Disclaimer : l'univers, les personnages et le génie appartiennent à J. tandis que les personnages inventés viennent de mon petit cerveau
Note : Ceci est ma première fanfiction donc toutes critiques positives ou négatives sont bonnes à prendre ! L'histoire se déroule trois ans après la fin de la guerre.
Attention : Cette fanfiction met en évidence la relation entre Harry et Draco et il y aura quelques scènes sexuelles disséminées dans les chapitres alors homophobes et petites personnes trop jeunes veuillez vous abstenir.
Une rencontre est toujours synonyme d'une séparation
Chapitre 1 : La baguette d'aubépine
Une ombre noir se mouvait à l'orée des bois, inlassablement. Ce n'est pas possible… Il ne comprenait pas lui-même ce qu'il faisait ici. Face à un énorme portail argenté et à l'immense bâtisse sombre qu'il enfermait, un jeune homme d'une vingtaine d'année semblait proie à un profond malaise. La pluie martelait son visage imprégnant sa cape et sa robe qui ruisselait, créant des minis flaques sous ses pieds dès qu'il restait plusieurs minutes au même endroit. Le temps pluvieux était-il un présage ?
Cela faisait trois heures qu'il était là, s'avançant et reculant face à l'impressionnant portail ne sachant se décider. Au loin il contemplait le manoir sombre où tant de terribles choses s'étaient déroulées. Harry ne comprenait pourquoi il avait élu domicile ici, à sa place il aurait tout fait pour mettre le plus de distance entre ce vestige du passé sombre et le présent qui s'offrait à lui. Le jeune sorcier avait agi sur un coup de tête et, une fois face à la réalité, toute son adrénaline chuta presque instantanément.
Il se prit la tête entre ses mains, s'asseyant sur une vieille souche humide. La boule qui s'était formée dans le creux de son ventre ne cessait d'augmenter et les nausées commençaient à arriver. Pourquoi, en soit, une simple visite à une ancienne connaissance lui causait-il autant de stress. Il se remémora les derniers jours essayant de savoir quel nargole l'avait donc bien piqué.
Trois jours auparavant, il était dans son appartement faisant ses cartons. Ginny lui avait laissé la journée pour enlever tout ce qui lui appartenait de ce qui avait été leur chez-eux. Il l'avait fait machinalement, sans réels sentiments entassant les bibelots et triant ce qu'il garderait ou non. Cela faisait un moment qu'il s'attendait d'être mis à la porte un jour où l'autre. Suite à la Grande Bataille et à toutes les pertes qu'elle avait entrainées Harry ne fut plus jamais le même. Il n'était plus l'adolescent joyeux dont la hargne de vivre malgré tout ce qui se déroulait sans qu'il n'ait aucune emprise dessus avait disparu depuis bien longtemps…
Quand tout le monde se félicitait de la paix rétablie et de la victoire face à Lord Voldemort, lui, celui qui avait vaincu, n'a jamais pu retrouver le sourire. Le poids des cadavres accumulés pour cette victoire lui voûtait le dos et seul le Whisky Pur Feu avait su pour quelques moments chimériques lui ôter ses souffrances. Il se savait invivable…Percevant un rente assez excessive de la part du Ministère pour avoir débarrassé le monde de l'effroyable mage noir, il ne travaillait pas ayant depuis longtemps abandonné les rêves de sa carrière d'Auror. Il passait la plus part de son temps dans sa chambre, muet, n'ouvrant la bouche qu'au contact du goulot de sa bouteille.
Les rares signes de vie étaient ses excès de colère fulgurants qui détruisait tout le mobilier de l'appartement que Ginny réparait inlassablement. Jusqu'au jour où sa colère était telle qu'il avait levé la main sur elle. Ce fut la goutte de trop et elle le mit dehors ce qui était parfaitement compréhensible. Il avait bu tellement ce jour-là qu'il lui fallu un moment pour tout se remémorer. Bien sur il s'en voulait, il venait de frapper la seule personne qui avait su partagé sa vie depuis qu'il était ainsi. Mais il savait qu'au fond, il en était mieux ainsi pour elle. Harry avait connaissance qu'elle avait un amant, d'un coté il ne pouvait s'en vexer. Ainsi elle pourrait aller s'installer avec lui sans remords et enfin profiter de la vie heureuse dont elle avait toujours rêvé.
Ils n'avaient plus eu de rapport depuis la fin de la guerre, c'est-à-dire trois ans. C'est long trois ans… Il n'avait même plus eut de simples gestes de tendresse envers elle depuis à peu près la même période à y réfléchir. C'est donc sans réelle surprise qu'il pliait ses bagages…
Pourtant, pour la première fois en trois ans, son cœur se serra quand il tomba sur un objet au détour d'un tiroir qu'il avait complètement oublié. Il prit fébrilement le bout de bois d'une trentaine de centimètre de long. La baguette était faite en bois d'aubépine et à l'intérieur se trouvait du crin de licorne. Une vague d'émotions se déferla en lui tandis qu'il serrait contre lui la baguette qui appartenait autrefois à son rival incontesté à Poudlard.
Une lueur d'espoir naquit en lui, il n'était pas le seul à souffrir de l'après-guerre. Bien sur il tomba sur d'autres objets qui le firent pleurer toute la journée comme l'album avec les photos de ses parents, sa vieille cape d'invisibilité et divers souvenirs de Poudlard, de Lupin, de Sirius et même à la pensée de Rogue il fut pris de sanglot.
Bien qu'Harry ait défendu la cause de Draco Malfoy et de sa mère, Lucius Malfoy fut condamné à Azkaban pour le restant de ses jours. D'un côté il n'avait jamais eu l'intention de défendre l'abject personnage qu'il était. Par contre Malfoy mère et fils, selon lui, ne méritait pas à payer pour le fanatisme de Lucius qui avait entrainé toute sa famille avec lui. Narcissa Malfoy fut contrainte de rester à son domicile deux années durant n'étant pas réellement un membre actif auprès de Voldemort.
Il se trouve que, malgré la mission qu'il avait reçue en sixième année, Draco ne portait pas la Marque des Ténèbres. Ce qui, aux yeux d'Harry et du tribunal, concrétisait son innocence. Il fut disculper de toutes charges envers lui mais son nom pesait sur ses frêles épaules. Les descendants ou mêmes parents éloignés de Mangemorts avérés subissaient une ségrégation fortement marquée par la société magique alors que bon nombre d'entre eux n'avaient jamais manifesté de tendance pro-Voldemort.
Harry connaissait le fardeau de porter un nom que tout le monde connait et qui reflète une image qui ne correspond pas à ce que l'on est vraiment. C'est pourquoi, après avoir retrouvé la baguette d'aubépine, il décida de retrouver Draco Malfoy pour lui rendre, et, qui sait, peut-être malgré leurs querelles passées pourraient-ils avoir une discussion sur le cours des choses.
Harry se décida enfin, d'un pas ferme, il alla à l'encontre du portail s'attendant à devoir décliner son identité. Est-ce que Draco accepterait-il de le recevoir ? Il ne savait même pas si Narcissa occupait toujours les lieux ou non. Il attendit quelques instants devant le portail et comme rien ne se produisit, il avança une main craintive pour l'ouvrir. Avec un lourd grincement, l'ouverture se fit et Harry put passer.
Il était difficile de croire qu'une quelconque personne habitait ici. Le jardin laissé à l'abandon, depuis un moment déjà, compliquait l'avancée vers le manoir. Harry se mit à penser au 12 square Grimmaud, où il venait d'emménager d'ailleurs, l'été avant sa cinquième année où ils avaient passé des journées entières à désinfecter l'habitation. Il avançait lentement, prenant soin à ce que sa robe de sorcier ne se prenne pas dans les ronces et évitant de glisser sur les divers détritus qui jonchaient le sol. Une fois arrivé à la porte, il toqua. De nouveau, aucune réponse. Pris d'une certaine panique, il sortit sa baguette. Et si quelqu'un qui doutait encore de l'innocence de Draco était venu s'en prendre à lui ?
Ses anciens réflex étaient parfaitement réveillés. Il entra dans la demeure sans aucun bruit. Ce qu'il vit ne fit qu'agrandir sa peur : tout le hall d'entrée n'était qu'un immense capharnaüm. Après avoir visité la totalité des pièces du bas, Harry était pris à un immense sentiment d'effroi.
Il avait été discret et personne ne devait avoir remarqué sa présence… Mais où était Draco Malfoy ? Il regretta quelques instants de ne pas avoir pris sa cape d'invisibilité avec lui. Il passa à l'étage aussi silencieusement qu'il put. Au fond d'un couloir, une porte était entrebâillée et il crut d'abord percevoir une faible lueur à l'intérieur. Respirant un bon coup, il s'avança jusque là et ouvrit la porte. La pièce mal éclairée sentait le moisi et dès qu'il posa le pied à terre, il sentit sous son poids quelque chose s'écraser. Il ne put réprimer un hoquet de surprise. Une voix trainante se fit entendre :
« Mère, je vous ai déjà signalé à de multiples reprises que, non, je ne sortirai pas d'ici et qu'il vous serait préférable de me laisser tranquille et d'arrêter de vous pourrir la vie avec ces visites incessantes. »
Ce qu'Harry avait sous les yeux n'était plus que l'ombre de ce qui avait été son plus grand rival durant toute sa scolarité.
De longs cheveux blonds sales pendaient de part et d'autre du visage émacié de Draco Malfoy. Il était assis un lit miteux qui était en parfait accord avec l'odeur nauséabonde qui avait pris d'assaut les narines d'Harry. Le blond avait littéralement fondu durant ses trois dernières années, ses os saillant à travers le fin t-shirt argenté qu'il portait. Il n'avait même pas tourné la tête vers son visiteur fixant insatiablement le paysage à travers la fenêtre.
Harry décida de s'approcher de Draco qu'il n'avait jamais vu aussi frêle et fragile même lors de leur sixième année où il s'était littéralement épuisé à trouver un moyen de mettre un terme à la vie de Dumbledore.
« Mère ayez l'obligeance de partir s'il vous plait, qu'importe ce que vous me direz ou m'apportez rien ne changera. C'est fini. »
Harry vit en Draco le reflet de sa propre souffrance. De tout ce qu'il endurait depuis ces trois dernières années. Pris d'une soudaine envie, il s'avança vers Draco. Il posait d'abord sa main sur son épaule.
« Mère… »
Draco se retourna. Ses yeux s'écarquillèrent et il resta la bouche grande ouverte. Harry, sans rompre le contact, s'assit et le serra contre lui. D'un murmure à peine audible il entendit avant que le petit bout de personne qu'il serrait contre lui éclate en sanglot :
« Oh…Harry… »
C'était, il lui semble, la première fois que Draco l'appelait par son prénom. Il ressentit une intense chaleur en lui, malgré qu'il fût frigorifié, ses vêtements n'étant pas encore séchés. Draco s'agrippa à lui comme un dément et ses sanglots redoublaient d'intensité. Harry se laissa aller en arrière, s'allongeant sur le lit, tout en le conservant entre ses bras. Il se laissa aller et les larmes ne tardèrent pas à perler au coin des ses yeux émeraudes. Pris d'un élan de tendresse, il passa sa main dans les cheveux du blond, les démêlant délicatement. Pour la première fois depuis la fin de la guerre, il sentit plus serein.
Le temps défila sans qu'il ne sache exactement depuis combien de temps ils étaient là tout les deux, laissant sortir à travers leurs larmes communes toutes la souffrance accumulée. Le soleil continuait sa course folle teintant le ciel de diverses couleurs quand dans un soupir, Draco s'endormit. Harry ne sentit pas le courage de bouger et quand bien même il l'aurait voulu l'étau des poings de Draco ne s'étant aucunement desserrer. Il ne comprenait pas exactement ce qui s'était passé, mais une chose était claire : ils avaient tous les deux besoins l'un de l'autre.
Était-ce ironique ce soit Draco Malfoy, celui qui avait œuvré avec tant d'efforts à lui pourrir en partie sa scolarité, qui lui apporte le réconfort qu'il cherchait tant alors que ses plus fidèles amis, Ron et Hermione, n'avait su que le renfermer encore plus sur lui-même avec leur bonheur familial dégoulinant. Bien sur, il ne pouvait leur en vouloir et au fond il était heureux pour eux. Mais ça ne l'aidait vraiment pas.
Du peu qu'il avait vu, Draco était seul ici malgré les visites de sa mère qu'il remballait sans lui adresser un seul regard. Lui aussi devait avoir tout perdu. Une vie gâchée comme la sienne car Draco, Harry s'en souvenait très bien, aurait pu faire ce qu'il voulait. Il excellait particulièrement en potions mais n'avait jamais éprouvé de difficultés dans aucun cours. Mais qui aurait bien voulu engager le fils de Lucius Malfoy, mangemort de renom. Ses pensées finirent pas divaguer elles aussi et il finit par tomber dans un sommeil sans rêve.
Le lendemain matin, Harry sentit quelque chose bouger entre ses bras. Cela faisait une éternité qu'il n'avait pas dormi aussi bien. Pas un seul fantôme du passé n'était venu hanter ses rêves. Cependant, il se sentait un peu mal comme pris par la fièvre. Il ouvrit les yeux petit à petit et son regard se posa sur un jeune homme au long cheveu blond qui le regardait avec inquiétude, assis à côté de lui. Il tenta de se relever, s'appuyant sur ses coudes mais sa tête lui tourna. Il retomba sur le lit, se massant les tempes. Une main fine et glacée se posa sur son front brûlant.
« Tu as de la fièvre…Pas étonnant, tu t'es endormi alors que tu étais trempé… Je vais aller te chercher de quoi te changer et te montrer la salle de bains. Mais d'abord, pourrais-je te poser une question ? »
Harry ouvrit un œil et remarqua la gêne visible qu'éprouvait Draco qui se tortillait les mains nerveusement. Il acquiesça lentement ne voulant pas aggraver sa migraine.
« Pourquoi es-tu venu ici ? Me voir ? Je doute que c'était pour simplement passer la nuit… Et nous ne nous sommes jamais recontactés depuis le procès où tu nous as aidés, ma mère et moi. Je ne te chasse pas, ne crois pas ça… Mais… Mais je ne comprends pas vraiment. »
Il avait parlé d'une toute petite voix qui avait baissé de volume jusqu'à s'éteindre à la fin de sa phrase. Il semblait être la dernière personne à laquelle Draco s'attendait à faire face. Il fit un effort surhumain pour s'asseoir et s'adosser au mur. Les yeux inquiets de Draco le suivirent mais il n'osa rien dire. Harry lui répondit d'une voix douce, voyant que l'ancien Serpentard ne savait vraiment pas comment prendre sa visite suprise. Il était assez désarçonné que Malfoy le regarderait ainsi, aussi peureux qu'un petit animal coincé par un prédateur, au lieu de commencer leur joute verbale pourtant si habituelle.
« Ginny… On s'est séparé. Je n'ai pas vraiment été le compagnon idéal ces dernières années. En faisant mes valises… J'ai retrouvé quelque chose t'appartenant et, du coup, je voulais te la rendre. Puis j'avais dans l'idée qu'on aurait pu discuter… »
Le brun finit sa phrase en rougissant légèrement. Il commença à fouiller dans sa cape tandis que Draco le regardait sans visiblement comprendre. Harry s'empressa d'ajouter :
« Si je ne te dérange pas bien sur ! »
C'était au tour d'Harry d'être gêné par la situation mais étonnamment il était calme. La présence de Malfoy avait quelque chose d'apaisant. Il finit par mettre la main sur la boite où il avait rangé la baguette d'aubépine. Il tendit la boite à Draco qui la regardait les yeux ronds.
Sans un mot, il l'ouvrit et des larmes ruisselèrent lentement. Il s'approcha d'Harry et le serra contre lui, à la manière d'un enfant qui venait de recevoir son plus beau cadeau de Noël. Le feu aux joues et les larmes aux yeux, Draco se détacha d'Harry comme pris en faute.
« Merci. Ca fait…Trois ans maintenant que je n'ai plus fait de magie… »
Harry le regarda étonné. Pourquoi n'avait-il simplement pas acheté une nouvelle baguette. Voyant son air interrogateur, Draco baissa les yeux et expliqua :
« Après que mon père soit incarcéré à Azkaban, ils nous ont tout pris à ma mère et moi. Ils nous ont laissé le manoir mais ils ont pris tout nos objets de valeurs et presque la totalité de l'argent que nous avions à Gringotts sous prétexte que c'était de l'argent qui venait de l'alliance de notre famille avec Tu-Sais-Qui… Ma mère qui n'avait jamais travaillé et qui était cloitrée ici, commença à faire de la couture histoire de gagner quelques Gallions… Moi j'ai d'abord essayé de trouver un emploi décent, mais personne ne voulait du fils Malfoy…Du coup j'ai commencé les petits boulots minables…J'ai été technicien de surface au Ministère… Imagine la tête de tout le monde… Le grand Malfoy, prince des Serpentards, en était réduit à nettoyer les sols du Ministère…
C'était l'emploi des Cracmols habituellement mais bon, comme je n'avais plus de baguette c'était sensiblement pareil pour moi. Je n'avais pas les moyens d'en racheter une de toute façon. J'y suis resté un an et demi, subissant jours après jours moqueries et insultes en tous genres. On renversait mes seaux, on faisait exprès de salir là où je venais de nettoyer… J'étais à bout, je sais que je n'étais pas un enfant de cœur à l'école. Mais nous étions presque à la rue ma mère et moi… Puis mon innocence avait été prouvée, mais apparemment ça faisait tellement plaisir aux autres de m'avoir ainsi à leur pied. Je m'attendais à un peu de compassion, je n'étais pas le seul dans ce cas là. Zabini et Nott aussi ont eu du mal, mais vu qu'ils étaient disons… Plus discret que moi à l'école, ils ont fini par décrocher des petits boulots convenables. Un jour, j'ai démissionné et je n'ai plus bougé d'ici. Ma mère s'est remariée avec un gentil moldu je dois l'avouer. Il était plus facile pour elle de se reconstruire de l'autre côté, où le nom de Malfoy et de Tu-Sais-Qui sont inconnus. Elle m'apporte de quoi vivre et essaie tant qu'elle peut de me faire bouger d'ici… »
Harry avait écouté calmement le monologue de son interlocuteur dont la voix était sur le point de dérailler à certains moments. Harry voulut le serrer contre lui mais de nouveau les vertiges le prirent d'assaut. Draco le remarqua et l'aida à se lever histoire de l'amener à la salle de bain où il pourrait prendre un bain chaud et se réchauffer.
La salle de bain était peut-être le seul endroit du manoir qui faisait preuve d'un minimum de propreté. Draco assit Harry sur un tabouret et, tandis que l'eau coulait dans l'énorme baignoire à pied, Draco déshabillait Harry visiblement trop faible et frigorifié pour le faire soi-même. Le survivant se retrouva donc en boxer grelotant tandis que Draco ajoutait quelques produits pour faire mousser le bain. Harry qui était toujours mal au point demanda au jeune blond si celui-ci pouvait rester, dans le cas où il ferait un malaise. Il lui était étrange quand même de s'adresser ainsi à son ancien rival et à recevoir de sa part cette attention. La guerre les avait changés, pensa-t-il. Puis, il était presque sur que Draco, tout comme lui avait reconnu en l'autre un nouveau point d'accroche.
Bien qu'Harry n'ait mentionné seulement sa rupture avec Ginny, Draco se doutait que les choses n'avaient pas non plus été toutes roses depuis leur dernière rencontre. Suite à la demande d'Harry, Draco eut une idée. Cela faisait un moment qu'il n'avait plus pris de bain correct et après avoir installé Harry dans l'immense baignoire, il se dévêtit également ne gardant que son propre boxer et s'installe face à Harry.
Tous les deux profitaient du relâchement que l'eau chaude offrait à leurs muscles tendus. Bien que la baignoire fût assez grande pour deux personnes, lorsqu'Harry voulut changer de position pour être mieux mis, sa jambe frôla celle de Draco. Ils se regardèrent alors les joues rouges comme les chapeaux des Chaporouge. Draco eut un rire nerveux qui finit en fou rire général par les deux protagonistes. Ca faisait longtemps pour chacun qu'ils n'avaient plus ri ainsi. Harry se lança :
« A propos de la nuit passée…Désolé de m'être imposé ainsi. Je ne sais pas vraiment ce qu'il m'a prit. Mais j'étais et je suis heureux de te revoir. Ces dernières années n'ont été faciles pour aucun de nous. Depuis que j'avais retrouvé ta baguette, j'avais le sentiment que je devais venir te voir donc voilà… »
Draco le regarda sérieusement puis lui répondit d'une petite voix les joues en feu. A part sa mère, il était sur que plus personne ne pensait à lui.
« Ca me fait plaisir que tu sois là, je n'ai plus vu personne depuis un moment… Puis, ta présence me fait du bien. Comme tu n'es pas encore rétabli…Tu pourrais peut-être resté une nuit de plus ? »
Tout son être lui criait de retenir Harry près de lui. Quand le brun était venu hier, Draco y avait vu comme un sauveur. Il ne s'attendait pas ce qu'il lui trouve un travail ni rien. Il voulait simplement l'avoir près de lui. Puis il remarqua à quel point le Harry qu'il connaissait avait sombré.
Et pourtant, il avait toujours envie qu'il reste. Ils pourraient prendre soin deux mutuellement, pensa-t-il. Il secoua la tête comme pour en chasser l'idée, l'ancien Gryffondor n'allait certainement pas accepter. Il devait avoir bien mieux à faire, après tout il était LE survivant pourquoi s'embarrasserait-il de lui ? Mais savoir que lui, le grand Harry Potter, avait pensé à lui, son ennemi, le chamboulait plus qu'il ne le laissait paraitre.
Il avait déjà pensé à Potter de nombreuses reprises au cours de ces trois dernières années. Mais il pensait que justement, lui et la belette femelle, avait une ribambelle de marmots heureux et courant dans tous les sens. Qu'il avait une situation aisée au ministère, qu'il aurait, qui sait, été le prochain Ministre de la Magie. Enfin, il lui avait imaginé tous les scénarios possibles de vies parfaites tandis que lui croupissait ici.
Il était tombée des nues en voyant que la vie idyllique qu'il lui avait toujours imaginé n'avait tout bonnement jamais existé. Que tous les deux, ils trainent la même galère derrière eux.
« C'est une très bonne idée, de toute façon je ne manque plus à personne désormais. »
L'ancien Serpentard le regarda, les yeux ronds. Jamais il n'y aurait cru, puis il sentit une pointe de tristesse monter en lui. Harry avait craché la fin de sa phrase avec tant d'amertume…
La mousse du bain fondait petit à petit, dévoilant leur torse respectif. Draco leva ses yeux gris et les planta dans le regard émeraude du brun. Ce qu'il y vit lui serra le cœur. Il pleurait, Harry pleurait silencieusement, les larmes ruisselaient le long de ses joues pour achever leur course dans l'eau du bain.
Draco tendit les bras vers son ancien ennemi. Au contact de leur peau, Harry eut un léger sursaut. Il était plongé dans ses pensées sombres quand il sentit deux bras maigres l'attirer et se refermer sur lui. Sa tête se nicha dans le creux d'un coup pâle et humide. Il ne put réprimer ses sanglots.
Sentant que le brun se laissait aller, le blond passa ses mains dans son dos en douces caresses apaisantes. L'eau se refroidissait petit à petit et lorsqu'à Harry eut pleuré de tout son saoul, ils sortirent du bain.
Draco assit Harry sur un épais tapis duveteux et l'enveloppa d'un énorme drap doux. Il le laissa là le temps de lui-même se sécher et d'aller se changer rapidement. Dans la pièce à côté, il trouva deux paires de vêtements propres. Harry avait un peu plus de carrure que lui mais ça devrait aller. Il s'habilla rapidement et revint dans la salle de bain.
Harry était à l'endroit même où il l'avait laissé. Il devait vraiment être affaibli. Il se mit à genoux face à lui et le sécha délicatement. Il lui tendit les vêtements et se retourna, lui laissant l'intimité pour se vêtir. Aucun d'eux n'avait encore dit un moindre mot depuis.
« Viens avec moi, dans le salon, je vais faire un feu et aller préparer de quoi manger. »
Draco avait vraiment essayé de faire passer de la douceur dans ses paroles. Harry leva les yeux vers lui, eut un faible sourire et le suivit.
L'ancien Serpentard avait sa baguette en main, sentir le flux de magie était la meilleure sensation qu'il avait connue depuis la fin de la guerre. Une fois dans le salon qui était dans un état aussi miteux que le reste de la maison. Il la brandit et en quelques gestes et formules, la pièce fut dans un état impeccable et un feu ronronnait dans la cheminée.
Il installa son invité sur le tapis devant le feu, lui passant une épaisse couverture autour des épaules en promettant de revenir vite. Il avait dans l'idée de préparer des chocolats chauds et de prendre des marshmallow pour les faires fondre sur le feu.
Il se leva s'apprêtant à aller vers la cuisine quand une petite main tremblante saisit le pan de son t-shirt. Un Harry au regard implorant le fixait, essayant de le retenir près de lui.
Alors il s'assied et prend le brun dans ses bras dans un geste d'une infinie tendresse, il le sert contre lui en le berçant doucement. Puis il lui murmure qu'il a besoin de manger pour reprendre des forces, qu'il ne sera pas long. Alors il repose Harry doucement qui le regarde encore un peu anxieux mais apaisé. Il se lève avec dans le cœur quelque chose qu'il n'a plus ressenti depuis des lustres. Il veut vraiment prendre soin d'Harry et au fond de lui, il sait que ça sera réciproque.
