Auteur : Ruth Dedallime
Titre : La Rose d'Argent
Disclaimer : L'univers Harry Potter et ses personnages appartiennent à J.K. Rowling.
Spoilers : Tome V
Rating : T

Remarque : J'ai préféré conserver les noms propres anglais : Snape pour Rogue, Slytherin pour Serpentard, Hufflepuff pour Poufsouffle, Ravenclaw pour Serdaigle, Gryffindor pour Griffondor, Riddle pour Jedusor, Longbottom pour Londubat, Crouch pour Croupton, Moody pour Maugrey, NEWT pour ASPIC, OWL pour BUSE…


Je publie aujourd'hui cette fic pour vous remercier des 100 reviews sur La Ligue. J'espère qu'elle vous plaira.
Je l'ai écrite pour Violette, alias Camille, ma béta-reader adorée, à l'occasion de son anniversaire, le 15 avril 2005. C'est un vrai bonheur pour moi que de collaborer avec elle pour nos fics respectives. Et je la remercie d'avoir accepté que je publie cette histoire qui lui appartient désormais et qui ne serait pas sans elle.


La Rose d'Argent

Severus n'arrivait pas à se réchauffer et pourtant, il avait l'habitude de ses cachots froids et humides. Mais cela ne l'arrêterait pas, pas même la sensation de froidure intense aux extrémités de ses doigts. Il continuait à remuer imperturbablement une mixture d'une épaisseur désagréable.
« J'y passerai ma vie entière s'il le faut, mais je jure que j'y arriverai… » murmura-t-il d'une voix lasse.
Il laissa reposer la préparation et massa ses bras engourdis par l'effort. Puis, il rangea lentement les ingrédients dans les armoires, négligeant l'usage de la magie ; sa maniaquerie prenait souvent le pas sur la rapidité. Ce qui pour d'autres restait une corvée, était pour lui un plaisir, un moyen de s'abstraire. Cette tâche terminée, il passa dans ses appartements où brûlait un bon feu. Le professeur de Potions se laissa tomber lourdement dans un fauteuil, les yeux sur les flammes. « J'y arriverai… » Sa voix n'était plus qu'un grondement sourd.

Une heure sonna à son horloge à eau. Snape appréciait certaines inventions moldues… Surtout quand elles pouvaient être améliorées magiquement. Il aimait l'imperturbable régularité et les mécanismes complexes des pendules et des montres. Mais ce soir-là, mêmes les gouttelettes d'eau qui remontaient lentement, défiant toutes les lois de la pesanteur, ne purent lui arracher un sourire. Trop de souvenirs pesaient sur cette horloge… qui ne lui appartenait même pas ! Sa propriétaire était…

Severus secoua la tête, saisit sa baguette et lança un vigoureux "accio". Un petit cadre, posé sur un meuble, vola jusqu'à lui et atterrit doucement dans sa main libre. Il contempla longuement la photo. « Je te sortirai de là… Je te le promets ! »

La jeune femme qui souriait dans son cadre était une jolie brune, au visage rond et aux yeux noisette. Elle n'était pas d'une beauté exceptionnelle, mais son regard brûlait du feu ardent de la détermination. On y lisait à la fois volonté de fer et perspicacité calculatrice. Son sourire se plissait en une petite moue ; parfois espiègle, parfois sournoise, comme si elle partageait un secret ignoré avec l'objectif de l'appareil photo. Oui, elle était plus impressionnante que belle, plus surprenante que radieuse, plus rouée que vraiment enjouée… Slytherin jusqu'au bout des ongles !

Snape effleura la photo de ses doigts raidis, que même les hautes flammes jaunes crépitant dans la cheminée ne parvenaient pas à réchauffer. La jeune fille lui lança alors une œillade provocante.
« Comment, toi, la plus parfaite d'entre nous, as-tu pu te laisser prendre ainsi ? Pourquoi as-tu relâché ta garde ? Il est vrai que la victoire semblait acquise, mais… »
Empli de frustration et de colère, il crispa ses doigts noueux sur le cadre d'argent ciselé de roses et d'aubépines.

Severus ferma lentement les yeux, s'efforçant au calme. Combien d'années s'étaient écoulées ? Quatorze ? … Non, quinze ! Quinze ans de recherches secrètes et acharnées à l'insu de tous - sauf peut-être de Dumbledore. Il se conjura un thé et approcha une table basse d'un coup de baguette. Puis il prit dans la poche de sa robe un minuscule objet carré qu'il contempla une seconde. D'un "Finite Incantatem", il lui rendit sa forme d'origine : c'était un album de cuir brun, tout simple. La couverture portait une inscription : "A Severus, pour que son petit hobby trouve enfin un écrin… A. Rosier"

« Qui aurait cru que, parmi tous, ce serait un stupide Gryffindor qui gagnerait ton cœur ? »

Ses doigts s'attardèrent sur le cuir, retraçant l'inscription ; puis il ouvrit délicatement l'album. Celui-ci regorgeait de photos de la même jeune fille, seule ou entourée d'amis. Snape le parcourut lentement, s'arrêtant sur certains clichés. Une blonde diaphane se tenait aux cotés de la brune devant le lac de Hogwarts. Les deux jeunes filles discutaient avec animation, inconscientes de l'appareil qui venait de les photographier. Severus y avait inscrit ce sous-titre : "Narcissa et Alice, le lendemain de la rentrée. Cinquième année, septembre 73"
« Alice Rosier et Narcissa Black… "La Rose d'Argent" et "L'Etoile Blanche" des Slytherin… » murmura-t-il.

Alice Rosier était préfète cette année-là. Elle avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour protéger Severus, qui n'était alors qu'en troisième année et avait déjà bien des soucis avec l'insupportable groupe des Maraudeurs. Narcissa Black, future épouse de Lucius Malfoy, était sa meilleure amie. Elles étaient inséparables depuis leur première année, et ce, malgré leur différence profonde de tempérament. Narcissa était une jeune fille introvertie et calme, qui prenait un malin plaisir à troubler les professeurs par son indifférence et son mépris hautain ; alors qu'Alice avait la compétition chevillée au corps et aimait par dessus tout contourner et détourner les règles par toutes sortes de combines vicieuses. Les années et la fréquentation d'Alice aidant, Narcissa avait laissé filtrer un soupçon d'humanité ; Alice, quant à elle, s'était quelque peu calmée. Mais leurs caractères restaient solidement trempés.

Snape revint quelques pages en arrière. Une photo montrait Narcissa à coté d'une autre brune, beaucoup plus grande et massive. Ses traits étaient une caricature de ceux de la jeune Black. "Bellatrix et Narcissa, à la veille des vacances de printemps. Cinquième et troisième année, mars 72".
Bellatrix et Narcissa ne s'entendaient guère pour deux sœurs, hormis dans leur aversion pour leur aînée Andromeda, qui avait été répartie à Ravenclaw. Le mouton noir de la famille continuait à salir le prestigieux nom des Black en s'affichant un peu partout au bras de Ted Tonks, un Sang-de-Bourbe de Hufflepuff. Quel déshonneur pour la famille la plus pure de Grande-Bretagne ! Severus entendait encore la voix de Rabastan Lestrange reprochant à Narcissa le comportement de sa sœur : "Quelle honte de voir une jeune fille de nos familles frayer impunément avec un sang vicié. Ton Gryffindor de cousin a au moins la décence de ne s'entourer que de Sangs-Purs, lui !" Narcissa supportait l'humiliation en pinçant dédaigneusement ses lèvres pales, alors qu'Alice répliquait de sa voix la plus mielleuse : "Il est vrai que les Lestrange, qui ont toujours été les laquais des Black, ne pourraient jamais se permettre de telles fréquentations !"

Un troisième cliché montrait Alice et une de ses condisciples, Nancy Goyle dans la salle commune des "vert et argent". Les deux jeunes filles se querellaient, mais vu la déconfiture de Nancy, nul doute qu'Alice était sortie vainqueur de l'affrontement. Elle était très forte à ce petit jeu-là. Elle savait frapper, avec une incroyable acuité, là où le bât blessait, qu'il s'agisse des résultats scolaires, des épanchements sentimentaux pour des membres d'autres maisons, ou des imperfections physiques. En ce qui concernait Nancy, c'était certainement son petit faible pour un autre de ces lourdauds de Hufflepuff qu'Alice avait stigmatisé.
La bouche de Severus s'étira en un mince sourire sadique : par Merlin, il adorait l'écouter dans ces moments-là !

Il referma brusquement l'album et le rouvrit en son milieu. Un unique et immense cliché occupait les deux pages. Un mariage. Le mariage d'Alice Rosier et Frank Longbottom, fêté en grande pompe par tout le monde sorcier. Les époux, rayonnants, étaient entourés par leurs parents, leurs témoins et leurs amis, au beau milieu des splendides jardins de Rosier Castle, dans l'Oxfordshire. Certainement la seule photo au monde où cohabitaient autant de membres de l'Ordre du Phoenix et de Mangemorts ! Septembre 1978. Le mois de la trêve. Par égard pour les grandes familles sorcières qu'étaient les Rosier et les Longbottom.

Snape effleura du doigt les différents protagonistes de cette triste guerre : Evan Rosier, le frère aîné d'Alice, que l'on appelait "La Rose d'Acier" depuis Hogwarts en hommage à sa magie qui semblait inaltérable. Les Malfoy, déjà mariés – Narcissa était le témoin d'Alice. Dave Goujon, le meilleur ami et témoin de Frank. Lui-même, Severus Snape, plus revêche que jamais. James Potter et Lily Evans, fiancés depuis trois mois, qui nageaient visiblement dans le bonheur. Sirius Black, qui essayait de se retenir d'étrangler sa cousine Bellatrix ; le mari de celle-ci Rodolphus Lestrange – les laquais avaient soudainement pris bien du galon. Elisabeth Figg, toute jeune Auror, avec son copain du moment, l'un des frères Prewett - Fabian semblait-il. Edgar Bones, qui sortait à l'époque avec Maureen Avery, la sœur de Nicholas - drôle d'idée de fréquenter une Mangemorte ! Les Weasley avec leurs fils : les aînés Bill et Charlie, deux insupportables gamins qui couraient partout ; et le troisième Percy, à peine âgé d'un an, dans les bras de Molly Weasley. Mulciber et sa ravissante copine de Ravenclaw, Corine Fernwick - à se demander si elle n'était pas sous Imperium pour sortir avec un type pareil… Marc et Alexandra Spinnet - la jeune femme était enceinte. Et puis, Nott, Avery, Goyle senior et sa sœur Nancy, les Boot, les frères Abott… Même Barty Crouch Junior, encore élève à Hogwarts, était là !

Il était étonnant de voir comme cette photo, prise trois ans avant la disparition de Voldemort, dégageait une impression de stabilité minérale. Tous souriaient -du moins, ceux qui en avaient la capacité- et faisaient de grands signes amicaux, comme les membres d'une seule et même famille. Les Sang-purs étaient certes majoritaires, mais il n'y avait pas d'animosité apparente entre eux et les Sang-mêlés ou autres sorciers d'origine moldue. Alice et Frank avaient réalisé la jonction improbable entre Slytherin et Gryffindor, et tous, Mangemorts comme membres de l'Ordre du Phœnix, respectaient cela.

Frank Longbottom… Snape l'avait détesté au premier abord. Brillant et populaire, Gryffindor sous toutes les coutures, peut-être même pire que James Potter en personne ! Mais il avait aussi des qualités ; la première étant d'avoir plu à une Slytherin ; la seconde, d'avoir dépassé les a priori stupides qui pesaient sur cette maison pour l'épouser. Et pour la Rose d'Argent, Severus était capable de bien des sacrifices. Même à éprouver de la sympathie pour son mari.
Longbottom n'avait jamais mal pris l'obsession de Severus pour Alice : les centaines de photos de la jeune fille, ces bibelots qu'elle lui avait offert et qu'il conservait précieusement, et même jusqu'aux paroles qu'elle lui avait adressé et qu'il notait soigneusement dans un carnet… Rien de tout cela n'avait vexé ou irrité Frank. Il considérait Severus comme un fidèle ami de sa femme. Il savait que c'était elle qui avait rendu la scolarité du jeune Snape supportable ; elle qui l'avait protégé et soutenu face aux élèves de leur propre maison ; et que, s'il avait choisi ce dangereux rôle d'agent double au sein des Mangemorts pour le compte de l'Ordre du Phœnix, c'était aussi en partie pour elle.

Et puis… Les événements avaient mal tourné…
Une photo d'Alice, resplendissante à leur retour de voyage de noces, ramena le professeur de Potions à cette belle après-midi de septembre où les Longbottom avaient choisi leur camp.


Severus Snape n'a eu que quelques secondes pour se cacher. Il devisait tranquillement avec le couple, lorsque l'alarme indiquant une arrivée très prochaine avait retenti. C'était une invention de Frank. Le moindre petit transplanage à moins de deux cents mètres de leur maison enclenchait une sonnerie qui prévenait ses occupants. Severus s'est aussitôt dissimulé derrière la porte du jardin d'hiver des Longbottom, attentif à la moindre parole échangée. Un silencio murmuré dans la foulée a achevé de rendre sa présence imperceptible.

« Comme c'est agréable chez vous ! » fait une voix de femme, mais aux inflexions masculines.
Severus reconnait aussitôt Bellatrix Lestrange. Il l'a échappé belle. A quelques secondes près, elle aurait pu l'apercevoir à travers la baie vitrée de la véranda.
"Idiot !" se gifle intérieurement Severus. "Ta couverture a bien failli voler en éclat pour le simple plaisir de revoir Alice ! Et c'est ainsi que tu comptes t'acquitter de ton devoir…"
Puis, plutôt que de s'adresser davantage de reproches, il se fait plus attentif à la conversation qui se déroule dans le jardin d'hiver. La voix irritée d'Alice lui parvient distinctement :
« Je ne me souvenais pas avoir lancé des invitations pour le thé, aujourd'hui ! … A moins que tu ne l'aies fait sans m'en informer, Frank ? »
« Mais pas le moins du monde, ma chérie. Je présume que les Lestrange vont pouvoir nous éclairer sur les raisons de leur venue. »
« Evidemment ! » lance un peu abruptement Rodolphus. « Nous sommes venus vous voir pour parler… d'avenir ! »
« D'avenir ? … Excuse-moi, cher Rodolphe, mais si tu veux être parrain de l'enfant que nous n'avons pas encore conçu, je peux te mettre sur liste d'attente ! » ironise Alice, qui commence à se douter de la raison réelle de la présence de ces deux Mangemorts avérés sous leur toit.
« Quel humour, chère Alice ! » intervient Bellatrix. « Nous venons, en fait, pour TE remettre un message. Ainsi qu'un petit présent de félicitations pour tes noces. »

Severus, toujours embusqué derrière la porte, commence à se sentir nerveux. Un silence succède aux paroles. Il jette un sort de "Passemuraille" sur la cloison pour avoir un aperçu de la pièce voisine. Mais elle demeure quelque peu fantomatique : il ne voit guère que les contours des objets et non leur couleur ou leur consistance. Il voit cependant que Alice et Frank se sont levés et regardent dans la direction de la petite boîte que leur tend Bellatrix. Quelle est cette chose ? Snape jure en son for intérieur.

« Et tu t'attends à ce que j'ouvre cette boîte, sans même savoir ce qu'elle contient ! Pour qui me prends-tu, Bella chérie ? Une Ravenclaw en quête d'émotion forte ? » raille Alice.
« Oh, mais tu n'as pas besoin de l'ouvrir. Rassure-toi, elle va le faire d'elle-même… quand le Lord Sombre le décidera ! »
« Quoi ? » crie Frank. « Je vous ordonne de foutre immédiatement le camp de ma… »
La fin de sa phrase meurt dans sa gorge. Quelque chose est en train de sortir de la boîte. Severus entend des exclamations de stupeur et des jurons de Frank. Il se rapproche vivement du battant pour s'en écarter aussitôt d'un sursaut. Un écran de fumée noire est en train de passer le pas de la porte. Snape sent l'omniprésence de la magie maléfique qui se répand dans la pièce d'à coté. Sans prendre la peine de réfléchir, il saisit sa baguette et va faire irruption dans le jardin d'hiver au secours de ses amis, quand une voix profonde se fait entendre :
« Alice Rosier, Rose d'Argent de Salazar. Reçois ce présent en félicitation pour ton union avec Frank Longbottom, puissante famille de Sang-Pur. J'attends votre serment d'allégeance à tout deux. Votre avenir est auprès de nous, avec les nobles familles de Sang-Purs. C'est là, ta destinée, ma Rose. L'Ordre du Phœnix, auquel appartient ton mari par un mauvais hasard de circonstance - et une stupidité de jugement heureusement remédiable - cessera bientôt d'exister. »
La voix se tait et l'étouffante fumée noire commence à lentement se dissiper, laissant apparaître sur le sol la forme d'un grimoire aux lourdes ferrures.

Severus crispe sa main sur sa baguette. Ainsi Le Seigneur des Ténèbres la réclame ! Il veut la Rose d'Argent. Il la veut pour la noblesse de son nom, l'ancienneté de son sang, la puissance de sa magie.

Frank est le premier à reprendre ses esprits :
« Mais… Que… Qu'est… C'est quoi ? … C'est quoi cette proposition ? » parvient-il à articuler.
« Ce n'est pas une proposition, Longbottom ! … Comme si le Maître s'abaissait à faire des propositions ! Il s'agit d'un ordre ! » répond Rodolphus, d'une voix sèche.
Le jeune Auror se redresse fièrement, aiguillonné par le ton impérieux de Lestrange :
« Je ne reçois pas d'ordre de vos semblables ! » crache-t-il.
La fureur qu'éprouve Frank l'entoure d'une aura menaçante, presque palpable. Sa baguette jaillit soudainement dans sa main et il la pointe sur les Lestrange avec un visage si furibond que même Bellatrix en est alarmée. Elle se tourne vers Alice :
« Calme un peu ton entêté de mari, Alice ! … Et fais-lui comprendre quelles sont vos priorités ! »
« Tu ne souhaites pas qu'il arrive malheur, n'est-ce pas ? » renchérit Rodolphus, d'un ton doucereux.
« C'est un défi ? » fait Alice, retrouvant d'instinct la voix incisive et froide qu'elle employait à Hogwarts pour s'adresser à ses condisciples de Slytherin.
Bellatrix ne se laisse pas intimider pour autant :
« C'est une promesse, si tu n'obtempères pas immédiatement ! »

Frank semble proche de perdre patience et seule l'intervention d'Alice l'empêche de jeter un terrible sort aux deux envoyés de Voldemort. La voix de la jeune femme claque comme un coup de fouet, alors qu'elle s'interpose entre eux :
« Votre rôle d'émissaire est terminé. Retournez auprès de celui que vous appelez Maître, et faites-lui part de notre plus profond mépris à son égard ! »
Bellatrix blêmit :
« De la part de ton crétin de Gryffindor, je n'espérais pas grand chose ! Sang-Pur ou non, il reste un imbécile ; mais de toi, Alice… J'attendais davantage ! … Toi, la Rose d'Argent des Slytherin, toi qui as grandi parmi nous ; as-tu donc tourné le dos à ce que tu ES ? … Tourné le dos à Narcissa, ta meilleure amie ? A Severus, ton plus fervent admirateur ? A Avery ? Nott ? Mulciber ? A moi ? »
« Qu'ai-je en commun avec vous, Bellatrix ? Que connais-tu de moi ? Que m'importent les Moldus ? La politique du Ministère ? Que m'importe même vos vaines querelles de pouvoir ? »
« Tu as changé, Alice… Auparavant tu n'aurais pas parlé à la légère de pouvoir ! Tu le convoitais, comme n'importe lequel d'entre nous ! Oublies-tu que la puissance est tout ? Le Maître est le plus puissant des sorciers de ce monde, l'héritier de Salazar Slytherin en personne ! »
« Tu oublies de qui je descends moi-même ! Une Rose ne s'abaisse pas à embrasser la robe d'un quelconque parvenu ! Sur quel ton dois-je te le dire, Lestrange ? Sortez d'ici et ne remettez jamais plus les pieds dans cette maison, toi, ton mari… ou ta renégate de sœur qui s'est vendue à un Malfoy ! »
« Tu regretteras d'avoir défié le Seigneur des Ténèbres, traîtresse ! Je te le ferai personnellement payer ! » rugit Bellatrix.
« Et quand j'en aurai terminé avec toi, tu pourras aller saluer les mânes de Grindelwald de ma part ! » renchérit rageusement Alice.
« Ta vie va devenir un enfer, maudite Rose ! Je t'en fais la promesse ! »
Sur ces mots, Bellatrix et Rodolphus disparaissent, sous le regard fulminant des Longbottom.

« De quoi parlais-tu, à propos de tes ascendances ? » demande Frank, en dévisageant sa femme d'un air suspicieux.
« Quoi ? … Ah, juste que nous descendons de la sœur de Salazar Slytherin, » répond distraitement Alice.
« Mais… Mais… Tu m'avais caché cela ! » fait-il, éberlué. « C'est sans doute pour cela que... »
« Oh, quelle importance ? » balaye Alice avec un geste agacé. « Comment peut-elle imaginer une seule seconde qu'une Rosier se soumettrait à qui que ce soit ? Hfumm ! Même en utilisant le seul langage à sa portée, celui de la pureté du sang, impossible de passer outre ses limites intellectuelles ! »

Alice est emplie d'une colère froide. Elle pose son regard sur le grimoire offert par Voldemort. C'est un ouvrage imposant, d'apparence ancienne, aux lourdes ferrures ouvragées en forme de serpents.
« C'est d'un goût ! Merci du cadeau ! » marmonne-t-elle, en lançant le livre sur le canapé.
« Que prévois-tu de faire ? ... Je veux dire pour les Lestrange ? On doit faire un rapport à Moody, non ? » demande Frank en saisissant un parchemin.
« Moody peut attendre ! » tranche la jeune femme. « Je dois d'abord écrire à Narcissa… Je regrette de l'avoir traitée de renégate devant sa sœur, mais pour la protéger, je pense que je n'avais pas d'autre choix. Personne ne doit soupçonner que nous avons conservé nos liens d'amitié… et surtout pas Bellatrix ! »
« Tu as parfaitement agi, Alice. Mais désormais, il va te falloir prendre plus de précautions dans ta correspondance avec Narcissa… De même qu'avec Severus, maintenant que la rupture avec les Slytherin est définitivement consommée ! » remarque son mari.
« Oui. Ils nous sont l'un et l'autre trop précieux. Nous ne devons pas les mettre en danger ! »

Les Longbottom sont si préoccupés, qu'ils ont oublié jusqu'à la présence de Severus dans la pièce d'à coté. Ils sursautent, l'un et l'autre, quand il entre enfin dans le jardin d'hiver.
« Severus ! » s'exclame Alice. « Tu… as tout entendu ? »
« Ca t'ennuie ? » demande Snape.
« Pas le moins du monde ! Cela nous épargne ainsi la peine d'écrire une lettre à Dumbledore ! »
Le ton d'Alice est blessant, mais Snape sait que ce n'est pas dirigé contre lui. Elle lui lance cependant un regard incendiaire et claque violemment la porte derrière elle, dans un fracas de verre brisé.
« Reparo ! » murmure Severus, tandis que le visage de Frank décline de multiples expressions d'excuse à l'attention du Slytherin.
« Elle est bouleversée… Ne fais pas… »
« Je sais » coupe Severus. « Dis-lui juste que… Enfin, surveillez vos arrières ! »

A suivre…


Merci à TALITM qui m'a bétareadé dans la douleur… et à Niph pour sa relecture ! Encore bon anniversaire, Violette ! Tu sais tout le bien que je pense de toi.

J'espère que cette fic vous plaira autant que La Ligue. N'hésitez pas à me le faire savoir dans une petite review.

Je vous embrasse très fort.

Ruth (qui s'est trouvé un nouveau dédale… anglais celui-là !)