Donc, cette histoire est venue au départ à cause de deux personnages que je voulais introduire brièvement dans "La vie continue", et au fil du temps l'apparition s'est transformée en véritable histoire. Ce qui me rajoute un peu plus de boulot...
Le titre vient d'une chanson de X Japan.
Tokyo, printemps 2010
- Tu as toutes tes affaires ?
- Oui, je crois. Merci... pour ce que vous avez fait.
- Allez, dépêche-toi de monter, et bonne chance.
Yukki salua la femme qui s'était occupée de lui durant la semaine qui venait de passer, traîna sa valise jusqu'au métro et s'arrangea pour trouver une place à l'écart. Il n'avait pas envie de discuter avec quelqu'un et préférait rester seul, simplement pour être tranquille. Mais le destin semblait en avoir décidé autrement.
La rame était partie depuis quelques minutes quand la porte s'ouvrit brusquement. Il soupira intérieurement en levant les yeux sur une petite brune du même âge que lui. C'était vraiment trop demander d'avoir la paix ?
- Salut ! dit aussitôt l'inconnue. Puisque tu es tout seul, je vais te tenir compagnie ! Je ne supporte plus les âneries de ces obsédées du maquillage. Au fait, moi c'est Nakamura Yume ! Et toi ?
Ebahi par le flot de paroles, Yukki ne répondit pas immédiatement.
- T'as perdu ta langue ?
- Awaji Yukihiro... Et bonjour à toi aussi.
- Ah quand même ! Un peu plus et j'allais finir par croire que tu étais muet ! J'espère que ça te dérange pas si je t'appelle Yuchan ? Yukihiro c'est un peu trop long.
- Non, pas de souci.
Yukki sentit un sourire se former sur son visage pour la première fois depuis un moment. Finalement, la rencontre fortuite ne serait pas si désagréable... Il connaissait à peine cette fille et sa mentalité lui plaisait déjà. Au premier abord, elle n'était qu'une gamine fragile, mais dès qu'elle prononçait quelques mots...
- Tes parents sont des sorciers ou pas ? enchaîna-t-elle. De mon côté c'est ma mère seulement. Elle était contente quand ma lettre est arrivée ! Les tiens ont réagi comment ?
- Une question à la fois ! protesta Yukki. Alors non, ils ne sont pas sorciers... Et la réaction n'a pas été positive.
- Comment ça ? demanda Yume un peu surprise.
- Ils m'ont mis à la porte il y a une semaine, répondit Yukki en baissant la tête.
- Quoi ? s'écria la jeune sorcière. Mais quelle bande de... de... de nazes ! Ils méritent qu'on leur casse la figure !
- C'est inutile. Ils ont tiré un trait sur moi, comme je l'ai fait avec eux.
- T'as bien raison Yuchan ! Faut pas se laisser abattre par un comportement crétin. Prends exemple sur moi et profite de la vie sans t'occuper des cons.
- Toi aussi, tu as raison.
- Allez, viens faire un câlin à miss Rêverie.
Yukki sourit plus franchement et laissa Yume l'attirer entre ses bras. Décidément, elle était pleine de surprises... A commencer par le fait qu'elle soit dotée d'un caractère bien trempé. Yukki la décréta rapidement intéressante, et de son côté Yume le voyait déjà comme un bon ami, quoiqu'un peu effacé. Mais après tout, ça n'avait pas d'importance. Pour elle, Yukihiro devait rester lui-même sans changer pour satisfaire les autres.
- Alors, Yuchan, reprit-elle bientôt. Tu as fait quoi pendant... enfin... depuis que tu es à la rue ?
- La même femme qui m'a convaincu que j'étais spécial m'a hébergé, expliqua-t-il. Elle m'a appris pas mal de choses, mais je suis encore loin de tout savoir.
- Si tu veux, je peux te parler du monde magique ! Ma mère n'a jamais rien caché à mon père, alors je navigue entre les deux sans problème !
Yukki réfléchit un moment. Par quoi commencer ? L'évidence s'imposa rapidement à lui.
- Comment est l'école ?
Yume lui expliqua qu'elle se trouvait dans une grande clairière dissimulée aux regards étrangers grâce à des illusions. De cette façon, rien ne pouvait être aperçu depuis le ciel.
- D'après ma mère, elle ressemble à un campus universitaire. Au fil des ans, les directeurs ont apporté des modifications, et maintenant elle est à la pointe de la technologie. L'électricité, les ordinateurs... Par contre, ne t'attends pas à utiliser un stylo ou bidouiller des éprouvettes ! Certaines choses sont restées les mêmes. On fait toujours les potions dans des chaudrons et on écrit à la plume. Et puis, les garçons et les filles sont séparés.
- Pas étonnant, commenta le garçon avec un sourire.
Il tenta de faire le tri dans ce qu'il venait d'entendre puis renonça. Bientôt, il saurait ce qui l'attendait. Le trajet était rapide de toute façon, et Yukki détourna les yeux quand Yume décida d'enfiler l'uniforme de l'école.
- Tu devrais te changer toi aussi, dit-elle puisqu'il ne bougeait pas.
- Encore une fois, tu as raison.
- Nan, Yuchan. J'ai TOUJOURS raison !
- C'est pour ça que tu es intéressante, répliqua-t-il sans réfléchir.
Yume qui lui tournait encore le dos fit volte-face.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Ton franc-parler, le fait que tu ne laisses personne te contredire ou aller contre tes convictions... C'est rare pour quelqu'un de notre âge.
- Merci du compliment.
L'endroit entouré d'arbres leur plut aussitôt. Quelques instants plus tard, Yume sauta de joie en apprenant que le terrain de Quidditch situé sous l'école venait d'être rénové. Pas très rassuré à cause des nombreux élèves autour d'eux, Yukki se rapprocha de son amie et voulut savoir ce qu'était ce sport qui paraissait plaire à beaucoup de monde.
- Tu comprendras lors du premier match, dit simplement Yume.
Tandis que ceux des années supérieures retrouvaient leurs marques, les nouveaux furent accompagnés dans une salle à l'écart. La pièce remplie de chaises et de tables intrigua les enfants non issus de familles sorcières.
- On passe des tests pour connaître notre future maison, expliqua la petite sang-mêlée. Ils révèlent notre personnalité, si on correspond le plus à Mizu, Kuuki, Daichi ou Hi.
- L'eau, l'air, la terre et le feu, comprit Yukki. Un élément représente un caractère précis, c'est ça ?
- Voilà ! Personnellement, je te verrais bien à Daichi-taku.
- Et toi, tu penses que tu irais où ?
- Je ne sais pas trop, avoua-t-elle. Daichi-taku ou Hi-taku peut-être...
Yukki s'installa à la place qui lui était réservée et jeta un coup d'œil à la feuille devant lui. Il fut un peu étonné par certaines questions et essaya d'y répondre le plus franchement possible. Beaucoup étaient en rapport avec le caractère, si la personne se montrait totalement d'accord avec une information sur elle ou pas du tout. Evidemment, il existait des nuances entre les deux.
A l'issue du test, Yukki se sentait plutôt triste. Yume et lui ne pouvaient pas être plus différents au niveau du caractère, ils seraient donc sûrement séparés. Pour une fois qu'il se liait avec une personne qui ne le jugeait pas et qui voyait seulement le vrai Yukihiro...
Yume s'empressa de le rejoindre alors qu'un professeur les emmenait dans une autre salle où ils pourraient déjeuner. Elle s'assit, fixa son assiette et dit ce qu'elle voulait manger. Yukki écarquilla les yeux en voyant la nourriture apparaître devant son amie qui se mit à rire.
- Sois pas si étonné, Yuchan. T'as qu'à demander ce qui te plaît, et ça vient tout de suite !
- Je ne savais pas que c'était possible.
- Bienvenue dans le monde magique, acheva-t-elle.
Même s'il ne faisait pas partie des gourmands, Yukki dont l'estomac criait famine fit honneur au repas. A la fin du déjeuner, les nouveaux élèves furent rappelés dans la salle voisine où un homme les informa qu'ils seraient appelés par maison et par ordre alphabétique. Ce qui signifiait en même temps que Yukki passerait dans les premiers.
- Awaji Yukihiro.
Yukki soupira intérieurement. Pourquoi fallait-il qu'il soit le premier sur la liste ?
Sur un signe du professeur, il partit s'asseoir sous la bannière représentant un chien. Des murmures auxquels il s'efforça de ne pas prêter attention s'élevèrent sur son passage. Nul besoin d'écouter pour savoir ce qui venait d'être dit: encore uns fois, Yukki était jugé sur son apparence chétive. Les cernes sous ses yeux ne devaient pas rassurer non plus.
Il suivit la répartition d'un œil distrait, jusqu'à ce qu'une fille s'installe bruyamment à côté de lui. Yume lui sourit chaleureusement et expliqua qu'ils étaient probablement ensemble parce qu'ils partageaient les mêmes valeurs. Elle dit ensuite à ceux qui les dévisageaient:
- Qu'est-ce que vous regardez ? Vous vous croyez face à des bêtes de foire ?
Sa mine furieuse fit taire les jugements sur leur paire mal assortie. Elle tapota ensuite le bras de Yukki pour lui redonner confiance.
- Je suis contente d'être avec toi. Paraît que les opposés s'attirent, je crois qu'on en est la preuve !
Yukki répondit avec un sourire en coin:
- Moi aussi ça me plaît. Mais rappelle-moi de ne jamais t'énerver !
- Comme si tu étais capable de me mettre en colère, dit-elle d'un ton boudeur.
