NOTE : Les personnages de cette histoire sont la propriété de Thomas Astruc. Je ne fais que les emprunter le temps d'une fiction.

Catégorie M parce que je souhaite laisser aller mon imagination. Bonne lecture !

Marinette venait tout juste de rejoindre sa chambre. Une autre victime du Papillon avait été vaincue et pourtant, elle ne pouvait s'empêcher de sentir la colère monter en elle. Qu'est-ce qui pouvait la tracasser à ce point? C'est cet idiot de Chat, évidemment. Et même encore, elle ne saurait dire ce qui la mettait autant en colère. Est-ce parce qu'il avait une fois de plus démontrer cette insouciance légendaire en usant de piètre jeux de mots alors qu'il était lui-même dans un piètre état? Ou était-ce seulement de la culpabilité parce que, une fois de plus, Chat noir s'était foutu dans ce sale pétrin en se sacrifiant pour elle, se transformant en bouclier humain pour éviter que ce soit elle qui prenne le coup.

Combien de fois avait-il agit ainsi ces trois dernières années? Elle ne saurait le dire. Ce qu'elle savait, en revanche, c'est que devant partir à la hâte, faute de quoi son identité allait être révélée au grand jour, elle n'avait pu prendre le temps d'évaluer la gravité de la blessure de son coéquipier. Résultat, elle ne pouvait faire autre chose que de s'inquiéter pour ce foutu matou alors qu'elle devait plutôt se concentrer sur ses derniers travaux pour le lycée, travaux qui déciderait de son avenir dans le monde de la mode, alors qu'elle souhaitait se tailler une place pour une licence en mode.

-« Idiot de chat » pensa-t-elle tout haut alors qu'elle tentait de se concentrer sur un concept particulièrement inspiré qui pourrait lui valoir une place tant convoitée et éventuellement un stage prestigieux.

-« Tikki, un message pour moi? » Demanda-t-elle anxieusement à son Kwami occupée à déguster un de ces cookie dont elle raffolait tant.

- « Rien pour l'instant Marinette! Aucune nouvelle de Plagg ou Chat noir. Désolée » répondit la minuscule déesse rouge.

La seule information que la jeune héroïne n'ait jamais eu sur son coéquipier était que son Kwami, se dénommant Plagg, était la tendre moitié de sa propre protectrice et qu'il veillait, de son côté, sur le jeune garçon caché sous les traits du félin héros de Paris.

Voyant l'air absent de sa protégée, Tikki rajouta : « Tu sais Marinette, je suis certaine que Chat noir va bien. Sa blessure ne semblait même pas à moitié aussi grave que celle infligée par le Démasqueur. »

Marinette frémit à la pensée de ce souvenir et se surprit à penser à quel point elle s'était fait du mauvais sang pour son acolyte à ce moment. Mais pourquoi s'en faisait elle autant pour ce chat à la con?

Il faut dire qu'après trois ans à défendre Paris au côté de la même personne des liens plus fort que tout ce que Marinette avait connu auparavant s'étaient lentement développés. Chat noir était l'être en lequel elle avait le plus confiance. Elle savait que tant et aussi longtemps qu'il serait à ses côtés, il ne laisserait rien lui arriver si il pouvait l'empêcher. Et c'était pareil de son côté. Pourtant, il demeurait un inconnu pour la jeune héroïne. Malgré toute la confiance qui existait entre eux deux, ils ne s'étaient jamais dévoilés.

L'anonymat de la fameuse Ladybug n'était cependant pas resté total. Comment aurait-elle pu réussir à cacher sa double vie à ses propres parents pendant tout ce temps? Il y avait maintenant une bonne année que Sabine avait découvert la double identité de sa fille. Un soir où un akumatisé avait particulièrement semé la terreur dans Paris, la chinoise qui voulait s'assurer que sa propre progéniture était bien en sécurité dans sa chambre avait trouvé une pièce vide. Elle ne l'avait pourtant pas vu sortir et cette soudaine absence ne pouvait que l'inquiéter d'avantage. Montant sur la terrasse pour effectuer une dernière vérification, elle avait assisté à la détransformation de la coccinelle... sa petite coccinelle.

S'en était suivie une longue discussion entre l'adolescente et ses deux parents. Ces derniers avait du mal à accepter que leur bébé se mette inlassablement en danger pour sauver Paris. Bien sûr, ils étaient fiers de savoir tout ce que leur fille avait accompli, mais combien de temps encore la chance de la coccinelle allait-elle la sauver? Et qui était ce Chat noir sensé protéger leur fille. Ils ne connaissaient rien du garçon. Pour le peu qu'ils en savaient, il pouvait bien avoir une mauvaise influence sur Marinette. Et de quelle type de famille pouvait-il bien être issu pour que ses parents ne remarquent pas ses absences fréquentes et ses sorties nocturnes?

C'est finalement Tikki qui avait réussi à les convaincre qu'il devait continuer à laisser leur fille poursuivre son destin. Sans doute était-ce la sagesse que lui apportait ses milliers d'années d'existence qui avait fait en sorte qu'elle avait trouvé les bons mots pour leur faire comprendre le sérieux de la quête que devait poursuivre Ladybug. Après tout, elle avait été choisie. Il ne pouvait nier que leur fille possédait les qualités essentielles d'une superhéroïne. Combien d'autres adolescentes pouvaient en dire autant. Ils s'étaient donc résigner à cette situation, l'inquiétude les rongeant profondément chaque fois qu'ils voyaient leur prunelle se transformer et se lancer face au danger, face à ce terrible Papillon qui restait dans l'ombre tirant les ficelles de ses maléfiques marionnettes.

Pour Marinette, ce dévoilement lui avait apporté crainte et soulagement. Bien sûr que la crainte la rongeait; la crainte de voir ses parents utiliser par le Papillon pour pouvoir atteindre Ladybug, la crainte que son père et sa mère puissent un jour se mettre en danger pour sa propre survie. Mais il y avait le soulagement de savoir qu'il y avait d'autres oreilles dans lesquels elles pouvaient déverser ses inquiétudes. Parmi tous les parents sur terre, elles ne pouvaient s'imaginer de meilleurs que les siens. Elle était tellement chanceuse de les avoir. Et d'avoir Tikki aussi et évidemment Alya, même si elle ignorait encore tout de son secret.

Et puis, il y avait toujours Adrien. Adrien qu'elle n'avait pas perdu de vue après le collège parce que d'abord il y avait la relation entre Alya et Nino qui faisait un pont entre les deux amis mais aussi parce que s'étant dirigé dans le domaine de la mode, elle fréquentait le même lycée que le jeune homme. Il n'avait pas pu y couper, son père l'y avait obligé. Marinette savait qu'Adrien n'appréciait pas tellement ce domaine, mais il s'était beaucoup battu dernièrement pour acquérir de nouvelles libertés et comme il fallait choisir ses batailles, il avait abdiqué sur ce point.

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, Marinette pouvait continuer d'admirer le jeune modèle chaque jour dans les quelques cours qu'ils partageaient. Leur relation n'avait pas tant évoluée si ce n'était qu'elle arrivait à aligner plus d'un mot dans une conversation avec lui. Mais sans plus. Évidemment, la présence de Chloé n'aidait en rien. Ne savant pas trop où se diriger côté carrière, elle avait suivi le même chemin qu'Adrien. Bien que le talent n'y était pas trop, personne ne pouvait refuser quoi que ce soit à la fille du maire de Paris. La fille à papa qui clamait être une experte en style - facile quand on se paie les créations des plus grands couturiers - avait une fois de plus eu ce qu'elle voulait et cheminait, non sans peine dans son aventure au lycée. Dans sa malchance légendaire en tant que civile, Marinette devait une fois de plus endurer les sarcasmes et les caprices de la blonde. Et une fois de plus, elle devait accepter qu'à tout moment la détestable jeune fille puisse venir interrompre le peu d'interactions qu'elle avait avec Adrien.

Mais son cœur lui appartenait toujours. Entre deux coups de crayons, elle s'arrêta pour penser à lui. Charmant Adrien : toujours souriant, toujours prêt à aider, prenant sans cesse sa défense face à Chloé. Et puis, trois années de plus n'avait en rien gâché la beauté du jeune modèle. Les traits de son visage avait magnifiquement muris et ses boucles étaient toujours aussi dorées, ses épaules s'étaient élargis et ses muscles magnifiquement développés. Marinette n'aurait jamais cru que de simple cours d'escrimes et de karaté pouvait transformer un corps aussi magnifiquement. Il avait vraiment tout pour lui... sauf peut-être... elle n'aurait su dire quoi au juste mais peut-être qu'avec un peu plus d'humour, d'audace, d'impulsivité comme en avait Chat.

Chat! Toujours pas de nouvelles de lui! Et comment diable ses rêveries à propos d'Adrien avait bien-t-elle pu la conduire à cet idiot de Chat. Si au moins elle savait comment il va...

De son côté, Adrien venait tout juste d'entrer par la fenêtre de sa chambre sous les traits de son alter-ego. Il était maintenant dans sa salle de bain, devant le miroir à évaluer avec Plagg la gravité de sa blessure. Le coup avait été porté durement, et il avait l'épaule endolori et plutôt bleu mais aucune enflure et aucun signe d'os brisé; rien qu'un bon maquillage ne peut pas camoufler. Sa forte constitution lui avait sauvé la mise et il se félicita d'avoir ainsi épargné sa Lady d'une blessure qui aurait pu être bien plus grave que ce qu'il endurait.

« Qu'est-ce que tu en dis Plagg? Y'a pas de quoi fouetter un chat non? » Il sourit à son jeux de mots, sachant très bien la réaction qu'aurait eu sa coéquipière.

« Si ce n'était de cette séance photo de demain », lui répondit Plagg. « Les humains ont vraiment de drôle de passe-temps! » soupira-t-il en engouffrant son morceau de camembert.

Adrien perdit le sourire en pensant à cette fameuse séance photo. Dernièrement, il avait réussi à soutirer beaucoup plus de libertés de la part de son père. Il lui était maintenant possible de sortir quand il le souhaitait et son père ne portait plus de jugements sur les individus qu'il fréquentait. Il avait pu laisser les cours de piano et avait réduit considérablement la fréquence des séances de karaté et d'escrime. Même le gorille était de moins en moins présent à ses côtés. Il avait été particulièrement surpris de voir à quel point il avait été facile de négocier ces quelques points. Peut-être était-ce simplement parce que son père avait réalisé à quel point son garçon était devenu un homme, maintenant aussi grand que lui et de beaucoup plus imposant côté musculature. Peut-être aussi avait-il réalisé que maintenant qu'Adrien était majeur, il devait lui laisser un peu de corde s'il voulait éviter qu'il se rebelle.

Son père était pourtant demeuré inflexible à propos des séances photos et de son implication dans l'entreprise familiale. Adrien devait continuer à jouer le rôle de modèle et avait vu ses rêves d'avenir repoussés lorsque son père avait décidé qu'il évoluerait dans le même domaine que lui. Pour le jeune garçon, ce n'était que partie remise. Un de ses jours, il retournerait sur les bancs d'école pour poursuivre ses propres rêves… après tout, la famille Agreste était suffisamment aisée pour qu'il se permette d'étudier quelques années de plus.

À ce moment, la séance photo posait problème pour une seule raison, il aurait à traiter avec la douleur sans que cela ne paraisse sur son jeu d'acteur. Lorsqu'on y pense : pourquoi un jeune modèle qui fréquente le lycée se serait soudainement blessé aussi gravement à l'épaule? Il lui faudrait jouer le jeu.

Comme si Plagg lisait dans ses pensées, il se plaignit : « La malchance du chat noir, encore une fois »

Cette fameuse malchance du chat noir, Adrien ne saurait dire s'il y croyait vraiment. Avant même que Plagg arrive dans sa vie, il y a trois ans, le quotidien d'Adrien était loin d'être agréable. Bien qu'il ait été élevé dans la richesse et la célébrité, il ne pouvait alors se sentir plus pauvre et esseulé. Sa mère l'ayant quitté 4 ans plus tôt, il passait ses journées à errer dans le manoir, monotonie brisée par les séances photos, les cours à domicile, l'escrime, le chinois, la musique. Toujours seul à seul avec lui-même ou un professeur. Quelle chance!

Puis un matin, il avait osé. Il s'était inscrit à l'école et avait fini par gagner ce point avec son père. Enfin, il partagerait la vie d'adolescents normaux. À cette même époque, Plagg s'est introduit dans sa vie et se fût le retournement le plus extraordinaire qui lui soit jamais arrivé. Le modèle irréprochable s'était transformé en ce héros insolent mais non moins loyal qu'était Chat noir. Cette rencontre avait fait tourner sa chance en effet, mais il avait l'impression que s'était pour le mieux.

Il s'était fait des amis sincères dans les personnes de Nino, Alya et Marinette. Nino était franchement son meilleur pote. Il était toujours là pour l'écouter, le soutenir et garder ses secrets. Alya était comme la mère qu'il n'avait plus à prendre soin de lui et s'assurer que rien ni personne ne l'atteignait. Puis, Marinette, la douce et jolie Marinette qui partageait les cours avec lui et savait le calmer et le mettre en confiance par sa simple présence.

Et enfin, il y avait sa Lady, sa coéquipière, la femme de ses rêves. Avec son courage, sa détermination, ses sourires complices, comment ne pouvait-il pas l'aimer? Avec les années, son amour pour elle n'avait cessé de grandir, s'affinant en même temps que la silhouette de la jeune héroïne. Elle avait vraiment tout pour lui plaire, tout sauf …. Il est vrai que la froideur de certaines de ses remarques et son exaspération par rapport à son humour le laissait parfois de glace. Il aurait voulu qu'elle possède un peu plus de cette douce compréhension et cette chaleur naturelle comme le possédait… Marinette?

L'interphone de sa chambre bipa. Une autre liberté qu'il avait gagné, plus personne n'avait le droit d'entrer dans sa chambre désormais, on communiquerait avec lui par interphone.

« Adrien, votre père souhaite s'entretenir avec vous au sujet de la séance de demain » l'avertit Nathalie.

Il pressa le bouton de son interphone. « Donnez-moi 5 minutes et j'arrive »

Il prit le temps de mettre un vêtement qui couvrirait suffisamment sa blessure, s'assura que Plagg avait eu tout le camembert dont il avait besoin et sortit à la rencontre de son père.