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LA LETTRE


Le temps est passé tellement vite, je n'ai pas vu les années de ma vie défiler, s'écouler. Aujourd'hui alors que je suis aux portes de la mort, que mon âme s'apprête à quitter mon corps pour continuer sans lui ce voyage je me rends compte à quel point la tristesse est présente en moi. Je regrette tellement de choses. Je vois ma vie comme un long échec, j'ai loupé tellement d'occasion... Je regrette tellement d'avoir fuit quand j'aurais du rester, de m'être tue quand j'aurais du parler… De ne pas avoir été la pour lui au moment où il en avait le plus besoin !


CHAPITRE 1


« Aujourd'hui j'ai soixante-dix-sept ans… Et il y a tellement de chose que je regrette. Des choses que j'aurais du faire, mais que j'ai délibérément laissées de côtés. Des paroles que je n'ai volontairement pas dites. Des confrontations que j'ai fuies. »


_ Shirel ! Dépêche-toi un peu, cria ma mère depuis le rez-de-chaussée. Ce rendez-vous est très important pour ma carrière !

_ J'arrive !

Je me relève et me mets face à mon miroir pour essayer de dompter ma tignasse châtain. Je grimace avant de me décider à les attacher en un chignon lâche. J'étais maudite avec ces cheveux rebelles enfin d'après ma grand-mère, ça serait de famille… C'était censé me rassurer ! Ma tenue était pas trop mal, je change juste de tee-shirt. Je récupère mon sac ou je glisse mon livre du moment histoire d'avoir une occupation si la conversation venait à se diriger vers un sujet trop ennuyant. Ce qui serait inévitablement le cas.

_ Shirel !

Je ferme ma porte tout en virant Sucette mon chat qui s'il continuait à ne rien faire de ses journées finirait certainement au poids de trente kilos. J'attrape ma veste et descends en bas aussi vite que possible. Je souris à ma mère qui referme la bouche en me voyant face à elle- enfin.

_ Allons-y.

Je monte dans la voiture et écoute les consignes que ma mère me donnait en approuvant de temps à autre. Elle me disait la même chose à chaque dîner d'affaire auquel j'assistais depuis que j'avais cinq ans- je viens d'en avoir dix-sept… Depuis le départ précipité de mon père, elle refusait de me voir grandir et dans un futur plus ou moins proche partir sans elle.

Elle s'arrêta sur le parking d'un restaurant chic de la Nouvelle Orléans. Le supérieur de ma mère nous attendait devant le Shaya, il nous repéra et vint nous saluer à grande enjamber avant de nous inviter à le suivre à l'intérieur. Il avait réservé une table dans le coin le plus tranquille du restaurant. J'observais le décor, qui était très jolie le gris et les touches de couleurs qui le ponctuaient s'harmonisaient très bien. Je trouvais l'endroit très joli. Je n'y avais jamais mit les pieds malgré le fait qu'il était assez connus.

Je pris la carte que me tendit un serveur. Serveur très mignon soit dit en passant, des cheveux bruns assez longs retenu en catogan, des yeux vert-gris magnifique je lui offris mon plus beau sourire avant de remarquer l'alliance trônant à sa main gauche. Sa fiancée avait vraiment de la chance… Je plongeais le nez dans la carte à la recherche d'un plat qui me consolerait de ma déception du jour. La nourriture vous console de tout : c'est scientifiquement prouvé !

Je ne pris pas la peine d'écouter ce que pouvait bien raconter ma mère ou son supérieur- j'avais essayé une fois et c'est d'un ennuie ! Dire que là, je pourrais être derrière mon ordinateur à regarder une série, il faudrait d'ailleurs que je songe à en trouver une nouvelle à regarder, j'avais terminé les trois que j'avais en cours… Je me demande bien ce qu'il y a de nouveau.

Les plats arrivent enfin de quoi m'occuper ! Je prends soin de manger doucement histoire de ne pas avoir l'air d'une morfale. Mangieu que cette nourriture était bonne, il fallait absolument que je revienne manger ici ! D'ailleurs la fête des mères approchait il me semble, j'aurais cas l'inviter ici, ça m'évitera de passer des heures et des heures à chercher un cadeau dans des boutiques pour ressortir avec un paquet de chocolat et un bouquet de fleur… Je déteste vraiment faire des cadeaux, je n'ai aucun talent pour ça.

Une heure plus tard toute la nourriture avalée, je dû me rabattre sur mon livre. Je grimace en constatant qu'il ne me tiendrait pas occupée plus de trente minutes. Quelle idée de prendre un livre ou il ne restait que cinq malheureux chapitres à lire ? Il n'y avait que moi pour faire cela. Il y en avait encore pour au moins deux heures- oui, ils aiment parler.

Je fixais mon livre énervée, vingt minutes. Il ne m'avait même pas occupée pour les trente estimées. Je poussais un soupir, il fallait vraiment que j'arrête de lire des histoires d'amour avec le « A » majuscule police soixante-douze. Ça me faisait vainement rêver. Sérieusement qui pouvait se vanter d'avoir trouvé l'amour de sa vie ? Je serais bien curieuse de voir ça. J'allais remettre le livre dans mon sac quand je remarquais qu'il y avait quelque chose d'épais entre la quatrième de couverture et la protection. Qu'est-ce que j'avais encore mit ? Ca allait abîmer mon livre. Je récupère l'objet qui s'avère être une lettre. « Rawlin Shirel ». Une lettre à mon nom je ne me souvenais pas avoir reçu de lettre… Quelqu'un l'aurait glissée dans mon livre qui se trouvait dans mon sac que je ne quittais jamais des yeux ?

Je haussais les épaules et ouvrit l'enveloppe. Curiosité quand tu nous tiens. Je fronce les sourcils en voyant le premier mot écrit cette écriture ressemble étrangement à la mienne. Je débute la lecture encore plus intriguée :

« Chère Shirel,

J'espère que je me porte bien. Je t'écris d'un futur éloigné de soixante ans. Je suis une vielle dame maintenant et au crépuscule de ma vie, je me suis rendu compte de bien des choses. Si, je t'écris c'est pour que tu me rendes quelques services. »

Un futur éloigné de soixante ans ? Bien sur. Le petit malin qui avait écrit ça devait vivre dans un monde imaginaire le tout couplé avec une bonne bouteille de vodka. Comme-ci mon moi de soixante ans dans le futur avait pu m'écrire une lettre pour que je me rendre service… Dit comme ça c'est encore plus étrange.

« Je t'ai noté ce qui va arriver et les choix à faire afin que tu ne fasses pas les mêmes erreurs que moi. Certaines choses doivent être changées. C'est important que ça soit fait. Avoir des regrets est douloureux. Je te prie de tenir compte de ce que je t'indique.

Le 27 avril. J'ai dû me rendre à un dîner d'affaire ennuyeux avec ma mère. Restaurant : Shaya. Son supérieur va lui proposer un poste dans l'état de Washington. Une chance pour sa carrière. Malgré touts les arguments que j'ai pu lui soumettre elle a accepté. Quitter la Nouvelle-Orléans lui permet d'oublier mon père. »

Ok. Comment la personne qui avait mit la lettre dans mon sac- il y a probablement deux jours puisque je n'avais croisé personne à part ma mère depuis jeudi dix-sept heures quand j'étais partis du lycée- avait-elle su que je me rendrais ici avec ma mère et son supérieur alors que je l'ai appris moi-même que ce matin ? Et puis quitter la Louisiane pour l'état de Washington ? Jamais. Je ne pouvais pas m'y résoudre j'adorais cette ville !

Je fixais la lettre comme-ci elle allait m'électrocuter dans la minute qui allait suivre. Ce qu'elle ne fit pas. C'était étrange. Je détestais tout ce qui était étrange, alors les choses venant du futur s'était trop pour ma personne. Du futur, s'il vous plaît ! C'est juste impossible.

Je me tourne vers ma mère en sursautant en l'entendant poser sa fourchette bruyamment. Elle avait un air surprit collé au visage. Je venais de louper quelque chose, visiblement.

_ C'est un poste bien payé. Un peu loin de tout, certes, mais être directrice là-bas pourrait être intéressant pour vous. Vous serez sept sur ce site et régulièrement vous pourrez revenir ici, puisqu'il s'agit du siège sociale, il est mieux que les réunions aient lieux ici. Qu'en pensez-vous ?

Ma mère me fixa en se mordillant la lèvre, indécise. Je n'étais pas sur d'avoir bien compris… J'espérais sincèrement avoir mal compris.

_ Maman ?

_ On me propose un poste dans l'état de Washington dans une ville non loin de Seattle, me renseigne-t-elle. Une chance pour moi.

_ Non-loin comment, demandais-je suspicieuse.

_ Deux et demi en voiture, me répondit le supérieur de ma mère.

Mangieu. Deux heures et demie. C'est énorme ! Dans l'état pluvieux de Washington en plus. En plus de devoir dire au revoir à ma magnifique ville, je devrais quitter le soleil ? C'était un peu trop me demander, là.

_ Vous me permettez que j'y réfléchisse ? C'est une lourde décision pour moi.

_ Bien sur ! Je vous laisse jusqu'à la fin de la semaine, après il me faudra absolument une réponse.

La lettre ! Cette foutue lettre avait prédit cette tragédie et d'après ce qu'elle m'avait annoncé ma mère allait accepter. Un air horrifié prit place sur mon visage. Entre mon potentiel départ et cette lettre qui me faisait flipper… Je ne sais pas encore ce qui est le pire.


Le délai imposé par le supérieur de ma mère arrivait à son terme et au vue des valises entreposées dans sa chambre je dirais que je vais quitter ma chère Nouvelle Orléans. J'avais insisté pour ne pas y aller, puis pour qu'elle y aille sans moi et que je reste en internat. Rien n'avait fonctionnés. Je n'étais pas une bonne négociatrice. Il faudrait que je songe à revoir mes talents naturels à la hausse… Quoique je vais avoir le temps de m'en occuper dans le trou perdu ou j'allais vivre.

Ma mère, sa réponse positive donnée, avait alors cherché une maison dans Port Angeles et n'avait pas réussi à en trouver une, elle s'était rabattu sur une petite ville à un peu moins d'une heure de route- Forks. Le nom me donnait envie de pleurer, ça sonnait vide. Et il y a vraiment des gens qui vivent là-bas ! Si si je vous assure.

C'est ainsi que quelques jours plus tard je me retrouvais à faire mes valises. Il m'était étrange de vider la chambre que j'occupais depuis que j'étais née. Retirer les dessins que j'avais collé sur le mur au fur à mesure des années, enlever mes cadres et photos. Je ne voulais pas partir. Je détestais l'inconnus me retrouver dans un lieu ou je ne connaissais rien. Je n'étais pas téméraire, pas courageuse. Je préférais largement rester à La Nouvelle-Orléans où je connaissais tout, les plus beaux endroits, les raccourcis, où il fallait absolument aller et les endroits à éviter…

Il y avait tous mes amis que j'allais laisser ici et, je ne me faisais pas d'illusions, que je n'allais jamais revoir. A l'exception de un ou deux, ils prendraient sûrement grand soin de m'oublier. J'observais la pièce et revoyais le fantôme d'un souvenir. Mon père et moi couvert de peinture alors qu'on tentait d'enlever l'espèce couche de rose que ma mère avait collé dans la pièce quand elle avait apprit qu'elle allait avoir une fille. On avait peint la pièce en blanc et un des murs s'était vu affublé d'un beau bleu foncé. On s'était tellement amusé ce jour là.

J'essuyais une larme traîtresse qui tentait de s'enfuir en dévalant ma joue. Mon regard se posa sur la lettre trônant sur mon bureau. Je l'avais presque oublié avec tout cela. Je la pris, je n'avais pas poursuivis ma lecture après le repas au restaurant.

« Le 3 mai. Ce jour-là nous avons quitté la Nouvelle Orléans… Je n'y ai jamais remis les pieds par la suite. Le collier que mon père m'a offert peu de temps avant son départ et que j'ai perdu se trouve derrière l'armoire coincé au niveau du bureau. J'ai toujours regretté de ne pas l'avoir retrouvé…

Ne t'inquiète pas de ce départ, j'ai fais de magnifique rencontre là-bas… Des gens merveilleux. »

Je suivis les indications et retrouvais effectivement mon collier. Je souris en le regardant avant de le passer autours de mon cou. Je ne savais pas d'où venait cette lettre, qui me l'avait réellement envoyé (je ne pensais toujours pas que mon moi du futur en soit l'auteur), mais pour le moment tout ce qui y était mentionné était vrai.

Je récupérais le vieux gilet en laine grise de mon père et l'enfilais. Mes deux valises, mon sac de voyage et la cage de transport de Sucette en main tout en vérifiant que j'avais bien prit de quoi endormir mon chat pour le voyage il était temps que je quitte cet endroit, que je parte ailleurs. Qui n'avait jamais rêvé d'aventure ?

Moi.

_ Shirel ! On part, le taxi est là.


Et oui, encore une fanfiction sur Twilight... Bon, il s'agit d'une histoire toute simple (pas comme Burning Spirit ou Ma vie ne sait plus respirer...) elle n'est pas prise de tête, c'est de l'écriture-détente. Vous attendez pas à de l'action à droite et à gauche ! ça sera calme. Cette idée de "lettre" vient du Manga Orange (pour ceux qui connaissent). Voilà, voilà à bientôt pour la suite !