CHAPITRE 1
Honolulu Hawaii 3 :42 AM, home McGarrett
Le silence est maître. Au loin, seul le bruit des vagues venant frapper les rochers, le perturbe.
Steve ne dort pas. Dans la nuit chaude et humide, allongé, torse nu, ne laissant apparaître que ses tatouages, il fixe de son regard de braise le plafond de sa chambre, il pense : « c'est pour elle que je suis revenue, elle en est la raison, je le sais ! ». « C'était elle la fille de mes souvenirs ! Comment ai-je pu.. Comment … Comment lui dire ? ».
Il se tourna vers la gauche pour regarder l'heure, son réveil affichait 3:46. Il alla pour prendre son téléphone quand celui-ci se mis à sonner, c'était Duke !
-« Steve, c'est Duke, il y vient d'avoir un homicide sur Kapiolani boulevard, le H50 doit intervenir»
- « Ok, j'appelle mon équipe, on sera sur place dans 15 minutes » (faut quand même le temps qu'ils se lèvent et viennent hein !)
Steve se leva d'un bond et tout en s'habillant appela Danny :
« Hey ! je viens d'avoir un appel de Duke, on doit se rendre sur kapiolani boulevard, il y a eu un homicide, alors prépare toi, fais ton brushing, j'arrive ! »
« Hmmmm, quelle heure est il ? … je te hais ! rétorqua Danny d'une voix encore endormie.
« Appelle Chin Qu'il nous retrouve là bas. Je préviens Kono. Et dis-lui de passer la prendre !» lui dit Steve avant de raccrocher. (plus fluet comme ça)
Steve raccrocha.
Il regarda un moment son téléphone, on pouvait percevoir le visage d'une femme. Les doigts de Steve tremblaient. Mais pourquoi ? Pourquoi le fait de l'appeler le rendait-il nerveux ? Il se racla la gorge, d'un doigt tremblant appuya. La sonnerie retentit à ses oreilles, son cœur battait fort, cela lui parût une éternité.
- « Hey boss ! », la voix de Kono résonna dans l'oreille de Steve, « Steve, c'est toi ? »
- « Yeaa, euuhh, il y a eu un homicide sur kapiolani boulevard, on se retrouve là bas, j'ai prévenu les autres, Chin vient te chercher »
- « Encore un qui a mordu la poussière ! » s'exclama t-elle. Pourquoi faut-il toujours que se soit la nuit ? Il faut que les criminels sachent que je suis une femme et j'ai besoin de mes nuits réparatrices ! (rires)»
- « Tu sais que tu es magnifique quelque soit l'heure ! »
- « Que dis tu ? j'ai pas entendu, encore le chien du voisin.. »
Steve, réalisa qu'elle n'avait pas entendu, la peur l'envahit et lui dit simplement :
- « On se retrouve là bas »
- « Ok. »
Kono raccrocha.
Steve s'assit sur le canapé, et, pendant un moment, regarda le téléphone qu'il serrait dans sa main. Il ne se reconnaissait plus, lui le Navy Seal, lui à qui on avait appris à maîtriser ses émotions, à être un marine dans toutes les circonstances. Elle avait tout changé, elle avait changé le soldat qu'il était. Mais l'avait il été vraiment ? Il se rappelait de la petite fille de ses souvenirs. C'est grâce à elle qu'il avait pu endurer les entraînements difficiles et éprouvants, dans le froid, sous la pluie, sous la neige, à toute heure du jour et de la nuit. A chaque étape, elle avait été là. S'il avait tenu c'était grâce à elle, pour elle, car il avait ce sentiment qu'elle serait fière de lui. Il la voyait partout, tout son être lui avait tenu compagnie durant ces années : son sourire, ses yeux, son visage, sa… Soudain le téléphone retentit, c'était Danno :
« Hey ! t'es où ? Dis-moi que tu es en chemin ? Dis-moi que tu ne m'as pas réveillé version Marines, et insulté (la coupe de cheveux) alors que j'étais dans un merveilleux rêve mangeant une VRAI pizza avec une… »
« Quoi ? .. c'est ça tes rêves fabuleux ? manger une pizza ? faut qu'on discute toi et moi »
« Ne change pas de sujet, ne me dis pas que pour mettre un tee-shirt et ton satané pantalon cargo il te faut tout ce temps monsieur je prends une douche en 3 minutes ! »
« Quoi ? » Steve semblait halluciner. « Tu sais quoi ? A tout de suite Daniel ». Steve raccrocha, laissant Danny vert de rage.
Steve sortit, monta dans la voiture et alluma la radio, le regard perdu. En bruit de fond, on entendait la musique. Il retourna à ses pensées profondes et mélancoliques, il pensait à elle. Mais comment ne pas y penser? Elle était tellement belle, fougueuse, c'est elle qui aurait dû faire la Navy elle les aurait tous maté ces têtes brûlées. Tout à coup, son visage se figea, il monta le son, oh mon dieu ! Cette chanson, c'est sur cette chanson qu'ils avaient dansé ensemble pour fêter son entrée dans la police « Into the mystic de Van Morrison », la même chanson durant laquelle il avait rencontré cette petite fille à la fête foraine sur Waikiki beach. Cette chanson, jamais il ne pourrait l'oublier. Jamais.
Tandis qu'il roulait, les paroles de Van Morrison défilaient :
«Nous étions nés avant le vent, Aussi jeunes que le soleil, Ere, le beau bateau était gagné, Tandis que nous naviguions dans le mystique, Hark, maintenant écoute les marins pleurer, Sens la mer et ressens le ciel, Laisse ton âme et ton esprit voler dans le mystique, Et quand ce cor de brume soufflera, je rentrerai, Et quand ce cor de brume soufflera, je veux l'entendre, Je n'ai pas à en avoir peur, Je veux faire danser ton âme bohème, De la même façon que dans les vieux jours, Et nous flotterons ensuite superbement dans le mystique, Et quand le sifflement du cor de brume soufflera tu sais, Que je rentrerai, Et quand le sifflement du cor de brume soufflera, je finirai par l'entendre, Je n'ai pas à en avoir peur, Je veux faire danser ton âme bohème, De la même façon que dans les vieux jours, Et ensemble nous flotterons dans le mystique, Allez chérie ».
FLASHBACK
Ils s'étaient retrouvés au restaurant « La Mariana » et tous avaient répondu présents, Chin, Danny, Max, Kamekona et Catherine. Ils étaient tous là pour leur Kono, oui leur Kono, car c'était elle le cœur du H50 et chacun d'eux le savait. Steve se souvenait du moindre détail de cette soirée, comme si c'était hier qu'elle recevait son badge. Ce soir là, elle était somptueuse habillée d'une longue robe noire à fines bretelles en forme de cache cœur, sur le côté droit se dessinant de belles calligraphies japonaises d'une jolie couleur champagne. Elle avait orné ses cheveux lâchés noir ébène, d'une délicate fleur d'Hawaii. On ne voyait qu'elle, elle irradiait de par sa présence, de par son sourire. Elle avait les yeux brillants d'une jeune femme pleine de passion, un regard félin et un sourire à faire pâlir un défunt, à faire damner un saint. La chanson de Morrison commença à jouer et instinctivement Steve se leva et demanda à Kono de danser. Elle le regarda, lui fit un sourire et lui tendit la main qu'il prit avec délicatesse en la conduisant sur la piste. Il la dévisagea, puis, d'un geste tremblant, mis son autre main sur sa hanche fine, leurs yeux ne se quittant pas une minute, ils étaient seuls au monde. D'un geste tendre, Steve étreignit Kono jusqu'à sentir la douceur de sa joue contre la sienne Leurs doigts se croisèrent, ils ne savaient quelle main était à l'autre, et dans un moment d'intense émotion Steve laissa couler une larme sur sa joue. Kono la sentit, et avec sa spontanéité habituelle elle lui glissa à l'oreille, « laisse toi aller, je sais que sous tes airs de Navy Seal tu es tendre, je sais que cela te rappelle des souvenirs ». Kono faisait alors référence à son père, à la mort de sa mère et à sa sœur. Steve lui, savait que ce n'était pas dû à ce qu'elle croyait, mais il ne pouvait lui dire, il n'était pas seul : Catherine. Sa voix était à la fois suave et fluette, en paradoxe avec les évènements traumatisants de sa vie. Pendant ce court instant, il avait oublié Catherine, celle qui partageait sa vie, cela ne pouvait signifier qu'une seule chose, et tout au fond de lui il le savait.
Steve reprit ses esprits, il venait d'arriver chez Danny qui l'attendait avec son regard habituel insatisfait et négatif. Danny monta dans la voiture, il regarda Steve et sans que celui-ci puisse dire un seul mot :
« Toi et moi faut qu'on discute, c'est tout ce que tu trouves à me dire ? Non mais tu plaisantes ! C'est moi qui vais devoir discuter avec toi ! » Danny commença son laïus, Steve le regarda furtivement et démarra la voiture.
Ils arrivèrent sur la scène de crime, ils pouvaient apercevoir au loin une certaine agitation et les lumières des voitures de police. Ils sortirent de la voiture, Danny toujours aussi remonté contre Steve.
« Ok Danny, j'ai dit que j'étais désolé Danny ok, comment je dois t.. »
« Alors les amoureux, vous vous chamaillez encore ? », c'était la voix de Kono.
Elle était là, la silhouette fine, arborant son plus beau sourire. Steve se sentit tout à coup mal à l'aise, prit soudain d'une crise d'angoisse. Il venait de revivre avec elle un moment intense, intime et le seul fait de la voir l'ébranlait, il sentit son corps frémir, était-ce du désir ? Kono fit part à Steve et Danny des premiers éléments de l'enquête : « La victime est une femme, Fong a pu trouver son identité, elle s'appelle Michelle SUGGIT, 23 ans. C'est une européenne, elle est arrivée aux Etats Unis i ans et vit à Hawaii depuis un an. C'est deux femmes qui ont trouvé son corps en arrivant sur le coin habituel. Chin les a interrogé et a pu savoir que Michelle vivait en colocation avec une autre fille depuis quelques mois après avoir rompu avec son petit ami, un dénommé Slim. Elle ne la connaissait que sous le nom de Derby, c'est une fille qui ne dévoilait pas énormément sur sa vie privée. Max est là et il demande à te voir, Boss. »
Steve l'écoutait mais ne pouvait s'empêcher de la dévisager, de peur d'être démasqué il demanda à Danny de rejoindre Chin et de retourner au bureau pendant que lui et Kono rejoindraient Max. Danny fut étonné de cette directive surprenante puisque c'était lui son binôme. Il regarda Steve avec un léger sourire puis s'en alla rejoindre Chin. Ils avaient retrouvé Max qui leur demanda de les suivre à la morgue. Sur ces paroles, Steve venait de réaliser qu'il allait se retrouver seule avec Kono, instants rares et d'autant plus précieux à ses yeux.
Le trajet se fit bercé par le son de la radio. Tout en conduisant Steve la regarda furtivement, et, assailli pour son parfum enivrant, une multitude d'interrogations lui vint : qui était Kono ? que faisait-elle quand elle n'était pas avec eux ? Elle ne se livrait plus comme avant, elle avait changé, elle était à la fois présente et lointaine, enjouée et mélancolique, cette nuit là elle avait perdu une partie de son identité, cette nuit là elle avait perdu cette innocence, cette naïveté. Cette nuit là, il avait était tiraillé entre le lien de l'amour et le lien du sang, et il su que son cœur se briserait à jamais, que cette nuit, sa vie serait bouleversée à jamais. Tous s'étaient consacré à la douleur de Chin, la perte de sa femme fut une épreuve déchirante. Steve compris l'erreur ils avaient tous commis, ils n'avaient pas entendus les cris de douleurs de Kono, ils s'étaient simplement contenté de la savoir en vie. Steve réalisa qu'il devait aborder ce sujet avec elle, pour lui faire comprendre combien elle était précieuse pour le H50, combien elle l'était pour lui. Il prit une grande respiration et au moment au il allait se lancer elle lui prit la parole :
« Tu vas à la soirée de Danny ce soir ? je n'arrive pas à croire qu'il nous aie tous invité ! »
« Tu connais Danny, il doit y avoir anguille sous roche »
« Ce sera l'occasion de mettre une tenue sexy, d'être une vraie femme pour changer ».
En disant ces mots, elle le regardait d'un air langoureux et sombre à la fois, en disant ces mots elle espérait, mais elle savait, elle savait que cela ne changerait rien, eux deux c'était impossible. Steve se racla la gorge, aucun son ne pouvait en sortir, muet, il la regarda simplement mais elle avait détourné la tête et fixait la route. Ils venaient d'arriver devant la morgue. Ce que Max avait à leur dire était d'une grande importance. « Commandant McGarrett, Lieutenant Kalakaua, ce que je voulais vous dire est bien moins important que la découverte que je viens de réaliser. Les premiers éléments laissaient à penser que le coup porté à la tête était la conséquence d'une chute sur une pierre faux ! elle a été assommée mais avant cela empoisonnée. Je me suis aperçu des marques au bout de ces doigts. Mais il y a un autre élément, elle était enceinte. »
Steve et Kono retournèrent au bureau retrouver Danny et Chin afin de mettre en lumière cette affaire. Sur le chemin du retour aucun des deux ne prononça un mot, on pouvait sentir toute la tension qui se dégageait entre eux, plus encore, une fusion imperceptible. Ils s'ignoraient pour mieux cacher leur amour. Ils le dissimulaient par peur de soi, de leurs propres sentiments, par peur de l'autre, par peur peut-être de trop s'aimer. Si seulement ils pouvaient se douter que l'amour véritable franchit toujours un point d'impossibilité, que l'amour n'est pas à proprement parler une possibilité, mais plutôt le franchissement de quelque chose qui pouvait apparaître comme impossible, alors tout leur serait permis.
