« Les autres »

Prologue

Courir.

C'était la seule chose que je devais faire.

Je jetai des coups d'œil derrière moi, complètement affolée, ne cessant jamais de courir. Il fallait que je sorte, que je m'éloigne le plus possible. Il n'y avait plus personne dans les couloirs, j'étais seule, livrée à moi-même. La sortie de l'université semblait tellement lointaine. Ma respiration était haletante, j'avais peur, horriblement peur. J'évitais le plus possible de bouger mon poignet, il me faisait mal, sans doute était-il cassé ?! Des larmes roulaient le long de mes joues. Je ne vis pas ce que je percutais.

Je m'écrasai au sol. Et si c'était lui ? J'étouffai un cri de terreur et me relevai aussi vite. Oubliant la peur, la douleur, son visage… J'étais prête à détaler une nouvelle fois quand quelqu'un m'interpella. Je me stoppai net et me retournai.

-Anna ?! Est-ce que ça va ?

Je l'avais bousculée et elle n'avait pas bougé d'un seul centimètre, c'était comme si j'avais percuté un mur. Je ne savais même pas d'où elle venait.

Je pensais être seule, et je fus vaguement soulagée de ne pas l'être vraiment. C'était mal, il allait nous tuer toutes les deux.

J'hochai vaguement la tête, avant d'essuyer discrètement mes larmes.

Je respirais profondément et déglutis bruyamment avant de prendre la parole.

-Ex…Excuses-moi Bella.

C'est tout ce que j'avais réussi à dire. C'est sur qu'avec cette réponse elle serait persuadée que j'allais bien, que ce n'était que du chagrin… Idiote.

Je ne lui avais jamais adressé la parole avant ce jour malgré que nous ayons plusieurs cours en commun. Personne ne lui parlait vraiment, ni à elle, ni à son petit copain, Edward. Jamais je ne les avaient vu séparés, chaque jour ils étaient les proies de rumeur, plus absurde les unes que les autres.

Ils n'y avaient jamais prêtés attention, moi non plus.

J'aurai voulu lui crier de s'enfuir, avant qu'il ne la rattrape, mais je fus incapable de dire quoi que ce soit, j'étais pétrifiée par la peur. Je réussis toutefois à courir.

Lâche.

Quand je pus enfin apercevoir la sortie, mon pouls s'accéléra, mon regard devint flou, ma respiration quand à elle devint plus forte mais étrangement plus lente. Je ralentis contre mon gré, jusqu'à m'arrêter complètement.

Il se tenait derrière la grande porte, un grand sourire aux lèvres.

Je sombrai.