Disclaimer : la trilogie Divergente est une œuvre de Veronica Roth, elle ne m'appartient pas et ses personnages non plus.
- ça me fait trop plaisir que tu t'installes ici ! S'exclama Shayne avec enthousiasme. Depuis le temps que j'attendais ça !
- et moi donc ! Confirma Beatrice sur le même ton.
Tout sourire, les deux anciennes copines de fac se retrouvaient avec plaisir à la table d'un café en sirotant chacune une tasse du précieux liquide noir et fumant.
- je te préviens tout de suite Tris, il est hors de question que tu prennes une chambre à l'hôtel, on a assez de place à la maison.
- tu es sûre ? Je ne voudrais surtout pas déranger.
- tu sais ce qu'on dit : plus on est de folles, plus on rigole ! Et puis, tu fais pratiquement partie de la famille. Tu es comme une sœur pour moi, la sœur que je n'ai jamais eue. Ah ben tiens, en parlant de fratrie, voilà que je tombe sur mon frère... hey Tobias !
Shayne agita très peu discrètement sa main à l'entrée de son frère dans le café, il ne pouvait pas la rater. Il la salua d'un signe de tête rapide en retour puis s'en alla au comptoir afin de passer commande. Beatrice observa cette carrure parfaitement dessinée de loin, elle n'avait jamais rencontré le frère de Shayne et visiblement, elle avait manqué quelque chose, l'emballage valait le détour et semblait tenir toutes ses promesses.
- laisse-moi deviner, ton moccaccino habituel ? Lui demanda sa sœur quand il s'approcha enfin de leur table.
- tu sais que je ne peux pas fonctionner correctement sans mon petit plaisir de la journée.
Le sourire aux lèvres, il lui montra son gobelet au passage puis son attention se porta sur la jeune femme qui était assise en face de sa sœur. Beatrice fixait plus particulièrement la main de Tobias où une alliance en argent était enroulée autour de son annulaire gauche. La poisse ! Pourquoi fallait-il toujours que ce soient les mecs les plus canons qui soient déjà casés ?
- mon frère : Tobias, le présenta aussitôt Shayne. Tobias voilà Beatrice. Tout le monde l'appelle Tris.
- bonjour Tris.
Son nom prononcé par cette bouche si parfaite, Beatrice crut bien défaillir sur l'instant mais heureusement, elle sut se reprendre à temps.
- salut.
- Tris a quitté son poste à l'aide juridique de Chicago et elle va emménager avec moi le temps de trouver un autre boulot… tiens d'ailleurs maintenant que j'y pense, tu n'as qu'à l'engager toi, comme ton assistante vient tout juste de prendre sa retraite, c'est la solution idéale !
Beatrice sentit immédiatement le rose lui monter aux joues devant le culot monstre de son amie, c'est à peine si elle ne mettait pas un flingue sur la tempe de son frère pour qu'il l'embauche, ce pauvre Tobias, elle l'aurait bien défendu si elle n'était pas aussi morte de honte.
- je dirige une agence de pub, tu te rappelles ? Ironisa ce dernier.
- Shay, essaya de l'interrompre Beatrice.
- oui, merci Tobias, je suis au courant. Vous n'avez qu'à vous voir jeudi matin pour régler les derniers détails. A neuf heures, c'est bon ?
- Shay, tenta à nouveau Beatrice d'une voix à peine audible.
- va pour neuf heures, répondit Tobias à sa sœur. On se voit jeudi, Tris.
- à jeudi.
Quand il quitta le café, elle se maudit mentalement de ne pas avoir eu le cran de s'interposer entre lui et sa sœur alors qu'elle avait très bien senti qu'il avait accepté à contrecœur de la recevoir dans trois jours, prise de remords, elle se devait donc d'arranger les choses et vite.
- attends, écoute ça : Naveen Dyal est classé au 242ème rang d'une liste de riches personnalités établie par un magazine financier indien : New Delhi Fortune.
Son téléphone portable en main, Eric faisait tranquillement la lecture à son collègue Matthew dans la grande salle de réunion de l'agence de publicité Dyal & Eaton en attendant que leur patron ne leur présente sa toute nouvelle recrue d'une minute à l'autre.
- ses avoirs sont estimés à plus de 620 millions de dollars !
- son père est le fondateur de l'agence, Quatre ne peut pas faire autrement.
- du calme Matt, je ne reproche rien à ton beau-frère. C'est Pocahontas que je ne comprends pas, à sa place, je ne perdrais pas mon temps à travailler mais à m'éclater plutôt.
- tout le monde n'est pas comme toi, Eric. Et puis, qui sait ? Pour elle, être graphiste, c'est peut-être une vocation depuis toute petite et je trouve ça normal à son âge de vouloir son indépendance en s'assumant financièrement.
Peu convaincu, Eric n'eut pas le temps d'argumenter car le directeur général de l'agence et sa nouvelle stagiaire venaient de faire leur entrée dans la pièce. Matthew et lui se levèrent instantanément de leurs sièges pour venir à leur rencontre.
- Neela, voici Eric le directeur de création et Matthew, le directeur financier soit deux éléments indispensables à cette agence.
- c'est bon à savoir, commenta Matthew en serrant chaleureusement la main de Neela.
- enchantée, dit cette dernière.
Son regard se focalisa plus particulièrement sur Eric mais le jeune cadre ne lui accorda pas la moindre attention.
- je suis sûre qu'on va faire de l'excellent travail tous ensemble, ajouta-t-elle avec enthousiasme.
- moi aussi, j'en suis certain, confirma Matthew.
- on l'est tous, enchaîna Tobias.
- sauf moi, lâcha Eric avec ironie, mais bon, si mon avis comptait ici, ça se saurait !
Laissée perplexe par un tel accueil, Neela se mit à déglutir quand elle sentit la main réconfortante de Tobias se poser sur son épaule.
- ne fais pas attention à lui, il est toujours bougon les lundis matins, ça ira déjà mieux demain.
- c'est tout ce mauvais stress accumulé après des journées éreintantes au travail qui le ronge, poursuivit Matthew, tu devrais sérieusement penser à lui offrir des cours de yoga Quatre, apparemment c'est bon pour la santé.
- Quatre ? S'étonna Neela.
- comme le nombre infime de comptes clients qui lui ont échappé depuis que son père a fondé cette agence avec le tien, expliqua Matthew.
Eric avait souri jaune à la proposition de ses collègues, il préparait déjà dans sa tête une réplique bien sentie à leur envoyer quand la fille de Naveen le prit de cours.
- ma famille possède une villa à Cabo avec un yacht amarré au port, mon père peut te laisser ses clés pour ce week-end si tu as besoin de souffler.
- non, ce week-end, je vais dans mon chalet à Aspen, railla Eric.
- ah oui ? Ma famille aussi en a un, il est situé où le tien exactement ?
Lorsque Neela vit le franc sourire moqueur de son interlocuteur et les sourires en coin gênés de Matthew et Tobias, elle comprit immédiatement qu'elle s'était faite avoir en beauté.
- je vois. C'était une blague.
- oui, Eric est un grand farceur, ajouta Tobias. Viens, laisse-moi te guider jusqu'au bureau de Christina, notre maquettiste-infographiste, c'est elle qui te formera durant toute la durée de ton stage ici.
Joignant le geste à la parole, Tobias posa une main encourageante dans le creux du dos de Neela puis ils quittèrent ensemble la pièce au plus grand soulagement de la jeune femme.
- rappelle-moi juste ce que tu disais à propos de son âge et de son envie de s'assumer financièrement ?
- oh la ferme !
Tout sourire, Eric jubilait face à la mine vexée de Matthew qui avait eu tort sur toute la ligne à propos de Neela, il n'y a que lui et lui seul qui avait vu clair dans son jeu et l'avait parfaitement jugée, c'était une fille à papa snob, rien de plus.
- je te parie cent dollars qu'elle ne tient pas une semaine ici.
- pari tenu, répondit Matthew en lui serrant la main.
C'était de l'argent facilement gagné, Eric n'aurait même pas à lever le petit doigt, il connaissait parfaitement ce genre de filles qui avaient la fâcheuse tendance à démissionner plus vite que son ombre, ces filles partisanes du moindre effort qui étaient persuadées que tout leur était dû, elle allait se cramer toute seule comme une idiote et cette fois encore, il était sûr de son coup.
Alors qu'elle pesait nerveusement le pour et le contre avant de toquer à la porte du bureau de Tobias Eaton, Beatrice fut surprise de voir la porte en question s'ouvrir toute seule devant elle.
- Tris ?
Alors il se souvenait bel et bien de son prénom, elle ne pouvait pas s'empêcher de se réjouir de ce futile détail, c'était plus fort qu'elle.
- on avait pas rendez-vous jeudi ?
- si, jeudi, c'est ça, en fait, je… tu aurais une minute ?
Voyant qu'elle hésitait franchement à se confier à lui, Tobias ouvrit à nouveau la porte de son bureau et l'invita à y entrer d'une main encourageante.
- viens, on sera plus tranquille ici.
Elle le suivit de bon cœur dans la pièce et quand il lui fit signe de prendre place sur le siège en face de lui, elle s'exécuta avec plaisir.
- je suis venue pour m'excuser. Pour Shayne. Ce n'est pas moi qui lui ai demandé de te forcer la main, je voulais que tu le saches.
- oh ça, je le sais. Je connais ma sœur. Ce qu'elle a fait hier, c'était du Shay tout craché.
- c'est vrai qu'elle n'y est pas allée de main morte. C'est pour ça que je suis là en fait. Je voulais te prévenir que tu n'as pas de souci à te faire, je lui dirais que j'ai eu une offre d'emploi plus intéressante.
- c'est le cas ?
- non mais je ne désespère pas.
- c'est vrai que la forme laissait à désirer, mais sur le fond ma petite sœur a totalement raison. Tu as un CV sur toi ?
- dans mon sac.
Joignant le geste à la parole, Beatrice posa son sac sur ses genoux avant de passer son CV à Tobias qui ne perdit pas une seconde pour le lire.
- c'est parfait. Tu commences lundi prochain à huit heures pétantes.
- vraiment ? Demanda Beatrice, d'un air réjoui.
- vraiment, oui.
Voyant que le directeur général de l'agence avait quitté son siège et se dirigeait lentement vers la sortie, Beatrice l'imita tout naturellement.
- merci.
- ne me remercie pas. Après une semaine passée ici, tu ne pourras déjà plus me supporter.
- j'en doute fort.
- je t'assure, demande à Shay, je ne suis pas facile à vivre et c'est encore pire au travail.
Beatrice resta silencieuse après sa dernière remarque, elle avait beaucoup de mal à le croire, comment pouvait-on sérieusement se lasser d'un homme pareil ? Elle le connaissait depuis deux jours à peine et elle ne pouvait déjà plus se passer de lui.
- on se voit lundi.
- à lundi, répéta Beatrice.
Ils se saluèrent d'un simple hochement de tête puis l'amie de Shayne quitta la pièce le cœur léger, une semaine chargée l'attendait mais elle se sentait prête à relever le défi, plus que jamais.
Lorsque les principaux cadres de l'agence se réunirent le lundi suivant dans la grande salle de réunion à huit heures et demie du matin, Eric s'installa sans tarder à côté de Matthew dans le but de parader après sa victoire.
- alors qui avait raison ?
Il tendit fièrement sa main vers son collègue qui sortit un billet de cent dollars de son portefeuille et lui passa d'une moue boudeuse. Neela aurait dû être présente depuis une trentaine de minutes déjà dans l'agence, son absence était on ne peut plus claire, elle avait jeté l'éponge et le directeur financier avait encore du mal à accepter sa cinglante défaite.
- je pensais vraiment qu'elle allait tenir le coup.
- mon pauvre Matt, tu ne connais vraiment rien aux femmes.
- la mienne dit le contraire pourtant.
- normal, Shay ne connaît rien aux hommes non plus, vous vous êtes vraiment bien trouvés tous les deux.
- tu devrais profiter de ces cent dollars pour te payer un soin du corps en institut, tu deviens aigri, c'est pas bon pour toi ça, ironisa-t-il en tapotant l'épaule de son collègue plusieurs fois de suite.
Une fois la réunion terminée, Tobias, Matthew et Eric discutaient encore dans les couloirs quand ce dernier fut surpris de voir Neela s'échapper de l'ascenseur à neuf heures pétantes. Afin de rejoindre le bureau de Christina, elle passa juste devant eux et Eric ne put retenir un commentaire à son égard sur un ton des plus acerbes.
- t'es en retard. Tu dois être là à huit heures, pas une heure après.
- je sais. Mais Tobias m'a donné la permission de venir une heure plus tard que d'habitude.
- en quel honneur ? Insista Eric d'un air glacial.
- je te laisse lui expliquer Tobias. Je dois aller voir Christina.
- oui, vas-y, répondit le frère de Shayne. Je me charge de lui.
La fille de Naveen Dyal disparut rapidement dans les couloirs, ce qui ne fut pas le cas du regard rempli de reproches d'Eric envers Tobias qui se faisait de plus en plus noir au fil des secondes.
- je t'écoute. Elle t'a donné quoi comme piteuse excuse pour que tu lui fasses une fleur pareille ?
- c'est simple, son cousin fêtait son mariage samedi soir dans un riad à Marrakech, elle est rentrée tard dimanche soir parce que leur vol a été retardé, résultat elle m'a demandé ma permission par e-mail et je lui ai donné, fin de l'histoire.
N'attendant même pas la énième protestation de son directeur de création, Tobias préféra rejoindre son bureau sous le regard furieux de ce dernier. Un raclement de gorge peu discret se fit alors entendre à côté de lui, il émanait de son collègue Matthew qui réclamait son dû et avec un plaisir non dissimulé, présenta sa main tendue au nez d'Eric.
- alors tu vois que je m'y connais en femmes.
La mâchoire serrée, Eric plongea sa main dans la poche de son pantalon à pinces puis rendit son billet de cent dollars à Matthew.
- simple coup de chance, ça va pas durer. Profites-en bien !
Sans prononcer un mot de plus, Eric rejoignit à son tour son bureau sous le regard jubilatoire de Matthew qui n'avait qu'une hâte, c'était de fêter sa victoire en invitant Shayne au restaurant dès ce soir, la journée s'annonçait longue !
XOXO
