Il courrait au milieu des petites ruelles sombres de la ville, essayant d'occulter la douleur dans son poignet. Il n'osait pas se retourner, de peur de perdre espoir si jamais il apercevait un de ses poursuivants tout près de lui. Il eut un regain d'énergie en voyant la porte en bois clair de son petit appartement et ce n'est qu'une fois à l'intérieur et son entrée verrouillée qu'il s'autorisa un soupir de soulagement. Ce fut dans le silence et à même le parquet qu'il s'endormit, trop épuisé pour faire un pas de plus.

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Il leva sa petite tête vers le ciel pour mieux sentir la caresse du vent. C'était une journée parfaite comme il les aimait, alors il s'avança vers le bord de la branche sur laquelle il était posé et s'élança dans le vide. Ce n'est qu'au dernier moment qu'il déploya ses ailes, regagnant un peu de hauteur. Voler était une seconde nature, cela lui paraissait d'ailleurs si facile qu'il n'arrivait pas à comprendre les êtres qui s'obstinaient à se déplacer au sol. Il se dirigea du côté où la boule de feu mourrait pour aller se reposer sur le rebord d'une fenêtre. Il du cependant redécoller bien vite, agressé par les cris qui s'échappaient du bâtiment.

- C'est un scandale ! Vous le savez tout comme moi mais vous ne faites rien pour que cela cesse ! Avec tout le respect que je vous dois Hokage-sama, vous ne prenez pas assez part au devenir de cet enfant. J'ai entendu qu'il s'était de nouveau fait agresser aujourd'hui.

- Calmez-vous je vous prie. Je peux vous assurer que je me préoccupe beaucoup de son avenir malgré ce que vous pensez croire. Je suis actuellement en train de discuter d'une solution pour assurer sa protection avec les membres du conseil.

- Eh bien faites vite où je me verrais dans l'obligation d'aller moi-même en parler avec les vieux conseillers. Hokage-sama.

La porte claqua.

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Il se réveilla en sursaut suite aux coups portés sur sa porte. Des frissons le secouèrent au souvenir des ivrognes qui l'avaient poursuivi. Et si c'était eux qui étaient revenus le frapper ? Il voulut se relever mais son poignet lâcha sous son poids alors qu'il poussait un couinement de douleur. Il le ramena vers lui pour le masser.

- Naruto ? Mon garçon, peux-tu m'ouvrir s'il te plait ? C'est l'Hokage, fit une voix quelque peu chevrotante.

Rassuré, le jeune enfant alla ouvrir et fit un grand sourire au vieil homme face à lui.

- Papi Sarutobi ! J'ai eu peur, j'ai cru c'était pas vous mais les méchants, mais vous vous êtes pas méchant parce que vous vous êtes mon papi et parce que vous êtes gentil…

Il continua ainsi de parler, tirant l'Hokage par la main pour l'emmener s'asseoir dans le canapé de son salon. Il vint ensuite se hisser sur le petit tabouret en face et se tut enfin avant de refaire un autre de ces grands sourires qu'il distribuait à tout va.

- Naruto… Comment vas-tu ? J'ai cru comprendre par ta nourrice que tu avais été blessé par des villageois.

Le petit garçon baissa la tête, honteux de donner du souci à « son papi ».

- Je… euh… oui, admit-il dans un souffle presque inaudible.

Après un cour silence durant lequel il sembla réfléchir à quelque chose, le froncement de ses sourcils le démontrant, le petit s'exclama :

- Mais, madame Kumo elle est pas venue ici, elle a pas pu voir que les méchants avaient recommencés !

- Hum …

L'Hokage se leva de son siège pour se diriger vers le coin cuisine. Naruto le vit chercher quelque chose des yeux. Il eut l'air de l'avoir trouvé et poussa un petit « ah » satisfait avant de revenir vers l'enfant. Il lui tendit alors une petite boite en plastique où un mot était griffonné à la va vite et scotché sur le couvercle : « Le repas, à réchauffer 5 minutes ». Le garçon eut du mal du haut de ses 4 ans à déchiffrer le message mais y parvint. Son estomac gronda d'impatience tandis qu'il levait les yeux vers le vieil homme pour lui demander la permission de prendre son plat. Ce dernier donna son consentement d'un hochement de tête. Il n'en fallu pas plus au petit pour se précipiter vers le micro-onde. Sarutobi regarda le manège de l'enfant et un sourire amusé vint fleurir sur ses lèvres. C'est quand il fut à table qu'un détail le chiffonna.

- Naruto ? Tu as mal au poignet ? demanda-t-il d'un ton grave.

- Oui, un peu, répondit le petit. C'est cette après-midi, je suis tombé dessus, murmura-t-il en baissant la tête.

- Pourquoi tu ne me l'as pas dit tout de suite ? Nous soignerons ca après que tu es mangé, d'accord ?

Naruto émit un faible oui avant de recommencer à manger son repas. Quelques minutes se déroulèrent ainsi alors que l'enfant recommençait à babiller joyeusement sur tout et rien. La soirée se déroula dans la bonne humeur. Ce n'est qu'au dernier moment que l'Hokage se décida à parler de ce qui l'avait initialement fait venir chez le petit garçon.

- Mon enfant, j'ai quelque chose à te dire. Je sais que tu te sens très seul dans ton appartement.

Le vieil homme leva une main pour faire signe au petit garçon de ne pas argumenter et poursuivit.

- De plus, tu as besoin de protection, on n'en a la preuve aujourd'hui encore. J'en ai parlé avec les membres du conseil du village.

- Les papis et les mamies sérieux ? coupa le petit.

- Oui, ceux-là, confirma Sarutobi dans un petit rire. On a décidé qu'il était grand temps que tu es une famille chez qui rentrer le soir et qui te protège. C'est pour ça que dès la fin de semaine tu iras habiter chez les Uchiwa. Cette famille fait partie de l'élite ninja et assure le maintien de l'ordre dans Konoha, tu devrais être bien avec eux.

Naruto avait les yeux grands ouverts et brillants d'émerveillement. Il fit un grand sourire, mais celui-ci se fana bien vite. Une pensée s'insinua douloureusement en lui, et si ça nouvelle famille ne l'aimait pas ? Et s'il n'était qu'un poids pour elle ? Il fit part de ses questionnements à celui qu'il considérait comme son grand père. Celui-ci s'avança vers le petit et lui mit une main sur l'épaule avant de lui dire d'un ton apaisant :

- Ecoute moi mon garçon, tout se passera bien. Tu verras que Mikoto est la femme la plus douce du village, elle sera t'aimer comme son propre fils. Et puis avec son mari ils ont déjà eu deux fils, dont le plus jeune a ton âge, il s'appelle Sasuke et il est très gentil. Je suis sure que tu t'entendras très bien avec lui. Ne t'en fais pas et je serais toujours là, tu le sais n'est-ce pas ?

- Oui… Merci papi Sarutobi, tu es le plus gentil des Papi.

Rassuré, le petit ne se priva pas de poser toutes les questions qui lui passaient par la tête sur la famille Uchiwa et sur celui qu'il considérait déjà comme son frère.

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La semaine se déroula sans encombre pour Naruto. On était déjà samedi et il attendait depuis presque trois heures dans son salon, sa valise contenant les peu d'affaires qu'il possédait à ses pieds. Il était impatient de changer de vie et de quitter son petit appartement et de rencontrer sa nouvelle famille. L'Hokage vint le chercher aux alentours de deux heures dans l'après-midi. Il le conduisit jusqu'au quartier qui abritait les Uchiwa. L'enfant se retournait à chaque coin de rue, jamais il n'aurait pu imaginer dans ses rêves les plus fous qu'il pourrait un jour vivre dans un tel endroit. Après avoir marché sur plusieurs centaines de mètres, ils se retrouvèrent devant un portail en bois de chêne. Le vieil homme entra et s'avança dans le petit jardin joliment décoré et bien entretenu, jusqu'à l'entrée de l'imposant manoir. Une femme d'une beauté époustouflante vint leur ouvrir, Naruto l'aima dès le premier regard qu'elle posa sur lui. Il était tendre, et cette tendresse soigna une des blessures de son cœur. Si toute la famille ressemblait à cette femme, se dit-il, alors il savait que tout irait bien désormais. Des pas précipités se firent entendre de l'intérieur du bâtiment et le petit garçon alla se cacher derrière son papi Sarutobi.

- Maman ! Fit une voix d'enfant. Grand frère m'a dit qu'il allait me montrer comment malaxer le chakra.

- C'est bien mon chéri, mais tu ne dis pas bonjour ? Je croyais t'avoir quand même mieux élevé que ça, plaisanta t-elle.

Le garçon s'inclina, rouge de honte d'avoir ainsi manqué de respect au chef du village.

- Excusez-moi Hokage-sama. Bienvenu au ma…noir…

Ce fut la vision de ce qu'il prit pour un ange qui le coupa dans sa tirade. Il lui parut si pur avec ses cheveux blonds et ses grands yeux lagons où se reflétait toute son innocence. C'est à cet instant que son irrésistible fascination pour le garçon débuta.

- Bonjour Sasuke-kun, répondit le vieil homme.

- Tu es Naruto-kun mon chéri ? demanda Mikoto en s'agenouillant devant le petit garçon qui était toujours accroché à son « papi ».

Puis la jeune femme se tourna vers son fils et lui tendit sa main pour qu'il l'attrape. Elle le rapprocha alors de l'enfant blond et commença à expliquer.

- Ecoutes mon Sasu, voici Naruto Uzumaki. Il habitait tout seul chez lui alors nous avons décidé de l'accueillir à la maison. Il a 4 ans lui aussi et je veux que tu sois gentil avec lui, parce qu'il est ton nouveau frère maintenant, d'accord ?

Le jeune Uchiwa fronça les sourcils en regardant alternativement sa mère et l'enfant au visage d'ange. Il ne voyait pas pourquoi il devait faire de lui son frère, il avait déjà un frère ! Le petit retira vivement sa main de celle chaude de l'adulte.

- Je veux pas ! Je veux pas de lui ! Il est pas mon frère !

Puis il s'enfuit en courant dans la maison. L'Hokage qui n'avait fait qu'assister à la scène sans dire un mot, posa une première main sur l'épaule du plus jeune et l'autre sur celle de la femme toujours accroupit et encore abasourdit par les paroles de son enfant.

- Ecoutez Mikoto, ni vous ne devez pas en vouloir à votre fils ou à vous-même, la rassura-t-il d'une voix douce. C'est un changement brutal dans la vie de Sasuke, il est jeune, laissez lui le temps de s'habituer.

Il se pencha ensuite vers le petit blond et lui sourit chaleureusement.

- Naruto, tu te souviens de ce que je t'avais dit, n'est ce pas ?

Il attendit que le petit acquiesce avant de poursuivre.

- Je suis sur que tu t'entendras bien avec Sasuke-kun. Tu me fais confiance ?

Nouvel hochement de tête.

- Tu sais s'il est partit comme ça, ce n'est pas parce qu'il ne t'aime pas. Je suis persuadé que Sasuke t'aime déjà beaucoup, mais tu sais, cela ne doit pas être facile pour lui de savoir qu'il va devoir partager sa maman.

- Mais, fit l'enfant de sa petite voix de cristal. Je veux pas prendre sa maman, je veux juste que Sasuke il m'aime comme moi je l'aime !

Le vieil homme souris devant la simplicité du garçon. Sa naïveté était touchante et un regain de tendresse pour lui le prit. Il tourna de nouveau la tête vers l'Uchiwa qui c'était relevée entre temps.

- Vous voyez Mikoto, tout ce passera bien, Naruto est un gentil garçon il sera se faire apprécier de votre fils.

Cette dernière sembla rassurée quand elle tourna son visage vers celui illuminé du petit blond. C'est vrai que sa bouille ferait craquer beaucoup de gens, et son fils n'était pas méchant. Oui, tout se passerais bien. C'est sur cette pensée qu'elle remercia l'Hokage et qu'elle entraina l'enfant avec elle dans la demeure familiale. Une nouvelle vie était sur le point de commencer pour tout le monde.