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Disclaimer : tout appartient à JKR et je ne fais aucun profit en écrivant cette histoire.

Béta : Tania (comme toujours !)

Bonjour tout le monde ! (enfin j'espère qu'il y aura du monde !)

Cette histoire est totalement imprévue. J'étais sagement en train de travailler sur ma fic à chapitre lorsque tout à coup cette idée a tourné dans ma tête et je n'ai pas pu m'empêcher de l'écrire. Alors tout l'OS est du point de vue de Severus mais bien évidemment j'ai du imaginer celui d'Harry. Donc si vous le souhaitez, je peux écrire une suite avec les évènements vus par Harry… A vous de décider si ça vaut le coup ou pas. Je ne vous ennuie pas plus avec mes commentaires. Bonne lecture !

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Severus Snape, soutien psychologique

Severus Snape, un verre de firewhisky à la main, était occupé à foudroyer du regard sa baguette, posée sur le bureau face à lui. Comme si la seule force de son regard pouvait la faire disparaitre.

Une fois Voldemort occis par le morveux aux yeux verts, Severus avait cru qu'enfin on allait le laisser tranquille. Qu'il pourrait faire pousser des légumes dans son potager et passer ses soirées à lire de vieux et énormes livres de potion en savourant un bon verre d'alcool. Bon, s'il était capable d'un tant soit peu de bonne foi, il aurait avoué que ce programme le faisait mourir d'ennui rien qu'à l'énoncer. Mais il était universellement reconnu que Severus Snape était doté d'une mauvaise foi chronique.

Or, pendant son procès qui, dixit Albus Dumbledore, n'était que pure formalité, il avait été condamné à enseigner pendant dix ans de plus à Poudlard où il serait surveillé par le Directeur qui se portait garant de lui. Mais ce n'était pas le pire, il devait aussi se porter « volontaire » pour apporter un soutien psychologique à ces morveux soi disant traumatisés par la guerre !

Il devait bien avouer que ce n'était pas cher payé pour racheter toutes ses erreurs mais lui, terreur des cachots en titre, obligé d'écouter les jérémiades de ces incapables dont il devait déjà supporter la bêtise en cours toute la journée, c'était purement insoutenable.

Il ne lui restait comme maigre consolation que son whisky vingt ans d'âge qu'il s'empressa d'avaler d'une traite. La chaleur bienfaisante qui l'envahit lui fit fermer les yeux de contentement, jusqu'à ce qu'une voix en provenance de la cheminée le fasse sursauter et se redresser brusquement.

« Severus ? Vous êtes là ? Je peux entrer ? » demanda la cause de tous ses malheurs qui entra dans le bureau sans même attendre sa réponse.

« Ha, je suis content de vous trouver » dit le vieil homme dont les maléfiques (selon Severus) yeux bleus pétillaient de mille feux.

« Comme c'est surprenant de me trouver chez moi à cette heure ! Je vous en prie faites comme chez vous » répondit Severus d'une voix pleine de sarcasme.

Le Directeur fit mine de n'avoir rien entendu et reprit comme si de rien n'était. « Je suis venu vous rappeler les consignes pour le soutien psychologique aux étudiants que vous avez si gentiment accepté de donner »

« Que vous m'avez obligé à donner et je ne suis pas idiot, je n'ai pas une génétique défaillante à la Potter, j'ai compris à la première explication »

Le Directeur sourit et continua, sans se préoccuper le moins du monde de l'intervention mordante de l'homme en noir.

Lorsque vous avez un appel, votre baguette s'illuminera et une douce musique s'élèvera. Si vous tardez à répondre, la lumière deviendra progressivement rouge et le son de plus en plus strident, jusqu'à la destruction de votre baguette. A ce moment, le Ministère sera prévenu et vous serez privé de magie. Ce qui arrivera aussi si vous donnez une réponse inappropriée ou si vous tentez de raccrocher au nez de votre interlocuteur que vous devez écouter avec la plus grande patience, et… »

« Albus, il me semble que rien dans les instructions du Ministère ne m'oblige à être patient avec vous ou à vous écouter, n'est-ce pas ? » dit Severus d'une voix à faire trembler de terreur le Seigneur des Ténèbres lui-même. Albus qui n'était pas suicidaire s'empressa de reculer vers la cheminée.

« C'est bien mon petit, je vois que vous êtes parfaitement préparé » dit-il en attrapant une poignée de poudre de cheminette. « Ha ! Une dernière chose, rappelez vous que votre voix, ainsi que celle de votre interlocuteur, sera déformée et méconnaissable afin de protéger votre anonymat. Bon courage ! »

Sur ses paroles, le vieil homme entra dans la cheminée et Severus aurait juré avoir entendu un gloussement avant qu'il ne disparaisse dans les flammes.

Il se resservit un verre et recommença à fixer sa baguette d'un air mauvais, puis l'alcool et la chaleur aidant, il se mit à somnoler. Il était au beau milieu d'une rêverie fort agréable, où les têtes d'Albus Dumbledore et Cornélius Fudge ornaient les murs de son bureau, lorsqu'un bruit étrange le réveilla en sursaut.

Il mit quelques secondes à reprendre ses esprits lorsque ses yeux se posèrent sur sa baguette entourée d'un halo lumineux qui virait déjà au jaune. Il reconnut alors le bruit dérangeant, qui augmentait progressivement en volume, tout en montant dans les aigus. Il jura alors d'avoir la peau d'Albus, il n'y avait que lui pour avoir des idées aussi stupides.

La vie en rose !

Il allait devoir supporter cette foutue musique, qui lui tapait déjà sur les nerfs, en plus des pleurnicheries de ces stupides ados !

Pendant qu'il pestait, cette maudite chanson se transformait en une sirène stridente. Il poussa un soupir en découvrant que la lumière tournait à l'orange vif. Il n'aurait pas la chance que ce crétin déprimé raccroche avant de lui avoir raconté ses malheurs aussi inintéressants qu'ennuyeux.

Il se résigna donc à poser la main dans la lumière qui le picota légèrement comme pour lui reprocher sa lenteur et prononça la phrase qui allait amorcer la pire soirée de toute sa vie.

« Soutien psychologique pour les jeunes sorciers qui ont souffert de la guerre, j'écoute… »

Puis il attendit… attendit… attendit…

« Si vous n'avez rien à dire, je ne vois pas pourquoi vous me faites perdre mon temps » cracha-t-il, exaspéré.

« Je n'avais pas envie d'appeler… »

« Excellente idée ! »

« Hey, je croyais que vous étiez à mon écoute ! »

Severus inspira profondément en regardant la lumière qui était devenue d'un orange très foncé, trop foncé. Il avait tout intérêt à se calmer s'il ne voulait pas devenir un cracmol.

« Repartons du bon pied, voulez-vous ? » dit-il en essayant d'adoucir sa voix, sans beaucoup de succès, il fallait bien l'avouer.

Il y eut quelques instants de silence et Severus commençait à paniquer, ce qui ne se voyait qu'au tressaillement de son sourcil.

« D'accord. De toute façon, je n'ai plus rien à perdre, alors… »

Severus relâcha le souffle qu'il n'avait pas conscience d'avoir retenu.

« Quel âge avez-vous ? »

« Dix-huit ans »

« Avez-vous combattu ? »

« Oui »

« Et ? »

« Là n'est pas le problème » dit le garçon d'un ton agacé.

Severus se massa les tempes, ça allait être long, très long.

« Bien. Alors si la guerre n'est pas le problème, pourquoi m'appelez-vous ? »

« Je n'ai pas dit ça »

C'est sur qu'il allait finir cracmol si cet hurluberlu ne s'expliquait pas. Fort heureusement, le garçon reprit.

« C'est plutôt que maintenant je ne sers à rien. Tout le monde pense à se reconstruire. Et moi je me sens comme si je n'étais personne. Personne n'a besoin de moi. Personne ne me veut. Pendant la guerre je n'avais pas le temps de penser, je ne croyais même pas survivre et maintenant… »

Severus se sentit touché par ce que disait le jeune homme, même s'il ne l'aurait avoué pour rien au monde, ce discours ressemblait fort à ce qu'il ressentait lui-même. Severus essaya désespérément de se rappeler quelque chose que lui aurait dit ce psychomage qui lui avait été envoyé par le Ministère. Mais rien ne venait. Il faut dire qu'il était resté une demi-heure avant de partir en courant et en pleurant. Puis le jeune homme ajouta, « tout le monde attend de moi quelque chose que je suis incapable de donner. Ils attendent de moi que je me comporte d'une certaine façon… Mais si je le faisais, je ne serais pas moi… et je serais malheureux… toute ma vie »

Severus était bien placé pour comprendre parfaitement ce sentiment.

« Et qu'attendent-ils de vous ? » demanda-t-il pour le relancer.

« Que je me marie, que j'ai des enfants, un bon boulot, un chien… Des trucs chiants, quoi »

« Et vous ne voulez pas ? »

« Beurk non ! »

« Pourquoi ? »

« Le fait que je sois gay y est peut-être pour quelque chose » dit le garçon avec humour.

Bien Severus était satisfait, il avançait dans la résolution du problème. Encore un gay qui ne s'assumait pas. Il arrivait en terrain connu et se sentit tout à coup beaucoup plus à l'aise.

« Je ne vois pas où est le problème. Je suis moi-même gay et je ne vois pas ce qui vous empêche de trouver un compagnon, ou même plusieurs, et d'avoir une vie agréable »

« C'est impossible » répondit le garçon d'un ton catégorique.

« Et pourquoi ça ? » demanda Severus d'une manière qui fit osciller la lumière dans le jaune. Il se prit le nez entre le pouce et l'index et respira plusieurs fois profondément.

« Dites-moi pourquoi ? » reprit-il d'un ton plus calme.

« Vous voulez vraiment le savoir ? Parce que là j'ai vraiment l'impression que je vous emmerde plus qu'autre chose »

Par les couilles de Merlin, ce cornichon voulait vraiment qu'il se transforme en cracmol.

« Oui. Je veux vraiment savoir » dit Severus en se mordant la langue pour ne pas ajouter une remarque sarcastique de son cru.

« Parce que je suis amoureux de quelqu'un qui ne m'aimera jamais en retour »

S'il avait été de nature expansive, Severus aurait poussé un cri de joie et exécuté une danse de la victoire. Il voyait enfin le bout du tunnel, il ne s'agissait que d'un amour malheureux d'adolescent.

« Vous êtes jeune, vous avez tout loisir de trouver d'autres objets à votre affection »

Le jeune eut un rire amer. « Si c'était si simple. Ça fait trois ans que je ne vois que lui. Tous les jours je rêve qu'il pose les yeux sur moi et qu'il voit autre chose qu'un être stupide. Je souhaiterais plus que tout que ses mains élégantes parcourent mon corps, rien que sa voix de velours suffit à provoquer des réactions physiques vraiment gênantes… »

Severus émit un toussotement gêné. Malgré lui, il était ému par la sincérité du garçon et il maudissait cet imbécile qui l'ignorait, en lui faisant perdre son temps par la même occasion.

« Dans ce cas pourquoi ne pas essayer de le séduire ? »

« Parce que je prendrai un avada entre les deux yeux avant même d'avoir ouvert la bouche ! »

« Ça m'étonnerait que quelqu'un, surtout un élève, s'amuse avec des impardonnables, je vous rappelle que c'est un laisser passer pour Azkaban ! »

« On voit que vous ne savez pas qui c'est ! Et d'abord, qui vous a dit que c'était un élève ? »

« Mais vous, espèce d'imbécile ! Vous admirez ce crétin tous les jours, or vous êtes à Poudlard, un pensionnat, CQFD »

La lumière devint orange vif et Severus dut faire d'énormes efforts pour retrouver son self contrôle.

Le garçon pouffa. « Vous êtes drôlement nerveux pour un psy ! Et il y a une possibilité que vous avez oubliée… »

« C'est parce que je ne suis pas psy » répondit Severus en crachant presque le dernier mot. « Seriez-vous assez aimable pour m'éclairer sur cette soi-disant possibilité que j'aurais oubliée ? »

La lumière était redevenue jaune et Severus se dit que c'était le mieux qu'il pouvait espérer avec cet idiot à qui il fallait tirer chaque mot de la bouche.

« Et bien la possibilité que ce soit un professeur » dit le jeune homme avec malice.

« Un… un professeur ? » demanda Severus totalement abasourdi. « Vous vous rendez bien compte que, même dans le cas improbable où il y aurait à Poudlard un professeur qui ait des préférences pour les jeunes hommes, il risquerait son emploi s'il entretenait une telle liaison ? Vous êtes complètement fou ! Je serais le premier à lui déconseiller de répondre à vos attentes !»

« D'accord et vous auriez raison si c'était vrai. Mais dîtes-moi, psy de pacotille, qu'est-ce qui interdit les relations entre un élève majeur et un professeur ? »

Severus leva un sourcil mais ne releva pas l'insulte, trop occupé à se demander comment ce petit impudent osait poser une question aussi stupide.

« Rien de moins que le règlement de Poudlard » dit-il d'un ton sarcastique.

« Je vais vous faire une proposition. Vous cherchez ce fameux article dans le règlement et je vous rappelle demain soir à la même heure pour que vous m'en donniez le numéro. Si vous le trouvez, j'abandonne tout espoir et je ne vous rappelle plus jamais. Par contre, si vous avez tort, vous devrez m'écouter aussi longtemps que j'aurais besoin de vous. Marché conclu ? »

Severus n'en revenait pas de sa chance. Il allait être débarrassé de cet insupportable morveux en deux temps, trois mouvements. « D'accord » répondit-il d'un ton satisfait.

« Alors à demain, psy irascible … »

« C'est ça, c'est ça… » répondit Severus déjà occupé à chercher l'exemplaire du règlement de Poudlard qui devait être enfoui quelque part dans sa bibliothèque.

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Ce matin là, le cours de potion atteignit un niveau de silence rarement égalé. Severus était d'une humeur exécrable et aucun étudiant n'était assez fou pour provoquer son courroux.

Il avait passé une nuit blanche à essayer de trouver cet article qui devait forcément exister puis s'était endormi au petit matin, épuisé par sa quête.

Il s'était réveillé à peine deux heures plus tard, les cheveux emmêlés, le visage chiffonné et une lueur belliqueuse dans les yeux.

Lorsqu'il entra dans sa classe pour trouver les Serpentards et Gryffondor de septième année, il ne décolérait pas. Comment les abrutis qui avaient écrit le règlement avaient-ils pu oublier une clause aussi fondamentale. Ils avaient pensé à interdire l'usage des potions d'amour mais pas une relation entre un élève et un professeur ! A cause de leur incompétence, il allait devoir supporter le morveux déprimé jusqu'à plus soif.

Il prononça donc les mots redoutés par les étudiants du monde entier, qu'ils soient sorciers ou moldus : « interrogation surprise. Faites trois rouleaux sur les propriétés du venin d'acromentule ».

Il parcourut des yeux la salle dans laquelle on pouvait entendre voler une mouche. Il fut satisfait de constater que son filleul remplissait consciencieusement son parchemin. Il leva les yeux au ciel en constatant que Granger écrivait frénétiquement, encore un cauchemar pour la correction. Même Potter semblait concentré sur son devoir.

Tiens, voilà l'exemple parfait pour montrer à quel point cette omission dans le règlement était dangereuse.

Potter était une tentation vivante. Il prit pour la première fois le temps de l'observer sans partialité. Il scruta les longs cils qui, maintenant qu'il était penché sur sa copie, ombraient délicieusement ses joues veloutées. Sa bouche rosée qu'il mordillait en écrivant. Puis il repensa aux longues jambes musclées, au fessier rebondi sculpté par le Quidditch. Mais, surtout, ce qui faisait de Potter un garçon séduisant résidait dans la profondeur de son regard, dans cette innocence qui vous transperçait jusqu'à la moelle. Lorsqu'il posait les yeux sur vous, vous aviez l'impression que rien n'était plus important que vous. Il était absolument furieux à l'idée qu'un professeur puisse profiter de cette innocence en toute impunité. Surtout si ce professeur n'était pas lui, mais il se refusait à admettre que c'était surtout cette idée qui le rendait fou. Avant de savoir qu'il n'y avait pas d'article interdisant les relations élève-professeur, il n'aurait jamais eu des pensées pareilles ! Tout était de la faute de ce stupide soutien psychologique.

Totalement absorbé par son observation, il fut surpris de découvrir les grands yeux verts qui le fixaient d'un air interrogateur. Dépité d'avoir été pris en flagrant délit, il ne put qu'aboyer, « vingt points en moins pour Gryffondor, Potter ! »

« Pour quelle raison, Professeur ? » demanda le jeune homme avec un calme qui parut suspect à Severus. Il devait cependant avouer que c'était une excellente question à laquelle il n'avait pas la queue d'une réponse.

« Vous avez respiré trop fort et cela dérange vos camarades » répondit-il néanmoins avec la plus parfaite mauvaise foi.

Harry se contenta de lui sourire avant de se pencher à nouveau sur sa copie.

Severus fulminait, même son sourire était craquant. Cet imbécile n'avait aucune idée des risques qu'il courrait en souriant de cette façon.

Les deux heures passèrent relativement vite pour Severus perdu dans ses pensées. Il fut donc étonné d'entendre la sonnerie de fin de cours et de voir les élèves déposer leurs devoirs sur son bureau en se dépêchant de quitter la salle comme d'habitude.

L'un d'entre eux lui fit cependant plisser les yeux de suspicion. Draco Malfoy n'agissait pas comme à l'accoutumée. Il avait un air sournois sur le visage, enfin plus que d'habitude, et il n'attendit pas de quitter la salle le dernier pour échanger quelques mots avec son parrain, comme il le faisait à chaque fois.

Il était absolument certain qu'il préparait un mauvais coup. Un grand sourire carnassier éclaira le visage de Severus lorsqu'il comprit, en un éclair de génie, que c'était lui.

Draco jouait au crétin déprimé pour le piéger mais il avait oublié un léger détail. Il n'y avait pas de plus grand Serpentard vivant que Severus Snape lui-même et il se frotta les mains en pensant qu'il savait exactement comment procéder pour le démasquer.

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Le soir venu, Severus se surprit à attendre avec impatience que sa baguette s'illumine. Il allait écraser son filleul et le forcer à admettre sa défaite.

Severus ricana en pensant à la tête de ses élèves s'ils savaient que la terreur des cachots adorait s'amuser et faire des blagues. Penchant, qu'il prenait garde de tenir secret et, qu'il ne révélait qu'à quelques personnes choisies. Au début, il adorait faire marcher cet adorable bambin blond qui le regardait avec adoration. Puis avec le temps, Draco prit du répondant et les blagues qu'ils se faisaient mutuellement avaient donné quelques cheveux blancs à Lucius qui se désespérait de tant de gaminerie. Draco était devenu très doué à ce petit jeu et Severus devait avouer qu'il avait eu une idée géniale en se faisant passer pour un amoureux déprimé qui le faisait tourner en bourrique.

Il fixa avec colère sa baguette mais cette fois, c'était parce qu'elle ne s'illuminait pas.

Lorsque la vie en rose commença à retentir dans la pièce, Severus sentit un frisson de plaisir le parcourir à l'idée de jouer avec Draco et de l'amener à se découvrir.

Il passa la main dans la lumière et attaqua immédiatement pour le déstabiliser.

« Vous aviez raison, rien n'interdit dans le règlement une relation professeur-élève. Alors que comptez-vous faire ? Continuer à vous lamenter ou essayer de le séduire ? »

« Est-ce que ça veut dire que vous reconnaissez votre défaite et que vous allez me supporter jusqu'à ce que je n'ai plus besoin de vous ? » demanda une voix aux intonations amusées.

Rigole bien Draco, parce que ça ne va pas durer pensa Severus qui répondit, « je reconnais que le règlement doit être revu afin de protéger les élèves de tous les dangers et vous pouvez m'appeler jusqu'à ce que vous en ayez assez ».

« Je ne vais rien faire du tout » dit le jeune en répondant à la première question. « Il me déteste et rien ne le fera changer d'avis »

« Il arrive parfois dans la vie des choses extrêmement surprenantes. Je vais vous confier un secret, mais cela doit rester strictement entre nous… » Severus rigolait en pensant qu'il y avait peu de chances que Draco ait envie de répandre cette rumeur.

« D'accord. Je vous le promets »

« Dans le genre ennemi mortel qui change d'avis, devinez qui est amoureux fou de Ron Weasley »

Il y eut un grand silence et Severus pensa que son filleul se savait découvert et savait où il voulait en venir.

« De… Ron…. Weasley ? Non… je ne vois pas»

« Draco »

Il y eut un cri suivi d'un bruit de chute et Severus regretta de ne pas avoir eu l'idée de placer une caméra dans la chambre de Draco.

« Draco ! Vous voulez dire Draco Malfoy ? »

« Vous en connaissez beaucoup qui portent le doux prénom de Draco ? »

« Non »

« Tout cela pour vous dire qu'une haine, aussi farouche soit-elle, est toujours très proche d'un sentiment amoureux. C'est l'indifférence qui ne mène à rien, pas la haine… »

« Il faut que je réfléchisse. A demain » dit le jeune sorcier en raccrochant précipitamment.

C'est ça Draco, réfléchis à ton prochain mouvement mais j'ai bien peur que tu sois échec et mat, pensa Severus avec la plus grande satisfaction.

Il se coucha avec le sentiment du devoir accompli, pour passer une bonne nuit de sommeil réparateur. Il fit de beaux rêves où Draco se prosternait devant lui et lui offrait Potter en récompense de son génie. Severus en était particulièrement satisfait bien qu'il ne sache pas vraiment quoi faire du jeune homme ni même ce qu'il venait faire dans tout cela.

Lorsqu'il se réveilla frais et dispos, il secoua la tête devant la stupidité de son rêve et partit se doucher et se raser en sifflotant.

Il arriva au petit déjeuner d'excellente humeur et s'assit à sa place sans foudroyer du regard le reste du corps professoral. Il prit un toast qu'il tartina délicatement de confiture d'orange et commença à le manger avec appétit.

Cette bonne humeur inhabituelle lui valut un clin d'œil d'Albus qu'il ignora royalement et une intervention fort malvenue du nouveau professeur de vol, César Yok. Ce blondinet efféminé, aux faux airs de Grindelwald, s'était entiché de lui et ne perdait aucune occasion de lui faire les yeux doux, ce qui était une pure perte de temps. Cet être insipide n'avait pour seule qualité que de détester Potter, pas comme tous les cloportes qui bavaient devant lui, et Severus devait bien admettre que c'était sans doute parce que Yok en était jaloux. Potter volait comme un Dieu et personne ne pouvait affirmer connaitre la beauté avant de l'avoir vu sur un balai. Il avait la grâce et l'élégance innées d'un grand attrapeur. Comme au combat, d'ailleurs. Severus avait bien failli se prendre un sort tellement il avait été subjugué par ses mouvements gracieux. Heureusement que le morveux avait réagi rapidement en lançant un expelliarmus tellement puissant qu'il avait fait valdinguer son agresseur trente mètres en arrière, tout en lui arrachant sa baguette des mains.

Il sortit de ses rêveries pour s'apercevoir que ce cafard de Yok avait posé la main sur son bras et lui parlait. Quel dommage que le doloris soit interdit !

« Severus vous semblez particulièrement gai, ce matin. Une bonne nouvelle ? »

« Un : enlevez votre main avant que je n'utilise un sort de découpe particulièrement douloureux. Deux : je ne crois pas vous avoir autorisé à utiliser mon prénom. Trois : mon humeur ne vous regarde en rien » répondit Severus d'une voix mortelle et en plissant les yeux.

Il ne porta pas plus d'attention à l'insupportable parasite et se remit à déguster son toast, tout en regardant vers la table des Serpentards, prêt à savourer l'air égaré de son filleul. Ce qu'il vit en réalité lui fit perdre l'appétit d'un coup. Draco était attablé tranquillement et buvait sa tasse de thé de Chine, le petit doigt en l'air, tout en discutant le plus calmement du monde avec Pansy Parkinson et Blaise Zabini.

Severus fronça les sourcils de contrariété et reposa son toast. Il reporta machinalement son regard sur la table des Gryffondors.

Il vit d'abord Potter et Granger, penchés l'un sur l'autre, qui discutaient avec animation à voix basse en jetant des regards en coin à Weasley. Severus resta bouche bée en constatant que le rouquin était assis devant une assiette qu'il n'avait pas pensé à remplir et qu'il fixait Draco avec des yeux bovins remplis de… désir !

Severus écarquilla les yeux. Merde ! Il s'était totalement trompé. Encore heureux que Draco ne risque pas de répondre à ses attentes parce que sinon Lucius l'aurait tué et de manière douloureuse.

Il prit une gorgée de café en réfléchissant à ce que ces nouvelles données signifiaient. Tout d'abord l'amoureux transi était un Gryffondor. C'était la seule explication possible au fait que Weasley dévore son filleul des yeux d'une manière parfaitement dégoutante. Cela voulait dire aussi, et surtout, qu'il y avait dans cette école un Gryffondor amoureux de son professeur et qu'il allait devoir découvrir qui était ce petit inconscient afin que rien de fâcheux ne lui arrive. Et enfin, il allait devoir trouver une idée pour expliquer son mensonge et le fait que Draco n'avait jamais développé de sentiments amoureux pour personne à part lui-même. Il soupira en pensant à la tonne de questions et de reproches qu'il allait devoir endurer.

Il en était là de ses réflexions lorsqu'un grand bruit lui fit lever les yeux. Il vit alors Ron Weasley se diriger d'un pas décidé vers la table des Serpentards.

Ho Mon Dieu, non ! pensa-t-il, avec un brin d'anticipation malsaine à l'idée de la claque qu'allait prendre ce stupide rouquin.

Weasley s'arrêta pile devant Draco qui leva des yeux étonnés vers lui.

« Pouvons-nous parler… en privé ? »

La mâchoire de Severus, ainsi que celle de pas mal d'observateurs de la scène, se décrocha lorsque son filleul répondit, « je te suis », avec une adorable rougeur sur ses joues habituellement pâles.

Par les couilles de Merlin, pensa Severus, la bonne nouvelle est que je n'aurais pas besoin de trouver une quelconque explication mais la mauvaise est que je vais devoir survivre à la colère de Lucius.

Dépité, il secoua la tête et tomba sur Yok qui le regardait avec étonnement. Il se contenta de le foudroyer du regard et de quitter la grande salle dans un tournoiement de robe dont il avait le secret pour se diriger vers sa salle de cours.

Inutile de dire que les Poufsoufles qui avaient un cours de potion ce jour là en ressortirent traumatisés à vie.

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Le soir même, Severus se retrouvait dans son salon, confortablement installé sur son canapé, et il fixait sa baguette avec impatience. La première note de la vie en rose avait à peine retenti qu'il décrochait déjà. Il avait hâte de confondre ce sale morpion.

« Vous êtes un Gryffondor ! » dit-il d'un ton accusateur.

« Oui » répondit le jeune homme en pouffant.

« Vous avez osé répéter ce que nous avons dit pendant notre entretien à Ron Weasley ! »

« Pas du tout ! Pour qui me prenez-vous ! »

« Alors expliquez moi comment Monsieur Weasley a été mis au courant de cette… rumeur ? »

« Il était venu chercher quelque chose dans la chambre au moment où vous avez lâché votre bombe et il est tombé comme un sac de pommes de terre »

« C'était donc ça le grand bruit que j'ai entendu… » dit Severus d'un ton rêveur.

« Oui. Comme il y avait longtemps qu'il était amoureux de Draco et qu'il croyait que c'était sans espoir, malgré tous nos encouragements, il a eu le plus grand choc de sa vie. Mais la vraie question est plutôt pourquoi m'avoir menti ? »

« Comment cela ? » demanda Severus qui chercha à toute vitesse ce qui avait pu le trahir.

« Vous ne saviez pas que Draco était lui aussi amoureux. Heureusement que c'était le cas, car sinon Ron ne s'en serait jamais remis ! »

« Et puis-je savoir ce qui vous permet d'affirmer une telle stupidité ? » dit Severus du ton qu'il prenait toujours lorsqu'il était de mauvaise foi. C'est-à-dire à peu près vingt fois par jour.

« Mais votre réaction professeur. Vous aviez tout d'un strangulot hors de l'eau lorsque Malfoy a suivi Ron, le rouge aux joues. Je pense que votre réaction parlait pour vous »

« Que… quoi… qui… comment… »

« Lorsque vous aurez essayé tous les pronoms, vous arriverez peut-être à répondre ! » dit le Gryffondor avec malice, s'amusant du fait d'avoir couper la chique à son professeur.

Severus se força à respirer plusieurs fois profondément avant de retrouver son ton habituel.

« Aurais-je l'audace de vous demander comment vous m'avez reconnu ? Je croyais que nos voix étaient déformées »

« Et c'est bien le cas »

« Alors comment ? » hurla Severus et la lumière prit une belle teinte orange qui le força à se calmer à contrecœur. Il finissait par se demander s'il ne préférait pas perdre sa magie plutôt que supporter cet insoutenable morveux.

« Je veux dire si c'est le cas, comment avez-vous su que c'était moi ? »

« Et bien voyons… un homme irascible qui veut faire croire que ses élèves ne sont que des cornichons sur pattes et qu'ils l'ennuient prodigieusement mais qui serait prêt à donner sa vie pour les protéger du moment que personne ne l'apprenne. Un homme qui a la langue la plus acérée que je connaisse et un sens du sarcasme à toute épreuve… »

« Je vois » l'interrompit Severus, flatté malgré lui du portrait qu'avait fait de lui cet élève qui semblait voir au-delà des apparences. « Puisque vous savez qui je suis, vous pourriez peut-être vous présenter ? »

« Non »

« Comment ça non ? » tempêta Severus en levant un sourcil.

« Si j'ai été capable de deviner, vous devriez l'être aussi, non ? »

Severus était sur le point de refuser lorsqu'il pensa à l'ennui profond de sa vie actuelle. Le jeu l'amusait et le sortait de sa routine… Et puis ça ou le jardinage…

« D'accord » répondit-il. « Je relève ce nouveau défi ».

« Pouvez-vous au moins me dire le nom de cet imbécile après qui vous soupirez ? »

« Non » répondit le garçon en pouffant, « c'est beaucoup trop tôt.

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On pouvait qualifier Severus Snape de nombreuses façons mais idiot n'en faisait pas partie. Au bout de quinze jours de discussions quotidiennes, il avait découvert que son interlocuteur n'était autre qu'Harry Potter. Il faut dire qu'il manquait fortement de la subtilité des Serpentards même si certains aspects de sa personnalité dénotaient une certaine ruse.

Au bout d'un mois, il en était arrivé à l'apprécier… un peu trop d'ailleurs. Il avait découvert un jeune homme simple, qui avait cruellement manqué d'affection. Un jeune homme cultivé et courageux, avec un sens de l'humour développé bien que particulier. Ceci dit, Severus aurait eu du mal à redire quoi que ce soit à ce sujet.

Bref, au fil de leurs discussions quotidiennes, Severus s'était rendu compte qu'il était en train de tomber amoureux de Potter. Et pour être tout à fait franc, avec lui-même au moins, ça ne datait pas d'hier. Le fait de découvrir que rien ne le retenait n'avait été que le détonateur et maintenant la bombe avait explosée. Severus ne pouvait rien y faire, à part souffrir en silence. Il souffrait parce qu'il savait qu'Harry ne partagerait jamais ses sentiments, il était amoureux d'un autre.

Severus Snape avait connu de nombreuses aventures avec des hommes qu'il avait parfois apprécié, ou pas, mais il n'était jamais tombé amoureux. Il n'avait jamais eu assez confiance pour ça. D'ailleurs il s'en serait bien passé, surtout de la douleur engendrée par un amour à sens unique. L'amour était une vraie vacherie et, pour une fois, même ses chères potions ne pouvaient lui apporter aucun soulagement. Il fallait juste faire avec.

Il n'avait pas révélé à Potter qu'il savait parce qu'il voulait garder le plus longtemps possible ses conversations qui lui étaient devenues indispensables. Severus avait toujours eu le sentiment d'être seul et ces instants qu'il partageait avec Harry avait fait voler cette solitude en éclat. Pour être honnête, il était terrifié à l'idée de se retrouver chaque soir en tête à tête avec ses livres.

Mais maintenant, au bout de deux mois de bonheur, il était bien décidé à affronter le jeune homme car il avait découvert qui était l'homme sur lequel il fantasmait. Il était tombé par hasard sur une discussion entre Granger et Harry… Bon d'accord, en fait il l'avait suivi mais là n'était pas l'important. Il avait juste entendu quelques mots. Harry disait qu'il avait fait de maigres progrès, qu'il sentait parfois qu'il le regardait mais qu'avec lui c'était deux pas en avant et trois pas en arrière. Puis il avait prononcé la phrase qui avait tout rendu clair pour Severus : « tiens, regardes ce qui s'est passé pendant le repas à midi ».

Yok ! C'était lui qu'Harry aimait. Tout collait. L'homme était beau, même avec la plus grande mauvaise foi, il était impossible de ne pas l'admettre. De longs cheveux blonds bouclés, des yeux bleu lavande, une peau de pêche et un corps parfait. En plus, les regards de Potter dans leur direction, dans la grande salle, prenaient tout leur sens. Il se consumait littéralement pour cet abruti qui le détestait.

Et Severus avait décidé qu'il devait essayer de le faire changer d'avis.

Installé sur son lit, le dos callé par deux oreillers, il soupira lorsque la vie en rose résonna gaiement dans sa chambre. Il posa la main sur la lumière blanche en pensant avec regret que ce serait sans doute la dernière fois. Harry n'allait sans doute pas apprécier qu'il lui dise ce qu'il pensait de ce crétin.

« Bonjour Potter. Alors, c'est Yok ? »

« Que… quoi… qui… comment »

Severus sourit amusé par ce retournement de situation. « Quand vous aurez fait tous les pronoms, vous arriverez peut-être à me répondre »

« Vous avez enfin compris que c'était moi ? »

« Il y a déjà longtemps en fait que je le sais mais je voulais découvrir qui était cet homme après lequel vous soupiriez. C'est maintenant chose faite, je sais que c'est Yok. J'espère que vous vous rendez compte que c'est un abruti qui ne vous mérite absolument pas » dit Severus d'un ton qu'il ne put empêcher d'être amer.

Et là à sa plus grande stupéfaction, Harry éclata de rire.

« Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle s'exclama-t-il avec colère.

Harry mit un moment à se calmer ce qui fit augmenter proportionnellement la colère de Severus.

« Comment en êtes-vous arrivé à une conclusion aussi stupide ? » demanda Harry en riant toujours

« Vous avez dit qu'il était beau et vous lancez sans arrêt des regards énamourés dans sa direction pendant les repas ! » répondit Severus indigné par la remarque. Même s'il en était amoureux, il trouvait Harry terriblement agaçant.

« Et sur ses maigres indices, résultant de fausses observations, vous avez décidé que ça ne pouvait être que Yok ? » demanda alors Harry qui avait repris tout son sérieux.

« Comment ça de maigres indices ? Vous ne pouvez pas nier que Yok est superbe avec ses boucles blondes et ses yeux bleus faussement candides. Son corps n'est pas mal non plus et vous le regardez toujours comme si vous aviez envie de le dévorer… » répondit Severus d'un ton écœuré.

Harry resta silencieux un instant et Severus attendait. Il avait les mains moites et son cœur battait à cent à l'heure. Il était persuadé qu'Harry allait raccrocher et ne voudrait plus jamais lui parler. Il sursauta lorsque le jeune homme reprit la parole d'une voix qui lui sembla timide.

« Severus, je souhaiterais venir vous voir. J'aimerais que nous discutions de tout cela face à face »

Le Serpentard frôla la crise cardiaque en entendant Harry prononcer son prénom. Il ne lui avait jamais semblé aussi sensuel que dans la bouche du jeune homme et il faillit en gémir. Il grogna de mécontentement devant sa réaction de Poufsouffle pré-pubère. Puis il se mit à réfléchir brièvement mais intensément. Qu'est-ce qu'il risquerait à être totalement honnête pour une fois ? A part bien sur perdre toute dignité…

« Je le souhaite aussi, Harry. Je vous attends » répondit-il en pensant qu'il était en train de faire la plus grosse bêtise de sa vie. Ha non, ça c'était le jour où il était devenu un Mangemort.

« Merci ». Severus entendit le sourire que faisait Harry en prononçant ce mot et il sourit à son tour, touché de voir le garçon attaché à leur amitié virtuelle.

Pendant le quart d'heure qui suivit, Severus passa par toutes les émotions. Il était dévasté à l'idée de ce que Harry allait lui dire mais pire que tout, l'idée de ne plus se réfugier derrière des faux-semblants et des sarcasmes, le terrifiait. Il se protégeait depuis tellement longtemps derrière sa mauvaise foi qu'elle était devenue partie intégrante de sa personnalité. Elle l'avait protégé contre les brimades des maraudeurs, l'avait aidé à survivre face à Voldemort et Dumbledore. Dévoiler son âme était bien plus pénible à Severus que dévoiler son corps. Mais il savait que pour détourner Harry de Yok, il n'avait pas le choix, il allait devoir être totalement honnête, se mettre à nu. Il sentait des bouffées de rage monter en lui, à l'idée des deux hommes ensemble. Non, c'était définitivement quelque chose qu'il ne pouvait pas laisser arriver.

Il se tendit lorsqu'il entendit un bruit derrière la porte. Il respira un grand coup et l'ouvrit.

Harry était en train de descendre de son balai. Il avait les cheveux en bataille, les joues rouges et la respiration rapide. Severus fut pris de l'irrésistible envie de l'attraper et de l'enfermer dans sa chambre pour ne plus jamais le laisser en sortir. Il refoula difficilement cette pulsion possessive et fit signe au jeune homme d'entrer.

Harry le dépassa en levant son balai qu'il tenait à la main, « je l'ai pris pour aller plus vite… »

Il entra avec hésitation puis regarda autour de lui comme pour s'imprégner de l'atmosphère qui régnait dans le bureau privé de Severus. Bizarrement ce fut ce manque d'assurance qui fit retrouver toute la sienne au Serpentard.

« Passons dans le salon, nous serons plus tranquille pour parler » dit-il en montrant la porte au fond du bureau.

Une fois installés dans leurs fauteuils respectifs, Harry prit la parole.

« C'était plus facile de parler lorsque je ne vous voyais pas et que vous ne saviez pas qui j'étais… »

« Ma vue vous est-elle à ce point insupportable ? » demanda Severus sans pouvoir tout à fait cacher la pointe de souffrance que cette idée provoquait en lui.

« Pas du tout ! » protesta vivement le jeune homme. « C'est juste que… ça fait bizarre… avec les communications par baguette, je ne pouvais qu'imaginer vos expressions… et parfois, je devais imaginer ce qui me faisait plaisir. C'est tout »

« Alors, expliquez-moi ce qui vous a séduit chez César Yok » demanda Severus d'un ton dédaigneux. On ne se refait pas en un jour !

« Mais vous m'emmerdez avec ce Yok ! Je vous ai dit que j'aimais un homme beau et je pensais que vous aviez suffisamment appris à me connaitre pour savoir que je ne parlais pas d'une beauté de façade ! Qu'est-ce que j'en ai à foutre de ses boucles blondes et de ses yeux bleus ? Hein ? L'homme que j'aime est aussi magnifique qu'il est aveugle. Il est beau parce qu'il a de la profondeur et pas juste une façade. Il porte des cicatrices à l'âme et au corps qu'il cache soigneusement et que j'ai envie de soulager. Le reste, je m'en fous ! » dit Harry qui était maintenant dans une colère folle.

Severus écarquilla les yeux face à cette rage subite n'osant pas croire ce qu'il entendait.

« Mais et vos regards… »

« Vous le faites exprès ou vous avez besoin de lunettes ? Tout le monde, à part vous, savait que ces regards vous étaient destinés ! Franchement, pourquoi croyez-vous que Yok me déteste si ce n'est pas par jalousie envers vous ? »

Severus ne pensait pas avoir le droit d'être heureux un jour et d'obtenir enfin ce qu'il voulait. Il n'osait pas croire aux paroles d'Harry de peur d'être déçu. Pourtant, lorsqu'il regardait ces yeux qui ne savaient pas mentir, il avait l'impression qu'Harry l'aimait vraiment. Lui.

« Mais pourquoi ne pas m'avoir envoyé des signaux clairs au lieu de toute cette mascarade ? »

« Putain Severus, tu plaisantes j'espère ? A part te rouler une pelle en plein repas, ce que tu aurais très mal pris, je ne sais pas ce que j'aurais pu faire de plus ! Même Draco ne savait plus quoi me conseiller ! J'ai eu de l'espoir quand tu m'as dit que la haine était proche de l'amour, mais franchement je commençais à penser que ce n'était pas vrai dans ton cas »

Severus était sur le point d'éclater de bonheur. Finalement, ce ne serait pas si dur de convaincre Harry.

« Je ne crois pas » dit-il avec un sourire.

« Hein ? » fit Harry avec un air totalement perdu.

« Je ne crois pas que je l'aurais mal pris, même si je préfère un endroit plus privé, comme mon salon par exemple »

Harry ouvrit et ferma la bouche plusieurs fois avant de prendre la pleine mesure des paroles de Severus. « Tu veux dire que je peux t'embrasser… ici ? » demanda-t-il d'un ton incertain.

« Sauf si tu ne veux pas » le taquina Severus.

Il n'en fallut pas plus à Harry pour sauter sur Severus qui se retrouva plaqué au dossier du fauteuil, les genoux remplis d'un Gryffondor très entreprenant qui l'entraina dans un baiser intense.

Lorsqu'ils se séparèrent à bout de souffle, Severus murmura à l'oreille d'Harry.

« Dois-je comprendre que tu souhaites continuer le soutien psychologique ? »

« Non, tu es un trop mauvais psy. Mais je ne serais pas contre un peu de soutien corporel »

D'un coup de rein, Severus se leva pour entrainer le jeune homme dans sa chambre. Harry entoura sa taille de ses jambes en parsemant son cou de baisers.

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Hermione était avachie dans la salle commune des Gryffondors. Depuis que ses amis étaient en couple, elle se retrouvait esseulée. Bien sur, elle était contente pour eux et avait tout son temps pour travailler… Peut-être même un peu trop de temps !

Puis brusquement, elle se redressa, un sourire machiavélique sur le visage. Puisque le coup du soutien psychologique avait marché avec Severus Snape, ce serait quand même étonnant qu'il ne fonctionne pas avec Blaise Zabini, non ?

Elle se leva et se dirigea d'un pas rapide vers le bureau de Dumbledore, après tout s'il avait rendu ce service à Harry, pourquoi ne ferait-il pas de même pour elle ?

FIN

Le bonus de Tania

Severus Snape, un verre de firewhisky à la main, était occupé à foudroyer du regard sa baguette, posée sur le bureau face à lui. Comme si la seule force de son regard pouvait la faire disparaitre. (il en est capable ! il est trop fort !)

Une fois Voldemort occis par le morveux aux yeux verts, Severus avait cru qu'enfin on allait le laisser tranquille. (Mon pauvre ! il le mérite en plus ! rha, les gents sont des ingrats !) Qu'il pourrait faire pousser des légumes (des légumes ? impossible ! pas severus ! des ingrédients pour potions, oui, mais des légumes ! jamais !) dans son potager et passer ses soirées à lire de vieux et énormes livres de potion en savourant un bon verre d'alcool. Bon, s'il était capable d'un tant soit peu de bonne foi, il aurait avoué que ce programme le faisait mourir d'ennui rien qu'à l'énoncer. (bah, c'est sur que juste ca, c'est pas la grande exaltation ^^) Mais il était universellement reconnu que Severus Snape était doté d'une mauvaise foi chronique. (sans blague ^^)

« Albus, il me semble que rien dans les instructions du Ministère ne m'oblige à être patient avec vous ou à vous écouter, n'est-ce pas ? » dit Severus d'une voix à faire trembler de terreur le Seigneur des Ténèbres lui-même. (bien ! un échantillons du vrai et grand severus !)

« Repartons du bon pied, voulez-vous ? » dit-il en essayant d'adoucir sa voix, sans beaucoup de succès, il fallait bien l'avouer. (bah quand on a pas l'habitude, c'est dure^^)

« On voit que vous ne savez pas qui c'est ! Et d'abord, qui vous a dit que c'était un élève ? » (c'est vrai ca, qui ?)

« Mais vous, espèce d'imbécile ! Vous admirez ce crétin tous les jours, or vous êtes à Poudlard, un pensionnat, CQFD » (on perd de son sang froid mon severus !)

Totalement absorbé par son observation, il fut surpris de découvrir les grands yeux verts qui le fixaient d'un air interrogateur. Dépité d'avoir été pris en flagrant délit, il ne put qu'aboyer, « vingt points en moins pour Gryffondor, Potter ! » (… on le changera pas ! et tant mieux^^)

Il était absolument certain qu'il préparait un mauvais coup. Un grand sourire carnassier éclaira le visage de Severus lorsqu'il comprit, en un éclair de génie, que c'était lui. (non ? pas lui !)

Le soir venu, Severus se surprit à attendre avec impatience que sa baguette s'illumine. Il allait écraser son filleul et le forcer à admettre sa défaite. (on imagine tout le léger tressautement de son sourcil droit, ainsi que le sourire diabolique^^)

Il sortit de ses rêveries pour s'apercevoir que ce cafard de Yok avait posé la main sur son bras et lui parlait. Quel dommage que le doloris soit interdit ! (j'avoue ! mais il y a tellement d'autres sort bien vicieux qui ne le sont pas ^^)

« Severus vous semblez particulièrement gai (pas là au hasard, pas vrai ? ^^) , ce matin. Une bonne nouvelle ? »

Bref, au fil de leurs discussions quotidiennes, Severus s'était rendu compte qu'il était en train de tomber amoureux de Potter. (enfin, de l'admettre pleinement^^) Et pour être tout à fait franc, avec lui-même au moins, ça ne datait pas d'hier. (ha ! quand même) Le fait de découvrir que rien ne le retenait n'avait été que le détonateur et maintenant la bombe avait explosée. (donc il peut l'avoir !) Severus ne pouvait rien y faire, à part souffrir en silence. Il souffrait parce qu'il savait qu'Harry ne partagerait jamais ses sentiments, il était amoureux d'un crétin. (… quel idiot ! non pardon, mais là ! y a pas trente six professeur désirable dans cette école !)

Yok ! C'était lui qu'Harry aimait. (… mais non ! jamais de la vie !) Tout collait. L'homme était beau, même avec la plus grande mauvaise foi, il était impossible de ne pas l'admettre. De longs cheveux blonds bouclés, des yeux bleu lavande, une peau de pêche et un corps parfait. En plus, les regards de Potter dans leur direction, dans la grande salle, prenaient tout leur sens. Il se consumait littéralement pour cet abruti qui le détestait. (… une grande et soudaine envie de me taper la tête contre la table ! les faites qu'il y est mon ordi dessus et que je ne me tape finalement pas la tête ne sont pas liés !)

« Mais pourquoi ne pas m'avoir envoyé des signaux clairs au lieu de toute cette mascarade ? » (non mais, il fait exprès mon severus !)

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Merci d'être passé par là… Et peut-être à bientôt, si vous souhaitez plus de détails, pour une suite avec le point de vue d'Harry…