Coeur

Disclaimer : si Bleach m'appartenait, Ichigo ne serait pas aussi niais comme perso. Et Orihime n'aurait pas pour unique dialogue « Kurosaki-kun ! » Et puis nom de Dieu, qu'est-ce qu'elle est pénible à être amoureuse de lui !

Warnings : SPOILERS ! si vous n'avez pas lu le chapitre 354, ne lisez pas cette fic ! Sinon vous n'aurez plus qu'à sortir vos mouchoirs et prier pour que le grand Tite Kubo fasse revenir ce perso du monde des morts.

Prologue : the ash

- Santé ! cria Ichigo en se levant, le verre haut.

- Santé ! s'exclama le reste de la tablée.

- Allez, cul sec bande de poules mouillées ! cria Ikkaku en avalant d'un trait son verre de saké.

Ils s'exécutèrent aussitôt, sauf Rukia à qui Byakuya avait interdit l'alcool, et Orihime qui s'étouffa au milieu de son verre. Le saké lui brûlait la gorge, et répandait une traînée de feu dans sa poitrine. Elle toussa, et Matsumoto empira les choses en lui donnant de grandes tapes dans le dos.

- HA !!! rugit Grimmjow en fracassant son verre vide contre la table, je suis le meilleur !

Ikkaku avait terminé son verre une seconde trop tard et râlait contre l'Arrancar, l'accusant de triche. Ichigo, qui supportait à vrai dire très mal l'alcool, avait les joues toutes rouges et titubait. Inquiète, Rukia vint le soutenir. Renji et Yumichika essayaient d'empêcher Ikkaku et Grimmjow de se battre, ce qui n'était pas chose aisée vu que tous deux avaient le sang bouillant.

A l'écart, Toushiro discutait tranquillement avec Hinamori, Hisagi jouait au shogi avec Kira, et Isane les observait, attendant de pouvoir se mesurer avec le vainqueur. Ishida montait un tout nouveau costume bourré d'épingles sur le pauvre Chad, et le gentil géant n'osait bouger de peur d'être piqué.

- Ma-matsumoto-san ! tentait de protester Orihime, que les grandes tapes dans le dos de Matsumoto empêchaient de respirer.

- Je crois que vous étouffez votre amie, lieutenant, dit une voix polie, une voix toute douce et aiguë de jeune fille.

Matsumoto se retourna, aussitôt hérissée, pour faire face à la nouvelle venue. Neliel referma la porte derrière elle, ignorant son officier qui grognait comme une panthère en colère, et vint s'agenouiller auprès d'Orihime, ses longs cheveux verts cascadant sur ses épaules et dans son dos. En tant qu'Arrancar, elle portait toujours son masque en forme de crâne de bélier.

- ça va mieux, Orihime-chan ? dit-elle avec un gentil sourire.

- Ou-oui, merci Neliel-san, dit Orihime d'une petite voix.

Matsumoto fusillait Neliel du regard. Neliel, en tant que nouvelle reine du Hueco Mundo, était devenue la nouvelle vedette du magazine le plus prisé du Sereitei. Il faut dire qu'elle avait de quoi rivaliser avec Matsumoto. Matsumoto se leva brusquement, et, un sourire carnassier aux lèvres, servit aussitôt un grand verre de saké à Neliel, avant de s'en servir un pour elle-même.

- Ne, Neliel-sama, prenez, vous avez manqué les vœux d'Ichigo. Santé ?

Neliel cligna des yeux, une expression tout à fait enfantine sur son beau visage.

- Santé, sourit-elle, ravie.

Les verres s'entrechoquèrent, et toutes deux entamèrent une compétition tacite. Matsumoto savait toutefois pertinemment qu'elle tenait beaucoup mieux l'alcool que la reine du Hueco Mundo…

Orihime soupira, jetant un regard perdu autour d'elle.

Ils s'étaient réunis dans le bâtiment principal de la onzième division, pour fêter le quatrième anniversaire de la fin de la guerre. Mais, comme les années précédentes, Orihime avait un goût amer dans la bouche. Elle trouvait que les pertes au combat avaient été énormes, et son cœur à elle en souffrait encore.

Elle regarda avec un pincement au cœur Rukia qui parlait gentiment à Ichigo, qu'elle avait assis par terre pour lui faire boire un peu d'eau. Même si Rukia n'était pas plus qu'une amie aux yeux d'Ichigo, ces deux-là s'entendaient bien mieux entre eux qu'avec elle. Les joues d'Ichigo étaient encore toutes rouges, il avait les yeux dans le vague et balbutiait des paroles incohérentes. C'était la première fois qu'il prenait du saké.

Puis, Orihime tourna la tête vers les autres têtes brûlées. Yumichika maintenait comme il le pouvait Ikkaku, et Renji, Grimmjow. En se débattant, Ikkaku s'était retrouvé torse nu et Yumichika avait les joues en feu. Grimmjow avait carrément lacéré les manches de Renji, révélant les fascinants tatouages noirs du lieutenant Abarai. Ils étaient tous, mis à part Yumichika qui gardait une fine allure, un assemblage plutôt séduisant de muscles, devait avouer Orihime.

- Eh ! fit tout à coup Hisagi, levant les yeux de son shogi, si vous devez vous battre, faites-le dehors !

- Ouais ! J'vais te pourrir la gueule, shinigami ! feula Grimmjow.

- Je voudrais t'y voir, Arrancar ! aboya Ikkaku.

- Oui ! Oui ! Par ici ! Par ici ! s'écria Yachiru en sautillant, un grand sourire sur sa figure enfantine.

Orihime se demanda quand la petite lieutenant de Zaraki Kenpachi était entrée. Soupirant, Orihime se leva, défroissant sa robe, et sortit silencieusement au-dehors. Elle avait besoin de calme.

Elle s'appuya contre la rambarde du balcon, fermant les yeux, laissant le vent s'engouffrer dans ses cheveux et les soulever. Il faisait nuit, et la lune, toute ronde, illuminait d'une lueur argentée les rues désertes du Sereitei.

Tout à coup, Orihime frissonna. Rouvrant les yeux, elle scruta la nuit. Elle sentait quelque chose venir, sans comprendre vraiment avec certitude ce que cela pouvait être. Désireuse d'apaiser sa curiosité, la jeune fille descendit les escaliers et traversa la cour de la onzième division, suivant son instinct.

- Où vas-tu, gamine ? fit une voix rauque au-dessus de sa tête.

Avec un sursaut, elle leva les yeux ; Kenpachi se tenait assis sur le mur, ses yeux dorés brillant dans l'obscurité, son zanpakutoh appuyé nonchalamment sur son épaule.

- J'ai senti…commença t-elle, avant de s'interrompre.

Non, si elle avait tord, alors elle se rendrait ridicule. Et, si elle avait raison, ce serait vexant pour Kenpachi, qui ne pouvait pas ressentir de reiatsu.

- Hm ! J'pense que c'est dans la forêt, grogna alors Kenpachi, la surprenant.

- P-pardon ?

- Y a un truc dans la forêt, et je sais que ça ferait une bonne baston, mais…'vaut mieux que ce soit toi qui y aille. C'est un juste un pressentiment.

- Ah…merci, capitaine Kenpachi, murmura t-elle.

Elle avait foi en l'instinct du capitaine, aussi se dirigea t-elle du côté de la forêt, non loin du terrain d'entraînement où Rukia et elle avaient coutume de s'entraîner, sous l'œil attentif et attentionné du capitaine Ukitake. C'était un lieu chargé de souvenirs, tristes surtout. Le capitaine Ukitake avait beaucoup souffert durant la guerre, à cause de sa santé délicate. Depuis, son corps affaibli avait perdu l'usage de ses jambes, et il ne pouvait plus occuper la charge de capitaine. Il devait bientôt prendre sa retraite, et était en train de chercher un remplaçant.

Orihime eut la surprise de trouver le capitaine Unohana, debout au sommet de la falaise, et qui scrutait la forêt en contrebas. Son manteau blanc se gonflait dans le vent, comme l'écume de la mer.

- Ah, te voilà Orihime-chan. Je me demandais quand tu allais venir.

- Vous…vous saviez que j'allais…? Que se passe t-il, capitaine Unohana? Le capitaine Kenpachi avait l'air de dire que ce pourrait être dangereux.

Unohana se tourna vers elle avec un sourire.

- Etonnant qu'il ait senti cela venir…il n'y a rien à craindre, Orihime-chan. Ce que tu ressens, c'est l'arrivée imminente d'une âme dans notre monde. Si Kenpachi l'a ressenti aussi, c'est qu'il devait probablement s'agir d'un ancien hollow. Ou en tout cas, d'une personne ayant un reiatsu suffisamment puissant pour pouvoir réveiller l'instinct belliqueux de notre cher capitaine…

- Une âme ? Une âme de hollow ? balbutia Orihime.

Elle pensa aussitôt à son frère, mais laissa tomber l'idée, car elle savait que son frère n'aurait pas intéressé Kenpachi.

- Alors qui ? murmura t-elle.

Son cœur battait tout vite et tout fort, et elle avait peur d'en connaître la raison. Cela était déjà arrivé auparavant, quelques mois après la fin de la guerre : Stark, Lylinette, Hallibel et sa fracción, ainsi que le petit Ggio étaient arrivés « purifiés » à la Soul Society, et avaient immédiatement intégré les 13 divisions du Sereitei. Mais de tous les Arrancars morts aux Hueco Mundo, aucun n'était apparu à la Soul Society. L'idée que l'un d'entre eux, d'un en particulier, ait réussi à revenir faisait trembler Orihime d'espoir. Unohana la fixa sans rien dire.

- Capitaine Unohana…est-ce que…est-ce qu'une âme peut mettre des années à arriver ici ? dit-elle d'une petite voix.

- C'est possible, mais guère commun, répondit Unohana. Si tu allais voir ?

- Moi ?

- J'ai bien peur que cela ne soit dangereux pour tout autre que toi.

Orihime rougit. Elle n'aimait pas qu'on lui rappelle ses pouvoirs. Depuis son retour du Hueco Mundo, Orihime était devenue très puissante, et elle avait été un atout décisif dans la bataille finale. C'était elle qui avait détruit le Hougyoku, alors que Ichigo s'occupait d'Aizen, qu'il était seul apte à vaincre. D'où était venue sa propre force, Orihime n'en était pas certaine, ou plutôt elle refusait de l'admettre.

Admettre qu'Ichigo, en la surprotégeant, n'avait fait que lui mettre les bâtons dans les roues, alors que lui, l'avait toujours poussée dans ses retranchements, pour la forcer à se redresser, et à exprimer enfin sa force. Admettre que sa disparition avait ôté du cœur d'Orihime toute forme d'hésitation, et qu'elle n'avait plus craint de se battre, ni de blesser l'adversaire, car, au fond d'elle-même, elle était blessée par son absence. C'était impossible. C'était mal de penser ainsi de lui.

Es-tu de retour ? Alors que mon pouvoir a échoué à te ramener ? Es-tu revenu ?

Orihime descendit en courant la colline et s'engouffra dans les bois. Elle écoutait le vent souffler dans les feuillages, les faisant bruire, et restait attentive, essayant de repérer ne serait-ce qu'une bribe du reiatsu de l'âme lentement reconstituée. Enfin, elle le repéra. C'était comme un infime battement de cœur, une pulsation sourde qui se répandait dans l'espace, et elle sentit couler en elle le reiatsu, de plus en plus net, de l'âme, un reiatsu sombre et noir, comme l'eau d'un lac dans une nuit sans lune, un reiatsu épais comme de la poix.

Où es-tu ?

Elle s'arrêta dans une clairière baignée de lune. Le reiatsu était empli de désespoir, et elle pouvait sentir la détresse de l'âme, sa solitude et son silencieux appel au secours, un appel sans espoir.

qu'est-ce que...c'est ?

Elle leva la tête vers la lune, respirant fortement, une légère brume s'évadant de son souffle. Il faisait frais, presque froid. Heureusement, la robe que lui avait offerte Ishida était une robe longue, qui tenait chaud.

Si je t'arrache la poitrine, est-ce que je le verrai ?

Le cœur d'Orihime battait à tout rompre. Elle pouvait sentir les particules spirituelles se rassembler, se compresser, se mélanger dans le sombre reiatsu. D'un instant à l'autre, l'âme devait arriver, n'est-ce-pas ?

Si je te broie le crâne…est-ce que je le verrai ?

Orihime avait du mal à garder la tête froide. L'air tremblait, se troublait. Un tourbillon de cendres déchira l'espace, juste devant la jeune fille.

Vous, les humains, en parlez tellement à tort et à travers…

Elle eut le souffle coupé. C'était donc cela, l'arrivée d'une âme ? Après avoir traversé les mondes, l'âme devait encore prendre forme ?

comme si…

Une âme, cette poignée de cendres virevoltantes ?

Je pourrais la tenir dans la paume de ma main…

Je vois. C'est donc…cela…

Lentement, Orihime tendit la main, palpitante d'angoisse. Elle désirait tellement pouvoir toucher cette âme, et la débarrasser de son désespoir…

Il est ici, dans cette paume…

Je t'en prie…cette fois-ci…saisis-le, je t'en prie…

Des cendres, naquirent de longs doigts fins, puis une main. Les cendres se rassemblaient petit à petit, reformant le corps de l'âme, l'habillant même du noir costume des shinigamis.

Le visage s'était à peine formé, le vent avait tout juste eut le temps de jouer avec les cheveux noir de jais, qu'Orihime saisissait avec une force désespérée la main spectrale tendue vers elle.

Le cœur.

Les yeux d'un vert captivant s'ouvrirent tout grands, emplis de surprise et d'une autre émotion qu'Orihime n'arriva pas à identifier. Elle sourit, posant doucement son autre main par-dessus la sienne, qui gisait détendue sur sa paume.

- Bienvenue…Ulquiorra, dit-elle dans un souffle.

Les doigts pâles du Cuatro Espada se refermèrent délicatement sur sa main. Sa voix roula gravement dans l'air frais de la nuit, agitée d'un léger, très léger tremblement qui trahissait son émotion.

- Femme

Il tituba ; comme toute âme lorsqu'elle arrivait à la Soul Society, il était vidé de son énergie. Orihime l'aida à s'allonger, et s'assit auprès de lui. Ulquiorra garda un long moment ses yeux fixés sur la lune luminescente, avant de les tourner vers la jeune fille. Il la contempla paisiblement, surpris de la trouver belle ; il ne l'avait jamais considérée ainsi, n'ayant toujours examiné que ses capacités et la force de son esprit. Il s'était pris de curiosité pour ces sentiments futiles qu'elle possédait, mais jamais, jamais il ne s'était demandé si elle était belle, attirante…sauf peut-être cette fois lointaine où il l'avait vue pour la première fois en robe blanche d'Espada. Comme elle semblait noble alors, bien plus qu'avec ce ridicule uniforme de lycéenne !

- Ulquiorra ? Est-ce que ça va ? Tu as du mal à respirer ? s'inquiéta Orihime en se penchant vers lui.

Sa question l'étonna, puis il se rendit compte qu'il respirait effectivement lourdement, prenant de grandes bouffées d'air. Il sentait sa poitrine monter et descendre, ses poumons et jusqu'à son ventre se remplir d'air puis le réexpédier. Et, énorme dans sa poitrine, lui sembla t-il, une chose qui palpitait, battait, s'accélérait, le faisait frissonner, canalisant des foules d'émotions qu'il ne connaissait pas.

Il cligna des yeux, les abaissant là où son trou de hollow aurait dû se trouver. Bien sûr, il savait qu'en tant qu'âme, il n'avait plus de trou, mais avait de nouveau…

- Un cœur, articula t-il.

- Oui, murmura Orihime, toujours penchée sur lui, tu as de nouveau un cœur.

Il s'habituait à cette étrange sensation qu'était celle de respirer après si longtemps. Il releva les yeux vers Orihime, et cru étouffer à nouveau, le souffle coupé dans sa gorge, le cœur battant à tout rompre.

Le visage d'Orihime était éclairé par les doux rayons de la lune, ses yeux habituellement gris paraissaient être d'argent et portaient cette expression si belle qu'elle avait eue, ce jour lointain, lorsqu'il avait tendu la main vers elle, sauf qu'il n'y avait plus la moindre tristesse dans son regard. Ses lèvres dessinaient un sourire mince, empli de beauté et de confiance. Ses cheveux, très sombres dans la nuit, coulèrent le long de son épaule, pour finalement tomber sur la poitrine d'Ulquiorra.

Elle était belle à en couper le souffle, comprit enfin Ulquiorra. Et c'était littéralement ce qui lui arrivait ! Une légère inquiétude vint assombrir les traits d'Orihime.

- Est-ce que tu vas bien ?

Il détourna les yeux, se sentant envahi d'une chaleur étrange, qu'il ne se souvenait pas avoir déjà ressenti auparavant.

- Je vais bien, femme.

Il s'appuya sur un coude pour se relever, mais Orihime posa doucement une main sur sa poitrine, pour le forcer à se rallonger. Déséquilibré, Ulquiorra retomba sur les cuisses de la jeune fille, qui le retint immédiatement de son autre main posée sur son épaule.

- Restons encore un peu, murmura t-elle.

Ulquiorra ne protesta pas. Les cuisses de la jeune fille, sous sa tête, étaient chaudes et douces sous la robe, et il pouvait sentir, hésitants, les doigts de la main reposant sur son épaule lisser et entortiller ses mèches d'ébène. Parfois, le bout de ces doigts effleurait la peau frissonnante de son cou.

C'était étonnamment calmant, réconfortant. Ulquiorra laissa échapper un soupir de bien-être et ferma les yeux, se laissant aller à somnoler. Bientôt il s'endormit, ce qui fit sourire Orihime.

Elle avait été anxieuse de voir comment il allait réagir, et était si heureuse de la délicate harmonie qui s'était aussitôt installée entre eux. Maintenant, elle s'inquiétait, se demandant comment ses amis et les membres du Gotei 13 allaient réagir.

Des pas tranquilles firent bruisser l'herbe, et Orihime tourna la tête vers la nouvelle venue ; le capitaine Unohana, qui s'arrêta à quelques pas d'elle pour examiner la scène. Un léger sourire vint flotter sur ses lèvres.

- Ce s'est bien passé, à ce que je vois, dit-elle d'une voix égale.

Orihime acquiesça, ses joues rosies cachées par l'obscurité de la nuit.

- Il s'est endormi.

- Ce n'est guère étonnant, son âme vient à peine d'arriver et elle a dû en plus reconstituer son corps. Ceci requiert beaucoup d'énergie spirituelle.

- Que va-t-il devenir, maintenant ? chuchota Orihime avec angoisse.

- Ne t'inquiète pas, Orihime-chan. Les capitaines Stark et Hallibel vont certainement voter pour son insertion en tant que shinigami.

- Oui, mais ils avaient été trahis par Aizen…cela, Ulquiorra ne le sait pas. Je n'ai aucune idée de ce qu'il pense ! Ulquiorra était le préféré d'Aizen.

- Aizen savait très bien qu'en laissant Las Noches à Ulquiorra, il forçait la rencontre entre lui et Kurosaki. Et Aizen savait très bien quel danger pouvait devenir Kurosaki. C'était une sacrée aubaine pour lui que de l'attirer au Hueco Mundo et de l'y enfermer pendant la bataille de Karakura. Je ne pense pas qu'il ait vraiment eu l'intention de garder avec lui un Orihime aussi calculateur, aussi intelligent et aussi difficile à lire qu'Ulquiorra. Je suis persuadée que tôt ou tard, il aurait voulu s'en débarrasser. Et je suis sûre que tu penses la même chose que moi, Orihime.

- Oui, mais…est-ce que Ulquiorra pense de même ?

- C'est précisément ce qu'il va falloir savoir. Ceci dit, je me demande bien pourquoi Ulquiorra aurait caché sa deuxième forme à Aizen s'il lui avait été totalement fidèle.

Unohana se tut un instant, puis appela ;

- Vous pouvez venir, capitaine Hallibel.

Orihime sursauta. Comme à chaque fois, elle n'avait pas senti venir l'ancienne Tercera Espada, actuellement capitaine de la neuvième division.

Hallibel s'avança à pas lents. Orihime avait toujours trouvé la Tercera Espada effrayante. Là, habillée en shinigami et dépourvue de la mâchoire de hollow qu'elle dissimilait auparavant derrière un haut col, Hallibel n'en était pas moins imposante.

Elle dépassa sans un mot Unohana et se tint devant Orihime, examinant l'ancien Cuatro Espada.

Ulquiorra dut probablement sentir sa présence, car il bougea dans son sommeil, et s'étira, se réveillant à contrecœur. Se hissant précautionneusement en position assise, il leva les yeux vers elle, prenant aussitôt note de ses vêtements de shinigami.

- Ulquiorra Schiffer, frère espada, je te prie de me suivre, dit alors Hallibel.

C'était un ordre, et non une prière. Ulquiorra était son prisonnier, et non son invité, jusqu'à ce que le commandant Yamamoto décide de son statut. Mais Hallibel était la seule, avec Orihime et Stark, qui puisse exercer une quelconque autorité sur lui. Ulquiorra savait que Hallibel le prenait sous sa protection de cette manière. Aussi acquiesça t-il en silence, et il se leva pour lui emboîter le pas, car sans attendre sa réponse Hallibel avait tourné les talons, toujours sans adresser la parole aux deux autres femmes.

Ulquiorra salua d'un bref signe de tête le capitaine Unohana, reconnaissant à son manteau un capitaine. Il lança un regard incertain vers Orihime –mais, c'était Ulquiorra, et tout ce qu'Orihime put voir dans ce regard fut du vide. Qu'il ait récupéré son cœur ou non, Ulquiorra n'était pas près de laisser transparaître ses émotions, ses sentiments, ses doutes dans ses yeux.

Et Orihime sentit son cœur se serrer lorsqu'il la quitta sans même lui dire au revoir. Elle regarda longuement les silhouettes des deux anciens espadas traverser la clairière, avant de se fondre dans l'ombre de la forêt. Unohana posa une main sur son épaule.

- Viens, Orihime-chan. Tes amis vont se demander où tu es passée.

- Oui, capitaine Unohana, souffla Orihime.

Le lendemain, Orihime devait repartir pour le monde des vivants, avec Ichigo, Uryû et Sado. Toute la journée durant, les capitaines débattirent en conseil de ce qu'il advenait de faire d'Ulquiorra. Et Orihime n'eut pas l'autorisation de le revoir.

Ce fut donc le cœur gros, et la tête emplie d'appréhension, qu'Orihime emprunta le passage de la Soul Society à leur monde, emportant avec elle pour tout adieu le regard émeraude et tristement glacé du Cuatro Espada.