T'attendant :

Il l'avait attendu des jours durant, depuis qu'Aphrodite, de retour de sa mission de le ramener de Jamir lui avait dit « Il viendra ».

Il l'avait attendu, le regard figé sur la ligne où se mêlent ciel et terre… Non ! Il l'attendait depuis beaucoup plus longtemps, depuis qu'il avait fui, depuis qu'il l'avait trahit.

- Où est Mü ?

- Le saint du Bélier a disparu. – Répondit le Grand Pope, la douceur et les tremblements de l'âge avaient disparus de sa voix.

- Où est-il partit ?

- Loin, il nous a quittés.

- Vous mentez ! Pour quoi est-il parti ?

- Parce que nous ne l'intéressons pas, n'est-ce pas évidant, Deathmask ? – C'était un usurpateur dans des habits volés, mais il avait raison.

L'adolescent ouvrit la bouche pour réfuter, mais il ne réussit pas à trouver un seul argument en faveur de son ami. Il avait soudain comprit que c'était la vérité, que Mü l'avait abandonné, qu'il ne lui importait plus, qu'il avait oublié leurs jeux enfantins et les gâteaux au chocolat qu'ils partageaient sous le regard attentif de Shion. Le matelas qu'ils partageaient. Quand il le serrait dans ses bras, la nuit, comme un frère.

« … comme un amant », pensa le Cancer en se levant, frustré de cette attente longue et insensée.

Un vent sec couru entre ses jambes, une haut forme accompagnée d'une plus petite apparue soudainement sous ses yeux.

Ils se regardèrent, se reconnurent, se dévoilèrent un secret du regard.

Cette nuit, pendant que Kiki dormait, pendant que le sanctuaire dormait dans ce calme avant la tempête… avant la guerre… avant la mort qui s'approche, Mü se mu entre les ombres des piliers, des murs, des couvertures.

- Pourquoi tu agis comme ça ? Pourquoi as-tu attaqué le vieux maître des cinq piques ? Tu sais que Shion l'appréciait. – Demanda-t-il de la douce voix qui le caractérisait alors qu'il reposait ses bras blancs sur le torse bronzé.

- Parce que je ne veux plus rien avoir à faire avec ce vieux mort… il s'est laissé mourir comme un idiot… comme un faible…

- Et avec moi ?

La lumière qui passait à travers les rideaux de la chambre dessina des images du passé sur le visage de marbre, des ombres du passé, des images des deux enfants qui étaient comme des frères…

Mais qui n'étaient pas frères.

- Toi aussi, tu m'as trahi, Mü. – Marmonna-t-il, fâché.

Les yeux clairs et profondément verts le parcoururent, incisifs, cherchant un mensonge dans ses paroles, une contradiction, mais ne trouvant rien d'autre que de l'assurance. Résigné, Mü tenta de se lever, cependant, le plus âgé le détint, le retourna dans le lit et l'emprisonna sous son poids.

Et, Mü accepta l'accusation.

Et Mü accepta la punition.

Et Mü gémit.

La dernière aurore de sa vie le trouva comme tant d'autres fois : avec son amour enveloppé dans ses bras et un désir qui ne se réalisera pas.


Et voilà, ces temps-ci j'ai ce genre d'histoires qui me trottent dans la tête, j'espère que vous avez aimé.