C'est parti pour une nouvelle fanfic !
Tout d'abord, quelques petites infos en vrac :
- Cette histoire prend place à la fin de l'épisode 21 de la saison 4 («Mother»). Oubliez le final, il n'a jamais eu lieu dans cette fic.
- Si l'histoire vous plait et que je continue à publier, mon rythme de publication est d'un chapitre tous les deux/trois jours. Je n'aime pas faire patienter mes lecteurs indéfiniment.
- Beaucoup de personnages en seront toujours à se vouvoyer au début de cette fic. Je me base sur la version française et celle de la saison 4 n'étant pas encore disponible, j'ignore s'il y aura une évolution de ce côté-là. Du coup je reste au vouvoiement pour le moment.
- Le titre était supposé être temporaire mais je m'y suis habituée alors je l'ai gardé. Heureusement que l'anglais, ça fait classe.
- Si vous repérez une quelconque erreur en rapport avec les événements de la série, dites le moi. J'ai vu et revu tous les épisodes de la saison 4 mais je ne suis pas à l'abri d'un oubli ou quoi que ce soit. Bref, n'hésitez pas à me prévenir.
C'est tout pour le moment. Si vous avez des questions laissez-moi une review ou envoyez moi un MP.
Un merci très spécial à Okishina, qui m'a donné l'autorisation de lui emprunter l'idée de l'échange, que j'ai bien entendu traité complètement à ma façon. Mais voilà, l'idée originale vient d'elle.
Alors merci de tout cœur, tu m'as donné l'inspiration, le bien le plus précieux pour un auteur. Tu es vraiment un amour.
Et enfin merci à Regalilla. Merci d'avoir lu ce chapitre en avance, merci pour tes encouragements, merci d'être là, merci d'exister. Je t'aime.
Aller, cette fois je vous laisse lire, et on se retrouve en bas !
Disclaimer : Les personnages et l'univers de la série appartiennent aux fantastiques Edward Kitsis et Adam Horowitz.
Pairing : Emma/Regina.
Rating : K+.
Im stuck here in this life i didn't ask for
There must be something more
Do we know what we're fighting for ?
Chapitre 1 : L'échange
- Vous étiez un personnage intéressant, avant.
Regina cligna des paupières, émergeant peu à peu de l'inconscience. Elle se redressa avec difficulté, regardant tout autour d'elle pour découvrir l'origine de la voix. Elle se trouvait dans un endroit inconnu et pourtant familier, une sorte de jardin au milieu d'une clairière. Étrangement, l'arbre qui lui faisait face, et sous lequel se trouvait un banc de bois, était son pommier, le Honeycrisp. Il aurait pu s'agir d'un autre, bien entendu, mais elle reconnaissait la branche coupée par Emma plusieurs années auparavant.
- Qu'est-ce que je fais ici ? murmura-t-elle.
Regina remarqua alors un détail insolite. Le vent soufflait, agitant les feuilles du pommier, mais elle ne le sentait pas sur sa peau. Le soleil était à son zénith mais elle ne sentait pas sa chaleur. A bien y réfléchir, elle ne sentait pas non plus le sol sur lequel elle était agenouillée.
- Où est-ce que je suis ? demanda-t-elle.
Une voix lui avait parlé, au moment où elle était sortie de l'inconscience, quelques minutes plus tôt. Et pourtant, il n'y avait personne. Regina se concentra sur ses derniers souvenirs, espérant comprendre de quelle façon elle s'était retrouvée dans cet endroit étrange. Soudain, la voix se fit entendre à nouveau, répétant les mêmes mots d'un ton accusateur :
- Vous étiez un personnage intéressant, avant.
La jeune femme fit volte-face et découvrit Isaac assis en tailleur sur le banc de bois clair qui était inoccupé un instant plus tôt. L'homme tenait sa plume bien serrée entre ses doigts et un livre aux pages blanches ouvert sur ses genoux.
- Qu'est-ce que vous avez fait ? s'énerva Regina. Où est-ce qu'on est ? Et comment ça « avant » ?
- Mais quand vous étiez la Méchante Reine, bien sûr, répondit l'Auteur, ignorant les questions précédentes. Écrire à votre sujet a toujours été un réel plaisir, mais ces derniers temps... Vous vous êtes ramollie, Regina.
- Écrire mon histoire ne vous donne pas l'autorisation de me juger. Ramenez-moi à Storybrooke. Immédiatement.
Isaac eut un sourire indulgent.
- Voyons, Regina. Je ne peux pas vous ramener maintenant. Vous devez vous rendre compte de ce que vous êtes en train de faire, des répercussions possibles de votre comportement !
- Mais de quoi est-ce que vous parlez ?
- Vous êtes devenue une héroïne, expliqua l'Auteur. Vous vous êtes détournée du chemin que vous aviez emprunté il y a si longtemps... Vous pensiez sincèrement que quelques bonnes actions allaient racheter les horreurs dont vous êtes responsable ? Que l'amour d'un fils et celui d'un bandit des bois allaient permettre à votre cœur de se libérer des ténèbres ? Renoncez, Regina. Vous ne vivrez jamais assez longtemps pour racheter vos fautes. Et puis, ce n'est pas dans votre nature.
La jeune femme se releva et s'approcha d'Isaac avec la très nette intention de lui arracher le cœur. Ce dernier brandit aussitôt sa plume comme s'il s'agissait d'une épée.
- Ne faites pas ça, ordonna-t-il. Ce serait totalement inutile, étant donné que nous ne sommes pas réellement présents dans ce jardin. Mais si vous faites le moindre geste de menace envers moi, j'écris que votre fils meurt dans d'atroces souffrances et vous ne le reverrez plus jamais.
Regina s'immobilisa, les yeux écarquillés par la surprise et la colère. De toute évidence, elle avait sous-estimé l'Auteur.
- Qu'est-ce que vous voulez ? demanda-t-elle, du ton glacial dont elle avait le secret.
- Je veux vous faire ouvrir les yeux sur l'absurdité de vos choix, vous aider à redevenir un personnage intéressant ! Si je suis condamné à écrire votre histoire, je veux qu'elle soit passionnante. Je ne veux pas m'ennuyer d'un bout à l'autre.
- Oh, et comment vous comptez faire ça ? Vous allez effacer Zelena de l'histoire, comme nous l'avions décidé avant que je ne change d'avis ? Est-ce que c'est ce retournement de situation qui vous a agacé à ce point ?
Isaac sourit à nouveau, au grand déplaisir de son interlocutrice, qui ressentait la puissante envie de lui casser toutes les dents.
- Vous aimeriez que j'efface Zelena, n'est-ce pas ? Malgré toutes vos bonnes intentions, vous êtes toujours la Méchante Reine. Elle est là, quelque part au fond de vous, et vous aimez sincèrement cette partie de votre personnalité. Grâce à elle, vous avez fait face aux moments les plus difficiles, vous avez trouvé la force de faire les choix que personne d'autre n'osait faire. Lorsque vous étiez encore la Méchante Reine, j'avais beaucoup d'admiration pour vous. Mais regardez-vous maintenant ! Votre sœur est enceinte de votre prétendu grand amour et vous ne faites rien ? Quelle déception...
Regina serra les poings, se retenant de se jeter sur l'Auteur. Seule la menace de sa plume, prête à écrire un destin tragique à son fils, l'empêchait de se défendre.
- Qu'est-ce que vous comptez faire ? s'enquit-elle, affichant un calme qu'elle était loin de ressentir.
- Vous ne m'intéressez plus, expliqua froidement Isaac. Ces temps-ci, la Sauveuse elle-même est plus maléfique que vous. Et cela me donne une idée...
L'homme s'empressa d'écrire quelques mots sur la page posée sur ses genoux. La reine se figea tandis qu'un nuage de fumée mauve envahissait le jardin. Lorsque la magie se dissipa, Regina constata avec surprise qu'Emma venait d'apparaître à son tour, roulée en boule sur le sol. La blonde se releva doucement tout en se frottant le front.
- Qu'est-ce que..., commença-t-elle.
- Bienvenue ! l'interrompit l'Auteur. Nous n'attendions que vous.
La Sauveuse haussa un sourcil et interrogea son amie du regard, totalement perdue.
- Je n'ai aucune idée de ce qu'il se passe ici, répondit Regina à la question silencieuse.
Isaac jouait avec sa plume, le sourire aux lèvres, s'amusant visiblement de la confusion de ses prisonnières. Emma jeta un regard circulaire sur le jardin, cherchant inconsciemment un moyen de défense potentiel. Puis ses yeux se posèrent sur le pommier et elle fronça les sourcils. Elle aussi avait reconnu l'arbre.
- Et c'est où, « ici » ? s'enquit-elle.
- Je pense que cet endroit n'est pas réel, expliqua Regina.
L'Auteur sourit, apparemment très fier de lui.
- Il ne l'est pas, confirma-t-il. J'avais besoin d'un face à face avec vous dans un endroit tranquille, là où personne ne pourrait se mettre en travers de mon chemin.
- Pourquoi ce face à face ? demanda prudemment Emma.
Isaac tapota distraitement la page ouverte sur ses genoux. Après un instant d'hésitation, il répondit :
- J'ai eu une idée, est-ce que vous voulez l'entendre ?
- Allez-y, soupira la reine.
Elle posa les mains sur ses hanches dans une attitude de défi, attendant la suite avec impatience, pressée de retourner dans le monde réel pour faire payer son impertinence à l'Auteur.
- Nous allons jouer à un jeu, expliqua Isaac. Dans lequel vous allez échanger vos rôles. Vous ne méritez plus d'être la Méchante Reine, Regina. Vous, Emma, en revanche... Vous avez un certain potentiel.
La Sauveuse haussa les sourcils.
- Euh, pardon ? s'exclama-t-elle. Échanger nos rôles ? Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?
L'Auteur l'ignora et se tourna plutôt vers Regina, qui le menaçait du regard.
- Vous voulez être une héroïne ? lança-t-il rageusement. Soit ! Je vais vous permettre d'en devenir une. Nous verrons bien si c'est ce que vous vouliez, finalement.
Il se mit à écrire à toute allure. Emma s'approcha aussitôt, la magie illuminant ses mains, lorsque la brune s'interposa.
- Ce serait inutile, soupira-t-elle. Cet endroit n'est pas réel.
- Ca vaut le coup d'essayer quand même, non ?
- Il a menacé de tuer Henry. Il lui suffirait de l'écrire et il mourrait. Vous avez une suggestion ?
- On ne va pas le laisser jouer avec nos vies ! Il doit y avoir un moyen de l'en empêcher.
Regina se pinça la lèvre, ne sachant que faire pour retourner la situation à son avantage. Alors qu'il s'apprêtait à écrire le point final, Isaac releva la tête, l'air soudain très sérieux.
- Jouez le jeu, ordonna-t-il. Jouez le jeu ou les choses ne reviendront jamais à la normale.
- Ne faites pas ça ! s'écria Emma, mais elle n'eut pas le temps d'intervenir.
Du bout de sa plume, l'Auteur avait inscrit le point final. Tandis que le jardin disparaissait dans un nuage de fumée mauve, Isaac murmura :
- N'oubliez pas. Jouez le jeu.
OooOooOooO
Emma se sentait revenir peu à peu à la conscience. Elle cligna des paupières plusieurs fois et tout prit peu à peu forme autour d'elle. Aussitôt, son regard fit le tour de la pièce. Une salle souterraine. Des murs froids. Une couchette, sur laquelle elle était allongée. Zelena, debout à ses côtés, un sourire moqueur sur le visage.
- Bonsoir, sœurette. Tu faisais de beaux rêves ?
La Sauveuse se redressa d'un bond, s'immobilisant le temps que les murs cessent de tourner. C'est alors qu'elle remarqua Robin, assis sur le bas de la couchette. Il lui tenait la main. Il lui tenait la main. Emma se dégagea sèchement, les yeux écarquillés. Elle ne récolta en retour qu'un regard chargé d'incompréhension.
- Où est l'Auteur ? demanda-t-elle, devinant en partie ce qui venait de se produire.
Elle se souvenait du jardin à l'aspect irréel et d'Isaac, assis sur le banc de bois, en train d'écrire dans le livre de contes. Était-il allé au bout de son idée ? Sentant la panique monter en elle, la Sauveuse pencha la tête en avant pour se regarder. La première chose qu'elle aperçut fut une mèche de ses longs cheveux blonds, ce qui la rassura immédiatement. Elle était toujours elle-même. Isaac n'avait peut-être rien changé, finalement ? Bien sûr, rétorqua une voix moqueuse dans sa tête, c'est pour ça que tu es dans la cellule de Zelena, qu'elle t'a appelé « sœurette », que Robin te tenait la main à ton réveil et que tu portes un tailleur mauve. Emma grimaça tandis que la panique refaisait surface.
- Il a disparu, répondit Robin. Il a écrit quelque chose sur un morceau de parchemin, il a disparu et tu t'es évanouie. Est-ce que tout va bien ? J'étais inquiet.
Zelena, agacée d'être ignorée, se glissa entre le couple, s'asseyant sur la couchette. Une main posée sur son ventre, elle adressa un sourire aguicheur à son « mari ». Emma ne s'en aperçut même pas, profondément perdue dans ses pensées. Le dernier avertissement de l'Auteur venait de lui revenir à l'esprit.
Jouez le jeu ou les choses ne reviendront jamais à la normale.
Était-elle supposée faire semblant d'être Regina ? De toute évidence, Isaac avait soigneusement fait son travail étant donné que Robin et Zelena n'avaient pas semblé remarqués qu'elle était maintenant tout le contraire d'une belle brune aux yeux marron. Alors peut-être qu'il valait mieux jouer le jeu, comme l'Auteur l'avait ordonné, du moins tant qu'elle n'en saurait pas plus sur ce qu'il avait modifié et tant qu'il serait en liberté quelque part avec le pouvoir de changer ce qu'il désirait.
- Ca va, répondit Emma, d'une voix un peu tremblante.
Elle se leva et jeta un coup d'œil à sa tenue. Porter les vêtements de Regina aurait dû être secondaire, étant donné la situation, mais la Sauveuse ne pouvait s'empêcher d'y prêter de l'attention. Tailleur mauve, collants, long manteau noir, bottes. Ce style flamboyant n'était clairement pas le sien, et cela la mettait mal à l'aise. Mais tout de même pas autant que le regard amoureux que Robin posait sur elle et qui était tout simplement terrifiant.
- Il faut que je parle à Regina, réalisa-t-elle à voix haute.
Emma quitta la cellule aussitôt, sans dire au revoir ou donner davantage d'explications. Une fois dans le couloir, elle se sentit un peu perdue, ne connaissant pas vraiment les sous-sols de l'hôpital. Heureusement, un panneau indiquait un escalier et elle s'y engouffra avec soulagement, montant les marches quatre à quatre. Elle avait traversé le hall presque désert et s'apprêtait à passer la porte principale lorsqu'une voix la força à s'arrêter.
- Emma ! Attends !
La Sauveuse se retourna avec surprise. Robin la rejoignit, un peu essoufflé, et prit sa main. Elle ne le repoussa pas cette fois, préoccupée par autre chose.
- Comment vous... Comment tu m'as appelée ? murmura-t-elle.
Robin fronça les sourcils.
- Je t'ai appelée par ton prénom. Quelque chose ne va pas, Emma ? Tu n'as pas l'air dans ton état normal. Est-ce que l'Auteur a fait quelque chose ? Tu as une idée de ce qu'il a écrit, de pourquoi tu t'es évanouie ?
- Euh... Non, j'en sais rien. Je vais aller voir Regina, elle pourra certainement m'aider.
- Tu crois ? Tes compétences magiques dépassent de loin les siennes...
Emma éclata de rire. Elle, plus puissante que Regina ? La blague. Vous avez été échangées, lui rappela sa petite voix intérieure. Il parlait de la vraie toi, là. La Sauveuse poussa un grognement, n'ayant plus vraiment envie de rire. La situation n'avait aucun sens. Si Isaac avait bel et bien mis son plan à exécution, alors pourquoi avait-elle conservé son nom et son aspect physique ? Peut-être que Regina en saurait plus.
- On va au loft ? proposa Robin, ne se décourageant pas devant son absence de réponse.
Emma reporta son attention sur le voleur et relâcha sa main, veillant à y mettre un peu plus de douceur que la fois précédente. Elle fouilla dans les poches du manteau qu'elle portait et y découvrit les clés de la voiture de Regina. Bon, au point où elle en était...
- D'accord, soupira-t-elle.
- Tu es sûre que ça va ?
- Oui, oui, super. On y va ?
Emma s'éloigna sans attendre, maudissant les talons hauts des bottes de Regina qui ralentissaient nettement sa progression. Avec un peu de chance, les choses seraient revenues à la normale avant le lendemain matin.
OooOooOooO
- Ma chérie ? Ma chérie, tu m'entends ?
Regina fronça les sourcils, les yeux fermés, et tenta de se retourner pour échapper à la voix désagréable qui lui écorchait les tympans. Alors qu'elle roulait sur le côté, son corps buta contre un obstacle, qui se révéla être un coussin. Elle cligna des paupières, la confusion laissant peu à peu place aux souvenirs. Soudain, elle revit clairement le jardin et les mots d'Isaac revinrent avec force dans son esprit.
- Ma chérie ? insista la voix.
Regina se redressa dans un sursaut, regardant autour d'elle avec inquiétude. Elle était assise sur le canapé du loft de Mary-Margaret. Celle-ci, agenouillée sur le sol, se releva en voyant qu'elle était réveillée.
- Ca va, ma chérie ? s'enquit-elle, d'un ton un peu paniqué.
David, qui se tenait un peu en retrait, s'approcha de sa femme et posa une main sur son épaule, l'incitant au calme.
- Que s'est-il passé ? voulut savoir la reine, soudain angoissée.
Elle repoussa la couverture qui recouvrait ses jambes et découvrit avec stupeur qu'elle portait un jean. Aussitôt, plusieurs connexions se firent dans son cerveau. Isaac avait parlé d'« échanger les rôles ». Elle se réveillait dans le loft de Mary-Margaret alors qu'elle n'avait aucune raison de s'y trouver. Mary-Margaret l'avait appelée « ma chérie » au moment où elle était sortie de l'inconscience. Et elle portait un jean. Alors ou bien l'Auteur avait mis son plan à exécution ou bien on lui faisait la blague la plus nulle de tous les temps.
- Tu t'es évanouie, expliqua David. Tu es restée inconsciente environ un quart d'heure.
- Je vais te préparer quelque chose à manger, décida Blanche. Tu es sûrement en hypoglycémie.
Regina ne répondit pas, trop occupée à s'examiner sous toutes les coutures. Elle portait les vêtements d'Emma, apparemment, mais elle était toujours elle-même. Heureusement, d'ailleurs, étant donné que se réveiller dans le corps d'Emma Swan aurait été affreusement bizarre. Et la situation l'était déjà suffisamment comme ça.
- Où est Henry ? s'inquiéta soudain la reine.
- Avec Crochet sur le Jolly Roger, répondit David d'un ton rassurant. Ils voulaient étudier les étoiles pour faire une carte. Enfin, d'après ce que j'ai compris. Tu ne t'en souviens pas ? Ils en ont parlé tout à l'heure, avant de partir.
Regina secoua la tête et se releva, encore un peu confuse.
- Je vais le chercher, annonça-t-elle.
- Il vaut mieux que tu te reposes. Il ne faudrait pas que tu t'évanouisses à nouveau. Et puis, Henry est en sécurité avec Killian. Ils seront bientôt de retour, de toute façon.
David se rapprocha de celle qu'il croyait être sa fille et posa les mains sur ses épaules, captant aussitôt toute son attention.
- Est-ce que tout va bien ? demanda-t-il.
Regina acquiesça silencieusement, gênée par cette soudaine proximité. Un soupir de soulagement lui échappa dès que Charmant la relâcha et elle se dirigea vers la porte sans plus attendre, avec la nette intention d'aller chercher son fils. Et si Isaac lui avait fait du mal ? Elle se souvenait très bien de ses menaces. Qu'avait-il dit ensuite ?
Jouez le jeu, ou les choses ne reviendront jamais à la normale.
Regina osa un regard en direction de Mary-Margaret, qui préparait le repas du soir avec application. Elle commençait à saisir toutes les implications du « jeu » imposé par l'Auteur. Alors qu'elle restait debout au milieu de la pièce, indécise et préoccupée, la porte s'ouvrit sur Henry. Ce dernier ne comprit pas ce qui lui arrivait lorsque sa mère se jeta sur lui pour le serrer de toutes ses forces. Mais il lui rendit son étreinte avec joie et demanda :
- Tout va bien, M'man ?
Regina se détacha doucement. Aucun mal n'avait été fait à son fils, ce qui lui enlevait un énorme poids des épaules. Hélas, le soulagement fut de courte durée. Car, dès qu'Henry s'éloigna pour parler à son grand-père, Crochet passa la porte à son tour et marcha droit sur celle qu'il croyait être sa petite-amie. Avant qu'elle n'ait pu réagir, il lui avait volé un rapide baiser. Puis il se détourna sur un dernier sourire et rejoignit Mary-Margaret derrière le comptoir, lui proposant courtoisement de l'aider à préparer le repas.
- Ca va pas être pratique, commenta Henry. T'as qu'une main.
Regina, qui regardait la scène, sentit un rire monter dans sa gorge mais mourir avant d'avoir pu s'exprimer. Elle porta la main à ses lèvres, les sourcils froncés, un air dégoûté sur le visage. Crochet venait de l'embrasser, nom d'un chien ! La situation lui apparaissait soudain très clairement, et c'était vraiment, vraiment, de très mauvais augure.
- Tu peux mettre la table, proposa Blanche à Killian, qui s'empressa d'obéir.
A cet instant, quelqu'un frappa à la porte et Regina se précipita pour ouvrir, priant pour qu'il s'agisse d'Emma, avec laquelle une discussion s'imposait. Heureusement, ses prières furent entendues. C'était bien la Sauveuse, très chic dans le tailleur mauve de son amie, ce qui aurait beaucoup amusé la reine si un autre « détail » n'avait pas brusquement attiré son attention.
- Robin ? murmura-t-elle.
Le voleur lui répondit d'un sourire poli et passa un bras protecteur autour des épaules d'Emma, qui adressa un regard suppliant à la brune. Celle-ci recula de plusieurs pas. Son cœur battait douloureusement dans sa poitrine et elle sentait la colère l'envahir à la vision du « couple ». Marianne et Zelena, ça n'avait pas été suffisant ?
- Oh, bonsoir ! s'exclama joyeusement Blanche en apercevant ses invités. Vous voulez rester pour le dîner ? Il n'y a pas beaucoup de place mais on pourra toujours se serrer un peu.
- Pourquoi pas ? répondit Robin. Tu es d'accord, chérie ?
Regina, furieuse, se retint de toutes ses forces pour ne pas hurler la vérité au visage de son petit-ami, qui faisait maintenant les yeux doux à Emma. Celle-ci accepta l'invitation et se libéra fermement du bras qui la retenait, toute son attention attirée par Crochet, qui l'ignorait superbement.
- Il faut qu'on parle, murmura la reine à son amie.
L'agacement avait percé dans sa voix. Elle était à deux doigts d'ignorer les ordres et les menaces de l'Auteur et de dire toute la vérité à Robin et aux Charmants. Hélas, elle réalisait bien qu'il lui fallait d'abord en savoir un peu plus sur les changements opérés par Isaac. Il lui fallait un plan. C'est pourquoi elle entraîna Emma un peu plus loin dans la pièce. Par pur esprit de vengeance, elle lui annonça de but en blanc :
- Votre petit-ami m'a embrassé.
L'attention de la blonde se reporta aussitôt sur elle. La douleur qui traversa son regard atteignit Regina, qui s'en voulut de son manque de subtilité. Mais elle était encore trop en colère pour ne serais-ce que penser à s'excuser.
- L'Auteur a réussi son coup, murmura Emma.
Elle jeta un regard à ses parents, qui étaient suffisamment loin pour ne pas entendre une conversation à voix basse.
- Il a échangé nos vies, confirma Regina.
- Mais pourquoi ? C'était quoi cet endroit, ce jardin ? Et pourquoi on a échangé de vie mais pas de corps ni de nom ?
- Comment voulez-vous que je le sache ?
La reine soupira, essayant de retrouver un semblant de calme.
- L'Auteur pense que je suis un moins bon personnage, expliqua-t-elle. Que je me suis ramollie, pour reprendre ses mots. J'imagine qu'écrire mon histoire est devenu ennuyeux et il a voulu me le faire payer...
Emma se perdit dans ses pensées un instant, les yeux fixés sur ses parents – qui ne la voyait plus du tout comme étant leur fille – et son petit-ami – qui ne lui adressait pas un regard.
- Bon, soupira-t-elle. On va retrouver l'Auteur et le forcer à refaire l'échange. Et on va dire la vérité aux autres. Je ne vais pas supporter ça...
- L'Auteur a dit que nous devions jouer le jeu ! Ca ne m'amuse pas plus que vous mais il a le pouvoir de faire absolument tout ce qu'il veut avec nos vies. Il peut tuer toutes les personnes que nous aimons en écrivant une simple ligne... Je doute qu'il veuille nous aider.
- Alors quoi ? On accepte la situation sans réagir ?
- Non, bien sûr que non. Il y a peut-être un autre moyen d'inverser la situation, un moyen magique ? Il me suffirait de jeter un œil dans mon caveau, ou dans la boutique de Gold... Il n'est pas dans un très bon état, de toute façon, je pense qu'il serait facile de lui subtiliser quelque chose. De plus, il n'est pas présent en permanence et Belle sera certainement d'accord pour nous aider, même si nous ne lui donnons pas tous les détails.
- Regina...
- Je ne me souviens pas de toutes les formules disponibles dans mes livres de sort mais il y a peut-être une solution, il suffit de chercher, et en attendant j'imagine que nous allons devoir faire semblant... Même si ça ne me plait pas du tout !
- Regina...
- Quoi ?
- C'est un jean que vous portez ?
Emma affichait une expression interdite, qui se mua peu à peu en un sourire moqueur. Vexée, la brune poussa un grognement et s'essuya nerveusement les mains sur son pantalon.
- Je me suis réveillée comme ça, se justifia-t-elle. Et puis vous, vous portez mon tailleur.
- Oui, d'ailleurs, comment vous faites pour supporter ça ? Aucune liberté de mouvement, rien à voir avec un bon vieux jean...
Regina leva les yeux au ciel. Elle allait répliquer lorsque la voix de Blanche interrompit leur conversation.
- Vous venez manger ? Le repas est prêt.
Les deux jeunes femmes acquiescèrent. Dès que Mary-Margaret se fut tournée vers David pour lui parler, elles se penchèrent de nouveau l'une vers l'autre.
- Alors, qu'est-ce qu'on fait ? chuchota Emma.
- On dîne, puis on trouve une excuse pour quitter le loft. Je ne veux pas attendre plus que nécessaire pour régler le problème.
- Moi non plus. Et... Euh... Je suis supposée être vous mais vous n'avez certainement pas envie que j'accepte les avances de Robin et je n'en ai pas envie non plus. Même chose pour Killian. Qui n'aurait jamais dû vous embrasser...
- Nous ne pouvons rien leur dire pour le moment, mais oui, il n'est pas question que nous les laissions agir comme d'habitude. Ils comprendront dès que nous aurons retrouvé l'Auteur et fait en sorte qu'il ne puisse plus jamais nous causer ce genre de désagrément.
Regina eut un sourire un peu sadique. L'Auteur allait payer très cher ses menaces et ses manipulations.
- D'accord, soupira Emma.
Elle se dirigea vers la table et se laissa tomber à sa place habituelle. Robin vint aussitôt s'asseoir à ses côtés et tenta d'engager la conversation, ne recevant que quelques mots en réponse. Mary-Margaret et David s'installèrent en face du « couple » tandis que Regina s'éloignait le plus possible, espérant échapper au regard suggestif que Crochet posait sur elle. On peut difficilement imaginer situation plus dérangeante, pensa-t-elle. Emma, installée un peu plus loin, semblait tout aussi malheureuse qu'elle. La brune reprit sa respiration, essayant de se concentrer sur autre chose.
Elle se laissa aller contre le dossier de sa chaise, suivant vaguement les conversations qui avaient lieu tout autour d'elle. Henry, debout, servait le dîner tout en discutant avec son grand-père. L'ambiance était détendue, familiale. Regina leva les yeux sur Robin un bref instant, se demandant s'il se sentait à son aise parmi ces gens qu'il ne connaissait finalement pas tant que ça. Mais le voir regarder Emma avec amour était trop douloureux et elle se détourna, le cœur lourd. Elle tenta de se consoler en se disant qu'un jour, avec du recul, elle pourrait rire de tout ça.
Oui, elle pourrait probablement rire de Blanche qui l'appelait « ma chérie », de Crochet qui l'embrassait – le simple fait d'imaginer la tête qu'il ferait lorsqu'il le saurait était hilarant. Elle pourrait rire de Robin, qui n'avait pas été capable de se rendre compte que Zelena était dans le corps de Marianne, pas plus que du fait que Regina était maintenant assise de l'autre côté de la table et qu'il faisait les yeux doux à une autre. Oh, et puis, elle pourrait rire d'Emma et de son tailleur mauve, même si finalement, elle le portait plutôt bien. Mais ça, elle n'allait pas le reconnaître.
Regina se redressa pour manger, ayant retrouvé un peu d'appétit. Oui, la situation était compliquée et douloureuse, mais ce serait bientôt terminé. Elle allait trouver l'Auteur, refaire l'échange et retourner à sa vie. Bien sûr, il y aurait toujours le problème que posait Zelena et sa grossesse, mais il serait toujours temps de s'en inquiéter plus tard. Pour le moment, l'Auteur avait la priorité. Regina sourit tout en portant son verre à ses lèvres. Tout serait très vite réglé, elle en était certaine.
Alors ?
Laissez moi une petite review pour me dire ce que vous en pensez et si vous avez envie que je poursuive cette aventure. J'attends vos petits mots avec beaucoup d'appréhension.
A très vite j'espère !
