Disclaimers:
-Cet OS n'était pas censé contenir la moindre ligne de smut et puis c'est UN PEU parti en cacahuète. U_U"
Du coup non seulement y'a du smut mais c'est même du loli. Donc: Attention cette fic contient du LOLICON à savoir une description de relation sexuelle avec une mineure. Et j'insiste que si le lolicon est une forme d'art, la pédophilie est un crime que je ne cautionne en rien.
-Même si les titres sont ceux de chansons de Lana Del Rey, ce ne sont pas des songfics, je trouvais juste que les chansons allaient bien avec les histoires, pas l'inverse.
-C'est un recueil d'OS vous pouvez donc lire ça comme vous voulez mais il y a des références d'un OS à l'autre.
-La mère d'Integra n'étant jamais mentionnée dans le manga je donne ma propre théorie, elle vaut ce qu'elle vaut. U_U"
-Enfin, EVIDEMMENT Hellsing et ses personnages sont la propriété du tout puissant et merveilleux Kohta Hirano LOUE SOIT SON NOM. *^*
Summertime sadness
Sa frêle main aux longs doigts de pianiste amateur enserrait celle de l'autre jeune femme avec fermeté, légèrement moite, elle tremblait par moment. L'étrange duo marchait en ligne droite sur l'asphalte brulant de la route sans fin, écrasée par un soleil de plomb, qui reliait le manoir Hellsing au monde des mortels ignorants.
Heureux les simples d'esprit.
Les deux têtes charmantes, à mi-chemin entre la rondeur de l'enfance et les fins traits de l'âge adultes, se tenaient à la même hauteur, mais il s'agissait là de leur seul point commun. L'une des deux adolescentes arborait un magnifique et immense chapeau blanc qui couvrait d'une ombre élégante son buste du front jusqu'aux coudes. Empêchant les rayons dardant d'atteindre sa peau de marbre blanc ou de se refléter dans ses longs cheveux noirs. Sur son corps gracile était posée, souple et aérienne contre sa peau à l'immobilité parfaite, une robe blanche qui suivait les fins contours de son buste jusqu'à sa taille où elle s'ouvrait en une corole de coton blanc jusqu'au milieu de ses mollets. Son visage n'exprimait pas la moindre émotion, traversé d'un nez rectiligne s'arrêtant au dessus d'une paire de lèvre parfaitement dessinées, seul ressortait de ce visage de pierre sculptée une paire d'yeux rouge vif, scintillant dans un silence total. De l'autre jeune femme n'émanait pas du tout le même sentiment de calme inhumain. Sous son chapeau de feutre, entre les mèches de sa dense chevelure blonde étaient apparues des gouttes de sueur qui se laissaient de temps à autre glisser le long de sa peau brune jusqu'au col de sa chemise. Malgré la chaleur difficilement supportable de ce mois d'août, elle portait un costume dans lequel elle flottait très légèrement et qui pourtant semblait la gêner dans le moindre de ses mouvements. Sa démarche était raide, comme si elle tentait de lui donner, en vain, l'apparence de l'assurance qui lui manquait:
« -Tu dois me trouver ridicule. Lâcha-t-elle soudain, entre ses dents serrées, sans s'arrêter d'avancer.
-Et pourquoi le devrais-je ? Lui répondit l'autre avec une nonchalance féline, peut-être même un soupçon d'indifférence.
-Pathétique même. Renchérit la blonde, plus pour elle-même que pour son interlocutrice. Parce que je fuis.
-C'est donc cela que nous faisons ? Demanda la brune en soulevant un sourcil perplexe. Nous fuyons ? La prise de la métisse sur sa main se renforça.
-Oui. Murmura-t-elle, en un souffle.
Les traits de la brune se déformèrent soudain en un sourire cauchemardesque:
-Il n'y a pas de lieu suffisamment reculé ni de retraite suffisamment sûre, pour fuir ce contre quoi vous devez vous battre, Integra. Partout où le sang coule ou a coulé, partout où les ténèbres sont ou ont été, partout, tant qu'il y a des hommes et quand bien même ils n'y en aurait plus, ils sont là, je suis là... Tenter de fuir ces créatures, c'est tenter de fuir l'air que vous respirez. Entendant cela, la blonde, s'arrêta, se retourna brusquement vers son interlocutrice, et la gifla.
-Imbécile. Crachat-elle: Tu crois vraiment que c'est pour ça que je fugue ? Je ne te crains pas, tu es le plus fort de tous et mon esclave servile, si je n'ai pas peur de toi, alors pourquoi devrais-je fuir ces misérables insectes qui brûlent comme de la paille au moindre rayon de soleil ? Même lorsqu'elle l'avait giflé, Integra n'avait pas desserrée sa main de celle d'Alucard: Et ne me parle pas aussi formellement sous cette apparence. » Ajouta-t-elle.
Remplaçant la grimace diabolique, qui avait disparu sous l'assaut du soufflet, un léger sourire vint se placer sur le bas de la face de pierre du nosferatu.
Integra aurait bientôt 15 ans. Cela faisait donc un peu plus de deux ans qu'elle avait pris la place de son auguste géniteur à la tête de la non moins auguste organisation Hellsing. Les premiers mois d'adaptations avaient été difficiles, mais surmontables, la jeune fille avait été préparée à cette succession. Ce à quoi ne l'avait pas du tout préparé son père était venu ensuite: Les moqueries, la pression, les comptes à rendre, les agressions et humiliations permanentes des Chevaliers, de la Section Iscariote, et même parfois de ses propres hommes qui refusaient de prêter allégeance à une « gamine » quand bien même celle-ci s'avérait être un stratège brillant. Tout en gardant une confiance en soi de façade, petit à petit la jeune femme avait maigri à vue d'oeil et s'était mise à flotter dans les costumes déjà un peu trop amples de son tailleur. Elle s'arrangeait pour que ni Walter, ni ses adversaires ne le voient, mais rien n'échappait à l'oeil perçant de son serviteur. Lui, avait bien compris qu'Integra ne mangeait plus. A partir de là avait commencé ce petit jeu auquel ils jouaient encore aujourd'hui. De temps à autre d'abord, puis de plus en plus régulièrement, Alucard avait pris cette apparence d'adolescente lorsqu'il était en tête à tête avec sa Maîtresse. La métisse n'était pas dupe, elle savait très bien à qui elle avait à faire, mais face à cette jeune femme, la seule qui, d'aspect du moins, lui ressemblât, elle se sentait plus en confiance. Cela couplé à la certitude que son esclave, lui, ne la trahirait jamais, ne se moquerait jamais de son corps qui n'était pas celui d'un gentleman, ni de son âge qui n'était pas celui d'un Chevalier, ni même de sa couleur qui n'était pas celle d'un membre de l'aristocratie « respectable », la langue triplement nouée de l'adolescente avait fini par se délier. Parler lui avait fait du bien, elle avait doucement repris goût à la nourriture, et tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes où une adolescente de 14 ans devaient protéger la vie de millions d'individus.
Jusqu'à hier soir.
La table Ronde s'était réunie au complet, Integra avait été exemplaire, comme toujours. Elle avait présenté calmement et avec pédagogie le bilan de ces derniers mois de lutte contre les vampires ; expliqué ses prochaines stratégies d'attaque et sur quelles zones elles devaient être concentrées au vu des récents témoignages qu'elle avait recueilli ; avait fait une demande de budget en bonne et due forme pour de nouvelles armes ; et d'une manière générale était très satisfaite d'être parvenue à garder la face devant tous ces messieurs graves et sérieux. Mais lorsque les Chevaliers étaient rentrés chacun de leurs côté, elle avait surpris des bribes de conversation qu'elle aurait préféré ne jamais entendre:
« Quelle pimbêche, elle croit nous impressionner avec ses chiffres ? C'est son larbin qui a fait tout le boulot. »
« Cette petite gourde croit sérieusement qu'on va lui allouer un budget pareil ? Hors de question que l'argent de l'Etat parte dans ses soirées pyjama entre copines ! »
« Elle pourrait sourire, au moins on aurait quelque chose à regarder ! »
« Ah c'est sur qu'elle ne ressemble pas à sa mère... »
« La catin, tu veux dire, on est sûr que c'est bien sa mère au moins ? »
Et toutes sortes d'horreurs qu'Integra, sous le choc, n'avait pas été capable d'enregistrer. Alors c'est ainsi que les Chevaliers de la Table Ronde la voyait ? Elle qui tentait depuis plus de deux ans d'être à la hauteur de leurs attentes, de parvenir, avec succès, à faire oublier le spectre de son père: Voilà comment ils la considéraient finalement ? Comme une moins que rien ? Une gourde écervelée ? Un simple objet de décoration incapable même de remplir ce seul office ?
Alors, vers midi, tandis que tout le monde la croyait endormie, elle était partie trouver Alucard dans les sous-terrains du manoir où il avait élu domicile, lui avait pris la main, et aussitôt après que le géant se soit transformé en une figure rassurante, les deux adolescentes avaient quittées la résidence sans se retourner. Aussi discrètes que deux ombres, les gardiens ne les avaient même pas remarquées.
« -Que fuis-tu alors, Integra ? Lui-demanda le vampire d'une voix ronde et profonde, une voix douce qu'il ne gardait que pour les instants d'intimité avec sa Maîtresse. En réalité, il le savait, il savait déjà tout. Seulement ne pas le dire faisait aussi partie de ses obligations lorsqu'il était sous cette apparence et ce rôle de composition ne lui déplaisait pas. La jeune blonde resta un instant immobile et silencieuse regardant le sol en direction de la ville à quelques kilomètres de là.
-Je ne veux plus voir ces sales porcs. Finit-elle par avouer sans pour autant parvenir à regarder son interlocutrice. Que ce soit les Chevaliers, Iscariote... Ou même mes hommes. Je ne supporte plus là façon dont ils... A ces mots, sa voix et son corps se mirent à trembler en se rappelant les regards lubriques de certains soldats. On n'a pas besoin de ces vieux croutons pédants de toute façon ! Dit-elle brutalement, s'arrachant à ses mauvais souvenir et cherchant visiblement à se reprendre en main: Ni de ces vieilles pierres d'ailleurs... Ni même de Walter à vrai dire. Alucard entendit la gorge de sa maîtresse se serrer à ces mots, après tout Walter était le seul contact qu'Integra possédait aujourd'hui avec son défunt père, mais ce n'en était pas moins vrai.
-Ah, et où irions nous donc ? Lui demanda le No Life King amusé à l'idée de quitter les murs qui lui avaient si longtemps servi de geôle.
-N'importe où. Lui dit-elle, tout en reprenant sa route, entrainant son esclave à sa suite: Hellsing n'est qu'un nom. Au réel, pour exister l'organisation n'a besoin que d'une arme et de quelqu'un pour la tenir. Tout le reste est superflu, voire contre-productif.
-Et la Reine ?
-Elle comprendra.
-Nous n'avons aucun bagage. Fit très justement remarquer le nosferatu.
-Tu peux prendre n'importe quelle apparence et hypnotiser à loisir: Tu n'auras aucun mal à obtenir de quoi subvenir à mes besoins. Et rien ne t'empêche d'aller récupérer ton cercueil ensuite, si c'est ce qui te préoccupe. Après tout, à part moi, qui pourrait te stopper ?
-Et si on nous retrouve ?
-Sans ton aide ? Impossible.
-Et les vampires ?
-Pour eux, mes ordres sont toujours les mêmes, Alucard: Search, and destroy.
-Alors c'est toi et moi contre le reste du monde, hein ? Sur le visage doré de sa Maîtresse apparut une expression indéfinissable. Dans ses yeux brillaient des étincelles de joies comme le vampire n'en avait jamais vu, et il le sut par la suite, n'en reverrait plus jamais, mais ses sourcils demeuraient froncés par l'appréhension et un demi sourire sur son visage marquait son incrédulité.
-« Toi et moi » répéta-t-elle à mi-voix... Puis son visage s'assombrit. Tu dois vraiment avoir envie de te moquer de moi. Le sourire de la brune devint tellement large que toutes ses dents, et particulièrement ses monstrueuses canines, scintillèrent faiblement. Puis, alors que son corps avançait toujours avec la délicatesse qui lui seyait, des tréfonds de sa gorge s'échappa un rire monstrueux. La jeune femme avait dorénavant une allure et une voix parfaitement démoniaque, et pourtant, cela rassura étrangement la dernière Hellsing:
-C'est plus que je n'aurais jamais pu en espérer. » Dit Alucard lorsqu'il eu fini de rire, sans que son expression monstrueuse ne le quitte. Integra pouffa, et ils continuèrent leur route.
Lorsque les deux adolescentes arrivèrent aux portes de la ville, il était déjà 14h. La chaleur était devenue un peu moins étouffante, et l'heure du déjeuner étant largement passée, les rues commençaient à se remplir, surtout près des commerces. Integra observait la foule avec curiosité, et la foule, à son tour, lui rendait ses regards intrigués. C'est qu'elle avait une allure bien étrange, cette adolescente habillée comme un homme qui tenait par la main une autre enfant aussi irréellement belle qu'une poupée.
Vers 15h, la dernière Hellsing sentit la fatigue et la faim la gagner. Elle prit des chips aux vinaigres, dont elle raffolait, et une boisson dans le premier magasin venu avant de s'installer dans l'herbe d'un parc, elle au soleil, son esclave à l'ombre d'un arbre proche. Les pelouses étaient couvertes de jeunes gens venus parfaire leur bronzage. Integra les observait partagée entre l'envie et la répugnance: Comment pouvaient-ils être si insouciants à rire et bavasser tout en jouant aux cartes alors que leurs vies si fragiles étaient en permanence menacée par des attaques de goules ? C'était donc pour ces rires gras que la métisse souffrait jours après jours ? Et pourtant, la jeune blonde enviait cette insouciance, de même qu'elle enviait toutes ces adolescentes en petit top, en short ou en minijupes qui pouvaient à loisir dévoiler leur féminité naissante sans risquer les quolibets ou les moqueries. C'est qu'Integra ne comprit que bien plus tard qu'il n'y avait nulle part où l'on puisse échapper à ces agressions en tant que femme. En attendant, elle était persuadée d'être la seule à devoir subir toutes cette violence sous le seul prétexte qu'elle n'était pas née avec une bite entre les jambes. Elle ouvrit son paquet de chips en soupirant et en grignota quelques unes du bout des dents, sans plaisir. Puis elle se tourna vers son vassal. Alucard observait lui aussi les jeunes filles, pour des raisons très différentes. Cela faisait un moment que le No Life King n'avait pas eu l'occasion de profiter de la présence de jeunes mortels, exception faite de sa Maîtresse bien sûr, et toutes cette chaire fraiche le mettait en appétit.
« -Tu vas leur faire peur avec ton sourire de déviant. Lui dit Integra, le tirant brutalement de sa contemplation.
-Pas sous cette apparence. Répondit-il du tac au tac. Elles me trouveront seulement un peu étrange, mais vu que tu es juste à côté, elles seront trop focalisées sur ta tenue pour prêter attention à moi.
-Mes vêtements... Sont si bizarres que ça ? Questionna l'adolescente visiblement perturbée par ce constat.
-Pour elles ? Sans aucun doute. Mais au regard de ta vie, c'est la moindre de tes excentricités. La menue silhouette de la métisse se rapprocha de celle de son homologue, s'adossant au tronc. Son paquet de chips ouvert pendant entre ses doigts, elle plia les genoux, se ramassant sur elle même en une position foetale:
-Je ne sais pas trop si j'aime ces vêtements... Murmura-t-elle. Mais sans eux, je me sens vulnérable. Et puis si je ne le mettais pas on me respecterait encore moins. A ces mots, Alucard partit de nouveau dans un fou rire incontrôlable et terrifiant qui fit s'enfuir deux, trois personnes du parc:
-Parce qu'ils cachent tes formes ? Hahahaha ! Les mâles humains ne cesseront jamais de me surprendre ! Ricana-t-il. La vérité, Integra, c'est que tous ces gens qui tentent de te détruire et de te brimer sont terrifiés par ton existence. Ils se tirent dessus avec du plomb, combattent des démons séculaires et se battent à grand renfort d'armes atomiques, mais qu'apparaisse dans leur champ de vision l'ombre d'un sein, et ils sont statufiés de terreur ! Que s'imaginent-ils ? Que leurs testicules vont spontanément se décrocher sous prétexte qu'ils doivent obéir à une femme ? L'image mentale arracha un faible rire à la mortelle.
-Ne me fais pas rire, je ne leur fais pas aussi peur que toi.
-Si quelqu'un te menaçait avec une arme, Integra, qui craindrais-tu le plus ? L'arme, ou de la personne qui la tient ? A ces mots la métisse se sentit plus légère. Elle n'avait jamais imaginé qu'elle puisse réellement inspirer la peur comme un véritable leader.
-...Allons faire un peu de shopping. » Déclara-t-elle soudain après un silence. Cette phrase ne semblait pas naturelle du tout, à croire qu'Integra tentait de ressembler à une fille de son âge, pour une fois.
C'était le cas. Elle était dorénavant forte de cette affirmation: Elle était un leader, elle était la main sur le détonateur et n'avait aucune raison de tenter de le prouver. De fait la blondinette désirait maintenant jouer à un autre genre de jeux, au même jeu que ces jeunes filles riant près des par-terre de tulipes. Le vampire ne fit donc aucune remarque et se contenta d'hocher la tête en signe d'approbation.
Le duo entra et sortit de plusieurs magasins, et la métisse essaya de nombreuses tenues avant de trouver quelque chose qui la satisfasse. Gloussant devant les parures les plus improbables, essayant l'une après l'autre le même vêtement, entrant et sortant des magasins en se tenant la main, les deux jeune filles ressemblaient à de très bonnes amies en vadrouille... Voire à un jeune couple. Finalement c'est sur une courte jupe en jean, une petit top banc et une paire de ballerines, blanches elles aussi, que la dernière Hellsing jeta son dévolu. La jupe permettait enfin de dévoiler les délicieuses jambes galbées de l'adolescente, et le haut sa jolie poitrine ronde et ferme. Alucard apprécia la vue discrètement et en silence. Alors qu'elles passaient en caisse, Integra entendit une voix grasse commenter dans son dos:
«-Hey, t'as vu les deux goudous là-bas ? L'esclave s'apprêtait à réagir lorsqu'elle entendit sa Maîtresse lui dire d'une voix tout aussi audible:
-Laisse, il est jaloux parce qu'il sait qu'il ne sera jamais aussi beau que toi. »
L'abruti boutonneux auteur de cette remarque n'osa pas répliquer, et le rire méphistophélique de la brunette l'en dissuada définitivement. Le duo sortit donc de la boutique en riant et continua son exploration de Londres jusqu'à la tombée de la nuit.
Vint le moment où les deux adolescentes durent se mettre en quête d'un endroit où dormir. Un hôtel à la fois suffisamment discret et suffisamment confortable pour que la dernière Hellsing et elle-même puissent s'y reposer sans risque. Après avoir cherché quelques temps, elles arrivèrent devant les portes du Queen's Rest, un nom bien pompeux pour un hôtel en réalité très sobre et de petite taille. Avant d'entrer, Alucard changea son apparence du tout au tout. Elle grandit, sa peau devint noire, ses yeux clairs, et ses hanches, seins, et fesse s'élargirent. L'humaine l'observa, incrédule. Elle n'avait aucun souvenirs de sa mère et n'avait jamais eu l'occasion de la voir ne serait-ce qu'en photo. Mais même sans cela, il lui semblait que c'était exactement ce à quoi devait ressembler sa génitrice, et cela fit vibrer quelque chose qu'elle avait enfouit très profondément en elle. La vampire reprit la main de sa Maîtresse et entra dans le hall d'un pas décidé:
« -Bonsoir, dit-elle d'une voix chaude qui émerveilla la métisse, croyant entendre sa propre mère parler: Ma fille et moi aurions besoin d'une chambre pour cette nuit. Ajouta-t-elle en posant une main maternelle sur l'épaule de la dernière Hellsing, ce qui la fit frissonner.
-Et bien... Répondit le réceptionniste, il doit bien me rester une chambre, mais je ne sais pas si c'est une avec deux lits séparés...
-Dans le pire des cas, une chambre avec lit double nous convient vous savez, même si ça embête ma fille, c'est juste pour une nuit. La concernée rougie furieusement et détourna le regard.
-C'est vrai qu'à cet âge là, ils sont pas facile à vivre. Plaisanta le quinquagénaire, un père de famille, probablement.
-Clairement. Répondit la mère improvisée en esquissant un sourire presque humain: Combien vous dois-je ?
-50 livres, madame.
-Bien sûr, les voilà... »
Alucard mit sa main dans sa poche et la ressortit, vide, mimant le geste de quelqu'un qui tendrait des billets. Se faisant, elle avait regardé le réceptionniste droit dans les yeux, ce dernier mima mécaniquement la prise des billets inexistants et leur enregistrement dans la caisse avant de souhaiter au duo, tout aussi mécaniquement une bonne nuit en leur tendant les clefs.
Sitôt qu'elles furent sorties de son champ de vision, la No life king reprit une apparence de jeune fille en fleur et monta les escaliers au pas de course, suivie de près par sa Maîtresse bouche bée. Cette dernière avait décidément beaucoup de mal à s'habituer au tour d'hypnose du vampire, chaque fois qu'il l'exécutait, elle se demandait pourquoi un tel monstre demeurait son fidèle serviteur. Qu'est-ce qui pouvait bien le convaincre de rester aux côtés d'une gamine alors que son pouvoir démentiel lui permettrait aisément de la trahir n'importe quand ? Le contrat ne pouvait pas être entièrement responsable d'une telle dévotion, après tout, tout contrat comportait ses failles...
Les jeunes filles arrivèrent devant la porte de la chambre qu'elles ouvrirent avec précipitation. Integra se laissa tomber dans le lit moelleux, rejoint de près par son esclave. Allongées sur le lit, elles fixèrent le plafond un temps:
« -Je crois que j'ai des ampoules aux pieds. Finit par avouer la blonde.
-Ca t'étonne ? Je t'avais dis de ne pas porter de chaussures neuves toute une après-midi, pieds nus qui plus est...
-Blablabla ! La réaction totalement immature de l'adolescente laissa le nosferatu coi, puis il rit franchement. Je vais prendre une douche. Déclara la métisse en se redressant, coupant court à la moquerie de son esclave, ça me fera du bien. » Et se faisant, elle disparut dans la salle de bain.
Lorsqu'elle ressortit de la douche, fraiche et dispo, Alucard avait reprit son apparence habituelle, et allongé sur le lit, sirotait un pack de sang. Face à cette silhouette qu'elle ne connaissait que trop bien, la dernière Hellsing fit la moue:
« -... Tu en fais une tête. Lui fit remarquer le No Life King: Mon apparence te déplait ?
-Oui. On va dormir ensemble après tout.
-Oh, c'est donc ce qui te soucis ? Il me semblait pourtant que c'était l'apparence la plus indiquée pour te protéger cette nuit. Tu ne crois pas ?
-... Je n'ai pas de pyjama. Fit remarquer la jeune fille.
-Tu n'as qu'à prendre ma chemise. Et se faisant, Alucard ôta le vêtement, avec un naturel déconcertant, avant de le tendre à l'adolescente. Le regard dubitatif de cette dernière passa successivement de la chemise au torse dénudé du monstre. Celui-ci était, comme on aurait pu s'y attendre, d'une inégalable et terrifiante perfection. La peau d'albâtre parfaitement glabre, et lisse du nosferatus était un spectacle que les sculpteurs grecs eux-même n'auraient pas pu rêver contempler. Integra mesura la chance qu'elle possédait d'en avoir, elle, l'occasion, et surtout d'être toujours en vie pour en parler ensuite, puis signala:
-Je ne trouve pas cette situation beaucoup plus confortable.
-Ne t'inquiètes pas... Répondit le No Life King, et se faisant, son buste se recouvrit de ténèbres qui se transformèrent aussitôt en une nouvelle chemise. Je ne ferais jamais rien qui ne déplaise à ma Maîtresse adulée. La métisse attrapa la chemise d'une main et partit se changer. Alucard ne manqua pas une miette d'une spectacle qui s'offrit à lui lorsqu'Integra revint. Sa chemise atteignait tout juste la moitié des cuisses de la jeune fille et, bien que totalement opaque, tombait délicatement sur le corps virginal, en soulignant délicieusement chaque courbe.
-Et après tu te demandes pourquoi je ne te fais pas confiance... Tu verrais la façon dont tu me regardes... Fit remarquer la blonde en soupirant à son vassal.
-Pardonne moi. S'excusa ce dernier. Je crains de ne pas valoir beaucoup mieux que les « sales porcs » que tu abhorres. Je tacherai d'être plus discret par la suite...
-Oui. Mais bon, je ne peux pas dire que je ne profites pas non plus un peu de ton manque de pudeur. Et puis je ne sais pas... Tu m'effraies moins qu'eux. Tout en disant cela, sa voix devint plus grave. Elle monta lentement sur le lit, et s'assit, la tête posée contre le bois de la tête de lit: Tu étais très belle sous l'apparence que tu as montré au réceptionniste.
-Merci. Tu préfèrerais que je la reprenne pour ce soir ?
-Non, répondit la dernière Hellsing: Elle ne me met pas très à l'aise à vrai dire.
-Je peux comprendre. Un long silence suivit cette échange avant qu'Integra, après avoir contemplé le vide, parfaitement immobile, ne se décide à poser une question qui lui brulait les lèvres.
-C'est vrai ?
-Qu'est-ce qui est vrai ?
-Que ma mère était une pute.
-Je n'ai jamais rencontré ta mère. Répondit calmement le vampire: Mais ayant bien connu ton père, c'est fort probable en effet... Ca t'ennuie ?
-...Je ne sais pas. Répondit franchement la jeune fille. Je crois que mon père m'aimait bien, quand il mentionnait ma mère il avait l'air heureux, et quand il me regardait en parlant d'elle il avait l'air heureux aussi, j'imagine donc qu'elle devait bien m'aimer. C'est le plus important... Il me semble.
-Si c'est ce que disait les Chevaliers qui te soucis, ne les écoute pas. Ca n'a aucune importance que ta mère ai été une prostituée. Conclut simplement Alucard. Ces gens qui la dénigrent, et tentent de t'enfoncer par la-même auraient vendu leur chemise pour obtenir ses faveurs, de même qu'ils m'offriraient leurs âmes sans marchander juste pour pouvoir être aussi proche de toi que je le suis maintenant. Et puis tu n'es pas ta mère, ni ton père, tu n'as pas à te conformer à l'image de l'un ou de l'autre pour plaire à qui que ce soit. Si cet état de fait déplait à des gens, tu n'as qu'à les écraser, tu en as largement le pouvoir. Tu me possèdes moi.
-Si seulement c'était si simple. Murmura la dernière Hellsing. Mais merci, ça me fait chaud au cœur. Son corps se mit à trembler doucement malgré la chaleur elle rabattit ses membres vers elle, enfonça sa tête dans ses genoux puis ajouta: J'ai tellement peur Alucard... Tellement peur et tellement mal. Je croyais avoir versé mes dernières larmes à ce moment là mais chaque jour est pire que le précédent. Chaque regard brillant, chaque remarque dégueulasse, chaque ordre est plus pénible et blessant que celui d'avant. Sa voix tremblait, les larmes se mirent à couler d'elle-même. Dans ces moments là je me sens tellement impuissante. Je ne comprends même pas comment tu peux continuer à supporter une mauviette telle que moi...
-Ne plus avoir de larmes à verser est le privilège des monstres. Les hommes sont là pour connaître la douleur et les pleurs. Et c'est parce qu'ils connaissent cette douleur qu'ils sont ensuite capable de d'aimer et de rire. Répondit le vampire. Et puis qu'y a t-il de si impressionnant et de si courageux à vivre dans un monde qui n'est pas pour toi source de crainte ? C'est parce qu'il est faible et couard que l'être humain est si fascinant. C'est parce que malgré son incommensurable faiblesse il continue toujours d'exister, d'avancer, de se battre. Nous, les monstres, n'avons aucun mérite, nous sommes déjà tout puissant et invincibles. Et eux les Chevaliers, non plus, n'ont rien dont ils puissent se vanter. Ils ne survivraient pas 5 minutes dans ta peau... Et cependant toi, tu es assises sur le même lit qu'une créature luciférienne dont la puissance dépasse ton entendement. Toi, tu diriges une armée qui te regarde comme une pièce de viande. Toi, tu vis avec la pression quotidienne de milliers de vies à protéger. Alors pleure, crie, tremble, c'est ton droit le plus absolu, la preuve que tu es humaine. Etre terrifiée démontre ton courage. L'adolescente se rapprocha un peu du No Life King, puis se laissa tomber la tête contre ton torse silencieux et froid aussi calme et apaisant qu'une statue.
-Tu trouves toujours les mots qu'il faut, hein... Murmura-t-elle.
-Je vous connais par cœur. Répondit le nosferatu.
-...Merci. »
Tout en murmurant ces mots, Integra se laissa couler contre le buste alangui. Ses cheveux se déployant gracieusement en une fontaine blonde contre le tissu de la chemise de son esclave, ses bras bruns détendus allongés sur la cage thoracique, l'extrémité de ses doigts pinçant délicatement les trapèzes, sa nuque désarticulée refusant de soutenir la tête posée contre les muscles immobiles, elle demeurait là, respirant lentement. A la main gantée qui vint tranquillement caresser ses mèches blondes, elle répondit en jouant de ses fins doigts dans la chevelure d'encre de son esclave. Le contact lui manquait beaucoup depuis que son père était mort. C'est que malgré l'éducation sévère qu'il procurait à sa fille, c'était un individu très câlin qui profitait toujours de la moindre occasion pour la prendre dans ses bras, lui caresser la tête ou lui pincer les joues. Plus personne n'osait dorénavant toucher la dernière Hellsing, et elle en était très heureuse au vu du profond dégoût que lui inspirait les seuls regards des hommes qui l'entouraient.
Alucard, cependant, était différent. Sa manière de mouvoir ses mains dans sa chevelure n'avait rien d'obscène ni d'intimidante, étrangement, ses gestes étaient seulement lents et tendres et Integra tâchait de leur répondre avec la même grâce et la même douceur. En réalité ce n'était pas la première fois que le vampire se permettait de toucher sa Maîtresse, c'était même, surtout sous son apparence d'adolescente, devenu relativement courant lorsqu'elles n'étaient que toutes les deux. Comme maintenant, il caressait ses cheveux ou passait ses doigts sur ses joues, parfois, lorsque l'épuisement gagnait la toute jeune Integra, elle lui accordait même l'immense privilège de la masser. La blonde frissonnait juste en se rappelant les mains nues de son esclave sur son dos. S'abandonner aux caresses du nosferatu était un plaisir d'autant plus grand que la jeune femme savait pertinemment que si les Chevaliers, Iscariote, ou même Walter apprenaient qu'elle se permettait de pareils familiarités avec un suceur de sang, tous s'évanouiraient d'horreur. Mais ce soir, aucun d'eux n'étaient là, et si tout se passait comme prévu, elle n'aurait plus jamais à approcher un seul d'entre eux. Ce qui voulait dire que...
La métisse se redressa d'un coup, son regard croisa celui d'Alucard qui vit bien que les yeux de sa Maitresse venaient de se consteller d'étoiles. Elle attrapa brutalement le col de sa veste, et grimpa à califourchon sur ses longues jambes, ne remarquant même pas que, de fait, les pans de son pyjama de fortune venaient de remonter très haut sur ses cuisses.
« -Tu me trouves jolie, n'est-ce-pas ? Demanda-t-elle tout en regardant le No Life King droit dans les yeux. Ce dernier du faire appel à 500 ans de self control pour que sa délicate Maitresse ne devine tout ce qui se produisit dans sa tête lorsqu'il entendit cette phrase et en comprit les implications. Cela n'empêcha pas un rictus tout de même franchement inquiétant d'apparaître sur son visage:
-Jolie ?... Integra, ronronna-t-il, tu es si belle que j'en pardonnerais presque à ce monde risible d'être aussi pathétiquement laid. La jeune fille pouffa:
-Quel beau parleur ! Mais elle appréciait néanmoins ces compliments qu'elle substituait avec joie aux insultes des Chevaliers. J'en conclue que tu m'apprécies ?
-Je t'adore, répondit-il tout en approchant lentement son visage carnassier près de celui de la dernière Hellsing, je t'adule, je te révère, Integra, Fairburke, Wingates, Hellsing.
-Tu ne m'en voudrais donc pas, si j'abusais de ta dévotion en te demandant un petit « service » ?
-Je suis tien. »
Répondit le vampire qui peinait de plus en plus à contenir son excitation. Alors sans prononcer un mot de plus, Integra clôt ses grands yeux bleus, et embrassa son esclave. Un simple contact des lèvres tout d'abord, le temps de s'habituer à cette proximité nouvelle. Puis, sans rouvrir les yeux, la métisse revint auprès des lèvres entrouvertes, et y glissa prudemment sa langue, prenant bien soin d'éviter les canines. La bouche du vampire était un peu fraiche, mais en dehors de cela, son contact était très agréable, électrique même. L'attrait de l'interdit et le désir si longtemps contenu donnaient à ce baiser un goût tout particulier qui excitait l'adolescente au plus haut point.
Alucard, bien sûr, savourait lui aussi cette exquise attention tout en faisant un doigt d'honneur mental à son précédent maître. « Je suis en train de rouler un patin à ta fille~ » se réjouissait-il intérieurement tout en imaginant le cadavre d'Arthur Hellsing se retourner dans sa tombe à la vitesse d'une hélice d'avion. Il en profita au passage pour tourner également ce doigt mental vers les Chevaliers et les soldats d'Hellsing: Louée soit la bêtise humaine qui avait fait de lui le seul être sur qui l'aimable Integra pouvait venter ses désirs. Quelle chance que l'idiotie des êtres humains finisse toujours par bénéficier aux démons ! Et tout en ricanant en son fort intérieur, le No Life King envahissait de sa langue reptilienne le palais chaud de sa déesse.
Lorsque celle-ci rompit le baiser puis rouvrit les yeux, ils étaient tout embués de désir, aussi attirants et merveilleusement obscènes que ses joues rosées et sa bouche en « o » d'où coulait encore un filet de salive si mince qu'il en était presque imperceptible.
« -Quelles sont vos ordres ? Ronronna le suceur de sang.
-Retire... Tes gants... Articula Integra qui peinait à revenir de l'état second dans lequel elle venait de plonger. Le vassal s'exécuta prestement attendant l'ordre suivant. Ta veste... Cette fois-ci Alucard se fit volontairement plus joueur, retirant son éternel manteau rouge avec une lenteur calculée. Ta chemise. Ordonna alors sa Maîtresse. Et bouton par bouton, le suceur de sang défit tranquillement sa chemise. Plus vite, murmura-t-elle, je sais déjà ce que tu caches... Un petit rictus déforma la bouche du monstre qui se débarrassa du vêtement avec empressement. Malgré ses propos pleins d'assurance, l'adolescente ne cacha rien de son émerveillement lorsqu'elle pu poser ses yeux sur le torse de son esclave pour la deuxième fois de la soirée. Cependant, la simple vu ne lui suffisait pas. Elle déposa précautionneusement une main sur le poitrail laiteux, caressant d'abord la peau froide du bout des doigts avant d'appuyer délicatement sa paume contre elle. Cette dernière avait la douceur du marbre poli, aucune chaleur ne semblait provenir de la chaire, mais au contact de la main enfiévrée de la dernière Hellsing, elle se réchauffait doucement. La main explora le torse offert du vampire indolent, coulant le long des pectoraux, effleurant les tétons, glissant sur chaque bosse et chaque creux formé par les abdominaux. Alucard observait la jolie métisse toute à son étude, et se laissait paisiblement aller au plaisir qui l'envahissait. Ses yeux rougeoyant glissèrent alors vers les cuisses dénudées de sa Maîtresse, il y apposa prudemment une main. Ne rencontrant aucune résistance, il massa tranquillement la jambe remontant imperceptiblement jusqu'à l'aine. La blonde se laissait faire, le contact était plaisant, mais lorsqu'elle sentit les phalanges du suceur de sang près de son sous-vêtement, elle sortit de sa torpeur béate et lui intima, de ce ton impérieux qui lui seyait tant:
« -Tu as le droit de me toucher autant que tu veux, et comme tu veux, mais cette petite culotte ne doit pas bouger d'un millimètre.
-Oh ? Et quid de l'élastique de la dite ?
-Tu m'as très bien compris. Conclut l'adolescente d'un ton tranchant. Le vampire poussa un grognement fauve de frustration tout en se redressant, couvrant de baiser la peau hypersensible du cou de son idole:
-Ainsi soit-il... »
Comme l'y avait autorisé la dernière Hellsing, Alucard empoigna à pleines mains les adorables petites fesses rebondies qui siégeaient sur son bassin, les pétrissant avec bonheur. Integra émit à ce contact un minuscule couinement de surprise qui ravit son partenaire au plus haut point. La bouche de ce dernier était étirée en un sourire lubrique qu'il cachait au mieux en l'enfouissant dans le creux de la nuque de sa Maîtresse. Après avoir inspiré à plein poumons le parfum enivrant de la virginale métisse et avoir embrassé chaque millimètre de peau découverte, le vampire se mit en tête de la découvrir plus. Avec les dents, il entreprit donc de défaire chaque bouton de la chemise qu'il lui avait prêté un peu plus tôt dans la soirée. En réalité, le No Life King aurait pu simplement rappeler cette chemise aux ténèbres dont elle était extraite, mais il pressentait que si Integra réalisait que ce vêtement, aussi, faisait parti de son corps, il pouvait dire adieu à cette sympathique soirée. Et puis faire étalage de son incroyable habilité était beaucoup plus amusant...
De son côté l'adolescente, bien que trop émoustillée pour réfléchir clairement, ne comprenait pas très bien pourquoi Alucard ne se contentait pas de faire disparaître cette chemise comme il avait fait apparaître la précédente. Néanmoins, il est vrai que le spectacle du suceur de sang déboutonnant le vêtement habilement à l'aide de ses seules lèvres et dents méritait d'être vu. Lorsque la chemise fut complètement ouverte, dévoilant entièrement le joli ventre incurvée de la jeune fille, le vampire enfouie son visage de pierre entre ses charmants seins ronds: quelle bonheur que toute cette peau douce et cette chaire tendre, et quelle joie de pouvoir y plonger sa face de marbre ! En pinçant les pans entre ses lèvres, le nosferatus acheva de faire tomber l'inutile étoffe, dévoilant dans toute sa splendeur naissante le corps de son idole. Cette dernière tremblait un petit peu, tentant de ne pas se rappeler trop vite entre les bras de quelle genre d'abomination de la nature elle se trouvait. Mais ses craintes, disparurent aussitôt que les lèvres humides et expertes du vampire vinrent enserrer un de ses tétons. La langue serpentine stimulant avec adresse la poitrine électrisée, suçotant, enlaçant, pinçant. Perdue dans l'agréable flot de sensations nouvelles, l'adolescente enfouit ses mains dans la chevelure hirsute de son esclave, agrippant les mèches de cheveux jais. Ce dernier, après avoir profité un temps de la chaire chaude sous ses doigts, bloqua de ses larges mains les hanches de l'adolescente, et imprima au bassin ainsi à sa merci un mouvement de va et vient. Integra émit un gémissement troublant, c'est que même à travers le tissu elle pouvait sentir distinctement l'érection de son vassal contre son propre sexe, et le contact, ainsi que les attentions qu'elle recevait toujours sur sa poitrine, lui envoyaient des vibrations de plaisir incontrôlées:
« -Ca te plait ? Demanda le suceur de sang tout en levant vers la jeune fille ses yeux écarlates.
-Humm... Répondit celle-ci en approuvant d'un signe de tête entre deux frissons. Ta langue est vraiment longue... Et souple. Fit remarquer la dernière Hellsing sans vraiment réfléchir à ce qu'elle disait. Le vampire ricana:
-Si tu savais tout ce que je peux faire avec...
-Je compte sur toi pour m'en faire une démonstration en bonne et due forme, mais pas aujourd'hui. Répondit Integra que la remarque avait un peu ramenée à la raison et qui se sentait maintenant d'humeur taquine. Alucard dévoila tous ses crocs de bonheur à la perspective de pouvoir renouveler un aussi sympathique divertissement dans un futur qui semblait, qui plus est, très proche.
-Entendu, carpe diem comme vous dites... En attendant ma délicieuse Maîtresse, désires-tu que je te fasses jouir ?
-Il me semblait avoir été plutôt claire sur la consigne concernant mes sous-vêtements...
-Huhuhu, naïve petite, je n'ai guère besoin de te déshabiller plus pour te faire voir des étoiles. Se moqua le vampire expérimenté d'une voix mielleuse qui embarrassa la métisse: En revanche, il se pourrait que ce que je ne te mette pas très à l'aise...
-Tu ne m'effraies pas. Répondit la blonde avec aplomb.
-Je n'en doute pas, répondit le nosferatu narquois, mais à ta place, je fermerais quand même les yeux. Lorsque l'adolescente vit que dans le cou du vampire s'était percée une autre bouche au sourire monstrueux et à la longue langue humide, elle cessa d'argumenter et ferma les yeux sans demander son reste. N'ai crainte, ajouta le vampire, je ne te ferai aucun mal. »
Sitôt que ses yeux furent fermés, la métisse sentit les deux bouches, et les deux langues courir le long de son buste, embrassant, caressant, léchant tout son corps des trapèzes au nombril avant de se concentrer sur ses seins. Ces caresses étaient particulièrement agréable, bien que légèrement stressantes, même les yeux fermés. Tellement agréables qu'Integra ne remarqua même pas qu'une main, puis deux étaient elles aussi entrain de caresser sa poitrine et son ventre... Alors que deux autre mains étaient toujours posées sur ses hanches, et qu'une autre paire encore était entrain de maintenir son dos dans une position confortable. La jeune femme ferma les yeux très très fort en essayant de ne surtout pas imaginer quelle genre d'apparence terrifiante son partenaire venait de prendre et se laissa simplement aller à l'agréable fièvre qui l'engourdissait.
Doucement, elle sentit quelque chose serpenter entre ses cuisses, glissant contre son sexe, jouant avec le plaisir évident que lui procurait ces caresses contre son clitoris. Même à travers le fin tissu de coton humide de sa petite culotte, la jeune fille sentait la pression et les frottement de cette chose longiligne et dure contre cette partie de son anatomie, pression d'autant plus grande, que les mains, enfin une des paires de mains, d'Alucard jouaient toujours avec son bassin, accentuant le contact, accélérant le rythme du mouvement de ses hanches. C'était si agréable, et cela lui procurait un plaisir tellement intense qu'elle ne remarqua même pas cette seconde forme serpentine qui s'était enroulée autour de sa cuisse.
Integra n'était plus qu'un ensemble de terminaisons nerveuses surmontée de cordes vocales dont elle laissait s'échapper toutes sortes de petits cris et gémissement divins qu'Alucard buvait avec délectation tout comme les gouttes de sueur sur son buste. Chaque miaulement, chaque frisson, le rendait complètement fou et il devait mobiliser un sang froid démentiel pour ne pas mordre à pleine dents dans la proie ainsi à sa merci... Mais la vue en valait définitivement la peine. Le corps doré aux formes neuves tressautant ainsi sous ses assauts, ses mèches de cheveux fauves collées par la sueur contre ses paupières closes, Integra ainsi noyée sous le plaisir était un spectacle formidable qui n'appartenait qu'à lui et dont il comptait profiter jusqu'à la dernière miette.
Integra sentit une nouvelle bouche s'emparer de la sienne avec passion, et les caresses devenir plus insistantes, entre ses cuisses particulièrement. Les doigts du monstre qui enserraient ses fesses s'était légèrement déplacés, glissant à l'intérieur de ses cuisses pour mieux les écarter, offrant un accès plus aisé à sa vulve humide contre laquelle vinrent se placer de nouveaux doigts, ceux qu'il maintenaient jusque là dans son dos. Se lovant contre le sexe chaud et tremblant, ces doigts souples et fins se mirent à caresser, pincer, frotter, exciter le petit bout de chaire rosée et tendue qui envoyait à la métisse des décharges de plaisir pur. Ne pouvant fermer ses cuisses, les deux formes serpentines que l'héritière Hellsing avait entre temps identifié, non sans une certaine crainte, comme des tentacules, les maintenaient outrageusement éloignées l'une de l'autre, la jeune femme ne pu que se laisser entrainer, envahir, posséder par un orgasme qui dura plusieurs minutes avant de se laisser tomber, épuisée et pantelante, contre son amant.
Le suceur de sang reprit une apparence vaguement humaine avant que son idole ne rouvre les yeux.
« -Satisfaite ? Demanda-t-il d'une voix charmeuse, ne dissimulant pas le moins du monde son évidente confiance en ses capacités.
-C'était... Incroyable... Répondit cette dernière encore toute étourdie ; lorsqu'elle se rendit compte qu'une bosse demeurait toujours contre son bas ventre. Mais j'imagine que pour toi ça ne devait pas être aussi satisfaisant...
-Qu'importe. Répondit le vampire, détendu, il suffit d'attendre un peu et la tension retombera d'elle-mê... Le monstre fut soudain stoppé par le regard prédateur d'Integra. Cette dernière avait apparemment une toute autre idée en tête. Elle se redressa et un sourire en biais apparut sur son visage.
-Je pensais à quelque chose de plus rapide. Enonça-t-elle, jouant de ses capacités de séduction nouvellement découvertes.
-Vraiment ?... Répondit Alucard faisant mine de ne pas du tout voir de quoi parlait sa maîtresse alors qu'il était aussi raidi d'excitation qu'une corde d'arc.
-Oui, oui... Les mains fines d'Integra revinrent sur le ventre du monstre, qu'elle caressa un temps avant de commencer à déboutonner gauchement sa braguette. Face à ce manque d'habilité, le vassal ressentit le besoin de rassurer sa Maîtresse:
-Rien ne t'oblige à me rendre pareil service, Integra. Tu n'as rien à me prouver. La métisse redressa la tête, c'est qu'elle était très concentrée sur ce fastidieux déboutonnage:
-Et me priver de faire tressaillir le vampire le plus puissant de tous les temps comme un pucelle ? Tu plaisantes j'espère ? Après quelques secondes sous le choc, le midian partit dans un fou rire monstrueux comme il en avait le secret, puis murmura à son idole:
-Je m'en remets à toi dans ce cas. »
Celle-ci ne se fit pas désirer plus longtemps, elle acheva d'ouvrir la braguette du monstre et avec sa coopération, descendit un peu son pantalon et, pour pouvoir dégager pleinement son érection pulsante, glissa ses mains gracieuses sous l'élastique du boxer du vampire. Elle en profita au passage pour caresser les hanches de son serviteur, lui arrachant un frisson d'anticipation. Elle n'osait pas tellement l'admettre, mais se trouver ainsi dans une position de pouvoir lui plaisait énormément.
Une fois celui ci partiellement dénué, elle jaugea un instant le suceur de sang, allongé, la tête appuyée avec grâce sur l'oreiller, sa chemise grande ouverte, et son sexes pâle impudiquement dressé, il la fixait d'un œil rubis entre les mèches de son épaisse crinière noire. Malgré sa pose indolente, son regard scintillait de désir, et si le monstre avait respiré, sans doute aurait-il trahit encore plus son excitation...
Integra mesura du bout des doigts la taille du membre de son esclave, l'entendant grogner au moindre frôlement contre sa peau froide: Elle n'avait pas vraiment eu l'occasion de comparer, mais elle se doutait que le sexe du vampire était d'une taille plus que respectable. Elle approcha ses cuisses de la verge, la laissant reposer contre elle, le contraste obscène entre sa peau brune et la verge blanche surmontée d'un gland à peine rosé l'amusait.
Répondant aux complaintes muettes d'Alucard, Integra se décida enfin à lui accorder l'attention qu'il réclamait, faisant glisser ses jolis doigts contre le sexe gorgé de sang. Titillant son gland, descendant, avec mille caresses, le long de la verge, ses ongles se frayant un chemin entre les poils noirs et drus de son pubis avant de redescendre caresser ses bourses. Elle appréciait le contact de cette chaire froide et avide contre sa paume, et observait avec attention, sans se départir d'un petit sourire en coin, les réactions du monstre centenaire tandis que son pouce effleurait son frein ou que deux doigts venaient exciter la base de son membre.
Plus le contact était insistant, plus la créature peinait à garder forme humaine, et lorsque la jeune femme consentit à resserrer son poing contre le sexe de son partenaire, elle vit aussitôt s'ouvrir, dans sa chevelure de ténèbres, trois nouvelles paires d'yeux aux pupilles dilatées. Un frisson lui parcourut l'échine, mais elle poursuivit néanmoins sans se départir de son calme, et sans détourner les yeux. Ses doigts jouants du membres du monstre comme d'un instrument de musique, modulant la pression et la rapidité au vu des soupirs rauques et puissamment érotiques qui s'échappaient de la gorge de la bête. La langue écarlate de cette dernière était visible entre ses crocs acérés, dévoilés par son antédiluvien sourire, lui-même entrouvert par le plaisir. Il y avait quelque chose de monstrueusement gracieux dans l'abandon du No Life King à un activité si trivial. Et de rassurant aussi.
Alucard, n'était finalement pas si différent de bien des mortels...
Integra se pencha et vint déposer dans son cou un long suçon tandis qu'elle accélérait le rythme du vas et vient de son poing contre le membre devenu humide.
Elle entendit la voix du monstre mourir dans sa gorge, sentit ses cordes vocales vibrer à travers la fine barrière de chaire qui les séparait de ses lèvres, et sous les doigts de son autre main les abdominaux se bandèrent, puis un liquide froid se répandit sur sa cuisse nue.
La métisse se redressa pour voir le sperme maculer sa peau « virginale ».
Mais la souillure fut rapidement effacée par un coup de langue du vampire avant qu'il ne retombe dans les draps. Integra s'allongea à son tour, et les amants s'entrelacèrent en une pause complexes avant qu'Alucard ne rabatte sur leurs corps presque nus un fin drap de coton.
Le No Life King était perdu dans ses pensées tandis qu'il achevait de reprendre une apparence stable. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu l'occasion de faire l'amour. Le contact avec tout être humain d'une manière générale lui avait d'ailleurs été interdit depuis longtemps. Depuis le jour maudit où son chemin avait croisé celui d'Abraham Van Helsing, en réalité. Il en profita au passage pour également ériger en la direction de son spectre un nouveau doigt d'honneur, lui aussi le méritait bien. C'est qu'avec ce misérable avait cessé le temps béni des jolies bergères esseulées, des charmants voyageurs de passage et, bien sûr celui de Mina... Il repoussa se souvenir pénible en se blottissant contre sa Maîtresse. Le sang et la puissance donnaient l'ivresse, mais la chaire palpitante, seule, pour ce corps froid et mort, était encore source de plaisir. Rien que pour la compagnie des hommes, non, rien que pour la compagnie de sa déesse, cette non-vie valait finalement la peine d'être vécue.
Un long silence prit place, à peine perturbé par la respiration lente de la dernière Hellsing, ce fut d'ailleurs elle qui le brisa définitivement:
« -Je vendrais mon âme pour voir comment réagiraient les Chevaliers s'ils apprenaient ce qui vient de se produire...
-Ne dit pas ça à la légère, mortelle... Répondit le monstre. Puis après un court temps il ajouta: Ceci dit, si j'en avais encore une, je le ferais aussi. Et tous deux se mirent à rire, la voix cristalline de la jeune Integra complétant le timbre grave du nosferatu. Néanmoins, je dois avouer que je suis plutôt surpris...
-Hm ?
-Je ne m'attendais pas à ce que tu me laisses te toucher sous une apparence masculine... A ces mots, le vampire découvrit soudain que les humains pouvaient rougir jusqu'aux épaules.
-Qu... Qu'est-ce que tu sous-entends, esclave ? Balbutia la jeune femme.
-Je ne sous entends rien du tout, je tire simplement les conclusions qui s'imposent de t'avoir vu tant de fois espionner la superbe secrétaire de lord Bodart...
-MAIS PAS DU TOUT ! Se défendit en vain la blonde qui avait si fièrement tenu tête à l'abruti du magasin quelques heures plutôt. Le No Life King ne se lassait pas de la différence entre la demoiselle de fer en publique et l'adolescente complexée en privée.
-Ah, et j'imagine que c'est un pur hasard si les magasines dans ton armoire à vêtement ont tous en couverture ou en poster Grace Jones ou Annie Lenox en petites tenues... Pour ne citer qu'elles...
-Mais comment... ?! S'exclama Integra aussi rouge qu'une pomme mûre.
-Allons, comment crois-tu que ces magazines sont passés de sous ton lit à en dessous de ta pile de robe de soirées ? C'est moi qui les ai déplacé pour que Walter ne ne les trouve pas en rangeant ta chambre.
-J'attribuais ça à un instant de lucidité. Avoua la métisse en couvrant de ses mains son visage cramoisi. Mais tu sais, ça ne me dérange pas, ton apparence je veux dire, ça ne me déplait pas non plus. Ce n'est pas que je n'ai aucune attirance pour les hommes c'est simplement que... Alucard caressa la tête de sa Maîtresse.
-Tu n'as pas à te justifier. Conclut-il. Integra se détendit un peu.
-... C'est vrai que la secrétaire de Sir Bodart est vraiment canon. Finit-elle par avouer. Le démon ricana. Ceci dit, je pense que le sexe des gens qui me plaisent m'indiffère c'est juste que... Elle se rapprocha encore un peu plus de la bête: Toi exceptés, les hommes me terrifient. Confessa-t-elle dans un murmure à peine audible.
-Tu as raison d'avoir peur. Pensa le nosferatus, mais il garda cette dernière remarque pour lui tandis que sa Maîtresse bien aimée demeurait lovée contre son corps de marbre, peinant à maintenir les yeux ouverts: Tu peux dormir si tu en as envie.
-Si je m'endors, lui rappela la dernière Hellsing, je risque de reprendre un rythme de vie diurne...
-Ne t'inquiètes pas pour ça, je te réveillerai dans quelques heures.
-Dans ce cas... Avant de s'abandonner totalement aux bras de Morphée Integra profita de ses derniers instants de lucidité pour dire dire à son esclave: Demain, il faudra chercher un nouveau quartier général, on ne peut pas rester dans cet hôtel...
-Evidemment. » Lui répondit le concerné. Mais l'adolescente s'était déjà endormie. Il ferma alors les yeux à son tour, plongeant dans un profond sommeil.
Les rayons d'une lune ronde et fertile embrassaient les champs de blés murs. Le hululement des chouettes au dessus des bocages effarouchaient les jeunes faons et les marcassins, silencieux comme des ombres tandis qu'ils serpentaient entre les fougères. De la plus haute tour du château l'on pouvait voir les champs frémir sous la brise et la forêt respirer d'un seul souffle. Au loin, les louves repues abreuvaient leurs petits et les mâles solitaires chantaient pour les attirer à eux. La nature nocturne n'était que bruits car les animaux et les plantes ne se taisaient jamais, ils étaient en perpétuel mouvement et perpétuelle conversation.
Là-bas, pourtant, au creux des bois, au plus profond de la vallée, près de la rivière, subsistait un bloc de ténèbres silencieux: Celui du village. L'heure du couvre feu avait sonné, l'auberge avait fermé, et les mortels se terraient sous leurs couvertures en attendant la lumière salvatrice.
Le mutisme était l'apanage des hommes et des morts.
Pourtant dans le silence abyssale du château sans lumière, retentissait le fin bruissement de leurs robes blanches, de leurs longues chevelures et de leurs six pieds nus contre la pierre. Seul manquait à cette douce mélodie leurs voix: mélancolique et plaisant murmure.
Le Comte profitait du vent du sud et de la tranquille symphonie nocturne de cette terre qu'il connaissait par cœur...
Lorsqu'il entendit, de très loin, les premiers aboiements.
Il se concentra, et vit paraître à l'horizon, se faufilant avec aisance entre les troncs épais des arbres millénaires, une horde de chiens. Ils étaient si nombreux que le démon peinait à les compter, du haut de la tour, ils ressemblaient à une armée aux dos blancs et noirs. Des chiens de chasse, par milliers, enragés, la bave au lèvre aboyant, hurlant. A leur approche tout ce qui avait des pattes se mettait à fuir, et tout ce qui ne fuyait pas assez vite périssait dans un couinement pathétique.
Et ils approchaient du château.
Alucard se réveilla d'un bond. Il s'habilla hâtivement, prit soin de couvrir sa Maîtresse, attrapa Casull et s'assit sur le bord du lit. Il tendit l'oreille. Une seule personne. Un humain. Probablement pas Iscariote, pas besoin de se préparer à un combat féroce. Cela n'augurait rien de bon pour autant.
L'on toqua à la porte. L'ombre du No Life King déverrouilla le loquet, le battant tourna sur ses gons en silence...
Et Walter entra d'un pas martial dans la chambre d'hôtel.
« -Bonsoir. Murmura-t-il en refermant calmement la porte derrière lui.
-Bonsoir. Lui répondit le vampire. Mais rien dans son attitude ne venait appuyer ses propos: l'échine courbé, le regard tranchant, il maintenait son arme posée contre l'intérieur de sa cuisse, prêt à lever le bras et à tirer à tout instant. Je suis désolé mais ce lit n'est pas assez grand pour trois, tu vas devoir dormir ailleurs. Plaisanta le suceur de sang à voix basse, sans sourire.
-Je ne comptais pas me joindre à vous. Répondit le majordome avec un sourire professionnel et un ton légèrement condescendant: Les escapades de ce genre ne sont malheureusement plus de mon âge. Il tenait dans ses bras un petit sac contenant certainement des vêtements de rechange pour Integra. Et c'est d'ailleurs ici que la votre se termine... Je vous ai déjà laissé en vadrouille bien trop longtemps.
-Tu avais donc remarqué son départ dés le matin, hein ? En même temps ça me paraissait bizarre que tu ne te sois rendu compte de rien. Ce que je ne saisis pas, c'est pourquoi tu veux la ramener là-bas: Tu es son majordome, non ? Ne devrais-tu pas suivre ses exigence à la lettre ? Si elle veut se séparer de la Table Ronde et reformer Hellsing ailleurs et autrement, ne devrais-tu pas la suivre ?
-Décidément, Alucard, tu ne comprends rien aux affaires des hommes. Si Hellsing pouvait fonctionner sans l'aval du gouvernement que représente les Chevaliers, ce serait déjà le cas depuis longtemps.
-Et la Reine ?
-Tu sais combien elle apprécie Integra... Mais tu sais aussi combien son rôle est somme toute symbolique. Nous ne sommes plus dans une monarchie depuis longtemps et elle ne peut pas décider seule de ce genre de choses. Tu as beau être l'arme la plus puissante du monde, Alucard, la force seule ne vainc pas toujours, tu es bien placé pour le savoir. Si Integra s'enfuie maintenant, les Chevaliers se précipiteront sur l'occasion, Hellsing disparaitra, et je n'ose imaginer ce qui se passerait ensuite.
-Tu ne peux, de toute évidence, pas nous forcer à revenir, alors comment comptes-tu t'y prendre ?
-Vous êtes déjà sur le chemin du retour, n'est-ce pas, Sir Hellsing. »
Integra se redressa du lit, sa chemise/pyjama boutonnée jusqu'au col, sans mot dire. Le vampire regarda ses yeux et vit clairement que les lumières qui y brillaient encore un peu plus tôt avaient définitivement disparu. Son regard était devenu aussi froid que celui de l'implacable leader que l'on attendait qu'elle soit.
Si le vampire avait encore eu un cœur, il se serait serré dans sa poitrine.
L'adolescente sortit lentement du lit, elle prit les vêtements que lui tendait son majordome et partit se changer dans la salle de bain. Lorsqu'elle revint, elle portait un costume impeccable qui dissimulait parfaitement les attributs de son sexe et son jeune âge. Elle donna, au passage, les vêtements qu'elle avait acheté cet après-midi à Walter, sachant pertinemment qu'en homme intelligent et consciencieux il les brulerait sitôt qu'ils arriveraient au manoir. En les posant entre ses mains noueuses, elle lui lança un dernier regard suppliant:
« Je suis désolé, lui répondit le quinquagénaire, j'aurais vraiment préféré qu'il y ai une autre solution. »
Le voyage retour jusqu'au manoir, en voiture, se fit dans un silence de mort. La main brune qui avait serré celle d'albâtre du midian était dorénavant agrippée au bas de son costume bleu marine, parcourue de temps à autres par un faible tremblement.
Integra réintégra son bureau, où s'accumulait une paperasse absurde dans une atmosphère de velours étouffante, sans que son regard ne croise celui d'aucun de ses hommes, qui ignoraient fort heureusement que la tête d'Hellsing avait failli s'enfuir pour échapper à leur harcèlement continuel. Derrière elle, Alucard, au contraire, fixait d'un air mauvais les soldats qui toisaient l'adolescente avec trop d'insistance. Cette dernière s'assit sur sa chaise de bois et de cuir comme un condamné s'installant sur la chaise électrique, ne semblant rassurée que par la présence du No Life King, debout à ses côtés.
« J'espère en tout cas que vous avez profité pleinement de votre jour de congé, car vous comprenez bien, Sir, que je ne laisserai pas une sortie de ce genre se reproduire. » Déclara Walter, avant de s'en retourner, claquant la porte derrière lui.
Sitôt qu'Integra entendit ses pas s'éloigner dans le couloir, le masque tomba. Elle se jeta, tremblante, dans les bras de son esclave attrapa les pans de son manteau et poussa un hurlement de rage et de dépit qu'elle étouffa contre son torse. Alucard sentit sa chemise se maculer d'un liquide chaud tandis que les cris de sa Maîtresse semblaient ne jamais vouloir cesser. Il entoura le fin corps de ses bras. Conscient que pour la première fois il n'était d'aucune utilité à son idole...
Car Integra venait de découvrir l'ampleur du cauchemar qu'était sa vie.
Et qu'elle ne pourrait s'y soustraire.
