Chapitre 1

Dehors, la pluie tombait à verse. Il était impossible de sortir sans son parapluie. Je me pressais sur le trottoir. Je devais éviter les gens qui couraient pour se mettre à l'abri. Je ne supportais pas ce temps. En temps normal, j'adorais Seattle. Je trouvais cette ville incroyable mais je ne tenais pas le même discours lorsqu'il faisait aussi moche. Je rentrais enfin dans l'immeuble en soupirant soulagée. Je jetais un œil à ma montre constatant qu'il était déjà l'heure. Je montais dans l'ascenseur et appuyais sur le bouton du quatrième étage. Je ne cessais de regarder l'heure. J'étais extrêmement stressée. J'étais partagée entre l'excitation et la peur. Je devais encore patienter tout la journée. Cela me sembla loin. Lorsque je m'assis finalement à mon bureau, je pu enfin réfléchir. Penser à ce que je m'apprêtais à faire. Je n'avais jamais prise une décision aussi difficile. Après tout, j'avais tout à perdre. Ma vie s'en trouverait chamboulée et ce, dans tous les cas. Mon téléphone vibra sur mon bureau. Je jetai à un coup d'œil au message envoyé par Alice.

« Tu es toujours sûr de toi ? »

Je soupirais. Elle avait du mal à croire que j'allais me lancer. C'était si difficile à croire ? Je retirais mes lunettes et me frottais les yeux. Si même Alice ne pouvait pas me croire, qu'est-ce qui me disait que lui aussi me croirait ? Je me sentais encore plus nerveuse et désespérée aussi.

« Sûr et certaine. »

Je fourrais le portable dans mon sac à main et retournais vers mes corrections. J'avais beaucoup de difficulté à rester concentrer. Tout cela me hantait depuis deux jours. Je lui avais envoyé un message. Il m'avait appelé et une heure plus tard nous avions rendez-vous dans un restaurant du centre. J'avais la nausée en y repensant. Qu'est-ce qui m'avait pris ? Je ne pouvais pas lui dire. S'il savait ce serait la catastrophe. Mais ça, je préférais ne plus y penser. Ça valait mieux pour ma santé mentale. Plus tard, la journée toucha à sa fin. Je pouvais rentrer chez moi. Enfin. J'étais fatiguée à l'idée de ce qui m'attendait. Je me trouvais devant ma penderie. Impossible de me décider. La robe noire, la rouge ou bien la bleu nuit ? J'aurais pu demander à Alice mais elle me stressait. Je finis par choisir la bleu. J'optais pour la discrétion. Je l'enfilais enfermé dans un silence qui avait envahi mon esprit. Je me forçais à ne plus réfléchir. Après un dernier regard dans le miroir pour vérifier mon maquillage, je sortis. Le taxi était déjà garer devant l'entrée de l'immeuble. Le trajet me parut trop rapide, je ne réalisais pas encore que le moment que j'attendais depuis au moins cinq ans était sur le point d'arriver. Cela me noua l'estomac. Je regardais partir le taxi. Je n'aurais pas dû venir. J'aurai du lui dire que j'étais malade et esquiver ce dîner. Une fois dans le restaurant, la réceptionniste me conduisit à la table. Il était déjà là. Toujours pareil à lui-même. Beau, ténébreux, attirant. Il m'adressa un immense sourire quand il me vit. Je ne savais pas comment agir alors je fis comme d'habitude. Il me sera contre lui et j'inspirais son odeur, le nez plongé dans son épaule. Il m'invita à m'assoir en me tirant la chaise. Sa mère l'avait bien élevé. Il n'arrêtait pas de sourire ce qui accrut encore plus sa beauté. Impossible d'être plus magnifique que lui. Je l'écoutais parler de tout et de rien, comme toujours. Le serveur se présenta bientôt pour prendre notre commande. Tout au long du repas, je ne parvenais à déterminer le bon moment. Lui dire était devenu pressant. Pourtant, les mots restaient coincés au plus profond de moi. Finalement, le moment vint.

-Alors, dis-je en souriant.

-Alors.

Il me rendit mon sourire.

-Je dois t'annoncer quelque chose…

Une lueur s'alluma dans son regard. L'excitation.

-Moi aussi, à vrai dire.

J'étais surprise. Si bien que j'omis un instant ce que je voulais lui dire.

-Ah oui ?

Il plongea son regard dans son whisky. Il semblait réfléchir. Une ride se creusa entre ses yeux. J'avais toujours trouvé cela craquant.

-Je vais me marier.

Mon cœur rata un battement. Je devais halluciner. Venait-il de dire qu'il allait se marier ? Je ne comprenais rien.

-Pardon ?

-Je vais me marier, Izzie. J'ai demandé la main de Tanya, le week-end passé.

Il affichait un sourire énorme.

-Mais je pensais que tu l'avais plaqué le mois passé…

-C'est le cas. Seulement, il y a deux semaines, nous nous sommes retrouvés par hasard dans un bar. Je me suis rendue compte que c'était un signe. Le destin nous avait fait nous retrouver…

J'éprouvais des difficultés à respirer. Je ne pigeais plus rien de rien. Il avait demandé en mariage son ex ?

-Et tu l'as demandé en mariage ?

-Je sais que c'est prématuré…

-En effet, c'est le mot, murmurais-je en fixant mon verre de vin.

-Mais je l'aime, Iz. Je sais que c'est l'univers qui l'a voulu.

Il était en plein délire, ce n'était pas possible. L'univers n'était pas aussi pourri que ça. Il n'aurait jamais voulu qu'une fille comme Tanya soit à jamais l'épouse d'un garçon comme lui. Je soufflais pour me redonner contenance parce que je sentais que ma colère augmentait. Mais je sentais que je n'étais pas encore au bout de mes surprises. Autant se concentrer. Il commença à bavasser sur comment il l'avait retrouvé, comment il avait senti que cette fois c'était la bonne, comment il se sentait depuis.

-Mais, je voulais surtout te voir pour te poser une question très importante.

Oh la, j'ai peur de ce qu'il allait me demander. Son regard ne me plaisait pas.

-Veux-tu être mon garçon d'honneur ?

J'eu un sourire. C'était une blague, pas vrai ? En réalité, il y avait des caméras caché et bientôt, il allait se mettre à rire en me disant qu'il m'avait bien eu, n'est-ce pas ? Mais ce moment ne vint pas.

-Je crois qu'il me manque un truc important pour prendre cette place…

Il rigola.

-Je sais bien mais c'est toi ma meilleure amie.

-Pourquoi tu ne demandes pas à ton frère plutôt ?

Il sembla se vexer. Je ne voulais pas le blesser mais je ne me sentais pas de devenir le témoin de son mariage quand je m'apprêtais à lui dire que j'étais amoureuse de lui. Il avala son verre d'une traite et me regarda avec ses yeux tristes et Dieu sait que je ne pouvais pas résister à ça. Il me faisait déjà ce coup-là quand nous avions douze ans. Putain, il allait me tuer.

-D'accord, dis-je à contre cœur. Je serais ton témoin. Mais hors de question que je porte une cravate.

Un sourire immense traversa son visage. Il était heureux. Après tout, s'il était heureux alors je l'étais aussi. Même si au fond, ce n'était pas normal. Mais bon, je jouais à ce jeu depuis si longtemps que ce ne pouvait pas me tuer d'y jouer encore un peu. Juste pour une fois. Parce que c'était sûr que après rien ne serait plus pareil. Quand j'y repensais plus tard dans mon lit, j'étais une putain de maso pour avoir dit oui. Comment avais-je pu accepter ? J'étais folle à lier. Comme j'étais inconsolable, j'envoyais un SOS à Alice qui ne mit que 10 minutes pour débarquer chez moi avec de la glace et du chocolat. Si elle n'avait pas été là, je ne sais pas ce que j'aurais fait mais en tout cas rien de bien jolie.

Dire que la bombe ne me plongea pas dans une drôle de torpeur était similaire à un gros mensonge. Je crois qu'après toute ces années, je ne pense pas qu'il ne m'ait jamais autant désappointé. Dire que j'étais venu dans le seul but de lui faire ma déclaration… Je me sentais pathétique. J'étais tendue sur ma chaise depuis le moment où je m'étais assise à l'ombre de la terrasse alors que madame Cullen déposait des plats sur la table en chaîne qui lui avait coûté un bras, à n'en pas douter. Elle m'adressa un sourire comme à son habitude. J'avais toujours pensé qu'elle était la mère que je n'avais jamais eue. Elle semblait avoir autant d'affection pour moi que j'en avais pour elle. J'étais heureuse de la voir même dans ces circonstances. Après divers aller et venu depuis la cuisine, elle finit par prendre place près de son mari qui conversait depuis un moment avec Edward. Tanya se contentait de sourire comme une folle et répondre des « Oui, monsieur Cullen » mielleux à en donner la nausée. Étais-je jalouse ? Certainement. Avais-je de la sympathie pour la blonde peroxydée ? Pas le moins du monde. Alors pourquoi étais-je là ? Je n'en savais foutrement rien. Même la présence de Rosalie, la sœur d'Edward ou de Alice, sa cousine, ne m'aidait pas à accepter la situation. En plus, je crois que je n'étais pas loin de la crise de nerf. Derek, mon assistant était cloué au lit depuis une semaine et j'avais tellement de retard dans mes corrections, que je ne savais plus où j'en étais. Je voulais juste m'enfouir loin de tout ce bazar et prier pour que le cauchemar cesse. Mais non, je restais figé sur ma chaise, cramponnée à mon verre de vin comme une naufragé. Je crois que je tombais bien bas. Le repas se poursuivit sans que je ne lâche plus de deux mots. Ça se résumait à un merci quand Emmet, le mari de Rosalie me passa le plat de salade et une vague approbation quand on me demanda mon opinion. Non, j'étais loin de leur babillage enchanté sur les préparatifs du mariage. J'étais tellement enfermé dans mes pensées que je mis une bonne minute à remarquer que tout le monde me fixait attendant sans doute que je réponde.

-Pardon ?

Madame Cullen hocha lentement la tête avec ce sourire de compréhension qu'elle arborait quand Rosalie ou Edward faisait une connerie.

-On te demandait si tu avais déjà pensé à la soirée d'enterrement de vie de garçon…, répéta Emmet en passant un bras autour des épaules de Rosalie.

Je le fixais comme s'il venait de demander si demain, il allait neiger. Du coin de l'œil, je vis Alice gigoter sur sa chaise et me lancer un regard qui m'indiquait qu'il valait mieux répondre si je ne voulais pas rendre la situation plus étrange qu'elle ne l'était déjà.

-Euh… non pas vraiment…

Emmet inclina la tête avec un demi sourire. Il savait qu'il venait de me foutre dans la merde et il en éprouva une grande satisfaction. Emmet était le genre de type qui pensait qu'on devait pousser le gens quand il n'y arrivait pas seul. J'en venais à me demander s'il ne savait pas que j'étais amoureuse du futur marié. J'esquissais un sourire aussi faux que le bronzage de la future mariée et me pencha vers la bouteille de vin pour remplir mon verre trop vide à cet instant. Il allait me falloir beaucoup plus d'alcool pour survivre à cette après-midi dans le jardin de mon meilleur ami. Quand, on arriva au dessert, je me portais volontaire pour aider madame Cullen à débarrasser les assiettes. Dans la cuisine lumineuse, je déposais la pile que je tenais sur le comptoir. Puis, je posais les mains à plat pour respirer profondément. L'alcool semblait faire son chemin et je me sentais un peu trop tremblante.

-Tu te sens bien, Bella ?

Je sursautais et tournais la tête vers madame Cullen qui avait l'air inquiète. Je tentais de sourire mais non, c'était impossible de mentir à elle. Pas à cette mère que j'avais toujours idéalisé. Pourtant, je ne pouvais pas me décider à lui avouer que j'étais amoureuse à son fiancé de fils. C'était devenu inconcevable, pire encore que quand j'étais encore une gamine à fleur de peau.

-Juste un peu…

Mais non, ça ne sortait pas. Alors, je me suis adossée au comptoir et j'ai frotté mon visage.

-Je crois que j'ai un peu trop forcé sur le vin. Je suis désolée…

Elle resta silencieuse en m'observant. Son regard était comme toujours inquisiteur et presque insurmontable. J'aurai aimé me plaindre et me confier à elle mais je savais que ça serait la catastrophe.

-Tu devrais peut-être monter te reposer. Tu n'as vraiment pas l'air dans ton assiette.

Elle passa un bras autour de moi. C'était réconfortant et je me rendais compte à quel point ça m'avait manqué. Ça me redonna un peu de force pour survivre à ce séjour.

-Non, ça ira. Ne vous inquiétez pas…

Madame Cullen était très intelligente et lui mentir ressemblait de près à un affront. Je regardais cette force de la nature qui avait abandonné l'idée de me convaincre. Elle me connaissait presque autant que moi-même. Depuis le temps où Edward et moi étions devenu ami. On retourna finalement dans le jardin qui était désormais éclairé par des guirlandes dans la torpeur de la nuit naissante. Quand je repris place près d'Emmet, celui-ci parlait fort avec Edward au sujet d'un match de baseball. Comme à leur habitude, ça fini en semi dispute que Rosalie et madame Cullen dure calmer à coup de regard noir. A cet instant, elle se ressemblaient comme deux gouttes d'eau. Rosalie avait hérité du visage de sa mère mais elle avait en plus, cette espèce d'espièglerie constamment affiché sur son beau visage. Je me contentais d'observer les manières d'Edward vis-à-vis de sa fiancée. J'avais la désagréable impression que tout était une supercherie. Une grosse blague.

Je devais rester là trois jours en tout. Il me restait encore une journée auquel une fête était organisée chez les parents d'Edward pour fêter le couple. Alice avait décidé de se taper l'incruste parce qu'elle savait que je n'étais plus loin d'abandonner pour de bon. Elle me soutenait et pour cela, je lui en étais éternellement reconnaissante. Pendant la nuit, je passais de longues heures à penser à mes années d'amitié comme s'il s'agissait d'un fardeau. J'avais rencontré Edward au collège. On était vite devenu inséparable et au fil des années, on ne fit que se rapprocher davantage sans jamais dépasser la limite que je rêvais de briser. Forcément, j'avais céder et j'étais tombé amoureuse de cet idiot. Il m'avait fallu beaucoup de temps et de réflexion pour enfin piger l'impensable. Mais quand j'ai su, j'ai décidé de ne rien faire. Par crainte de le perdre lui. Du coup, j'ai pris la place de spectatrice. Observant coup sur coup chacune de ses relations sans rien dire. Me contentant de le consoler à coup de mot tendre et d'étreinte trop sincère pour être raisonnable pour mon cœur à moi. Mais, Edward n'avait jamais eu le moindre comportement déplacé qui aurait pu me montrer qu'il avait une attirance pour moi. Alors, j'ai tenté de passer à autre chose mais je savais que tant que je n'aurai pas été honnête avec lui, je ne pourrais pas le remplacer par un homme à la hauteur. C'était pour cela que j'étais décidé à lui avouer mes sentiments. Alice qui avait tout suivit avait voulu s'en mêlé mais j'avais toujours refusé par pur égo. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser au désastre que ça aurait été si j'avais tout avouer au restaurant avant qu'il ne m'annoncer la grande nouvelle. Ça aurait tout foutu en l'air. Même si à ce moment-là, c'était moi qui était foutu en l'air.

Le lendemain, je passais la matinée dans le jardin à travailler sur les manuscrits qui s'empilais sur la chaise. Les autres étaient partis en ville pour faire des courses de dernières minutes pour la fête et il ne restait plus que monsieur Cullen qui montait un chapiteau avec Emmet au bout du jardin. J'étais distraite par le coup de marteau. Je crois que je n'avais définitivement pas la tête à tout ça mais, je savais que j'avais trop de boulot pour ne me reposer cinq minutes. J'étais fatiguée par ma nuit blanche. J'avais été la première debout et tout le monde me trouva déjà devant mon ordinateur. J'avais investi le comptoir pour finir par migrer dans le jardin quand j'entendis mon couple préféré se manifesté vers dix heures. Je n'étais pas d'humeur à assumer leur joie. Trop dure pour moi. J'avais déjà trop à faire dans cette histoire. J'en étais suffisamment dégoûté. Finalement, je fini par aller les aider. Il fallait bien que j'oublie deux seconde les corrections. Quand j'entendis les voitures dans l'allée, je repris mon ordinateur et ma pile pour planquer dans la chambre que j'occupais. Qu'est-ce que je me sentais seule. C'était horrible. Je ne pouvais pas continuer ainsi. J'allais me rendre malade. On toqua à ma porte et sans détaché mon regard de mes notes, je grognais un oui à peine audible. Je sentis son parfum aussitôt. C'était animal et chimique à la fois. La première fois qu'il l'avait mis, j'avais su que ça me hanterait toute ma vie. Nous avions à peine seize ans et je commençais seulement à entrevoir mes sentiments anormaux pour cet être qui partageait tout avec moi. J'ai mis tout les peines du monde pour me tourner vers lui. Il était assis sur mon lit et me regardait curieusement.

-Tu as réussi à emporter du boulot en vacances. Tu es grave, Izzie.

Izzie… C'était la seule personne au monde m'appeler comme cela. Je lui ai souris autant que je pouvais.

-Je suis désolé mais avec Derek qui est malade, je suis un peu dans la merde. Mais promis, ce soir, je serai tout à toi.

Je lui offris mon plus beau -faux- sourire. Il sembla le considérer avec suspicion mais il dut se résigner. Ça fonctionnait toujours ainsi entre nous. Il fallait que quelqu'un cède.

-Je voulais savoir comment tu allais… Hier, tu semblais loin…

« Si tu savais… » Mais je ne pouvais me résoudre à lui répondre ça.

-Juste la fatigue… Trop de boulot…

Il hocha la tête.

-S'il y avait quelque chose qui te tracassait tu me le dirais ? N'est-ce pas ?

Non, bien sûr que non, je ne pourrais pas.

-Bien sûr que oui, je te le dirais. Mais, ne t'inquiètes pas. Tu dois penser à ton mariage plutôt que d'avoir de fausses préoccupations au sujet de moi.

Il considéra ma réplique un instant et finit par se lever. Il était trop simple de le convaincre. Devais-je m'en attrister ou bien, être soulagé de pouvoir couper court au malaise. Il sortit doucement de la chambre. Je replongeais avec joie dans mon boulot. C'était plus simple. Plus tard, je dû abandonné mes mails pour aller me doucher dans la petite salle de bain de la chambre. C'était sans doute l'avantage de cette grande maison. C'était les salles de bains rattachés aux cinq chambres. Une fois maquillés, j'observais la robe que je venais de sortir de la penderie. Ce n'était peut-être pas une bonne idée d'aller ce soir dans le jardin et me présenter comme le témoin. Une très mauvaise idée même. J'ai enfilé la robe noir saillante avec un décolleté en forme de cœur. J'adorais cette robe. Un cadeau que je m'étais faite la semaine dernière en refoulant mon désespoir une nouvelle fois. Un cadeau assez cher mais j'en avais les moyens alors pour une fois, j'arrêtais de penser en radine et étouffais ma tristesse dans autre chose que du chocolat. Ça au moins, ça ne me donnait pas la nausée. J'ai entendu la sonnette se mettre à tintillé pendant près d'une demi-heure jusqu'à ce qu'Alice me dise qu'il était temps de se joindre à la foule. Je suis sortie dans le couloir où elle m'attendait, vêtu d'une petite robe en satin rouge ouvert dans le dos qui lui allait à n'en pas douter. Elle paraissait satisfaite d'elle en se dandinant.

-T'en penses quoi ? Tu crois que je pourrais dénicher l'homme de ma vie dans cette robe ?

-L'homme de ta vie ? Répétais-je avec dénégation. Certainement pas, c'est ton âme sœur que tu auras dans tes filets. A coup sûr.

Elle sourit malicieusement comme le faisait parfois son frère, Jared que je n'avais pas vu depuis une éternité. Ils étaient jumeaux et proches. Mais depuis qu'il était en tournée avec son groupe, on ne le voyait plus trop. Le succès fulgurant y était sans doute pour quelque. Je m'entendais avec lui aussi bien que je m'entendais avec sa sœur. Ils étaient pareils. Et ce n'était pas un mal. D'ailleurs quand on descendit dans le corridor, on pouvait reconnaitre « So good to me » de son groupe, Malinchak's project. Le nom était mystérieux pour le monde entier mais pour les proche, nous savions que c'était l'hommage des membres à Robyn Malinchak, leur ancienne chanteuse. Sa disparition avait sonné tous ceux qui la connaissait. Moi la première. Elle avait été comme une sœur. Et je crois que j'avais eu trop de mal à me relever. C'était moi qui avait découvert son appartement entièrement dévasté. Sa porte grande ouverte sur les vestiges. Aucunes traces, juste des suppositions qui volait au-dessous de nous depuis plus de cinq ans. Robyn avait été très proche de moi et Alice. Nous étions toutes les trois dans la même galère au lycée. Toujours occupé d'éviter les autres. On n'avait jamais réussi à s'intégrer. Mais Alice était suffisamment pétillante pour nous donner du baume au cœur. Edward était de ceux qui étaient potes avec tout le monde. Une espèce d'ovni dans la foule qui ne voyait que le bien. C'était Edward après tout. Je ne voyais que très peu de gens qui le détestait. Alice attrapa ma main en devinant le fil de mes pensées. Alice ne voulait pas évoquer Robyn. Elle était triste autant que moi. Je lui adressai un sourire encourageant et on partit ensemble dans le jardin illuminé où le chapiteau était dressé au fond. Certains groupes étaient encore dehors en pleine discussion. A l'intérieur, on trouva les parents d'Alice qui parlaient avec Emmet. Alice se joignit à eux tandis que je portais un regard sur l'assemblé. Il y avait beaucoup de monde. La famille Cullen au complet, de nombreux amis et connaissance. Je compris qu'il s'agissait d'un pré-mariage, une sorte de test sur le jour J. J'ai alors remarqué Edward qui m'observait. J'ai fait un signe qui manquait d'en train. Encore plus quand je vis Tanya me lancer ce même regard qu'elle avait depuis qu'elle m'avait rencontré l'année dernière. J'étais clairement une menace pour elle. Elle avait cherché à m'évincer de la vie d'Edward sans jamais y parvenir parce que je faisais partie de la famille depuis si longtemps qu'elle ne pouvait pas réussir cet exploit. J'inspirais et fini par me diriger vers un serveur. Deux coupes de champagne plus tard ainsi qu'une discussion inutile avec Jane et Lauren Denalie, les sœurs écervelées de Tanya, je me trouvais planqué dans le jardin, assise sur le petit banc de pierre. Ces celles-là m'avaient eu à coup de gloussements et de remarques intempestives sur le manque de goût de Sophie, la tante d'Edward qui avait cru judicieux d'empiler deux châles sur sa jupe à brillant. Même si elle n'était pas vraiment au top de la mode, elle ne méritait pas d'être critiqué par ces idiotes. Je crois que je n'étais pas faite pour assister à ce genre réception.

-Ah, désolé, je vois que la cachette est déjà prise.

Je tournais la tête surprise et je mis plusieurs secondes pour reconnaitre l'arrivant debout près du buisson. Mes yeux s'ouvrir grand.

-Il n'y crois pas… Jared !

Il sourit et s'approcha pour m'étreindre. J'étais trop heureuse.

-Qu'est-ce que tu fais là ? Je pensais que tu étais au Japon.

Il sourit amuser.

-Surprise ! Dit-il en se décalant. J'avais envie de rentrer un peu pour vois ma famille. Et puis, je pense que les fiançailles de mon cousin était l'occasion de m'échapper.

-Je suis contente de voir.

-Moi aussi.

On se tut pour se détaillé. Il avait toujours ses cheveux foncés un peu longs et ondulés. Une vraie attitude de rock star. Surtout avec ce sourire de Conquerors.

-Navré de te dire ça, Bella, mais tu as une sale tronche.

Je fis la moue.

-Tout le monde semble d'accord sur ce point, marmonnais-je.

-Ne te vexes pas, dit-il précipitamment. C'est parce que cet idiot d'Eddie projet d'épouser la fausse blonde ? C'est quoi son nom, déjà ? Penny ? Fanny…

-Tanya.

Je n'avais pas besoin de faire l'imbécile et de prétendre ne pas être atteinte par le mariage. Jared était un peu comme madame Cullen. Il était perspicace et tenace, bien malgré moi. Mais avec Alice pour sœur, il était forcément au courant. Il soupira en sortant un paquet de cigarette de sa poche.

-J'y crois pas, Bella. Tu ne lui as toujours pas dit ce qu'il se passe dans cette petite tête -il posa sa main sur mon crane- depuis toujours ?

-Non, et pourtant, j'allais lui dire figure toi.

Il haussa un sourcil intéressé.

-Le soir où il m'a annoncé qu'il l'avait demandé en mariage, pour tout te dire. Mais, disons, que ce genre d'annonce refroidit un peu les ardeurs, tu ne penses pas ?

-Je suppose, en effet. N'empêche que jouer les témoins, c'est malsain.

-Je n'ai jamais été saine d'esprit pour tout te dire.

On rigola pendant qu'il écrasa sa cigarette contre un nain de jardin partiellement estropié depuis la partie de football improviser l'été de nos quatorze ans quand avec Alice, Jared et Edward, nous avions pris les nains pour des poteaux. Madame Cullen n'avait pas apprécié notre improvisation. Ça nous avait coûté des heures de jardinage.

-Tu veux danser ?

Avant que j'aie pu répondre, nous étions entrés dans le chapiteaux brouillant. Il zigzagua parmi les couples en me tenant par la main puis, s'arrêta au milieu où il se mit à se dandiner. Je l'observais en souriant moqueuse.

-Allez Isabella, bouges ! Bouges !

J'éclatais de rire tandis qu'il prit mes mains pour me faire danser lentement sur une de ses chansons « Heart Out ». Sa bougeait pas mal. Je me laissais aller et on se retrouva à sautillé comme deux gosses bousculant des couples trop calmes pour les deux tornades qu'on était alors. Alice nous rejoignit sans trop de difficulté. J'avais l'impression que nous revenions en arrière quand tout était simple. Je me sentais si loin de mes problèmes et de mes préoccupations constantes.

Une heure plus tard j'étais assise sur une chaise les pieds en compote. Je regardais Alice danser avec son frère. Ils avaient tant à rattraper. Alice disait tout à Jared et je ne pouvais pas la blâmer. Il y avait beaucoup plus de monde sur la piste depuis qu'on avait commencé à remuer comme des fous. Je sirotais mon énième verre quand l'ambiance se modifia et je reconnu « Say you love me » de Jessie Ware emplir la salle d'une atmosphère plus tremblante. Bien sûr, je ne pouvais m'empêchais de penser. Tout à coup, une main attrapa la mienne et je me retrouvais collée à Jared. Il sourit doucement.

-Dois-je précisé qu'Edward est con de manquer cette occasion ?

J'eu un rire avant que je ne pose ma tête contre son épaule. Je vis alors Edward en train de danser avec Tanya. Evidemment. Qu'est-ce que je croyais ?

-Il n'a pas l'air de s'en appesantir pour autant.

Il ne répondit pas, se contentant de bouger lentement posant son menton sur mon crâne.

-Tu sais, les relations amoureuses, c'est contraignant et ça prend toute ton énergie. En fait, ça te bouffe si tu ne prends pas garde.

Je baissais les yeux sur le parquet illuminé par des spot colorés. Je savais que Robyn n'était pas loin de ses pensées. Des miennes non plus. On resta en silence dansant sans trop faire attention. Moi, je me perdais dans ce mal qui ne me quittait plus.