Lady Galadriel : « Et en l'an 1424 de tiers âge, une reine des elfes et des hommes vous sera donnée »…
Titre : Les amants mauditsAuteur: Mary-Ann (MissBourriquette@aol.com)
Résumé: Une histoire romantique, triste et sensuelle sur le couple Aragorn/Legolas. L'intrigue se situe après la guerre de l'anneau. Aragorn est marié avec Arwen. Legolas quant à lui a épousé la plus jeune fille d'Elrond, Ellwen, sœur d'Arwen.
Rating : Attention, Slash…
Disclaimer: A mon grand regret, aucun des personnages de cette histoire( a part Ellwen, sœur fictive d'Arwen, ainsi que les enfants d'Aragorn et Legolas) ne m'appartiennent, ils sont tous la propriété de JRR Tolkien.
Dédicace :Je dédie cette histoire a mon grand amour de jeunesse, j'ai nommé Robin Des Bois, prince(sse) de la forêt de Sherwood. Amin mela lle ma petite Gé adorée.
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Chapitre 1 : La trahison de Legolas.
Le prince des elfes de Mirkwood marchait dans les jardins verdoyants et somptueux du Palais Des Rois. Sa silhouette élancée et fine se faufilait entre les ombres bleuâtres d'immenses pins dont la pointe semblait toucher la voûte orangée du ciel, surplombant, majestueux et immortels, la cité de Minas Tirith qui s'enfonçait peu à peu dans le crépuscule. Des centaines d'oiseaux de toutes races et de toutes couleurs vivaient ici, en parfaite harmonie avec la nature et les hommes, mais le seigneur elfe, qui semblait flotter nerveusement à quelques centimètres du sol, ne prêta aucune attention au paysage merveilleux qui se déployait tout autour de lui, ni à l'orchestre aux mille mélodies que le vent faisait vibrer, et qui aurait dû caresser son oreille délicate et pointue. Il était soucieux. Ses grands yeux bleus au fond desquels dansait ordinairement une lueur de bravoure et de féminité mêlée, fixaient un point immobile et invisible, sans que ses longs cils recourbés ne battent, jamais son regard était comme éteint, troublé par une peur invisible et mesquine qui le rongeait tout entier. Deux petites poches rouges sous ses paupières transparentes laissaient à penser qu'il avait pleuré, beaucoup, longtemps, désespérément. Pourtant, pris dans cet étonnant jeu d'ombres et de lumières tamisées que seuls les grands arbres sages du Jardin Des Rois peuvent donner, il semblait encore plus beau et plus fragile. Et malgré la douleur sourde qui le transperçait tout entier, malgré cette étincelle folle et terrifiante dans son regard d'enfant sage et tourmenté, l'homme qui l'observait de loin comme un chasseur aurait guetté sa proie, caché derrière un petit monticule de terre molle, le trouva presque trop beau pour être réel.
Soudain, le soleil se cacha complètement derrière la chaîne enneigée des Monts de l'Ombre, tirant l'elfe de ses pensées obscures. Il frotta ses yeux tristes à la manière d'un enfant qui s'éveille, et constata que ses jambes l'avaient beaucoup éloigné du palais. Il ne s'arrêta pas cependant, et marcha d'un pas moins saccadé jusqu'à la grande clairière. Là, dans la semi-obscurité, il eut un sourire doux : Au centre de la trouée se trouvait une sorte de grande table, avec des chaises tout autour, sculptés dans un marbre fin et blanc que les ombres faisaient étinceler. L'imagination vagabonde du Prince se plût à croire que c'était là un vestige d'un grand conseil des rois d'antan. Une sorte de désir enfantin irrépressible le poussa à s'asseoir sur le plus beau des trône de pierre, blanc et froid mais très confortable. Puis il resta ainsi, immobile comme la roche, longtemps. Plongé dans une profonde réflexion, les yeux mi-clos, la bouche pincée, les cheveux ondulant doucement au vent, il ne prêta plus attention ni au soir ni aux ombres qui chaques secondes noircissaient un peu plus la forêt et le ciel.
Une main se posa alors sur son épaule mince et le fit sursauter. Il se retourna violemment et vit Aragorn. Son cœur revint à un rythme normal et il s'agenouilla solennellement en murmurant :
« - Pardonnez-moi Estel, je ne vous avais pas entendu. »
Aragorn le releva prestement et dit, d'une voix profonde et douce :
« - Cessez donc de vous incliner devant moi à chaque fois Legolas, Il n'y a aucune raison que vous changiez d'attitude sous prétexte que je suis le Roi ! »
Il l'invita d'un signe de tête gracieux à se rasseoir et, après plusieurs secondes d'un silence pesant, il demanda doucement à l'elfe qui fuyait son regard interrogateur :
« - Que se passe-t-il mon ami ? Jamais par le passé je ne vous avais vu comme cela. Je puis lire dans vos yeux un sentiment que je ne vous connais pas. Parlez à votre ami mon cher elfe, n'ayez aucune crainte à vous confier à moi. Vous savez que vous pouvez me faire confiance.
- Je sais » Murmura-t-il.
Il leva ses grands yeux clairs vers le roi du Gondor et Aragorn vit qu'il pleurait.
« - Legolas, je vous en prie, parlez-moi. Je crois que je ne pourrais soutenir davantage ces magnifiques yeux s'ils sont pleins de chagrin. »
L'elfe se leva. Sa silhouette gracieuse se découpa lentement dans les ténèbres grandissantes. Il eut un long soupir plaintif et dit, d'une voix tremblante :
« - Hélas Estel, même si je vous confiais mes peines, vous n'y pourriez rien ! Mon père quitte la Terre du Milieu pour rejoindre les Terres Immortelles, et mes frères avec lui. Il me laisse Mirkwood à gouverner. Et aujourd'hui, après avoir bravé en votre compagnie, et en celle de mon cher Gimli, les plus grands dangers, j'ai peur. Pour la première fois de ma longue vie, alors que le calme a fait place à la guerre, j'ai peur…
- Si ce n'est la tourmente des jours sombres, que craignez-vous alors ? Je n'y comprends rien.
- Toute ma vie j'ai prié pour que jamais ce jour ne vienne. Et dans trois semaines seulement, il sera là : le jour où je serais sacré roi des elfes de la Forêt Noire. Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de nuits que j'ai passées à implorer les étoiles, à supplier les dieux, à prier pour ma liberté. Toutes ces imprécations et ces nuits blanches auront été vaines. »
Il cessa un instant de parler pour reprendre son souffle. Aragorn le fixait avec insistance de ses yeux brillants et protecteurs. Legolas dit, le souffle court :
« - Et je crains d'avoir à imposer cela à mon enfant…
- Ne soyez pas ridicule ! Vous avez peur de devenir père, et qui plus est, de devenir un mauvais père ! Mais ne voyez-vous pas qu'il n'y en aura pas de meilleur que vous ? J'envie déjà ce petit être qui grandit dans le sein chaud de ma belle sœur Ellwen. Quelle chance Il – ou Elle – aura ! Un père qui parle aux oiseaux et aux chevaux. un père qui comprend le murmure de l'eau et la complainte du vent un père qui connaît les secrets des étoiles et les chansons du passé. Un père courageux, beau, doux et attentionné. Un père… que le temps ne pourra pas lui enlever… Sincèrement Legolas, qu'est ce qu'un enfant pourrait demander de plus ?
- R…rien.
- Et songez un peu à la beauté de cet héritier que vous avez si peur de faire souffrir. Fermez les yeux mon ami, et laissez votre esprit l'imaginer : Il sera grand et fin, comme vous, avec au fond des yeux cette flamme de courage et d'innocence qui rend votre regard si sincère. Il sera animé de la même grâce subtile, ses longs cheveux seront de feu et d'or mêlés, et un jour, il vous demandera de les tresser. Alors, avec cette dextérité sublime et féminine qu'ont vos longs doigts fins, vous le coifferez comme vous. Ecoutez-moi bien Legolas, le futur roi des elfes sera digne de l'amour qu'Ellwen et vous lui porterez, et vous serez digne d'être appelé Ada par lui. »
Aragorn se tut. Il faisait totalement nuit à présent, et seule la lune blanche et pleine les éclairait. Legolas sentit les yeux du Roi sur lui. Il leva la tête et sourit timidement. D'une voix presque suppliante, Aragorn demanda :
« - Legolas ?
- Oui, Estel ?
- Il y a… une chose que je brûle de vous demander depuis le jour ou nous nous sommes rencontrés depuis le jour où notre amitié est née.
- …
- Je suis un homme. Il m'est difficile de croire en l'avenir. J'aimerais que vous me fassiez une promesse : Veillez toujours sur ma descendance, ne laissez pas mon souvenir périr dans les esprits de mes enfants.
- Oh ! Bien sûr, je transmettrais votre souvenirs à vous descendants, mais vous ne comprenez pas Estel, ce cadeau que vous m'enviez, cette éternité, elle est maudite. Ne me parlez pas de votre mort, elle sera d'autant plus malheureuse que sa douleur sera éternelle dans mon cœur. Je vous en prie, épargnez-moi cela encore quelques temps. »
Il pleurait à nouveau. Aragorn se leva et, s'approchant doucement de lui, il s'agenouilla respectueusement à ses pieds et, prenant ses mains blanches et douces dans les siennes, il murmura :
« - Non, ne pleurez pas, je vous en prie, j'aime tellement vos yeux lorsqu'ils reflètent la gaieté et la paix, faites-moi ce cadeau mon cher elfe. Tampa tanya sii', saes. »
Legolas tomba à genoux. Le roi du Gondor le prit contre sa poitrine. Il passa une main puissante dans la chevelure dorée et soyeuse de l'elfe et murmura encore, dans un souffle :
« - Amin hiraetha Mellonamin. Pardonnez-moi pour cet égoïsme, mais j'avais si peur que vous m'oubliiez, dans l'éternité de votre longue vie. Que je ne devienne plus qu'un vague souvenir. Amin mela lle Legolas, tellement… »
Il pleurait aussi à présent. Il sentait contre son torse chaud la tête douce du prince de Mirkwood qui s'enivrait de son essence douce et amère, et profondément humaine. Il semblai si fragile, si jeune sous les caresses timides de l'Homme. Il avait peur de ce désir sombre et menaçant qui grandissait dans son ventre tendu mais il se sentait attiré irrésistiblement par lui aussi. Soudain, il s'écarta d'Aragorn, s'arrachant douloureusement de lui, et plongea ses yeux apeurés et grands ouverts dans les siens, déjà assombris par la passion. Le Roi, écartant les riches tissus elfique de la tunique argentée de Legolas, passa une main chaude et ferme sur son dos fin, et la laissa glisser le long de sa colonne vertébrale. Sa peau était douce et il l'imaginait sans peine tendre et laiteuse. Les muscles de l'Elfe se contractèrent sous l'agréable torture. Inconsciemment, il ouvrit la bouche à demi dans un cri silencieux de plaisir et de peine mêlés. Aragorn posa ses lèvres sur le front lisse de Legolas, puis, se penchant, il murmura à l'oreille pointue :
« - Amin hiraetha, Mela en' coiamin, amin Lirima quessir, melamin. Amin hiraetha, Amin hiraetha…
Leurs yeux humides se rencontrèrent et Aragorn posa ses lèvres sur celles, rosées et fines de l'elfe blond qui frémit. C'était un baiser sucré, maladroit, plein de tendresse et d'innocence. Legolas semblait se noyer dans cette passion folle : Estel le possédait, il l'aimait, ils s'aimaient. L'Homme resserra son étreinte et son baiser se fit plus passionné. Tous deux découvraient un nouvel univers de plaisirs interdits et de luxure. Mais soudain, il sembla que s'en était trop pour l'Elfe qui gémit doucement, douloureusement. De grosses larmes qui coulaient de ses yeux mi-clos inondaient ses joues et son cou. Une voix intérieure lui interdisait de s'abandonner aux bras désirants d'Aragorn, mais ce que le Roi faisait naître en lui, ces instants de plaisir passionnel devinrent très vite irrésistibles : son instinct avait le dessus sur sa raison, embrumée par le désir brûlant qui le prenait tout entier. Quelque chose se brisa en lui, son âme d'enfant sage s'envola, et il se donna au Roi totalement. Il lui donnait son immortalité, lui livrait ses plus grandes peurs, partageait avec lui ses plus grands secrets, lui offrait son corps, lui vendait son âme si divinement pervertie, lui cédait tout. Il était à lui, et rien, pas même le temps ne pourrait changer cela. Ils paraissaient tel deux statues de marbres étroitement enlacées, et parées à affronter la fin des temps.
Aragorn caressait plus intensément le corps brûlant et humide de l'Elfe qui gémissait doucement, le front appuyé contre le torse de son amant. Le seul souffle du Roi sur la peau sensible de son cou animait en son corps des désirs enfouis, voluptueux et si merveilleusement interdits et dangereux. Comme une longue plainte rauque s'élevait sans cesse de la gorge enrouée de l'Elfe. Sa voix brisée par la chaleur qui l'envahissait résonnait aux oreilles attentive d'Aragorn. Et, à mesure que ses caresses se faisaient plus intenses, les gémissements de Legolas devenaient plus durs et incompréhensibles. Aragorn se pencha vers les lèvres entrouvertes et humides de l'elfe qui murmurait sans discontinuer le nom de son amant, avec dans la voix, une sorte de démence étrange :
« - Estel, Estel, Estel, Estel, Estel… »
Un sourire attendri se dessina sur les lèvres charnues de l'Homme pour qui l'Elfe chantait son étrange complainte, qui ondulait sous l'effet de vagues de plaisir impur. Il prit la figure fine et adorable entre ses doigts et y plongea son regard vert émeraude. Les yeux de Legolas reflétaient une lueur inquiétante de peur, de plaisir et de folie ses paupières s'ouvrirent complètement et, sans un battement de cil, il observa Aragorn. Mû par une force inconnue, il avança ses lèvres de petite fille et les offrit en gage d'amour éternel, tremblantes et humides, au Roi qui lui sourit affectueusement. Ses yeux se fermèrent au contact doux et mouillé.
Hors du temps, les deux amants, volaient ces instants magiques à l'éternité. L'Elfe dévoilait ce côté si féminin et splendide de sa personne, cette faiblesse enfantine et adorable qu'il portait comme un diadème royal pour le Roi du Gondor. Et Aragorn faisait présent au Prince de la Forêt Noire de cette affection indicible et interdite qu'il avait eu pour lui dès leur première rencontre.
Dans un dernier souffle, en proie à une folie fébrile et agitée, l'Elfe murmura :
« - Saes, Estel Saes…
- Amin sinta, melamin. »
Il ouvrit lentement les yeux, semblant s'éveiller d'un long rêve, et là, dans un rayon de lune blafard, il la vit.
Au milieu de la clairière plongée dans l'ombre du soir, la Princesse de Mirkwood assistait, impuissante et horrifiée, à cette scène étrange. Elle était là, muette de stupeur et d'effroi, comme résignée, magnifique statue pâle au ventre arrondi par l'enfant qui grandissait en elle, baignant dans une faible lueur froide, les cheveux ondulant dans le petit vent frais de la nuit. Legolas non plus ne parlait ni ne bougeait. Un vague de froid l'envahit soudain. Aragorn se retourna et vit à son tour l'espionne sacrilège. Il rencontra quelques instant son visage meurtri, blessé, trompé puis elle se retourna violemment et s'en fut. Son long manteau blanc et ses longs cheveux de feu claquèrent, soulevés par sa course folle. Legolas hurla :
« - Ellwen, attendez ! »
Il se releva précipitamment et sans même lancer un dernier regard au Roi du Gondor, courut pour rattraper sa femme. Aragorn resta seul, longtemps. Des larmes roulèrent sur ses joues encore rouges du feu qui les avaient animées quelques minutes auparavant. Conscient de sa trahison, il courut le plus vite que ses jambes le lui permettaient vers le Palais des Rois qui dormait paisiblement dans la fraîcheur de cette nuit de printemps.
FIN de la première partie.
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TRADUCTIONS :
Ada : Papa
Estel : nom elfique d'Aragorn
Amin mela lle : je vous aime
Tampa tanya sii', saes : arrêtez cela maintenant, je vous en prie
Amin hiraetha Mellonamin : pardon, mon cher ami.
Amin hiraetha, Mela en' coiamin, amin Lirima quessir, melamin. Amin hiraetha, Amin hiraetha… : pardon, amour de ma vie, mon cher elfe, mon amour, pardon, pardon.
Saes, Estel saes : s'il vous plaît, Estel, s'il vous plaît.
Amin sinta melamin : je sais, mon amour.
