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Apprendre les règles
Finnick tenait le papier serré dans sa main. Une adresse, écrite à la main. Pas un mot, pas une seule indication. Mais il savait parfaitement ce que cela pouvait signifier. Après tout, cela faisait deux ans que ce petit jeu durait. Deux ans que le président Snow l'utilisait en le jetant dans les bras de femmes suffisamment riches pour pouvoir l'acheter. Et ce soir encore, il allait devoir y passer. Le jeune homme soupira un grand coup avant d'avancer pour aller à l'adresse indiquée. Tous lui souriaient en passant, lui demandaient comment il allait, où il se rendait… Il souriait et faisait semblant de les mettre dans la confidence, en lançant des regards particuliers, en parlant avec des intonations formant des sous-entendus... Un mot tendre pour les jeunes femmes, des regards complices pour les jeunes hommes. La mascarade habituelle. Même si à l'intérieur, il n'avait qu'une envie, retrouver Annie. Mais au Capitole, cela lui était absolument impossible. Bon gré mal gré, il alla à son rendez-vous.
Il toqua à la porte, et un majordome vint lui ouvrir. Le jackpot. La femme qui l'avait réclamé était pleine aux as. Il soupira à nouveau et suivit l'homme, qui l'emmena dans un petit salon absolument charmant. Assise dans un fauteuil à l'ancienne, une femme était en train de lire. Ses cheveux gris-argenté et ses quelques rides parurent étranges aux yeux de Finnick, incongrus dans la ville de la jeunesse éternelle. Mais cela ne l'enlaidissait pas. Au contraire, cela donnait à cette femme un charme particulier, une aura de mystère et de sagesse. Le jeune homme n'osa rien dire, de peur de la déranger. Dans n'importe quelle autre situation, il se serait glissé discrètement derrière la femme et lui aurait souffler dans le cou. Elle aurait alors pouffé, et ils auraient pu commencer - ce qui aurait permis à Finnick d'en finir d'autant plus vite. Cependant, il doutait que cette femme-ci se mette à pouffer. Il ne comprenait même pas pourquoi elle l'avait réclamé. Ce n'était pas le genre de… cliente dont il avait l'habitude.
Après quelques minutes qui lui semblèrent une éternité, la femme releva les yeux et l'aperçut. Elle lui sourit alors avec une douceur dont il n'avait pas l'habitude et reposa son livre avant de se lever pour l'accueillir. En la voyant approcher, il ne put s'empêcher de se raidir.
- Ah, monsieur Finnick Odair ! Nous n'attendions plus que vous !
Monsieur ? Pourquoi tant de froideur et d'éloignement ? Ce n'était pas normal… Et puis elle l'attendait pour quoi exactement ? Finnick ne savait plus quoi faire et se contenta de murmurer un « bonjour » à moitié interrogatif. Il avait l'impression d'être retombé en enfance, face à son institutrice. Le même sentiment que lorsqu'il avait fait ce travail pour la première fois. Extrêmement désagréable. La femme sentit sa gêne et se mit à sourire d'autant plus avec douceur et une pointe d'amusement.
- Ne vous inquiétez pas, Odair, je ne vais pas vous manger. Asseyez-vous je vous prie. Vous devez être épuisé !
- Merci bien….
- Appelez-moi Rose.
- Merci, Rose.
Lorsqu'il se fut installé et qu'elle se fut elle aussi de nouveau assise, Rose se décida à expliquer un peu ce qu'elle attendait.
- Cela doit vous étonner, n'est-ce pas ?
- Quoi donc ?
- Que je vous ai fait appelé.
- Hum…. Pas vraiment.
Face à cette réponse, elle se mit à rire avec grâce et franchise.
- Vous ne manquez pas de culot, jeune homme ! Mais j'aime cela.
Suite à ces mots, Finnick se leva et s'approcha du visage de Rose. Il pensait que cette phrase était un signe pour l'inciter à commencer. À faire ce qu'il faisait avec toutes les autres. Cependant, Rose, nullement décontenancée, se contenta de regarder Finnick droit dans les yeux, un sourire un peu énigmatique aux lèvres, avant de susurrer :
- Si vous tentez ne serait-ce que de m'embrasser, mon majordome se fera un plaisir de vous refaire le portrait.
Le jeune homme était perdu. Ne sachant que faire, il se rassit, surpris.
- Mais alors pourquoi…
- Pourquoi vous ai-je fais venir ici ? Par caprice, sans doute.
- Je…
- J'ai pensé que vous apprécieriez une soirée de calme sans avoir à vous jeter dans les bras d'une demoiselle que vous ne reverrez jamais. Accessoirement, mon autre invitée voulait vous voir.
Cette femme n'était décidément pas comme les autres. Lorsqu'elle eut fini de parler, la porte s'ouvrit, laissant voir une jeune femme qui se mit à parler avec gaieté.
- Vous m'avez fait appeler Rose….
Finnick s'était levé d'un coup en voyant Annie franchir la porte. Elle-même, en le voyant, avait cessé de parler. Dix secondes plus tard, ils étaient dans les bras l'un de l'autre. Ce n'était pas le grand amour - pas encore - entre eux, mais ils s'appréciaient déjà énormément et aimaient passer du temps ensemble. Se retrouver au Capitole sous le même toit était impossible, et pourtant… Ils se détachèrent l'un de l'autre et s'assirent, encore secoués de cette rencontre, puis Finnick bégaya d'incompréhension et de joie. Rose souriait toujours, les regardant avec une pointe de mélancolie.
- Mais… Comment ? Pourquoi ?
- Calmez-vous Odair ! Ma petite Annie s'ennuyait un peu, alors je me suis dit que j'allais lui amené un ami !
- Comment ?
Rose le regarda droit dans les yeux puis se leva d'un coup, les invitant à les suivre. Ils s'exécutèrent en silence. Malgré son allure gracile et frêle, Rose avançait rapidement dans les longs couloirs, sûre d'elle.
- Vous savez, Odair. Au Capitole, ce n'est pas l'argent qui fait le pouvoir. C'est autre chose, de bien plus précieux et de bien plus conséquent. Et je le possède. Il n'est donc pas surprenant que je puisse facilement obtenir ce que je veux. Même s'il m'a tout de même fallu ouvrir ma bourse pour que la charmante Annie passe une semaine chez moi et pour que vous me soyez réservé ce soir, Odair. Allons manger et faites donc la conversation à une folle solitaire.
- Vous n'êtes pas folle, Rose !
- Annie, vous êtes vraiment un amour !
Ils arrivèrent à la salle à manger et Finnick garda la question qui lui brûlait les lèvres toute la soirée. Celle-ci fut d'ailleurs fort agréable. Rose était une femme très cultivée et curieuse, qui prenait plaisir à les écouter parler des coutumes du District Sept. Elle avait beaucoup voyager dans le cadre de sa profession - qu'elle tenait farouchement secrète - mais ne savait pas tout et désirait toujours apprendre. Annie se sentait à l'aise et détendue, ce qui décrispa Finnick. Il n'était pas seul. Plus seul. Même si dès le lendemain il devait de nouveau se jeter dans les bras de parfaites inconnues, il pourrait toujours se souvenir de cette soirée, comme une bulle d'air au milieu de la marée.
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Ce ne fut que le lendemain matin, lorsqu'il dut partir et quitter Rose, qu'il osa lui demander timidement, rougissant presque, quelle était cette chose si précieuse qui permettait d'avoir le pouvoir. Rose se mit à sourire presque tristement, mais accepta de lui dire.
- Ce sont les secrets, Finnick Odair. Obtenez des secrets, et vous contrôlerez le Capitole.
Puis elle le laissa partir.
Finnick ne devait jamais la revoir.
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- Dans ce cas, comment peut-on s'offrir le plaisir de ta compagnie ?
Le souvenir de cette femme étrange remonta dans la mémoire de Finnick suite à cette question de Katniss. Bizarrement, il aurait voulu la revoir et lui parler à nouveau. Son enseignement lui avait été bénéfique, il aurait voulu la remercier. Mais peu importait combien il l'avait cherchée, jamais il ne l'avait retrouvée...
- Avec des secrets. Qu'en dis-tu, fille du feu ? Aurais-tu des secrets qui puissent m'intéresser ?
