Tu es né bien loin d'ici
TOCTOC *entre timidement* Hem, bonjour ! Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas passé le bout de mon nez sur ffnet. Je reviens avec une fic longue (lire entre les lignes : avec des chapitres ! Pas une fic longue dans le sens où tout à coup je me mettrais à écrire des chapitres énormes, ça je n'en serai jamais capable, je pense). Kurofye, comme toujours, que serais-je sans ce couple divin, gloire à Clamp.
Tout se passe dans un univers alternatif, aucun rapport avec l'histoire, donc.
Titre : « Tu es né bien loin d'ici », certes n'est pas très en rapport avec ce qui suit dans l'immédiat, mais trouvera son explication dans le dernier chapitre (dieu, j'ai l'impression de faire du racolage honteux pour qu'on lise tous les chapitres).
Rated : k+ pour l'instant (j'ai en tête la trame de l'histoire, mais je me tâte encore sur ce que je vais faire en détail. Lemon or not lemon ?)
Bon, c'est l'usage, je précise que depuis ma dernière fic, Kurogane et Fye ne m'appartiennent toujours pas. Zut.
Bonne lecture !
- Tu es né bien loin d'ici.
Cette phrase était la première dont Fye se souvenait avec précision, une des rares qui émergeaient de ses souvenirs d'enfance.
À cet instant, alors que le monde autour de lui se dissolvait, il se souvint de cette phrase, à laquelle il n'avait finalement pas accordé beaucoup d'attention. Mais maintenant, il était trop tard…
La sonnerie de fin de cours retenti dans le bâtiment, provoquant immédiatement une marée montante d'étudiants qui, tel un troupeau de rhinocéros, fonçait vers l'extérieur comme si leur vie en dépendait. Fye, dans sa salle de classe, avait attendu quelques instants avant de se lever, afin d'éviter de se retrouver en plein milieu de la foule. Sans être agoraphobe, il n'aimait pourtant pas la sensation d'être entourée étroitement par autant de personnes.
Il saisit son sac, et le jeta sur son épaule avant de sortir à pas lents. Il haïssait les premiers jours de cours, et surtout cette impression de « nouveauté ». Il planait toujours, les premiers jours, cet air de renaissance, comme si commencer une nouvelle année scolaire pouvait permettre de tout reprendre à zéro, d'être plus appliqué, plus attentif, moins désorganisé. Mais comme pour les bonnes résolutions du nouvel an, celles-ci ne tenaient guère longtemps. Fye voyait dans cette fatalité la vérité qu'il connaissait si bien, il nous est impossible de prendre un nouveau départ, de recommencer à zéro. Malgré son matériel neuf, ses cours qui se remplissaient lentement, mais où chaque feuille était parfaitement rangée, avait senti dès le début que cette année serait aussi décevante que les autres, faite de solitude et de brimades. Cela faisait maintenant deux mois que la rentrée était passée, et son intuition s'était révélée exacte.
Fye avait changé d'établissement scolaire presque chaque année depuis la fin de ses primaires. Sans trop savoir comment, quelque chose avait du se briser dans sa manière d'aborder les gens. Dès son arrivée au collège, il avait été mis à l'écart, raillé, souvent harcelé, et humilié. Il se doutait vaguement qu'il n'était pas tout à fait à l'origine de tout cela. La meute a besoin d'un bouc émissaire, et son apparence androgyne avait du attirer sur lui la première foudre, qui en avait entrainé d'autres par la suite. Ca ou autre chose, il ne le saurait jamais.
Les mots blessants se succédaient jour après jour, et chacun d'eux perçait peu à peu une faille qui menaçait de briser Fye à jamais.
Disparaitre. Devenir un fantôme. Il cherchait à ressentir le moins possible, à perdre toute substance. Peut-être qu'en n'étant que l'ombre de lui-même, il finirait par ne plus être vu de ses persécuteurs. De toute façon, c'était la seule solution à la hauteur du peu de forces qu'il lui restait. Se battre était simplement inenvisageable, avec quelles armes aurait-il-pu ? Il n'avait rien, sinon l'espoir qu'en se fondant dans le décor, on ne le remarquerait pas.
C'est en ruminant ces sombres pensées que, comme chaque jour, il traina son corps fatigué vers un endroit tranquille où il pourrait manger. Certainement pas à la cantine, il n'y avait pas grand-chose de pire que de s'asseoir seul à une table, c'était un signal, presque un appel à se faire lyncher verbalement. Bien sûr, cela n'arrivait pas chaque jour, mais Fye n'avait absolument aucune envie de prendre le risque. Bien que le début de l'hiver ait fait chuter fortement la température, il préférait encore manger dehors.
- Si seulement je pouvais disparaitre.
Il s'aventura dans une allée entre deux bâtiments scolaires, habituellement c'était un lieu apprécié par les amoureux pour s'embrasser. Ou faire d'autres choses, certainement, au vu des préservatifs qui florissaient ça et là en été. Mais en cette saison, les bécoteurs effectuaient une migration vers les abris mieux chauffés, il y avait donc peu de chances qu'il soit dérangé.
Fye s'assit à même le sol, sorti son sandwich de son sac, et se replia un peu pour conserver sa propre chaleur. Il tremblait de froid, légèrement, mais il était presque bien. Éloigné des autres, temporairement en sécurité dans sa bulle.
Il soupira après avoir mangé, et regarda l'heure. Plus que 20 minutes avant la reprise des cours. La journée n'avait pas été particulièrement mauvaise, et, avec un peu de chance, l'après-midi pourrait être aussi calme. Plus qu'un cours de français, et un de science. Il aimait beaucoup les professeurs qui donnaient ces matières, et qui arrivaient à rendre leurs cours passionnants, il suffirait donc de se faire assez petit pour ne pas se faire remarquer, et finir ainsi une des rares journées paisibles de sa scolarité. Il sorti un livre de son sac, décidant de s'évader un peu pendant les dernières minutes de répit que lui offrait la pause de midi.
Le cours avait commencé depuis quelques instants lorsqu'on frappa à la porte.
- Entrez ! lança le professeur, Yuko Ichihara, une des rares que Fye appréciait, notamment parce qu'à côté d'elle, n'importe quelle personne avait l'air normale.
La porte s'ouvrit, et une haute silhouette entra dans la classe.
- Ah, tu dois être le petit nouveau, lança Yuko en souriant.
Étant donné que le « petit nouveau » en question avait au moins deux bonnes têtes en plus que la professeure, la remarque fit glousser plusieurs élèves, et le géant leva un sourcil étonné. Il ne devait pas souvent s'entendre appeler « petit ».
- Kurogane, c'est bien ça ? reprit Yuko. Mouais, malgré ton air un peu crétin, et dans ma grande clémence, j'accepte de donner de mon temps pour te remplir la cervelle. Le directeur m'a expliqué ton cas, donc pour cette fois je ne dirai rien pour ton retard mais c'est la seule et unique fois. La prochaine fois que tu oses être en retard à mon cours…. Héhéhé…
Ce rire typique de sadique faisait dresser les cheveux sur la tête. Aucun élève n'aurait osé rater le cours de Yuko, ni même envisager d'arriver en retard. Quelque chose dans le regard de cette prof donnait la certitude qu'elle serait tout à fait capable de faire nettoyer sa classe avec une brosse à dent au premier crétin qui viendrait perturber son cours.
Cependant, Kurogane n'avait pas l'air particulièrement perturbé. Fye se demanda s'il n'avait pas devant lui le premier spécimen d'humain qui pourrait bien oser résister à l'étrange madame Uchihara.
- Bon, trêve de bavardages inutiles, va t'asseoir.
Le géant se dirigea vers Fye, et celui-ci se rendit compte en paniquant que l'unique chaise libre était juste à coté de lui. La classe comptait un nombre impair d'élèves, et il s'arrangeait toujours pour s'asseoir seul. Il regrettait de ne pas avoir le pouvoir de créer une autre chaise, une autre place où ce type menaçant aurait pu s'installer.
Kurogane s'assit pourtant à côté de lui, et le cours reprit. Fye écoutait d'une oreille, et concentrait le reste de son attention à déplacer sa chaise millimètre par millimètre loin de Kurogane. Quelque chose dans la façon de se tenir de se type sentait la bagarre, ou plutôt la violence maitrisée. En tout cas, rien qui aurait pu rassurer Fye. Il eu soudain un vertige en pensant que dans la plupart des locaux, il y avait tout juste le nombre de nombre de banc pour sa classe, et que l'arrivée de Kurogane marquait la fin de sa tranquillité, il devrait partager son espace vital avec une autre personne maintenant.
Kurogane, quand à lui, semblait remarquer à peine la présence de Fye, très concentré dans sa prise de note.
Le cours suivant, chimie, se déroulait heureusement dans le grand laboratoire, et il avait largement assez d'espace pour que Fye puisse s'isoler un peu. C'était sans compter sur l'esprit pervers et retors de leur professeur, qui leur annonça avec un grand sourire « aujourd'hui, c'est labo ! Allez, en groupe ! ». Si Fye appréciait monsieur Lee, il détestait pourtant cette lubie qu'il avait de leur donner des labos et autres travaux de groupe quand l'envie lui prenait.
- Vous êtres 24, donc vous allez faire 6 groupes de 4. Une fois que vous serez organisez en groupe, venez chercher le matériel, les instructions, et commencez l'expérience. Pendant que vous formez les groupes, je vais euh chercher le matériel chez le monsieur Reever. Je reviens dans… un instant.
Fye leva un sourcil en se demandant pourquoi monsieur Reever, le prof de physique, avait-il le matériel du cours de chimie, mais il remisa rapidement l'idée dans le tiroir « mystère de cette école », et se concentra sur la formation des groupes.
Il s'avança un peu vers les autres, pas trop près, mais suffisamment pour voir les groupes se former. L'un d'eux, forcément, ne serait constitué que de trois membres, et il s'y ajouterait. Comme il était doué en chimie, il accepterait de faire le labo seul quand les trois autres lui diront, et ils pourraient continuer à bavarder en faisant semblant de travailler. Et lui aurait la paix.
Son sourire se figea lorsqu'il vit que l'unique groupe de trois comportait deux filles, et Kurogane. Alors qu'il se résignait à son sort et s'approchait du groupe, monsieur Lee revint dans la classe, le béret légèrement de travers.
- Ahem, vous avez constituez vos groupes ? Parfait, alors venez ici.
Lorsque ce fut au tour du groupe de trois et de Fye d'approcher du bureau, le professeur eut soudain une illumination.
- Ah ! Toi, tu es le petit nouveau ! s'écria-t-il en regardant Kurogane.
Celui-ci fronça les sourcils, mais fit un vague signe d'acquiescement au professeur. Fye soupçonnait une blague entre collègues sur Kurogane qui justifierait l'utilisation de ce surnom peu adéquat.
- Tu as presque deux mois de retard à rattraper, c'est embêtant. Que faire ?
Il eut une moue perplexe, signe d'intense réflexion. Ensuite, il afficha l'air réjouit de quelqu'un qui vient de trouver une idée géniale.
- Je sais ! Fye, tu vas aller avec lui photocopier tes notes. Et sur le restant du cours, tu lui expliqueras rapidement la matière. Et toi, Kurogane, tu viendras me voir après les cours, on mettra en place un programme de rattrapage. Parfaite idée, je suis génial ! Allez, ouste, à la photocopieuse, moi je dois m'occuper de 6 groupes de terroristes qui vont tenter de faire sauter mon joli laboratoire !
Fye ne pus s'empêcher de sourire en pensant aux trois alertes incendies provoquées par le professeur lui-même lors de ses propres expériences. Mais en se rappelant de la tâche dont il allait devoir s'acquitter, son sourire disparu rapidement.
Il sorti de la classe, supposant que Kurogane allait le suivre. Ensuite, il prit une grande inspiration, et se répéta que ça ne serait qu'un rapide mauvais moment à passer.
Il s'arrêta devant le secrétariat, où il était possible de faire des photocopies payantes. Il tendit son cours à la secrétaire.
- Vous pouvez m'en faire une photocopie s'il vous plait ? demanda-t-il poliment.
La secrétaire lui sourit et s'en alla vers le fond de la pièce où trônait une impressionnante machine.
Kurogane se tenait juste derrière lui, sans parler. Fye commençait sérieusement à paniquer.
La secrétaire revint, et tendit a Fye ses feuilles, ainsi que les photocopies toutes chaudes. Il aimait beaucoup la sensation du papier chaud, mais ne s'attarda pas et sorti son portefeuille pour payer les 80 centimes qu'elle lui demandait.
Il se senti soudain happé vers l'arrière, presque soulevé du sol, et il lui fallu quelques secondes pour se rendre compte que c'était Kurogane qui venait de le faire reculer. Le grand brun sorti son propre portefeuille et paya. Quand il se retourna, il croisa le regard de Fye, et ouvrit la bouche pour la première fois.
- Ce sont mes photocopies, non ? Je ne vais pas te faire payer alors que c'est pour moi, j'ai un minimum de principes.
Sa voix était grave, sensuelle. Fye en eu le souffle coupé. Il avait l'impression que cette voix résonnait dans sa cage thoracique avant de monter jusqu'à son cerveau. Il rougit, bafouilla, mais ne répondit pas. Pourtant, ce simple geste de considération le rassura légèrement. Peut-être qu'en fin de compte, il n'était pas à craindre.
De retour en classe, les choses prirent un tour tout aussi surréaliste. Kurogane et Fye étaient assis côte à côte, et Fye se surpassait afin de parler de manière intelligible, et de résumer le plus précisément possible la matière de chimie des deux premiers mois.
- Je vois, marmonna Kurogane. Ce n'est pas trop compliqué. Il y a encore autre chose ?
- Euh, il reste le début du chapitre 3, on l'a commencé la semaine passée. Attends, il est dans ma farde.
Fye se pencha pour saisir la farde en question, tout en tenant d'une main le rebord de la table. Ce n'est qu'en se relevant qu'il sentit que son pull était légèrement remonté au-dessus de son poignet lorsqu'il s'était penché, dévoilant ainsi trois fines lignes rouges. Il tira sur sa manche pour que celle-ci couvre de nouveau son poignet, et se tourna vers Kurogane, pour savoir s'il avait vu. Mais le brun regardait fixement la feuille qu'il avait sous les yeux, alors Fye supposa qu'il n'avait pas remarqué.
La sonnerie de fin de cours retentit enfin, et Fye se leva d'un bond. Finalement, la journée n'avait pas été si mauvaise, et ça ne s'était pas si mal passé avec Kurogane. Il saisit son sac, et sorti derrière la marrée humaine. Ce n'est que lorsqu'il fut sur le trottoir qu'il remarqua que Kurogane le suivait de près.
- A demain, lança le brun.
Fye mis un bon moment pour comprendre que c'était à lui que Kurogane s'adressait. Cela faisait bien longtemps qu'on ne lui avait pas dit « à demain ». Il souri timidement et s'enfuit presque. Il était convaincu que le lendemain, Kurogane ne le saluerait même pas, certainement harponné dès son arrivé par des gens plus sociables. Et Fye pourrait retrouver sa solitude habituelle.
Voila voila. On va en rester ici pour cette fois. Pour tou(te)s ceux (celles) qui ont déjà suivi mes fics, et donc qui savent que mon rythme de parution est euh assez peu régulier (ahaha, le bel euphémisme), la suite est déjà en cours d'écriture, donc en théorie je devrais publier plus rapidement cette fois-ci.
Un jour, je serai dans les temps *regard dans le lointain, tournée vers le soleil couchant*
