Titre : Hide and seek (1)
Spoiler : saison 1 et 2. Fic' située après le fabuleux (si !) épisode 2x20, Prom Queen.
Genre/Ratings : KLAINE (ça devrait suffire comme annonce, non ?).
Résumé : « Le jeu, c'est un corps à corps avec le destin » a dit Anatole France (2). Et si c'était la même chose pour l'amour ? Klaine.
AN1 : le titre est tiré d'une chanson d'Imogène Heap que vous pouvez voir/écouter sur YouTube.
Disclaimer : not mine !
1- « Hide …
Jeff (3) sifflotait, tête plongée dans la partition de la prochaine composition des Warblers : « Please don't leave me ! » de P!nk. Il fallait qu'il perfectionne ses « da-da-da ». Et c'était pour ça qu'il se dirigeait, d'un pas hardi, vers la salle de chant. Il était tard, c'était vendredi et la plupart des élèves étaient rentrés chez eux pour le week-end, il allait donc avoir la salle pour lui tout seul.
Ou pas.
Il y avait quelqu'un assis au piano.
Jeff entra dans la pièce et s'éclaircit la voix. Une tête brune et bouclée se tourna vers lui.
- Oh, Jeff, bonsoir, répondit Blaine sur un ton faussement enjoué.
Jeff connaissait trop bien toutes les intonations de la voix de Blaine pour se laisser abuser (l'avantage de passer autant de temps ensemble au sein des Warblers : leur voix ne pouvait plus dissimuler la vérité). Il y avait manifestement un problème. Et tout aussi manifestement, ce problème ne pouvait avoir qu'une seule origine : Kurt Hummel.
- Bonsoir Anderson, je suis un peu étonné de te voir à Dalton un vendredi soir. Ce n'est pas la traditionnelle soirée Breadstix ? Demanda t-il, accompagnant sa question d'un petit mouvement de sourcil entendu.
Blaine se leva du tabouret pour s'effondrer sur le divan, tête en arrière, regard collé au plafond.
Ok, Jeff ne s'était pas franchement attendu à ce type de réponse.
- Hey, mec, y'a un problème avec Kurt ? C'est ce type là, ce Tchaïkovski ?
Blaine tourna la tête vers lui et sourit.
- Je suis certain que Kurt n'a aucun grief contre ce bon vieux Piotr. En revanche, on peut dire qu'il y a un lien indéniable entre David Karovski et Tchaikovski (4).
Jeff hocha la tête même s'il ignorait complètement où voulait en venir Blaine. Il s'installa sur le divan en face de celui sur lequel se trouvait affalé Blaine.
Le silence s'installa dans la pièce.
- Il veut que je l'accompagne au bal de promo, lâcha soudainement Blaine (qui était retourné à la contemplation du plafond). Le bal de promo … et j'ai dit oui.
Jeff fronça les sourcils. Il y avait du dédain dans la voix de Blaine.
- Quelque chose me dit que tu n'es pas super ravi de cette décision.
Blaine se leva brusquement et se planta devant la fenêtre.
- Pas vraiment non. Je … je crois que c'est une des choses que j'apprécie le plus à Dalton : pas de fête de promo. Il émit un petit rire nerveux avant de reprendre. Je dois être le seul gay appartenant à une école de garçons à apprécier ça ! Et qu'on ne me branche pas sur le bal Sadie Hawkins (5).
La voix de Blaine s'était étranglée sur cette dernière réflexion
Ooooookay, Jeff ignorait complètement de quoi parlait Blaine mais ça avait l'air grave. Blaine Anderson n'était pas le genre de type à s'apitoyer sur lui-même. Ou à montrer sa peur. En fait, beaucoup l'admirait pour son courage, notamment parce qu'il assumait pleinement son homosexualité dans un Etat plus que conservateur.
- Blaine, tu dois avoir tes raisons pour ne pas vouloir y aller. Peut-être … peut-être que tu devrais les exposer à Kurt, je suis certain qu'il comprendra et –
Blaine se tourna vers lui.
- Non ! Je veux dire, oui, je lui ai donné les raisons qui font que je suis … réticent mais … Il se passa la main dans les cheveux et soupira. C'est de Kurt qu'on parle, précisa t-il d'une voix émue. Kurt avec ses grands yeux bleus et sa naïveté stupide et son petit sourire triste et … et je n'ai pas pu dire non.
Jeff savait de quoi parlait Blaine. Kurt faisait cet effet à beaucoup de monde. Le genre bébé phoque échoué sur la banquise. Ou bien l'enfant de chœur. Le tout assaisonné d'un soupçon de manipulation. Sauf que Jeff connaissait bien Blaine et qu'il savait que s'il avait dit oui, il devait y avoir une autre raison. Une bonne raison. Et pas seulement celle de vouloir faire plaisir à Kurt.
- Et doooooonc, tu fais ça pour lui faire plaisir. Le parfait petit ami, crooner et gentleman.
Blaine lança lui un regard noir.
- Tu ne comprends pas. Kurt est … il est persuadé que tout va bien se passer. Que maintenant que Karovski joue le défenseur de la veuve et de l'orphelin dans les couloirs de McKinley, rien de déplaisant ne peut arriver.
Blaine était excédé.
- Je me demande parfois dans quel monde il vit, continua Blaine dont le ton commençait à monter. Il est persécuté depuis le collège : jeté contre des vestiaires, enfermé dans des bennes à ordures, arrosé de jus de fruit glacé, terrorisé au point de devoir quitter ses amis et quelles leçons tire t-il de tout ça, hein ? RIEN ! Que va-t-il falloir pour qu'il ouvre enfin les yeux ? Qu'il fasse face à la réalité ! Que les insultes se transforment en coups, c'est ça qu'il cherche ?
Jeff n'avait jamais vu Blaine dans cet état. Furieux et terrorisé en même temps.
- Je voudrais tant qu'il réalise … qu'il comprenne que le monde autour de lui est rempli de Karofski, genre un de perdu dix de retrouvés … mais j'ai peur … peur que cette leçon ne soit apprise dans la douleur et ça … ça je ne le supporte pas.
Blaine était au bord des larmes.
- Parce que je l'aime. Je l'aime Jeff.
Il s'effondra sur le divan et enfouit sa tête entre ses mains.
Jeff posa sa main sur son épaule d'une manière qui se voulait rassurante.
- Et donc tu l'accompagnes quand même au bal de promo de McKinley, lieu plutôt dangereux à t'écouter parler, parce que … ?
Blaine releva la tête.
- Parce qu'il est la personne la plus obstinée que je connaisse. Parce qu'il a besoin d'être protégé. Parce que personne ne devrait avoir peur d'aller danser … Parce que je l'aime. Pathétique, hein ?
Jeff soupira.
- L'amour n'est jamais pathétique ami Warbler, aurais tu oublié les leçons des innombrables chansons que nous avons dans notre répertoire sur ce thème ? Dit-il sur un ton qui se voulait léger. Et il mérite toujours d'être protégé, Blaine, toujours.
Blaine prit une large inspiration. Il répéta son mantra du jour : jepeuxlefaire, jepeuxlefaire, jepeuxlefaire. Il frappa à la porte des Hummel.
C'est Finn qui l'accueillit (un verre de lait chaud à la main. Vivre avec Kurt Hummel c'était comme vivre avec une deuxième maman).
- Hey, Blaine, entre mon vieux ! On t'attendait.
Blaine ôta sa veste et s'installa sur le divan du salon. Finn le rejoignit et ils se mirent à discuter du prochain Super Bowl. Blaine répondait d'une manière distraite. Sa petite conversation avec Jeff la semaine précédente l'avait conforté dans ses positions. Maintenant, le problème c'était de rester ferme face à Kurt : il l'accompagnerait au bal de promo mais à certaines conditions.
Ses belles résolutions ne tardèrent pas à être testées lorsque Kurt leur présenta le costume qu'il allait porter au bal : un kilt.
Et c'est comme ça que Blaine se retrouva à tapoter timidement à une autre porte.
- Kurt … Kurt ouvre moi. Kurt, s'il te plaît, il faut que je te parle.
La porte s'ouvrit. Kurt se tenait devant lui, bras croisés sur la poitrine et l'air franchement furieux. Sans un mot, il tourna le dos à Blaine et alla s'asseoir sur son lit. Blaine n'était pas certain d'être prêt à affronter un Kurt boudeur. Il s'installa néanmoins près de lui.
- Kurt, tu sais que ton père a raison. Karovski est juste la partie émergée de l'iceberg. Celui qui n'avait pas peur d'exprimer sa haine. Mais il y a tous les autres … ceux qui ne disent rien mais qui attendent juste une excuse, un faux pas de ta part pour –
Kurt se leva brusquement pour faire face à Blaine.
- Porter un ensemble, si original et incroyablement fashion qu'il soit, n'est pas un « faux pas » Blaine. Et on dit que c'est moi qui suis mélodramatique ! Vous vous faites une … une montagne de ce qui est complètement innocent : C'EST JUSTE LE BAL DE PROMO !
Et voilà, le Kurt boudeur avait disparu pour laisser place au Kurt meurtri. Blaine savait ce que représentait ce bal pour Kurt. Et ce n'était certainement pas « juste » le bal de promo pour lui. Kurt lui avait parlé pendant des heures de l'invitation en chanson d'Artie (et il lui avait montré sa collection de tiares). En fait, toutes leurs conversations depuis une semaine tournaient autour de cet évènement. Ce bal était pour Kurt le moyen de hurler : « je suis là, j'existe, je suis différent !» et dans le même temps de dire « j'ai quelqu'un pour me prendre la main, une fleur à mon costume, je suis comme vous … ».
Blaine tendit la main vers lui. Kurt soupira mais finit par la prendre et Blaine l'attira à lui. Kurt posa la tête sur son épaule. Ils entrelacèrent leurs doigts. Blaine aimerait que le temps s'arrête sur ce moment. Que vendredi soir n'arrive jamais, que -
- Tu m'as menti, lâcha soudain Kurt.
Blaine prit de cours par cette déclaration fut juste capable d'ouvrir la bouche en un O de surprise.
- Tu m'as menti, répéta Kurt. Sur ce qui c'est passé dans ton ancienne école.
Hum, Blaine ne se rappelait pas avoir jamais menti à –
- Lorsque je suis revenu à Dalton après mon premier passage, et mon extraordinaire échec dans l'espionnage, tu m'as dit que tu avais été harcelé à ton ancienne école … pas agressé et frappé à la sortie d'une soirée.
Oh, ça.
Blaine soupira.
- Je suis désolé Kurt. Je … ce n'est pas un épisode de ma vie que je raconte au premier venu … même s'il est particulièrement craquant dans son rôle de James Bond … Ou plutôt de Max la Menace.
Kurt lui donna une petite tape à l'épaule.
- Ouch ! Exagéra Blaine. Pourquoi cette escalade dans la violence ?
- Blaine, je ne plaisante pas. Je ne veux plus de mensonges entre nous. Tu sais que tu peux tout me dire.
Blaine hocha la tête.
- Oui, je sais Kurt, je sais. Mais de ton côté tu dois accepter que moi, je veuille te protéger. Comme ton père.
Kurt poussa un soupir qui devait avoir été entendu jusqu'en Europe.
Blaine lui fit face. Leurs mains étaient toujours entrelacées, il les porta à son cœur et plongea son regard dans celui de Kurt. C'était comme ce jour dans la salle de chant où il lui avait (enfin) dit qu'il l'aimait. Blaine pouvait lire toutes les émotions qui assaillait Kurt, rien qu'en regardant ses yeux : déception, crainte. Amour. Et cette vulnérabilité, cet abandon qui le faisait sans cesse retomber amoureux de lui …
- Kurt, je veux que tu m'écoutes attentivement (il posa son doigt sur les lèvres de Kurt lorsque ce dernier ouvrir la bouche), ttttt, non, tu m'é-cou-tes.
Kurt hocha la tête (non sans avoir poussé un autre soupir retentissant).
- Kurt, je t'aime et je ne laisserai personne te faire du mal. Je n'ai aucune confiance dans les élèves de McKinley, à l'exception des membres de ND. Ces gens ont laissé Karofski te harceler pendant deux ans sans lever le petit doigt. Et ce n'est pas parce que depuis deux semaines, ils semblent avoir inexplicablement oublié que tu existais que je crois en leur rédemption. Parce que je ne leur pardonnerai jamais leur indifférence pendant toutes ces années. Je vais t'accompagner au bal de promo parce que je veux être là pour toi, avec toi, et pour te protéger mais … mais je voudrais que tu sois prudent, que nous soyons prudents. Alors … je crois qu'il faut que nous adoptions quelques règles … juste, par précaution.
Kurt fronça les sourcils mais resta silencieux.
- Kurt … s'il te plait. Pour moi …
Kurt leva les yeux au ciel mais finit par hocher la tête. Blaine lui sourit et déposa un rapide baiser sur son front.
- Ok, voilà les règles : nous nous tenons par la main mais pas de baiser enflammé et … pas de slow.
Là, Blaine crut que Kurt allait le mordre. Il était temps de sortir la grosse artillerie. Blaine enleva son doigt des lèvres de Kurt et l'attira à lui pour l'embrasser. Il murmura à son oreille.
- Kurt, s'il te plaît, dis oui … pour moi, pour nous.
Kurt resta rigide contre lui un long moment puis il passa ses bras autour de la taille de Blaine et enfouit sa tête contre son cou.
- D'accord Blaine Warbler, tu as gagné ce round mais … mais je porterai mon kilt.
Blaine se mit à rire. Il resserra son embrasse.
- Oui, tu le gardes, évidemment, tu es éblouissant dans ce costume.
Ils restèrent un long moment, dans les bras l'un de l'autre, juste bercés par le silence.
Tou bi continuede …
(1) Hide and Seek (parfois aussi appelé tag) en anglais, dans notre bon vieux français, c'est le jeu de « cache-cache ». « Hide » veut dire cacher et « seek » chercher.
(2) In Le jardin d'Épicure, 1894.
(3) C'est le petit blondinet qui auditionne avec Kurt pour un solo chez nos amis Warblers.
(4) Tchaïkovski a du dissimuler une bonne partie de sa vie qu'il était homosexuel.
(5) Originaire du folklore américain (années 30), le bal de Sadie Hawkins consiste pour les filles à inviter des garçons à danser. C'est un peu l'idée de notre bal des Catherinettes.
