela à l'ordre d'un ton embarrassé :
« Willie ! »
Le daemon louve émit un petit geignement et reposa sa patte au sol tandis que Will relevait les yeux vers Hannibal qui souriait, plutôt amusé.
« Ce n'est rien, elle est simplement curieuse. »
« Mmmh oui. » bredouilla Will, détournant les yeux et observant à nouveau leurs daemons. Il ne s'attendait pas à voir Archibald se redresser pour être à la hauteur de la tête de la louve, et encore moins le voir... gonfler ses plumes, ce qui le rendait à la fois plus majestueux et inquiétant. Le comportement restait cependant étrange, et Will ne savait pas comment l'interpréter : comme une volonté de marquer une position dominante, ou comme une tentative d'impressionner. La première solution n'avait aucun sens, Hannibal comme Archibald n'avaient pas besoin de rappeler leur position dans un rapport de force qui n'existait pas vraiment, ce qui signifiait... que le serpent à plumes faisait le beau devant Willie.
Lorsqu'il releva les yeux vers le psychiatre, ce dernier s'était rapproché et il manqua de sursauter en avisant son expression toute particulière. Ses yeux brillaient d'une lueur rougeâtre et semblaient presque noirs, et son léger sourire découvrait les pointes de ses longues canines. Il frissonna, n'ayant pas besoin de regarder Willie pour savoir qu'Archibald la fixait de la même manière, et qu'elle aussi hypnotisée par le charme magnétique du médecin et de son daemon que lui. Will se rappela d'un détail qui revenait souvent dans les récits de personnes qui avaient interrogées Hannibal après son arrestation : son regard les mettait mal à l'aise, car difficile à déchiffrer. C'était ce qu'il ressentait à ce moment, même s'il était aussi flatté par l'intérêt qu'il lui portait.
« Comment étais-ce, la première fois que vous avez mangé une de vos victimes ? » demanda Hannibal, en le sortant de ses pensées. Il était si proche à présent que leurs genoux se touchaient.
« Un peu étrange. Je ne savais pas s'il valait mieux consommer la viande tout de suite ou attendre, mais de toute manière, je devais m'occuper du corps de Steve, alors je l'ai mise de côté au frigo. En espérant que mon père ne revienne pas entre temps, car je ne savais jamais quand il rentrait à la maison. »
« J'imagine que ça n'a pas été facile, de vous occuper du corps. »
« J'ai failli me faire prendre plus d'une fois. C'était précipité, peu réfléchi, hum... mais vous le savez. »
« Pour un premier jet, c'était plutôt bon. Le corps maintenu agenouillé, les mains jointes levées vers le ciel et la langue tranchée posée au creux de celles-ci... La symbolique est intéressante, et l'humiliation de la victime, évidente. »
« Merci. Pour en revenir à ma première consommation de viande, je... je ne savais pas comment faire. Il n'y avait rien sur ce genre de détails dans les journaux, pas même sur Tattlecrime. C'était trop tabou pour que la presse en parle. Je ne savais pas si je devais enlever la peau ou non, quel temps de cuisson était idéal, ni ce que je prendrai chez mes victimes suivantes. Je me suis montré prudent, en ne prélevant que ce que vous, vous consommiez. Ma connaissance de l'anatomie n'était pas bonne non plus, et mes... outils pas les meilleurs pour ce genre de choses, au début. »
« Oui, j'ai remarqué que certaines des mutilations cachaient vos maladresses, mais vous n'avez pas à en rougir. Les erreurs vous ont fait progresser, et vous travailliez dans l'inconnu. »
« Oui, il n'y a pas de guide du parfait serial killer... hum. »
« J'aurais beaucoup aimé être là pour vous guider, même s'il n'est pas trop tard pour vous apprendre tout ce que je sais. »
« Ce sera avec plaisir docteur, même si je crains n'avoir jamais le loisir de mettre vos enseignements en pratique. »
« Qui sait. » répondit Hannibal, ce qui ne manqua pas de faire s'interroger Will, mais il ne pressa pas le psychiatre de questions, reprenant plutôt la discussion :
« J'ai partagé la chair des joues de Steve avec Willie, mais je n'ai pas pu manger son daemon. Il était trop petit, et elle n'en a fait qu'une bouchée. Pour nos victimes suivantes par contre, nous avons tout partagé. Le goût était... surprenant, ainsi que l'odeur. »
« Oui, c'est d'autant plus surprenant lorsque l'on est habitué à un régime végétarien par la force des choses. J'ai remarqué que beaucoup de nos victimes avaient leur espèce de daemons en commun, j'imagine que ce n'est pas un hasard. Vous vouliez partagez les mêmes expériences que moi... »
« Oui. Je regrette de ne pas avoir pu aller jusqu'au bout avec DuMaurier... »
« Vous pensiez que cela vous rendrait plus proche de moi, de manger du cygne, parce que le daemon de ma sœur en était un ? »
« Oui et non. J'étais curieux de connaître le goût de la première chair de daemon que vous ayez mangée, mais c'était plus... symbolique. Je voulais vous montrer mon intérêt pour vous. »
« Je suis flatté, William. Et il se trouve qu'il y a du cygne au menu ce soir. »
« Mais comment av... »
Le jeune tueur frissonna et loucha brièvement sur le pouce de son interlocuteur qui venait de se poser sur ses lèvres. Pas de questions à propos de la provenance de la viande, le psychiatre le lui avait bien dit. Mais à présent que leurs peaux étaient en contact direct, il ne se posait plus de questions du tout, et lorsque le médecin retira sa main, il la retint sans y réfléchir et embrassa le dos de ses doigts repliés. Se rendant bien compte de ce qu'il venait d'oser faire, il relâcha aussitôt sa prise et attendit une réaction de la part d'Hannibal, mais ce dernier avait seulement son léger sourire habituel aux lèvres. Un sourire qui ne révélait rien à propos de ce qu'il pensait de lui et de son comportement.
« Voulez-vous passer à la suite ? » lui proposa-t-il, et Will se demandant un moment de quoi il parlait avant de se rappeler du dîner et de comprendre qu'il lui offrait une porte de sortie pour se tirer de cette situation pour le moins embarrassante, comme le parfait gentleman qu'il était.
« Oui, s'il-vous-plaît. »
Il se leva en pensant s'être ridiculisé avec ce baisemain digne d'un adolescent et se figea en sentant la large main masculine du docteur dans son dos. Il frissonna jusqu'à la racine des cheveux, sourit timidement à l'homme puis s'enfuit pratiquement dans la salle à manger, Willie sur ses talons. Son cœur reprit un rythme de battement plus régulier les minutes suivantes alors qu'Hannibal installait sur la table une pierre à griller, puis deux plateaux couverts de viandes. Il y avait bien quelques salades et préparations de légumes qui semblaient absolument délicieuses en accompagnement, mais ce n'était... et bien que l'accompagnement. Will ne put empêcher son regard de passer de son hôte aux plats, parce qu'il n'avait jamais vu autant de viandes différentes de sa vie, chacune en petite quantité. Une fiche plastifiée suivait la disposition des viandes sur le plateau et indiquait de quel « animal »provenait chaque morceau, et il y avait au moins vingt espèces différentes. Cela représentait beaucoup, beaucoup de meurtres de daemons, et une quantité impressionnante de viande qui devait se trouver dans le congélateur du psychiatre, car il y avait du cheval entre autres choses, et il doutait que le médecin soit du genre à gaspiller la moindre parcelle de chair. Ça ne collait pas. S'il avait tué autant de daemons, il avait forcément aussi tué leurs propriétaires. Il aurait dû y avoir de la chair humaine à table, ce qui n'était pas le cas.
« Ne réfléchissez pas autant William, profitez simplement de l'instant présent. »
Le jeune homme hocha la tête et repoussa ses nombreuses questions, se concentrant sur le repas exceptionnel qui lui était offert. Un peu hésitant les premières minutes, il n'hésita pas ensuite à poser des questions au médecin sur la cuisson idéale ou les associations de saveurs en voyant que ce dernier lui répondait avec plaisir. Il fit juste attention à ne pas abuser de l'excellent vin rouge qui accompagnait le repas car il n'avait aucune envie d'être ivre et de perdre le contrôle, pas maintenant alors que l'ambiance était si agréable et tranquille. Willie partageait naturellement son état d'esprit, et elle frotta affectueusement sa tête contre sa main une fois son plat vide, car comme précédemment, le psychiatre avait préparé des petites portions pour leurs daemons. Donner à manger à son daemon à table, en-dehors des plats prévus pour eux, était vu comme parfaitement normal et Will ne se gêna pas pour lui donner quelques bouchées de viande supplémentaires à la main. Hannibal présenta également un morceau de viande crue à Archibald qui ne le prit pas délicatement comme il le faisait le plus souvent, mais étendit son corps dans un mouvement vif et rapide qui était celui qu'adoptaient tous les serpents dans les univers où ils étaient des animaux. Will se tendit légèrement, surpris même s'il avait déjà vu le serpent à plumes adopter ce comportement en vidéo.
« Comme avec le rat de l'infirmière... »
« Tattlecrime, j'imagine ? » demanda le médecin.
« Oui, un long article assez détaillé, avec une proposition habilement glissée entre les lignes. Je ne sais pas comment Freddie Lounds a obtenu cette vidéo, mais la qualité de l'image était excellente. »
« J'imagine qu'elle la revendait à prix d'or. »
« Ça les valait. Je me suis toujours demandé... en quoi cette infirmière correspondait à vos critères. »
« Elle s'occupait des prises de sang lors des bilans médicaux obligatoires. Elle piquait à plusieurs reprises, alors que j'ai des veines parfaitement visibles. »
« Je vois. » répondit Will en souriant, même s'il se souvenait parfaitement de l'expression horrifiée de la soignante lorsque Archibald avait avalé son daemon, juste avant qu'Hannibal lui ouvre la gorge avec les dents et mette fin à son supplice.
Les deux hommes terminèrent de manger et dévièrent vers d'autres sujets de conversation, désireux de se connaître davantage. Will pour sa part connaissait les goûts du psychiatre et avait avalé autant de références culturelles que possible, mais il savait qu'il lui restait d'énormes lacunes. Son niveau d'étude n'était guère élevé et il avait manqué de très nombreuses fois les cours à cause de son père qui avait besoin de lui à la maison pour s'occuper de différentes tâches dont il aurait dû se charger lui-même. Heureusement, Will était vif d'esprit et avait une excellente mémoire, ce qui rattrapait un peu les choses et lui permis d'entretenir facilement la conversation avec le médecin. Il n'essaya pas de paraître plus cultivé qu'il ne l'était, c'était inutile, et admettait quand il n'avait aucune idée de ce dont Hannibal lui parlait. Ce dernier ne sembla jamais agacé par son ignorance et paraissait prendre plaisir à lui apprendre ce qu'il ne connaissait pas, n'hésitant pas à appuyer ses propos par des documents qu'il téléchargeait sur une petite tablette tactile bien pratique qu'il était allé chercher dans son bureau. Le jeune tueur se fichait qu'un artiste soit célèbre ou non, s'il n'aimait pas son travail, il n'hésitait pas à le critiquer de manière constructive et son honnêteté et ses opinions bien tranchées semblaient plaire à Hannibal. Sa réserve naturelle diminuait au fur et à mesure qu'ils se côtoyaient et il se confia beaucoup à lui, y compris sur des choses personnelles, et en fin de soirée, après qu'ils aient mangé tardivement le dessert, les deux tueurs avaient l'impression de se connaître depuis des années. Ayant finalement cédé à l'appel du vin, Will était légèrement ivre et osa s'appuyer contre le cannibale alors qu'ils étaient confortablement assis dans le salon.
« Docteur Lecter... »
« Oui, William ? »
« C'est étrange... j'ai l'impression de ne pas vous avoir rencontré aujourd'hui, comme si... ça faisait plus de temps qu'on se connaissait, vous et moi. »
« Eh bien, vous saviez beaucoup de choses à mon sujet avant de me rencontrer. »
« Non ce n'est pas ça... c'est plus comme une impression de déjà-vu...ça ne vient pas des vidéos ou des photos que j'ai pu voir, c'est juste... différent. »
« Je comprends. »
« Vraiment ? »
« Nous avons une connexion. Nous sommes proches. »
« Parce que vous avez touché Willie ? »
« Avant même que je ne touche Willie. J'en sais bien plus sur vous que ce que vous pouvez imaginer. »
« Vous savez docteur, le mystère a son charme mais vous n'en avez pas besoin, vous êtes déjà charmant. Heu... je veux dire... je veux dire que vous avez beaucoup de mmh de présence, vous êtes... »
« Shhhh. » le coupa Hannibal, caressant à nouveau ses lèvres de son pouce, puis il approcha son visage si près du sien que Will pensa qu'il allait l'embrasser. A la place, il sentit quelque chose de lisse et froid contre sa gorge. Il réalisa qu'Archibald s'était enroulé autour de son corps et que sa tête reposait au niveau de son cou, ses plumes chatouillant le dessous de sa mâchoire. La situation aurait pu être terrifiante parce que le serpent avait repris sa taille réelle et aurait pu le serrer assez fort pour l'étouffer, mais il sentait que ce n'était absolument pas dans ses intentions. Bien au contraire. Il n'avait jamais touché de daemon et émit un « ah ! » lorsque le toucher froid se changea en quelque chose de différent et d'unique, une connexion, et ouvrit de grands yeux surpris en ressentant la multitude d'émotions qu'éprouvait Hannibal. Il ressentit son immense assurance, une sensation extrêmement confortable pour lui, ainsi que sa joie, du soulagement, une profonde affection, de l'émerveillement et un désir intense qui lui coupa le souffle. Il aurait aimé rester en connexion plus longuement, mais il savait que c'était très déstabilisant d'avoir son daemon en contact avec un autre que soi. Quand Archibald s'éloigna de lui et brisa le lien, il frémit et se retint de le toucher, se blottissant plutôt contre le médecin qui referma ses bras autour de sa taille.
Notes :
Mille bisous à Maeglin pour la correction en dernière minute !
J'accorde au masculin avec « daemon » même quand ledit daemon est féminin, exemple : le daemon louve blottit contre lui. Je ne respecte pas le canon des livres A la croisée des mondes (ou plutôt je l'arrange à ma sauce, lol).
Question de l'auteur du défi, quel serait votre daemon si vous en aviez un ? : Probablement un petit chien fluffy avec une couleur absolument pas naturelle. Ou une marmotte x).
Re notes: Les reviews perdues suite au changement de chapitre/recueil.
Nauss : Intéressante, cette utilisation des deamons ! C'est aussi une nouveauté pour moi, je ne connaissais pas du tout ces personnages animaux avant de lire quelques textes écrits pour le collectif, mais c'était en tout cas bien mené et franchement intéressant. Est-ce que tu comptes poursuivre avec un autre chapitre ? Quoi que celui ci pourrait se suffir en soi. Par contre je ne comprends pas pourquoi tu l'as posté à la suite des trois autres ?
L'univers était intéressant aussi au delà des deamons : ce monde où will et Hannibal sont deux meurtriers qui ne se connaissent que par meurtres interposés et relayés par la presse, et tous les deux emprisonnés, âme es à se rencontrer parce qu'hannibal l'a obtenu de ses geôliers... J'ai beaucoup aimé les suivre à travers cette histoire.
Merci de l'avoir écrite et belle participation au challenge !
Bises
Nanthana : Salut. Je ne suis ni familière des daemon ni de la série (moi j'en suis resté au silence des agneaux lol) mais c'est un texte trés bien écrit et trés agréable à lire. L'histoire est bien amenée et se suit avec plaisir mais en ayant une certaine méconnaissance du fandom. Bref, j'ai beaucoup apprécié. Merci
Vevarda : J'ai trouvé le truc des daemon un peu bizarre au départ, mais on s'y fait vite xD J'ai beaucoup aimé
