Hey !
Je suis de retour avec cette traduction de Hearts and Homes de beautifulwhatsyourhurry. L'adorable Jamie m'a donnée son autorisation pour traduire et pour poster donc me voilà ! Je ne fais pas du tout justice à la fic originale donc si vous avez l'occasion d'aller la lire en Anglais, n'hésitez pas ! Elle n'est disponible que sur Tumblr à ma connaissance donc je vais vous donner le lien pour que vous puissiez la trouver.
Cette histoire me réchauffe le cœur donc j'espère pouvoir vous transmettre ce sentiment avec cette traduction !
Lien pour la fic originale (ajouter . com après tumblr et retirer les espaces) : klaineficspdfs . tumblr/post/34927799357
Chapitre 1
Le vent hivernal souffle avec force et pénètre Kurt Hummel jusqu'aux os dès qu'il met un pied hors de sa voiture et qu'il claque la portière. Il était un peu trop optimiste de croire qu'il pourrait rentrer chez lui avec une jauge d'essence pratiquement vide, comme l'indiquait le voyant annonciateur de coup dur sur son tableau de bord. Il est maintenant bloqué sur le bas-côté d'un pont, la nuit tombée depuis longtemps. Il maudit silencieusement sa propre bêtise et téléphone à son père, le suppliant de venir l'aider. Il jette un coup d'œil par-dessus le pont en expliquant la situation à son père et remarque que la rivière est complètement à sec mais qu'une fine couche de glace perdure sur le sol depuis les dernières chutes de neige.
« Je sais bien que je dois attendre dans la voiture et verrouiller les portes, papa. » soupire Kurt en resserrant plus étroitement son manteau autour de son corps frissonnant, « A tout à l'heure. »
A l'instant même où il raccroche et pivote sur lui-même pour regagner la chaleur relative de sa voiture, le vent se calme le temps d'un battement de cil et Kurt entend quelque chose venant d'en dessous de ses pieds.
Il ne s'attarde pas trop longtemps sur ce bruit au premier abord, pensant qu'il s'agit d'une pierre dévalant une pente ou un autre phénomène naturel. Seulement, le son revient. Un frisson parcourt le dos de Kurt. Il se fige et tend l'oreille.
Ça recommence, un peu plus clairement et fortement cette fois.
Une toux.
Quand Kurt se penche un peu plus par-dessus la rambarde du pont, il repère une faible lueur vacillante sous la vieille structure. L'hypothèse d'un groupe d'adolescents assez stupides et inconscients pour traîner dans la zone par une nuit si froide lui vient immédiatement à l'esprit mais il n'entend aucun rire. Il n'entend pas non plus le tintement du verre contre verre des bouteilles de bière illégalement acquises pour leur jeune âge. Il n'entend rien du tout, hormis les quintes de toux et les reniflements occasionnels, signe de maladie.
Chaque fibre intelligente de son être maudit son inconscience lorsqu'il parcourt toute la longueur du pont jusqu'à atteindre l'extrémité menant à la zone inférieure.
Depuis sa plus tendre enfance, ses parents lui répètent la même chose : ne parle pas aux inconnus, ils pourraient être dangereux.
Malgré tout, il ne peut pas se retenir de descendre péniblement dans le lit sec de la rivière. Des sons de mouvements émergent de sous le pont. Il faut dire que son arrivée est loin d'être discrète et est donc plutôt difficile à ignorer. Kurt n'arrive pas mettre le doigt sur la raison de sa soudaine curiosité à chercher la source de ses toussotements, surtout avec ce froid, mais c'est comme si une force surnaturelle le tirait un peu plus en avant, comme si une corde était enroulée autour de sa taille et l'attirait irrémédiablement.
Il y a un écho, un bref halètement dans le tunnel dès que Kurt apparaît dans l'ouverture.
Il avait imaginé trouver toute sorte de choses mais certainement pas ça.
La triste lueur du feu essoufflé mène à un garçon recroquevillé et minuscule sous une couverture miteuse. Une masse imposante de boucles emmêlées repose sur sa tête et il fixe ouvertement Kurt de ses yeux écarquillés, brillants et, sans aucun doute, terrifiés. Son nez semble rouge et irrité et, malgré la peur, ses reniflements ne cessent pas une seconde. Kurt peut deviner les lignes de ses mains sous la fine couverture.
Il tremble comme une feuille.
« Hmm... Salut. » dit maladroitement Kurt, s'avançant un peu plus dans le tunnel.
Le garçon se tend, ses yeux s'ouvrant encore plus si possible et sa tête se redressant face au mouvement soudain du nouveau venu. Kurt a presque l'impression d'avoir à faire à un animal maltraité alors il arrête de bouger un instant avant de s'incliner lentement.
« Je-Je ne vais pas te faire de mal. » dit Kurt, se sentant obligé de justifier sa présence, « Je t'ai seulement entendu tousser. Je ne- Je suis désolé, je ne voulais pas te faire peur. »
Le garçon remonte la couverture sur son nez, vérifiant avec minutie que Kurt n'a rien sous la main pour le blesser. Après avoir observé rapidement l'endroit, Kurt remarque deux sacs abîmés, prêts à tomber en lambeaux. Il y a une boîte de conserve vide renversée près du feu dont il ne peut pas voir l'étiquette et un Thermos usé aux pieds du garçon.
« Tu peux me dire ton âge ? » demande Kurt, « Ou- Ou peut-être ce que tu fais dehors ? »
Le garçon continue de le fixer et ne bouge pas d'un cil.
« Est-ce que tu es malade ? » tente à nouveau Kurt.
Aucune réponse. Kurt lâche un soupir de frustration et se redresse. Il fait demi-tour pour retourner à sa voiture, espérant pouvoir mettre la main sur une couverture supplémentaire dans son coffre. C'est le moins qu'il puisse faire. Kurt n'est pas insensible ou cruel, il n'a simplement rien de plus à offrir à un inconnu en guise de sa sympathie. Avec un peu de chance, il va trouver une bouteille d'eau ou quelque chose comme ça.
Il est à deux doigts de rejoindre le pont quand un son éraillé et faible – qui ressemble presque à une voix – l'oblige à s'arrêter net. Il pivote sur ses pieds pour regarder le garçon qui serre désormais sa couverture contre sa gorge au lieu de son visage.
« Pardon ? » s'enquiert Kurt, faisant un pas lent et prudent vers lui, « Tu as dit quelque chose ? »
Le garçon se racle la gorge, ce qui déclenche une autre quinte de toux. La force de celle-ci fait grimacer Kurt.
« Oui. » dit finalement le garçon avec fébrilité et douceur.
« Oui. » répète Kurt, confus, « Oh ! Oui, tu es malade ? »
Le garçon acquiesce après une courte hésitation.
« Ok. » répond catégoriquement Kurt, « Je vais revenir. Je vais juste retourner à ma voiture, d'accord ? Je crois que j'ai des médicaments contre le rhume quelque part. Je reviens. »
Kurt remonte sur le pont, sentant l'inconnu le regarder tant qu'il peut, et ouvre le coffre de son SUV. Il repère immédiatement une couverture chaude et épaisse et la sort. Il prend aussi son sac de vêtements de rechange – son père insiste toujours pour qu'il en ait dès que l'hiver pointe le bout de son nez, au cas où il reste coincé une nuit à cause d'une tempête – ainsi qu'un kit de premier secours. Kurt remercie intérieurement la prévoyance de son père en retirant deux doses de médicaments contre le rhume de la petite boîte. Il referme le coffre et contourne la voiture pour tâtonner le repose-gobelet à l'avant jusqu'à ce qu'il saisisse le gobelet presque plein de chocolat chaud qu'il a acheté avant de partir. Kurt se débrouille pour redescendre la pente avec ses médicaments dans la poche et la couverture coincée sous le bras sans renverser le chocolat chaud.
Kurt s'approche du garçon lentement, ne voulant pas susciter la même réaction que plus tôt chez l'inconnu.
« Je t'avais dit que je reviendrais. » dit Kurt avec un petit sourire, « Ça te dérange si... »
Il indique le campement de fortune du garçon. Il hoche prudemment la tête. Le sourire de Kurt s'élargit et il s'avance jusqu'à presque pouvoir toucher l'autre garçon.
« Je n'ai pas de nourriture mais j'ai ça. » dit-il en lui offrant son chocolat, « J'ai- J'ai seulement pris quelques gorgées mais il est encore chaud donc... »
Le garçon tend une main tremblante et visiblement frigorifiée pour attraper le gobelet. Il lève ses yeux ambrés vers Kurt et entrouvre les lèvres avec surprise.
« Et je t'ai emmené ça. Elle a l'air plus chaude que celle que tu as. Tu peux la garder si tu veux. »
Sans attendre une réponse, Kurt déplie et enroule l'épaisse couverture autour des épaules du garçon. Il sursaute en réponse et Kurt lui jette un regard soucieux. Au lieu de faire un commentaire qui pourrait le mettre mal à l'aise, il fouille dans sa poche et en sort les médicaments.
« C'est tout ce que j'ai. » informe Kurt, laissant tomber les gélules dans la paume du garçon, « Il faut que tu en prennes un maintenant et le deuxième demain matin. »
Le garçon baisse la tête et resserre la couverture autour de lui. Il tremble moins maintenant, même s'il semble tout de même gelé jusqu'aux os. Kurt observe une dernière fois ce qu'il suppose être la maison de l'inconnu – du moins pour la nuit – et piétine maladroitement. Il sent qu'il devrait faire plus mais il n'a rien d'autre à lui donner.
Kurt baisse les yeux vers ses mains et les fixe, confortablement englobées par la chaleur de ses gants.
C'est de la folie, pense-t-il. Il ne connaît pas ce garçon. Il ne sait même pas pourquoi il est là, assis sous un pont. Et s'il était un junkie qui traîne les rues pour trouver sa prochaine dose ? Et si un de ses sacs était rempli de doigts ou de souvenirs de toutes les personnes qu'il a tuées ? Et si tout ceci n'était que du cinéma, qu'il n'était pas vraiment aussi miséreux et qu'il comptait seulement sur l'argent des personnes assez généreuses pour vivre au lieu d'aller travailler comme n'importe qui ?
Mais, au même instant où il jette un regard à la tête pleine de boucles, le garçon relève ses yeux emplis d'une sincère gratitude vers ceux de Kurt. Rien d'autre que de la gratitude.
« Merci. » chuchote-t-il, la voix toujours éraillée. Il renifle et ses yeux s'emplissent de larmes. « Merci beaucoup. »
Une pique aiguisée perce douloureusement le cœur de Kurt. Il se sent soudainement comme le pire des salauds. Ça n'a aucune importance. Ça n'a aucune importance si ce pauvre garçon est accroc à une quelconque drogue. Kurt ne lui a donné aucun argent qui lui permettrait d'en acheter.
Il n'y a pas d'odeur de corps en décomposition et le garçon ne ressemble en rien à un meurtrier. Et, si toute cette histoire n'est que de la comédie, ça n'a aucun sens. S'il se jouait de la bonté des gens, il serait dans les rues la journée à quémander de l'argent, non pas recroquevillé sous un pont, les yeux humides et les toux si violentes qu'il pourrait cracher un poumon, et complètement isolé du reste de la population.
Ça n'a pas d'importance parce que ce garçon, cet inconnu aux yeux chaleureux et doux comme une tasse de thé, reste un être humain. Il est encore une personne et il est là, dehors, sous ce pont avec rien alors que Kurt possède une douzaine de manteaux et tout un tas de gants à la maison.
« Prends ça. » dit Kurt, sans laisser place au refus, retirant ses gants et déboutonnant son manteau, « Et ça. »
« Mais tu- »
« J'ai d'autres manteaux. » déclare Kurt.
Il s'incline alors que le garçon pose son chocolat sur le sol et Kurt pose les gants dans ses mains.
« Et j'ai d'autres gants. Pas toi. »
« Mais ils- »
« Je t'en prie. » supplie Kurt, « Je ne peux pas... Je n'ai rien d'autre à te donner. Je ne te connais pas et je ne sais pas pourquoi tu es dehors alors qu'il fait à peine zéro degré mais je... j'attends mon père et je vais rentrer chez moi, dans mon lit chaud ce soir. Je vais me rendre malade d'inquiétude si je te sais ici en sachant que je n'ai pas fait mon maximum. Alors, s'il te plaît, prends-les. »
Le garçon inspire, le souffle tremblant et nerveux, mais accepte finalement les gants et le manteau de Kurt sans un mot.
« Je dois y aller maintenant. » lui annonce Kurt, « Mon père va bientôt arriver et il va me tuer si je ne suis pas dans ma voiture. Mais, juste... Fais attention à toi, d'accord ? Et reste au chaud. »
Se blottissant sous la chaleur de sa nouvelle couverture et serrant les gants et le manteau contre lui, le garçon acquiesce une fois de plus et baisse la tête. Kurt sort du tunnel et enroule ses bras autour de son torse pour se protéger du froid. La réelle température de la nuit le frappe avec une telle force que ses dents se mettent immédiatement à claquer. Il jette un dernier regard vers le garçon qui glisse ses doigts dans les gants, un faible sourire étendant ses lèvres gercées.
Il a alors la certitude d'avoir fait la bonne chose.
« Comment tu t'appelles ? » demande-t-il à la dernière minute.
Le garçon relève la tête à toute vitesse, surpris de voir que Kurt se tient toujours ici.
« Blaine. » répond-il doucement.
« Je suis Kurt. »
« Merci, Kurt. »
Avec un maladroit signe de tête et de main, Kurt remonte finalement sur le pont et se faufile dans sa voiture, tentant de réchauffer ses doigts gelés en soufflant dessus. Quand son père arrive et demande pourquoi il ne porte pas de blouson, Kurt ment avec aisance et dit qu'il l'a laissé chez un ami sans faire exprès.
Dans la chaleur de son lit, un oreiller serré contre lui, la neige recommençant à tomber à l'extérieur, il ne se soucie absolument pas d'avoir abandonné un manteau de plus de deux cents dollars. Parce que Blaine est là dehors, sous un pont, un petit peu plus protégé du froid que la nuit précédente.
