Chapitre 1

Surchargée. Je suis surchargée de travail se dit Hermione en posant une pile de dossiers sur son bureau où ils s'accumulaient depuis des mois. Le nombre de demandes était tel qu'elle avait du mal à faire face. Mais malgré la fatigue, rien ne lui faisait plus plaisir que son travail. Hermione émit un bref sourire en repensant à la création de la S.A.L.E, et surtout aux railleries de Ron sur l'acronyme qu'elle avait choisi. A l'époque, ce n'était qu'un rêve que de pouvoir venir en aide aux elfes de maisons, mais depuis trois ans, il était devenu réalité. L'idée de cette association avait tellement plu au ministre, qu'il lui avait demandé de la développer. Aujourd'hui, la S.A.L.E était devenue une puissante association possédant des locaux dans toute l'Angleterre. Tout n'était pas encore parfait, mais justement le travail d'Hermione était de veiller à ce que tout le monde respecte les nouvelles règles établies. Une voie stridente l'interrompit soudain dans ses pensées nostalgiques :

La directrice de la section protection des créatures magiques Hermione Jane Granger est appelée dans le bureau du ministre.

Encore maugréa Hermione. Cela faisait la troisième fois cette semaine, Kingsley ne pouvait décidément plus se passer d'elle. Mais il était après tout le Ministre de la Magie, elle ne pouvait rien lui refuser. Elle se dirigea donc vers la porte, non sans un regard désespéré vers l'énorme montagne de dossiers qui attendait sur son bureau pensant que son retard n'allait pas s'arranger aujourd'hui.

Le couloir était bondé. Tout le monde se bousculait dans l'espoir d'être celui qui atteindrait l'ascenseur en premier. Hermione pouvait entendre d'ici les multiples noms d'oiseaux qui fusaient. A quoi bon être la directrice, si personne ne se donnait la peine de se pousser lorsqu'elle passait maugréa t-elle. Elle renonça à prendre l'ascenseur et se dirigea vers les escaliers à contrecœur. Depuis la reconstruction du Ministère, les escaliers étaient la seule partie à ne pas avoir été encore rénovée. Elle monta les marches quatre à quatre, se demandant ce que Kingsley pouvait bien lui vouloir. Le couloir était désert, ainsi que le bureau de la secrétaire du Ministère. Étrange se dit-elle.

La jeune femme frappa tout de même à la porte. Personne. Hermione réessaya plusieurs, mais il était évident que le bureau du Ministre était vide. Elle n'allait tout de même pas perdre toute la matinée pour un rendez-vous auquel Kingsley n'était même pas présent.

Une demi-heure, il n'y avait toujours personne. Peut-être que Kingsley s'était endormi sur son bureau, cela lui arrivait beaucoup ces derniers temps. Hermione se décida à rentrer, faisant taire la petite voix lui disant qu'un jour sa curiosité lui attirerait de gros ennuis.

Le bureau de Kingsley dégageait quelque chose de de majestueux. La pièce était très éclairée grâce aux grandes baies vitrées. Hermione avança timidement vers le bureau où se trouvait des dizaines de dossiers. Finalement, je ne suis pas la seule à être débordée se rassura t-elle. Parmi toute cette pagaille, elle aperçut vite la Gazette du Sorcier. Tant mieux, cela faisait des jours qu'elle n'y avait pas jeté un coup d'œil, tellement elle était absorbée par son travail. Ses yeux s'agrandirent de surprise lorsqu'elle vit le gros titre : Le manoir des Malefoy saisi et vendu ! Cela faisait des mois qu'elle n'avait pas entendu parler des Malefoy. Elle pensait que le reste de la famille vivait recluse dans le manoir depuis la chute de Voldemort et l'emprisonnement de Lucius. Elle parcourut l'article et lut qu'après des années de procès, la famille Malefoy allait être dépouillée de toute sa fortune qui serait donnée à des œuvres caritatives. La nouvelle la cloua sur place, elle savait que le procès allait leur faire perdre beaucoup l'argent, mais de là à toute leur fortune. Elle en arriverait presque à les plaindre, mais ils avaient fait trop de mal durant la guerre, après tout ils n'avaient que ce qu'ils méritaient : leur fuite durant la bataille de Poudlard n'avait pas été très appréciée par la communauté magique.

La porte s'ouvrit brusquement laissant place à un Kingsley furieux, et pour cause des dizaines de courriers ailés voletaient autour de lui. Il s'en débarrassa bien vite à l'aide d'un sortilège informulé. Il fut un peu surpris lorsqu'il vit qu'Hermione était déjà dans son bureau, mais passa outre.

Bonjour Hermione. Passons directement au vif du sujet si vous voulez bien.

Bonjour. Vous savez Kingsley, vous pouvez me tutoyez, je ne cesse de vous le répéter.

Eh oui, je ne m'y habituerai décidément jamais. Je vous ai appelée car j'ai une tâche à vous confier. Il faut vous rendre de toute urgence dans le magasin de George Weasley. Plusieurs moldus ont eut accès, ne me demandez pas comment, à ses produits et cela a causé de gros dégâts. Il m'a fallu dépêcher quatre oubliators afin de régler le problème. Et ce n'est pas tout, tous les objets n'ont pas été récupérés. Imaginez- vous le scandale que cela provoquerait sur la communauté sorcière si les moldus venaient à apprendre notre existence ?

Malgré l'air grave de Kingsley, Hermione se décida à lui répondre :

Je suis désolée, mais pourquoi moi ? Il y a des tas de personnes au département des catastrophes magiques qui sont parfaitement qualifiées pour régler le problème dit Hermione calmement.

Je n'ai pas besoin de vous pour régler le problème, mais pour parler à M. Weasley et lui demander de renforcer les sorts anti-moldus sur ses produits, sans quoi nous courrons droit à la catastrophe. C'est quelqu'un de très têtu, et je doute qu'il apprécie qu'un sorcier du département des catastrophes magiques lui apprenne à jeter des sorts anti-moldus. Mais si vous ne vous sentez pas assez qualifiée pour ce travail, je ferais appel à quelqu'un d'autre.

Hermione ne supportant pas que l'on la sous-estime, s'empressa d'accepter.

Dans ce cas, l'affaire est réglée. Merci beaucoup, mais je vous demanderai de prendre congé maintenant, comme vous le voyez j'ai beaucoup de travail qui m'attend.

Hermione sortit du bureau, se maudissant d'avoir accepté si vite. Il était impensable que Kingsley ne trouve pas quelqu'un d'autre qu'elle pour faire ce travail, mais comme d'habitude il fallait que l'on remette en question son talent de sorcière pour obtenir ce que l'on désire. Hermione prit l'ascenseur qui depuis contenait un nombre de personnes raisonnable et se dirigea vers la sortie. Elle ne voulait pas utiliser le réseau des cheminées car elle n'aimait pas du tout ce moyen de transport. La poudre de cheminette lui piquait toujours les yeux et la faisait éternuer, elle préférait de loin le transplanage. Elle sortit et pensa très fort à sa destination :

Chemin de Traverse, Farces pour sorciers facétieux

Hermione se retrouva au beau milieu du Chemin de Traverse. Elle n'eut pas le temps de faire trois pas qu'une averse se déclencha. Par le caleçon de Merlin maugréa t-elle ! A peine les premières gouttes eurent touché son crâne que ses cheveux se mirent à friser. Sa tête ressemblait à un énorme buisson touffu. Non ! rouspéta encore Hermione. J'avais lancé des sortilèges pendant deux heures ce matin pour les lisser, ma coiffure était à peu convenable. De quoi je vais avoir l'air devant George moi maintenant ?

Malgré la pluie battante qui l'empêchait de voir clair, Hermione réussit, non sans être trempée au préalable, à atteindre la boutique de George. Elle ouvrit la porte qui émit un joyeux tintement à son arrivée. La boutique de George était pour le moins surprenante, des centaines d'objets étaient disposés sur des étagères. Des avions de toutes les couleurs voletaient dans tout le magasin. Mais ce qui sautait le plus aux yeux était la confiserie. Des centaines de sortes de bonbons, des Nougats Néansang jusqu'aux Berlingots de fièvre, étaient disposés dans des bocaux en verre. A l'époque de Poudlard, Hermione désapprouvait totalement les activités des jumeaux : ils ne pensaient qu'à s'amuser et ne se consacraient jamais aux études. Mais aujourd'hui, elle était bien obligée de reconnaître que même sans Fred, George avait réussi à monter une sacrée affaire. Elle fut interrompue dans ses réflexions lorsque quelqu'un lui sauta au cou :

Hermione ! Cela faisait un bail ! s'exclama George

Oui, c'est vrai. Excuse-moi de ne pas t'avoir envoyé un hibou, mais je suis très prise par mon travail en ce moment.

C'est pas grave, c'est quand même gentil d'être passée. Et j'ai appris que tu avais été nommée directrice, toutes mes félicitations. Tu dois être très fière répondit George.

Oui, je suis plutôt contente c'est vrai, mais ce poste représente beaucoup de responsabilités et je ne suis pas sûre d'y arriver, surtout que cela me prend tout mon temps. Cela fait très longtemps que je n'ai pas vu Harry et Ron et …

Hermione interrompit sa tirade, la gorge nouée. George parut s'apercevoir de son malaise car il la prit aussitôt dans ses bras.

Hermione, ne t'inquiète pas. Je suis sur que tu vas y arriver la rassura George.

Oui, tu as sûrement raison mais ça ne m'empêche pas de me faire du souci répondit Hermione la voix tremblante.

Peut-être mais il faut que tu crois en toi Hermione. Tu dois te faire confiance, je sais qu'on ne se connaît pas très bien tout les deux, mais si tu as besoin de parler, n'hésite pas dit George d'une voix douce.

Merci dit Hermione en ravalant ses larmes. Mais assez parlé de mes soucis. Je suis là pour une raison bien précise : le ministère voudrait que tu renforces les sorts anti-moldus sur tes produits, car plusieurs incidents assez graves se sont produit ces derniers jours.

Pourtant, je les ai renouvelés la semaine dernière, c'est bizarre. Mais je pense que mes sortilèges ne sont pas assez puissants.

Si tu veux, je m'en occupe après tout c'est pour cela que l'on m'a envoyée.

D'accord, merci beaucoup.

Après avoir enchanté la plupart des objets, Hermione prit congé de George, pressée de rentrer chez elle. Lorsqu'elle sortit dehors, la température ambiante l'immobilisa sur place. L'air était si glacial que respirer venait à en être douloureux. Ces temps-ci, la météo était très capricieuse. Elle marcha quelques mètres et vit au loin une forme assise se détacher de la brume. Elle plissa les yeux pour mieux voir et vit cette même forme recroquevillée sous une arche comme pour se mettre à l'abri du froid. Timidement, elle s'approcha :

Bonjour, heu excusez-moi de vous déranger mais vous allez bien ? balbutia Hermione

Lentement, la forme enleva son capuchon où des mèches blondes s'échappaient.

Oui, ça va très bien merci répondit sèchement l'homme

Hermione reconnut alors cette voix traînante qu'il l'avait tant fait souffrir pendant sept ans.

Malefoy ! s'exclama t-elle Mais qu'est-ce que tu fais là ?

Granger ! Par Merlin, il est tard, la rue est déserte et il a fallut que je tombe sur toi.

Eh bien, je vois que tu n'as pas changé, toujours aussi aimable. Mais tu n'as pas répondu à ma question, qu'est ce que tu fais là ?

Comme tu vois Granger, j'essayais de dormir jusqu'à ce qu'une furie débarque et m'assomme avec toutes ses questions répondit Drago de son habituelle voix traînante.

De dormir ? Malefoy, tu es au courant que tu es dans la rue ? s'étonna Hermione.

Non, sans blague. Je n'avais pas remarqué ironisa Drago.

Tu veux dire que … que tu dors dans la rue ?

Quelle pertinence ! Tu viens de m'apprendre quelque chose Granger, ce qui je peux te l'assurer arrive très rarement. Bon écoute-moi bien maintenant, je n'ai pas besoin de ta pitié et ni de toi d'ailleurs. Je ne veux pas répondre à tes questions stupides qui ont pour seul but de rassasier ta curiosité maladive, alors soit gentille, laisse-moi et rentre chez toi répondit méchamment Drago.

Hermione piquée au vif par la remarque de Drago sur sa « curiosité maladive » laissa échapper sa frustration :

Non Malefoy, c'est toi qui va m'écouter. Tout d'abord ma curiosité n'est pas maladive. Il est normal qu'après avoir fait étalage de ta richesse pendant des années, je cherche à savoir pourquoi tu dors dans la rue. Et justement, je voulais te proposer mon aide, mais tu sais quoi ? Je vais m'en abstenir. Je ne peux décidément pas aider quelqu'un d'aussi d'égoïste que toi.

C'est bon tu as fini ? demanda Drago pour le moins lassé par sa tirade.

Oui j'ai fini et sur ce, je m'en vais.

Drago observa Granger s'éloigner. Quelques minutes plus tard, il entendit le « pop » caractéristique du transplanage et sut qu'elle était partie. Il reprit sa position précédente en pensant à la bêtise qu'il venait de commettre. Il aurait peut-être pu passer la nuit au chaud pour une fois. De nombreux foyers moldus pour les sans-abris existaient, mais Drago n'avait aucune envie d'aller leur demander de l'aide. Cela n'avait jamais été dans ses habitudes décidément. Son corps était parcouru de frissons saccadés à cause du froid glacial, cela ne lui fit que regretter plus amèrement son rejet de la proposition de Granger. Ses yeux malgré ses efforts désespérés pour les garder ouverts, se fermaient inexorablement. Certains disent que si l'on s'endort à cause du froid, on ne se réveille jamais. Même en gardant ceci à l'esprit, Drago était à bout de forces. Il se laissa aller, et sombra dans un profond sommeil.

Lorsque Hermione rentra chez elle, elle s'empressa de se déshabiller et de se mettre au lit. Elle soupira de bien-être, enfin après cette journée éreintante, elle pouvait se reposer. Elle somnolait, mais ne put s'empêcher de repenser à Malefoy, il devait sûrement être congelé. Puis après un instant réflexion, il était un sorcier après tout, il existe une multitude de sort qui permettent de se réchauffer en un rien temps. Alors qu'elle sombrait dans le sommeil, Hermione vit une image de Malefoy mourant de froid dans la nuit sans personne pour lui apporter de l'aide. Une sensation tenace de culpabilité l'envahit alors. Non, elle ne pouvait décidément pas laisser mourir Malefoy pour des disputes enfantines. Ce n'était pas son genre. Surtout après ce qu'elle avait appris dans la Gazette ce matin. Le Chemin de Traverse devait être sa nouvelle maison maintenant. Elle se dépêcha d'enfiler son manteau et transplana sur le Chemin de Traverse. Elle marcha, puis courut jusqu'à l'arche où dormait Malefoy et le vit étendu, inanimé. Elle se précipita vers lui et prit son pouls. Il était très faible, presque imperceptible. Vite songea t-elle Il faut que je le ramène à mon appartement. Hermione prit la main de Malefoy et transplana chez elle. Le voyage fut mouvementé, elle n'avait jamais transporté quelqu'un, et elle devait avouer que c'était plus difficile qu'elle ne le pensait. Elle arriva au beau milieu de son salon et entreprit de transporter Malefoy jusqu'au canapé. Malgré son corps svelte et mince, Malefoy était assez lourd et ce fut au pris de gros efforts qu'elle arriva à le hisser sur le canapé. Elle essaya de se rappeler mentalement tous les sorts permettant de réchauffer quelqu'un, malheureusement, rien ne lui revenait en mémoire. Soudain, elle se souvint qu'il lui restait une dernière potion revigorante dans son placard. Elle la fit boire à Malefoy mais remarqua qu'avec le brusque changement de température, il avait de la fièvre. Elle lui enleva doucement son pull et sans le vouloir entrevit ses pectoraux. Merlin qu'il était beau ! Hermione se dit-elle Reprends-toi. Mais elle ne put s'empêcher de l'observer de son fauteuil. Lorsqu'il était endormi, il n'avait pas ce masque permanent qu'il portait, ses traits étaient doux et fins, avec ses cheveux blonds, on aurait dit un ange. Peu à peu, les yeux d'Hermione se fermèrent et elle tomba également dans un profond sommeil.