Comme chaque mois, elle entra dans la petite librairie

Elle l'avait remarqué quand elle se baladait dans ce vieux quartier

La première fois qu'elle y était entrée, elle avait été surprise. Il n'y avait pas de rayonnage. Tout était mélangé pêle-mêle, déposé comme ça sur de grandes tables

Pour trouver son bonheur, il fallait fouiller

Mais malgré cela, elle avait pu constater que le propriétaire était un passionné

Ils avaient discuté ensemble, puis elle lui avait dit ce qu'elle cherchait. Et sans hésité, il s'était dirigé vers une table, avait soulevé quelques volumes et lui avait montré ce qu'elle voulait.

Au fil des mois, ils avaient sympathisé et depuis, chaque fois qu'elle venait, ils prenaient des nouvelles de chacun d'eux, il lui donnait la commande qu'elle avait passée puis ils se donnaient rendez-vous pour le mois suivant

Elle circulait entre les tables, se penchait pour voir les titres sur les tranches des livres.

Elle sourit. On passait d'un roman policier à un livre historique, en passant par du fantastique ou un guide culinaire…

- - Vous avez passé de bonnes fêtes ?demanda le vieil homme

- - J'ai travaillé

- - A Noël et pour la nouvelle année ?

- - Oh, vous savez, ça ne me gêne pas. Il y a longtemps que je ne les fêtes plus

- - Vous n'êtes pas rentrée chez vous ?

- - Mon père ne les fêtes pas non plus !

Il la regarda intrigué

Comment pouvait-on ne pas s'amuser à cette période de l'année ?

Comment une belle fille comme elle pouvait préférer travailler, plutôt que sortir et faire la fête ?

Surtout que les hommes devaient la remarquer…

- - Voilà ! Toute votre commande est arrivée, dit-il en déposant un paquet sur le comptoir

- - Merci, monsieur Klein, dit-elle en prenant un livre qui se trouvait devant elle

Elle s'avança vers lui

- - Pour celui-là, j'aurai besoin d'une facture

- - Pas de problème… Vous allez vraiment le lire ?

- - Je n'ai pas vraiment le choix !

- - Eh, bien, je vous souhaite bien du courage ! Parce que moi, je ne le ferai pas ! En plus, même avec mes lunettes, je n'y arriverai pas. Pourquoi ils les écrivent en si petits ces articles de lois ?

- - Sûrement pour décourager les lecteurs !

- - Avec vous, c'est raté !

- - Si je pouvais, je m'en passerai. Mais, avec mon travail, je suis obligée de me tenir au courant. Et souvent, ils ne rajoutent ou n'enlèvent qu'une dizaine d'articles

- - Ouais, ben moi, je dis, qu'ils ne font ça que pour embêter les gens. Pour qu'ils s'y perdent !

- - Vous avez sûrement raison, dit-elle en souriant

Elle régla ses achats séparément puis quitta la boutique.


C'était leur dernière soirée.

Ils reprenaient l'avion le lendemain matin

Ils avaient décidé de venir se balader dans ce vieux quartier qu'il lui avait fait découvrir pendant leur séjour

Occupé à murmurer au creux de l'oreille de la jeune femme qui l'accompagnait, il ne remarqua pas celle qui sortait de la petite échoppe. Son amie le tira pour éviter une collision

Mais quelque chose le fit s'arrêter net.

Il se redressa

Il y avait une odeur.

Un parfum qui flottait dans l'air

Un parfum qu'il connaissait

Un parfum qu'il n'avait plus senti depuis…

- - Qu'est-ce qu'il t'arrive ? demanda la jeune femme

- - Rien ! J'ai seulement… commença-t-il

Il regardait autour de lui

A part eux, il n'y avait qu'une seule personne sur ce trottoir

La silhouette fine, les cheveux mi-longs, légèrement ondulés, tombant sur les épaules.

Si elle n'avait pas marché aussi lentement, il aurait pensé que c'était…

Mais ce n'était pas possible…

Ce ne pouvait être…

Elle ne pouvait pas être là.

Son imagination lui jouait des tours.

Elle s'arrêta devant une boutique

Il la regardait toujours

Ce profil…

Ce grain de beauté sur la joue

- - Beckett ?... C'est vous ?

La jeune femme ne réagit pas

Elle se retourna et continua son chemin

- - Eh, Beckett ! … C'est bien vous ?

- - Rick ! Arrête ! Tu vois bien qu'elle ne t'entend pas ou qu'elle ne te comprend pas ! N'insiste pas !

- - Je suis sûr que c'est elle !

Il accéléra le pas et lui attrapa le bras, la faisant pivoter

- - Eh ! Mais qu'est-ce qu'il vous prend…

- - Beckett ?!

- - Cas… Castle ! fit-elle surprise

- - Beckett ! … Mais qu'est-ce que vous faites là ?

- - Je vous retourne la question !

Il la regardait, intrigué, surpris...

Elle le regardait aussi et soudain comprit

- - Heu… Désolée… Qu'est-ce que vous faites là ?

- - Je suis en vacances et vous ?

- - En vacances ?!

- - Vous vous connaissez ? demanda la jeune femme qui l'accompagnait

- - Heu… Oui… Nous avons travaillé ensemble pendant plusieurs années… Oh, excusez-moi, je vous présente Mélinda… Mélinda, le lieutenant Kate Beckett

- - Ravie, dirent les deux femmes

- - Lieutenant ? demanda la jeune femme

- - A la brigade criminelle de New York, expliqua Castle

- - Tu as travaillé avec la police ?... Tu ne m'en n'as jamais parlé !

- - Il faut l'excuser, cela remonte à quelques années, répondit Beckett

- - D'accord… Mais il aurait pu me le dire… J'aime savoir ce qu'il a fait avant de me rencontrer ! … Et puis, c'est normal de connaitre son futur mari !

- - Vous allez vous mariés ?

- - Dans huit mois… C'est pour ça que nous sommes venus ici… C'est un peu notre voyage de noces !

- - Un voyage de noces ! … Ce n'est pas après le mariage en principe ?

- - Si vous connaissez Rick, vous devez savoir qu'il ne fait rien comme les autres !

- - C'est vrai !

- - Il se trouve qu'il devra s'absenter juste après le mariage donc…

- - Ah, je vois…

Il n'avait pas dit un mot, se contentant de la regarder, d'observer chaque détail

Elle portait une combinaison en cuir qui moulait parfaitement son corps

- - Vous allez l'air en pleine forme, Beckett, dit-il enfin

- - Vous aussi

- - On pourrait… commença-t-il en indiquant un bistrot

- - Je ne peux pas… J'ai un rendez-vous

- - Une autre fois ?

- - Vous restez encore longtemps ?

- - On repart demain matin, dit Mélinda

- - Oh ! … Eh, bien, bon retour dans ce cas, dit-elle, en commençant à s'éloigner

- - Beckett, attendez, dit-il en la retenant par le bras… On pourrait déjeuner chez Remy's ? Ou prendre un verre au Old Haunt ? En souvenir…

- - Je ne crois pas Castle !

- - Vous m'en voulez encore ? C'est pour ça que…

- - Castle, ce n'est… C'est plus compliqué que ça !... Désolée, mais je dois vraiment y aller. On m'attend !

Ils se saluèrent

Ils marchèrent un moment derrière elle jusqu'à ce qu'elle s'arrête devant une superbe moto

- - Ce n'est pas votre Softail ?

- - En effet !

Elle glissa ses achats dans le coffre, puis enfourcha l'engin, démarra et disparut dans la circulation après les avoir salué une nouvelle fois


- - Sacrée coïncidence de rencontrer quelqu'un que tu connais ici !

- - Oui. Tu as raison. Drôle de coïncidence !

- - Et qu'est-ce que tu faisais avec elle ?

- - Je participais aux enquêtes

- - Et vous avez eu…

- - Des partenaires… Je n'étais qu'un simple partenaire !

Il entoura ses épaules et ils reprirent leur balade


Ils n'avaient pas remarqué qu'elle s'était arrêtée.

Elle avait retiré son casque et les observait

Si on lui avait dit qu'elle le rencontrerait ici… Après ces deux années…

Malgré sa barbe, elle l'aurait reconnu entre mille…

Ces yeux bleus…

Ce regard…

Il avait maigri…

Elle, elle l'avait reconnu

Elle l'avait vu dans un magazine

Ils faisaient la une : le jeune mannequin et l'auteur de roman policier

C'était trois mois après la fin de leur partenariat

Elle n'avait pas la trentaine, et elle était l'égérie des plus grands couturiers du pays

Elle se recouvrit le visage, remit le contact et reprit sa route


Le repas lui avait semblé durer une éternité

Comme d'habitude, elle avait parlé de ses futurs défilés, des séances de photos…

Il l'avait écouté. Souriant parfois…

Puis il avait décroché

Il voyait ses lèvres bouger, mais il était perdu dans ses pensées

Il avait réglé la note, et ils étaient retournés à leur hôtel


Assise sur un tabouret, devant un verre de jus de fruit, elle repensait à cette rencontre

Machinalement, elle tournait l'anneau qu'elle portait à son annulaire

Jamais elle n'aurait pensé le revoir un jour, surtout ici

C'est vrai que le quartier était énormément fréquenté par les touristes, mais de là à tomber sur lui…

Et il allait se marier…

- - Kate ?

- - Oh, bonsoir !

- - Je t'ai fait peur ?

- - Je réfléchissais

- - A notre soirée ?

- - Pas vraiment

- - Ah ?

- - Ne t'en fais pas, tout va bien !

- - Tant mieux ! Un autre verre ?

- - Non merci… On y va ?

- - Avec plaisir !

Ils se rendirent à la réception de l'hôtel

Il lui avait tendu le bras et elle y avait déposé sa main

Elle portait une magnifique tenue de soirée en satin noire, genre combinaison. Une ceinture dorée entourait sa taille.

Son compagnon demanda à aller au coffre de l'hôtel

Un homme de la sécurité les y conduisit

- - Tout va bien, Kate ? demanda-t-il en murmurant

- - Tout va bien

- - Et je peux savoir où…

- - Tu n'as qu'à deviner !

Il récupéra sa mallette et en vérifia discrètement le contenu

Elle attendait près de la porte

Quand il eut refermé sa valise, ils saluèrent l'homme et quittèrent la pièce

Ils longeaient un long couloir

La suite avait été réservée deux jours plus tôt

Elle se situait à l'extrémité du bâtiment et occupait toute la largeur

Ils croisèrent une femme

En les croisant, elle leur fit un signe de tête et ils lui répondirent de la même façon

- - Jolie, murmura l'homme

- - Si tu le dis !

Ils entrèrent dans la chambre


Il regardait par la fenêtre de leur suite

Ce n'était pas la première fois qu'il venait

Mais pour Mélinda, si

Il voulait qu'elle découvre cette ville, qu'elle voie cette avenue

L'une des plus belles qu'il n'ait jamais vue, surtout en cette période de fêtes

C'était la première fois qu'il ne passait pas les fêtes de fin d'année avec sa mère et sa fille

Il se demandait ce qu'elles avaient fait pendant son absence

Et puis il y avait eu cette rencontre

Que faisait-elle là ?

Elle ne prenait jamais de vacances !

Elle n'avait pas changée

Toujours aussi belle

Et mariée !

C'était la première chose qu'il avait regardé : ses mains

Il soupira

- - Hey, tu devrais venir te coucher. On se lève tôt pour prendre l'avion

- - Je ne suis pas fatigué

- - Mais tu sais que je n'arrive pas à dormir si tu n'es pas près de moi. Déjà que je ne vais pas avoir mes 12H de sommeil… Je vais avoir l'air d'un zombie dans l'avion !

- - Tu seras magnifique. Comme d'habitude… Et puis tu pourras toujours dormir durant le vol

- - Je devrai surtout me coucher en arrivant si je veux avoir l'air frais après-demain pour la répétition du prochain défilé

- - Tu le seras !...

Il l'enlaça et l'emmena jusqu'à leur chambre

Une fois allongés, elle vint se blottir contre lui