Titre : Le silence de l'ange
Rating : M. Lemon à venir donc les prudes et les homophobes c'est la petite croix en haut à droite. Attention, violence présente donc si vous êtes impressionnables, ne lisez peut-être pas
Disclaimer : Tout est à JKR, rien à moi sauf l'histoire bien sûr et un certain jeune homme aux yeux violets que vous allez bientôt découvrir.
Résumé : Nous sommes pendant la septième année d'Harry, en mars. Les Horcruxes détruits, Voldemort attaque Poudlard. Pendant la bataille Harry croit à ses chances mais soudain il entend un hurlement derrière lui. Par automatisme, il jette un coup d'œil par-dessus son épaule. Puis c'est le trou noir jusqu'à son réveil.
Précisions : Sirius a réussi à sortir du voile, Dumbledore n'est pas mort. Au début de sa 7e année Draco a rejoint l'Ordre du Phénix.
Pairing : Principalement Draco/OCC avec un léger Harry/Severus en fond. Ah et un Remus/Sirius aussi.
Chapitre 1 : mais qu'est-ce que c'est que ce bordel ?
Harry ouvrit les yeux, couché sur le dos, la tête douloureuse. Sa première pensée fut qu'il était devenu aveugle puisqu'il ne voyait rien autour de lui. Aucun son ne lui parvenait non plus. « Je dois être mort … » pensa-t-il avant d'apercevoir un mince trait de lumière venir de sa gauche. Il se redressa lentement sur ses coudes, grimaçant de douleur et fit rapidement le bilan de sa situation. Il était étendu par terre dans un endroit sombre, vraisemblablement blessé, sans baguette à première vue et sans trop savoir où il était. Grognant il se laissa retomber sur le sol, laissant échapper un gémissement quand un éclair de douleur lui traversa la nuque. Il commençait à sentir l'inconscience le gagner quand les souvenirs lui revinrent. La bataille contre Voldemort qui avait attaqué le château, le duel, les efforts pour ne pas se laisser dépasser quand il avait soudain entendu le hurlement d'effroi de Ginny quand Arthur Weasley s'était écroulé, inconscient. Il s'était retourné par automatisme et après ça le trou noir.
« Tout compte fait je dois être mort, ça m'étonnerait qu'il m'ait épargné » marmonna-t-il.
Il en était à ces sombres pensées quand il sentit une main fraîche se poser sur son front. Sursautant il poussa un cri très peu masculin et recula précipitamment, balayant l'obscurité du regard. Soudain une douce lumière surgit près de lui. Il put alors voir un jeune homme qui le regardait d'un air craintif, la lumière s'échappant de sa main.
« Qui es-tu ? »
L'inconnu porta sa deuxième main à sa bouche et fit une croix sur sa bouche.
« Mais qui es-tu ? Qu'est-ce que tu veux ? »
Il secoua la tête d'un air agacé et refit le même geste sur sa bouche puis sur sa gorge. Soupirant Harry porta la main à l'arrière de son crâne, se demandant si la bosse qu'il avait à la tête n'était pas plus sérieuse qu'elle n'en avait l'air pour lui donner des hallucinations. En face de lui le jeune homme s'assit en tailleur, la lumière s'échappant toujours de sa main gauche et parut se concentrer. Doucement l'esprit d'Harry reçut une pensée qui n'était pas la sienne
'Je ne te veux pas de mal, je voulais juste regarder tes blessures pour essayer de te soigner'
« Mais qui es-tu à la fin ? » souffla-t-il.
'Personne. Je n'ai pas de nom'
« C'est possible ça ? Et pourquoi tu ne parles pas comme tout le monde ? Comment je peux être sûr que tu n'es pas une hallucination ? » marmonna le blessé.
'Quand personne ne prend la peine de te donner un prénom tu n'en as pas et puis c'est tout. Ou alors personne ne me l'a appris. Je ne peux pas parler, c'est comme ça je n'ai jamais su, je ne sais pas pourquoi. Et tu en connais beaucoup des apparitions muettes aux mains froides, toi ?'
Sans attende sa réponse l'inconnu matérialisa un chandelier entre eux et l'alluma ce qui lui permit de l'observer plus amplement. Il avait de long cheveux noirs aux reflets bleutés, lisses, qui lui tombait jusqu'à la naissance des fesses, une peau diaphane et des yeux violets très lumineux qui ressortaient beaucoup sur son visage. Il portait ce qui ressemblait fort à des haillons, qui paraissaient d'ailleurs tenir autour de son corps par miracle et marchait pieds nus. La lumière lui permit également de découvrir plus amplement la pièce où il se trouvait. Le sol ainsi que les murs étaient en pierre, un coin de la pièce accueillait un lit d'aspect relativement propre et un autre une table et une chaise. Il y avait une porte imposante pas loin de lui, fermée et une deuxième à côté du lit, plus simple.
« Mais où suis-je par Merlin ? »
'Chez Voldemort et accessoirement dans ma chambre'
« Mais pourquoi m'a-t-il foutu dans la même chambre qu'un Mangemort ? Il compte sur toi pour veiller à ce que je ne m'échappe pas peut-être ? » lâcha Harry, ironique, en jugeant du gabarit de son geôlier.
Le jeune homme se retourna vers lui d'un air furieux, le rejoint à grands pas et le cloua au sol d'un sort.
'Je ne suis pas un Mangemort ! Je n'ai jamais fait de mal à personne et je ne compte pas commencer aujourd'hui ! Les Mangemorts, eux, ils sortent à l'extérieur. Moi je ne suis jamais sorti de cette pièce ! Tu m'entends ? Jamais !'
Harry grimaça en se rendant compte qu'il avait réussi à mettre en boule la seule personne qui pouvait le renseigner. Il ne savait pas trop pourquoi il l'avait attaqué. Il ne semblait pas faire partie des fidèles de Voldemort, sinon il ne serait pas logé dans une pièce aussi sinistre et vêtu comme un sans-abri. Sans lui adresser un regard le jeune homme se retourna et sortit par la porte située près du lit. Il en ressortit avec des linges et une bassine d'eau froide et revint près de lui où il commença à laver ses blessures d'une main légère.
« Excuse-moi » lâcha Harry
Sans un mot le jeune brun lui retira son T-shirt pour laver son torse. Il passa ensuite sa main au-dessus de chaque blessure pour les guérir. Ebahi Harry vit ses plaies se refermer les unes après les autres sous la main du jeune homme auréolée d'une lueur violette. Dès qu'il les eut passé toutes en revue il le fit léviter jusqu'au lit et le couvrit.
« Mais qui es-tu enfin ? Et comment fais-tu tout ça ? Depuis quand es-tu ici ? Parle-moi s'il te plaît … Je suis vraiment désolé de t'avoir vexé »
L'inconnu soupira et revint s'asseoir sur le bord du lit.
'Je suis ici depuis toujours. J'ai toujours fait de la magie de manière intuitive. C'est pas vraiment comme si je pouvais ou savais faire autre chose. Quand à mon identité c'est un problème épineux qui n'est pas totalement résolu à ce jour. Je sais juste qu'une seule personne, à part toi maintenant, connait mon existence et c'est Voldemort lui-même. Sinon je vais peut-être pas te faire ma biographie vu qu'il va certainement arriver d'une minute à l'autre'
« Mais moi qu'est-ce que je fais là ? »
'Toi tu es là parce que c'est la pièce la plus sécurisée du manoir et qu'il y a peu de chances que tu arrives à désactiver tous les sorts qui nous maintiennent ici. Sinon sache que j'essaierai de ne pas écouter quand il s'occupera de toi. Si tu peux ne pas écouter trop non plus quand ce sera mon tour s'il te plaît j'aimerais autant'
« Ecouter ? Et comment je peux écouter quelqu'un qui ne parle pas ? »
Il lui lança un regard indéchiffrable avant de répondre 'tu comprendras par toi-même quand il s'occupera de moi'
L'inconnu le borda jusqu'au menton, lui lança un sourire et partit s'asseoir devant la table, l'air songeur. Harry en profita pour l'observer à la dérobée. Il avait des articulations fines et un visage aux traits également très fins ainsi qu'une petite taille, ce qui lui donnait une silhouette androgyne et maintenant qu'il le voyait réellement il pouvait constater qu'il n'avait que la peau sur les os et l'air perpétuellement sur ses gardes, signe des maltraitances qu'il avait pu subir. Il possédait des yeux magnifiques mais semblait peiner à regarder quelqu'un dans les yeux. Il regrettait maintenant amèrement d'avoir seulement pu imaginer qu'il travaillait pour le Mage noir, tous les signes extérieurs prouvant qu'il n'avait pas la belle vie ici. Et même si la suspicion pouvait être considéré comme normale au vu des circonstances il ne pouvait s'empêcher d'avoir envie de lui faire confiance. Il donnait envie de le prendre dans ses bras et de le protéger de toutes les misères du monde, chose assez ironique vu que c'était lui qui avait pris soin de lui jusqu'à présent.
Il allait engager la conversation quand une nouvelle pensée assaillit son esprit.
'Tais-toi et ferme ton esprit il arrive. Je sens sa magie. Et bon courage'
En effet quelques secondes plus tard la lourde porte d'entrée livra passage à Voldemort lui-même, plus serpentesque que jamais et visiblement de très mauvaise humeur. Harry se sentit soudain terriblement vulnérable, exposé ainsi dans ce lit et se demanda comment le jeune homme d'apparence aussi fragile pouvait rester serein. Le Mage noir se dirigea d'abord vers le jeune homme qui s'agenouilla aussitôt à ses pieds, fixant le sol du regard, d'une manière tellement machinale que l'on devinait l'habitude de ce rituel. Il passa la main dans ses cheveux en ricanant.
« Bon petit. Si tu es sage je serai peut-être indulgent » lâcha-t-il avant de se retourner vers le jeune prisonnier. Ses yeux se rétrécirent jusqu'à n'être plus que deux fentes sombres tandis que ce qui devait lui servir de sourire tordait son visage.
« Enfin à ma merci. Le grand Harry Potter battu par inattention c'est risible. A quoi t'as servi l'amour cette fois-ci à part à perdre définitivement ? Je ne vais pas te tuer tout de suite, mais crois-moi tu vas vouloir mourir. Je vais attendre que tu me supplies pour t'accorder le droit de rendre ton dernier soupir. Quelle ironie … » siffla-t-il en se rapprochant dangereusement du jeune homme.
« Jamais ! Jamais je ne vous supplierai ! » lança Harry dans un ultime sursaut de bravoure. Le Lord noir le recoucha dans le lit d'un mouvement de baguette qu'il accompagna d'un Doloris d'avertissement. Harry cru que sa tête allait exploser, un éclair de douleur le parcourut et il laissa échapper un hurlement de douleur qui résonna en une longue plainte contre les murs de pierre. Quand Voldemort daigna faire cesser le sort il comprit que sans sa baguette et pas complètement remis de la dernière bataille il était aussi impuissant qu'un nouveau-né face au Seigneur des Ténèbres.
« Tss tss. Tu n'as pas compris les règles. Ici je m'appelle Maître, personne ne me regarde dans les yeux et le vouvoiement et le respect sont de mise. On recommence du début. Dis : bonjour Maître. » susurra Voldemort, visiblement très amusé par la situation.
« Non ! » cria Harry décidé à se battre jusqu'au bout pour conserver le peu de dignité qu'il lui restait. « Vous n'êtes pas mon maître ! Je n'ai pas de maître ! »
Le Doloris qui lui répondit fut encore plus intense que le premier et le laissa dans un état relativement lamentable. Le petit jeu de Voldemort continua un temps qui lui parut interminable. Il était épuisé et sortait d'un Crucio particulièrement douloureux quand une douce lumière violette vint l'envelopper. Surpris, il sentit peu à peu ses blessures se refermer, sa fatigue s'estomper et la douleur refluer. Le Mage noir se retourna vers l'inconnu dont émanait la magie, recroquevillé à l'autre bout de la pièce, l'air terrorisé, oubliant momentanément le survivant. Il le rejoint à grands pas et un Doloris particulièrement puissant vint le frapper, inhibant la magie régénératrice qu'il émettait. Il s'effondra sur le sol, le dos arqué à l'extrême sous la douleur. Harry comprit très vite ce qu'il avait voulu dire quand il avait parlé de l'entendre. En effet, sous l'effet prolongé de la douleur il perdait totalement le contrôle de sa magie ce qui faisait que sa douleur rejaillissait autour de lui dans une longue plainte. Ils faisaient penser à un très jeune enfant que l'on torturerait à mort, un son très pur mais qui glace le sang. Au bout d'un temps interminable Voldemort leva le sortilège et il retomba comme une poupée de chiffon. Le Mage Noir l'attrapa par la gorge, le souleva et le plaqua contre le mur comme s'il ne pesait rien. Lentement il approcha sa tête de son oreille et lui murmura quelque chose qu'Harry ne put entendre. Il vit l'inconnu hocher faiblement la tête et Voldemort le relâcha enfin, lui octroyant un dernier Crucio avant de partir.
Harry attendit quelques minutes avant d'oser parler.
« Ça va ? Tu m'entends ? »
N'obtenant aucune réponse il se traîna hors de son lit et rampa comme il put vers le jeune homme. Celui-ci comatait en position fœtale et semblait ne pas être en état de parler ni de faire la moindre magie. Dumbledore lui avait appris à faire un début de magie sans baguette. Il n'était pas du tout au point mais il maîtrisait quelques sorts simples comme l'Accio et pouvait toujours essayer de transporter le jeune homme jusqu'au lit. De plus près il pouvait voir un mince filet de sang couler de sa bouche et en déduit qu'il avait dû se mordre la langue sous le coup de la douleur. Il se concentra et essaya de tisser sa magie. Au bout d'une dizaine d'échecs et d'un temps qui lui parut interminable il parvint à le déplacer sur deux mètres vers le lit. Il rampa comme il put à ses côtés. La traversée de la pièce, pourtant relativement petite, lui prit un temps qui lui sembla interminable et une quantité d'énergie considérable. Une fois parvenu à son but il utilisa ses dernières forces pour se hisser près de lui et s'endormit quasi instantanément.
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Pendant que le sauveur du monde sorcier dormait dans une chambre sécurisée le directeur de Poudlard faisait les cents pas dans un couloir de Sainte Mangouste tandis que la famille Weasley au grand complet se rongeait les ongles en attendant les résultats. Enfin un médecin arriva, l'air soucieux.
« C'était un sort de magie noire très puissant mais vous l'avez amené à temps. Nous ne connaissons pas ce sort donc nous l'avons soigné comme nous le pouvions, la suite sera uniquement de son ressort. J'espère qu'il s'en remettra mais je ne peux vraiment rien vous promettre. Quoi qu'il se passe ça prendra du temps et il peut en garder des séquelles. Mais il est stable et nous avons bon espoir. Pour l'instant il dort mais vous pouvez aller le voir. »
Molly et ses enfants remercièrent le médicomage et se précipitèrent vers la chambre du blessé. Dumbledore remercia également le médecin avant de s'asseoir lourdement sur une chaise. Il sentit une présence venir à côté de lui. Sans même se tourner il savait qui c'était et l'éternel bavard rassurant qu'il était se sentait soudain désarmé face à la détresse de cette personne, tout simplement parce qu'il ne pouvait rien lui dire qui soit à la fois honnête et rassurant. Soupirant il se tourna vers Sirius qui semblait avoir pris 10 ans dans la journée.
« Sirius je … »
« Je sais Albus je sais, on fait tout ce qu'on peut pour le retrouver et on n'est pas sûr qu'il l'ait tué »
« Et dire que la journée avait si bien commencé … On avait l'avantage jusqu'au sort de cette chienne de Bellatrix » pensa-t-il. Il revoyait la scène en boucle depuis la disparition de son filleul. Le sort de Bellatrix qui frappait Arthur, le cri de Ginny, Harry qui se retournait, comme au ralenti, et Voldemort qui le saisissait avant de disparaître. Il n'avait rien pu faire et avait vu son filleul s'évaporer, une expression de pure horreur sur le visage.
« Pourquoi le garderait-il en vie ? Pourquoi l'emmener au lieu de tenter de l'achever devant tout le monde ? Pourquoi ? »
« Albus vous avez conscience qu'il va falloir que Severus nous emmène pour faire une attaque directe chez le Lord Noir »
« Sirius je vous comprends mais il faut nous organiser un minimum sous peine de subir un bain de sang et de perdre définitivement cette guerre » tenta de l'apaiser Dumbledore, impuissant.
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Harry se réveilla, nauséeux et épuisé. En ouvrant les yeux il rencontra le regard violet de l'inconnu, étendu à ses côtés et qui le regardait avec le même air réprobateur qu'avait Hermione quand il contournait le règlement.
« Kess ki ya ? » marmonna-t-il, encore brumeux.
'Pourquoi m'as-tu ramené jusqu'au lit ?' reçut-il en réponse.
« Pour que tu ne restes pas par terre quelle question ! »
'C'est stupide de gaspiller ainsi ton énergie. Garde-la pour des actions plus utiles'
« Tu trouves que c'est du gâchis de ne pas te laisser étendu sur le sol ? » demanda Harry incrédule, s'attendant à un peu plus de reconnaissance.
'Bien sûr. Tu ne dois pas gâcher ton énergie pour des tâches inutiles mais pour être en état quand il vient nous voir.' Harry se fit la réflexion que l'inconnu semblait vraiment le considérer comme débile.
« Mais c'est pas si grave. Quand je mangerai un morceau ça ira mieux »
Le jeune homme fronça les sourcils comme s'il ne comprenait rien à ce qu'il racontait. Il resta un moment sans communiquer puis lui envoya.
'Manger ? Seulement dans 5 jours environ.'
Cette fois-ci Harry se demanda s'il n'était pas tombé dans une autre dimension. « Comment ça dans cinq jours ? On a pas à manger pendant près d'une semaine ? Qu'est-ce que tu me racontes ? »
'Bah oui la nourriture vient à chaque fois après sept nuits. Pourquoi, c'est pas comme ça à l'extérieur ?'
« Non pas exactement. Dans le monde normal on mange trois fois entre nuit. Et les enfants mangent quatre fois.'
L'inconnu écarquilla les yeux. 'Trois fois entre deux nuits ? Vous n'êtes pas malades ? C'est bizarre'
« Non ce qui est bizarre c'est de penser qu'on ne mange qu'une fois par semaine. Et par curiosité c'est quoi un repas pour toi ? »
Le jeune homme écarta les mains d'environ dix centimètres et lui dit. 'Du pain comme ça ! Et une pomme »
'Quoi c'est tout ? Pas de viande, de poisson, de légumes, d'autres fruits, de produits laitiers, de chocolat ?'
L'inconnu pencha la tête sur son épaule, l'air naïf. 'C'est quoi tout ça ?'
Harry rejeta la tête en arrière. Ce garçon ne connaissait réellement rien du monde extérieur. C'était assez incroyable de penser qu'il avait pu vivre en reclus pendant tout ce temps et ignorer réellement tout de ce qui n'était pas sa cellule. Il fut sorti de sa rêverie en le voyant se pencher précautionneusement pour attraper quelque chose entre le montant du lit et le mur. Il en ressortit un quignon de pain rassis, légèrement poussiéreux et souffla dessus pour le nettoyer avant de lui tendre.
'Tiens. Tu as faim. Mange ça te feras du bien'
« Je peux pas manger ça » refusa Harry en avisant l'air déprimant du pain en question.
'Cinq jours Harry' lui rappela-t-il.
Celui-ci prit une grande inspiration et accepta de porter le pain à ses lèvres. C'était infect, dur comme de la pierre mais au moins il avait quelque chose dans le ventre.
'J'en garde toujours une partie au cas où j'aurais mal au ventre dans la semaine. Mais il ne faut pas le dire. C'est pas normal de manger pendant les sept jours. Je ne suis pas normal et les gens anormaux sont punis'
« Mais non tu n'es pas anormal. Dis-moi comment connais-tu mon nom ? »
'J'ai entendu ce nom durant toute mon enfance. Je te dois un certain nombre de défoulements impromptus d'ailleurs'
« Je suis désolé »
'Tu ne pouvais pas savoir. Tu ne connaissais même pas mon existence. Personne ne connait mon existence'
Ayant fini de manger Harry se tourna son compagnon de cellule. Il était allongé sur le ventre, ses cheveux cascadant dans son dos.
« Ça me rappelle quelqu'un tes cheveux. Noirs comme ça c'est rare. C'est très joli »
'Ah bon et qui ?'
« Oh tu dois pas le connaître. Il vit à Poudlard et s'appelle Severus Snape »
'Severus ? J'ai déjà entendu ce nom. Voldemort l'a prononcé devant moi plusieurs fois. C'est l'un de ses favoris. Dis-moi, je peux te poser une question ?'
« C'est pas ce que t'es déjà en train de faire ? »
'C'est comment le monde extérieur ? J'ai toujours rêvé de savoir comment c'était dehors. Voldemort n'en parle qu'à propos des missions et de toi. Il n'y a que ça ?'
« Oh il y a beaucoup de chose à l'extérieur. Mais ce serait difficile de tout t'expliquer si je ne sais pas ce que tu connais déjà. Explique-moi d'abord et je complèterai après. Ça te va ? »
Le jeune homme se lova un peu plus dans le lit et commença son récit.
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Pendant ce temps dans le bureau de Dumbledore, l'agitation était à son comble. Sirius et Severus était en train de se crêper le chignon à propos de la date de l'attaque, le maître des potions préconisant la plus grande prudence avant l'attaque pour éviter un bain de sang tandis que Sirius voulait y aller le plus vite possible pour tenter de retrouver son filleul. Remus criait aussi fort qu'eux en essayant de les calmer et Draco tentait de faire entendre raison à son parrain qu'il n'avait jamais vu aussi tendu de sa vie. Hermione pleurait silencieusement dans un coin. Les Weasley participaient également au débat en parlant à qui mieux-mieux, le tout formant un immense brouhaha que Dumbledore, assis derrière son bureau, tentait d'ignorer pour se concentrer sur la décision qu'il devait prendre. Perdant son calme il se leva brusquement.
« SILENCE ! » tonna-t-il. Le bruit s'estompa petit à petit. Tout le monde s'assit et riva ses yeux sur le directeur, dans l'attente d'une réponse.
« Très bien. J'ai bien entendu vos avis. Severus je comprends votre appréhension mais il va falloir agir plus vite que la prudence ne nous le recommanderait d'ordinaire. Nous n'avons plus le temps. Sirius je comprends votre douleur mais rien ne prouve qu'il soit mort et il se battra pour rester en vie. Il ne voudrait pas que vous vous sacrifiez inutilement. Nous attaquerons donc dans une semaine. Il va falloir se remettre en marche. J'ai conscience que vous êtes tous touchés mais quand nous partirons nous devrons partir avec un moral d'acier et en forme. Vous allez donc suivre à la lettre les recommandations de Ms Pomfresh, et cela vaut pour tout le monde » précisa-t-il avec un regard pour Sirius et Severus qui grimaçaient d'avance. « Et vous allez vous reposer. Je n'ai rien d'autre à vous dire si ce n'est que l'espoir n'est jamais perdu. Ne perdez pas votre espoir mes enfants, c'est votre plus grand trésor »
Une fois que tout le monde eut évacué la pièce le vieil homme se laissa tomber dans son fauteuil. Malgré ses paroles encourageantes il savait que Voldemort n'avait aucune raison pour le garder en vie plus longtemps.
« Une semaine Harry. Reste vivant encore une semaine » murmura-t-il en caressant Fumseck.
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Ayant momentanément mis de côté son projet d'évasion Harry essayait patiemment d'expliquer au jeune homme le fonctionnement d'une voiture, manquant de s'arracher les cheveux devant son incompréhension.
'Mais pourquoi prendre une voiture quand on peut voler ?'
« Je t'ai dit que les Moldus ne volaient pas sur des balais. Ils n'ont pas de pouvoir magique »
'Et pourquoi on ne leur donne pas des balais qui fonctionneraient avec eux ?'
Harry soupira. Cela devait faire deux heures que cette conversation avait commencé et il avait pu se rendre compte que le jeune homme avait une vision extrêmement restreinte du monde extérieur. Il avait tenté de passer rapidement sur le monde Moldu pour s'attaquer au monde magique mais l'inconnu buttait sur presque tous les mots Moldus et donc il en était encore à lui expliquer le fonctionnement d'objets Moldus.
« Mais parce que les Moldus ne connaissent pas l'existence de la magie. Sauf les Moldus parents de sorciers bien sûr »
'Les sorciers nés de parents Moldus ne devraient jamais être considérés comme de véritables sorciers'
« Mais qu'est-ce que tu racontes ? Pourquoi tu dis des horreurs pareilles ? » s'énerva le Survivant, déçu que le jeune homme puisse penser de telles choses.
'Parce que c'est vrai. C'était dans mes leçons' lui répondit-il. Le jeune homme semblait ne pas comprendre réellement sa colère et le regardait d'un air perdu.
Harry s'efforça de garder son calme, premièrement parce que, même s'il l'engueulait, le jeune homme risquait de ne rien comprendre et deuxièmement parce qu'il voulait savoir de quelles leçons il pouvait bien parler. Il prit une grande inspiration.
« Et c'était quoi tes leçons ? »
'Quand j'étais petit Tinky me donnait une phrase après nuit à retenir et je devais les apprendre par cœur et lui redire le lendemain. Celle-là elle est importante on me l'a fait beaucoup répéter. Ces dernières années Voldemort vient quasiment tous les jours. Des fois il me les demande et des fois non. Et si j'en oublie une je suis puni parce que je ne suis pas normal. Ce sont des règles à savoir par cœur'
« Oh bon sang ! Il y en a beaucoup des comme ça ? »
'Pas mal'
« Vas-y cite moi en quelques-unes par exemple »
'Voldemort est mon maître je dois lui obéir. Les Moldus ne méritent pas de vivre. Les Sang-de-Bourbe, les Cracmols, les Sang-mêlés et les traîtres à leur sang ne peuvent pas être considérés comme des sorciers et doivent disparaître pour laisser la magie aux seuls Sang-Purs. Je suis un Sang-mêlé et je n'ai pas d'autre raison de vivre que celle de servir de réceptacle à mon Maître lorsque j'en serai digne. Un bon sorcier doit savoir éliminer les nuisibles. Les Moldus souillent le sang des sorciers et salissent la magie. Je ne sortirai à l'extérieur que lorsque j'en serai capable. Un sorcier qui ne sait pas se battre est un sorcier inutile. Le Maître est tout-puissant et a tout pouvoir sur moi …'
« Assez, assez j'ai compris. Et tu y crois à tout ça ? »
'Evidemment. Ce sont les leçons donc c'est la vérité'
Harry se prit la tête dans les mains. Il était dans le même lit qu'une créature très très spéciale. Il était à la fois très innocent, l'avait soigné mais était également capable de citer mécaniquement des phrases dignes du Seigneur des Ténèbres lui-même. Mais son innocence lui laissait l'espoir de parvenir à en faire quelqu'un de bien. Malgré lui il y croyait. Il ne pouvait s'empêcher d'avoir envie de lui faire confiance sans trop savoir pourquoi.
« Va falloir que je refasse toute ton éducation » souffla-t-il d'un air désespéré.
Alors qu'est-ce que vous en pensez ? Donnez-moi votre avis, ce serait gentil =)
