Hey!
Les bonnes critiques de mon autre fic Fallen Stars m'ont donné du courage tout plein. Assez pour vous proposer mon autre projet, plus ambitieux, et peut-être un peu plus déroutant.
Cette fic m'a été inspirée par la déception qu'a provoqué en moi le chapitre 326 du Manga celui où (Attention SPOIL) Futur Rogue (ou Dark Rogue comme je l'appelle parfois) avoue avoir tué Sting pour s'emparer de ses pouvoirs.
C'est également un Sting x Lucy (ils vont si bien ensemble) mais qui risque d'être assez long à se mettre en place. Vous pourrez également y trouver un autre de mes personnages préférés: Luxus (d' ailleurs que Sting et lui se ressemblent, vous ne trouvez pas?).
C'est ma première tentative avec un OC, j'espère qu'elle vous plaira.
Bien entendu, ni Fairy Tail ni ses personnages ne m'appartiennent, je ne fais que les emprunter pour un moment.
Prologue:
L'enfant de l'éclipse.
Je suis née la nuit de l'éclipse. Cette même nuit qui a vu la fin du monde que connaissaient et aimaient mes parents et toutes les personnes que j'ai aimé dans ma vie. Pendant que je poussais mes premiers cris, inconsciente de ce qui se déroulait à quelques kilomètres de moi, Mercurius s'effondrait sous l'assaut auquel il était soumis. Combien de vie ont été perdues, cette nuit là? Je ne saurait le dire, beaucoup trop certainement. Et combien de vie ont éclos au cours de cette même nuit. Une seule! Autant que je sache, je suis le dernier enfant né avant la grande invasion des dragons. D'ailleurs, ça a certainement marqué ma destinée. Je suis la dernière de beaucoup de choses! Beaucoup trop!
Mon nom? Je ne l'ai jamais connu. Je ne me souviens ni de mes véritables parents, ni de ma vie avant que le Destin ne me jette dans le tourbillon de la tourmente. La jeune fille qui m'a adopté m'a simplement appelé Ao, un nom simple, doux, sans prétention, qui m'allait comme un gant. Un nom probablement inspiré par ma chevelure d'un bleu argenté. Et, surtout, c'est le seul dont je me souvienne. Qui j'étais avant ça? Ce que j'aurais dû devenir? Personne n'en a jamais rien su. Peut-être n'avais-je pas d'autre destinée que d'être placée là, afin d'être trouvée par cette jeune fille et élevée pour devenir, ce que je suis aujourd'hui. Peut-être que le seul but de mon existence est de remplir la mission qui me fut confiée.
Quelle mission? Vous aimeriez le savoir, pas vrai? Un peu de patience, vous comprendrez bien assez tôt. Il vous suffit juste de savoir qu'elle comprend le plus grand plan de sauvetage qu'on pouvait imaginer. Oh, non, je n'en suis pas l'auteur. Du moins, pas directement. Celle qu'il faut féliciter pour ça, c'est Boréas, ma seconde mère. En fait, plutôt la troisième si on compte celle qui m'a donné naissance et que je n'ai pas connu, ou si peu. Boreas, ma mère, mon mentor, celle qui va me permettre de me lancer dans ma mission, et de venger tout ceux que j'ai vu mourir sans pouvoir agir. C'est elle qui va me renvoyer dans le passé. Un voyage sans retour, mais je ne crains pas de l'entreprendre. Il n'y a rien ici que je regretterai ... A part Boreas elle-même. Mais, mon but vaut bien quelques sacrifices. Et puis, ce n'est pas comme si je ne la reverrai jamais, je sais que je la reverrai un jour. Seulement, ce ne sera pas la même Boreas que celle que je connais. C'est triste, et ça me serre le coeur d'y penser, mais c'est ainsi. Et je sais déjà que ce ne sera pas le seul sacrifice que je devrai faire pour ma mission.
Ah lala, non, oubliez ça. Ça me déprime complètement. Mais il faut que je reste forte. Je n'ai pas le droit de flancher, les autres ne le savent pas encore, mais ils comptent sur moi. Je suis la seule à savoir ce qui les attend, je suis la seule à pouvoir les protéger de leurs adversaires, et d'eux même. Ça paraît arrogant pas vrai? Vous devez vous demander qui je suis pour oser dire ça. La réponse est à la fois simple et compliquée. Je suis une enfant qui veut sauver ses parents du meurtrier qui les guette dans les ténèbres. Non seulement mes parents, mais aussi tous leurs amis que la lame du Destin a fauché trop tôt. C'est un peu pompeux comme formulation pas vrai? C'est Boreas qui détient sur moi.
Boreas est ... Un peu mystique sur les bord. Elle est persuadée que chaque être vivant suit un Destin qui lui est réservé par je ne sais quelle entité divine. Sa vie est une longue marche sur la route que le Destin a tracé pour lui. Je trouve cette vision des choses terrifiante et déprimante à la fois. Penser qu'un Dieu, ou je ne sais quoi d'autre, choisit pour moi la voie que je dois suivre, ça ne me plaît pas. Je préfère penser que je suis mon seule maître et que je suis libre de devenir ce que je veux, sans qu'un esprit supérieur ne vienne y mettre son grain de sel. Je veux bien croire que le Destin existe, mais qu'il soit unique et immuable, non. Je le vois plutôt comme un croisement devant moi, chaque choix me faisant prendre une route parmi la multitude possible.
Et la route que je m'apprête à choisir est probablement la plus difficile de toutes. Mais c'est nécessaire. Et je suis prête à la suivre. Mais je ne le ferai pas seule. Rin, ma partenaire, m'accompagne. Je lui en suis reconnaissante. Je ne me voyais pas entreprendre ce voyage sans elle. Elle ne m'a pas quitté depuis que Boreas me l'a donné, il y a ... deux ans déjà. Elle me l'a donné. Ça fait bizarre de dire ça. Pourtant, c'est tout à fait ce qui c'est passé. Rin est ... un cadeau d'anniversaire, en quelque sorte. Un cadeau qui prend de la place. Mais sans elle, je serais bien seule. Je suis reconnaissante envers Boreas d'avoir pris le risque de me confier Rin. Elle et moi, nous sommes pareilles. Nous somme les dernières de nos races. On était faite pour se trouver.
Donc, après toutes ces palabres, voilà où j'en étais: debout devant le miroir brisé de ce qui me servait de chambre, occupée à achever de nouer mon hakama sur mes hanches. Sur le lit, derrière moi, un énorme sac attendait le départ. Il contenait mes maigres possessions: argent, vêtements, ustensiles de survie, trousse de premiers secours, on est jamais trop prudent, quelques vivres, un livre ou deux, et divers choses qu'il serait inutile de détailler ici. Regardant mon reflet dans le miroir, je sentais mon coeur cogner violemment dans ma poitrine. D'ici quelques minutes j'allais me retrouver plongée dans un monde dont je ne savais pas grand chose, hormis ce qu'on m'en avait raconté. J'en avais hâte, mais en même temps, une partie de moi redoutait ce qui allait se passer. C'était étrange de se dire que j'allais débarquer dans un pays qui m'était totalement étranger, sans même avoir franchi les frontières. Mais il était trop tard pour faire demi-tour maintenant. Tout était prêt. Boreas avait certainement déjà lancé le sort qui allait m'envoyer dans le passé.
Me détournant du miroir avec un soupir, je franchis les quelques pas qui me séparaient du lit et empoignais fermement le sac. Il pesait plus lourd que ce que je pensais mais je le hissais quand même sur mes épaules et me dirigeais vers la porte. En fait de porte, ça ressemblait d'avantage à un panneau de bois branlant placé en travers de l'ouverture. J'avais à peine posé la main dessus, que la planche bascula et s'écrasa au sol, manquant de tomber sur Rin qui se précipitait vers moi aussi vite que ses ailes lui permettaient.
- Ah tu es prête Ao-chan, fit-elle en me voyant. Parfait, Boreas-sama commence à s'impatienter.
Sa petite voix enfantine me faisait toujours sourire.
- Ne la faisons pas attendre d'avantage dans ce cas.
Rin s'abattit sur mon épaule, sa place favorite, et je suivis le boyau vers la grotte principale. Oui, la grotte, vous avez bien lu. C'est là le refuge qui m'avait vu grandir ces dix dernières années et qui nous avait protégé des recherches de nos adversaires. Réduites à vivre sous terre comme des insecte, quelle déchéance! Surtout Boreas, à qui, je suis sûres, les eaux clairs de son lac natal devaient cruellement manquer.
Tournant dans un virage du boyau, je vis une vive lumière bleutée briller devant nous. La longue silhouette filiforme de Boreas se découpait contre la parois la plus proche. Le froid mordant émanant de son corps s'intensifiait à chaque pas, mais ça ne me dérangeait pas. Ça ne me dérangeait plus. Il y avait longtemps que le froid ne me faisait plus souffrir, j'étais devenu le froid lui même. Il faisait parti de moi. Le souffle rauque et les rugissements occasionnels de mon mentor ne me faisaient plus trembler non plus. Je les trouvais même plutôt rassurants.
Ah oui, j'ai oublié un léger détail. Boreas est un dragon. Le dragon bleu, pour être exacte. Maître des glaces et du temps. Ce qui fait de moi ... un chasseur de dragon. Le dernier encore en vie. Quand à Rin, eh bien, je suis sûre que vous avez deviné, elle est le dernier exceed de ce monde en ruine. Voilà, avec ça, vous savez qui je suis: Ao Enoki, chasseur de dragons bleus, en partance pour la mission la plus importante de sa vie.
Quand j'arrivais au coeur de la grotte, là où Boreas aimait à se tenir, je la trouvais, enroulée sur elle même, un cercle magique immense, même pour un dragon, flottant à quelques centimètres au dessus du sol. Elle ne leva pas la tête mais son oeil énorme roula dans son orbite et sa pupille fendue se posa sur moi.
- Prête? Demanda-t-elle simplement, sa voix grondant entre les murs de roche comme un écho.
- Oui, répondis-je avec toute la résolution dont j'étais capable.
Un grognement en forme de ronronnement me répondit.
- Ao, commença-t-elle. Ça fait dix ans maintenant que tu es sous ma tutelle. C'est bien plus que la plupart des autres chasseurs de dragons. Tu as eu la chance de recevoir un enseignement complet, contrairement à eux. Malgré ton jeune âge, tu es donc comme un chasseur de dragons adulte et à ce titre, j'attends de toi un comportement exemplaire. Certes je ne serai plus là pour le voir, mais je sais que tu auras à coeur à suivre les enseignements que je t'ai transmis. N'oublie pas ce qui arrive à ceux qui s'écartent de la voie qui est la votre.
A ces mots, je serrais les poings si fort que mes jointures craquèrent bruyamment. Aucun risque que j'oublie ce qui arrivait. Je l'avais vu d'assez près pour ça. Et même si je n'étais qu'une gamine à ce moment, chaque instant de cette rencontre était gravé dans ma mémoire comme au fer rouge. Oh non! Aucun risque que j'oublie.
- Il y a dix ans, quand ton père t'a confié à moi, je suis certaine qu'il savait déjà ce qui se passerait. Je suis sûr qu'il avait compris que tu serais un grand espoir pour nous. Même si le "nous" n'est plus vraiment d'actualité aujourd'hui. En l'espace de quelques années tu as vu mourir tout ceux que tu aimais, et je sais que tu sauras trouver la voie pour les protéger. J'ai confiance en toi.
Elle laissa passer un instant et son oeil me fixa avec une telle intensité que je sus qu'elle allait me confier ses dernières directives. Je sentis mon coeur tomber comme une pierre dans ma poitrine et les larmes menacèrent de couler. Mais je ne voulais pas pleurer devant elle. Pas encore.
- Tu as bien effacé ta marque, n'est-ce pas?
Je hochais sombrement la tête, portant instinctivement une main à mon épaule droite.
- Je sais que c'est dur, mais tu comprends, n'est-ce pas? Tu ne peux pas te promener avec ta marque. Si tu tombais sur eux, ils ne manqueraient certainement pas de se demander pourquoi quelqu'un qu'ils ne connaissent pas porte la marque de leur guilde. Quand aux deux autres, aucun risque que tu puisses les approcher avec cette marque, tu ne crois pas?
- Oui, tu as raison.
Je me souviens quand maman m'a raconté sa première rencontre avec papa, je ne l'ai pas cru tout de suite. Je n'arrivais pas à croire qu'ils se soient autant détestés pour une raison si futile que la rivalité entre deux guildes, avant de se découvrir réellement. J'avoue que l'image qu'elle donnait de papa, était loin de celle que je connaissais. Il s'est bien rattrapé par la suite. Quel dommage qu'ils aient eu si peu de temps à partager. Je ne les ai côtoyé que peu de temps, trois ans tout au plus, mais leur présence près de moi avait laissé une marque indélébile au plus profond de mon coeur et de mon âme. Boreas m'a élevé pendant dix ans, mais je considérerais toujours mes parents adoptifs comme mes véritable parents. Pour moi, je suis née le jour où ils m'ont trouvé.
- Bien, maintenant, passons aux choses sérieuses. Comme je te l'ai expliqué hier, je vais t'envoyer dans le passé bien avant cette nuit de l'éclipse. Je pense que quatre ans plus tôt est une bonne idée. Ça te laisse le temps de t'habituer à ce monde et de découvrir la vie comme elle était à l'époque. Ne te précipites pas, prend tout ton temps, pour apprendre à bien connaître ce monde. Passes-y le temps qu'il faut, il t'en restera toujours assez pour accomplir ta tâche.
Je me contentais de hocher la tête.
- Tu ne seras pas seule. Rin t'accompagne. Et je serais toujours avec toi, même si tu ne peux plus ni me voir ni m'entendre.
- Je sais.
A ce moment, son long corps serpentin se déroula et sa tête immense s'approcha de moi. Elle me fixa longuement de ses yeux de saphir, comme pour me jauger.
- Je t'aime, petite fille, fit-elle alors.
Incapable de résister, je me jetais sur elle et serrais sa large tête entre mes bras, des larmes dévalant mes joues comme une cascade longtemps retenue.
- Je t'aime aussi, Boreas.
Je ne sais pas combien de temps je suis restée comme ça, à la serrer à bras le corps, quelques minutes peut-être, avant qu'elle me repousse doucement du bout des naseaux.
- Il est temps maintenant, fit-elle d'une voix étranglée.
J'essuyais mes larmes sur les manches de mon kimono tandis que Rin frottait sa tête contre la mienne pour me consoler.
- Nous nous sommes déjà dit tout ce que nous avions à nous dire, fit Boreas. Ne perdons pas de temps en adieux inutiles. On se reverra.
Je hochais simplement la tête, incapable d'en dire plus. Boreas s'enroula à nouveau comme un serpent et concentra son énergie dans le cercle magique qui gagna en luminosité. A tel point que je dû fermer les yeux pour ne pas être aveuglée. Le souffle provoqué par le transfert d'énergie vers le cercle faisait voltiger mes vêtements et je sentis les petites mains de Rin s'accrocher à mon kimono, comme si elle avait peur d'être balayé. En quelques secondes, une incroyable pression tomba sur mes épaules, m'empêchant presque de respirer. La lumière devint insupportable et je plaquais une main sur mes yeux pour les protéger. Oppressée, j'ouvris la bouche pour avaler une grande goulée d'air mais rien ne vint, comme si toute la grotte avait été vidée de son air. A ce moment, il y eut un flash aveuglant, une brusque explosion et un violent courant d'air s'engouffra aussitôt dans la grotte comme aspiré par le vide. La lumière disparut d'un coup comme si on avait éteint une lampe.
- C'est ouvert! Fit Boreas.
J'ouvris prudemment les yeux et la grotte me paru sombre comparée à deux minutes plus tôt. Sur la paroi rocheuse en face de moi, un miroitement attira mon attention. Le portail qui allait me projeter à une époque qui n'était pas la mienne.
- Tu n'as qu'à marcher, comme pour passer une porte. J'ai fait en sorte que tu ne souffres pas du changement temporel. Je fermerai les voies du temps derrière toi, ainsi plus personne ne pourra se permettre d'intervenir dans une époque qui n'est pas la sienne.
Un voyage sans retour, je vous l'avais dit!
- Vas, maintenant, et vis, vis pour tout ceux qui n'ont pas eu cette chance. Nous comptons tous sur toi. Mais surtout, Ao, ne laisse rien ni personne changer ce que tu es car si ça arrivait, je t'aurais réellement perdu.
Ces mots me firent monter un lent frisson le long du dos. Je réalisais que c'était sa manière de me faire ses adieux. Et ça, c'était une chance que les autres n'avaient pas eu, avant la disparition de leur dragon respectif. De leur parent, comme ils les appelaient. Je réalisais à ce moment que, dans quelques minutes, je serai orpheline pour la troisième fois.
- Boreas, je ...
Mais les mots refusèrent de sortir. D'un hochement de tête, elle me fit comprendre que le temps des mots était fini et que c'était le moment d'agir. Du bout de sa longue queue ornée de nageoires cristallines, elle me poussa vers l'ouverture. De l'autre coté, j'aperçus ce qui ressemblait à une immense pleine couverte de prairies verdoyantes. Je m'avançais vers le passage mais au moment de le franchir, je me retournais une dernière fois.
- Merci pour tout, dis-je en m'inclinant, manquant de faire tomber Rin.
Et, avec ça, je me retournais et m'engouffrais dans le portail avant que le courage ne me quitte. Le portail se volatilisa instantanément derrière moi, scellant les voies du temps.
- Ne me remercie pas, petite, fit le dragon derrière moi, bien que je ne puisse plus l'entendre. Je le devais à tes parents et à tous ceux que j'ai vu tomber. Bonne route, Ao, bonne chance. Tu vas me manquer.
Avec un soupir, elle se tourna vers le fond obscure de sa grotte, seule, comme elle ne l'avait plus été depuis longtemps.
Dès les premiers pas sur l'herbe verte de la plaine, je faillis me vautrer lamentablement. Parvenant à rester debout par miracle, je me tournais vers le portail à temps pour le voir onduler comme la surface d'un lac dans lequel on aurait jeté une grosse pierre. Je m'attendais presque à ce qu'il explose en un feu d'artifice de lumières et de couleurs, mais il se contenta de s'effacer lentement, comme un souvenir sans importance.
Je me souviens être rester un longtemps plantée là, à fixer le vide, tandis que divers émotions tourbillonnaient dans mon coeur. Je n'ai jamais trouvé les mots pour décrire tout ce que j'ai pu ressentir à ce moment: tristesse, peur, excitation, angoisse, espoir, et bien d'autres choses encore. Cette fois, et pour la première fois de ma vie, j'étais réellement livrée à moi même. Plus de papa et maman pour veiller sur moi, plus de chasseurs de dragons pour me protéger, plus de Boreas pour me faire part de ses conseils avisés. Seule avec Rin. Dans un monde que nous ne connaissions pas.
- Ao, je sais que c'est dur, mais on devrait bouger, tu ne crois pas? Tenta Rin d'une voix hésitante.
- Oui, tu as raison.
M'arrachant à la contemplation du vide où se trouvait le portail, je lançais un regard circulaire autour de nous. La plaine immense qui nous entourait semblait vide. Dans le lointain, quelques bosquets d'arbres oscillaient doucement dans le vent. Un long ruban grisâtre indiquait la présence d'une route non loin. C'est par là que je décidais d'aller. Cette route devait bien conduire quelque part, non?
Le chemin n'était pas aussi aisé qu'il paraissait. Le terrain était accidenté et par endroit les touffes d'herbe et de jonc mêlés étaient si denses qu'elles formaient des obstacles qu'ils valait mieux contourner. Sans compter que des marres d'eau claire se cachaient parmi les herbes hautes et que je faillis plusieurs fois y mouiller ma culotte. Bien entendu marcher pieds nus n'aidait pas, mais que voulez-vous, je n'avais jamais porté de chaussures et n'avais aucune intention de commencer un jour. Heureusement, Rin voltigeait au dessus de moi, me signalant l'emplacement des marres les plus profondes. Le haut soleil commençait à décliner quand nous sommes enfin arrivées au bord de la route. Regardant de part et d'autre, je ne vis aucune indication sur l'endroit où je me trouvais. Mais des voitures et des chariots circulaient tranquillement le long du chemin. Il ne paraissaient pas particulièrement chargés, ce qui laissait supposer que la plaine n'était pas aussi étendue qu'elle en avait l'air. Avisant un chariot chargé de barriques, je lui fit signe de s'arrêter espérant qu'il ne me prenne pas pour une voleuse ou autre chose dans le genre.
A ma grande surprise, le bouvier arrêta ses boeufs juste devant moi. Il semblait tassé sur son siège et portait un grand chapeaux de paille qui avait connu des jours meilleurs. Son visage était en partie dissimulé sous une épaisse barbe hirsute. Mais ses vêtement étaient propres, bien qu'ils aient, eux aussi, visiblement bien vécus.
- J'peux vous aider? Me demanda-t-il.
Incroyable. A mon époque personne n'aurait osé s'arrêter ainsi sur le bord d'une route pour aider une inconnue. On ne pouvais jamais savoir à qui on avait à faire: détrousseurs de grands chemin, mages errants ou agents au service des dragons. La paix devait être quelque chose de vraiment formidable!
- Oui, répondis-je simplement, je voudrais savoir quelle est la ville la plus proche et où elle se trouve.
Il me regarda de haut en bas et, je suis certaine, il dû probablement me prendre pour une originale en goguette. Je suppose qu'il ne devait pas avoir souvent croisé de jeune fille accoutré comme moi en pleine cambrousse.
- Vous êtes perdues? Me demanda-t-il après un instant.
- Un peu, oui! Avouai-je, ce qui n'était pas faux, loin de là.
- La prochaine ville s'trouve à environ trois heures de route d'ici. Elle s'appelle Tsutsuji. C'est là que j'vais. J'peux vous y emmener si vous voulez?
- C'est que je n'ai pas beaucoup d'argent, répondit-je, un peu honteuse.
Et ça par contre, c'était archi-faux, mais je n'allais quand même pas le crier sur les toits. Si l'argent n'avait pratiquement plus aucune valeur à mon époque, raison pour laquelle j'en transportais un bon paquet dans mon sac, je savais qu'à cette époque-ci, c'était pratiquement ce qui faisait tourner le monde. Autant éviter d'attiser des convoitises mal venues dès mon arrivée!
- Aucune importance, répondit le charretier. J'vais à Tsutsuji de toutes façons, montez, c'est gratuit.
Soit, maman avait exagéré en me parlant de son époque, soit je venais de tomber sur l'un des seuls humains désintéressés de ce monde!
- Merci, répondis-je en sautant dans la charrette. Vous nous sauvez la vie.
Je m'installais à l'arrière, calant mon dos sur l'un des fûts après avoir posé mon sac près de moi. Le charretier appela ses boeufs en faisant jouer sa badine et la charrette s'ébranla. Et c'est là, que vous réalisez que quelque chose ne colle pas, n'est-ce pas? Autant tout vous dire. Oui, je suis bien un chasseur de dragon. Et non, je ne souffre pas du mal des transports! Pourquoi me demanderez-vous? Tout simplement parce que c'est un "privilège" dont seuls les mâles bénéficient, histoire de leur rappeler que chez les dragons, les femelles sont toujours plus puissantes que les mâles. C'est d'ailleurs pour ça qu'elle sont aussi plus rares!
- Vous v'nez d'loin? Me demanda le charretier. Vous avez un léger accent.
- Vous n'avez pas idée, répondis-je simplement, tandis que Rin se lovait sur mes genoux.
Oh oui, je venais de loin, et la route qui m'attendais était bien plus longue encore. Interminable, même, mais j'avais dans l'idée que, bientôt, je regretterai d'en voir le bout.
Je me nomme Ao Enoki. J'ai quatorze ans, et je vais sauver ce monde! Attendez moi, papa, maman, tout le monde, j'arrive pour vous. Boreas, s'il te plaît, prie le Destin pour moi.
Vous êtes toujours là?
Pas trop dérouté? En tout cas, je jure que tout va s'éclaircir plus tard.
Merci d'avoir pris le temps de lire ce chapitre, n'oubliez pas de me laisser un petit commentaire pour me dire ce que vous en pensez, ça me fait toujours plaisir.
