Titre : Grandir, c'est dire je t'aime.

Source : GRAVITATION

Auteur(e) : Lysanea (lysaneahotmail.fr)

Genre : yaoi, un lemon certainement à un moment ou un autre, lime dans les mêmes proportions, quelques chapitres songfic, bref je pense mettre un peu de tout !

Disclamer : aucun des personnages ne m'appartient sauf Diamanda Renée, Sarah Hoang, et mention contraire, on verra au fil des chapitres. Pour celui-ci, la chanson est « When you came into my life » des Scorpions, in Pure Instinct 2005.

Résumé : petite fic cette fois centrée sur le couple Ryuichi/Tatsuha, en réponse aux demandes que j'ai reçu suite à ma fic « la menace du rival, le malentendu » où j'avais laissé en suspens leur histoire… Elle reprend donc trois ans après « la menace du rival », à un moment appartenant à l'histoire de Shuichi et Yuki que j'ai développé dans mon arc The Gravity Tour – La menace du rival – le choix d'une vie.

Note : 1. Pour ceux qui n'ont pas lu les précédentes fics mais qui se retrouvent à vouloir lire celle-ci, j'ai essayé de résumer un peu, d'où un premier chapitre assez lourd et long. J'espère que cette note ne vous découragera pas.

2. Ceux qui me connaissent déjà savent que d'habitude, j'update très vite, car mes fics sont finies quand je commence à les poster, je les retravaille seulement un peu au fur et à mesure. Or, cette fois-ci, la fic n'est pas finie du tout, donc ça prendra certainement plus de temps. C'est une nouvelle manière de procéder pour moi, j'espère que vous serez indulgents !

3. Comme pour mes fics précédentes, Shuichi appelle Yuki « Eiri » alors que les autres (sauf sa famille) continuent de l'appeler Yuki. Moi j'utilise Yuki pour parler de lui.

Chapitre un : une brillante idée.

Pairing : Shuichi/Yuki.(pour l'instant)

Personnages :


Chapitre Un : une brillante idée.

Bien installé dans son fauteuil à bascule, Shuichi dévorait le dernier DVD de Ryuichi. C'était l'enregistrement de son show magistral au Lousiana Superdome, le plus grand stade couvert du monde qui avait eu lieu l'été dernier. Le chanteur admirait son aîné et son idole ; malgré ses cinq ans de carrière avec Bad Luck et tous les concerts qu'ils avaient fait en Asie et en Europe, les salles qu'ils avaient remplis, le public qu'ils avaient réussi à contenter même sur tout le continent américain, jamais, et il le reconnaissait sans aucune amertume ni envie, il n'aurait pu assurer de tels shows. K lui avait assuré qu'il était en train de devenir capable de le faire, qu'il allait finir par y arriver, s'il continuait sa carrière.

Il avait fallu du temps à Ryuichi pour s'imposer et conquérir les Etats-Unis. Mais depuis qu'il y était retourné et avait repris sa carrière solo, trois ans et demi plus tôt, jonglant un peu les premiers temps avec les Nittle Grasper au Japon, ses dates étaient complètes, il se produisait même souvent à guichet fermé.

Mais Shuichi avait fait le choix, avec les autres membres du groupe, de cesser leur carrière après cinq ans. Bad Luck avait donné son dernier concert huit mois plus tôt au Tokyo Dôme, un adieu magistral, mais qui n'avait en rien modifier leur détermination à vivre leur vie.

Hiroshi et Ayaka s'étaient mariés deux mois plus tard.

Fujisaki s'était inscrit à l'université pour faire des études de musicologie, tout en donnant des cours en parallèle et en se produisant parfois lorsqu'on faisait appel à lui. Il sortait toujours avec la sœur de Shuichi, Hisae, même si leur histoire était loin d'être simple et qu'il leur arrivait de se séparer de longs mois avant de se retrouver et de se jurer à nouveau un amour éternel…

Quant à Shuichi et Yuki, ils s'apprêtaient à gagner le Canada pour se marier, enfin. Ils avaient passé les derniers mois entre Toronto et Tokyo à régler leur départ du Japon et leur installation au Canada. Sans parler des préparatifs du mariage…

Mais ils étaient heureux, c'était comme s'ils avaient attendus ça toute leur vie…

Le bruit de la clé tournant dans la serrure tira Shuichi de ses réflexions. Il mit pause et se tourna vers l'entrée du salon.

- Tu n'as pas confiance en lui, disait Yuki.

- Ce n'est pas tellement ça, Onii-chan. Je pense juste que quelqu'un qu'on force à faire quelque chose ne le ferra jamais aussi bien que s'il était seulement porté par un élan du cœur.

- C'est évident. Mais pressé d'en finir, il se révélera peut-être un excellent prêtre.

- Vu comme c'est parti, j'en doute ! soupira Tatsuha alors qu'ils entraient tous les deux dans le salon.

- Okaeri ! les salua Shuichi en se levant. Vous avez fait vite !

- Il n'y avait personne, on a eu de la chance. Ca va ? lui demanda Yuki en l'embrassant.

- Haï ! Tu as besoin d'aide ?

- Iee, ça ira. Reste-là aussi, Tat-chan, t'en a assez fait, répondit-il avant de filer à la cuisine ranger les courses.

Tatsuha s'assit dans le canapé et sourit à Shuichi, qui avait repris sa place dans son fauteuil.

- Comment va mon beau-frère adoré ? lui demanda-t-il.

- Très bien, je suis content d'être rentré à la maison ! Tu m'en veux pas, j'ai mis le dvd de Ryui-chan que tu as posé avant de partir faire les courses.

- C'était le but. T'en penses quoi ? voulu-t-il savoir en tournant son regard sombre vers la télé. D'après moi, c'est son meilleur concert. Il est bluffant !

- Il ne finit pas par se mettre nu là aussi, rassure-moi ?

Tatsuha lui lança un regard mauvais.

- Ca fait longtemps qu'il ne le fait plus. Et franchement, je ne le prendrai pas de la même façon, s'il recommençait. La première fois, j'ai réagi comme un fan, je ne le connaissais pas. Aujourd'hui, c'est différent.

- Je comprend. Excuse-moi un instant. Chéri, tu es sûr de ne pas avoir besoin d'aide ?

Pour toute réponse, Yuki apparut avec des bières et des sodas. Il les posa sur la table basse et alla s'installer à côté de son frère sur le canapé, ébouriffant les cheveux de Shuichi au passage.

- Je t'ai dit que ça allait, tenshi. Tu regardais le dernier concert de Ryuichi, remarqua-t-il en jetant un œil sur la télé, toujours en pause.

- Le dernier enregistré, oui, il en a fait d'autres depuis. Mais d'après Tat-chan, pas aussi impressionnant. Et vu ce que j'ai pu apprécier jusque là, je veux bien le croire.

- C'est celui de l'été dernier, au Louisiana Superdome, on en a regardé un bout ensemble, il y a deux jours.

- Ah oui, c'est là qu'il a chanté, pour la première fois en public, la chanson qu'il t'a écrite, se souvint l'écrivain.

- « When you came into my life » ? s'exclama Shuichi. Sugoï ! J'adore cette chanson, elle est trop belle et émouvante ! Je l'ai harcelé pour qu'il en fasse un clip, mais il ne voulait pas, parce qu'il n'acceptait pas l'idée que quelqu'un joue ton rôle. Et utiliser une photo de toi, c'était prendre le risque de t'exposer. Mais j'ai toujours voulu le voir la chanter !

- Si j'ai bien reconnu le moment où t'as mis en pause, c'est la chanson d'après.

- Je vais peut-être l'arrêter, alors…

Tatsuha eut un petit rire en haussant les épaules.

- Mais non ! Ca va, tu sais. C'est difficile, il me manque, mais ça me fait beaucoup de bien de le voir chanter. Comme lorsqu'il a chanté une chanson écrite par Eiri. Tu as dit que c'était merveilleux pour toi que le chanteur que tu aimais le plus et depuis si longtemps, celui-là même qui t'a donné envie de chanter, chante une chanson écrite par l'homme que tu aimes pour te parler de ses sentiments. C'est pareil pour moi. C'est comme un rêve, mon idole qui m'aime et qui chante une chanson qu'il a écrite pour moi. Et la chanson est vraiment très belle. J'aime cette impression qu'il ne chante que pour moi.

- Ce n'est pas qu'une impression, Otouto, assura Yuki en reposant sa bière.

- C'est un interprète autant qu'un parolier de talent, remarqua Shuichi. Il est habité par ses chansons. J'imagine parfaitement ce que ça peut donner de le voir, alors que déjà, l'entendre donne des frissons. C'est un artiste exceptionnel.

- Tu n'as pas grand chose à lui envier, Shuichi, tu as écris de très belles chansons à mon frère. On est chanceux, en fait.

- Ne dis pas de bêtises, Shui-chan n'a jamais eu de talent pour écrire, il sait juste chanter, alors ça passe…

Heureusement qu'il avait posé sa bière un peu plus tôt, car il se prit un coussin en pleine figure…

Ils avaient l'habitude. Shuichi avait beaucoup de talent, il avait vraiment su exploiter ce qui était à peine perceptible au tout début de sa carrière. Mais c'était un jeu entre eux, les critiques de l'écrivain ayant été à l'origine de leur relation.

- J'ai si peu de talent que tu utilisais mes chansons dans tes romans pour les faire accepter du public, c'est ça ?

- Exactement, tenshi.

Un deuxième coussin suivit la route du premier, mais n'atterrit pas au même endroit, intercepté par l'écrivain, qui le cala dans son dos.

- Arigato, fit-il, provocateur.

- Maintenant que monsieur est bien installé, on va peut-être pouvoir se le regarder, ce concert et surtout l'écouter, cette fameuse chanson ?

- Fait donc.

- Je ne sais pas l'âge des gamins que vous souhaitez adoptés, mais ils ne risquent pas de s'ennuyer avec vous ! assura Tatsuha en riant franchement.

- C'est le but, répondit Shuichi en relançant le DVD.

Ryuichi termina sa chanson et attendit que son public se calme un peu, en profitant de ce laps de temps pour boire. Le stade était gigantesque, les installations, impressionnantes, la foule immense et innombrable. Au centre de toutes les attentions, Ryuichi paraissait à sa place, même pas écrasé par tout ce gigantisme, sa présence et son charisme le rendait maître des lieux. Un dieu sur scène, qui pouvait en douter ?

« Merci à vous ! La chanson que je vais vous interpréter à présent est très importante pour moi, autant que la personne dont elle parle et grâce à qui elle existe. Cette personne a donné un vrai sens à ma vie. Croyez-le, à 30 ans, je ne pensais pas que c'était possible. Je pensais que ma vie, c'était de chanter, ici ou au Japon, ou ailleurs, peu importe. Ca me suffisait, jusqu'à cette rencontre. Depuis, ma vie, c'est aussi de l'amour et du rêve dans leurs formes les plus pures. Même si nous vivons chacun à un bout de la planète, je ne l'oublie jamais, car il est entré dans ma vie et dans mon cœur, ici, précisa-t-il en posant sa main sur son cœur. Et je le garde en moi comme le bien le plus précieux que j'ai en ce monde, aux côtés de Kumagoro, bien sûr. Pour toi, Tsu-chan !

- Tsu-chan ? releva Shuichi en mettant pause.

- Il a commencé à m'appeler comme ça la première fois que j'ai été le voir, à Los Angeles. J'ai plein de petits noms, il voulait m'en donner un que lui seul utiliserait. Et j'aime assez quand il m'appelle comme ça.

- Dans ce cas…

Il fit repartir le DVD. Ryuichi, concentré, commença à chanter. Ils pensèrent tous les trois la même chose : il semblait vraiment ne s'adresser qu'à une seule personne, et c'en était bouleversant.

You give me your smile ( tu me donnes ton sourire)

A piece of your heart (un morceau de ton Coeur)

You give me the feel I've been looking for (tu me donnes le sentiment que je recherchais)

You give me your soul (tu me donnes ton âme)

Your innocent love (ton amour innocent)

You are the one I've been waiting for (tu es celui que j'attendais)

I've been waiting for (que j'attendais)

We're lost in a kiss (nous nous sommes perdus dans un baiser)

A moment in time (un moment dans le temps)

Forever young (éternellement jeunes)

Just forever, just forever in love (juste éternellement, juste éternellement amoureux)

When you came into my life (quand tu es entré dans ma vie)

It took my breath away (ça m'a coupé le souffle)

It was love at first sight (c'était de l'amour à première vue)

All the way (jusqu'au bout)

When you came into my life (quand tu es entré dans ma vie)

The world was not the same, oh no (le monde n'était pas le même, oh non)

Cause your love has found it's way ( parce que ton amour a trouvé son chemin)

Into my heart, oh yeah (dans mon Coeur, oh yeah)

You make me dream (tu me fais rêver)

By the look in your eyes (par le regard dans tes yeux)

You give me the feel, I've been longing for (tu me donnes le sentiment, le sentiment auquel j'aspirais)

I've been longing for so long (auquel j'aspirais depuis si longtemps)

When you came into my life ( quand tu es entré dans ma vie)

It took my breath away (ça m'a coupé le soufflé)

You set my heart on fire ( tu as embrasé mon Coeur )

All the way (jusqu'au bout)

When you came into my life (quand tu es entré dans ma vie)

The world was not the same, oh no (le monde n'était pas le même, oh non)

Cause your love has found it's way (parce que ton Coeur a trouvé sa voie)

Into my heart (jusqu'à mon Coeur)

Just forever in love (simplement à jamais amoureux)

When you came into my life (quand tu es entré dans ma vie)

It took my breath away (ça m'a coupé le soufflé)

And was love at first sight ( et c'était de l'amour à première vue)

All the way (jusqu'au bout)

When you came into my life (quand tu es entré dans ma vie)

It took my breath away (ça m'a coupé le soufflé)

You set my heart on fire (tu as embrasé mon Coeur)

I never feel that way (je n'ai jamais ressenti comme ça)

When you came into my life (quand tu es entré dans ma vie)

The world was not the same, oh no (le monde n'était pas le même, oh non)

Cause your love has found it's way (parce que ton amour a trouvé sa voie )

Into my heart (dans mon Coeur)

When you came into my life (quand tu es entré dans ma vie).

Ryuichi fredonna l'air et laissa retomber sa voix en même temps que la musique. Un instant, le temps resta suspendu, puis une ovation monta et vibra dans le stade. Les trois téléspectateurs le ressentirent même à travers l'écran. Des fleurs et des peluches pleuvaient de tous les côtés. Ryuichi salua plusieurs fois, le bras droit levé, le gauche replié, en tournant sur lui-même, dans cette attitude si familière, avec ce regard si troublant et dévastateur.

Shuichi, qui n'avait pas réussi à retenir ses larmes, se tourna vers Tatsuha. Le jeune homme, malgré un visage d'apparence impassible, avait les yeux brillant d'émotion contenue. Il finit par se lever.

- Je vous laisse une minute. Continuez à regarder, je le connais pas cœur. Il reste les deux chansons de rappel, dit-il en s'éloignant, la gorge visiblement nouée par l'émotion.

Shuichi quitta son fauteuil et vint s'asseoir sur les genoux de Yuki en blottissant sa tête dans le creux de son cou. Celui-ci referma ses bras autour de lui et embrassa son front, sous ses mèches de moins en moins roses.

- Je te remercie d'avoir pris sur toi et de ne pas t'être jeté sur moi pour pleurer dans mes bras.

- Tat-chan semblait assez retourné comme ça, je voulais pas en rajouter. Mais c'était difficile, il y avait tellement d'émotion… Je trouve ça trop injuste, ils s'aiment, ils devraient être ensemble. Leurs sentiments sont toujours aussi forts, voire plus, qu'attendent-ils ?

- Je sais que cette situation, qui dure depuis plus de trois ans, travaille beaucoup mon frère. Mais il attend peut-être la bonne occasion. Ce n'est pas facile de vivre loin l'un de l'autre, sans savoir réellement ce que l'autre fait, qui il voit, comment évolue ses sentiments. Le doute est l'un des pires ennemis de l'amour, malheureusement, quand on aime, on y est soumis On ne doute pas de l'autre, mais de soi.

- Et je suppose que le fait qu'ils aient eu une aventure assez longue chacun de leur côté, Ryuichi avec cette actrice, Renée Diamanda, et Tatsuha avec Sarah, n'a pas vraiment clarifié les choses.

- Peut-être notre mariage va-t-il leur en offrir l'opportunité.

Shuichi grimaça, peu convaincu.

- Pas sûr. La dernière fois qu'ils se sont vus, au mariage d'Ayaka, ils se sont plutôt croisés, puisque Tat-chan ne pouvait pas rester, et que Ryui-chan est reparti le lendemain. Ils étaient en couple à ce moment-là.

- Je le répète, notre mariage peut être une excellente occasion pour des retrouvailles, et le contexte s'y prête, non ? Quoi de plus romantique qu'un mariage pour réaffirmer ses sentiments ?

Shuichi ne répondit pas, s'amusant à tortiller distraitement une mèche blonde entre ses doigts, le regard vague. Soudain, un sourire éclatant illumina son visage, qu'il tourna vers son fiancé.

- J'ai trouvé !

- J'ai peur pour eux…

- Mais non ! Tu as raison, on va leur offrir, cette occasion !

Tatsuha revient à cet instant. Shuichi descendit des genoux de Yuki pour réinvestir son fauteuil à bascule, sans quitter Tatsuha du regard.

- Qu'est-ce qu'il y a, pourquoi tu me regardes comme ça, gikei ?

- Je viens d'avoir une idée…

- Kuso ! tous aux abris !

- Baka, tu me remercieras un jour. Assis-toi, et écoute plutôt.

Tatsuha s'exécuta, non sans avoir lancer un regard interrogateur à son frère.

- Tu es arrivé avant qu'il ne me dise de quoi il s'agissait, répondit-il à sa question muette.

- Bien. Comme tu le sais, la semaine prochaine, Eiri et moi, nous partons à Toronto pour terminer les préparatifs du mariage. Que dirais-tu de venir avec nous ?

- Je ne sais absolument pas de quoi vous parliez avant que je n'arrive, j'ai entendu « occasion » et tu me parles d'une idée. Bon, si je peux vous aider, quelque soit ton idée, je veux bien, tout dépend du jour exact de votre départ, parce que j'ai des obligations au temple.

- Mon idée est simple : tu pourrais venir avec nous jusqu'à Toronto, puis gagner Détroit passer quelques jours avec Ryuichi avant de revenir ensemble pour le mariage. Qu'en dis-tu qu'en dites-vous ?

- C'est une idée… reconnut prudemment Tatsuha.

- Je dirai même que c'est une excellente idée ! assura Yuki. Shuichi a raison, c'est une très bonne occasion, qu'il ne faut pas laisser passer. La dernière fois que vous vous êtes vus, ça a été rapide, non ?

- Rapide et frustrant. Il m'a ramené au temple et on a un peu discuté dans la voiture. Mais il a fallu que je reçoive un message de Sarah, donc on l'a évoquée, puis Renée, et dans un laps de temps aussi court que le trajet du temple Ryuugan au mien, ça nous a bloqués.

- J'imagine, se désola Shuichi. Et… comment vous vous êtes dit au revoir ?

- On ne s'est pas touché, on s'est juste dit de faire attention, et je suis parti, comme ça, sans un mot ou un geste pour lui exprimer mes sentiments. Depuis, on s'est écrit, mais ça n'a pas effacé cette drôle d'impression que j'avais eu en partant. Cela faisait plus d'un an que nous ne nous étions pas retrouvé seul à seul, il y avait une tension, une attirance quasi palpable entre nous. Un foutu texto a suffi a tout gâché, et je ne pouvais même pas en vouloir à Sarah. .

- Tu l'as quitté quelques jours après le mariage d'Hiro et d'Ayaka, si je me souviens bien, demanda Yuki.

- Haï, mais pas à cause du texto, quand même. Non, je ne pouvais simplement plus me mentir et encore moins lui mentir à elle. Je l'aimais, d'une certaine façon, j'y ai vraiment cru. Ou j'ai voulu y croire, je ne sais pas encore, c'est un peu trop récent.

-Ca t'aura au moins permis de te rendre compte de cela, Tat-chan. Et ça a aussi ouvert les yeux à Ryuichi, qui s'est séparé de Renée Diamanda peu après son retour. Ca veut tout dire, non ?

- Il avait peut-être d'autres raisons…

- Peu importe, il n'y a pas à réfléchir davantage ! décida Shuichi. Vous n'allez pas vous revoir juste au moment du mariage, ni un jour avant, vous n'aurez pas l'occasion d'être tranquilles. Or, il est évident que vous avez besoin de vous retrouver. Tu viens avec nous, Tatsuha !

- Ca me tente vraiment, mais je n'avais pas prévu de partir avant le 20, et on a besoin de moi au temple. Les festivités ont commencé à Kyoto, et je dois être présent le 15 pour l'Aoi Matsuri, qui les clôt. Notre temple a un rôle important dans les cérémonies, et j'en suis le représentant.

- Nous avions prévu de partir le 16, justement, mais rien ne nous empêche de partir le lendemain, si ça te fait trop juste. Ca ne pose pas de problème, tenshi ?

- Pas du tout, Eiri-chan. Ca nous laisse sept jours avant la cérémonie, c'est suffisant. Tout est pratiquement prêt, en plus.

L'écrivain se tourna ver son frère.

- Tu te sens capable de partir le 17 ? Officier pendant ces festivités est épuisant. L'an dernier, tu es sorti épuisé de ces deux semaines.

- C'était exceptionnel, l'an dernier. J'ai participé au Mikage Matsuri le 12, du début à la fin, et normalement, après un truc pareil, tu te reposes. Mais entre le 13 et le 15, où j'ai aussi assuré du début à la fin l'Aoi Matsuri, j'ai dû participer pendant deux jours aux défilés à Tokyo, avec les chars et compagnie. Sur la semaine, j'ai dû dormir 10 heures en tout. Faut pas s'étonner si j'ai dormi pendant trois jours après ça ! J'ai déjà enchaîné 48 heurs sans dormir, à jouer en réseaux ou sortir entre deux jours de cours, mais ça faisait un moment qu'on avait pas fait appel à mes réserves. J'ai plus seize ans !

- Pauvre vieux !

- Tu peux te moquer, tu sais très bien de quoi je parle, monsieur la rock star.

- C'est fini, ce temps-là. Mais justement, je comprends quelle fatigue ça peut générer, alors réfléchis bien, on peut s'arranger. Si tu dois arriver chez Ryuichi et dormir pendant trois jours, ça ne vaut pas le coup…

- Ca ira, vous inquiétez pas. Si j'ai besoin de sommeil, je dormirai dans l'avion. J'adore la sensation de jouer avec le temps qu'on a quand on fait de grand voyage vers l'ouest. On part un jour à une heure précise, et on arrive dans un pays où c'est le même jour, alors qu'on a volé plus de douze heure ! On fait le trajet du soleil, ça a quelque chose de magique, quand même.

- Moi, ça me perturbe complètement. Je ne m'y fais toujours pas. Et dans l'autre sens, c'est pire, t'as 12 heures qui se baladent dans la nature…

- Pourquoi tu ne demandes pas à K. qu'il te remette en contact avec ses amis militaires, qu'il t'emmènent en hyper vitesse comme il y a cinq ans, lorsque tu as rejoint mon frère à New York ?

- Mon dieu, non merci ! J'ai donné à l'époque, ça suffit pour toute une vie ! Je me demande encore comment j'ai pu assurer la première date de la tournée à Tokyo après avoir fait un tel voyage !

- Je te rappelle que tu en as subi les contrecoups les deux soirs, après tes concerts. Le premier, tu t'es effondré dans les bras de Ryuichi…

- Nani ? s'étrangla Tatsuha en reposant sa bière.

- … et le deuxième, dans les miens.

- Je préfère ça ! Dites, j'étais pas au courant !

- Comme si ça avait de l'importance, remarqua Yuki.

- Tu sais bien, Tat-chan, que Ryui-chan n'a jamais eu envers moi que des attentions d'ami, puis de sempaï et enfin de grand frère.

Tatsuha lui lança un regard mauvais.

- Si j'avais eu le moindre soupçon, tu serais depuis atteint d'une maladie incurable, suite à un des sorts que je maîtrise et que je t'aurais jeté sans remords.

- T'es vraiment diabolique, parfois, répondit le chanteur.

- Je ne t'aurais pas laissé faire, Tatsuha, intervint Yuki. Mieux vaut que tu le saches.

- Je ne vois pas pourquoi il voudrait me jeter un sort, aujourd'hui, remarqua Shuichi en se levant, étant donné que mon idée de génie va lui permettre de retrouver l'amour de sa vie. N'est-ce pas ?

- Peut-être. Encore faut-il que Ryuichi soit d'accord. Peut-être ne pourra-t-il ou ne voudra-t-il pas me recevoir chez lui ?

- Je vais, de ce pas, lui envoyer un mail et lui faire la proposition, comme si tu n'étais pas au courant. Comme ça, s'il ne peut ou ne veut pas, ce qui m'étonnerait fort, il me le dira franchement sans crainte de te blesser.

- Ca se trouve, il a quelqu'un, et je le gênerai en allant le voir.

- Eh bien, il ne m'a rien dit et je n'ait rien lu à ce sujet nul part. Depuis Renée Diamanda, il semble être redevenu l'un des célibataires les plus en vue des Etats-Unis.

- Dans ce cas, fait comme tu as dit, et nous verrons bien ce qu'il en pense. S'il refuse, quelles que soient ses raisons, n'insiste pas, Shui-chan. S'il te plaît, je te le demande comme un service.

- Promis, ne t'inquiète pas, je comprends tout à fait. Je vous laisse un moment.

Shuichi quitta les deux frères et gagna le bureau pour se connecter et envoyer ce fameux mail..


Lexique :

Arigato : merci

Baka : idiot

Gikei : beau-frère

Haï : oui

Iee : non

Kami-sama : mon dieu ! (kami divinités)

Kuso : merde.

Nani : hein ?

Onii-chan : grand frère

Otouto ; petit frère

Sempaï : mentor

Sugoï : fantastique, super !

Tenshi : ange

Notes :

Aoi Matsuri : (chaque 15 mai) La fête d'Aoi Matsuri offre un cortège qui traverse la ville de Kyoto à partir du château, cortège est solennel et lent. Il est formé des dignitaires et courtisans de tous rangs en tenue d'époque. Le sanctuaire Shimogamo est le premier à être atteint. On y offre des prières, une danse de guerriers et un cheval destiné à apaiser la colère de dieux qui démontre sa vitesse à la course. Le cortège se rend ensuite au sanctuaire de Kamigamo qui marque la fin du défilé. Plus de 600 personnes habillées dans des costumes d'époque suivent derrière des chariots décorés et tirés par des bœufs, bœufs décorés dans le secteur autour du Lieu saint Kamigamo. Tout le monde impliqué dans le cortège est orné des roses trémières (Althaea rosea, Alcea rosea) qui ont donné leur nom à cette fête. Les rituels et les usages de ce défilé sont identiques depuis le VIème siècle, au cours de la période Heian (764-1185

merci d'avoir lu !