Finalement, j'ai décidé de poster. C'est loin d'être au point, griffonné rapidement sur un coin de feuille et sûrement pleins d'erreurs… Mais comme je n'arrive pas à me l'ôter de la tête, je l'ai tapé sur Word pour exorciser et j'ai décidé de vous en faire profiter. Tant pis pour vous. Sans compter que j'ai reçu des menaces de mort ;) …
Il y aura probablement un deuxième –et dernier - chapitre dans la soirée… ou demain. Selon. A moins que vous ne criez 'stop !' auquel cas, je garderais ça pour moi et ma poubelle.
Evidement, c'est ultra spoilers si vous n'avez pas vu Joy. Et c'est peut-être…un peu out of character, car écrit à chaud. Avant que je ne me sois amusée à analyser l'épisode. Mais, je vous laisse juge…Et n'hésitez pas à me donner votre avis !
'Bonne nuit…'
C'était tout ce qu'elle avait trouvé à dire. La porte se referma sur l'homme qu'elle venait d'embrasser, ou qui venait de l'embrasser, elle n'en était plus très sûre. L'homme contre lequel elle livrait d'incessantes batailles. L'homme qui venait de lui dire ces mots qu'elle avait toujours rêvé d'entendre. Gregory House.
Se laissant glisser au sol, elle enfouit son visage entre ses mains et écouta le bruit de la moto s'éloigner dans la nuit.
Elle les détestait, tous. Ce soir, elle avait envie de tout casser dans la maison. De frapper quelqu'un…House, surtout.
Elle le haïssait. Parfois.
Et elle l'aimait aussi. Un tout petit peu.
En ce moment…
En ce moment, Cuddy ne savait plus très bien ce qu'elle voulait ; le tuer ou aller le chercher et l'embrasser, encore et encore. Qui elle aimait ou détestait. Tout cela semblait si irréel, si loin. Elle ne ressentait plus rien, comme si on l'avait violement anesthésiée. En fait, songea-t-elle soudain, elle se moquait complètement d'avoir réussi à le stupéfier pour une fois. Elle se moquait qu'il lui ai dit qu'elle ferait une bonne mère. Ou même qu'il l'ait embrassée…Il aurait tout aussi bien pu la gifler ou l'insulter, cela lui aurait fait le même effet. Peut-être même que cela aurait mieux valu… La brûlure d'une gifle aurait-elle suffit à faire fondre la glace qui semblait avoir figé son corps tout entier ?
La jeune femme réussi tant bien que mal à se traîner jusqu'à la chambre jaune, et attrapa un canard en peluche qu'elle pressa de toutes ses forces contre son ventre douloureux. Son ventre aride et sec. Elle qui avait toujours voulu aller si vite, être la meilleure partout… elle avait encore échoué 'Voilà ce qui arrive, semblait souffler une voix railleuse à son oreille, qui avait les intonations de House, voilà ce qui arrive lorsqu'on veut rivaliser avec les hommes. On n'est plus une femme. Même pas fichu de faire ce que les femmes font de mieux depuis des siècles : un bébé.' Un frisson de dégoût la parcourut et elle projeta le jouet contre le mur en face, dans un bruit mat.
Son cœur tambourinait si fort dans sa poitrine qu'elle entendait le flux et le reflux du sang battre à ses oreilles. Trop-tard. Trop-tard. Trop-tard, semblait-il murmurer. C'était trop tard. Pour lui, pour elle, pour ce bébé qui ne dormirait jamais dans cette chambre ensoleillée…
Trois minutes… Qu'est-ce que c'était que trois minutes, dans une vie ? Rien du tout.
Tout juste le temps qu'il faut à John Lennon pour nous faire imaginer un monde sans guerre…
Tout juste le temps qu'il faut à un œuf à la coque pour cuire.
Tout juste le temps d'un test de grossesse…
Trois minutes, c'était le temps qu'il avait fallu à Becca pour faire d'elle la femme la plus heureuse du monde, un jeudi après-midi. Un mail dans sa messagerie, une photo, quelques mots et une offre de rendez-vous… Pendant une semaine, rien n'avait pu atteindre son bonheur tout neuf. Une si courte semaine…Et en une journée, en seulement 24h00, son bonheur avait éclaté comme une bulle de savon. Elle qui pensait avoir enfin atteint son but, était de nouveau sur le point de tout perdre.
Trois minutes… c'était aussi le temps pendant lequel son cœur s'était arrêté, au bloc, lorsqu'on avait arraché cette petite chose visqueuse et inerte du ventre de Becca. Elle avait supplié. Pleuré. Joy, pleure. Crie. Fais-le pour moi… Fais comme moi. Et comme si elle avait compris ce qu'on attendait d'elle, Joy avait rempli ses trop petits poumons d'un air aseptisé et poussé un cri rageur. Douloureux.
Une fraction de seconde… C'était le temps exact qu'il lui avait fallu pour tomber amoureuse de ce petit paquet tiède entre ses bras. Elle avait plongé son regard dans celui de sa fille- sa fille !- et tout autour a cessé d'exister. Il n'y avait plus qu'elles deux…Un lien s'était tissé, elle en était sûre. Peu importait ce que House pourrait lui dire… Elle était une mère, elle le sentait au plus profond d'elle.
Une heure…Une heure entière, c'était tout ce qu'on lui avait laissé pour être la mère de Joy. Pour être celle qui la protégerait, et l'aimerait sans jamais se poser de questions. Mais elle avait gaspillé ce temps précieux en allant travailler…en obéissant à House. Parce qu'elle ne savait pas. Naïvement, Cuddy avait pensé qu'elles avaient toute la vie devant elles… Elle ne savait pas que Becca allait lui reprendre son bébé tout neuf. Sa joie.
La jeune fille avait repris ses trois minutes, comme pour lui dire : 'voilà ce à quoi vous n'aurez jamais le droit, maintenant, fini de rêvasser…Au boulot.'
Comme si quelqu'un là-haut s'amusait à lui dire : 'Vous avez toujours voulu avoir tout, tout de suite. Ne pas attendre et ne pas faire de compromis, vous voilà bien punie. Vos trois minutes de bonheur…vos trois fois soixante secondes, elles sont écoulées. Tant pis pour vous.'
Imagine
there's no Heaven
It's easy if you try
Lisa Cuddy se redressa soudain, et essuya les dernières traces de son chagrin d'un revers de manche rageur. Titubante, elle se dirigea vers la salle de bain. Croisa son reflet dans le miroir, détesta ce qu'elle y vit, ce qu'elle y verrait à l'avenir et détourna la tête, le cœur au bord des lèvres. Machinalement, sa main se tendit vers le flacon de somnifères qu'elle avait enfouit au milieu des vitamines. Echantillon d'un quelconque représentant. Elle ne prenait jamais de ces trucs-là, d'ordinaire. Pas besoin, après une journée à la clinique, elle était si fatiguée qu'elle aurait ou dormir au milieu d'une piste d'atterrissage. Et si le sommeil ne venait pas, il y avait toujours des tas de choses à faire. Des dossiers à finir. Du rangement. Mais ce soir, Lisa avait besoin d'être certaine de dormir profondément. Elle voulait tomber dans ce puits sans fond qu'est le sommeil artificiel, se sentir aspirée par le noir et tout oublier.
Parce que demain serait difficile
Demain, elle remballerait tous les jouets, les meubles et le berceau pour les envoyer au premier foyer qu'elle trouverait dans les pages jaunes.
Demain, elle repeindra cette foutue chambre en vert amande. Ou rouge sang, peu importait. Il fallait juste se débarrasser de ce jaune écœurant.
Demain, elle ôterait sa biographie du site. Viderait le tiroir 'Joy' des quelques échographies qui s'y trouvaient et du mail de Becca.
Demain, elle devrait également affronter House. Lui expliquer que ce baiser était une erreur, une légère faiblesse et qu'il pouvait bien le crier sur tous les toits s'il lui jurait de ne jamais reparler de ce bébé.
Demain…elle rayera le mot 'joie' de son vocabulaire.
Demain, elle redeviendrait Lisa Cuddy. Doyenne de la faculté, directrice de Princeton Plainsboro et bourreau de travail.
Ce soir, en revanche, elle ne voulait plus être elle, ou une autre. Ni directrice, ni mère. Ni cette femme qui a abandonné son dernier rêve sur le bord de la route, ni celle qui souffrait. Ce soir, Lisa voulait dormir sans qu'aucun pleur de bébé ne risque de la réveiller…
Le bouchon du tube de médicament sauta, produisant un plop qui résonna dans le silence pesant de la maison. Sans parvenir à se souvenir des instructions du vendeur, elle en avala deux sans eau et alla s'effondrer dans son lit.
