Les personnages, pour la plupart - OCs -, ne m'appartiennent pas. Ils sont la propriété de Eiichirō Oda.
« Dis Ace, est-ce que l'on voit ces mêmes étoiles de l'autre côté de la terre ? S'était-elle enquit soudainement.
‒ Je n'en sais rien. Peut-être. Il faudrait s'y rendre pour en être certain, répondit le petit garçon, les yeux plongés dans le vague crépusculaire parsemé de petites taches étincelantes. »
Ce soir-là, la discussion ne s'était pas poursuivie, laissant l'esprit curieux de Noée se perdre dans mille divagations fantasques où son courage et sa témérité combattaient avec une hardiesse toute relative les terribles monstres marins tapis sous les eaux sereines de East Blue.
" Noée ! Noée, reviens immédiatement ! Tu m'entends ?! Noée ! "
Mais déjà, la petite s'engouffrait entre deux bosquets et disparaissait derrière les épais fourrés qui encerclaient l'habitation. La grosse femme soupira, les poing nichés contre ses hanches. Noée n'avait jamais été une enfant facile. Elle était même la parfaite cadette de ses trois aînés, trois petits monstres. De vrai terreurs. Nul doute qu'elle leur succéderait et qu'à son tour, elle prendrait la mer. Un nouveau soupire perça les lèvres sèches du bandit. Devrait-elle porter un autre deuil ? Combien de ses gamins devrait-elle encore pleurer avant que la peine ne s'estompe ? S'habituait-on seulement à ce genre de douleur insidieuse ? Celle qui vous prend soudainement à la gorge lorsque vous rangez une chambre vide, lorsque vous croisez un regard chaleureux sur une photo abîmée ? Lorsque que, contrainte bon grès mal grès, vous jetez au feu ce vieux tonneau qui autrefois, accueillait les bains et les jeux des marmots.
Tss, mais à quoi pensait-elle Bon Dieu ? Oublier le gosse qu'elle avait nourri dix sept années durant ? Il n'était pas question ici d'une petite fringale que l'on comblait à grands renforts de vieux croûtons ou de bouts de fromages rances ! Le deuil c'était juste une putain de gangrène qui vous bouffait les entrailles, une gangrène qui s'étendait aux poumons, au cœur, à chaque cellule de votre corps, chaque parcelle d'âme. Une gangrène qui vous arrache toute sensation : celle de la faim d'abord, puis celle de la soif, celle de la vie enfin. Dadan, le bandit des montagnes, voilà à quoi était réduit ce personnage illustre du grand banditisme du Grand Est, un grand nom parmi ses paires, aujourd'hui bercé par la terreur d'assister à la fin précoce d'un autre de ses bébés.
• • •
Ses jambes ne la portaient plus mais ses chutes répétées ne ralentissaient pas sa course. Fuyait-elle réellement ? Fuir ? Ou s'échapper ? Elle n'en était plus certaine. Il n'y avait pourtant aucun danger imminent qui menaçait jusqu'à son existence. Cependant, tout lui semblait soupçonneux. Tient, ce buisson par exemple, ne fronçait-il pas des sourcils broussailleux en l'observant ? Il la jugeait, c'était certain ! Oui. Il connaissait ses crimes ! Il condamnait ses fautes ! De quoi l'accusait-on au juste ? De vivre ? D'avoir survécu alors que d'autres avaient péri ? Alors que ses frères n'étaient plus ? Devait-elle porter seule les couleurs de leur étendard ? Jamais elle ne s'était imposée dans leurs grandes épopées imaginaires, jamais elle n'avait apposé son initial sur le petit bout de tissu fouetté par le vent qui surplombait leur repère. Ace l'en avait formellement défendu. Elle ne prendrait pas la mer avec eux. Jamais ! C'était trop dangereux pour une enfant, pour une fille aussi geignarde ! La pauvre, que pouvait-il bien advenir de cette rouquine à la respiration courte et au cœur fragile si un jour l'océan la berçait un peu trop violemment ?
Fragile ? Fragile ?! Fragile ! Et qui, aujourd'hui respirait encore ?! Perchée sur ses deux jambes tremblantes, surplombant le grand rocher qui se jetait courageusement au dessus de l'océan, le regard figé sur les ondes calmes. Elle était encore ! Noée était encore ! Qu'en était-il de Sabo, Ace ... Luffy ? Ses frères si braves, si forts ... Les points serrés, la gorge nouée, elle contenait des larmes que ses yeux n'avaient déjà que trop versé.
" Noée."
La voix grave de celui qui a vécu.
" Noée ..."
La voix calme de celui qui sait.
" Noée ... "
La voix désolée, du traître qui n'a pas agi.
" Garp."
Noée ne pouvait outrepasser cette autorité naturelle qui émanait de son grand père. Cependant, sa voix éteinte ne laissa nullement transparaître les peines qui s'échinaient à déchiqueter soigneusement son petit cœur d'enfant et ses croyances candides.
" La nuit va bientôt tomber, tu devrais rentrer. Il n'est pas bon pour une petite fille d'arpenter seule le bois la nuit, tu le sais non ? "
Mais Noée n'écoutait déjà plus. Comment le pourrait-elle ? Les yeux dans le vague, il lui semblait pourtant apercevoir l'éclat de la lune qui chassait les rayons du soleil. Quelle heure était-il ? La journée était donc déjà terminée ? Que le temps passait vite lorsqu'on le comble de vide. Une pression contre son bras l'arracha violemment de sa léthargie. Garp. Papy Garp. Elle cligna ses paupières faiblardes. Que la réalité était douloureuse. Soudain, tout lui revint. Ace, Luffy. La mort. Les cris, les larmes et la désolation. Le contact contre son bras devint brûlure et la petite se recula précipitamment, manquant dans son empressement de perdre l'équilibre.
" Ne me touche pas ! Siffla-t-elle. Ne me touche plus ! Ne m'approche plus ! Ne ... Vas-t-en ! Tu n'es pas le bienvenue ici !
- Je suis chez moi, répliqua calmement le vieillard, nullement ému par la colère de la petite.
- Tu ne l'es plus. Tu n'es plus chez toi, tu n'es plus un membre de la famille. Tu n'es plus qu'un chien à la solde de la Marine !"
Garp soupira, de lassitude probablement. Il croise ses bras contre son large torse. Il ne pipa mot. C'était un homme fier, qui reconnaissait ses torts. Seulement, se rendait-il un instant coupable du trépas de son petit fils ?
" Quoi ? Tu n'as rien à dire ? Pas d'excuse ? Pas de plaisanterie ? Pas de larmes ? Même pas de regrets ...
- J'ai démissionné, l'informa-t-il simplement.
- Maintenant que le mal est fait ? Tu te dédommages de tes crimes, c'est bien ça ? "
Le silence. La nuit était tombée désormais. La forêt s'était parée d'un manteau ombrageux.
" Qu'importe, souffla-t-elle finalement.Qu'importe ... Je n'ai pas envie de rancœur ou de guerre absurde. Je t'en veux, et ma haine est suffisamment grande pour que je ne ressente pas le besoin de l'attiser davantage. C'est une bonne chose que tu ne sois plus dans la marine, ainsi, nos chemins ne se recroiseront probablement plus."
Garp n'était pas dupe, il comprit l'allusion de la gamine. Elle n'était pas désireuse de quitter son foyer, de virer de bord et de s'éloigner de son île natale. Elle n'avait jamais convoité les trésors perdus au large de Grandline. Bien sûr, comme tout enfant, elle se surprenait parfois à imaginer sa vie ailleurs, sur un bateau Pirate, accompagnée de valeureux moussaillons qu'elle nommerait affectueusement "compagnons". Certes, ces rêveries enfantines avaient quelques fois bercé ses nuits. Mais Noée n'avait pas l'âme d'un pirate, elle n'avait pas le pied Marin et détestait les désagréments, l'ordre et la camaraderie. Noée n'aimait pas la compagnie, et ne s'enquérait de personne. Comment pourrait-elle prétendre à la Piraterie alors que l'essence même d'un équipage résidait dans une unité affective qu'elle se savait incapable de fournir.
" Je ne te retiendrai pas."
L'avait-elle réellement entendu ? Ou n'était-ce là qu'une coquinerie de son inconscient. Quoi qu'il en fut, elle ne prit pas la peine d'interrompre sa marche, s'éloignant hâtivement de ce vieillard qui un jour, se prétendit son grand-père. Son embarcation l'attendait là, sur la jetée, accrochée à un vieux rocher que les vagues menaçaient malicieusement de submerger, comme une menace sourde dont seul ce gros caillou s'inquiétait.
• • •
Où pouvait bien se trouver cette petite ? Elle qui ne loupait jamais un repas ... Voilà qu'elle venait de rater le souper de deux bonnes heures. Lui était-il arrivé malheur ? Inquiète, Dadan quitta la petite maison. Dans son agitation, elle faillit manquer la petite enveloppe soigneusement déposée sur le petit meuble branlant de l'entrée. Depuis quand était-elle ici ? Elle fronça les sourcils, dubitative, avant d'attraper le petit morceau de papier que ses doigts potelés ouvrirent maladroitement.
Chère Dadan
Tu sais, je ne veux pas te faire de mal. Je sais que tu es affectée par la disparition de Ace, et peut-être même celle de Luffy. Je sais que ton cœur est aussi lourd que le mien et que ta haine est grande, peut-être plus grande encore que celle qui m'habite. Seulement, je ne peux rester sur l'île de Dawn. Je ne suis que moi, avec mes petits bras, mes petites jambes. Ce monde risque de m'écraser, je le sais et je le crains. Seulement, je n'ai nul autre choix. Mes frères ne sont plus, ou du moins, j'ignore ce qu'il advient de Luffy ... La Marine en est la cause, ce monde en est la cause. Je vais les venger, comme eux m'auraient vengés, comme tu nous aurais vengés. J'ignore où me mènera cette quête et si mes inquiétudes sont les bonnes. J'ignore si je survivrai à l'extérieur. Mais il n'y a plus rien ici, plus rien qui ne saurait me rappeler nos rires passés, plus rien pour consoler mes peines ... Plus rien pour calmer ma rage. Et si je meurs ... Et bien, qu'il en soit ainsi. Il serait triste de gâcher ma vie en larmes amères, cachée derrière les branchages de mon île natale. Merci pour tout.
Sois forte.
Noée.
Comme promis voici une réécriture. Oui, je sais, la suite n'en sera que plus longue à arriver. Mais il me semblait impératif de rafraîchir cette fiction. Je craignais que mon intérêt pour cet écrit s'estompe et que je l'abandonne, seulement, je suis très attachée à Noée. C'est un personnage intéressant et complexe, du moins, lorsqu'il est question de le dépeindre. Voilà pour le premier prologue, je laisse à chacun la possibilité de me donner un avis. Pour mes anciens lecteurs, cette version est très légèrement différente, j'espère qu'elle vous plaira tout de même. Pour les nouveaux, n'hésitez pas à me laisser des commentaires pour me donner des avis nouveaux, avec vos yeux de nouveaux lecteurs !
Je me dépêche pour réécrire la suite, promis !
