La dernière chance

Chapitre 1 – En mémoire des défunts

L'ambiance entre les murs du château était surchargée d'amertume. Seul le martellement des pas et le bruissement des robes témoignaient de la présence des centaines d'élèves ; chacun d'eux marchait en direction de la Grande Salle dans un silence absolu, presque irréel, comme si un Moldu avait appuyé sur le bouton « Sourdine » sur la télécommande d'une télévision. Hermione regarda autour d'elle pour constater les expressions sur les visages pâles des élèves ; tous étaient visiblement secoués de se retrouver à nouveau à Poudlard suite aux évènements qui mirent fin au règne de Lord Voldemort. Certains s'obstinaient à fixer leurs pieds tandis que d'autres scrutaient les airs, sûrement à la recherche de traces de la Bataille de Poudlard. Hermione constata toutefois qu'il n'y en avait aucune ; le château avait été restauré comme si jamais cette grande tragédie ne s'était produite.

Harry, Ron et Ginny marchaient aux côtés d'Hermione. L'été n'avait pas été de tout repos. N'ayant plus de maison à laquelle rentrer, Hermione, tout comme Harry, avait passé ces quatre mois au Terrier, dans une famille lourdement endeuillée ; Fred Weasley avait donné sa vie dans la Bataille de Poudlard, et le premier mois sans lui avait été une épreuve sans pareille.

Ron serra les doigts d'Hermione dans sa main. Arrachée à ses sombres pensées, elle regarda son petit ami.

- Fred… murmura-t-il en un souffle tremblotant.

- Je sais, Ron… je sais, répondit machinalement Hermione.

Harry tenait son autre main. Celui-ci regardait droit devant lui. Ginny, de l'autre côté, avait entouré son bras autour du sien.

La procession d'élèves pénétra dans la Grande Salle dans le même silence qu'elle avait passé les portes principales. Chacun d'entre eux alla s'installer à leur table respective, selon les maisons. Les professeurs, comme à l'habitude, se trouvaient à la table située au bout complètement, debout devant leur chaise. Minerva McGonagall patientait en plein milieu, là où Dumbledore s'était toujours trouvé auparavant. Ce n'était une surprise pour personne ; tout le monde avait été averti que McGonagall avait été nominée au poste de directrice de Poudlard. Hermione était persuadée qu'elle ferait un excellent travail et qu'elle saurait se montrer aussi digne que Dumbledore. Machinalement, elle baissa les yeux pour s'assurer que son insigne de préfète-en-chef était toujours en place. Elle aussi s'assurerait que l'ordre serait maintenu.

Une fois tout le monde assis et attentif, on attendit en silence que McGonagall débute son discours. Elle prit néanmoins un instant pour observer les élèves présents dans la salle.

- Mes très chers élèves… débuta-t-elle, la voix enrouée.

Elle s'éclaircit la gorge en portant un poing contre sa bouche et poursuivit :

- Cette année est une année bien spéciale. Elle marque le début d'une nouvelle ère. Une ère d'équité, de respect et d'entraide. La nuit du 1er au 2 mai dernier marque la fin du règne de Lord Voldemort, mais surtout le décès de plusieurs d'entre nous : des élèves et des professeurs qui se sont battus pour notre château, pour nos étudiants, mais surtout pour notre race. Pour les sorciers. Ils ont péri parce qu'ils croyaient en la paix, et ils ne sont pas morts en vain, car maintenant nous l'avons.

McGonagall marqua une pause afin de laisser son introduction faire effet. Pendant ce moment de silence, quelques faibles reniflements retentirent en écho. La directrice se mit à faire les cent pas le long de la table des professeurs, les mains croisés dans le dos. Les professeurs, derrière la table, avaient la mine grave. Chourave tapotait doucement ses yeux avec sa serviette de table.

- Mais qu'allons-nous en faire? Le respect a toujours été l'une des valeurs fondamentales de Poudlard. Ça n'a pourtant jamais empêché quiconque d'insulter ou de se battre avec ses pairs ; oui, nous restons d'abord et avant tout des humains. Il arrivera fréquemment, cette année, que vous vous disputerez avec vos camarades pour toutes sortes de raisons ineptes, mais vous êtes prévenus : cette année et à l'avenir, tout manque de respect qui portera atteinte à l'honneur d'un élève sera sanctionné par un renvoi systématique. J'entends par « honneur » tout ce qui compose une personne : son aspect physique, sa provenance, ses compétences, sa richesse… Les termes « Sang-de-Bourbe » et « Cracmol » sont formellement interdits. Ils sont d'ores et déjà pucés, c'est-à-dire qu'à l'instant même où ils seront prononcés, les professeurs seront mis au courant, peu importe où vous vous trouvez dans le château. Nous mettons fin au racisme maintenant, et ensemble.

Hermione ne put s'empêcher de jeter un regard furtif à la table des Serpentard au-dessus de son épaule. Nombre de fois Drago Malefoy l'avait appelée « Sang-de-Bourbe » simplement dans le but de la blesser. Celui-ci se trouvait à l'extrémité totale de la table et avait la tête baissée, et Hermione aurait juré que c'était la honte qui en était responsable. Comme elle s'y était attendue, il ne portait pas l'insigne de préfet-en-chef ; à vrai dire, suite à ce qui s'était produit à Poudlard quelques mois auparavant, une partie d'elle était même surprise qu'il soit de retour.

- Vous avez sûrement constaté que le château a été restauré, poursuivit McGonagall. Il est le même que vous avez toujours connu, à l'exception seule d'un nouvel espace qui a été aménagé dans les jardins : il s'agit d'un endroit où vous pourrez retrouver ceux qui nous ont quitté. Le nom de chaque élève et professeur décédé au cours de la Bataille de Poudlard a été gravé sur une plaque commémorative. C'est un endroit que vous pourrez fréquenter à votre guise et qui ne devra en aucun cas être souillé. Je vous invite, après le banquet, à aller visiter les jardins afin de vous familiariser avec ce lieu.

Elle marqua une nouvelle pause en souriant à son audience.

- Évidemment, je n'aurais pu terminer mon discours préliminaire sans mentionner la personne sur qui tous nos espoirs reposaient au cours de la Bataille de Poudlard. (Hermione, Ron et Ginny regardèrent Harry simultanément. Celui-ci, soudain écarlate, baissa la tête.) Bien que chacun d'entre nous ait eu un rôle fondamental à jouer dans la défaite de Lord Voldemort, il n'aurait pu être anéanti définitivement sans lui. (McGonagall tendit les bras vers la table des Gryffondor.) Il a risqué nombre de fois sa vie pour nous au cours des dernières années pour mettre fin à celui qui a menacé la qualité de vie des sorciers de ce monde pendant si longtemps. S'il vous plait, applaudissez Harry Potter.

C'était comme si un coup de tonnerre avait retenti : une salve d'applaudissements fit vibrer la Grande Salle. Chacun des élèves se leva pour acclamer l'Élu, tandis qu'Harry s'obstinait à garder la tête baissée. Ginny, à côté de lui, tira son petit ami par le bras pour l'obliger à se lever et à savourer la reconnaissance qu'il méritait. Hermione applaudissait si fort qu'elle ne sentait plus ses mains, et son sourire était si large qu'elle en avait mal aux joues. Ron aussi souriait, enfin, en regardant son meilleur ami.

Les élèves des autres maisons se mirent à avancer vers la table des Gryffondor. L'instant suivant, le corps d'Harry était hissé au-dessus de la foule, soutenu par les bras de ses camarades qui clamaient son nom haut et fort. Hermione éclata de rire en s'avisant de l'expression d'Harry et ne put s'empêcher d'être émue par le moment ; ses yeux, subitement, s'embuèrent. Elle joignit sa voix aux autres en criant son nom.

Or, contre toute attente, quelqu'un saisit soudain Hermione par les jambes pour la soulever à son tour. Elle poussa un grand cri de surprise mais ne se débattit pas par peur de révéler les dessous de sa jupe. C'était Luna et Neville qui l'avaient hissée au-dessus de tous. Elle reconnut son nom dans la clameur ainsi que celui de Ron ; lui aussi avait été soulevé dans les airs. Elle pleurait et riait. De voir qu'Harry n'était pas le seul à recevoir l'ovation lui ouvrit les yeux quant aux dangers auxquels elle et Ron avaient fait face. Jamais ils n'avaient été obligés de le suivre dans ses aventures périlleuses, et pourtant ils avaient fait face à la mort plus d'une fois. L'ivresse causée par ses larmes de joie se transforma bientôt en sanglots libérateurs.

L'ovation dura plus d'une dizaine de minutes.

Lorsqu'ils quittèrent la Grande Salle tard en fin de soirée, ils avaient mangé comme des rois. Hermione ne se souvenait plus de la dernière fois que sa conscience avait été aussi tranquille ; la façon dont les éloges de McGonagall avaient abouti avait grandement contribué à alléger l'atmosphère. Le banquet avait été très bruyant, elle ne se plaignit donc pas lorsqu'elle, Ron, Harry et Ginny partirent. Ses oreilles sifflaient et ses paupières étaient lourdes.

- Et tu as vu le nouveau professeur de défenses contre les forces du Mal? lança Ginny tandis qu'ils se dirigeaient vers les escaliers menant à la tour des Gryffondor. Roberts, c'est ça? Quelle tête!

- Gawain Robards, corrigea Hermione. Il a été le directeur du Bureau des Aurors avant son affectation à Poudlard.

- Peux-tu me dire pourquoi tu sais ça? demanda Harry. Je n'ai jamais entendu parler de lui.

- Je me tiens informée… Je suis contente que Slughorn soit encore parmi nous, en tout cas. Il va être déçu quand il constatera qu'Harry n'est plus aussi bon qu'il l'était en sixième année…

Harry ricana tandis qu'Hermione cherchait, à l'aveuglette, la main de Ron, mais ses doigts ne se refermèrent que dans le vide.

- Ron? lança-t-elle en tournant sur elle-même. Quelqu'un a vu Ron?

- Il était derrière il y a deux secondes seulement, ajouta Harry. Il est peut-être retourné dans la Grande Salle pour emmener des provisions dans la salle commune. Tu sais, ces petits gâteaux au crémage à la citrouille? Il en a pris au moins quatre et il avait encore faim…

Ginny pinça les lèvres en fixant la porte principale des élèves à l'air triste entraient par groupe, soutenus par les bras de leurs amis.

- Je sais où il est, dit-elle simplement.

Ensemble, ils se rendirent aux jardins. Malgré l'absence de lumière au cœur du terrain, Hermione aperçut de très loin, bien qu'elle ne put saisir les détails, la nouvelle acquisition de Poudlard : un monument. Un immense monument installé sur une plateforme circulaire qui lui donnait une hauteur d'au moins cinq mètres. Ils s'échangèrent tous un regard abasourdi et pressèrent le pas dans sa direction. Plusieurs élèves étaient regroupés autour, penchés sur la plateforme comme s'ils lisaient quelque chose.

En s'approchant, Hermione constata le cœur serré que le monument représentait des sorciers. De grandeur nature, ils se trouvaient tous côte-à-côte en brandissant leur baguette magique vers l'extérieur, comme s'ils protégeaient le château d'une quelconque menace. Elle s'approcha lentement, attendrie par un tel hommage, et réalisa que ce que les élèves regardaient attentivement sur la plateforme était des dizaines de plaques portant le nom de chaque victime.

- C'est magnifique, susurra Harry.

Hermione lui sourit tristement. Elle savait qu'Harry s'en voulait amèrement d'avoir laissé ces gens mourir pour lui.

Ils longèrent lentement le monument pour regarder chaque plaque. Hermione fut frappée par la quantité de nom qu'elle connaissait ; la choquante réalité était que les victimes étaient presque toutes des camarades qu'elle avait côtoyés au cours des dernières années, certains auxquels elle n'avait jamais adressé la parole.

- Ron, dit Ginny. Le voilà.

En effet, celui-ci se tenait immobile, la tête penchée. Ils le rejoignirent.

- Il est ici, dit Ron. Fred.

- Lumos.

Harry éclaira la plaque destinée à la mémoire de Fred. Les doigts d'Hermione effleurèrent les lettres en relief qui lisaient Fred Weasley, 1978-1998.

Elle leva la tête pour observer l'immense statue qui s'érigeait au-dessus de la plaque et fronça les sourcils en s'avisant du visage sculpté sur le sorcier. Sans crier gare, elle saisit le bras d'Harry et le pointa dans sa direction afin d'éclairer les traits.

- Regardez! s'exclama-t-elle. C'est Fred. Ils ont sculpté son visage… (Elle déplaça le bras d'Harry vers le visage du sorcier voisin.) Et c'est… (Sa gorge se noua.) Lupin. Ils ont reproduit le visage de chacune des victimes de la Bataille de Poudlard.

Excités par leur découverte, ils firent le tour du monument afin de découvrir l'identité de chacun des sorciers représentés.

- Tonks, dit Harry.

- Avez-vous pensé à Ted? murmura Ginny. À ce qu'il deviendra sans ses parents?

- Il deviendra comme Harry, répondit Hermione. Un sorcier honorable.

- Regardez, leur somma Harry.

Harry éclairait à présent le visage de Rogue.

- Si seulement j'avais su.

- Il ne voulait pas que tu saches, Harry, dit Hermione. Tu as fait ce que tu as pu avec ce que tu avais. Je ne veux plus jamais t'entendre dire « si seulement ».

- C'est qui, là, derrière? demanda subitement Ron. Lumos.

Harry et Ron pointèrent leur baguette entre les têtes de Tonks et Rogue afin de mieux éclairer un des visages situés au deuxième rang.

- Crabbe, dit-il avec dédain. Vraiment? Crabbe?

- Il a aussi perdu la vie ce jour-là, Ron, lui rappela Ginny.

- Oui, dans la Salle sur Demande, tandis qu'il voulait tous nous tuer avec le Feudeymon qu'il ne savait même pas contrôler.

Tous restèrent silencieux face à ce rappel. Hermione posa une main sur l'épaule de son petit ami dans l'espoir d'apaiser son amertume. Il était préférable qu'il ne prononce pas de propos haineux devant autant de témoins.

- Il n'a peut-être pas réussi à le faire mais il s'est lui-même tué, ajouta-t-il. L'abruti. Il ne s'est pas battu pour Poudlard. Il s'est battu car il voulait être celui qui te livrerait à Voldemort. Il ne mérite pas de se trouver sur ce monument.

- Ron, reste respectueux, l'avisa Hermione en jetant des regards prudents autour d'eux.

- Il ne mérite pas de respect, cracha-t-il en dévisageant sa petite amie.

- Très bien, si tu le dis. Dans ce cas, parle moins fort. On pourrait t'entendre.

- Pareil pour Malefoy, ajouta-t-il.

Hermione lança un regard désespéré à Harry, qui baissa les yeux. Elle savait que les paroles de Ron étaient envenimées par le sentiment d'injustice lié à la perte de Fred, mais elle savait également que s'il était entendu, il subirait la colère de McGonagall et peut-être pire.

- Malefoy ne mérite pas d'être revenu à Poudlard, déclara Ron. Lui aussi voulait nous tuer. Il mériterait d'être enfermé à Azkaban, comme ses parents. Et pourtant il est libre comme l'air, même s'il a porté la Marque des Ténèbres.

- Partons, décréta Ginny. Allons nous coucher. C'est assez d'émotions pour aujourd'hui. Ron… Laisse tomber.

Ginny saisit son frère par les épaules pour le guider vers le château, Harry sur les talons. Hermione les regarda s'éloigner en poussant un long soupir chargé d'impuissance.

- Tu viens? demanda Harry.

- Je vous rejoins, dit Hermione. J'ai juste besoin d'un moment.

Harry hocha la tête et s'en alla. Seule, Hermione détailla le monument du regard. Elle était si fatiguée d'être triste. Ron brulait toute son énergie. Depuis qu'il n'était plus triste, il était perpétuellement en colère. Des paroles méchantes sortaient constamment de sa bouche, rendant Hermione mal à l'aise. Elle en était venue à se demander si la mort de Fred avait changé Ron à tout jamais.

Des bancs avaient été installés autour du monument. Sur celui à sa gauche, plongé dans les ténèbres, un mouvement attira son regard. Elle plissa les yeux.

C'était Drago Malefoy. Il la regardait avec un visage impassible, mais elle reconnut très nettement la lueur de chagrin dans ses yeux clairs. Il avait tout entendu de ce que Ron avait dit.

Hermione piétina sans rompre le regard. Elle aurait voulu dire quelque chose pour justifier les paroles de Ron mais l'expression de Malefoy la pétrifiait. Surtout qu'elle avait l'impression qu'il ne la regardait plus dans les yeux.

D'un geste lent, elle porta le bout de ses doigts sur la cicatrice qu'elle portait au cou depuis son dernier face-à-face avec Bellatrix Lestrange, et soudain, elle rompit le contact visuel. Elle s'éclaircit la gorge.

- Je suis désolée, dit-elle, pour ce que Ron a dit.

Elle s'en alla d'un pas pressé rejoindre ses amis dans la salle commune de Gryffondor.

Une heure durant Hermione ne fit que tourner dans son lit. Le silence était total dans le dortoir, pourtant elle n'arrivait pas à dormir, la tête pleine de toutes sortes de pensées. Elle poussa un profond soupir, si bruyant qu'elle entendit quelqu'un tirer le rideau de son lit.

- Hermione? demanda Ginny. Dors-tu?

Ravie d'avoir quelqu'un à qui parler, Hermione tira son rideau à son tour.

- Je n'y arrive pas, chuchota-t-elle.

- Moi non plus.

Ginny s'assit en tailleur dans son lit tandis qu'Hermione restait sur le ventre, le menton appuyé dans ses paumes.

- J'ai l'impression que le monument a ravivé le chagrin de Ron, dit Ginny, l'air préoccupé, en tirant un fil sur sa couverture.

- Et toi, comment tu te sens?

- Ça va. Fred me manque terriblement. Heureusement que j'ai mes autres frères. On se supporte.

- Ron n'a pas l'air d'avoir conscience qu'il a des gens sur qui compter. Il reste confiné dans une bulle impénétrable. C'est… très dur à supporter.

- Ne l'abandonne pas, Hermione. Pas maintenant, en tout cas. Il a besoin de toi.

- Je sais.

Un ange passa. Un faible ronflement d'une camarade dormant profondément vint rompre le silence dans le dortoir.

- Lorsque vous être partis, tantôt, je suis restée un peu plus longtemps près du monument, raconta Hermione. (Elle fit une pause.) Malefoy se trouvait juste là, à côté, lorsque Ron a dit ces horribles choses à son sujet.

- Il nous espionnait?

- Non. Il était simplement assis sur le banc, silencieux. Nous ne l'avons simplement pas vu.

- Il t'a parlé?

- Non. (À nouveau, elle toucha sa cicatrice du bout des doigts.) Il n'a rien dit. Il n'a fait que me fixer. Ginny… Il avait tellement l'air… triste. J'ai l'impression qu'il se passe quelque chose de tragique dans sa famille.

- Tu dis? Ses parents sont à Azkaban. Ça, c'est tragique.

- Je ne sais pas. Je pense à quelque chose de plus.

- Quelque chose comme quoi?

Pensive, Hermione resta un moment silencieuse. Elle pensa à nouveau à la tristesse qui émanait des yeux de Malefoy habituellement si froids.

- Je l'ignore.

- Pourquoi ça te préoccupe autant?

- J'ai l'impression qu'il demandait de l'aide. Ou qu'il tentait de s'excuser.

- S'excuser?

Elle secoua la tête et se redressa dans son lit, la main sur son rideau.

- Je pense tout haut. Laisse tomber. Essayons de dormir, veux-tu?

Non sans lui jeter un regard perplexe, Ginny consentit et chacune tira leur rideau afin de retrouver leur intimité. Hermione s'étendit et ferma les yeux. Ses dernières pensées, avant de s'endormir, furent pour ses parents, lesquels ne la reconnaitraient plus jamais. Depuis qu'elle avait été forcée de leur jeter un sortilège d'amnésie avant de partir à la recherche des Horcruxes, personne n'avait pris la peine de lui demander comment elle se portait. Pourtant, son cœur se déchirait à chaque pensée qu'elle leur portait. Comme d'habitude, elle se devait d'être forte et d'aider les autres, mais qui l'aiderait, elle, à passer au travers de son deuil?